Le poing se serra, et d'un éclat de voix elle le coupa presque, frêle bouée à la mer...
Je l'ai vu, là dans les bras d'une autre! J'ai vu le plaisir qu'elle prenait, et ses lèvres, et ses yeux... J'ai pensé que pour une fois, je pouvais m'offrir sans remords. Mais c'était un leurre. Il n'a jamais été qu'un terrible leurre dans ma vie.
Oui, la colère et l'amertume mêlées, Sad en oublia que l'Eroz avait été plus que cela. Un acolyte, un adversaire, un amant, un combat. Qualifier cette relation en un mot était un affront, une injure, mais sa mort était trop récente. Trop proche encore pour pouvoir suivre le chemin du deuil et toutes les étapes qu'il comportait. Flasback.
Du choc.
Son sang ne fait qu'un tour. Un vertige terrible l'ébranle. Le choc est si violent qu'il lui coupe le souffle, un coup de poing ne lui aurait pas fait plus d'effet. Il est là... Et ses pires craintes aussi. Il n'est pas seul. Lovée contre lui.. Une femme à la crinière de feu embrasse la peau nue de son cou. Se retenant au mur pour ne pas tomber, Sad a un mouvement de recul. Elle se sent défaillir, s'effondrer. L'air manque, elle suffoque.
Du Déni.
Comment... Comment a-t-il pu? Lâche. C'est plus fort que lui, toujours en cavale... Il était là haut, il y est encore. L'image est plantée dans ses yeux, la blessure est foudroyante. Le sel de ses larmes vient inexorablement, la pression est trop forte. Il l'a trahie. Il l'a tuée. Le cheval est laissé là, titubant jusqu'à chez elle la Corleone ne se remet pas de cette déchirure... Les choses la dépassent.
De la colère.
Elle ne peut contenir sa haine et sa rage, détruisant tout ce qui se met en travers de sa route, jetant aux loups chacune des affaires à celui qui l'avait bléssée et humiliée . D'un geste vif, hurlant et pleurant, elle se saisit d'un vélin où elle couche quelques mots à peine lisibles. Une larme s'écrasa sur le papier, souillant l'écrit. Vite, la missive devait être envoyée. Essuyant rageusement ses pleurs, son regard se voila. Il était temps de faire les choses à sa manière...
De la tristesse.
S'il y avait bien une chose dont Sadnezz n'était pas dotée, c'était cette faiblesse des à cotés. Où était-elle lorsqu'il fallait voir qu'en lui, ils étaient deux? Perdue dans l'extase d'un amour désuet... Absorbée par le souffle nouveau de promesses et de mensonges. Ses joues s'étaient creusées de peine, désormais la fêlure coupait aux idées qui s'y pressaient.
Retour à Milo. Manquait encore du chemin, sur la route du deuil... Résignation, acceptation et surtout... Surtout, reconstruction. Des étapes qu'elle n'était pas prête à accueillir. Peut-être serait-elle comme ces personnes qui ne les gravissent jamais, restant prostrées dans leur progression figée, mutiques et éternellement inachevées de l'intérieur. Seul le temps en avait réponse. Dans un murmure comme un aveu, elle se laissa aller un peu contre le blond, comme on s'appuie à un mur pour reprendre son souffle.
Je n'aurais pas pu vivre avec l'idée qu'il m'aie trahie sans payer son erreur.
Car le voilà le triste crédo de la Corleone, oeil pour oeil... Et personne n'y a coupé, comme une malédiction qu'elle ne peut contrôler. La rancune ronge son coeur, et les délires de vengeance pervertissent son âme._________________
Vilain pas beau en quête d'action?
Par ici...