Jehan_de_proisy
[Quelque part sur la route entre Vienne et La Trémouille]
Depuis quil avait retrouvé sa fille, le Fortunat exultait. Lui qui, la plupart du temps, semblait assez oublieux et détaché, littéralement couvait la fillette.
Ils avaient pris la route depuis Vienne où lenfant avait suivi une éducation religieuse qui, si elle ny avait trouvé surtout que de lennui, lui avait donné le poli nécessaire à toute jeune fille de bonne extraction.
Ce nétait pas tant que ses géniteurs attachaient une quelconque importance à leur rang. Tous deux savaient ce que les rangs et honneurs avaient de volatiles.
Aujourdhui adulés demain conspués tel était le lot souvent de ceux qui sélevaient au sein de la société où ils évoluaient.
Mais pour en revenir à leur descendance les Fortunat, et plus précisément la branche de Proisy devenue très récemment celle du « chef de famille » pensaient que savoir lire écrire et connaître les rudiments de géographie et dhistoire ne pouvait que servir pour qui voulait simplement ne pas être uniquement un « suiveur » un « passif ».
De plus léducation dispensée par lÉglise forgeait de bons croyants. Les parents se chargeraient ensuite doffrir des angles de vues plus ouverts tout en respectant les préceptes de lÉglise. Parmi ces préceptes on trouvait la tolérance et la compassion pour les autres. Sy ajoutaient également labsolue indifférence à la race, lorigine, le statut ou les convictions de ceux qui souffraient pour ne voir que des semblables ayant besoin daide.
Pour lheure lenfant dormait blottie contre son père, devant lui, emmitouflée dans la cape de lHospital. La croix rouge sur la laine blanche offrait sa protection aux deux voyageurs. Tous savaient que les Hospitaliers, et même ceux occupant une quelconque fonction au sein de cet Ordre Royal, nétaient pas porteurs de nombreuses pécunes ces dernières étant le plus souvent destinées à être offertes aux plus miséreux.
Ce petit être qui saccrochait à lui, enfin petit la fillette avait quand même huit ans et si la jeune femme navait pas encore éclot les choses ne tarderaient surement guère mais bon en attendant
Cet enfant donc, par son absence, avait manqué à Jehan. Était ce la blondeur quelle tenait de lui ? La douceur de son caractère même si elle savait parfaitement jouer des armes dévolues à son sexe pour obtenir ce quelle souhaitait ?
Il naurait su le dire comme cela au débotté. Pourtant elle lui avait manqué, tout autant que lui manquait à présent sa fille ainée
Comme à chaque fois quil pensait à son aînée, son cur se serra. Jumelle elle aussi, dun frère trop tôt rappelé par Aristoste, sétait heurtée à lui et à sa belle-mère son père sétant remarié après son veuvage. Où était désormais Isabelle ? Il ne savait cette dernière nayant donné aucun signe de vie comme si elle avait tranché le fil invisible le rattachant à lui. Pourtant il sentait encore ce fil présent il le sentait vibrer parfois, surement lorsquIsabelle elle-même songeait à lui.
Émilie dormait en souriant et la chaleur conjuguée du cavalier et de la monture lui créait un nid qui, sil nétait point des plus confortables, était surement des plus rassurants. Chaque fois quelle bougeait Jehan frémissait de peur de devoir la rattraper au vol mais, comme dotée dun sixième sens, la fillette modifiait sa position et le voyage se poursuivait.
Émilie si elle avait donc la blondeur de son père avait la douceur de sa mère la douce et très belle Leello la seconde épouse du Vicomte. Cette enfant et son jumeau Edwin actuellement avec sa mère, était la consécration de la fusion charnelle et spirituelle du couple. Loin, comme beaucoup, de voir leur prime passion sadoucir jour après jour pour devenir tendre affection puis amitié et parfois désamour, la leur semblait devoir les consumer chaque jour un peu plus et enfler et grandir au point de les laisser, au petit matin, haletants et pantelants trouvant dans laube naissante le repos réparateur précédant leur renaissance.
Jehan se sentait Leello et Leello se sentait Jehan. Combien de fois riaient ils lun commençant une phrase lautre la terminant. Combien de regards disant « Je taime » échangeaient-ils ? Il eut été plus aisé de compter ceux quils néchangeaient pas.
Jehan, homme daction et dengagement, était même arrivé à faire de son épouse et des siens le centre autour duquel gravitait désormais sa vie.
Cette fusion charnelle avait donné deux enfants, des jumeaux Émilie et Edwin ou Edwin et Émilie. Un peu comme si leur amour avait voulu leur renvoyer quelque part un reflet de leur propres images.
Pour lheure, le Fortunat chevauchait vers Murat pour y retrouver son épouse et leur fils escorté par un ami. Aussi voir les remparts de la ville surgir dans la brume du matin lui mit du baume au cur. Il ne réveilla la petite quune fois la porte de la ville franchit
Mon ange Emilie ma douce, nous sommes arrivés. Nous allons trouver une auberge et nous rafraichir avant de retrouver Maman et Edwin. Tu as faim mon petit ange ?
Au petit trot il mène son destrier à une auberge et aide Emilie à démonter
Allez hop petite princesse allons voir si nous pouvons nous laver et nous restaurer après nous nous mettrons à la recherche de Maman et dEdwin.
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Famille en deuil d'un "Grand du Poitou". Toujours en nos curs tu vivras, Elra.
Depuis quil avait retrouvé sa fille, le Fortunat exultait. Lui qui, la plupart du temps, semblait assez oublieux et détaché, littéralement couvait la fillette.
Ils avaient pris la route depuis Vienne où lenfant avait suivi une éducation religieuse qui, si elle ny avait trouvé surtout que de lennui, lui avait donné le poli nécessaire à toute jeune fille de bonne extraction.
Ce nétait pas tant que ses géniteurs attachaient une quelconque importance à leur rang. Tous deux savaient ce que les rangs et honneurs avaient de volatiles.
Aujourdhui adulés demain conspués tel était le lot souvent de ceux qui sélevaient au sein de la société où ils évoluaient.
Mais pour en revenir à leur descendance les Fortunat, et plus précisément la branche de Proisy devenue très récemment celle du « chef de famille » pensaient que savoir lire écrire et connaître les rudiments de géographie et dhistoire ne pouvait que servir pour qui voulait simplement ne pas être uniquement un « suiveur » un « passif ».
De plus léducation dispensée par lÉglise forgeait de bons croyants. Les parents se chargeraient ensuite doffrir des angles de vues plus ouverts tout en respectant les préceptes de lÉglise. Parmi ces préceptes on trouvait la tolérance et la compassion pour les autres. Sy ajoutaient également labsolue indifférence à la race, lorigine, le statut ou les convictions de ceux qui souffraient pour ne voir que des semblables ayant besoin daide.
Pour lheure lenfant dormait blottie contre son père, devant lui, emmitouflée dans la cape de lHospital. La croix rouge sur la laine blanche offrait sa protection aux deux voyageurs. Tous savaient que les Hospitaliers, et même ceux occupant une quelconque fonction au sein de cet Ordre Royal, nétaient pas porteurs de nombreuses pécunes ces dernières étant le plus souvent destinées à être offertes aux plus miséreux.
Ce petit être qui saccrochait à lui, enfin petit la fillette avait quand même huit ans et si la jeune femme navait pas encore éclot les choses ne tarderaient surement guère mais bon en attendant
Cet enfant donc, par son absence, avait manqué à Jehan. Était ce la blondeur quelle tenait de lui ? La douceur de son caractère même si elle savait parfaitement jouer des armes dévolues à son sexe pour obtenir ce quelle souhaitait ?
Il naurait su le dire comme cela au débotté. Pourtant elle lui avait manqué, tout autant que lui manquait à présent sa fille ainée
Comme à chaque fois quil pensait à son aînée, son cur se serra. Jumelle elle aussi, dun frère trop tôt rappelé par Aristoste, sétait heurtée à lui et à sa belle-mère son père sétant remarié après son veuvage. Où était désormais Isabelle ? Il ne savait cette dernière nayant donné aucun signe de vie comme si elle avait tranché le fil invisible le rattachant à lui. Pourtant il sentait encore ce fil présent il le sentait vibrer parfois, surement lorsquIsabelle elle-même songeait à lui.
Émilie dormait en souriant et la chaleur conjuguée du cavalier et de la monture lui créait un nid qui, sil nétait point des plus confortables, était surement des plus rassurants. Chaque fois quelle bougeait Jehan frémissait de peur de devoir la rattraper au vol mais, comme dotée dun sixième sens, la fillette modifiait sa position et le voyage se poursuivait.
Émilie si elle avait donc la blondeur de son père avait la douceur de sa mère la douce et très belle Leello la seconde épouse du Vicomte. Cette enfant et son jumeau Edwin actuellement avec sa mère, était la consécration de la fusion charnelle et spirituelle du couple. Loin, comme beaucoup, de voir leur prime passion sadoucir jour après jour pour devenir tendre affection puis amitié et parfois désamour, la leur semblait devoir les consumer chaque jour un peu plus et enfler et grandir au point de les laisser, au petit matin, haletants et pantelants trouvant dans laube naissante le repos réparateur précédant leur renaissance.
Jehan se sentait Leello et Leello se sentait Jehan. Combien de fois riaient ils lun commençant une phrase lautre la terminant. Combien de regards disant « Je taime » échangeaient-ils ? Il eut été plus aisé de compter ceux quils néchangeaient pas.
Jehan, homme daction et dengagement, était même arrivé à faire de son épouse et des siens le centre autour duquel gravitait désormais sa vie.
Cette fusion charnelle avait donné deux enfants, des jumeaux Émilie et Edwin ou Edwin et Émilie. Un peu comme si leur amour avait voulu leur renvoyer quelque part un reflet de leur propres images.
Pour lheure, le Fortunat chevauchait vers Murat pour y retrouver son épouse et leur fils escorté par un ami. Aussi voir les remparts de la ville surgir dans la brume du matin lui mit du baume au cur. Il ne réveilla la petite quune fois la porte de la ville franchit
Mon ange Emilie ma douce, nous sommes arrivés. Nous allons trouver une auberge et nous rafraichir avant de retrouver Maman et Edwin. Tu as faim mon petit ange ?
Au petit trot il mène son destrier à une auberge et aide Emilie à démonter
Allez hop petite princesse allons voir si nous pouvons nous laver et nous restaurer après nous nous mettrons à la recherche de Maman et dEdwin.
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Famille en deuil d'un "Grand du Poitou". Toujours en nos curs tu vivras, Elra.