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[Rp] Un long réveil.

Insanius
Jours, semaines, mois...

Le temps s'étirait lentement dans la retraite du vieil ours.
Il avait arrêté depuis longtemps de le compter si bien que parfois une semaine lui semblait durer un an. La course du jour ne représentait plus quoi que ce soit à ses yeux...
Enfermé dans une cellule de monastère, le seul rythme auquel il ne pouvait échapper était celui des repas empreints de frugalité qu'on lui apportait.
Peu croyant, peu espérant, il avait fait comprendre aux moines que ce replis n'avait pour but que de se retrouver avec lui même.
Il n'espérait pas nouer une quelconque relation avec Aristote.
Ses souvenirs lui avaient échappés, mais il se savait déjà damné.
Un an qu'il s'était relevé d'entre les morts, se redressant au milieu d'un champs de cadavres, le corps mutilé la bouche remplie de sang.
La Provence, pays de toutes les atrocités...

Laissé pour mort par les siens, traqué par les farouches partisans d'une Marquise qu'ils avaient voulu chasser; il avait rejoint le Languedoc qu'on lui avait désigné comme Terre d'origine.
En haillons, amputé de quelques doigts et de sa mémoire, il retrouvait des paysages, des visages qui auraient du lui rappeler sa vie d'avant.
Mais même face à son Suzerain et sa Suzeraine, il n'avait éprouvé aucune émotion...

Il s'était donné du temps, avait rencontré d'anciens et de nouveaux visages, avait écouté parler les gens, avait contemplé de vieilles pierres dans l'espoir d'effleurer un souvenir, une idée... Mais rien n'était venu, rien n'avait rejaillit en lui. Son passé était mort, comme lui aurait du l'être sur le champ de bataille...

Étrangement il n'éprouvait pas de tristesse, le personnage qu'on peignait de lui, ne semblait guère sympathique et très souvent détesté. A des lieues de ce qu'il était devenu...
Peu empreint à l'emportement, il se trouvait plutôt détaché... Distant...
Tout le contraire de ce qu'on avait décrit de lui.

Mais bientôt, tout bascula...
Les cauchemars de sa fuite de Provence qui le réveillaient chaque nuit laissèrent place à d'autres. De sombres silhouettes, aussi familières qu'elles pouvaient l'être pour un amnésique, l'entouraient et se rapprochaient jusqu'à l'encercler totalement, le submergeant de leurs ombres glacées.

Rapidement il perdit le sommeil, rapidement il sombra dans un rêve éveillé où à chaque instant il tremblait à chaque évocation d'un souvenir.
Tous ces hommes et femmes qui tentaient de l'aider à retrouver la mémoire le plongeaient peu à peu dans la folie...

Bientôt, il ne supporta plus qu'on parle de lui, il ne supporta plus ces rêves qui le conduisaient à se poser mille question sur la moindre pierre croisée.
L'avait il déjà touchée? La croisait il tous les jours?
Son cerveau devenait fou... Là où son coeur n'éprouvait pas le besoin de retrouver son passé, son esprit luttait à chaque instant pour une bribe de souvenirs, pour emplir la silhouette de cette femme qui chaque nuit le terrifiait plus que les autres.

C'est ainsi qu'il s'était présenté en pleine nuit aux portes du monastère. Les yeux emplis d'effroi...
Il voulait la paix de l'âme et aussi longtemps que ça lui prendrait, il s'enfermerait dans une cellule t trouverait un moyen de chasser ces fantômes. Quelle qu'en soit la façon.

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Insanius
Bien sûr il ne lui suffit pas de rester enfermer entre quatre murs recouverts de salpêtre pour calmer ses angoisses.
Pendant de longues nuits encore, il berça les moines de ses hurlements.

Beaucoup tentèrent de l'aider, conseillant jeûnes, prières. Mais quelle que soit la méthode qu'il consentit à essayer, aucune ne marcha.
On profita même du pèlerinage d'un médecin parisien pour le lui présenter.
L'homme des plus érudits s'avoua vaincu et ne put lui prescrire que patience, sans assurer qu'un retour de sa mémoire soit possible...

S'ensuivit alors pour le Tressé un défilement de moines dans sa cellule. Chacun ayant un point de vue sur ce qui lui arrivait...
Mais tous se scindaient en deux camps.
Ceux persuadés que cette amnésie était une nouvelle chance accordée par Aristote. Un nouveau départ qui lui donnait l'absolution pour ses péchés à condition qu'il mène une vie chaste et pure... Ses cauchemars n'étant que des démons tentants de le faire de nouveau basculer dans le stupre et la violence...
D'autres étaient persuadés qu'il s'agissait d'une punition d'Aristote qui dans sa colère contre le ponot, l'avait frappé d'amnésie. Mais comme les premiers, ceux là pensaient que désormais il devait vivre dans la foi et la vertu et devait se consacrer à l'Eglise.

Mais sur certains points, le Tressé n'avait pas changé de l'homme qu'il était autrefois.
Aristote pouvait bien exister, cela lui était bien égal. Il ne consacrerait surement pas sa vie pour Lui.

Malgré cette agitation diurne, ses nuits ne se firent pas plus douces. Les terreurs revenaient à chaque moment de sommeil...
De sombres silhouettes qui l'enserraient de leurs griffes, prononçant quelques mots sourds et incompréhensibles...
Une ombre plus familière que les autres fondait ensuite sur lui, ce qui ne manquait pas de le réveiller, haletant, avec l'impression qu'il était à deux doigts de se souvenir...

Quelques semaines passèrent; les visites des moines étaient devenues plus rares; ses hurlements plus maîtrisés.
Le temps lui avait appris à calmer ses angoisses, à ravaler ses cris, à devenir maître de lui même.
Mais de son passé, pas une bribe, pas un écho, seulement ses démons nocturnes.

Ce n'est qu'après la visite d'une nonne que tout empira et qu'il fut à deux doigts de sombrer dans la folie.
Après que cette religieuse lui annonça un décès. Une femme, qu'il ne connaissait plus. Une femme qui lui fit penser à cette ombre...
Une femme nommée Lyia...

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Insanius
La religieuse était venue un après-midi nuageux.
Plus tôt dans la journée, un moine était passé prévenir le Tressé qu'il recevrait une funeste visite.
Sans en demander plus, il avait acquiescé et s'était replongé dans ses pensées.
Funeste était un mot qui n'avait plus vraiment de sens. Que pouvait on lui annoncer qui le ferait souffrir?
Il n'avait aucune attache, son passé ne pouvait plus l'atteindre.

Pourtant quelques heures plus tard, on lui fit une annonce qui déchira son âme.
Il ne comprit pas vraiment ce que disait la nonne.
Elle parlait d'une jeune femme, souffrante, proche amie de celui qu'il était; elle parlait de ses visites aux portes du couvent pour quérir quelques nouvelles;, elle lui narra les soirées passées à hurler son nom sous la lucarne de sa cellule.
A ses yeux, il aurait semblé plus probable que n'importe qui d'autre eût été cet homme que lui.

La nonne décrivait un homme passionné, inquiet, amoureux.
Comment aurait-il pu l'être alors qu'aujourd'hui aucun de ses souvenirs n'était familier?
Comment peut on aimer si on arrive à l'oublier?

Quand il fut sûr que la nonne n'eut plus rien à dire, il la congédia, prétextant avoir besoin de repos pour accueillir une si triste nouvelle.
La femme le quitta alors, affichant un sourire plein de compassion. Elle lui souhaita de se remettre au plus vite, lui conseilla quelques prières et referma la porte sur lui.

Il était de retour à son isolement, enfermé dans cette pièce empreinte de sobriété, enfermé dans ce corps sans joie ni peine.
Mais cette fois, il ne put chasser ce nom de ses oreilles.
Lyia... Un amour oublié, morte alors qu'il déambulait à la recherche de sa vie.

Cette nuit là, il ne dormit pas.
Pensant pour la première fois à ces personnes qui le connaissaient, ces personnes qui ne représentaient plus rien à ses yeux.
Pour la première fois il se sentit mal d'avoir abandonné malgré lui ces gens...
Pour la première fois, il comprit que les fantômes de ses cauchemars avaient des noms.
Il repensa à son Suzerain, cet homme si étrange, majestueux et pourtant si amical. Il pensa à sa Suzeraine, son regard si triste perdu dans un visage de bienveillance.

Il se sentit mal. Il ne pouvait se résigner à abandonner son ancienne vie, il ne pouvait laisser d'autres personnes mourir en croyant qu'il avait disparu.

Sa mémoire devait revenir, à tous prix...
Pour lui et pour honorer celle des autres.

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Insanius
Quelques nuits plus tard vint un nouveau songe.

Il n'était plus question de silhouettes, plus questions de peurs, d'angoisses.
Il se rêvait assis sur l'un de rempart du Puy, tourné vers l'horizon et le soleil couchant.
La fin de journée était douce; l'air chaud, caressant.
En contrebas montait une joyeuse rumeur, l'heure n'était plus au travaux et nombres de ponôts s’enivraient déjà...
Une étrange satisfaction montait en lui; il se sentait chez lui, en confiance.
Le Puy était devenu sa ville; ses habitants, ses amis.
Mais plus que tout, la main posée sur son avant-bras était familière.
Elle dégageait une chaleur étrange, aussi agréable que redoutable.
Un contact fragile qu'il craignait de voir rompu. Sensation exquise que l'on en vient à détester car on sait qu'elle ne peut que prendre fin, pour disparaître à jamais.

Dans un soupir, il tournait la tête vers celle qui flattait son bras.
Elle n'était plus une ombre cette fois, mais elle n'était toutefois pas plus qu'une brume...
Ses traits s’emmêlaient; fondus les uns dans les autres, la blancheur de sa peau était teintée de la blondeur de sa chevelure.
Mais aussi effrayant qu'elle aurait pu être, cette apparition le réconfortait. Douce esquisse d'un visage chéri...

Ses yeux revinrent doucement vers la forêt qui marquait la ligne d'horizon. Derrière elle, il y avait Mende. La première ville qui l'avait accueilli, celle où il s'était arrêté, lassé de fuir...
Il se savait pourchassé, mais par qui? Par quoi? Tout ça ne lui revenait pas en mémoire...

Auprès de lui, la Blonde murmurait son nom. Il savait qu'il allait se tourner, voir enfin son visage, il savait qu'ainsi tout lui reviendrait.
Il voulut tourner la tête, mais n'y arriva pas...
Le sommeil l'avait fuit, il s'était réveillé et le rêve lui échappait déjà.

Contemplant le mur de sa cellule, il était sous le choc. Un rêve, un simple rêve venait de lui rappeler ce qu'il cherchait depuis des mois...

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