Ingeburge
Etrangement, elle n'avait reçu aucune sollicitation personnelle quant aux élections royales ou impériales. Pourtant, elle savait fort bien par des connaissances, pairs ou amis, que nombre de prélats avaient été sollicités, comme nombre de ducs et comtes régnants l'avaient été. Oui, elle avait été bien tranquille ces jours derniers, ne recevant que des lettres de propagande convenues et impersonnelles. Celles-ci avaient directement atterri dans l'âtre comme celles qu'elle ne manquait pas de recevoir pour les élections ducales et elle avait au final apprécié de demeurer tranquille. Seule une lettre provenant du duc de Mortain, désormais Amiral de France déchu, avait retenu son attention, il s'agissait en d'une pétition dont le but lui avait échappé et elle s'en était ouvert à son conseil. Bref, elle était jusque lors restée à l'écart alors que la question était sur toutes les lèvres et alimentaient les conversations se tenant dans les cercles où elle évoluait : Maison du Roi, Hérauderie, Assemblée Episcopale de France, Concile Episcopal du Saint-Empire, Curia Ducis Autessioduri.
Il avait donc fallu se pencher sur la question, d'autant plus qu'elle-même bénéficiait, en tant qu'archevêque, de quelques voix offertes et qu'il en allait de même pour une part du clergé qu'elle avait sous sa responsabilité. Chacun avait pu s'exprimer, au cours d'une discussion animée par l'Evêque d'Autun, qui durant la retraite de son métropolitain, veillait sur les destinées de la Province de Lyon. Pour Ingeburge, il s'était agi de prendre du recul et d'étudier chaque candidature avec le plus d'objectivité possible, en prenant soin de laisser de côté les intérêts qu'elle eût pu concevoir et de déterminer quelle personne serait la plus favorable à la Très Sainte Eglise. Car des intérêts, en étant par ailleurs officier royal chargé notamment des Cérémonies de France, elle en avait et puis, quand qu'elle avait su par Toto et Chlo Chlo que l'épouse de Guise comptait se présenter, son inclination avait rapidement était claire. Elle s'était donc... penchée, avec minutie, sur chaque profession de foi et pour certains, il était aisé de constater que cette foi n'existait tout bonnement pas afin de former une opinion en regard non de son envie mais du bien de la Très Sainte Eglise, de la confronter aux autres clercs et finalement, de donner une consigne de vote à ceux-ci, en tant qu'Archevêque métropolitain de Lyon.
Cette fameuse consigne de vote se trouvait être consignée dans un parchemin armorié qu'un valet stylé, après s'être assuré que la duchesse du Nivernais n'était plus occupée et s'être incliné devant celle-ci, tendit d'une main ferme :
Citation:
A Béatrice de Castelmaure-Frayner, duchesse du Nivernais et de Bolchen, vicomtesse de Baudricourt et Chastellux, baronne de Chablis et Laignes, candidate à la charge de Reine de France,
Salutations et bénédictions.
Votre Grâce,
Un prélat étant souverain en son diocèse, et cet axiome étant stipulé avec force par le lumineux Sanctae Romanae Ecclesiae Codex Iuris Canonici et la non moins éclairée coutume canonique et dogmatique, décision fut prise par la prélature de la Province Ecclésiastique de Lyon de réunir son clergé afin de débattre des différentes candidatures proposées à l'attention de l'ensemble des sujets du Royaume de France, nonobstant les déclarations émises et autres pressions que d'aucuns auraient tenté d'exercer sur nous afin de nous dicter notre conduite. Durant ce débat mené avec maîtrise par Monseigneur BaronSengir le temps de notre retraite saisonnière, débat ayant vu participer une large majorité du clergé susdit, nécessité fut mise en avant de définir quel candidat saurait porter au mieux les intérêts de la Très Sainte Eglise que nous servons au quotidien et qui constitue un guide solide pour l'entièreté de l'Humanité.
Au terme de ces échanges et de cette consultation, une nette majorité en faveur d'une candidate se dégagea et consigne fut donnée par nos soins de voter en faveur d'icelle. Cette candidate, c'est vous et c'est pourquoi, par la présente, nous vous faisons officiellement savoir que les clercs de la Province Ecclésiastique de Lyon, qu'ils bénéficiassent ou non de voix attachées à leur charge, votèrent en votre faveur.
Que le Très-Haut vous garde et vous accompagne tout au long de votre exigeante entreprise.
Rédigé et scellé le vingt-septième jour de décembre de l'an de grâce MCDLVIII.
SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Cardinal-Archevêque métropolitain de Lyon,
Légiste pontifical,
Inquisiteur.
Et la déclaration étant tout ce qu'il y a de plus officiel c'était écrit et la cire était bel et bien d'or serait ensuite placardée sur le panneau réservé aux annonces religieuses.
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Phylogène, duchesse d'Auxerre, Grand Maître des Cérémonies de France
« Aultre n'aurai. »
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Joueuse quelque peu accaparée par le RP du sacre, je n'oublie pas les RP/demandes en cours, promis!