Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP ] domaine de Calviac : du rêve à la réalité

--Odette
grâce au cloisonnage du forum, ce rp sera essentiellement joué avec des pnjs



Les lumières doucement s’illuminaient dans les chaumières alors que la nuit de son long manteau enveloppait le village. Au domaine, tous les domestiques depuis longtemps s’activaient dans la demeure, les casseroles des marmitons frémissaient, les effluves de ragouts se dispersaient dans la grande salle, les servantes vérifiaient les foyers dans chaque pièce du bout de leur tison afin de rendre l’endroit chaleureux, les gouvernantes s’occupaient de la toilette des garçons avant le souper. Si calme était cette maisonnée avec tous ses enfants, si accueillante avec dans son sein une famille si soudée. De quoi avaient-ils tous à se plaindre aussi bien les habitants que le personnel, si ce n’est de la tranquillité qui émanait des lieux.

La maitresse était rentrée à la rosée du matin juste avant l’aurore dans le plus grand secret, laissant son petit joyau entre les mains expertes de la nourrice. Elle avait demandé à ce que les garçons ne soient pas encore prévenus de son arrivée, préférant se reposer un peu avant de pouvoir les serrer tendrement entre ses bras. La journée était ainsi passée sans que personne ne vienne la déranger selon ses souhaits mais une fois l’obscurité venue, la cuisinière prépara un mets pour la belle endormie. « Trop maigre » marmonnait-elle aux uns « trop pâle » criait-elle aux autres, « comment elle va nourrir la princesse, si elle ne prend pas de force » grondait-elle pour elle-même. Tout un chacun connaissait l’attachement de cette femme pour sa maitresse, son air bourru n’était qu’une façade ingrate. Elle prit un bol en terre cuite qu’elle remplit allégrement de soupe épaisse. A cet instant, tous arrêtèrent de respirer, d’agir, comme s’ils avaient peur d’enfreindre une quelconque règle tacite ou autres rites dont seule cette femme en était la prêtresse. Elle s’agitait dans un sens et dans l’autre, enchainaient les bruits, les bougonnements avec. Rituel qui s’éternisa jusqu’à, ce qu’elle se fut emparée d’un plateau et d’une cuillère. Des gestes brusques emprunts de douceur malhabile en le tendant à la première servante qui s’était avancée, sans un regard pour la jeune fille « monte à la maitresse et force là si elle refuse le plateau. » Un acquiescement rapide, trop peut être qui faillit renverser le contenu sur le sol.

Il avait fallu passer par l’escalier dérobé pour ne pas alerter les petits habitants de la maisonnée, mais si madame était fatiguée, il était aussi vrai qu’avoir deux enfants comme Tristan et Lucas, tout aussi adorables que pouvaient être ses deux garçonnets, il fallait bien l’avouer, ils étaient épuisant. Un rapide coup d’œil dans le couloir pour s’assurer qu’il était dépourvu de vie avant de s’aventurer à frapper discrètement contre la porte. Sans attendre de réponse, la jeune fille pénétra dans une pièce plongée dans le noir, le feu éteint. La seule réflexion qu’elle se fit était que la maitresse devait vraiment avoir besoin de repos pour ne pas s’être occupée du foyer. Elle posa la soupe encore chaude sur la table, tenta de raviver les braises mais en vain, le foyer était mort. Le nez de la servante se pinça comme si la suif avait été remué ou bien était-ce autre chose mais elle ne sut se l’expliquer ou même le comprendre. Elle s’échina pourtant à rallumer la cheminée pour que sa maitresse n’attrape froid. Fière, elle se releva et contempla les flammes qui commençaient à danser et à prendre de l’ampleur. Machinalement, elle s’essuya le front et les mains à l’aide de son tablier et se mit à la recherche d’une bougie. Tout un cérémonial pour une femme si simple par moment était risible mais, ils étaient payés par une Dame et voulaient la traiter comme tel. Si elle n’avait su que sa dame était épuisée par son voyage, la servante se serait inquiétée car, depuis qu’elle était entrée à son service, elle l’avait vu travailler dans son bureau, jouer avec ses enfants, alternant les activités sans jamais s’arrêter, se demandant d’où elle puisait cette énergie. Elle balaya ses pensées que certains auraient trouvées futiles pour aller réveiller sa maitresse.

Il fallut un temps à ses yeux pour s’habituer à la lumière émise par la faible lueur de la bougie pour comprendre et associer l’image qui se dessinait. La forme étendue semblant endormie sous une fine couverture n’était en fait qu’un corps allongé en travers du lit, une capeline en fourrure blanche, couvrant un corps frêle à la robe verte si souvent vu portée. Apeurée, tremblante s’avançant sans un son, faisant fasse à une mare… noire dans cette obscurité. Le visage blême, la sueur collant sa chevelure sur son visage délicat, Maharet dormait.
--Lison.
Crépitement du feu dans l’âtre.

La vieille gouvernante pose lourdement ses guêtres dans le fauteuil à bascule contenu dans la chambre de la petite princesse, son dos s’abandonne sans honte contre le dossier, son pied prend une impulsion et la voilà qui dodeline lentement avec dans ses bras le petit angelot aux boucles brunes.
Les gazouillis emplissent la pièce, de grands yeux émeraude brillent. Chant envoutant, simple babillage. Ses petits bras potelés trouvent une ouverture et se faufilent hors du lange, petit cri de ravissement. Elle passe ses mains devant son visage excité, ses petits poings se referment, les montrent à celle qui n’a cessé de l’observer avec un ravissement non feint.


Danse lascive des flammes, corps brûlants sur les buches se consument…

- Liiiiiiisooooon, Liiiiiiiiisoooooon !

Voix coléreuse reconnue, un sourire empreint d’affection. Pied qui arrête le balancement.

- Ne t’a-t-on appris la politesse jeune homme ?

La tête du nourrisson se tourne, un cri semblable à un mot s’en échappe bruyamment, le corps essaie de suivre mais la nourrice veille à garder le contact et la stabilité de cette petite anguille.

- Voilà, tu peux être fier de toi ! Comment veux-tu qu’elle dorme ?

Il se mordille l’intérieur de sa joue contrit, arrêté dans son élan, cache ses mains dans ses poches et chasse un caillou invisible.

- Ouais… mais… on… m’empêche de voir maman ! Je voulais que… Son regard perçant se soude à celui de la nourrice. Maman est rentrée… je voulais aller la voir…sa… main qui s’enfonce dans son épaisse chevelure de jais, sa porte est fermée ! Je sais qu’elle est là et elle ne l’a jamais fermé… et… elle n’est pas venue me voir. J’ai tapé à sa porte et on m’interdit de la voir ! Son torse bouge au rythme de ses mots, sa colère contenue difficilement.

Une autre silhouette plus petite apparait, essoufflée, et s’assoit lourdement en tailleur bientôt rejointe par sa gouvernante.


- Je suis désolée Lison, quand ils ont vu qu’ils ne pouvaient pas entrer dans la chambre ils ont commencé à tambouriner la porte…rougissante, ils ont alertés toute la maisonnée. Je leur ai expliqué que madame devait se reposer mais cela n’a pas plu à monsieur… lorsque l’un est parti l’autre lui a couru après… Je ne voulais pas qu’ils te dérangent.

- Ce n’est rien margot.

Son regard se pose sur les deux enfants. Tristan ressemblant à un lion en cage de ne pouvoir s’exprimer comme il l’entendait et l’autre, les coudes sur les genoux, le menton dans ses paumes souriant.

- Approche toi Lucas, toi aussi Tristan et asseyez-vous. Le ton bien que doux n’appelle aucune protestation.
--Odette
La bouche ouverte, tétanisée, tout son être hurlait mais sa gorge était nouée. Jamais elle n’avait été confrontée à une telle situation. Spectatrice de cette scène tragique, elle tendit son bras libre vers sa maitresse. Tremblante, elle se cramponnait au bougeoir. Elle avait effleuré sa joue glacée du bout des doigts « Madame » avant de repartir en panique. Elle était glacée, elle baignait dans son sang « elle est morte. »

C’est Fantomatique, des sanglots dans la voix et des yeux hagards que la jeune servante fit son entrée dans l’office.

A l’aide, aidez-moi, madame… madame est… elle ne put achever sa phrase car soudain, elle se sentit happer et son regard se fondit dans le noir total avant de s’évanouir.

On la rattrapa avant qu’elle ne s’affaisse. Dans la pièce, c’était l’incompréhension totale. Les rires s’étaient tus, les bavardages aussi. Tous essayaient de comprendre ce qu’il venait de lui arriver, épiant ses murmures pour y chercher un indice. Dans son délire, elle marmonnait toujours la même chose « sang » « morte. » Dans cette apathie, une seule personne réussie à saisir ce qu’avait dit la jeune fille et s’était précipité dans la chambre de la maitresse des lieux pour constater que c’était encore plus grave que ce qu’elle aurait pu imaginer.

Les gens de la maison étaient tous en alerte, une servante était allé chercher le médecin, la cuisinière avait ôté tous les vêtements de la jeune dame en les laissant tomber par terre, la camériste avait changé les draps en prenant soin de cacher les taches de sang, une autre avait remonté de l’eau fraiche pour nettoyer la maitresse. Les portes soigneusement fermées, chacune vaquait le plus rapidement et silencieusement possible. La peur au ventre, le cœur au bord des lèvres, elles la regardaient impuissante.

Pas une seule fois elle n’avait ouvert les yeux, pas une seule fois elle n’avait émis un gémissement ou une plainte, elles n’étaient certaines de sa vie que par le fin mouvement que faisait sa poitrine. Le souffle glacé, difficile, sa peau si rose à présent si pâle.

La cuisinière épongea le front de Maharet avec douceur, tenta de replacer les quelques mèches éparses parce qu’elle savait que la jeune femme ne supportait pas ses boucles indisciplinées. Elle se mit ensuite dans la tête qu’il fallait qu’elle lave la jeune femme, comme si cela allait la réveiller ou du moins l’aider à se rétablir. Précautionneuse, elle prit l’eau propre, du savon, une éponge et commença à la nettoyer. Une fois qu’elle eut terminée, elle la revêtit d’une simple chemise de nuit. Le temps commença à lui paraître long, elle qui n’avait jamais su trouver les mots, osait à peine marmonner. Les femmes autour d’elle, la regardaient avec un sentiment de panique et de tristesse.

Un discret coup à la porte fit sursauter les occupantes.
--Lison.
Chaleur bienfaisante emplit la pièce

A contre cœur l’ainé s’avance, prend place aux pieds de la nourrice, mâchoires crispées, dos raidi, ses émeraudes scintillent de colère. Sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration saccadée, mordille l’intérieur de sa joue sans affronter le regard de la nourrice. Nourrir sa colère sans jamais la laisser exploser, ressasser encore cette injustice que de se voir la porte maternelle close. Le sang inonde sa bouche au moment où la chair cède, emplit sa gorge, ses doigts s’enfoncent dans le velours de ses braies jusqu’à en devenir blême.
Et soudain, le calme revient, ses pupilles se dilatent, ses lèvres s’entrouvrent, il reprend un souffle lent et régulier sous l’œil protecteur. L’une pensant pouvoir l’apaiser par une présence réconfortante et l’autre gardant dans le plus profond de son être ses propres maux.


Petite explosion aux Fragrances de cerisier dans le foyer

Le vacarme produit par Tristan a définitivement réveillé la petite dernière qui commence à se tortiller dans tous les sens afin de ne pas perdre de vue son grand frère. Après avoir grogné, après que Lison ait réussi à la relanger, la petite Lili décide de faire entendre sa voix de sirène. Pleurs, visage rougi par la colère, rien ne pouvait arrêter cet enfant au caractère déjà bien affirmé. La nourrice ne se laisse ébranler par la petite capricieuse, assure sa prise sur le vêtement et recommence à la bercer. Vaincue, Lili finit par se laisser aller au rythme de la chaise à bascule. Sa petite bouche s’ouvre, baille. Ses yeux luttent pour ne pas fermer, ses paupières papillotes, sa tête dodeline. Têtue, Lili ronchonne une dernière fois et s’endort.

Incruster sa marque dans le bois, toile luminescente.

Lucas se hisse à quatre pattes jusqu’à la nourrice, sa bonhomie naturelle ne laisse rien transparaitre, un petit ange blond silencieux en surface, pas étonnant que ses parents le surprotègent, il ne laisse rien glisser, il se contente de sourire et de suivre quand on le regarde, mais lorsque l’adulte a tourné le dos, il devient comme son ainé un enfant animé. Il laisse derrière lui cette image pataude pour faire les quatre cents coups. Arrivé à côté de son frère, pose sa tête sur ses genoux et se couche.

Lison ne peut s’empêcher d’être attendrie par la scène fraternelle, elle aime ces enfants comme les siens depuis le premier jour de leur rencontre, apprenant à connaitre à la fois leur caractère et leur cœur, le même battant à l’unisson avec ceux de leurs parents.


- Et si je vous racontai une histoire pendant que votre mère se repose ? Tristan se relève légèrement prêt à émettre une objection, mais non, il se contente de caresser la tête de Lucas. Donc nous sommes d’accord, je vous conte une histoire pendant qu’elle se repose et si elle n’est pas levée nous irons nous coucher et la verrons demain.
--Pierrick_entheogenus


Il est arrivé, vêtu de son long manteau austère, sa barbe blanche, à pas lents, semant sur son passage la stérilité et la désolation. Il est celui qui amène le froid et la glace. Il fait son périple tel le métronome, sa canne mesurant la cadence de notre sort. Il est l’hôte qui s’annonce sans avoir été invité, qui s’installe en claquant des doigts pour nous obliger à supporter ses humeurs. Si sa froideur nous laisse transis, sa colère nous pénètre jusqu’aux os. Il est le visiteur qui laisse jouer les enfants avec ses étoiles aux branches fragiles, de boules ou de bonshommes : l’Hiver.

J’admire la couleur du liquide ambré dans mon verre, je le fais tourner, l’incline à peine et un disque parfait se forme, les dépôts de la plante magique des sorcières sont imperceptibles. Il me suffit d’y tremper mes lèvres pour en reconnaitre la saveur sèche et l’amertume sur le palais.
Je devrais être en train d’étudier les plantes dans ce laboratoire que m’a gracieusement offert ma Mécène, comme je le faisais autrefois avant notre rencontre mais ici la vie est tellement moins morne que me plonger des heures entières dans les livres me semble ennuyeux. Je goute la vie comme je n’ai jamais osé le faire avant, mes démons je les oublie… Pourtant, je ne peux me passer de mes drogues, simple habitude peut-être… la vie aurait tellement été différente sans cette rencontre à Compiègne, elle qui cherchait la mort et qui ne se battait plus contre le sort, elle qui avait tout pour vivre et qui préférait laisser une blessure avoir raison d’elle, comme je la comprenais à l’époque… malgré tout, je l’ai soigné, je me suis battu pour deux, combattu la faucheuse pour une parfaite inconnue qui ne m’avait rien demandé. Et si à cet instant je n’avais cherché que sa haine, voulu qu’elle soit la main vengeresse pour qu’à jamais je ne vois que la justice prendre ce qu’il me restait d’essence… des frissons parcourent mon échine jusqu’à la colonne comme à chaque fois que je m’épanche, ce qui est fait est fait et personne ne pourra le défaire même pas les filandières.
Je reporte ce précieux liquide jusqu’à ma bouche, mes yeux se ferment, je somnole jusqu’à sentir ma tête buter contre l’appui-tête de cuir.

Des coups répétés à ma porte me sortent de ma torpeur, je suis en sueur comme chaque fois que j’ingurgite ces narcotiques. Un peu égaré, je dois m’y reprendre à deux fois avant de pouvoir me lever, je passe devant le miroir en essayant de remettre en place ma chemise et ma tignasse blanche. J’ouvre la porte et cache le tremblement de mes mains, je suis un drogué et mes rares patients ne doivent pas le remarquer.
Stupeur, une servante de la dame du domaine, elle est à peine couverte par ce temps, et elle, ne cache pas son tremblement, pas même celui de son corps.


Madame…vite…pas le temps…

Je prends mon mantel et ma sacoche, je n’oublie par ma fiole qui m’aidera surement pendant ma visite. Les questions brulent ma langue, j’ai envie de secouer cette pauvre fille, je veux savoir pourquoi ce mystère, d’habitude quand la dame veut me voir elle vient elle et n’envoie pas ses domestiques.
Je monte avec la jeune fille dans la voiture, un mauvais pressentiment dans les veines, je n’ai pas pu l’approcher à l’accouchement, son mari et son amie m’ont remplacé, je ne suis là que pour mes études et quand elle veut discuter, ce qui est devenu plus que rare, alors pourquoi ce soir ? Si seulement je pouvais questionner la servante, mais elle est tellement nerveuse que je ne comprendrai rien de toute manière.

Le voyage jusqu’à la maison principale n’est pas long et pourtant il semble que cela fait une éternité que je suis assis ici, le carrosse sur son passage fait crisser les graviers à cette allure, c’est grave je le sais et si les effluves de la drogue ne me rendaient pas si incertain, je serai surement très remonté contre cette godiche
.
--Lison.
La vieille nourrice resserre son étreinte sur le petit corps endormi, sa main glisse sur le front de la petite fille, l’effleure avec son pouce. Endormie, elle ne bouge pas tel l’ange incarné. Quel attendrissement de les voir tous les trois réunis et sages; qui se douterait qu’un étage plus haut un drame se déroule et que tous les acteurs sauf un sont en train de vivre les pires heures de leur existence?

- Bien, elle se remet à se balancer. C'est une légende ayant laissé ses traces jusqu'à notre époque. C'est une légende dont même le ciel a été maculé.

- Dis Lison, ton histoire elle va pas parler d’ours n’est ce pas… non passe que maman elle mettait des ours dans toutes ses histoires et moi c’pas que che les aime pas hein, mais au bout d’un moment tu vois quoi…

Le regard de la vieille femme essaie d’être ferme alors que sa bouche se ferme pour ne pas rire.

- Si tu me laisses la raconter, tu pourras en juger non ?

L’enfant dodeline la tête en signe d’approbation, se cale confortablement pour ne pas perturber son petit frère en attendant la suite.

Il y a fort fort longtemps, dans un pays fort fort lointain, vivaient un Roi et une Reine. Si le Seigneur de ses terres portait la majesté de son rang jusque dans sa chevelure brune et son regard d'acier froid, son Epouse était la douceur incarnée, bercée au plus profond de son âme par un regard sinople volé à la plus pure des forêts.
Ce couple s'aimait mutuellement plus que leurs vies et se complétait d'une rare perfection. Si le Roi était un guerrier intrépide, vaillant, portant des coups sûrs et puissants, la Reine jugulait les flux magiques avec autant d'assurance qu'elle filait les tapisseries les plus précieuses; ses pouvoirs rayonnaient avec tant de force qu'ils agitaient sa chevelure rousse comme sous la caresse d'une brise d'été, même dans son sommeil.
Le Royaume était béni des dieux; la prospérité y régnait, la population était heureuse, nourrie à sa faim, ne connaissant que la paix, les chants, la poésie, le théâtre grâce à la ferme assurance de leurs Souverains.
La bénédiction de cet amour et des Dieux alla jusqu'à s'incarner dans la progéniture du couple régnant.

Un petit rire étouffé s’échappa d’entre les lèvres de Lucas, l’œil pétillant de malice "ma" la nourrice arqua un sourcil.

- Toi aussi Lucas tu t’y mets ? Mon histoire ne vous plait pas ?

Le cadet remue la tête "ma, ma"

- Alors ne vous agitez plus et écoutez. Où j’en étais, pfft j’arriverai jamais à la finir avec vous garnements.

- L’amour, *blabla*, Dieux *blabla*…

- Bien, je vois que tu suis, donc oui, La bénédiction de cet amour et des Dieux alla jusqu'à s'incarner dans la progéniture du couple régnant.

Leurs Aînés étaient des garçons, jumeaux, aussi dissemblables que le jour et la nuit.
Le premier, que nous appellerons... Tristan, était sage, presque taciturne. A la chevelure aussi noire que la nuit. Taillé pour le combat, tout en force et en prestance, son esprit stratégique se manifestait par une réflexion des plus intenses devant l'échiquier de son père ou dans ses études, dès son plus jeune âge.
Le second, qui aurait pu porter le nom de Lucas, était plus exubérant. A la chevelure aussi blonde que les blés, c'était les arts qui obtenaient sa préférence et la magie, qu'il apprenait en compagnie de sa mère.
Sur le tard, ils accueillirent en ce monde pacifique une petite fille, Lili. Si elle avait la chevelure de son frère ainé, les yeux de son père, son caractère léger et facile emplissait la maison de ses babillages incessants. En bon trésor choyé, ses premiers mois dans ce Royaume furent digne d'une poupée de porcelaine veillée comme un diamant.

- Lisssssssssssoooooooooooooooooon, che suis sur que ton histoire c’pas une légende, tu inventes ! Comme de par hasard, les héros ils ont nos noms et pi ca veut dire quoi pas cifice ? Lili elle est pas cifiste ? En plus papa il joue pas à le chéquier, moi che veux être un chevalier comme tonton et pi c’est tout ! Les études c’est pour Lucas d’abord.

La nourrice lève les yeux au plafond, ce garnement était pire qu’une plaie lorsqu’il s’y mettait, que de fois à le voir dans un état proche du mutisme, que de fois à voir son regard perdu dans le vide et combien de fois à le voir rendre tout serviteur à moitié fou avec sa logique et ses questions, non elle ne le réprimanderait pas, pas ce soir en tout cas. Un seul geste suffit pour qu’il se taise ; son index devant la bouche.
--Pierrick_entheogenus


Je reste un instant dans la voiture, la demeure est étonnement éclairée à cette heure indue de la nuit, pourtant, pas un bruit ou un mouvement n’est emporté par le vent froid.

Je calme l’agitation de mes mains, la drogue se distille enfin, l’impression de manque se fait sentir. Je secoue la tête pour me reprendre, je remonte mon col en ignorant royalement la servante qui s’impatiente devant la porte ouverte. Elle me fait penser à une souris à s’agiter de la sorte, je devrais peut être me précipiter comme l’exigerait sa supplique muette, mais non, je veux m’enjoindre au calme, si je devais paniquer aussi, c’est que son état est grave. Je ne veux pas me résoudre à cette pensée, elle est forte, elle a survécu à Compiègne, elle a enfanté alors qu’elle aurait pu y rester, que savent-ils d’elle, eux qui la servent depuis si peu de temps ? Mes doigts s’enfoncent dans ma tignasse presqu’aussi immaculée que la neige sur le sol, mon regard gris rencontre enfin le noir des pupilles de la souris, les enveloppent au moment où je passe le pas.


Allons. Pressons. Votre maitresse nous attend.

Je prends ma voix rocailleuse des mauvais jours pour la faire s’activer, j’endosse ce rôle sans plaisir, je la distrais juste pour qu’elle ne s’évanouisse pas devant l’entrée, toute crispée qu’elle est. Nous ne passons pas par l’escalier principal, devrais-je le prendre mal qu’elle m’entraine par l’office et l’escalier de service ? Je n’ai pas le temps de me pencher plus avant sur cette demi-considération que nous nous trouvons devant la porte de la Dame. Effacé derrière la servante, je la laisse frappé un coup rapide et ouvrir la porte. Trois femmes sont dans la chambre, le temps semble s’être arrêté, même le feu dans la pièce donne cette impression de toile peinte.

J’incline à peine la tête et du coin de l’œil je la vois elle, la peau étonnamment pâle, les lèvres blanchies, elle ressemble à un ange ainsi endormie. Je dépasse les servantes, retire mon mantel en le laissant glisser sur le sol, je ne prends plus mon temps, je me précipite vers ma dame.
Sa main est molle dans la mienne, sa paume se consume, elle ne réagit pas, une colère sourde s’empare de moi, mon autre main se pose sur son front et ses joues, cette même chaleur qui se dégage contraste avec la transparence de son teint.


Ne pouvez-vous réchauffer plus la pièce ? Je ne les regarde pas, toute mon attention est portée sur elle. Du linge propre, du lait et de l’eau bouillante, pas un bruit, faut-il que j’y aille moi-même pour être servi ?

Je ne les vois plus ces servantes qui s’activent et qui obéissent sans broncher, je garde le contact avec ma patiente, ma main enserre la sienne, l’autre fébrilement cherche des herbes pour la soigner, je sais qu’il va me falloir me résoudre à la lâcher et l’ausculter. L’état de sa peau, le souffle à peine visible depuis sa poitrine, si mon œil n’était pas si exercé, il m’aurait fallu un miroir pour vérifier qu’elle est bien en vie. J’esquisse un sourire sans joie, peut on vraiment dire qu’elle est en vie…

Où sont les draps ? Je me relève brusquement, Où sont-ils ? Bon sang, répondez !

Une petite voix derrière moi s’élève.

En…en bas… Je…

Allez me les chercher avant qu’il ne soit trop tard !

Puis-je dire à la servante que j’ai besoin de voir la souillure ? Le comprendrait-elle, surement pas mais moi, je pourrai y lire la souffrance qui ronge ma Dame.
--Tristan_de_sombre_maux


- Hélas... Il est un temps pour le bonheur et un temps pour le malheur.

Dans son respect sans bornes pour toute forme de vie, la Reine avait obtenu de son Epoux qu'il raccroche les armes et résolve pacifiquement les conflits naissants; les animaux étaient épargnés autant que possible. Et nul ne vit venir la colère du Dieu du Sang, de la Chasse et de la Terre.
Fou de rage de ne plus obtenir les libations de son peuple, haineux envers la Reine si délicate et si sage, il déversa un flot de pestilence d'une rare violence.

Et la première victime en fut la Reine...
Sur son lit de mort, elle fit jurer à son Epoux de ne jamais prendre de vie, malgré tout. De ne pas en vouloir aux dieux, aux démons ou aux Etoiles, parce qu'elle l'attendait. Que leurs retrouvailles ne pourraient se faire que dans la paix absolue de leurs âmes... Expirant dans le dernier baiser au goût de sel de son Epoux éploré.

Che ne dit rien, ch’écoute pour ne pas contrarier Lison mais la Reine ne peut pas mourir passe qu’elle est une cuillère à cornes et pi une histoire où y’a pas de combat… l’est nulle d’abord son histoire passe qu’une maman ca meurt pas, elle sait pas ça la nourrice ?! Faudra le lui dire quand elle aura terminé sa fausse légende où y’a que du n’importe quoi !

Ivre de douleur, le Roy décida d'abandonner le trône à ses enfants. Lili trop jeune, il restait les jumeaux. Mais éduqués au sein du Palais, à la vie paisible et aux murs protecteurs, ils ne connaissaient rien du vaste monde dont ils allaient avoir la charge.
Alors leur père se résigna à garder son rang quelques mois de plus, pendant l'errance de ses fils endeuillés.
Les adieux furent déchirants, résonnants jusqu'au tréfonds des abimes. Alertant les sens aux aguets d'un dieu loin d'être assouvi.

Che me lève d’un bond, d’abord la maman qui meurt, le papa qui tue pas le méchant, les enfants qui font rien, che suis pas d’accord ! Che croise les bras, che bombe le torse.

- Non mais non, che suis pas d’accord ! Che relève la main, montre mon pouce, de un une maman ça ne meurt jamais, de deux, che montre mon index, le papa il fait le baiser qui réveille, de trois, che montre mon majeur, il part tuer le méchant, de quatre, che montre mon quatrième doigt, les garçons ils sont super fort passe qu’ils ont appris à se battre surtout Tristan passe qu’il veut être chevalier !

- Tristan ! Assis ! Tu veux que j’arrête et que tout le monde aille se coucher ?

Che commence à bougonner passe que de toutes les manières on m’écoute chamais, tout le monde il le sait que ché raison.

- Très bien… La complémentarité gémellaire battit son plein dès le début de cette aventure.
Si Tristan prenait les cartes, les décisions, prônait la prudence, marquait le rythme et enregistrait les informations nécessaires, Lucas montrait à son frère la beauté du monde les entourant, chantais, rimait, attirait la sympathie des foules et leurs confidences, en ces temps sombres.
Peu à peu l'ainé s'ouvrit à la détente et le cadet à l'écoute. Duo parfait, si proche qu'ils terminaient les phrases de son double ou anticipait le moindre geste.
Evidemment, une telle relève sur le trône qui le bafouait insupportait le Dieu méprisé, toujours plus oublié d'un peuple qui trouvait son réconfort sous les auspices de tels héritiers.
Un matin, il déchaina une telle vague de magie sur les terres qu'un sanglier géant, au pelage plus noir que les cendres, aux yeux plus rouges que les braises, aux dents plus aiguisés que des rasoirs.
Le monstre entama une course folle, dévastant les champs de ses canines, piétinant les récoltes de ses sabots, tuant sans relâche les chasseurs qui tentaient de se mettre sur sa route.
Il devint le symbole de la pestilence envoyée, de la sombre menace divine dont le rire éclatait en orages furieux à chaque tentative malheureuse. Enfin, Il retrouvait sa place. Et la cerise sur le gâteau serait les libations accomplies en son nom, avec le sang des héritiers.

Assis en tailleur, les poings contre mes choues, ch’enrage contre cette histoire, pourquoi qu’elle a pas fait réveiller la maman hein ? Et où qu’elle est l’action pour que les jumeaux ils tuent le méchant vilain pas beau ? Si c’était moi, y’aurait eu beaucoup de morts et Tristan il aurait était un héros non mais !
--Magrite


La cuisinière avait été la plus prompte à se ressaisir, obéissant sans moufter. Seule sa maitresse à ses yeux comptait et lorsque le médicastre avait aboyé ses ordres, c’est elle qui avait ravivé le feu, bougé la camériste afin qu’elle prépare les linges, l’eau leur fut apportée presque immédiatement mais par qui, elle n’aurait su le dire tant tout s’agitait dans sa caboche, la dernière des servantes était partie en cuisine pour chercher du lait frais, peut-être était-ce elle qui avait fait monter l’eau ou la petite qui était en charge du médecin.
La chambre lui semblait impeccable, que voulez-vous, elle n’était pas femme à se charger de l’entretien mais il fallait bien lui occuper l’esprit, cherchant dans la futilité une excuse pour ne pas avoir à regarder la Dame de Calviac. Chacun avait-il en cet instant des questions sans réponse, qu’imaginaient-ils lorsqu’ils se rejoignaient à l’office, mesuraient-ils la chance qu’ils avaient de l’avoir comme maitresse ou bien voyaient-ils ça d’un autre œil, trouvant normal la façon dont elle avait de traiter chacun d’eux ? « Baste » grogna-t-elle. Au moins elle savait pourquoi elle était entrée à son service, son mari s’était vu éclater le nez par une porte et la jeune femme fort contrite avait tenu à les dédommager, petit bout de femme d’une douceur rare et pourtant avec un caractère aussi franc que le sien. C’est vrai qu’elle lui avait plu de suite, elle avait même refusé l’argent qui lui faisait défaut, bougonne comme elle était, la future cuisinière n’avait pas voulu laisser partir la dame sans un quelque chose dans le ventre, aussi à la fin de la journée, elle s’était retrouvée avec un travail et des gages plus que généreux. « ‘mange pas assez » toujours la même rengaine lorsqu’elle s’inquiétait.

« Où sont les draps ? » Les trois femmes se tournèrent de concert vers le docteur qui semblait être soudain agité « Où sont-ils ? » S’interrogeant chacune du regard, l’une d’elle, la camériste s’approcha et n’osa le fixer. La tête basse, hésitante, bégayante comme si elle cherchait la réponse, sortie de la chambre tel un courant d’air courir récupérer le linge réclamé. La plus jeune, le lait à la main se sentait gauche, inutile. Comment aider lorsque l’on ne sait rien faire à part servir, sa présence n’était peut-être pas obligatoire, ni même indispensable mais elle non plus ne pouvait se résoudre à quitter les lieux.

Pourquoi voulait-il les draps tâchés de sang ? quel mal pouvait bien l’agiter ? Ils avaient quantité de draps propres en ce domaine, ce médicastre là n’avait pas une logique normale, il suffisait de lui faire des saignées, quelques ventouses et des purgations pour que la maitresse retrouve la santé au lieu de vouloir vérifier un drap en perdant son temps. Si seulement elle avait pu connaitre un bon médicastre ou un chirurgien à moins d’un mile d’ici, elle lui aurait fait remballer sa mauvaise science, offert les draps et l’aurait congédié sur le champ.

La chambrière revint les bras chargés de linges impropres dans un panier. Elle n’eut pas le temps de le poser à terre que l’homme fantomatique les avait pris et tiré, étudiant de près le noir infesté de la dame du domaine.
--Lison.
Elle s’enjoint au calme, le petit est nerveux, elle le ressent, cette histoire n’est qu’un prétexte pour extérioriser ses peurs et sa colère. Lison porte son attention sur le cadet, plus tôt ses paupières s’étaient alourdies, même son frère n’avait rien pu faire pour l’obliger à rester éveillé, les portes du sommeil s’étaient un instant entrouvertes avant que l’ainé ne se lève, rejetant en arrière la tête de son frère, ce qui le réveilla complètement et maintenant, les deux larrons étaient assis, l’un grondant dans sa barbe et l’autre attentif à la moindre parole.

Et oui. La bête invoquée le fut pour que Tristan et Lucas se résolvent à prendre les armes. Leur père lié par le serment maternel ne pouvait s'opposer au monstre; quand bien même, ils ne l'auraient pas permis, déchirés à l'idée que le couple parental ne puisse pas se réunir.
Faisant fi du danger, comptant sur la force du brun combattant et la malice du blond magicien, ils pistèrent l'erreur surnaturelle.
L'errance les mena toujours plus loin, toujours plus isolés. Les traces les menèrent dans le Val sans fin, canyon étrange et repoussant, sans vie, connu pour être la Porte des Dieux.

- Ah ben enfin de l’action ! Il se tourne vers son frère, tu vas voir comment on va le poutrer. Monstre ou pas, on est trop fort, hein Lucas qu’on est trop fort et qu’on va le ratatiner façon jambon.

Le blondinet bougé la tête en parfait accord avec son brun de frère, prêt à en découdre de la même manière que les héros portant leurs noms. Regard malicieux, il ne se lève pas par peur de d’être gourmandé, un signe de Tristan et il serait debout. La nourrice ne dit mot et continue son histoire.

A l'Heure Bleue, le combat s'engagea.
L'Heure Bleue... Deux fois par an ; quand le monde et ses lunes sont parfaitement alignées dans l'axe solaire ; quand le jour s'efface pour faire face à la nuit ; toutes les forces, magiques ou naturelles, végétales ou animales, se libèrent dans un tourbillon chaud et froid, puissant et doux, envoutant et effrayant.
Les lames chantèrent sur le cuir épais de l'animal. La magie rebondissait sur sa peau plus dure que la pierre. Soutenu par son créateur, il fonçait, tête baissée, épuisant les combattants, les poussant dans leurs dernières forces.

Debout, les deux frères miment la scène, ils sont les héros contre la bête immonde, leurs bras s’agitent, leurs corps esquivent les attaquent de cette bête invisible, haletant de la même manière qu’un combat à mort.

Dans un dernier sursaut, Lucas poussa sa voix, entonnant la berceuse favorite de sa sœur qui cachait le sort martial le plus puissant que sa mère eut créé. Dans un dernier sursaut, Tristan leva son épée scintillante et la plongea jusqu'au cœur du monstre.
Dans un dernier grondement morbide, il se jeta sur l'ainé...

Lison arrête sa lecture alors qu’ils boivent à ses paroles, envoutés, excités, à l’affut du moindre mot.

Quand la poussière retomba, haletant, Lucas se figea. Son frère Tristan, déjà pâle comme un spectre, se tenait le flanc, tentant maigrement de retenir le carmin s'écoulant irrésistiblement.
Tu ne peux pas me laisser, hurla-t-il, terrifié à l'idée de rester seul.
Je ne peux rester, mon frère, répondit-il dans un souffle épuisé. J'ai accompli mon devoir, Père sera heureux.
Il ne peut en être ainsi. Je le refuse, sanglota son cadet, abattu par cette fatalité qui s'acharnait. Non, Il ne pouvait gagner encore une fois. Le blond adolescent aurait donné sa vie pour son ainé...

- Vous souvenez vous de l'heure qu'il était?

- Bleuuuuuuuuuue, répondent-ils en cœur.

Oubliant par ce mot la tragédie qui se joue du héros jumeau. Couché, l’enfant singe son double en se tenant le côté, Lucas penché sur lui.


Les tourbillons magiques portèrent la complainte de Lucas par-delà les nuages et le Temps.
Outrée de l'attitude de son Jumeau obscure, la Déesse de l'Air et de la Nature décida de rattraper la malédiction.
Elle apparut aux jumeaux sous la forme d'une Nymphe à la robe bleue. De sa voix douce et flutée, elle s'adressa aux enfants perdus.
Il n'était pas en son pouvoir d'inverser le cours de la vie ou de la mort. Mais elle pouvait les rendre tous deux immortels. La seule condition était de se séparer de leur famille. De leur refuge, ils pourraient veiller sur leur Père et leur sœur, puis la descendance à venir.
Ils pouvaient toujours refuser. Mais Tristan mourrait au dernier rayon de soleil et ils ne se reverraient jamais...
*maharet*
[Et si… l’histoire d’un commencement]

Et si son père n’était pas mort lorsqu’elle avait sept ans, auraient-ils vécu tous les six en parfaite harmonie ? Imaginer sa mère le sourire aux lèvres, les yeux rieurs et pleins de vies, ses cheveux longs flamboyants attachés en un nœud, comme chaque fois qu’elle est devant ses fourneaux en train de préparer le repas du soir. Son père assis dans son fauteuil préféré près de la cheminée, jouer avec son vieux rebec en bois, et jeter un œil protecteur sur la dernière dans son berceau.
Ne pas avoir conscience de la différence entre les deux parents, délicatesse et rudesse, lui le visage buriné, la peau mate, le corps large, bâti pour le travail manuel et elle l’oiseau de la ville, fine et précieuse, née dans le confort. Deux entités opposées nés pour s’aimer et fonder un foyer.
Cay l’aînée aussi brune que le père, dans les jupons de la mère, la plus sage de toutes du haut de ses onze ans, silencieuse et lettrée regarder les jumelles se chamailler pour une poupée de chiffon.

La vie aurait-elle toujours été ainsi dans la chaumière parentale ?...

Et si elle n’avait pas été séparée de Mekare Lors de leur quinzième année, auraient-elles été vendues ensemble ? Imaginer une vie avec elle et panser les blessures de leur enfance, avancer dans la même direction main dans la main, s’épanouir près de celle qui sans un mot connaissait ses pensées. Voyager dans cette fougue qu’était la sienne. Le monde lui aurait semblé moins vaste et la vie moins dure… Deux paires de jades s’imprégner de chaque lieu, emportant avec elles chaque coin comme un petit paradis.

Serait-elle la femme qui a vécu jusqu’à présent ?

Et si elle n’avait pas quitté la terre d’Angle aurait-elle épousé le fils Bennett ? Imaginer avoir été Affranchie, lui seigneur demander sa main, Tristan aurait surement un prénom plus anglois, celui de son grand père paternel comme le voulait la tradition. Paisible cottage près de la côte bretonne, la rouquine en mère au foyer attendant que son époux rentre de la capitale…

Aurait-elle vraiment supporté l’inactivité ?

Et si ces pas ne l’avaient pas mené en Alençon, l’aurait-elle rencontrée LUI ? Imaginer ne pas se perdre dans son regard, ni ses mains sur sa peau…

Non cela lui aurait été insupportable. IL était celui qui lui avait donné son petit démon au regard assassin, celui qui avait été son tout pour toujours et à jamais jusqu’à sa crise. Comment supporter l’idée d’effacer ses mains sur sa peau, la brûlure de ses lèvres dans sa chair… IL avait été l’ami, l’amant, le mari, le confident qui lui avait donné l’assurance et la sécurité, sans LUI elle n’aurait pas eu cette vie, ses amis…sur les trois une seule avait survécu et remplacé dans le cœur de Maharet la place de Mekare…

Et si ses pas ne l’avaient pas mené vers le doute et la folie, aurait-elle eu une vie si remplie ? Imaginer juste un instant dans le tréfonds de son être une image qui l’aurait changé…

Impossible, sans cette douleur, elle n’aurait pas vu sa souffrance, ni comprise. Aspirer à la douceur de ses bras, entrer dans sa tête et lécher ses plaies… Sa lueur d’espoir dans un azur écorché. Sa tendre complicité, son amant passionné. Elle aurait voulu lui donner sa vie pour le voir s’épanouir mais les promesses ont été oubliées… abîme creusé par sa propre blessure. Qu’est ce qu’elle l’a aimé son homme, si seulement il avait pu lire en elle…

Imaginer…

Une brûlure dans ses poumons comme si les enfers préparaient sa venue, une bulle au loin éclatait, et une fissure s’ouvrit sous ses pieds dans un craquement sourd. Les mains en avant pour se retenir, peine perdue, elle glissait, glissait avec l’impression d’étouffer, la chaleur dévorante de plus en plus présente l’oppressait. Un cri bestial s’échappait de sa gorge, encore et encore, de la lave s’écoulant déjà par sa bouche, elle n’était pas prête, pourtant, elle devenait une partie intégrale du volcan en fusion qui l’avalait.

Dans la pièce, le médecin et les servantes tentaient vainement de la maintenir couchée sur le côté dans son lit, laissant les flots carmin inonder les draps, ne se préoccupant plus de ses cris de terreurs…
--Tristan_de_sombre_maux


- Heiiiiiiiiiiiin, nooooooooon Lison on était dans l’action, on tuait le méchant et là t'inventes une nymphe ! Che cheins passe que là, elle en fait exeprés, Tristan il allait mourir en héros et d’un coup comme de par hasard on propose un choix à le héros. Non, non et non d’abord ! Tu retournes à la scène où que le chevalier il tue le monstre et où qu’il meurt et tu fais revivre la maman passe que tu l’as oublié d’accord ? Allez continue !

Ch’évite de croiser les petits yeux de ma nourrice passe que che sais qu’elle est pas contente et si che la regarde pas pendant assez longtemps elle va la raconter son histoire jusqu’à la fin.

- Bon… - soupir bruyant - Tristan, dans les dernières forces qu'il lui restait, implora son frère de refuser. Voulut lui arracher la promesse de vivre et de veiller sur Lili. Il n'avait fait que son devoir et n'en concevait aucun regret, si ce n'était celui de ne rester à ses côtés.
Cependant Lucas avait pris sa décision. Son cœur se brisait à l'idée de perdre son double; il savait qu'il aurait pris la voie de la pierre et de la sécheresse sans le regard attendri de son ainé et quel est donc un roi sourd à la Vie elle-même?
Déterminé, il se releva et accepta la proposition de la déesse, en lui demandant humblement de les mener, une dernière fois, à leur famille.

- Mais non Lison, elle est nulle comme ça l’histoire, qui c’est qui va croire que le chevalier il va rester vivant ? Non passe que c’est la princesse qui vit à la fin et c’est le chevalier qui va dans la mort pour la sauver tu comprends ? Passe que si c’est le chevalier qui meurt pas, ah ben c’est pas vraiment une histoire de héros tu vois ?

- Tristan…Le conte c’est une légende… je la raconte comme me l’a raconté ma grand-mère avant moi et sa grand-mère avant elle, si je la change, ce ne serait plus une légende n’est ce pas ?

- Mais euuuuuh…Lison che veux être le chevalier moi et pi d’abord s’il a mon nom, il peut que être un héros ! Sinon moi che sera pas un chevalier comme tonton !

Elle me regarde, Lili bouge un peu mais elle est pas réveillée, heureusement que quand elle dort celle là, elle fait pas semblant sinon elle nous aurait grondé Lison avec le raffut que che fais.

- Tu veux que je mente alors, très bien alors je ne raconterai pas la fin plutôt que de mentir.

Che la vois se lever.

- Non, non c’est bon reste assise et dis nous la fin, chui sure qu’elle est bien en vrai ton histoire !

Ma nourrice se remet comme il faut sur sa chaise, et me regarde. Che prends Lucas sur mes chenoux et ch’attends la fin sans un bruit.

- Le Vent se leva, les souleva avec mille précautions. Traversant les mille et les mille dans une course effrénée contre le Temps, il guida les jumeaux près de leur parenté.
Alors que le drame aurait du avoir raison de leur Père, leur sœur sourit. Prenant les mains de ses frères dans les siennes, elle les serra de toutes ses forces, jura de régner aussi sagement que leur Mère, aussi respectueusement que leur Père. Et de se rendre digne d'eux et de leur courage.

Elle s’arrête, nous regarde et tout doucement fini son récit.

Dans un dernier sourire, le dernier rayon de soleil frappe les visages de jumeaux.
Une ribambelle d'étoiles s'égaya peu à peu autour d'eux, les transportant vers les cieux cléments. La déesse déroula sa chevelure comme une échelle pour les guider.

Et encore maintenant, les nuits d'été, vous verrez la constellation des jumeaux veiller sur le monde, courant l'un derrière l'autre, plongeant l'hiver auprès de leurs Parents et de leur sœur, réunis dans un p'tit bout de Paradis.

Chui sure qu’elle en fait exeprés mais che ne dis rien en plus ché sommeil mais promis demain ch’irai voir maman pour qu’elle me raconte une histoire de chevalier, et faudra pas oublier non plus de la bouder passe qu’elle est pas viendue me voir avant de dormir !
--Pierrick_entheogenus


[Why live life from dream to dream…]

Non, non et non ! Maharet…Ma dame… Vous ne pouvez pas quitter ce lit ! Vous êtes faible…vos poumons…

Le regard fuyant, je fais les cents pas devant son lit, je tourne en rond, la sueur perle à ma tempe, agité ma main empoigne une partie de ma crinière. Pourquoi ne réalise-t-elle pas… sa requête, son ordre est au dessus de mes forces ? Si seulement je pouvais la protéger, lui dire que le plus dur est derrière elle et que jamais plus je ne faillirai…


Mais c’est mon fils Pierr… voulez-vous qu’il est de moi cette image de femme mourante ?

Ne l’êtes vous point ? Je détourne la tête, ma mâchoire se contracte, j’aurai mieux fait de me taire mais la colère gonde en moi.

Justement … je ne veux pas qu’il se souvienne de ce… ce lit dans lequel je m’étiole, ni de ce teint blafard…

Malgré moi, mon regard se fait plus noir que je ne l’aurai voulu.

Vous pourriez vous ménager un peu, ce qui allongerait d'autant votre... ma gorge se noue. Il faut l'accompagner vers la…mort, elle, ma bienfaitrice…cruel destin…ma colère s’intensifie à l’intérieur et devant elle j’essaie de me contenir, d’être là. ce qui vous fatiguerait moins. Et donc améliorerait vos moments passés ensemble.


Vous n'allez pas commencer à me mentir n'est ce pas... vous savez comme moi que...que ceci n'est qu'une rémission...que ce sont vos drogues qui m'ont ramené pour une raison obscure.

Elle se débat avec les coussins pour se relever, ses coudes sont les premiers à rendre les armes et puis sa tête s’affaisse, sa crinière toujours aussi vive s’éparpillent sur la soie. Sa peau a pris une teinte irisée ce qui met en valeur le bleu de la veine de son cou telle un joyau dans son écrin.

Laissez moi voir mon fils seule et debout... pas dans ce lit.

Chaque mot qu’elle prononce devient un supplice, sa poitrine se soulève si vite, pourtant elle n’affiche rien, pas même sa souffrance.

J’ose espérer que ce n'est pas une raison obscure mais enfin mes travaux qui portent ces fruits... je tente un sourire doux même s'il a ce côté fantomatique de celui dont l'esprit n'est jamais réellement clair. Je m’approche, referme sa main sur son bras, pour la soutenir et la lever. La touchant avec précaution et respect pour ne pas la casser comme je l’aurai fait en prenant une poupée de porcelaine.

Je vais appeler vos gens pour vous habiller. Promettez-moi de ne pas rester debout... De ne pas vous fatiguer... Je ne peux pas m’empêcher de crisper ma mâchoire entre deux phrases. Mon métal étudie le profil de ma mécène, inquiet je reste attentif à sa respiration.


Je veux être près de la fenêtre...je veux voir mon fils sous le soleil couchant, il a grandi vous savez... *soupir* le pire c'est que je n'ai jamais su lui dire combien j'étais fière et combien je l'aime...dit-elle en évitant soigneusement de me regarder. Vous croyez qu'il me pardonnera...ce nouvel abandon...

Sûrement trop insistant, je parcours ses traits que je connais par cœur, cherchant quelque signe, quelque espoir. Continuant de la guider près du fauteuil, tout d'abord, la laissant se reposer avant de la lever. Economiser ses poumons tout en réfléchissant au prochain dosage que je pourrai tester.

En vieillissant on comprend... Plus... Beaucoup plus... Et puis, votre amie lui parlera de vous. De ce que vous avez dû faire, choisir, pour lui. D'après ce que vous me dites, elle saura trouver les mots. Ma Dame, économisez vous je vous en prie...

Elle me repousse pour récupérer la dentelle caché dans sa manche et le porte à ses lèvres, l'autre main s'impose entre nous, elle ne veut pas faire de bruit alors elle étouffe chaque expiration qui se déverse dans le mouchoir. Ses paupières se ferment, des gouttes de pluies menace le bord de ses cils. Délicatement, s'essuie la bouche avant de reprendre pour elle-même :


Elle oui, elle saura s'occuper de lui...mais même en grandissant, je me demande s'il me pardonnera de ne pas avoir su être sa mère...

Profitant de l'intermède, je glisse mes propres lèvres à ma fiole, ne buvant qu'une demi-gorgée, de quoi m’abrutir sans perdre le fil. Le linge est attrapé pour être jeté dans le feu, comme exigé pour chaque pièce qui approchait ses lèvres. La dépense est conséquente, certes, mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis mon statut d’empoisonneur officiel comme elle l’aime à m’appeler depuis quelques jours, me permet d'appliquer cette règle. Cela ne sert à rien je le sais, elle aussi mais cela rassure la maisonnée qui croit qu’elle va s’en remettre si…si seulement

Soyez confiante, ma Dame... Je ne vais pas vous mentir, vous lui manquerez, sans aucun doute. Mais je suis certain qu'il vous pardonnera. On trouve toujours le pardon... Parfois je me demande si c’est moi qui parle lorsque ma bouche sort certaines choses. Trouverai-je le repos moi-même un jour ? En fuyant à nouveau? A force de me répéter je finirai par le croire et trouver la rédemption, moi aussi… Vous êtes certaine? Dans le Fauteuil? Vous seriez mieux ici pourtant.

Elle penche la tête sur le côté absorbée par l’étoffe qui s’enflamme.


Il était si beau petit, il riait de tout et de rien, il avait un si beau sourire... je m'en rends compte trop tard... Ses jades me transpercent lorsqu’elle reporte son attention sur moi. Oui dans le fauteuil... je ne veux pas lui mentir mais je ne veux pas qu'il me voit mourir...

Conscient mais groggy, je suis trop faible pour songer une seule seconde à la porter. Par contre servir d'appui, ça, je peux sans trop de risque. Mon bras s'enroule autour de sa taille, obligeant ma mécène à passer le sien sur mes épaules. Ma main si je n’y avais pas pris garde ce serait sans doute fermé dans le vide, réalisant combien elle avait encore maigri... Deux ombres titubantes gagnant la fenêtre, l'assise couverte de coussins, la couverture posée au sol, un guéridon avec des mouchoirs, une carafe d'eau et un verre. Je la laisse glisser comme une enfant, m'agenouillant pour veiller sur son pouls, sa respiration filante.

Ma Dame, c'est la maladie. Je ne sais ce que vous imaginez mais vous vous trompez. Votre fils ne croira jamais que vous le fuyez. Je vous supplie, encore, d'être raisonnable et de rester allongée le plus possible. D'accepter de forcer les médecines. Elles vous soulageront. Ma Dame, écoutez moi.

Mon ton se fait un peu plus sec, impérieux. J’aimerai faire plus que braver ses émeraudes et réussir à lui faire entendre raison : Elle est devenue une poupée de porcelaine qu'on manipule avec précaution, pourtant une part d'elle reste digne. Je sais qu’elle ne me prête qu’une oreille distante à mes recommandations et ne veut pas me contrarier alors elle opine. Assise, elle frôle du bout des doigts ma joue rugueuse, essayant de se faire rassurante.



Merci Pierrick...

Je me recule plus rapidement que je ne l'aurai voulu. Je me moque bien de sa maladie, c'était ce contact : Inattendu, imprévu, incontrôlable. Trop présent, trop chaud, trop attentionné. Je me relève, tremblant, prenant discrètement une autre gorgée pour chasser ces émotions que je ne supporte plus depuis des années... Aussitôt bu, aussitôt apaisé, je me tourne pour tenter un sourire, toujours plus fade, toujours plus triste. Je dois la sauver. Il le faut. Comment la sauver d'elle-même... Je la couvre à l’aide du plaid et pose ma main sur la sienne.

Je vais prévenir votre maisonnée et faire chercher votre fils. Soyez raisonnable, cette fois. De toute façon, je reste dans les parages. Vous avez fait de moi votre ombre, pour de nombreuses années.

Je m’éclipse rapidement, naviguant à vue dans les brumes de son cerveau torturé.
*maharet*
Digne, droite, le teint opalescent caché sous une couche de fard, Maharet debout devant la fenêtre de sa chambre regardait affectueusement son aîné. Qu’il était dur pour ces deux là de se montrer leur amour. Tout aussi droit qu’elle, à quelques pas de la cheminée, Tristan n’attendait qu’une chose, qu’elle lui parle, que sa mère le serre dans ses bras. Pudique, fier, lui n’osait pas, n’osait plus depuis longtemps.
Ils étaient chiens de faïence. Le silence s’installa, sembla s’éterniser. Elle voulait tendre la main vers lui, enlacer son tout petit, lui demander pardon, lui dire combien elle l’aimait et qu’elle était désolé. Les doigts de la jeune femme s’animèrent, son bras resta mollement le long de son corps. Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas lui dire au revoir, ni adieu, elle voulait juste faire semblant que tout allait bien, qu’elle le verrait grandir et qu’elle serait là pour le protéger… A qui voulait-elle le faire croire ? Elle avait passé sa petite enfance sur les routes, cherchant dans ses abysses sa propre perte sans penser à être mère. La rousse avait été dépassé, fui même son rôle premier, se déchargeant sur une nourrice aujourd’hui morte et avait sur les épaules de son fils mis un tel fardeau…

Cela devaient être dans les gênes, sa mère avant elle avait eu ce comportement destructeur, la folie s’était emparée d’elle, tuant la dernière née… Non elle ne reproduirait pas la chose à l’identique, Lili était son petit trésor, sa petite fille… elle avait cru pouvoir refaire sa vie, elle y avait cru à cette chance…


Tristan approche, elle se tourna face à la fenêtre, le regard perdu dans l’immensité du ciel. Nous devons parler… sa voix d’une douceur extrême et légère malgré l’implication de sa phrase.

Tristan s’avança, son azur fixant la matriarche. Sans un bruit, se plaça à son côté. Sans un mot, Maharet posa délicatement sa petite main sur l’épaule de son petit démon. Si la situation s’y était prêtée, il y aurait eu là un magnifique tableau de ces deux êtres enfin réunis.

Tu es presqu’un homme… tu…mon chéri, tu es le chef de notre famille après ton père mais… c’est à toi que revient la charge de t’occuper de ton frère et de ta sœur… Elle voulait garder son sang froid, calmer le battement irraisonné de son cœur et étouffer la crise qui menaçait à tout moment de faire surface. Elle le sentit bouger prêt à protester, sa main se fit plus ferme, ses doigts se refermant à peine sur sa chair. Tu n’as jamais été épargné, jamais été protégé comme j’aurai du le faire…c’est pour ca que tu dois le faire Tristan…tu dois les protéger toi… ton âge n’est en rien un obstacle au contraire, tu es et seras toujours près d’eux, n’est ce pas ?

L’enfant se raidit, le teint pale, la lèvre inférieure rougie par les assauts répétés de sa mâchoire. Une perle carmin à la commissure, acquiesça.

Bientôt…bientôt Ilmarin viendra vous chercher…

Pourquoi ? Cria-t-il en se détachant de la main protectrice. Tu pars…tu pars encore sans moi…sans Lucas…sans Lili et sans papa…

Ses jades s’obscurcirent, le sol commença à tanguer.

Non… Tristan…

Si tu pars… on est pas bien ici… elle est pas belle notre maison ? Tu avais promis…promis maman, promis que tu partirais plus !

Tristan…

Dans sa colère sourde, l’enfant ne vit pas sa mère s’appuyer lourdement contre le fauteuil, pas plus qu’il ne vit son autre main se porter à sa bouche, ni le sang tacher le tissu qu’elle tenait.
Maharet sentit ses jambes se dérober, se détourna trop vite car elle se retrouva genoux à terre, puis recroquevillée. Le souffle difficile, les poumons brulants, elle tentait de retenir ses expirations convulsives, chaque respiration devenait une épreuve, chaque respiration un flot impur.


Mam… Il se précipita vers elle mais connaissant le danger elle se replia encore d’avantage, comme un rejet, encore un. Poussé par la peur, il sorti de la chambre chercher le médecin.
--Pierrick_entheogenus


[And dread the day when dreaming ends]

J’ai pris mes quartiers dans son bureau, ses dossiers sont encore éparpillés en attente…en attente de quoi de son retour ? Le papier s’est-il imprégné de sa présence ?
Je jette un coup d’œil circulaire à la pièce pour ne pas penser à l’entretien entre la mère et le fils, j’essaie de m’occuper l’esprit et garde au fond de ma poche la liqueur qui m’aide à tenir éveillé. De longs jours sans dormir, à la veiller, à penser à ce que je pourrai ou aurai du/pu faire. Mon regard s’arrête sur une orchidée presque cachée dans un coin du bureau. Ma dame sait-elle ce qu’elle signifie dans le langage des fleurs ? Je m’approche pour la regarder de plus près. Là où certaines fleurs auraient flétri, la sienne est intact, juste desséchée par le temps. Oui la dame de Calviac en connaissait le sens et avait fait en sorte que la fleur à jamais reste telle qu’on la lui avait offerte. Mon pouce rêveusement l’effleure, j’imagine ma Dame reproduire ce geste et envieux j’essaie de poser un visage sur celui qui lui a voué de tels sentiments. Son époux surement… Où était-il à présent… Une envie brusque me prend de vouloir saisir la fleur et de la serrer entre mes doigts avec colère mais je préfère m’éloigner. L’homme à la fleur n’est pas là lui alors que moi je lui offrirai ma vie si je le pouvais.

Je me concentre, je renifle, je la recherche dans chaque partie de sa vie. Depuis longtemps son odeur a disparu et pourtant elle me chatouille encore les narines. De nouveau ces tremblements qui me prennent, je suis en manque…juste une gorgée et je trouverai la paix, une gorgée et un sentiment de plénitude m’envahira. Je m’y refuse, je dois rester vigilant, à l’affut au cas où… Je décide de m’asseoir sur le velours de sa chaise, je vais fermer les yeux et me vider l’esprit…dormir me fera du bien… Je pose mes coudes sur le bois, je me prends la tête entre les mains et je fixe les vélins soigneusement posés sur un plateau d’argent. Que faire…peut être attendre et les donner à ma dame après son entretien…oui mais s’ils pouvaient attendre… le premier des plis n’est pas cacheté alors je le défais et les premières lignes me coupent le souffle. Son amie qui demande des nouvelles… Je rejette le papier loin devant moi, je n’aurai pas du et pourtant j’ai bien fait. Les nouvelles qu’elle apporte ne doivent pas être lues par ma mécène. J’hésite entre la mettre au feu et répondre moi-même…suis-je un traitre à mon serment ? Je rejette la chaise en arrière. Mon acier obsédé par ces lignes qui ne m’étaient pas destinées. Je dois ouvrir le second pli, il le faut… l’un des deux vélins qui restent est de lui…non je ne peux pas…si je dois…non… au diable mon inconstance, je sors machinalement la fiole et finis d’un trait son contenu. Je m’affale comme un beau diable à genoux manquant de peu de me prendre le meuble sur ma droite. A la fois libéré et shooté, je tente de ne penser à rien d’autres qu’à mes sens cotonneux. Je prends une longue respiration, mes paupières se ferment lourdement. Je sens un voile de brume m’envelopper, je finis ma course en position fœtale. C’est un mélange d’euphorie et de peur profonde lorsque je m’endors. Présent, passé, fantasme s’emmêlent, s’enchainent. J’ai froid, je me recroqueville d’autant plus à la recherche de mon corps.

Tremblant, suant, je n’ai fermé les yeux qu’un court instant qui m’a semblé être une éternité. C’est fou comme les chimères peuvent nous sembler réelles et palpables… Je me relève à grand peine, je resserre les pans de ma veste, je ne suis pas plus clair mais j’ai plus de courage pour affronter ce qui va suivre dans le vélin.
Et si je détruisais ces preuves…Ma Dame ne doit rien savoir sans précipiter sa fin et les enfants ne doivent pas apprendre qu’ils vont devenir orphelins… Que je n’ai jamais à croiser homme d’église ou de ma bouche sortira le venin qui dira ma façon de penser de leur « Très Haut »

Les murs semblent se rapprocher…s’allonger…se déformer…le sol en spirale se met à tourner de plus en plus en plus vite… acculé dans un coin du bureau…nauséeux je porte la main à mes lèvres, je crois que j’ai… un haut-le-cœur soulève ma poitrine…peut-être abusé des plantes…overdose ?! La sueur me colle à la peau, mon teint a du verdir …incapable d’avoir une pensée cohérente… mon corps est lourd…mes membres gourds…ma mâchoire claque…bon sang Pierrick…qu’as-tu fait…ressaisis toi… Secouer la tête m’est intolérable… contrecoup d’une béatitude sommaire…

La porte s’ouvre dans un éclat presque métallique, je suis autant saisi par la secousse que la pièce elle-même. La lumière m’aveugle… je suis devenu comme ces bêtes de légendes dont la lumière du soleil insupporte et je crache pour me protéger sans comprendre la stupidité de ma réaction et la personne en face de moi ne remarque rien, elle crie…Diable faites le taire… cet enfant va me rendre sourd…fou… je ne peux même pas me boucher les oreilles…pas la force…

Un infini plus un avant que la gélatine qui me sert de cerveau ne perçoive l’information, un autre avant que du choc la tension retombe. Titubant… je saute sur lui ma bête de proie… je grogne plus que je ne parle, j’aboie, le secoue et ses azurs me transpercent, me traversent, je me recule. Qui de lui ou moi est la bête… Un si petit corps et une telle volonté…de l’échange je n’en garde qu’une bribe que je me tais. Les vélins enfoncé dans mes braies, je me précipite à son chevet…
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)