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[RP] Du rouet et du couperet ~ Au Matefaim

Clkikoz
Sylvestros sentant qu’il gagnerait sans doute quelques belles piécettes s’activait, sans oublier de se servir de cette bonne boisson que lui avait laissée la patronne.

Bou Diou ! C'est-y pas tous les jours qu’ le Sylvestros il s’en aval’ du si bon !

Du revers de sa chemise il s’essuyait les lèvres et reprenait le travail, toujours avec autant de précision et de courage.

Lorsqu’il eut épuisé le stock que lui avait indiqué la bouchère il l’interpella du bas de l’escalier :


Dit’ voir M’Dam’ ! Faut’y que j’revienn’ demain ?

Il attendit un moment la réponse se servant le fond du pichet et tel un pacha, s’installa adossé au billot pour le déguster. Pour un peu il se serait sentit le patron avec la satisfaction du devoir accompli.

Il défit son tablier et rangea les outils qu’il avait nettoyés : le matériel ça se respecte.

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Clkikoz
"Dit’ voir M’Dam’ ! Faut’y que j’revienn’ demain ? "

Cette voix grave et forte tira la jeune femme de ses souvenirs, elle sursauta et se rappela subitement qu’elle avait laissé Sylvestros à la boucherie. Il fallait qu’elle se ressaisisse... au moins quelques instants, le temps de payer son apprenti après avoir vérifié le travail et constaté son honnêteté.

Elle jeta un châle sur ses épaules, le froid l’avait gagnée, la mort de Mitani lui glaçait le sang, même si elle avait commencé à s’habituer à son absence, elle avait toujours espéré le revoir... Où est-il ? Pourquoi ? Pourquoi n’était-elle pas là lorsqu’il était revenu au village ? Elle frissonnait...

Elle se versa un verre d’hydromel, le but cul sec et descendit dans l’échoppe.

Sylvestros terminait de ranger les outils de découpe et la viande était parfaitement remisée dans des panières alignées sur le billot. Du premier coup d’œil elle pu constater que le travail était aussi bien fait que si elle l’avait fait elle-même.

Elle esquissa un sourire de satisfaction.


Merci mon brave, vous pourrez revenir demain si vous le voulez. Votre travail me convient.

Elle défit la bourse accrochée à sa ceinture et en tira quelques écus qu’elle donna à Sylvestros.

Si vous ne savez pas où loger ce soir, passez voir Figaro à l’Oranger de Palencia, en face et dites-lui que je vous envoie pour la petite chambre du fond du couloir, il comprendra.

Après s’être assurée qu’il n’y avait pas eu de commandes, elle accompagna Sylvestros à la porte et lui montra du doigt l’auberge.

Allez mon brave, à demain...

Les frissons la reprenaient, elle serra son châle autour des ses épaules, s’avança sur la petite place de quelques pas, regardant son apprenti s’engouffrer à l’Oranger puis lentement, très lentement tourna la tête vers l’échoppe voisine, vers cette porte qu’elle avait franchies plusieurs fois pour y retrouver secrètement les bras de cette homme qui lui avait promis le mariage, le jour-même où elle avait reçu le baptême...

Dans un mouvement de désespoir, elle se mit à courir vers la porte, se jeta contre elle et laissa couler son chagrin à grand renfort de sanglots...

Epuisée par les pleurs, elle glissa au sol, se mit en boule, la tête calée contre la porte et laissa aller sa peine. Peu lui importait qui la trouverait ainsi...

Il n’était plus... le rouet serait à jamais silencieux...

Eulalie Coulomb, Dame de Monthaut ne ressemblait plus à rien... juste un paquet de tissus, secoué par des spasmes... Elle tira de sa poche son Rosaire et se mit à prier...


Après tous nos regards qui ont croisé le sien, qu’il puisse enfin voir le vôtre.
Ô Tout-Puissant, ne détournez pas votre regard de Mitani

Après l’amour qu’il a reçu et qui a guidé sa vie, accordez-lui l’amour ultime qu’est le vôtre.
Ô Tout-Puissant, ne détournez pas votre regard de Mitani

Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie, illuminez sa route pour l’éternité.
Ô Tout-Puissant, ne détournez pas votre regard de Mitani

Ô Tout-Puissant, je tourne vers vous mes espoirs à l’heure où disparaît le corps de Mitani, mon Bien-Aimé.
Accordez-moi l’espérance de le revoir auprès de Vous pour les siècles des siècles.

Amen

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---fromFRMarieDouce
[ Devant l'échoppe du Rouet]

Voyant que son époux la suivait, tenant leur petite Majda dans ses bras, MarieDouce ralentit son pas puis les attendit. S’agrippant au bras de son mari afin de se donner du courage, elle respira un grand coup.

Ils se dirigèrent donc à 3 devant l’échoppe du disparu. S’arrêtant à quelques pas d’une Clkikoz en pleurs, récitant une prière, tenant son rosaire à la main, MarieDouce s’agenouilla près d’elle et la pris dans ses bras.


« Mon amie … mais que faites-vous là, par terre ?!! Allez… relevez-vous… venez. Regardez qui est là … votre filleule …» tenta-t-elle maladroitement d’attirer son attention.

« Vous êtes enfin rentrée sur Alais et nous avons à vous parler. Il s’est passé des choses durant votre absence» poursuivit-elle, l’amenant doucement à se relever.

« Allons chez-vous mon amie… » l’intima-t-elle.
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( Signature en construction ... )
Clkikoz
Vidée par la peine et le désespoir de voir une vie s’effondrer, CLkikoz n’avait pas entendu le petit groupe s’approcher et elle sursauta lorsque son amie la prit dans ses bras. Elle grelotait, elle ignorait combien de temps elle était restée ainsi, prostrée, conjurant le Très-Haut d’accueillir l’âme du défunt dans le paradis solaire.

Sentir toute la chaleur et la douceur de son amie sur ses épaules la vida de ses derniers pleurs.

Sans un mot, elle accepta la main secourable et se releva avant de se jeter dans les bras de MarieDouce et de laisser éclater son chagrin.


Mon amie... il n’est plus... je suis arrivée trop tard, trop tard, vous comprenez... je suis rentrée mais trop tard...
Ces maudits cauchemars avaient raison...

Mais lorsque son amie lui parla de « choses passées en son absence » elle se ressaisit, intriguée, elle releva la tête apercevant ainsi sa filleule dans les bras de son père.
Elle passa machinalement sa main sous son nez pour éponger l’excédent de larmes et s’avança d’un pas mal assuré vers Majda, força un sourire à son attention, l’embrassa et salua son ami.


Bonsoir Djahen, votre fille est superbe... Pardonnez-moi mais je ne vous avais pas entendu venir...

Elle se sentait honteuse d’avoir montré une telle déchéance à ses amis qu’elle accepta volontiers de se laisser accompagner chez elle, prenant le bras de son amie afin d’y puiser la force nécessaire à franchir les quelques pas qui séparaient l’échoppe du tisserand de la boucherie.
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Djahen
Djahen regarda son amie rentrer chez elle avec un pincement au coeur. Le Maure se sentait triste pour elle, et d'autant plus qu'il savait que son épouse et lui même allaient devoir mentir à cette pauvre Eulalie.....

Alors qu'ils passaient la porte, Majda se mit soudain à crier dans ses bras et à pleurer. Sentant les habits qu'elle portait devenir soudain humides, le seigneur de Donazac se mit à jurer...


Foutre-Dieu !!

Regardant les deux femmes qui se tenaient interdites après telle exclamation, il s'excusa en bredouillant un peu et se dépêcha d'amener la petite à sa nourrice, tenant presque à bout de bras l'enfant-, afin qu'elle puisse la changer...et que lui aussi puisse se changer au passage...

Djahen n'avait pas tellement l'habitude et ne goutait guère le fait de se faire uriner dessus, même par Majda....


Excusez moi.... La petite... Je fais vite...

Discrètement, il glissa la croix à son épouse en lui volant un baiser.

Je reviens... Vous pouvez commencer à discuter sans moi...
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---fromFRMarieDouce
Aussitôt la porte de la boucherie passée, MarieDouce qui soutenait plus qu’elle ne guidait son amie, la Dame de Monthaut, sursauta lorsque Djahen vociféra. Comprenant de quoi il retournait, la jeune femme pouffa de rire. Vrai qu’il n’avait pas l’habitude des besoins aussi spontanés que naturels de sa fille se fassent sentir ainsi.

Elle prit donc la croix qui finalement changeait constamment de mains, comme si aucun des deux ne savaient comment aborder le sujet.


« Pas de souci mon Ange... Je commence ... Voleuuurrr d'Amour !!!» lui dit-elle, lui re-volant le baiser.

Les regardant repartir rapidement comme si le Primat de France en personne était apparu à la porte, la Dame de Donazac reporta son attention sur CLkikoz, se demandant si son amie sera assez forte pour la suite. Après quelques secondes de réflexion, la jeune femme décida de couper court à ses hésitations.


« Mon amie …. Je suis désolée de vous dire ça crûment mais … tenez » lui dit-elle, lui prenant la main et y glissant la croix de Mitani.

« Je l’ai trouvé par terre. Il est passé… une seule fois … n’est resté que quelques instants puis est reparti sans parler à personne.» continua-t-elle le plus doucement possible.

« Je pense qu’il a fait son choix de quitter Alais. Malheureusement, nous ne savons rien d’autre…» poursuivit-elle en espérant que son amie ne poserait pas trop de questions.

MarieDouce ne mentait jamais et ne voulait surtout pas commencer à le faire maintenant …

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Clkikoz
Peu à peu, CLkikoz reprenait conscience de ce qui l’entourait et le cri de Djahen la plongea immédiatement dans la réalité. Malgré son épuisement, elle décrocha un sourire devant la mésaventure que venait de subir le Seigneur de Donazac, tout seigneur qu’il était, il n’en était pas pour autant moins père.

Sitôt cet intermède passé, MarieDouce prit un air grave et lui glissa dans la main un objet qu’elle connaissait si bien, pour l’avoir choisi, elle-même, vu tant de fois au cou de son Bien-Aimé... Elle referma sa main sur la croix et la porta à son cœur. Un nouveau flot de larmes, silencieuses cette fois émergea de ses yeux de miel, inondant ses joues pâles.

MarieDouce lui parlait, elle l’entendait comme dans un bourdonnement d’abeilles, des bribes de phrases lui parvenaient, elle parlait du passage de Mitani, de son départ, encore une fois... elle savait, elle avait compris... ils en avaient parlé lorsque la peste l’avait frappé, elle porterait cette croix si jamais...
La Dame de Monthaut soupira, ouvrit sa main et regarda son contenu puis se tournant vers son amie :


Pouvez-vous m’aider je vous prie...

Elle lui tendit la chaine, et souleva ses cheveux afin de faciliter l’attache tout en expliquant d’une voix venue d’ailleurs :

Je la lui avais offerte avec ces mots que je connais par cœur : « Puisse cette modeste croix vous protéger et vous assurer que mes pensées ne vous quittent jamais. Qu’elle soit pour vous le signe de ma fidélité. Portez-la avec fierté, je l’ai choisie connaissant votre attachement aux terres qui sont nôtres et qui nous ont réunis. »
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---fromFRMarieDouce
Ne sachant pas comment réagirait son amie à la vue de la médaille de Mitani, MarieDouce était quelque peu anxieuse de voir la suite. Mais encore une fois, CLkikoz fut secouée d’une nouvelle vague de larmes, silencieuses cette fois-ci.

La jeune femme fut quand même soulagée de voir que la Dame de Monthaut prenait sur elle et à l’écouter, MarieDouce compris que son amie se doutait bien du départ de Mitani. Déjà que Banator était venu porter aux Shaggash un message qui leur racontait le cauchemar qu’elle avait vécu.

À sa demande, MarieDouce lui prit délicatement la chaine des mains, y glissa la croix puis la refixa autour de son cou délicat.


« Voilà mon amie, c’est fait » lui dit-elle doucement, posant une main sur son épaule, en signe d’amitié sincère, tout en sachant que son amie vivra maintenant avec ce symbole éternel …
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Clkikoz
Contrairement à ce qu’elle pensait, le contact du métal sur sa gorge ne lui parut pas froid, elle y porta sa main et se sentit soudainement envahie d’une force étrange, il lui semblait qu’il était là... il était là, quelque part...

Elle avait besoin de parler, de raconter, de se replonger dans les souvenirs...


Mon amie, merci, merci infiniment de m’avoir rapporté cet objet... J’ai vu aujourd’hui que son nom manquait sur les registres de la ville, c’est pour ça que vous m’avez trouvée à sa porte... Il se sentait mourir... sa dernière lettre était terrible, et le pigeon que j’ai reçu en voyage était porteur d’un message très court, trop court....

Vous savez, quand je l’ai cherché avec Estela... nous n’avions aucune chance, il était parti en Aragon... étrange, lui qui aimait tant le Languedoc... fallait-il qu’il soit déçu pour partir si loin...

Peu à peu ses larmes s’asséchaient, elle s’éloigna un instant pour tirer un peu de vin et revint avec deux godets qu’elle remplit. Elle en tendit un à son amie :

Venez, asseyons-nous, je suis si lasse... Cette journée fut terrible...

Elle porta à nouveau sa main sur la croix et poursuivit :

Lorsqu’il a été malade, je lui avais promis de la porter si la mort nous séparait, je suis heureuse mon amie que vous l’ayez retrouvée... et puis... dans ce message dont je vous parlais à l’instant, il disait m’aimer « toujours »... Je suis maintenant certaine qu’il savait sa fin proche, jamais il ne se serait séparé de sa croix sans cela... probablement que si j’avais été là, ce serait lui qui me l’aurait remise...

Elle était intarissable, s’arrêtant de temps en temps pour plonger ses lèvres dans le verre de vin et reprenant aussitôt. Elle raconta... raconta... tout ce que savait déjà son amie, son amour, ses peines, ses doutes, ses angoisses, ses joies, ses espérances... tout... jusqu’à cette prédiction que lui avait faite Dame Proxima... "Dans un cœur troublé par le souvenir, il n'y a pas de place pour l'espérance. L'instant est béni. Tout le reste est souvenir."

Voilà mon amie... le souvenir restera à jamais gravé... je l’ai aimé...
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---fromFRMarieDouce
Sentant bien que son amie avait besoin de parler, MarieDouce saisit le verre de vin que CLkikoz lui tendit puis se mit assise pour l’écouter. Elle avait tout son temps, surtout pour écouter son amie …

De temps à autre, elle hochait la tête entre deux gorgées de vin. Certes, elle connaissait toute leur histoire mais écoutait d’une oreille attentive quand même. Les deux femmes avaient déjà échangé bien des confidences sur leurs rêves, leurs espoirs, leurs projets, leurs hommes …

La Dame de Monthaut s’exprimait à nouveau sur son cher disparu. Peut-être qu’ainsi, elle pourrait tourner la page, d’une façon définitive et passer à autre chose maintenant. MarieDouce l’espérait de tout cœur. Depuis des mois que CLkikoz vivait dans l’attente du retour de Mitani. Mais sa mort, tout atroce fut-elle, ne sera jamais dévoilée de façon officielle. Les époux Shaggash se l’étaient promis… ne rien dire, surtout à CL …

Toute à ses pensées, MarieDouce agita sa main devant ses yeux pour y chasser les images encore trop présentes des derniers événements. Pour se ressaisir, elle porta à ses lèvres la coupe de vin qu’elle avait presque bu machinalement, sans s’en rendre compte …


« Je sais mon amie… vous l’avez aimé … tellement …» lui dit-elle après avoir avalé la dernière goutte du si bon breuvage.

« Maintenant, il faut vous tourner vers l’avenir. On ne sait jamais de quoi nos lendemains seront faits. Faut vivre au moment présent. Mais je vous souhaite tellement de trouver l’Homme… celui avec un grand « H » !!! Comme vous savez qui ! Vous en trouverez un, fait sur mesure pour vous, j’en suis convaincue ! » rajouta-t-elle en souriant.

« Mais je vous dis de suite, le mien n’est pas disponible … » poursuivit-elle en lui faisait un clin d’œil malicieux …
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---fromFRMarieDouce
Voyant que son amie allait mieux et que le temps passait sans que son époux ne revienne, MarieDouce se leva pour prendre congé de son amie.

« Je suis désolée mon amie, je dois y aller. Il semble bien que mon tendre époux ait un petit souci avec notre petite puce pour ne pas revenir aussi rapidement qu'il l'avait dit. Et moi, je dois faire un saut à la caserne. Vous savez, je fait encore partie de l'OST et je dois m'y rendre à chaque jour.» lui dit-elle en s'approchant doucement de son amie.

Elle la prit dans ses bras et la pressa doucement contre elle.


« Je vous sens assez forte maintenant pour faire face à votre avenir. Et faites-moi plaisir, prenez soin de vous ou laissez quelqu'un d'autre prendre soin de vous. Vous le méritez tant !!! » lâcha-t-elle en se reculant un peu, gênée par son geste spontanné.

« Et n'oubliez pas, nous avons un Domaine à gérer !!! » termina-t-elle avant de gagner la porte...
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Clkikoz
CLkikoz avait parlé, tant parlé qu’elle ne s’était pas rendue compte du temps qu’elle prenait à son amie et n’avait pas prêté attention à la longue absence de Seigneur de Donazac parti précipitamment.

Lorsque MarieDouce prit congé, elle sentit le rouge lui monter aux joues et bafouilla :


Oh... pardonnez-moi... je vous retiens avec des histoires que vous connaissez déjà...
Allez mon amie...

Elle serra chaleureusement son amie contre elle et lui murmura : Merci, merci pour tout...

Puis se détachant doucement, la Dame de Monthaut porta une nouvelle fois la main sur la croix occitane qui pendait maintenant à son cou et la pressa tendrement.

Merci pour ça aussi....

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres aux recommandations de MarieDouce.

Je vous promets de prendre soin de moi... et de laisser qui de droit en faire autant...

Elle savait que son amie comprendrait à demi-mot, elles n’avaient guère de secret l’une pour l’autre.

La bouchère raccompagna son amie jusqu’à la porte et la regarda s’éloigner d’un pas vif vers la caserne puis elle rentra et regagna ses appartements où elle ouvrit le coffret contenant les billets que Mitani lui avait fait parvenir et se plongea dans leur relecture avec sérénité... Il n’était plus, mais il vivrait quelque part... dans ses souvenirs, à jamais gravés...

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Clkikoz
Le lendemain l’homme des bois se présenta tôt afin de travailler.

L’idée lui était venue que la Dame de Monthaut pourrait recruter quelqu’un d’autre et là ! Adieu les écus et le repas.

Il fut rassuré de voir que le travail lui avait été réservé et s’empressa à se mettre à l’ouvrage.

Il levait parfois les yeux de son billot, gardant son couperet en l’air, le temps de laisser trainer son regard sur une chute de reins bien faite qui passait sur la place ou sur le décolleté d’une cliente.


De Diou ! C’est-y qu’ell’ sont minaudes !

Il aurait bien eut des vues sur la patronne si elle n’avait été moins grande dame, mais "l’était pas de son monde" ! Alors il tranchait, découpait, tailladait.

Il avait remarqué que la Dame portait un nouveau bijou qui venait se placer là où son regard aurait dû éviter de se porter, mais ça lui était difficile d’ignorer cette croix qui se posait à la naissance de sa poitrine qu’elle devait avoir douce comme la mousse.

Un coup de hansart de travers et c’est l’accident probable, alors Sylvestros se reprenait et abandonnait l’idée d’aller vérifier ses pensées.

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Clkikoz
Le gamin Matèu avait eu la désagréable surprise un matin de trouver un des cochons de la Dame de Monthaut , pitoyablement allongé sous un chêne. Il craignait que cette mort ne le dispense de son travail et c’est tout penaud qu’il était venu en informer sa patronne.

Elle ne lui avait fait aucune remarque désagréable, elle ne savait que trop combien les bêtes pouvaient se laisser aller à trépas sans qu’on n’y puisse grand-chose.

Son apprenti Sylvestros continuait à regarder les croupes des passantes en maniant le couperet... mais il était assez habile pour éviter ses doigts et faisait du bon travail.

Elle avait dû ces derniers jours demander à un videur du nom de Kick d’aller épauler Figaro à la taverne. Quelques malotrus trainaient en ce moment dans les rues d’Alais et ne se gênaient pas pour aller insulter ou même frapper les clients de L’Oranger de Palencia.

Le Coms lui avait à nouveau fait confiance en la plaçant à la direction de la ville, le temps que les élections municipales aient lieu : son ami Etienne ne souhaitait pas terminer son mandat de maire et CLkikoz reprenait le flambeau dans une ville dont le marché était un peu brouillon. Mais elle s’était attachée dès sa prise de fonction à régler les problèmes les plus urgents.

Sa candidature pour les municipales ne lui laissait pas beaucoup de temps, entre le Château, le bureau du médiateur, la mairie, la taverne, la boucherie et ses champs... elle courrait pas mal. Fort heureusement Estela était toujours aussi sérieuse et elle s’occupait d’accueillir au bureau de médiateur, n’hésitant pas à se rendre à Montpellier de temps en temps pour quérir les nouvelles.

Ce soir CLkikoz rentrait chez elle, fatiguée de sa journée. L’échoppe de Mitani avait été libérée pour un nouvel artisan... si toutefois quelqu’un voulait reprendre Le Rouet... sans doute changerait-il le nom... Il faudrait qu’elle songe à demander au nouveau cadastrier le Sieur Darkfall s’il avait eu des demandes pour cet emplacement.

Elle vérifia d’un coup d’œil rapide que Sylvestros avait bien préparé les morceaux pour le Bourguignon comme elle le lui avait demandé. Tout était en ordre.

Elle regagna donc ses modestes appartements, au-dessus de l’échoppe. Estela était déjà passée, avait allumé un feu dans la cheminée et une douce chaleur régnait dans la grande pièce qui lui servait de pièce à vivre, mais aussi souvent de bureau.


La jeune femme se sert un verre du vin qu’elle avait rapporté de Bourgogne et s’installe dans un fauteuil, le regard perdu dans ses souvenirs.
Ici le coffret aux lettres personnelles, là une gerbe de sept épis de blé cueillis sur son premier champ à Tonnerre. Ici, ses bas qui séchaient sur le dossier d’une chaise, ceux faits avec la première tonte de ses premiers moutons ; sur une table qui lui servait de coiffeuse le premier travail de Mitani : un chapeau qu’il avait préparé pour elle... un sourire, un soupir, une gorgée du divin nectar... et ce coffre... ce coffre dans lequel étaient rangés ses portraits... un jour sans doute ils seraient dans un couloir de Monthaut...

Elle se leve, pose son verre doucement sur sa table de travail, à côté des ses parchemins si particuliers dans lesquels des pétales de coquelicots étaient incrustés et va chercher ses tableaux.
La lampe n’éclaire que peu et les toiles seraient sans doute plus belles à la lumière du sud, cette lumière que le soleil du Languedoc rendait parfois si vive.

Le plus petit des tableaux la fait sourire. C’était bien ça, déjà à son arrivée à Tonnerre, elle « s’exprimait »...
Par Aristote, comme elle avait changé depuis... sur ce portrait, elle sortait à peine de l’enfance... enfin, c’était à croire. Elle avait pourtant déjà atteint la vingtaine...

Elle remet le tableau dans le coffre et en sort un autre. Oh oui ! Elle se souvient...
Son amie Marusse lui avait dit de changer de coiffure. C’est incroyable comme une nouvelle coiffure peut vous transformer ! C’est ainsi que les hommes ont commencé à la regarder comme une femme... Un homme, un « aubadeur » qui par ses mots avait fait chavirer son cœur... Se souvient-elle encore ? Voyons... ah oui ! « elle avait fait battre son cœur d’une volée de bonheur »...Un poète... souvent on lui disait « Clkikoz, Cliko comme les coquelicot ? » ... Doucement, elle passe sa main autour du bois avant de reposer le tableau et d’en sortir un autre.

... Un coquelicot... mais un coquelicot blanc, comme son aubadeur le lui disait dans une magnifique lettre alexandrine pour un coquelicot blanc...et oui, il est là le coquelicot blanc... longtemps, elle est restée ainsi avec cet air sérieux et digne... compagne d’un avocat, banquier, homme cultivé et intelligent...qui la nommait Blanche... un ami maintenant, sincère et toujours de bon conseil...

Le temps avait passé, elle était arrivée à Alais... l’accident de son compagnon, sa disparition... souvent elle se rendait à l’Eglise... Elle replace « Blanche » dans le coffre et en tire un portrait fait dans un des couvents où elle se retirait parfois pleine de désespoir... Le tisserand l’avait vu aussi ainsi plus d’une fois, lors de la peste notamment... elle avait prié et priait encore très souvent. Si seulement Alais avait un curé... elle irait à la messe et porterait à nouveau cette robe simple cachant ses cheveux sous la capuche attenante...

Elle ne se savait pas si riche en tableaux finalement... Ah... un soupir... et celui-ci ? Saisie en plein chagrin... Pleurant son Bien-Aimé, retiré au monastère pendant des jours et des jours... elle les avait comptés... jusqu’à 100... ce cœur brisé... ...cette rose qui se fane... ces yeux fermés sur le monde... une période douloureuse... très douloureuse, jusqu’au jour où cette Dame Proxima lui avait dit une phrase étrange : "Dans un cœur troublé par le souvenir, il n'y a pas de place pour l'espérance. L'instant est béni. Tout le reste est souvenir."

Alors elle avait essayé de changer, s’était habillé du vert de l’espérance. Le peintre avait su la mettre en valeur du moins mettre en valeur son regard, ses cheveux, son buste... Elle n’avait presque pas changée, à un détail près... Tenant le tableau d’une main, elle porte l’autre à son cou... la croix du Languedoc y est toujours attachée, lui rappelant la promesse qu’elle avait faite à Mitani... Elle s’approche du miroir et se regarde, puis regarde à nouveau le portrait... C’est vrai qu’elle arbore un air martial... elle pose le tableau sur la coiffeuse, s’approche un peu plus du miroir... observe ses cernes... martial mais fatigué, ma belle !

CLkikoz attrape une brosse, s’assoit sur le tabouret qui se trouve juste là, devant elle et commence à lisser sa longue chevelure... ses pensées se tournent vers demain...Elle murmure : Me defautatz, vos aimi meu ortalièr catimèl... Elle sourit... elle sait qu’il reviendra...

Rassurée par ces douces pensées, elle défait sa robe, quitte ses chausses, avale sa dernière gorgée de vin, réduit la lampe et se glisse sous l’édredon, ferme les yeux et se laisse emporter par le sommeil...

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Clkikoz
Les jours passent, les semaines passent ... la saison sème alentour les couleurs chaudes qui compenseront l’absence de chaleur du soleil... l’automne est là avec sa robe chatoyante, mais les matins sont frais, les nuits deviennent longues... ce n’est pas pour autant que CLkikoz reste à dormir.

Le sommeil, elle l’a perdu bientôt. Tout comme les promesses de mariage il s’est retiré dans la prière.
La jeune femme donne son temps à qui lui a fait confiance : sa ville... elle lui consacre chaque instant de ses journées, une grande partie de ses soirées. Même lorsqu’elle rencontre ses amis, elle ne peut se résoudre à l’oublier, à ignorer cette terre qui l’a accueillie avec tant de chaleur et lorsqu’elle rentre, elle prie. Pour qui ? Pour ce village qui lui restera fidèle, elle le sait, elle a foi en lui. De l’inconstance des hommes, elle a soupé. Les roses sans jardinier ne savent pas montrer leur beauté. Voilà que sa rengaine lui revient en mémoire : elle fredonne... on est bien peu de chose et mon amie la rose me l’a dit ce matin...

Elle rentre « Au Couperet », jette toujours un regard sur la porte voisine. Souvent, elle porte sa main sur cette croix qui la protège. Où qu’il soit, elle sait qu’il ne l’oubliera pas. Elle en est certaine. Il lui arrive parfois d’entendre encore sa voix... Peut-être n’est-ce qu’un rêve ? Le souvenir ne la trouble plus, l’espérance ne la taraude plus. Elle vit simplement les instants qui se présentent, tels qu’ils sont.

Elle a plaisir à partager ses projets avec les alaisiennes et alaisiens qui l’entourent au conseil municipal. Ses choix qui pouvaient paraître risqués compte-tenu du manque d’expérience de certains ne lui apportent que des satisfactions.

Sylvestros travaille de mieux en mieux. Il lui a détaillé des côtes de bœuf pour l’Oranger : une demande d’un de ses conseillers qui a pris l’habitude de prendre ses repas à la taverne comme une vingtaine d’autres clients. Elle sourit, repose le torchon sur la viande et emprunte l’escalier qui la conduit dans ce nid qu’elle s’est fait depuis un an.

Estela est venue comme tous les jours lui préparer un bon feu, elle s’installe écoutant le crépitement des flammes et savourant cet instant de quiétude. Le sommeil finira bien par lui ouvrir ses bras, elle tire son Rosaire de sa bourse et commence ses prières.

Un bruit de chute la fait sursauter, il semblerait que quelqu’un soit vraiment pressé. Elle entend les pas s’éloigner quelque peu... on dirait qu’il y a de l’agitation chez ses amis de Donazac, sans doute l’excitation du déménagement... Une ultime prière pour eux, pour leur petite Majda qui a bien grandit et la nuit fait son ouvre : elle ouvre les portes du sommeil à une mairesse fatiguée mais loin d’être lassée. Demain est un jour nouveau et l’instant sera béni...

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