Il est là, le grand benêt, la tête sur ses genoux. Ils ont toujours eu le don pour s'horripiler l'un l'autre. Le mot qui tue, la phrase qui fâche, celle qui blesse aussi. Evidemment, pour changer, il met les pieds dedans. Il relève la tête et la regarde. Oui, Cerdanne, peut-être n'as-tu pas frappé assez fort, peut-être aurait-il fallu briser cette tête qui se noie dans ses remords, dans ses regrets et qui n'arrive pas à en faire table-rase.
Mais elle est surprenante la brune, comme toujours, elle sait toujours l'étonner, d'un coup il goûte ses lèvres furieusement, et elle avoue comme une confession. Il sourit, s'asseyant près d'elle, la prenant doucement dans ses bras, murmurant sa propre confession:
J'aime tes envies, petit chardon...
Les caresses qu'elle lui donne lui procurent un apaisement intense. La paix... la douceur... Et alors qu'elle lui reproche de demander pardon, elle fait la même démarche. Il la serre un peu plus fort contre lui, la berçant tendrement.
Oui, nous devons faire la paix, pour faire resplendir l'amour que nous avons eu, que ne reste que le merveilleux, que l'enfant que nous avons perdu devienne un lien ténu d'affection entre nous et plus de haine, ni de rancurs.
Il glisse ses lèvres sur sa tempe, frôlant la joue douce, happant les lèvres purpurines de la brune, tendresse... douceur... le baiser est langoureux, comme une caresse entre leurs langues, concluant leur accord, la saveur de leurs goûts qui se mélange délicieusement. Il lâche un soupire, apaisé, appréciant l'instant.
Je t'en ai voulu ma Cerdanne, je nous ai maudits tous les deux, de tout gâcher ainsi... mais ma belle, il n'y a pas de gâchis... notre histoire a été belle, elle a été merveilleuse, souviens-toi, petit chardon! Alors oui, je te pardonne, parce qu'il nous faut avancer et garder au fond de notre coeur ce que nous avons vécu, pas comme une souffrance, ni comme une douleur, comme un moment de notre vie que nous avons partagé ensemble, qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
Il pose sa main sur son ventre, le caressant doucement, se souvenant... Un sourire sur le bout des lèvres. Un baiser... encore... savourer sa bouche, comme une prière, la paix qui s'installe, la douceur... Ils l'ont si peu connue.
Il glisse son autre main dans son dos, ses doigts parcourant la cambrure, remontant et explorant le tissu de sa tunique.
Il faut vivre ma Cerdanne. Vivre! Et goûter cette vie. Tu es en vie et c'est le plus beau cadeau qui soit. Nous avons perdu notre enfant, mais toi, tu vis et c'est ce qui est merveilleux, si tu étais morte... je n'aurais pas pu continuer. J'ai besoin de te savoir vivante, même si nous ne sommes pas ensemble.
Il prend sa main dans la sienne, délaissant le ventre tant aimé, portant la main fine à ses lèvres, l'embrassant avec tendresse. La passion qu'il ressent pour elle est toujours là, bien présente, mais douce, douce et paisible. Revivifiante.