Toujours accompagnée de sa garde rapprochée qu'elle avait fait triplée désormais lorsqu'elle devait se déplacer, Sorane revenait de la foire ducale et en traversant la place centrale de Dijon, elle fut intriguée par un rassemblement et des harangues.
Elle fit donc halte et s'approcha afin d'écouter ce que se disait...
Sorane n'avait jamais su être lâche juste pour se préserver.
Quand les premiers échanges véhéments semblèrent reprendre un tour plus calme et que même le silence se fit entendre, elle se décida à prendre la parole, malgré le regard d'Hector qui s'inquiétait encore pour elle et l'encourageait à passer son chemin. Permettez-moi d'intervenir et de donner mon avis sur tout ceci. Certes Sieur Mildiou n'est pas le plus courtois et posé des Bourguignons, mais n'oublions que dans l'histoire, la victime c'est lui.
Soldats, je comprend que vous ayez réagi et que vu les sacrifices et efforts que vous faites quotidiennement pour le bien de tous, à risquer votre vie, vous ne méritez nullement la moindre attaque verbale discourtoise. Et effectivement vous n'y êtes pour rien, vous n'avez fait qu'obéir aux ordres.
Toutefois, reconnaissez que votre rôle est de protéger les Bourguignons et d'éliminer les criminels et brigands... Et c'est pour cela que vous risquez vos vies et que vous donnez de votre temps et de votre sueur à votre Duché.
Or qu'avons-nous ici, un Bourguignon, comme vous et moi, qui voyageait en Bourgogne et qui a été attaqué par l'armée.
Imaginez si cela avait été quelqu'un de votre famille ? Un proche, un ami ?
Non votre rôle n'a jamais été d'attaquer des Bourguignons qui n'ont commis aucun crime, aucune délit , jamais condamné. Votre rôle n'est pas de verser du sang bourguignon innocent.
Il arrive de temps en temps qu'il y ait des dommages collatéraux et que les armées puissent se retrouver à se battre contre des personnes qui n'auraient pas dû être leur cible.
C'est arrivé pendant mon mandat de Duchesse et lors d'autres mandats. En général, le Duché présente alors ses excuses aux victimes, les meilleurs médecins sont envoyés et un dédommagement matériel leur ait octroyé pour qu'il ne manque pas de vivre pendant leur convalescence et puissent retrouver leur forme au mieux et au plus vite. Et une enquête est menée pour trouver les raisons et éviter le plus possible à l'avenir de reproduire la même erreur.
Nul n'est parfait, un accident peut arriver. Il faut alors savoir assumer les erreurs et les réparer...
S'il s'agit d'un accident, ma foi, des excuses et un dédommagement s'imposaient.
Reconnaitre et réparer ses erreurs, ce n'est pas une faiblesse, bien au contraire.
Mais même la thèse de l'accident semble douteuse dans ce cas, visiblement cette raison n'a pas été évoquée par le Duché pour expliquer ce qui est arrivé. Non ils n'ont pas dit qu'il s'agissait d'un malencontreux accident. Au contraire, pour couvrir cela, ils déclarent à postériori que la victime le méritait parce qu'il a tenu des propos qui n'ont pas plus au gouvernement. Donc après l'avoir rossé, et avoir mis sa vie en danger, on insiste encore en le rabaissant publiquement.
Mais depuis quand les soldats sont là pour servir à éliminer ceux dont la franchise déplait au dirigeants ? Soldat est-ce la Bourgogne dans laquelle vous voulez vivre et pour laquelle vous vous battez et que vous défendez ?
En tout cas ce n'est pas la Bourgogne pour laquelle j'oeuvre chaque jour, celle que je sers, celle que j'aime.
Il n'a commis nul crime, il a certes la langue bien pendue, mais il est surement loin d'être le seul en Bourgogne... Et heureusement.
Voulez-vous d'une bourgogne où les Bourguignons n'auront plus le droit de s'exprimer ? N'auront plus le droit d'avoir des idées et une vision différente de celle de son gouvernement ? Voulez-vous qu'on vous dicte ce que vous devez dire et penser ? Ce que vous devez faire ?
La Bourgogne ne doit pas devenir une communauté de beni-ouiouis et d'assistés incapables de penser ou de d'agir par eux-même. Ce n'est pas la Bourgogne que nous connaissons et que nous aimons.
Régner par la terreur n'a jamais été une marque de grandeur, utiliser la violence ou les menaces, et d'autres viles méthodes, c'est la marque des dirigeants qui sont incapables de se faire respecter et de faire passer leurs idées autrement qu'en
l'imposant.
Donc maintenant, il ne sera plus possible de s'opposer au pouvoir sans risquer de devenir la cible de l'armée bourguignonne ? Allons bon... Que nous tombons bien bas !
Je rêve d'une Bourgogne Grande, d'un Grand Duché, reconnu par tous comme tel en Occident, et même ailleurs.
Et l'armée n'a jamais été un outil pour se débarrasser de ses opposants, c'est bien mal la considérer et considérer ses valeureux soldats que de la réduire à cela...
Il n'y a aucune fierté à verser le sang d'un Bourguignon qui n'est ni criminel, ni hérétique.
La question maintenant est de savoir s'il s'agit d'un accident suivie d'une énorme maladresse ensuite pour assumer cet accident.
Ou si cet accident était voulu, qu'effectivement, l'armée et les soldats Bourguignons reçoivent ainsi les ordres d'attaquer des Bourguignons qui ont simplement eu le malheur de déplaire à certains hauts placés... Et là cela fait froid dans le dos...
Et c'est une insulte faite à nos valeureuses armées, qu'on envoie faire la basse besogne d'un vil assassin !
Je préciserai que je ne suis pas proche, ni amie du sieur Mildiou et que je désapprouve assez souvent ces méthodes et son manque de courtoisie... mais pas toujours ses idées.
Mais le manque de courtoisie et la franchise n'ont jamais été une raison valable pour faire assassiner quelqu'un, ni pour se réjouir du danger qu'il a encouru et de ses blessures.
Et que si nos dirigeants en sont arrivés là, qu'ils paient des assassins et recommandent leurs âmes au Très-haut en priant pour leur pardon, mais qu'ils ne se servent pas de nos soldats pour leurs vils desseins.
J'espère de tout coeur, qu'il s'agit d'un accident et que nous n'en sommes pas là et je souhaite également que nos dirigeants se rendent compte de l'énormité de leurs déclarations et reviennent sur les menaces énoncées à l'attention de tous ceux qui auraient le malheur d'avoir un avis qui ne leur plairait pas.
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