Karyl
[Sur la route vers Périgueux]
« Cest pas ça que jai dit hein ! Mais toi tu es de la fille alors il faut que tu aimes les jolies robes et que tu fais les trucs des bonnes manières! Et comme moi je suis du garçon et que en plus maintenant jai un peu les gros muscles et ben cest moi qui doit faire avec lépée, cest tout ! Alors il faut que tu mobéis quand on fait la route parce que cest moi qui fait la protection et pas toi ! »
Juché sur sa petite jument blanche, Karyl entendait bien clarifier la situation face à une Alycianne toujours aussi désireuse de devenir un jour une dame-chevalier. Après tout, il avait rejoint le clan des poneys pour la protéger et nul ne pouvait contester que depuis Sémur, il avait fait un travail absolument remarquable. A croire que sa seule présence avait suffit à dissuader les brigands de sen prendre aux filles. Si bien quau fil des jours, le petit garçon en était venu à la conclusion des plus logiques : Il était à présent un guerrier farouche et redouté. A tel pour quil racontait à qui voulait lentendre que sa mère elle-même ne le reconnaitrait pas tant il avait changé. Persuadé de cet état de fait, il ne manquait plus quune chose : En convaincre les filles et surtout Alycianne!
« En plus moi maintenant jai du baudrier et du couteau et de la fronde et je sais faire avec hein ! Alors si un bandit il nous attaque il faut que tu restes derrière moi ou que tu vas te cacher dans les buissons en attendant que moi je me occupe de lui fait son compte. Mais si tu veux, tu as un peu le droit de regarder comment je fais bien comme quand on fait lentrainement. »
Omettant plus ou moins volontairement quune licorneuse avait rejoint leurs rangs, le petit blond entendait bien se porter en seul défenseur de leur petite troupe rose. Heureux comme un poisson dans leau, il navait quune hâte montrer à sa mère ce quil était devenu. Il se voyait déjà arriver à Craon en paradant et lui expliquer ainsi quau colosse toute la route quil avait faite. Ils en seraient fiers et impressionnés, il était un homme à présent ! Tout à ses rêves de retrouvailles, le gamin nécoutait plus du tout ce que sa voisine pouvait lui rétorquer. Lui, sourire béat au coin des lèvres, se perdait à imaginer le visage rayonnant de sa mère dont les yeux trahissait une fierté inavouée. Il se voyait déjà arpenter de nouveau les chemins avec elle tel deux égaux unis par la soif daventure et de voyages. Lenfant en rêvait, il voulait tant que sa mère soit fière de lui
Surprit par le changement de direction soudain de sa jument qui profita de sa rêverie pour tenter une opération « broutage », le gamin reprit brutalement pied dans la réalité. Légèrement hagard, il regarda tout autour de lui comme si une troupe de brigands allaient les encercler. Mais non, laprès-midi était des plus calmes, le soleil brillait dans un ciel dégagé de nuage et seul le froid encore vif de ce début dannée rappelait que cétait encore lhiver. Reprenant ses esprits, le petit homme reprit alors :
«De toute façon cest moi le protecteur. Alors il faut tu arrêtes de parler parce que tu me fais la déconcentration ! Moi il faut que je garde le regard à l'aguet et les oreilles à laffut des bruits hein ! j'ai pas trop le temps pour les trucs de fille! »
Voilà, tout était de la faute dAlycianne ! Excuse certes foireuse mais qui convenait parfaitement au petit blond qui navait aucune envie dadmettre un égarement passager. Quand on est du fier aventurier super fort et protecteur de filles, on fait pas de la pensée ! Reprenant alors tout son sérieux, le gamin fit mine de guetter les alentours prenant un air grave dans lespoir évident que sa « fiancée » najoute rien.
Peu à peu cependant, le gamin commença à ressentir une gêne, de celles des plus gênantes lorsque lon se trouve sur le dos dun cheval qui nous rappelle à chaque foulée combien cela nous gêne. Tenter doublier ne servant à rien, restait alors à trouver une excuse pour séclipser très discrètement quelques instants. «Euh... Faut que je vais faire du truc important mais je reviens tout de suite ! » Lança karyl en désespoir de cause alors quil se tortillait sur sa selle. Plus le temps dattendre la moindre réponse, le gamin bifurqua dans un petit chemin de terre, descendit de cheval et sempressa deffectuer sa « mission importante »un nouveau sourire béat au coin des lèvres lorsque non loin de là des éclats de voix se firent entendre.
Sortant de son buisson pour voir ce quil se passait, le gosse découvrit alors une bande de soldats qui venait darrêter le groupe de poneys. Des soldats, avec de belles armures, de belles épées, de beaux casques, des soldats du PA à en croire leur étendard. Et le sourire du gamin se fit plus large encore. Il navait encore jamais vus autant de soldats dun seul coup, des guerriers, des hommes forts, des biens en plus ! Surement quils patrouillaient pour attraper les méchants et peut-être même quils accepteraient de les accompagner jusquà Périgueux. Ravi, le petit blond se voyait déjà les harceler de questions le long du chemin et essayer de faire promettre à chacun de lentrainer à lépée. Il pourrait même leur montrer ce quil savait faire
Cest alors quun « tilt » se fit dans lesprit du gosse. Merdum, il était le protecteur et avait laissé les filles toutes seules ! Ils avaient bien choisi leur moment pour venir eux, quest ce quils allaient penser de lui maintenant? Et Alycianne ? Remontant en vitesse sur sa petite jument, lesprit du môme tournait à cent à lheure
Comment allait-il montrer aux soldats quil savait bien défendre les filles ? Et lidée de génie lui vint. Dégainant son épée de bois, il lança son équidé aux gallos vers les soldats en criant : Cest moi qui fait la bagarre, je défends les filles !
Quoi de mieux quune démonstration de ses talents pour impressionner les soldats et montrer quil savait faire
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un simple gamin des rues...