Ayena en avait vu défiler des clients. Des beaux, des petits, des laids, des chiants, des trop joyeux, des trop heureux. Et toujours, il fallait les satisfaire. Heureusement, elle n'était qu'une petite main, ici. Elle pouvait, à l'occasion, accueillir les clients et clientes, son bon parler lui permettant en un rien de temps d'attirer la gentillesse et l'amabilité. Enfin, quand elle était de bon poil.
Souvent, ils venaient ici pour une petites folie. Les braies, les chemises, ici, ce n'étaient pas ce que l'on vendait le plus. On vendait plutôt des robes, des plus modestes aux plus nobles (c'est que la madame qui dirigeait l'atelier, elle avait fait la robe de sacre de la Reyne !)... Parfois, c'était au dessus des moyens, mais s'endetter pour paraitre plus riche était monnaie courante.
- Aller quoi, un homme qui travaille aussi bien les tissus ne peut pas se marier en chemise... Tu faillirais à ta réputation... Et puis, ça sera le plus beau jour de ta vie...
La dernière phrase avait été prononcée sur un ton des plus sardoniques. Le mariage, selon Ayena, c'était pas très jouasse... La petiote, qui comptait à peu près 16 années avait déjà connu un mariage qui lui était resté en travers. De la gorge. Ou du bas ventre. Mais nous passerons les détails... Déjà la nausée s'emparait d'elle. Vite, se changer les idées...
- Je pourrais te prêter un peu d'argent...
Elle n'allait pas le laisser aller à l'église dans une vesture de bouffon, tout de même.
La jeune femme se saisit d'un velin qui trainait et d'une plume à disposition et traça le croquis de ce qui pourrait plaire à l'homme, si difficile...