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[RP] Dans un Coin, par là...

Delta.
Il va sans dire que si vous souhaitez participer, un MP s'impose.


Vague à l’âme, vagues lames, lames de larmes, vagues de larmes. Elle détestait ces moments. Comme ce jour où elle avait pris conscience, face à l’enfant de Saens, de ce point d’encre à son poignet. Une main qui lui étreint l’estomac, un glaçon dans le cœur. Des envies de pleurer et d’hurler. Le savoir mort. Et rester calme. Rester calme. Ç’avait été dur.

Mais là, là… Là ça n’avait rien à voir. Si elle s’était crue mourir pour l’autre, elle était effectivement morte à ce moment précis. Aix… Ex… Elle l’avait repoussé lorsqu’il était revenu vers elle. Elle ne se souvenait plus de rien, à l’époque. Elle maudissait ces souvenirs qui se faisaient capricieux. Pourquoi revenir maintenant ? Maintenant qu’ils avaient décidé de s’installer ici. Dans sa ville.

Elle l’avait apprécié, plus que son âme ne pouvait offrir, et pourtant, elle l’avait fait. De son être, entier. Il la connaissait dans les moindres détails, mieux qu’elle ne se connaissait elle-même. Il avait été sa vie. Et il avait disparu. Et son âme avec. Elle le haïssait désormais. D’avoir disparu. Sans rien dire. S’il n’avait pas disparu, elle ne serait pas partie seule, n’aurait pas été enlevée, n’aurait pas tout oublié… Tout était de sa faute.

Et si elle n’avait pas tout oublié, elle ne l’aurait pas repoussé en Arles, il y avait un an. Elle avait vécu bien des choses, réchauffé son cœur, parfois. Son corps, souvent. Mais n’avait jamais retrouvé cette plénitude, ce calme, cette compréhension d’autrefois. Elle avait eu de très bons moments, elle avait aimé. Mais plus jamais elle n’avait apprécié. « Apprécié ».

Jehanne avait aimé bien des hommes, à sa façon, légèrement. Mais toujours sincèrement. Et dernièrement, elle apprenait à être fausse. Un masque, heureuse en ménage, la Baronne ! Même le brigand blond, en fait, elle s’en était guérie. Plus facilement qu’elle ne l’aurait cru possible. Elle s’était sentie revivre dans les bras de son Gardien Breton, puis la flamme s’était éteinte. Comme toutes. C’était pourtant parfait. Trop sans doute.

L’amour de tripes. Saens était mort. Selrach disparu. Mort, sans doute. Personne ne le voyait plus. L’amour vagabond referait son apparition. Le seul qui lui avait toujours été fidèle. Celui de qui elle n’espérait rien. Celui qu’elle contrôlait. Prendre le plaisir là où il était. Une heure, un jour. Une semaine. Sans avenir. Ah, oui, elle était mariée. Et bien ce serait d’autant plus simple pour la garde de son fils.

Delta, enfouie dans un lit confortable aux draps doux fleurant la lavande, pleurait. Sur elle et ses amours perdus. Sur celui qu’elle avait rejeté. Sur ses titres et ce bâtard qui portait un nom. Sur le bonheur d'avoir un enfant. Sur son père retrouvé. Sur cette vie qui devrait la rendre heureuse. Sur son cœur trop souvent brisé. Sa faiblesse et son amour de la chair. Et ses envies. Il lui fallait satisfaire son corps, à défaut de son âme. Mal à l’âme. Âme à larmes.

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Eralypse
Sons qui virent, voltent, au creux d'une nuit qui s'éternise, auprès d'un Morphée cruel qui se joue de son pantin.
Il le fait choir, à la bordure des deux mondes, entre réalité au voilé percé et rêves rémittents.
Il le fait danser, osciller, l'œil fermé, sans lui laisser le temps de désirer appartenir à l'une ou à l'autre...Aux autres ?

La poupée de chiffon a cependant tout loisir d'abhorrer l'une, souffreteuse, et l'autre, fuyard.
L'autre, seul, l'irréel, qui lui remémore ce qu'a été son réel.
L'une, incomplète, réalité, qui, si elle n'est pas frustration, n'est pas plus satisfaction.

Jeu qui se désagrège à mesure que les paupières se laissent transpercer par un rai lilial, insinué par un interstice aux battants de persiennes closes. L'astre opalescent chasse la divinité marionnettiste et tire l'arlequin abusé vers sa réalité. Le sommeil fébrile est brisé et l'éveil éclos, dans une entièreté qui déstabilise le garçon. Mèches éparses à son front collées par une moiteur qui l'entoure, inconfortable, il se meut, un peu, empêtré dans une gangue de feutre dont il ne s'extirpe pas tout de suite. Non, l'ermite hagard glisse d'abord un regard d'un cérulé cendré vers la couche aux étoffes froissées. Il y devine monts et vallées qui, s'il le fallait, lui intiment mutisme et furtivité.

Ce sont invariablement les mêmes gestes. L'attention tout au corps assoupi qu'il caresse des yeux, les doigts libèrent les membres de l'étreinte des couvertures, puis, avec une lenteur mesurée, le confus bascule, assis.

De la bordure des deux mondes à la bordure d'une couche.

Dernier regard pour le flanc drapé qu'il entrevoit dans la pénombre mouchetée d'argent, qui pourrait paraître licencieuse, avant, qu'enfin, il ne se redresse. Main passée dans la jungle hirsute de sa tignasse et le voilà parti, à pas de velours, vers la porte fermée sur la chambre hermétique dont il blesse l'intégrité pour s'évader.


Notes égrenées dans le sillon de ses semelles heurtant le pavement, parachevant la mise en alerte de sens échappés. Échappée qui n'est, encore une fois, pas belle, simplement nécessaire. Autant que l'air gelé qu'il inspire à grandes goulées, soufflant nuages blancs de buées au rythme de la marche modérée.

Era tique, erratique, d'un tressaillement du sourcil, au détour d'une ruelle, à l'entente de voix mêlées. Il n'y prête pas œil, mais l'oreille, outragée par l'incision brutale du silence tout relatif qui régnait, se renfrogne, et c'est en sourd remuant que le flandrin continue son chemin vers la gran place, à fleur d'une voie qui, il le remarque, est hérissée de parapets.

Ainsi, s'intéressant aux gardes-corps des hôtels - à défaut des gardes aux corps des bordels- , d'une démarche incertaine puisque soumise à l'irrégularité du pavé qu'il ne peut surveiller, Gabriel chemine, s'arrête, reprend, la tête vidée, ne semblant avoir que pour seule motivation l'observation du vide. Et du plein, parfois.

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Ysaree
Comme un rituel…

Un rituel au cours duquel elle a appris à ne plus bondir. Petit à petit elle a même appris à ne plus bouger mais, jamais, elle n’a pu contenir le coup au cœur qui vient lui couper le souffle, l’espace d’un instant. Cet instant précis où il se redresse. Avec le temps, peut-être qu’elle saura l’étouffer la vipère amère qui se noue autour de ses entrailles à chaque fois qu’il disparaît, qui lui injecte le venin de l’inquiétude… des inquiétudes…

Demain elle lui mentira, comme toujours : Non elle ne s’est pas réveillée. Oui elle a bien vu qu’il n’était pas là le matin. Non elle n’a plus peur qu’il prenne la fuite, avec ou sans vélin pour la prévenir… et que cette fois il décide ne pas revenir. Depuis des mois ils n’osent plus évoquer ce qui les sépare. Cette quête qu’il n’arrive pas à lui faire partager, et cet autre démon qu’il prétend déposer à ses pieds… entre hommage et avilissement. Elle est certaine maintenant qu’un jour elle le perdra.

Elle sait, par la force des choses elle s’est initiée…. Elle sait le souffle qui change, le corps qui s’agite. Avant même de l’entendre, elle le ressent. Sa conscience émerge, imperceptiblement et son corps s’enfonce dans les draps pour le cacher.

Elle sait qu’il va se redresser, doucement, pour ne pas la réveiller. Elle sait même combien de secondes il va prendre pour la regarder… elle n’aurait pas la force de les compter, mais elle arrive à les deviner. S’il pouvait distinguer ses paupières qu’elle a à demi cachées sous un bras indolent, il les verrait se plisser, irrépressiblement, une demi-seconde avant qu’il n’amorce sa descente de lit.

Une fois, une seule, elle aimerait qu’il ne le fasse pas, qu’il la choisisse elle à la tourmente, que sa main se pose sur sa taille et qu’il franchisse ce rempart qu’ils ont posé entre eux. Elle rêve qu’enfin il ne soit plus cette douce et inaccessible habitude qui prend place à ses côtés. Elle y perdrait une part de son âme mais elle aurait au moins vaincu l’un de ses ennemis.

Mais cette fois encore les bruits s’éloignent sans qu’elle ne bouge. Même après son départ elle n’ouvrira pas les yeux. C’est tout juste si elle osera bouger, bien plus tard, quand le sommeil l’aura reprise… s’il daigne le faire.

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Delta.
Un besoin d’air se fit sentir, une brune enfila une blanche chemise. Retrouver un semblant de liberté, un semblant d’être. Les yeux rouges, le cœur en berne et l’esprit ailleurs. Souvenir d’une nuit de plantes et de récolte. D’inquiétude et de cauchemar. Ne plus pleurer, sourire furtivement. La souvenance peut être belle. Belle nuit, comme à l’époque. Plus fraiche, pourtant.

L’air frais fouetta son visage, rendit ses idées claires et lui fit se rendre compte d’un détail. Un détail plus qu’important. Il ne voudrait plus d’elle. Pas dans cette situation, pas ainsi. Pour peu qu’il soit en vie. Ses larmes se tarirent, d’un coup. Bloqués en sa gorge restèrent les sanglots. Elle n’était plus. Les fantômes ne seraient que souvenirs.

Sortir, sortir maintenant, tout de suite, sortir et changer d’air, la fenêtre ne lui apportait pas assez d’espace, courir dans la nuit, comme avant. Elle, fille de la route et des chemins, appel de ses parents, de sa vie. Sortir et errer, sans but. Sous la lune, observer l’astre, les yeux un rien brouillés. Voilà ce à quoi elle aspirait.

Elle referma la fenêtre sans voir la silhouette approchant au dehors, elle l’aurait vue qu’elle n’aurait pas changé d’idée. Se serait armée, au plus. Ce qui n’était pas le cas. Pieds nus, en longue chemise. Nulle crainte d’avoir froid. Elle était déjà gelée. Un fantôme en quête d’un passé qui ne serait plus. Souffler la chandelle et refermer derrière elle. Dehors, enfin.

Avancer sans guider ses pas, sans observer, laisser ses pieds engourdis la mener, relever les yeux, un instant. Et le voir. Ou le croire. Ralentir, doucement. S’arrêter, presque. Observer sans oser. Vouloir y croire alors que l’esprit savait pertinemment que ce n’était pas lui. Reprendre la marche, vers la silhouette. « Âme en peine ? » Un murmure, un soupir s’échappa, à peine, de la buée de ses lèvres.

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Eralypse
Procession d'une enveloppe vide, abandonnée au déclin du jour, au voile pudique jeté sur ses remous, à cette voie qu'il emprunte, à ces voix qu'il écoute. Passées, présentes, susurrant ce qu'il ne veut entendre. Volubiles, volatiles, les mots se dispersent vite, l'esprit n'étant pas là pour les saisir au vol. Papillons de cendres envolés, que l'itinérant ne cherche pas à sauver. Et puis, ne sont-ils pas fait pour lui échapper ?

Il ne sait pas. N'en a cure, du reste. Ni de ça ni d'autre chose. Vide, parfaitement creux, exempte de toute pensée parasite, soumis aux sensations que dispensent ses entourages, uniquement. Joues glabres balayées par la bise tenace, goût d'inachevé à la bouche, esgourdes aux babillages subsistants, narines à fleurer ce parfum, léger, qui flâne dans la fraîcheur des nuits prometteuses. Mais surtout...Le regard fouillant façades et tardifs passants, devinant ici des chandelles aux fenêtres, rituels sans âge pour se préserver des spectres errants. Sourire.

Il en est un beau, de spectre. Le cheveu hérissé, débraillé à souhait, hantant rues sans relâche, depuis des jours...Ombre, plutôt, phantasme muet, fugueur, visitant ses nuits, ses vies, sans s'y attarder. Sans même les vivre, souvent.

Soupir, nuage blanc, vite dissipé. L'enveloppe est immobile, les iris sottement levées vers la ronde, la pâle, gardienne attentive. Réminiscence. D'un conte d'enfant,d'une voix enjôleuse, d'une prière à la jolie dame d'argent...La plongée dans les eaux tièdes du souvenir s'interrompt par un bruissement, un murmure qui n'est pour lui qu'un chuintement qu'il ne distingue guère.

Il pouvait se croire spectre, maître de ses divagations l'instant d'avant encore, mais là...Fantôme à ses faces, le pérégrin ne pouvait se targuer que d'être maître de lui. Vision...Claire, du cou aux reins, au moins. Le garçon trésaille, un vent lui brise l'échine d'un frisson...Non, pas apparition. Femme.

Pas sûr qu'il n'aurait préféré le revenant blême.

Traits brouillés, sans un mouvement encore, Gabriel y regarde à deux fois. Les volutes s'échappant, la poitrine se soulevant, filins de suie lustrés noyant ses épaules...Non, décidément pas vision.

Approchera, n'approchera pas ? Approchera. Un pas. Un seul. Encore à quelques pieds, il avise, dans un souffle.


Errant.

Et questionne, dans un autre.

Chimère ?
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Delta.
Pas le bon, pas lui, elle le savait, pourtant. Elle avait osé espérer. Espérer quoi ? Voir surgir un disparu ? Un mort, sans doute, n'était pas en bon état la dernière fois qu'elle l'avait croisé... Le jour où elle l'avait rejeté. Fantôme... Esprit en vrac, craquements d'âme, épars, morceaux. Brisures. Il n'était sans doute plus, ou ne serait plus.

Ouvrir les yeux sur elle, sur ce qu'elle était devenue, et s'emplir d'une certitude : Jamais il n'aurait accepté la Baronne, quand bien même elle ne serait qu'apparence... Rassérénée, déjà, avant d'aller courir la route, le chemin, la rue, de fait. Et marcher, non courir. À l'aventure, à la rencontre..

Ou pas. Quelques mots. Échangés, soufflés, peines croisées, mots voilés, douleurs enfouies, fraicheur de nuit. Et les lèvres qui s'étirent, polissant ses joues, s'étirant. Souffle, encore.
« Perdue...»

Sourire, pourquoi ? Parce que le croisement donne l'envie de se poser, de marcher, encore, juste côte à côte, d'écouter le bruit de la vie, ne rien dire, de plus, se perdre, encore, mais pas seule... Avancer... Simplement. Gagner l'impression de le faire à deux.

Illusion... Puisque telle est sa vie. Lever les yeux, un instant, court, furtif, être sûre de reconnaitre l'être, confirmation, ou plaisir d'observer, qui sait ? Pas elle en tous cas. Savoir qu'elle apprécie de lire, déjà, et a hâte. Et puis, se dire que l'ami qui se devine ferait bon compagnon, pour une nuit, une marche.

Indiquer, du bras, une direction, vague. Interroger,
« Par là ?» Se faire rembarrer, peut être, ou accompagner. Se réchauffer d'une présence, ou geler, sur pieds, n'a plus rien à réchauffer, de toutes, cœur en berne, âme givrée. Ici, là, ailleurs... Perdue, elle l'a dit.
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