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[RP] L'Escarmouche de deux Soldats

Aimbaud
[Tente des soldats en poste à Cosne]


Brume hivernale sur la Bourgogne.
Dans le froid et la buée, la plupart des soldats sont écroulés parterre en ronflent paisiblement, remuant la paille et les grains de terre avec leur haleine. Une buse plane au dessus des tentes, comme exécutant sa propre patrouille. Un air glacé souffle sur les herbes grises de la saison Morte, ravivant quelques feux de tourbe et leur fumée âcre. Et pendant ce temps, bien à l'abri du froid derrière une épaisse toile de tente cirée, Aimbaud de Josselinière est avachi à plat ventre sur son lit de camp, ronflant d'un sommeil du juste, sans rêve et sans conscience.

Il s'abîme dans un repos mérité, après une patrouille nocturne sur les chemins de traverse aux alentours de la cité. Ils n'ont croisé que des renards et des chouettes, cette nuit. Les brigands auront eut vent de leur venue dans les parages. Au moins, la nuit a été calme et sans effusion de sang...

Un courant d'air s'engouffre dans la chambre de fortune. Le jeune Angevignon ouvre un oeil, calme... Puis soudain, agité un furieux sursaut, il jette à bas sa couverture et tombe de son lit dans un grognement. Et là, retombé sur son séant, il s'écrit avec effarement :


Quel jour sommes-nous !? Mon duel ! VICTOR ! Mes habits !
_________________
Victorine
[Victor]

C'est Vic qui a mal refermé le pan de l'entrée, mais enroulée dans ses couvertures, blottie sur une fourrure à même le sol, elle a eu la flemme de se relever, puis le sommeil l'a assommée. Elle est toujours mieux ici, avec ce léger courant d'air, que dehors, au milieu des ronflements des soldats. Alors, après sa ronde, elle s'est glissée discrètement au chaud pour finir sa nuit. Après tout, écuyer, c'est tout de même autre chose que simple soldat ! Ne doit-elle pas tout apprendre de son seigneur, l'observer en tous lieux, l'imiter en chaque chose, pour devenir à son tour un noble combattant ?

En fait, ce sont surtout les regards torves des soldats et les blagues salaces sur la formation des écuyers qui l'ont fait se cacher ici. Mais ça, elle ne l'avouera pas.


Quel jour sommes-nous !? Mon duel ! VICTOR ! Mes habits !

Les beaux yeux verts de Victorine sont tout ensommeillés. Elle regarde la tente et se demande ce qu'elle fout là. Victor ... Victor, mais bon sang, c'est moi !

Elle se lève d'un bond, quitte à fiche la trouille à Aimbaud qui ne la sait peut-être pas ici. Heureusement, elle est déjà tout habillée. Elle peine juste à assagir quelques épis dans ses cheveux coupés courts au carré.


Je suis là. Un duel ? Contre qui ?


De bon matin, les questions s'égrainent avec aisance, sans même y penser. Réveille-toi Vic. Elle s'agenouille et ouvre le coffre des vêtements, machinalement. La mine enfarinée, elle réprime un bâillement.
Aimbaud
Ah !

Nouveau coup au coeur pour l'Aimbaud, qui voit son écuyer surgir juste derrière son lit. Mais qu'est-ce qu'il foutait là, lui ? Ah, visiblement il avait couché à son chevet. Bah ! Au moins il est à disposition. Rapidité, efficacité prouvée. Une affaire en or tout compte fait, ce gars-là.

Contre cet abruti de poitevin là...! Répond le Josselinière en sautant dans un haut-de-chausse. Valkmachin. Volmtruc. Le mercenaire embauché dans l'armée de Digoine.

Il cloche-piète dans sa chaussette en enfilant la deuxième. Et déjà vêtu d'une chemise trop grande et d'un caleçon de laine, il enfile prestement et avec l'aide de son serviteur pour les nombreux noeuds et boutonnières, le reste d'une tenue de cuir tanné qui d'ordinaire sied aux voyages, mais qui pouvait bien aussi se prêter à l'exercice du combat. Excessivement nerveux, il morigène plusieurs fois le blondin à propos de son incapacité à (je cite) "se grouiller le derche !" et "se sortir les doigts du séant !" ou encore "s'activer sa culasse !" puis il lui charge les bras avec son épée au fourreau, et écarte le rideau de sa tente. La froidure de l'air le frappe au visage, le calme un peu aussi.

Le regard assez noir, le front barré, préoccupé par l'affaire qui l'attend, il va pour marcher un peu en bordure du campement :


Selle mon cheval, c'est à une lieue d'ici.
_________________
Victorine
[Victor]

Abruti de poitevin, oui bien sûr, messire.

Elle n'a aucune idée de celui dont il s'agit et s'en fiche bien, tout occupée qu'elle est à boutonner et serrer les vêtements du sénéchal sur son torse. Et à garder les yeux en face des boutonnières ! Des réveils comme on aime ... Non content de lui beugler des ordres, il râle, rouspette et tempête. En fait, elle en est à peu près certaine, ce duel lui fout la trouille. C'est qu'elle commence à le connaître l'animal.

Mais le rassurer n'est pas son travail : elle est juste là pour écouter, recevoir, encaisser parfois, voir surtout. (Enfin voir ... pas tout : elle reste convenable et essaie de ne pas regarder ses jambes, entre le caleçon long et les chaussettes. Heureusement, les rudesses de l'hiver la préservent de visions d'horreur.)
Elle ne fait pas dans le sentiment, et de toute façon il ne lui aurait même pas laissé le temps de l'adoucir : déjà il lui flanque son arme sur les bras avant de sortir.

A l'intérieur de la tente, Vic fait son possible pour garder l'équilibre. Mais elle n'a pas encore déjeuné et ce lever intempestif lui donne des palpitations. Elle recule d'un pas sous l'impact, s'emmêle dans un tapis, et, dans un fracas de ferrailles, tombe le cul sur le lit de camp qui se referme à demi. Si l'épée n'avait été au fourreau, elle se tranchait un bras, à coup sûr.


Hmph ! (elle retient un cri aigu) Votre cheval, oui tout de suite.
Et dois-je vraiment vous accompagner ?
Et heu ...
(voix soudainement et faussement enjouée) si nous allions manger avant ? Il vous attendra bien un peu, s'il est venu de Poitevinie. Et c'est pourquoi le duel ? Il vous a offensé ? (petite pause : elle se relève et le rejoint) Il a sous-estimé vos qualités de sénéchal ? Il a offensé votre mère ? Il vous doit des écus ?
Volkmar
Un ronflement sonore, justement, avait retentit sans aucun scrupule, quelque part entre là et ailleurs.
Le moustachu, c'était pas le duel en question qui risquait de perturber son sommeil, bien au contraire.
La seule difficulté, ce serait probablement de pas trop salement amocher le Aimbaud en question, et encore à parler de difficulté.
Petit matin.
Forcément, en plein hiver, il avait pas dormi à la belle, lui.
Pas qu'il soit vieux mais il avait les moyens de s'offrir une chambre, avec un feu de bois qui montait agréablement.
Et puis mine de rien ça évitait les raideurs au réveil!

Une matinée parfaite, dans l'ensemble.
Levé de bon matin, mais du bon pied.
Un petit déj' copieux comme il en souhaitait rarement.
Le temps de ne pas passer à l'Eglise, même!
Pas qu'il soit quoique soit d'autre que croyant, mais il estimait sans doute à raison pouvoir se passer d'une bénédiction ou d'une prière hypocrite.

Sérénité, tranquilité d'esprit, l'estomac plein.
Et en avance en prime!

Mais quelle misère!
Et maintenant, il ne pouvait râler sur personne et n'avait aucune raison valable de râler.
Le pauvre Aimbaud allait encore prendre pour l'absence de problème!

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"J'ai constaté que même un silence de toi, pouvait pousser mon rire à mourir..." (Noir Désir)
Aimbaud
Aimbaud jette un regard sévère à une colline avoisinant le campement, qui ne pipe pas mot pour le coup. Il imagine déjà la sale trogne de Volkmar avec son sourire torve plein de poils de moustaches, qui n'attend que d'en découdre. Ce type, il ne peut pas le sentir. Toujours à tourner autour du pot, à péter bien plus haut que ses braies, à chercher des poux au premier venu dès qu'il a un moment de temps libre. Allez résumons : c'est un pauvre con.

L'écuyer immensément bavard le tire de ses réflexions, avec sa voix de pinson et au milieu d'un bruit de ferraille et de craquements de bois dans la tente.


Pardi oui que tu m'accompagnes, fainéant ! Tu seras témoin. Et si j'en viens à estropier ce scélérat, tu le traîneras à l'hostel-Dieu. Allons remue-toi.

Sans grande méchanceté, il accompagne ses mots d'un coup de pied au cul de son valet. Et puis il s'en va piocher une miche de pain bruni au fin fond d'un sac de réserves, pendu à un piquet de tente hors de portée des chiens errants. C'est le pain de l'armée, dur et poudreux, il est vieux d'une bonne semaine mais en creusant bien sous la croûte, on y trouve encore un peu de mie molle. Il le tape pour le dessabler, avant de le fourrer dans une sacoche du cheval de Victor.

Tu t'alourdiras la panse en chemin !

Lui, il avait l'estomac en double-noeud, et autant d'appétit qu'à bord d'un de ces navires bretons dont la houle lui retournait les entrailles (oui parce qu'en bon angevino-bourguignon qu'il était, fort attaché à la terre sous ses pieds, il n'avait pas le pied marin). Alors tant pis pour la boustifaille, il irait à jeun faire des trous dans Volkmar. Cependant, la dernière sangle de son destrier est bouclée. Il détache les brides de sa bête et monte en selle lestement. Juché là, le cheval d'ordinaire docile et en parfait accord avec son cavalier, gagné par la nervosité qu'il dégage, piaffe et rue quelque peu.

Ho Hhooo.

Décidément, il le sentait comme ça l'Aimbaud... Ce duel allait lui pourrir sa journée. Mais il y a une question veuve de réponse, dans l'histoire... C'était quoi, le but de l'escarmouche, au juste ?

Pourquoi ce duel, tu veux savoir ?

Hormis qu'à force de se côtoyer de manière rapprochée au sein de la même armée, ils en étaient venus à se détester un peu plus chaque jour, jusqu'à créer un affrontement au sein des rangs, à coup de poings et de chopes... Pas grand chose.

Parce que c'est un con !

Ils ne tardèrent pas à talonner leurs montures et à parcourir dans la campagne glacée, la distance qui séparait les deux combattants. Sur la route, Aimbaud chevauchait en se ressassant les paroles d'une vieille complainte qui disaient bien le fond de sa pensée...

Écoute les orgues
Elles jouent pour toi.
Il est terrible cet air-là !
J'espère que tu aimes
C'est assez beau non ?
C'est le requiem pour un con..

Je l'ai composé spécialement pour toi
À ta mémoire de scélérat
Sur ta figure blême
Aux murs des prisons
J'inscrirai moi-même

« Pauvre con »

_________________
Volkmar
C'est un sourire narquois à défaut de torve qui accueille le jeune nobliaud, et pas si plein de poils, on s'entretient quand même.
Le moustachu n'était pas une montagne, mais manifestement, il avait en tout cas au moins une bonne tête de plus que la demi-portion de fils de pair, et par ailleurs, c'était un homme fait, lui.
Et encore jeune par ailleurs, pas un décati.
Toutefois, le jeunot avait un avantage sur lui, et pas des moindres.
Là où Volkmar s'était mis à l'épée sur le tard, et n'en possédait pour toute technique que celle d'un tailladeur habitué à survivre, l'Aimbaud était sûrement presque né avec, à défaut d'avoir su la manier en venant au monde.
Après tout, l'un était noble, et de naissance, l'autre était à peine un soldat, puisque par dessus tout irrégulier.

Toutefois, pour survivre sans tenir la technique à défaut du beau geste, il y avait d'autres méthodes.
A voir si il s'en parerait ou non, le Poitevin.
En attendant, il était adossé à un arbre, pour éviter le soleil naissant, l'épée encore au fourreau.
Il n'avait pas prévu de témoin, mais à vrai dire, le mot n'avait pas été prononcé.
Et voilà que le morveux se pointait.
Le laissant venir, il l'apostropha alors que l'autre descendait à peine de sa selle.


"Aimbaud, rentre chez ta mère va, je te laisse une chance d'en sortir sans bosses.
Autrement, je t'attends sur le moment, viens tâter de l'acier un peu, ça t'apprendra les manières!"


Et sa main finit sur la garde de son épée, la tirant légèrement pour s'assurer qu'elle ne collerait pas au fourreau, n'était pas coincée, et quand à rouillée, il savait pertinemment qu'il l'entretenait tous les soirs.
Ne restait qu'à voir...

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"J'ai constaté que même un silence de toi, pouvait pousser mon rire à mourir..." (Noir Désir)
Victorine
[Victor, témoin partial]

L'écuyer mord courageusement dans son pain rassi tout en observant la campagne environnante. Il fait un froid de chien et des volutes de buée s'échappent des bouches des hommes et des naseaux des bêtes. Et inversement. C'est le silence. Vic s'était attendue à ce qu'Aimbaud, pendant ce savoureux petit déjeuner, lui raconte une histoire rocambolesque dont la chute aurait été le jet de gant de l'un à la figure de l'autre. Mais même pas ! C'est un con. Bon.

Du coup, elle mâche en silence, condamnée à se taire parce qu'on ne parle pas la bouche pleine. Et aussi parce que, doucement, elle va apprendre à condenser ses questions en une seule.

Un con ... c'était une bonne raison. Cela dit, toutes les raisons étaient valables, pour un duel. Du moment qu'on sauvait l'honneur, qu'on expulsait ses bestiales pulsions tout en gardant la tête haute.
Et en parlant de tête haute ...

Vic apercevait le morceau, et au fur et à mesure qu'ils approchaient, la question venait frapper à son esprit, de plus en plus pressante. Il ne fallait pas qu'elle lâche, pas maintenant.


Et si c'est vous l'estropié, je vous mène à l'hostel-Dieu ?

Et voila, bravo ! Bel encouragement avant le duel. Plante-lui une dague dans le dos aussi.

Ah tiens, ce con est venu sans témoin.

Rattrape-toi oui. Et mieux que ça.

Vous aviez raison, il est vraiment con.
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Eusaias
Duel un autre duel, mais cette fois ce n’était pas lui qui ferait le spectacle mais deux des soudards qui suivaient sa compagnie. N’en déplaise à ces dames, les histoires de botte d’oignons ne leur étaient pas réservées et pour ce jour le fils de Corbigny, Aimbaud allait affronter le mercenaire poitevin Volkmar. En temps normal le balbuzard aurait fortement parié la solde de ses hommes sur la victoire de Volkmar, mais Aimbaud était le fils de son ami, l’ami de son fils aussi et les liens comme cela valent bien plus que quelques écus.

Il mit donc pied à terre non loin du lieu du duel et rejoignit les belligérants menant d’une main ferme son frison. Il assisterait à ce duel, pour s’assurer que l’un des deux ne meurt pas, Corbigny lui en voudrait et il aimait bien le poitevin. Un sourire carnassier barra son visage et rétrécit par la même occasion la cicatrice profonde sur sa joue gauche. Le cheval fut lié à un arbre et le talon de la botte décrottée contre une roche avant que le balbuzard aille saluer les trois hommes présents.


Voilà donc les deux preux qui vont s’affronter ! Je pourrai avant toute chose savoir la raison ? Je n’ai pas l’intention de vous empêcher, mais si l’un des deux mourrait je n’aurai qu’un son de cloche et j’aime bien avoir toutes les versions. Des écus ? Les cuisses d’une femelle ? L’un de vous aurait fait la nique à l’autre ?
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Aimbaud
Et si c'est vous l'estropié, je vous mène à l'hostel-Dieu ?

Grmbl — comme dit Houallane, quand Mariealice le pince — A ton avis, triple buse !

Victor l'ignorait peut-être, mais il avait échappé de peu à une beigne. Le contexte avait joué en sa faveur : la distance entre les deux chevaux, sûrement. Non, le jeune Josselinière espérait bien ne pas devoir être conduit à l'hostel-Dieu, et il ne voulait même pas penser à cette éventualité. Les souvenirs d'une blessure reçue lors des premiers affrontements de la Guerre Saincte en Anjou, lui étaient particulièrement amers. Il ne souhaitait nullement renouveler l'expérience.

À l'instant où les cavaliers atteignirent le point de rendez-vous, la voix rocailleuse de Volkmar résonna dans le champ, aussi pénible qu'un crissement de craie sur l'ardoise :


"Aimbaud, rentre chez ta mère va, je te laisse une chance d'en sortir sans bosses.
Autrement, je t'attends sur le moment, viens tâter de l'acier un peu, ça t'apprendra les manières!"


Le Métisse descendit de sa monture sans se presser, puis il remit les brides du cheval entre les mains de son écuyer et approcha de son adversaire tout en retira ses gants.


Salut, pendard. Non je ne vais pas m'amuser à me taper le trajet-retour avant de t'avoir esquinté. Tu m'as demandé un duel, me voilà.

Le bruit d'un galop lui fit faire volte-face. Un autre cavalier déboulait dans la plaine. C'était le baron de Digoine, à qui la rumeur du duel était visiblement parvenue de par la bouche d'un soldat de l'armée. Aimbaud inclina brièvement le chef quand le commandant approcha pour les apostropher énergiquement, avec sa légendaire assurance. Impossible de dire si la venue d'Eusaias le tranquillisait, ou bien l'intimidait un peu plus. Dans le cas où il sortait vainqueur de la rixe, il n'en serait que plus fier. Mais s'il se faisait dérouiller devant son mentor, la honte serait bien cuisante.

Se préparant au combat, il défit le cordon de sa cape et se décoiffa de son couvre-chef, tout en répondant à la question du baron.


En vérité depuis que nous nous connaissons, le sire Volkmar n'a cessé de me chercher querelle en me rabrouant au sujet de ma jeunesse et de ma prétendue inexpérience. J'ai tenté de le modérer, jusqu'au jour dernier où par inadvertance, mon poing a ripé dans sa figure. C'est là je crois, qu'on a convenu d'un duel.
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Volkmar
Ben voyons, qui venait là.
L'Eusaias en personne.
Pourtant, c'n'était pas le Poitevin qui s'était vanté d'avoir un duel.
Contre Aimbaud, il appelait ça une correction, bien plus qu'une passe d'arme, d'ailleurs.
D'ailleurs, c'était peut-être par là qu'il fallait commencer, avant de risquer d'avoir quelqu'un d'autre encore sur le dos.


"Non mais, c'est pas un affrontement.
J'vais faire de l'éducation et inculquer quelques manières à ce morveux d'Aimbaud."


Évidement, y mettre toute la morgue et la suffisance disponible n'était pas forcément une bonne idée pour concilier le nobliaud en question.
Le moustachu haussa les épaules, et fouillant dans sa poche, il en sortit une lanière de cuir, qu'il enroula autour de sa main et son poignet droit...
Enfin, il sortit son épée, sans tellement plus d'exercices d'échauffements divers et variés destinés à montrer quelle technique et quelle classe il pouvait avoir.
Non parce qu'il en avait vu faire ça, et il avait trouvé ça remarquablement ridicule.
Entraîné en permanence, on restait sur le pied de guerre.. Et ne pas faire le zouave avant de combattre, ça permettait de rester frais, notablement.
Du moins, c'est comme ça qu'il le voyait.
Dans une posture d'attente, pointe de sa lame vers le sol, il signifiait clairement à Aimbaud de se magner de venir se faire redresser l'échine, qu'ils avaient pas la journée.

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"J'ai constaté que même un silence de toi, pouvait pousser mon rire à mourir..." (Noir Désir)
Victorine
[Victor]

Tandis que les deux hommes commençaient les hostilités verbales, sorte de mise en jambe avant le combat certainement, Vic chercha des yeux un arbre où attacher les montures dont elle avait la charge. C'est alors qu'elle vit poindre, sur un frison d'imposante taille, un homme qu'elle ne connaissait pas encore mais qui semblait être un personnage important en Bourgogne.

Elle avait déjà cessé les questions, voyant que l'aventure prenait des allures sérieuses, mais là, elle ne pipait plus mot, espérant passer inaperçue au milieu de ces hommes qui ne rêvaient que de prouver lequel était le plus fort. Des coqs. C'était des coqs qui allaient s'affronter et celui qui arrivait s'imposait d'emblée comme le maître en la matière. Elle se prit à rêver des salons de la princesse où il faisait certainement meilleur vivre à cette heure. (C'est qu'elle n'avait pas encore appris que les manigances féminines pouvaient être plus pernicieuses encore que les démonstrations de force).

L'écuyer pria pour que son allure masculine le préservât des regards. Victorine sentit le sang battre à ses tempes, tandis que Victor faisait un pas en arrière, humblement, tout en notant dans sa mémoire le nom de l'offenseur : Volkmar.

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Aimbaud
[Ouais ouais, c'est bon : j'arrive]

Le jeune Josselinière se contente de serrer les dents aux provocations du Poitevin. Du temps où il était bien plus nerveux que cela, son premier réflexe eut été de lui sauter à la gorge sans attendre le début du combat. Mais finalement, les deux années de vie en Bourgogne avaient eut une excellente influence sur lui, il avait un poil gagné en maturité. A présent, il savait attendre que le plat de la vengeance refroidisse... Mais il ne fallait pas s'y fier : encore une bravade sur son jeune âge, et il y avait fort à parier qu'il ne répondait plus de rien. La vapeur montait doucement...

Être traité comme un enfant, passait encore en compagnie des dames, bien que cela l'humilia profondément. Mais vis-à-vis de ces adversaires, c'était autant de piques vicieuses qui lui pourfendaient l'ego. Il n'était pas un MORVEUX. Majeur, soldat et membre du conseil ! A peine lui manquait-il une dernière poussée de croissance, et du poil au menton, pour être un homme au complet... Attendez voir, mes bons amis, attendez voir...

Élégamment, il crache d'un trait au sol avant de relever les yeux vers son adversaire.


C'est cela prépare-toi, j'arrive.

Et de s'approcher de Victor pour lui tirer son épée du fourreau. La poignée trouve naturellement sa place dans sa paume. La lame n'alourdit pas son bras, non, disons plutôt qu'elle l'équilibre. Armé, froid, il se campe face au mercenaire.

Ce dernier, bouffi de prétention, ne semble vraiment pas inquiété par le combat. L'envie de lui faire ravaler son assurance fait courir mille fourmis nerveuses dans les bras du Métisse. Bientôt, il lève l'épée pour signifier le commencement de la passe d'armes. En garde, bien décidé à frapper d'estoc, il guette les attitudes de Volkmar tandis qu'ils piétinent tous deux.

Un battement de paupière. Une décharge. Aimbaud s'élance et frappe le premier, fichant son fer dans celui du bretteur. Il accuse le coup du premier choc et répond à un nouveau croisement. Galvanisé par l'énergie que confère le début du combat, il allonge les premières bottes sans coup férir. De temps à autres, un éclat de voix fuse quand l'un des combattants frappe avec effort.

Et puis soudain, le jeune Bourguignon essuie une lourde parade qui l'oblige à reculer prestement, sous le poids de la poussée. Les épées se séparent en raclant. A une certaine distance, les duelistes reprennent souffle un court instant, tout en se suivant au pas.

Aimbaud est électrisé. Il avait craint que le provocateur n'ait bien plus de force dans les bras. Tout compte fait, ce n'est qu'un piètre coupe-jarret au style grossier, parfaitement bourrin. Avec un peu d'astuce et de concentration, s'il n'est pas trahit trop vite par la fatigue, il saura percer sa garde... La détermination lui glace le bras à nouveau.

Par surprise, il s'élance avec souplesse et cave à nouveau, l'épée au clair.

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Volkmar
La rage de l'attaque d'Aimbaud l'avait surpris, l'avait renvoyé dans son fond de filet.
Parer, parer encore, mouliner, lame contre lame, crissement de fer glissant contre le fer.
Il avait du reculer, peu à peu.

Le Poitevin connaissait ses défauts, et lui n'avait jamais vraiment manié l'épée en duel.
Au contraire, même, il faisait toujours tout pour éviter le tête à tête, la confrontation, dans la réalité d'un combat, et ses multiples provocations étaient plus des bravades sans suite de la part de l'adversaire devant ses provocations de matamore, que des duels advenus.

N'empêche, perdre contre ce morveux là, c'eut été la honte de sa vie.
Enfin, la nouvelle honte de sa vie, et il estimait en avoir déjà connues suffisamment comme ça, pour ne pas en prendre une nouvelle.
Il ne lui restait plus qu'à trouver un autre moyen de vaincre.
La réflexion n'était pas très poussée encore, il imaginait que le jeune coq se fatiguerait vite à ce niveau d'énergie, et qu'il pourrait profiter de son déclin pour le faire plier.
Sans classe ni élégance, mais efficace.

Un avertissement vint tout changer.
Un pouce de plus, et il n'était plus Volkmar mais passoire.
Dans une botte en profondeur, visant la touche, le fer d'Aimbaud accrocha la ligne du vêtement du poitevin et y laissa un accroc manifeste, emportant une éraflure derrière lui, une goutte de sang, et un lambeau de tissu.
Le Poitevin jura. Recula promptement, porta la main à ses côtes, pour vérifier son intégrité.


"raclure de gamin d'mes deux.."

Il n'était qu'égratigné, à peine effleuré.
Mais c'est qu'il commençait à devenir dangereux ce sale mouflet.


"Aller, rend toi sale gniard, t'es content, t'as vu qu'tu pouvais pas m'atteindre, alors maintenant avant de vraiment te coller une rouste, rentre chez ta mère!"

Après tout, il n'était pas là pour du beau "jeu" mais pour lui flanquer une raclée, une correction. Pour le remettre à sa place, dans le droit chemin.
Il suffisait de le mettre à terre.

Et puis, il l'avait cherché, ce nobliaud de malheur.
En outre, il faisait ça pour lui! En plein combat, l'adversaire ne se soucierait pas de Fair Play, il lui crochèterait les jambes et l'éliminerait à deux ou trois pour ne rien risquer.
Une petite voix dans la tête de Volkmar lui ricana au nez, le mettant au défi de trouver d'autres excuses capillo-tractées, pour justifier ou tenter de le faire, une passe peu conventionnelle, voire même, un tour de passe passe.

Et qu'il taille et qu'il pique, et alors que le fer de la lame retombe à nouveau violemment contre celle d'Aimbaud, c'est un jeu de pieds qui tente à le crocheter quand il reculera...

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"J'ai constaté que même un silence de toi, pouvait pousser mon rire à mourir..." (Noir Désir)
Aimbaud
Essoufflé mais ravi, le visage d'Aimbaud arbore déjà toutes les couleurs de la victoire. Il est fendu d'un large sourire, plus éclatant encore qu'au déballage des cadeaux de Noël, car il vient de constater que l'extrémité de son épée a changé de coloris ! Radieux, et peinant à en croire sa chance, il laisse le temps au Poitevin de reculer tout en rabaissant sa garde, tandis qu'un morceau de chemise choit en voletant jusqu'à éponger la boue du parterre.

Volkmar est visiblement un maître ès esquives, même s'il sautille sans grâce et qu'il se contorsionne parfois bizarrement pour passer outre les salves du fer. Il se bat comme un barbare, soit, cela semble payer sur le court terme. Mais cette fois, il s'en est fallu de peu qu'il ne se fasse embrocher.

La dernière provocation n'a pas l'effet escompté. Aimbaud, les bras un peu douloureux par l'effort, mais tout à fait épanoui dans le combat, est désormais blindé d'assurance. Il réprime tout juste un léger rire et gratifie son adversaire d'un regard terriblement attristé, trop exagéré pour paraître franc.


Volkmar, ça n'est pas fini. Allons n'aie pas peur, ça n'est pas un duel à mort.

Et de se remettre en garde avec un sourire mauvais. Surtout, rester concentré... N'avoir qu'une seule pensée en tête... Il est une super machine à combattre...

Frapper derechef. Répondre. Parer. Les fers se heurtent et les semelles râpent la terre. Les coups de Volmar sont-ils plus agressifs, ou bien la fatigue amollit le jeune métisse ? Il lui semble que l'autre redouble d'ardeur. L'égratignure qu'il aura reçue aura renforcé sa détermination de vaincre.. Les assauts se font de plus en plus brusques, Aimbaud est forcé de subir, braquant sa garde parfois de justesse. A ce rythme là, le poitevin sera sur les rotules en moins de temps qu'il n'en faut pour...


AH !

La botte de son adversaire s'est fiché derrière son talon. Il exécute une esquive maladroite pour reprendre l'équilibre, de l'ordre de la pirouette. Furieux, trahi, il constate que le mercenaire ne fait aucun cas des convenances du duel. Une sueur glacée lui est remonté le long de la nuque.

Il veut fendre à nouveau par devant lui, mais sa lame rencontre le rempart de l'ennemi. Une violente poussée contre le plastron, aussi inattendue qu'implacable, amène Aimbaud a sauter à reculons, sous peine de réceptionner le pommeau d'une des épées en plein visage. Ceci sans compter un nouveau crochet de jambe de Volkmar, qui se fiche juste derrière son pied et le balaye aussi aisément qu'un fétu de paille.

Il tombe et l'épée avec, à quelque distance de lui.

Un aboi de rage lui échappe alors qu'il engage le mouvement de se relever sur le coude. Mais finalement le choix ne lui est plus offert car la pointe de fer adverse vient signifier la cessation des hostilités, contre sa pomme d'Adam.

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