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[RP]Naître, c'est recevoir tout un univers en cadeau*,toi...

Breiz24
[Naître, c'est recevoir tout un univers en cadeau*; toi, tu n'auras rien...]



[Atelier des Doigts d’or, salle de couture]

Il y avait des jours que cela la travaillait. Elle se connaissait, assez, en tous cas, pour détecter les signes tôt. Après tout c’était déjà la troisième fois que cela lui arrivait, même si deux seulement avaient portés leurs fruits.
Elle s’était tue sur son inquiétude, ne désirant pas gâcher leur premier anniversaire de mariage. Elle s’était tue si bien qu’elle avait réussi à ne pas y penser de la journée qu’ils avaient passée ensemble, ne quittant leur lit que pour aller se restaurer au coin du feu. La journée avait été délicieuse, et elle avait passé la journée du lendemain à faire jouer le bracelet d’argent sur son poignet gracile, admirant la lumière qui s’accrochait au métal de manière différente à chaque heure du jour.

C’est quand elle avait décidé de compter que la réalité lui était revenue de plein fouet à la figure. Dix sept jours. Même pour elle qui était assez peu régulière, dix sept, c’était beaucoup trop. Souvent, elle attendait cinq, six jours, parfois une semaine, et il lui fallait à nouveau retenir quelle était la phase de la lune pour ses calculs. Mais dix sept, c’était beaucoup trop.

Aussi s’était-elle levée tôt ce matin là, plus que d’habitude. Elle avait argué de travail en retard à l’Atelier, ce qui n’était pas réellement un mensonge. Elle avait vraiment beaucoup de travail. Elle embrassa ses enfants à peine réveillés, et sourit à leur nourrice, lui murmurant quelques instructions avant de sortir.
La jeune femme et les enfants la rejoindraient plus tard à l’Atelier, pour profiter de la grande cour fermée où ils pouvaient se défouler en toute sécurité… et en restant près de leur mère qui préférait les avoir avec elle-même au travail, pour le plus grand effroi de ses collègues.

Alors que l’aube s’achevait à peine, le soleil hivernal rasant les maisons, elle s’enfonça à pied vers le bas de la ville, menant son cheval à la main dans les étroites ruelles.
Elle savait où elle se rendait, elle y était déjà allée. Son pas était sur, même si la main tremblait sur la bride du cheval noir.

Lorsqu’elle atteint son but, elle glissa un écu dans la main d’un garçonnet pour qu’il veille sur le frison, lui en promettant le double à son retour si le hongre était intact, puis elle l’abandonna dans la courette et frappa à l’huis.
Une demi heure plus tard, elle en ressortait, défaite, ses craintes confirmées, et un petit sachet de tisanes précieusement serré dans sa main, contre son ventre. Deux nouveaux écus furent glissés dans la main du gamin, et elle enfourcha Sombrelance, rangeant le sachet au fond de sa besace pour ne pas l’égarer en route.
Le cœur au bord des lèvres, tant le gout et l’odeur de la première tisane de rue qu’elle venait d’ingérer était désagréable, elle se mit en route.

La journée s’avançait lentement, ses enfants étaient arrivés, ils jouaient à ses pieds, dans la salle de couture. Elle les regardait, son ouvrage sur les genoux. Elle ne parvenait pas à se concentrer, trop perturbée par le geste qu’elle était en train de commettre, une énième tasse de tisane à l’odeur nauséabonde fumant dans sa main.



*Jostein Gaarder

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- Yolanda n'est pas une boite a idées, C'est un personnage original et copyrighté! -
--Donatello..


Encore un matin qui s'étire comme l'homme sur la couche, l'homme sur sa couche qui se redresse après un moment resté à écouter les bruits alentours. De sa galerie, il entend les arrivantes à l'Atelier qui viennent ranger les leurs avant de rejoindre le petit salon et les salles de commande. Au même titre que le Sévère et l'Amoroso, il vit à l'Atelier l'ibère, il dort à l'Atelier, il aime à l'Atelier.

Et en parlant d'aimer, il caresse du regard, l'étoffe soyeuse dans le coin de sa galerie qui n'attend qu'à être cousue, brodée, et lui, préfère lui tourner le dos et rejoindre le salon privé. A la recherche de quelqu'un avec qui parler, quelqu'un avec qui simplement partager cet amour du Maître. Des cris d'enfants, des rires, un sourire sur le visage tanné de l'espagnol qui pousse la porte de la salle de couture, passe une main calleuse sur son visage pour se réveiller, dans ses cheveux, pour se coiffer.


- Hola madre ..

Un baillement qu'il voudrait étouffer de la main qui s'arrête à mi-chemin, alors qu'il sent l'odeur infecte de la tisane.

- Tu .. cosa apesta la muerte.. Tou veux touer alguien ?

Un sourire à Elin dans les bras de la nourrice à qui il dit bonjour d'un signe de tête, deux doigts qui s'agitent au dessus d'un petit minois et à qui répond un sourire enfantin, deux doigts qu'il pointe en direction des deux gosses qui courent autour avant d'esquiver un coup d'épée en bois de la part de Gauvain. Des rires, des cris, une vie.. Finalement, rien qu'une vie.
Breiz24
Elle sourit à l’arrivée de l’ibère, machinalement. Elle est contente de voir quelqu’un. Quelqu’un d’autre que ses enfants, ou leur nourrice. La petite est gentille, parfaite avec les enfants, mais elle ne sait pas reconnaitre l’odeur caractéristique de la plante, et c’est tant mieux. Elle espère que l’Ibère n’est pas doué non plus en herboristerie.

Personne, beau brun… c’est un fortifiant.

En tous cas, c’est ce que croit la petite Ida, et c’est mieux comme ça. Lentement, la tasse est portée à ses lèvres, et elle boit le liquide immonde. Jusqu’à la dernière goutte, pour faire disparaitre son forfait, pour qu’il ne vienne à l’idée de personne de gouter son « fortifiant ».
Malgré elle, sa main se porte à son ventre. Elle a du mal à fixer son attention sur ce qui l’entoure. Son regard suit un instant son fils et Graine qui se poursuivent, puis le hochet coloré qu’agite sa fille. Les doigts malgré elle caressent ce ventre qu’elle veut ignorer.


Je ne tue personne, Don je… Si…

La main se crispe sur son ventre alors qu’un spasme l’agite. Elle se redresse, pose rapidement son ouvrage loin d’elle, sa tasse vide sur la table, et ramasse sa besace au sol. Ne pas laisser trainer sa tisane en sortant, voilà ce qui importe.
Un deuxième spasme la crispe déjà, lui coupant presque le souffle sous la douleur. Elle attend que cela passe, pâle comme la mort, et se redresse péniblement, se levant pour quitter la pièce.
Elle est debout quand la troisième crampe survient, et elle doit se raccrocher à Donatello pour ne pas tomber. Cramponnée à lui, c’est dans un souffle qu’elle murmure :


Si je… je le tue… fais moi sortir… pas devant les enfants… s’il… te plait… après j’explique…

L’acier se fait implorant alors qu’elle s’applique à respirer calmement pour chasser la douleur de son esprit et paraitre calme aux yeux des enfants.

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- Yolanda n'est pas une boite a idées, C'est un personnage original et copyrighté! -
--Donatello..


Pourquoi elle se justifie tant ? Hein ? Une main sur la tête de Gauvain pour l'empêcher de lui coller des coups d'épée pendant que sa mère lui parle, il écoute et hausse un sourcil. Pourquoi deux fois personne ? Pourquoi répète-t-elle la Meyre ? La main s'ôte et vient tapoter la tête du petit rouquin afin de se tourner tout à fait vers sa mère. Sa mère qui semble souffrir, tu parles d'un fortifiant, comme on se sent inutile dans ses moments-là, face à une femme qui souffre, les moments qu'il déteste le plus à n'en pas douter.

Elle n'est pas finie la robe qu'elle a posé, et c'est cette constatation qui s'imprime dans l'esprit de l'ibère quand elle s'écroule sur lui. Entre les dents, le reproche, car même si elle est mère, elle est jeune comparée à lui, et il s'octroie ce droit de la traiter en enfant.


- Toi, tou as fait oune connérie ! Yé sais pas quoi, pero yé sens qué c'est bien gros ! Plus fort, peut être. Tou n'as pas aimé la nougatine au piment dé chez moi ? Raaah ! Les femmes !

Un regard d'excuse à la nourrice, un clin d'oeil au rouquin, un clin d'oeil d'hommes, de connivence feinte pour l'ibère, de confiance pour l'enfant. Et il la sort, appuyée à elle jusqu'à la porte qu'il referme avant de glisser une main sous les jambes et de la porter jusqu'à sa propre galerie, jusqu'à sa propre couche en priant pour qu'elle tienne le coup sans savoir ce qu'elle a mais en espérant que ça ne soit pas ce qu'il pense. Sur la couche encore défaite, elle atterrit la mère.

- Explica .. ¡ Ahora Breiz ! ¿ Qué haces ? Tou as mal ? Tou veux dé l'eau ?

Et sans attendre de réponse, il récupère la carafe qui traîne sur un chevalet, pas de gobelet.. Foutu lui. Le doigt se pointe sur la rousse.

- Yé commence à en avoir marre dé vos connéries à toutes ! ¡ JODER !
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Elle s’en remet à lui, totalement, aveuglément, alors que la douleur lui vrille le ventre à nouveau. Elle a fait une connerie oui, surement. Mais c’était la seule solution disponible. Alors elle s’en remet à l’ibère, le laisse inventer le mensonge qu’il veut pour la tirer de là, prends le temps de rassurer son fils entre deux crampes, lui murmurant qu’elle va se reposer et qu’il doit rester jouer avec sa copine. Elle prend le temps de sourire à la nounou et se laisse entrainer dehors, tenant sur ses jambes par la seule dignité qu’il lui reste.

Elle se cramponne à son cou tandis qu’il l’enlève et l’emporte dans cette aile du château où dorment « leurs » hommes, les trois à résider sur place quand elles s’en retournent le plus souvent en leurs foyers le soir. Elle se laisse aller, recroquevillée sur la couche, les deux poings pressés sur son bas ventre, se mordant les lèvres. Et levant vers l’ibère un regard noyé de petite fille.


Je pouvais pas le laisser là Don, tu comprends. Je pouvais… Elle se tait alors qu’une nouvelle crampe lui vrille le ventre. Le regard seul s’accroche à celui de l’espagnol. Ne m’en veux pas, semble-t-il dire, ne me rejette pas, comprends moi.
La crampe passée, elle reprend dans un souffle :


Je ne pouvais pas le garde…

L’aveu la bouleverse plus qu’elle ne l’aurait pensé. Et elle prend pleinement conscience de ce qu’elle est en train de commettre. Tuer une vie, pour préserver la sienne. Tuer le fruit de ses amour, pour la sauvegarde son bonheur.
Elle craque, la rouquine, elle fond en larmes. Une main reste pressée sur son ventre douloureux, l’autre se cramponne à la literie, et elle sanglote, sans pudeur. Les vannes sont ouvertes, elle ne pourra plus les fermer.

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- Yolanda n'est pas une boite a idées, C'est un personnage original et copyrighté! -
--Donatello..


S'il avait été plus sensible, la carafe aurait fini au sol dans un éclat de terre cuite qui explose comme son coeur à l'instant où elle prononce les mots et confirme ses craintes. Un pas en arrière, un geste de recul à l'écart d'elle qu'il admire tant, à l'égard de celle qu'il n'appelait plus que la Madre. La bouche s'entrouvre parce qu'il voudrait lui cracher son mépris, sa haine de sa faiblesse, prendre une vie, prendre la vie d'un enfant, alors que lui, crève à l'idée de n'en avoir jamais à lui. Et elle, elle, égoïste femelle, elle le tue cet enfant, dans son sein. Il voudrait pouvoir l'étrangler de ses mains, et pourtant quand le filet de voix s'extrait et qu'elle le regarde, il n'y a plus rien, rien qui vaille la peine.

Une chemise à lui qui traîne est attrapée, et il s'assied sur le bord de la couche, la main cramponnée aux draps est récupérée et un baiser atterrit dessus. Un soupir qui fend l'air quand l'ibère humidifie la chemise pour bassiner le front de la rouquine, le front et les yeux qu'il tamponne doucement pour en ôter les larmes. La carafe est déposée sur le sol, alors qu'il s'appuie contre le mur, et passe ses bras sous ceux de Breiz pour la remonter contre lui.


- Vous mé tuerez oune jour..

Elle perce l'affection dans la voix de l'espagnol. Donatello a la trentaine passée et bien plus, pas d'enfants, pas de femme, pas de famille, mais il les a, elles, sans vraiment savoir où les placer. Epouses, maîtresses, amantes, aimantes, soeurs, filles, il ne sait pas vraiment, mais la main, elle, sait quand elle glisse dans la masse flamboyante pour démêler doucement les boucles éparses.

- Yé souis bien inutile guapa..

La main libre vient glisser jusqu'à rejoindre la sienne sur son ventre, il ne connaîtra jamais les mêmes souffrances, mais il y a de la compassion dans le geste qu'il esquisse pour rester contre elle. Combien de temps ? Il n'ose le demander, se contente d'espérer que cela ne vire pas au drame, qu'en sait-il après tout, il est homme avant toute chose.
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Elle se laisse aller contre lui, elle ne peut pas lutter, de toutes façons. La douleur lui vrille le ventre, de plus en plus fortes, alors que les crampes s’appliquent à chasser cet être qui vit au fond d’elle.

Et elle ? Elle sanglote, accrochée à lui comme une enfant à son père, elle sanglote parce qu’elle a mal, parce que sa douleur est aussi violente moralement que physiquement. Elle se tord entre ses bras à chaque spasme, et chacun fait redoubler le flot des larmes. Elle sait que la culpabilité la rongera toute sa vie pour ce qu’elle est en train de faire, et c’est d’une voix hachurée de sanglots et de gémissements étouffés qu’elle tente de se justifier auprès de l’ibère.


Il… fal… lait… Don… Il fallait que je… que je… que je le fasse… Je… Elin et moi on a failli… failli mourir toutes les deux… Elle était si pe… si petite et… Le souffle coupé, à nouveau, le ventre tordu, et le poing pressé sous la main de l’ibère, pour faire taire la douleur. Et… elle… elle est sourde…

L’aveu la broie, aussi surement que la contraction qui la déchire. Elle en parle si peu, de ce handicap de l’enfant, de ce handicap que personne ne voit, que personne ne connait, hormis la nourrice de l’infante, ce handicap qui est sa honte, à elle. Parce qu’elle n’a pas su s’arrêter à temps, parce que la petite fille était venue au monde trop tôt, si tôt qu’elle n’était pas bien positionnée dans son ventre, qu’il lui avait fallu des heures pour l’expulser, et qu’elle ne devait sa survie qu’à la manœuvre risquée qu’avait tenté la matrone qui venait de lui donner la tisane de rue.
Elle savait, du plus profond de ses entrailles, que sa fille n’aurait pas été sourde si la naissance s’était mieux passée. Elle ne veut plus vivre ça encore.


Je ne peux pas mourir… Don… Je ne peux pas… mes enfants… Milo… Milo ne veut plus d’autre… d’autre enfant et… moi je ne veux pas mourir…

Un reniflement, lamentable, vient ponctuer sa dernière phrase, et une crampe la tourmente à nouveau, tremblante entre les bras protecteurs de l’ibère.

Je vais vomir.

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Qu'est-ce qui autorise un homme à juger du geste commis ?

Rien. Les mains brunes viennent essuyer doucement les larmes au fur et à mesure qu'elles s'échappent des perles qui se déversent, perdent leur éclat si caractéristique pour se parer d'une lueur différente, la perle n'est plus si douce, elle devient noire. Combien sont-elles ces femmes qui tuent leurs enfants pas encore né ? Sa mère.. Qui abusée par un soudard, avait tué l'enfant dans son sein et en était morte.. Faut il être folle pour boire les potions des sorcières, mais n'est-elle pas un peu folle cette jeune femme dans ses bras ?

Elle déverse le flot de sa culpabilité, et il écoute, patient, caressant doucement la chevelure, inutile devant l'adversité, la douleur prend le pas sur l'amour qu'il peut donner.


- Pero tu hija vive .. Yé n'ai pas d'enfant Breiz..

Est-ce que tu comprends ? Personne ne me survivra.. Ni la mémoire, ni le souvenir, rien que le temps qui effacera jusqu'à la présence un jour d'un ibère plus fou des femmes qu'elles ne sont folles de lui.

- Tou né vas pas mourir estupida.. Yé dis à tu hijo qué tou révénais !

Il y croit, malgré l'âge, il s'y raccroche comme un enfant. Elle ne peut pas mourir, car si cela arrivait, comment survivre à sa mort ? Comment vivre encore à l'Atelier sans avoir sa présence flamboyante à ses côtés. Et là, la phrase qui s'infiltre dans le cerveau et comme un automatisme, le corps dans ses bras est basculé sur le côté, et les cheveux retenus en arrière pour ne pas qu'elle les souille en rendant.

Rien, il n'y a rien qui puisse permettre à un homme de juger ce genre de geste, rien que l'amour qui pousse sinon à accepter, au moins à apaiser.
Breiz24
La poupée de chiffon qu’elle est devenue entre les bras de l’ibère a à peine le temps d’avoir un élan de gratitude à son égard que son estomac se révolte. Le maigre déjeuner qu’elle a ingurgité au matin, le trop plein des innombrables tisanes bues dans la matinée répandent une odeur acre dans la pièce, autour de la literie souillée.

Le corps brisé, maltraité, repose au creux des bras de l’ibère, alors que les crampes la torturent. Avoir libéré son estomac la soulage un bref instant, dont elle profite pour lui répondre.


Je ne vais pas mourir. La… La vieille m’a sauvé la vie et celle d’Elin… Je ne vais pas… pas mourir…

Elle se tait, le temps de laisser passer une autre violente contraction de son ventre. C’est un peu comme accoucher, avorter, finalement. De la douleur, du sang, des larmes. Mais pour rien. Pire que rien. Pour la mort, au lieu de la vie.

Elle se raccroche à l’Ibère, de ses maigres forces, et murmure :


Il me faudra une autre tisane, Don, pour… pour après…

De la camomille, du souci, de la lavande, pour que les spasmes s’arrêtent quand l’irréparable sera commis. Mais pas avant.
Une main tremblante s’empare des cordons serrant son corsage, tire maladroitement dessus, tentant de défaire les liens.


Aide moi… Je ne veux pas… La robe…

Elle ne veut pas souiller sa robe non. La literie de l’ibère, ce n’est pas grave, mais sa robe, si. Ou pas. Elle tire toujours sur le vêtement, son ventre lui dit que le moment approche, qu’il va se passer quelque chose d’abominable, et elle n’aspire plus qu’à une chose, c’est se rouler en boule avec un chiffon entre ses cuisses, pour retenir la souillure.

L’eau perle toujours aux cils roux, elle se demande comment elle a pu avoir la folie de penser qu’elle aurait pu faire cela seule.

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Le mot le plus à même d'exprimer le ressenti actuel de l'ibère, est plus ou moins : ¡ JODER ! Mais pas parce qu'elle a vomi sur sa couche.. Non, ça, ça passe encore, il ira porter les draps chez une des lavandières du bourg le plus proche ou suppliera Gigi de le faire pour lui. Non, c'est de la voir comme ça qui l'épuise, le révolte et l'énerve, et si le moment n'était pas si horrible, il pourrait presque rire à l'idée de comprendre tout simplement qu'il devient trop vieux pour tout cela.

Et elle le rassure alors que ce devrait être à lui de le faire. Elle ne va pas mourir, non, elle ne peut pas. Les bras se resserrent autour d'elle, pour la première fois, il remarque qu'elle est mince, trop peut être pour une femme qui a enfanté par le passé. Une tisane .. Parce qu'elle a pas bu assez de saloperies de plantes peut être ? Il renifle avec mépris, le ravale de son mieux.


- Yé n'y connais rien.. Tou mé diras, yé férais ..

Il réfléchit à comment se procurer les plantes, ne sait même pas celles qu'elle veut, et toute à sa réflexion, il ne voit pas la main qui s'acharne avec maladresse sur les lacets du corsage. C'est la voix qui le tire de ses pensées, qui le fige quand le regard se baisse. C'est comme une trahison.. La bouche s'ouvre et se referme, il fixe le corps meurtri dans ses bras. Si tu la déshabilles, Donatello, c'est la fin, n'est-ce pas ? C'est la fin de cette admiration chaste, de cette amitié prude entre vous deux, c'est la fin de cette barrière qui trouve son compte dans le respect mutuel. Si tu enlèves cette robe, tu enlèves tes réserves, tu fais tomber son piédestal, et elle redevient femme..

Elles et leurs foutues robes.. Et elle pleure dans ses bras en luttant contre elle-même, comment peut-il la laisser seule ? Pas maintenant.. Et pour la première fois de sa vie, l'ibère sent ses mains trembler alors qu'il délace lentement le corsage d'une femme, il s'écarte d'elle, un instant, se redresse et fait passer la robe par dessus sa tête qu'il soulève doucement. La chainse est considérée un instant, puis finalement, il la remonte sans lui demander son avis, au dessus des hanches. Salir ses draps, et tant pis, pour le carnage à venir, mais il faudra bien la revêtir pour rejoindre les enfants.. Epargner les vêtements.. Oui, c'est cela, il faut épargner les vêtements. Il se rappuie contre le mur, et la reprend contre lui, relevant le menton, les yeux, le regard, tout pour ne pas croiser son corps.

Car sur les joues de l'ibère, il y a des larmes qui s'écoulent, lentement creusant des sillons dans la barbe mal rasée. Des larmes à l'idée de perdre tout à fait son âme, des larmes silencieuses qui trouvent leur écho dans les mains qui caressent doucement qui les mèches rousses, qui la joue de l'infortunée pleureuse.
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Elle se laisse aller, manipulée par les grandes mains tremblantes. Elle n’a plus la force ni la volonté de lutter. Tout juste un brusque regain de panique quand il découvre ses hanches, remontant la chainse.
Elle remonte sur elle un drap, cachant sa nudité et l’immonde, alors qu’elle sent le sang, lentement, s’écouler. Ce ne n’est là que les prémisses de quelque chose de plus horrible, elle le sait. Sa main se crispe sur le drap, le poing fermé s’enfonce entre ses cuisses serrées alors qu’elle lutte pour ne pas hurler.

Les crampes se succèdent sans relâche, et elle, elle se tait. Elle mérite de souffrir, c’est elle qui s’est infligé ça. Elle mérite ce qu’il lui arrive, parce qu’elle a choisi.
Quand elle avait perdu un enfant, celui qui aurait du être l’ainé de Gauvain, elle n’avait que peu souffert. Elle s’était éveillée alors que tout était déjà fini, et son enfant mort dans ses draps souillés.
Forcer la Nature était forcément plus risqué. Plus douloureux. Aller contre elle méritait la souffrance.
C’est ce qu’elle se disait, la rouquine, un poing crispé entre ses jambes et l’autre refermé sur la chemise de l’ibère. Tu l’as bien mérité.


Don… de l’eau… fais chauffer, pour la tisane… laisse moi… ça va aller… il me faut… Il faut que tu la fasses pour moi, il y a un sachet dans ma besace… lavande… camomille… il sent bon… c’est pour calmer…Elle ne peut pas dire ce qu’il faut calmer. L’innommable est en train de se produire en son sein, et c’est elle qui l’y a déclenché. … après… Après, oui, que se passera-t-il après ? Enverra-t-on chercher son mari, que lui dira-t-on ? Don la trahirait-elle auprès de celui qu’elle aime tant qu’elle a tué son enfant pour lui ?
Elle ose croire que non, que comme elle, il parlera de fausse couche. Que ce sang qui coule entre ses cuisses plus fort que toute menstrues est un rejet de la nature et pas de la mère.

Avec milles précautions, elle se défait de son étreinte, elle le repousse avec toute la fermeté dont elle est capable, elle veut l’éloigner de la souffrance qu’elle s’inflige.


Ca va aller… ma tisane… s’il te plait…

Elle n’ose plus le regarder, elle se recroqueville, une main à plat pressant son ventre vrillé de douleur, l’autre fermée entre ses cuisses, tentant de contenir le flux qui grandit, lentement.

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Il voudrait décrisper les doigts de la rouquine sur sa chemise en espérant que ça la décrispera, elle aussi, mais il sait bien que c'est impossible, alors il se contente de les serrer sous sa main, ces doigts contractés à en lâcher.

Il ne veut pas savoir ce qu'elle veut calmer, parce qu'il le sait finalement, il se souvient, il se retrouve à treize ans. Et quand elle lui parle de tisane, il hésite, rester avec elle, et fuir près de l'âtre. Rester près d'elle ou l'abandonner juste un peu pour se retrouver. Elle décide pour lui et le repousse, pas besoin de forcer plus, il s'éloigne volontiers et rejoint la petite cheminée pour y rallumer les braises sous le petit chaudron. La besace est attrapée et il fouille, renifle, porte à son nez un sachet, l'éloigne puis le renifle de nouveau.


- Tou m'émmerde..

Et le sachet est posé à côté du chaudron, mais pas seulement, il ôte sa chemise totalement, et la déchire en charpies qu'il trempe dans l'eau avant qu'elle ne soit brûlante.. A gauche, à droite, rien, il n'y a rien.. D'autres que le chevalet dont il jette la toile neuve achetée à grand frais au sol pour y déposer les linges en attendant que l'eau se mette à bouillir, il lui tourne le dos. Lâche devant cet aspect de la féminité, il se concentre sur les bulles qui commencent à se former à la surface de l'eau. Et il vide le sachet dans l'eau en fixant les braises rougeoyantes, les braises qui lui rappellent la sienne sur la couche qu'il n'ose plus fixer. Ca fume dans le chaudron, et des yeux, il cherche un récipient, n'en trouve pas d'autres qu'une écuelle qu'il remplit de la tisane.

Un soupir, un soupir qui s'éternise et enfin, il se lève, rejoint la couche, le chevalet et la femme. Ce n'est plus un corps, c'est de la souffrance à l'état brut qu'il a devant ses yeux. L'écuelle est déposée au sol, et il s'assied à ses côtés, relève sa tête et la dépose sur ses genoux, les mains sont retirées d'autorité et un linge est attrapé du chevalet dont il se serre pour nettoyer les mains, méticuleusement, il n'y a plus de peur, il n'y a pas de dégoût.


- Deja.. Yé nettoyerai.. Querría ayudarte alma mia..

Le visage est attrapé entre ses deux mains et tourné vers lui, pas un mot, pas un bruit, la peur qu'elle perde pied si elle regarde en bas. C'est moche à voir la peur.. Plus encore quand elle a la couleur du sang.
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Elle attend, poupée de chiffon dans des draps sanglants, elle attend qu’il revienne. Les mains crispées sur son ventre, elle patiente, elle frémit et tremble, elle guette.
Elle sait qu’elle saura, lorsque l’innommable se sera produit. Alors elle attend.

Lorsqu’il revient près d’elle, elle se laisse manipuler, elle le laisse laver ses mains. Elle se laisse aller contre lui, passive, patiente. Elle essaye d’endurer en silence. Mais elle ne peut pas retenir les gémissements plaintifs qui parfois s’échappent de sa gorge nouée. Les mains, sitôt lavées, sont de nouveau pressées sur son ventre, parce qu’appuyer rend la douleur moins pénible, plus supportable. Ou bien n’est-ce qu’une illusion, mais qu’importe, elle le croit.

Et puis, elle sait. C’est ce flot de sang qui arrive d’une seule vague. C’est cette douleur si vive qu’elle se redresse brusquement. C’est ce rouge qui ruisselle sur ses cuisses, et qu’elle regarde, terrifiée, fascinée. C’est ce linge souillé où la tâche grandit.
C’est ce rouge noir, celui qui entraine avec lui le nid douillet où l’enfant aurait du grandir.

La main ensanglantée se tend, tremblante, vers l’écuelle, la porte à ses lèvres. Elle s’applique à boire, lentement, avec milles précautions. Elle espère que son estomac ne se révoltera plus. Elle la vide, jusqu’à la dernière goutte, avant de la déposer à nouveau au sol. Et elle se laisse retomber lentement, tremblant de peur, priant pour que le sang s’arrête de couler, bientôt. Elle se laisse aller contre Don, inspirant l’odeur rassurante de l’ibère.
Cinq doigts rougis se crispent sur la chainse blanche, les cinq autres cherchent dans sa besace. Elle a payé une fortune pour mettre toutes les chances de son côté. Elle sort la petite fiole de grès, se tourne sur les draps souillés, et laisse tomber quelques gouttes d’huile à l’odeur lourde, épicée.

La fiole est reposée, et les doigts, malhabiles, tremblants d’épuisement et de douleur, entreprennent de masser le ventre, lentement, laissant l’huile s’infiltrer lentement dans la peau.
Il était temps que les crampes s’arrêtent.

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- Yolanda n'est pas une boite a idées, C'est un personnage original et copyrighté! -
Donatello, incarné par Breiz24


Comment les femmes font-elles pour vivre avec cette douleur constante, la douleur d’enfanter, d’avorter, celle de donner la vie ou la mort. Elle a du courage alors qu’il a peur, une peur ancestrale, une peur humaine, celle de perdre un être aimé, celle de sentir la mort de près.

Comme elle, il voit la tâche rouge s’étaler entre ses cuisses, comme elle, elle le fascine cette tâche qui grandit, drapeau écarlate de l’horreur brandit par un corps en signe de provocation le drap entre son corps et l’extérieur, et il veut brûler ce linge souillé qui touche son corps à elle. Un corps qui souffre sans qu’il n’y puisse rien, rien d’autre qu’observer sans rien dire et souffrir pour elle, et par elle. Il regarde les mains qui s’agitent, la tisane qu’il a préparé qui glisse entre ses lèvres et cette fiole qu’elle sort pour s’en masser le ventre.

Tout était prévu, elle a tout prévu. Il ne sait si c’est de l’horreur ou de l’admiration qu’elle provoque chez lui, mais il sait qu’il l’aime plus qu’avant encore pour ce courage. Le corps léger est attrapé, comme un enfant, sur ses genoux contre lui. Il attrape un des linges humides et tièdes qui attendent sur le chevalet.


-Dejame ayudarte..

Il ne le fera pas sans son accord, non, il ne la touchera pas à cet endroit sans son accord.
Breiz24
Elle se laisse aller contre lui, entre ses bras, elle ne bouge plus, elle attend. Il faudra du temps pour que les crampes s’arrêtent, il faudra du temps pour que le sang cessent totalement de couler. Il faudra du temps pour accepter ce qu’elle a fait. Elle triture le drap souillé, cherche un coin sec pour remplacer la tâche rouge sur son bas ventre, et à force, elle trouve, dissimulant du mieux possible ses jambes.

Elle se tourne en position fœtale, la tête sur les genoux de l’ibère. Elle ne veut pas qu’il la touche, elle ne veut pas qu’il partage sa souillure. Les linges sont fermement repoussés. Elle se lavera seule quand le sang aura cessé de couler. Quand elle sera moins faible.


J’ai froid.

Elle se blottit, du mieux qu’elle peut, recroquevillée sur sa douleur, les mains sur le ventre, le drap remonté jusqu’à la taille, elle cherche la chaleur de l’ibère, mais elle ne lui suffit pas. Pour un peu, elle grelotterait. Elle cherche un instant une couverture du regard, mais la fatigue la gagne, elle ne bouge plus entre les bras de l’espagnol. Elle se contente d’attendre. Elle s’en remet complètement à lui.

Elle ne peut plus. Le point de rupture a été atteint et le corps brisé refuse de se mouvoir encore. Elle attend.
Don fera surement quelque chose. Quelque chose pour qu’elle n’ait plus froid, quelque chose pour que les huiles rentrent dans sa peau. Quelque chose pour rendre l’attente de la fin de la douleur supportable.

Don gèrera. Elle, elle ne peut plus.

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