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[RP] A dada sur mon bidet

Luaine
[entre bière et remparts sur Alençon]

Voilà qu’elles furent présentées au grand manitou. Enfin ce qui semblait être le plus gradé des deux. Aucun des deux ne s’étaient présentés ni dans leur fonction, ni avec leur patronyme.
Les mots dits par les deux hommes tintinabulaient avec une sonorité épouvantable. Les deux brunes avaient apparemment rencontrés deux beaux spécimens de phallocrates. Luaine les imaginait déjà mesurant leur grosse épée avec des expressions du style « humm la mienne est plus grosse que la tienne ».
Ah les hommes !!!!
Les sourcils de Luaine se dressèrent bien en dessous du casque qui flottait gaiement sur sa tête.
Ce signe ne présageait rien de bon mais elle se mordit la langue. Elle aurait voulu leur admonester quelques leçons de vie concernant les femmes mais il ne fallait gâcher cette manne providentielle d’être sur les remparts.
Les prunelles émeraude passèrent d’un homme à l’autre. Ils parlaient comme si, elles n’étaient pas présentes. Elle aurait bien voulu avoir son matériel de barbière et les épiler à sec.
La Montfort marmonna entre ses dents à l'encontre de son amie pendant que le chef parlait vaguement d'écus dus à son second.


HUmm...entre bière et machisme, mon coeur balance. Je me demande comment ils s'en sortent avec les femmes. Tu me diras le plus dur c'est pas d'en sortir, c'est d'y entrer.

Luaine lança un sourire malicieux à son amie.
Alceste n’avait jamais été soldat. Elle exécrait l’armée et les ordres. Quand à Luaine, elle avait un soldat accompli et une barbière remarquable à la garnison du Périgord-Angoumois. Le Comte d’alors , sa grandeur Matpel, avait même fait appel à elle pour être sa garde rapprochée lors de sa tournée comtale.
Si Alceste maniait la dague avec une rare habileté, Luaine, avait la passion des armes et maniait l’épée avec autant de dextérité que n’importe quel soldat aguerri et l’arc, avec autant de virtuosité qu’une dentelière.
L’ancien soldat préféra lever les yeux au ciel et jeta un regard sans équivoque vers son amie. Elle se doutait que si elle ne l’ouvrait pas, Alceste le ferait. Luaine avait gardé quelques traces de son enseignement militaire et pouvait avoir un langage très fleuri et jurer comme un charretier à l’occasion. Elle prit une inspiration discrète et essaya de trouver les mots adéquats, les mots dits par l’ancienne chancelière, enfouissant le soldat qui était en elle. C’était presque un travail d’exorciste. Luaine se tint droite au garde à vous devant le chef, la position martiale faisant plus crédible.

Je suis Luaine et voici Alceste. Nous sommes tous les deux venues en renfort pour faire les rondes….

Quitte à mentir autant le faire pour gagner le fameux sésame qui leur donnerait la clé des murailles. Le jeu en valait la chandelle.

…Nous sommes d’un petit bourg voisin et nous venons protéger la ville. Nous ne sommes que de modestes FEMMES mais nous avons une toute petite expérience des armes. Si d’aventure, nous rencontrons un malandrin, nous sommes capables de le mettre hors d’état de nuire. De toute façon, je suppose qu’au moindre problème, nous devons avant toute chose donner l’alerte et faire venir les autres soldats.
Mais nous arriverons à mener à bien notre surveillance des remparts. N’en doutez pas une seconde.


Oui ça elles en étaient capables….Même de mettre hors d’état de nuire deux hommes, comme elles l’avaient déjà fait une fois sur une route du Périgord. Les deux marauds étaient repartis nus comme des vers leurs burnes entre les mains tandis que les deux jeunes femmes avaient gardé leurs guenilles et leur argent en guise de leçon.

Luaine regardait l’homme devant elle qui voulait de la bièrasse. La bibine descendait visiblement très bien sur les remparts. Il fallait qu’elles marquent des points.

Chef après la patrouille, je vous paierais de quoi rincer votre gosier convenablement. Parole de soldat !!!! A vous aussi hein !!!

Quitte à être obséquieuse autant ne pas le faire à moitié.

Et puis avec deux soldats comme vous pour nous apprendre le métier, je pense que bientôt nous serons les meilleures de la ville.

Une main vint remettre le casque qui tombait sur son nez, en position normale. Il fallait dire qu’avec un tel harnachement, elle n’avait pas bien l’air féroce. L’image d’Epinal qu’elle donnait était plutôt amusante. Mais il ne fallait jamais se fier aux apparences.
Un regard scrutateur vers les deux hommes en priant en son for intérieur pour qu’elles puissent enfin inspecter les remparts à la recherche d’Heimdal, avec leur bénédiction tant attendue.

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Coucou
[ Quelque part en PA ]

Il avait bu une bière, puis deux et surement trois aussi, l'alcool lui montait à la tête, les souvenirs au coeur, et l'envie de pisser encore plus, t'en boit une t'en pisse deux . La mélancolie guettait par dessus son épaule prête à lui tomber dessus à la moindre occasion mais d'un rapide coup de tête il l'envoyait valdinguait au loin et s'abreuvait d'une quatrième bière pffff encore deux à pisser Mais son ennemie revenait à la charge plus sournoisement encore pour se mettre sur ses genoux.

Il regardait cette neurasthénie, lui souriait elle? elle se faisait plus sure et dessinait des papillons noirs dans ses yeux.... Comme un ivrogne il commençait à lui parler

Tu me veux quoi? faire naitre des idées noires, un spleen .....
Tu sais bien que je suis solide que tu n'y arriveras pas


Les habitués du comptoir le dévisageaient, il relevait la tête fixant les regards HOULA ils sont beaucoup ces yeux à le fixer replongeait sa tête dans son cafard, et sa râpeuse dans sa bibine et se laissait succomber par cette langueur matinale de 17h.

Pfff pas un pigeon, pas une pensée, elle était partie en coup de vent cherchait l'amour et avait pris avec elle une jolie souris. Quoiqu'elle fait là? elle est morte peu être!!! les chemins sont pleins de brigands et puis l'amour y en a aussi ici.

La tête sur ses genoux il murmura a son ennui

t'es content t'a gagné tu vas me faire chialer

Reléve la tête, la rabaisse aussi vite Que les gens sont moches quand ils ont bu alors des larmes montaient dans ses yeux pour couler sur ses joues reniflait un grand coup et se mouchait du dos de sa main

Luaine tu es ou? tu pense un peu à moi, à nous et Alceste cette charmante femme sans défense dans quelle galère l'as tu emmené et nous on te manque aussi un peu; beaucoup; éperdument; à la folie.... ou pas du tout
Fais attention à la souris un chat pourrait la manger


Bon son envie de pisser se fait plus forte, et y a pas quand faut y aller ben faut y aller
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Heimdal
[SUR LA MURAILLE D'ALENCON]

Heimdal cela faisait plusieurs jours qu’il était à Alençon. En tant
qu’intendant, on lui avait ordonné de venir défendre la capitale contre
une bande de brigand. La muraille surplombait les champs et la
campagne environnante. On pouvait voir venir les gens de très loin. Il
remarqua deux personnes féminine qui entraient dans la ville, sans se
rendre comte que elles étaient venu pour lui depuis un très long voyage.
A vrai dire, le procureur s’attendait qu’elle arrive en groupe de plusieurs
personnes et s’est pour cela qu’il n’y s’y attendait pas encore.

Il trouva le temps long dans cette fraicheur de l’hiver en haut de cette
muraille. Le paysage lui était familier, mais au fond de lui-même il était
anxieux.

Pourquoi me diriez –vous, je vais vous le dire. La première est qu’il n’était
pas très sur d’être là.
La dernière fois, il y a quatre mois, il s’est retrouvé à l’endroit où il était
presque mort. Tout cela à cause dune mairesse qui a tourné sa veste et qui
a profité des mettre l’OST contre les défenseurs de la ville. Il en portait
aujourd’hui encore une très grosse cicatrice dans le dos qui ne s’effacera
jamais.
La deuxième raison de son anxiété est bien autre chose. Cela concerne une
charmante Dame. Plus précisément Luaine. Cela fait déjà un moment
que son amie lui avait écrit et elle n’était pas encore arrivée. Il se rappela
de leur première rencontre. Il en sourit un peu. Mais l’anxiété revenait
au gros galop. Pourquoi n’est-elle pas encore arrivée.

Que pouvait-il encore faire que d’attendre impatiemment que la fin de
son tour de garde se finisse et d’aller à la taverne se plonger dans un verre
de bière pour oublier cette peur qui le rongeait petit à petit.

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Alceste
La Saint Germain se retrouva les yeux écarquillés, les sourcils en mode accents circonflexes, les lèvres légèrement entrouvertes.
Elle regarda son amie et put lire un message qui certainement voulait dire « Dis rien » « laisse moi faire ! »
Oui, si vous avez bien suivi, vous savez qu’en un regard les deux brunes arrivaient à communiquer.
Donc reprendre un air moins étonné et faire comme si de rien n’était, attendre la suite qui ne devrait pas tarder.
Qu’avait donc imaginé Luaine ?

Quand elle compris sa phrase ou apparemment elle devait prendre la relève, elle faillit l’ouvrir - et ce pour changer - et lui demander si elle ne l’avait pas engager comme soldat. Elle savait pertinemment que son amie, avait toujours été attiré par les OST, les garnisons, les armes, la médecine, mais elle non, car elle n’aimait pas toute forme de discipline, de dictature de petit chef, et sur le coup les deux Périgourdines semblaient être tombé sur un sacré loustic.

Il ne semblait guère apprécier la compagnie féminine, un brin ronchon, et en plus les traitait de traîne-savates, elle marmonnait dans son coin, se disant qu’après des jours de route, elle aurait voulu bien voir si il lui aussi aurait été frais comme un gardon.
Elle sentit son regard se poser sur leurs trains arrière, tandis qu’elles avançaient, tous pareil, veulent pas de femmes de trop, mais reluquer, pas de soucis…
Haussement d’épaules un brin fataliste, avancer et ne pas piper mot.

Petit sursaut, quand elle sentit le soldat les dépasser et ce dans le but de faire les présentations au chef de la garde. Enfin des présentations, fallait le dire vite – la brune sourit à cette idée – c’était simplement pour lui dire qu’il avait trouvé la relève. Tant mieux dans le fond, car elles auraient été bien mal sans doute à dévoiler leur identité.
Ben, le deuxième semblait pas mieux complaisant, et de parler devant elle comme si elles étaient à des lieux, devait les prendre pour de la chaire à arbalète celui-ci.
Pas grave, Luaine devait avoir certainement un drôle de plan.

Elle les observait, le premier donnait au second, une gourde dont le breuvage ne le satisfit pas, il lui rendit aussitôt en lui lançant à la tête.
Elle évita l'effet rebond d’un petit mouvement d’épaules, et la regarda se déverser au sol.

C’est à ce moment là que l’ex chancelière, lui glissa une phrase dans l’oreille. Elle faillit pouffer de rire, mais ce dit que ce ne serait pas de bon ton, vu les circonstances et où elle se trouvait.
Mais quand Luaine prit la parole pour les annoncer et dire qu’elles étaient toutes les deux ici pour la relève, son sourire s’effaça très rapidement.
Elle n’avait pas vraiment imaginé son arrivée ainsi, elle avait plutôt pensé à un bon bain chaud, un endroit douillet, une tisane fruitée, quelques douceurs quoi !!

Quand Luaine partit sur sa tirade, qui n’était que mensonge, elle faillit ouvrir de nouveau grands les yeux, mais se retint.
Penser au plan qu’elle ne connaissait pas, mais penser au plan.
Approuver d’un petit geste de tête.


Moui… Nous rêvooons d’apprendre au mieux ce fort beau métier !!

Avait elle prit un air convainquant ? Elle en doutait fortement.
Allaient elle vraiment faire une garde ? Mais pourquoi ? Non d’une pipe, ne devaient elles pas chercher Heimdal ?
Elle regarda son amie qui portait son casque du mieux qu’elle pouvait et qui tangueait de l'avant à l'arrière mais lui faisait relever son petit menton, fièrement.
Elle lui faisait confiance, Luaine avait certainement imaginé le plan A, le B et le C dans la foulée.
Luaine
[Sur les remparts]

Pas besoin d’en dire d’avantage que l’ex procureur avait compris des signaux de détresse oculaires de Luaine. Leur cerveau méphistophélique pouvait rapidement se transformer en véritable usine à gaz.

Comme deux bons petits soldats novices, elles montraient leur désir d’apprendre et d’être meilleures ou comment passer de la pommade et pas en mince couche…
Le plan A semblait se dérouler sans anicroche et c’était du pain béni.

Alceste suivait mais devait bouillir intérieurement. Luaine lui avait dit qu’en arrivant, Heimdal avait du leur trouver un beau petit logis pour leur séjour. POUFfff ! disparus logis, âtre, lits douillets, baquets d’eau chaude….Plus pour longtemps espérait Luaine, qui prenait les rênes pour y parvenir.
L’accord leur fut donné pour qu’elles fassent la surveillance. Il fallait dire que Luaine était crédible en soldat et qu’Alceste, contre toute attente, l’était aussi.

Oufff, merci ma belle, tu as été parfaite. J’adore qu’un plan se déroule sans accroc. Tu fais très soldat tu sais.....
Bon, Heimdal doit faire surement la surveillance. Et je suis sûre qu’un parfait petit foyer nous attend quelque part. Il est noble dans tous les sens du terme et il s’est surement fait un devoir d’héberger comme il se doit, deux femmes. Enfin il pense qu’on est plusieurs. Il va surement mal le prendre de nous voir seulement à deux mais de toute façon c’est fait !!!!


L’enchevêtrement en pierres du chemin de ronde sur les remparts, faisait une petite artère chaotique autour de la ville. La Montfort accoutrée comme un petit soldat avec ses braies, sa chemise, ses cuissardes de cuir noir, sa cape en laine, son catogan et son épée à la ceinture avait un air goguenard avec son casque trop grand qui lui tombait sur le nez régulièrement. Son allure ne faisait pas vraiment sérieuse et elle s’en amusait avec son amie Alceste.
Luaine était un peu rassurée et espérait ainsi trouver Heimdal dans les parages. Dans le cas contraire, elle savait qu’il ne lui restait plus que la garnison et surement sa venue susciteraient des interrogations dont elle n’avait pas besoin.

Pour le moment elle préférait se dire que son entreprise allait aboutir et admira le paysage par-dessus les remparts le sourire aux lèvres. Ses yeux accrochèrent des petits nuages qui, tel des un écheveau tout blanc de soie lustrée, glissaient dans l’abime turquoise du ciel. Quand elle était enfant, elle aimait s’allonger dans les près et imaginer les formes des nuages, tantôt un loup, un dragon ou une main étendant ses phalanges sombres pour saisir le monde dans sa paume.

La brune sortit de ses rêveries enfantines quand elles croisèrent un groupe de soldats. Un salut de tête très stricte et voila que le casque retombe sur son nez. Quelques œillades vers les brunes.
Il n’y avait pas pléthore de soldats femmes de toute évidence et les regards s’attardaient un peu trop sur leurs formes.


Et dit moi ? Tu veux apprendre à voler par-dessus les murailles ? Sinon continue à nous regarder comme ça et tu vas battre des ailes comme un beau pigeon et surtout t’écraser au sol comme une belle fiente.

L’effet fut radical et les œillades d’étalon en rut cessèrent.
Luaine regarda Alceste.


Ben quoi ? Faut savoir leur parler avec tout le tact d’un ex chancelière. Tu as apprécié….

Un rire cristallin résonna au dessus de la ville quand la silhouette d’un homme qui scrutait l’horizon les yeux perdus dans la ville la fit cesser de rire.
Elle donna un coup d’épaule à son amie bigoudi. On aurait pu les appeler ainsi « bigoudi et bigouden ». Une brune aux cheveux frisés et une autre brune au sang armoricain.


C’est Heimdal qui regarde au loin. Je pense qu’il doit me chercher.
Il va vraiment mal le prendre qu’on soit venue à deux. M’enfin je suis ravie, je vais enfin te le présenter.

Les deux brunes s’avancèrent, le casque de Luaine toujours fixé sur son crâne à danser la gigue. Elle sourit en son for intérieur car elle pensait bien qu’il ne la reconnaitrait jamais dans cet habit masculin à souhait.
Elle se posta devant lui et le regarda. Seule une partie de son visage et ses prunelles émeraudes pouvaient la confondre. Son corps était d’ordinaire drapé dans des soieries et du taffetas en robes majestueuses et ses cheveux, toujours coiffés de jolis chignons ou parsemés de pierreries.
Sa lèvre inférieure fut mordillée pour essayer d’effacer un sourire trop présent. Aucun doute qu’il ne tarderait pas à la reconnaitre avec ce sourire qu’il connaissait bien. Elle vit ses yeux interrogateurs se poser sur elle, et puis soudain un sourire radieux qui illumina son visage. Il l’avait reconnue.


HEIMDAL !!!!

Elle laissa sa voix mélodieuse s’attarder sur son prénom, comme s’il eut été plus doux que le miel pour les rouges pétales de sa bouche.
Son large sourire montrait ses dents comme des graines blanches au sein d’un fruit écarlate.
Elle ôta le fardeau métallique de sa tête et vint le caler entre sa hanche et son bras, pour qu’il la distingue enfin et de son bras libre vint le serrer sur son cœur en l’embrassant sur la joue.


Enfin je te retrouve…

Elle planta ses sinoples dans les yeux du procureur.
Trop de choses à lui dire depuis leur dernière lettre et puis même si écrits restaient et les paroles s’envolaient, elle était ravie de pouvoir lui parler de vive voix, de le voir sourire et d’entendre sa voix.

….Je te présente Alceste. J'espère que tu ne t'inquiétais pas pour nous??!!!

Elle passa les détails de leur duo de femmes sur les chemins du Royaume mais il s’en rendrait vite compte. Trop attachée au savoir vivre, la brune n’osa pas soulever la question du repos des guerrières, même si elles rêvaient d’un bain et d’un lit. De toute façon, Luaine n’osa pas non plus avouer à Alceste que maintenant que le chef d’armée pensait que deux gardes étaient en faction, elles ne pouvaient plus redescendre. Il fallait prendre en compte la sécurité de la ville et le nombre de soldats devait être malgré tout respecté même si elles n’en étaient pas.
Heimdal devait déjà trouver passablement étrange de rencontrer la brune sur les remparts d’Alençon à faire un tour de garde. L’un et l’autre avaient déjà un tas de questions en suspend.
Quoiqu’il en soit, Luaine savourait le moment de leurs retrouvailles et le reste n’avait que peu d’importance.

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Heimdal
Quelqu’un l’appelait. Qui pouvait-il bien s’agir pensa-t-il ? Cette voix
lui disait quelque chose, mais une voix très familière à ses oreilles. Il
regarda en bas de la muraille. Il ne voyait personne. Bizarre cette voix ne
pouvait pas venir de nulle part. L’intendant tourna sa tête sur le coté et
deux personnes venait à son encontre. Heimdal fut surpris de voir deux
soldat qu’il n’avait jamais vu jusqu’à maintenant. En observant mieux, il
remarquait plus surpris encore que ce fussent deux dames.


Je ne vous ai jamais rencontré sur….

Le procureur n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que la première
dame enlève son casque et au surprise pour lui.


LUAINE….

Il resta bouche bée en la voyant devant lui. La bise sur la joue le
réveilla un peu de sa surprise. Par reflexe, il rendit le bisou à Luaine. La
surprise avait vraiment surplanté, il ne savait vraiment plus quoi dire.
C’est à ce moment que Luaine lui présente son amie Alceste qui le sort de
son mutisme.


Eeeuuhhh enchanté Alceste…

Heimdal se retourna vers Luaine et rajoute :

Mais qu’est-ce que vous faites ici ? Vous ne devriez pas être ici. Oui, je
me suis fait un vrai sang d’encre.


Beaucoup de chose passait dans l’esprit d’Heimdal, il fait un instant de
silence de quelques secondes pour recentrer un peu son esprit. Il regarde
les tenues des deux dames qui avaient le matériel d’un soldat d’Alençon. Il
en déduit qu’elles ont été embarqué pour faire de la garde par erreur ou
bien c’est ce qu’elles ont cherché à se faire enrôler. Donc elles étaient la
relève, sa relève.


Où sont passé les autres membres du groupe ?

Heimdal ne savait pas toujours qu’elles étaient venu à lui seule.
Heimdal sourit.


Je ne sais pas dans quel guêpier vous vous êtes mis, mais je vais devoir
vous laisser le tour de garde de 4 heures. Pendant ce temps, j’irai mener
vos affaires dans mon hostel particulier. Et je reviendrais vous cherchez
après votre garde.


La surprise passée, Heimdal était vraiment heureux de la voir devant
lui. Il voulait aussi lui parler, il avait tant besoin d’elle de son soutien.

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Luaine
[Elle a les yeux révolver, elle a le regard qui tue, elle m'a touchée la première....]

La rencontre improbable sur les remparts eut lieu pour la plus grande joie de la brune qui se mit à rire quand elle apprit qu’elles étaient la relève tant attendue. Un autre jour, elle expliquerait à Heimdal comment elles avaient pu en arriver là, en prenant la place de soldats de l’OST .La bigouden avait de la suite dans les idées quand elle voulait.

Je te raconterais nos exploits où comment deux périgourdines sont rentrées presque malgré elles dans l’infanterie de votre armée.

Les présentations furent faites, quand la question des autres membres du groupe fut soulevée.
Une moue légèrement contrariée se grava sur le visage de Luaine. Non il n’aimerait pas mais on ne pouvait plus revenir en arrière.

Disons qu’un malheureux concours de circonstances à fait qu’Alceste et moi avons du prendre la route seules. Mais tu sais, nous sommes deux grandes filles, nous sommes armées et pouvons être potentiellement dangereuses.

Un brun facétieuse, elle défia du regard son ami, le sourire aux lèvres.

C’était soit ça, soit ne pas venir. Le choix était restreint.

Et voilà le procureur à parler de chose qui fâche, comme la garde à terminer. Un peu plus et Luaine le traitait de rabat-joie. L’insouciante brune qui adorait l’imprévue et la fantaisie, était rayonnante de son aventure et cela même si elle devait rester quatre heures sur les remparts en patrouille. Par contre du côté de bigoudi, la pilule aurait du mal à passer. L’échine de Luaine frissonna en sentant un regard mauvais la foudroyer. Déglutissant soudain avec une extrême difficulté, elle savait qu’Alceste avait très envie de jouer à pigeon vole avec Luaine par-dessus la muraille des remparts.
Son casque n’y résisterait pas et encore moins le citron dessous.

Elle osa tourner le regard vers son amie avec une lenteur exagérée. L’affrontement devait avoir lieu. Prunelles de jade contre celles d’encre. Le suspense était à son comble. On sentait l’électricité flotter autour d’elles, elles auraient pu alimenter tout un village si la technique avait été plus avancée. Luaine risquait une combustion spontanée tant Alceste l’avait mauvaise. Les regards se soutinrent jusqu’au paroxysme, quand Luaine abaissa sa garde et regarda ses chausses. Elle avait eu tort et Alceste gagna le duel.

Pirouette cacahuète, il fallait rattraper le coup auprès de son amie.

Quatre heures de garde ? Puff de la rigolade. Alceste a été procureur deux mois et moi, chancelière, ça sera une sinécure pour nous de se balader sur les remparts....

Quelques fois dans la vie, on se sent seule. Personne ne peut vous aider et on a le désagréable sentiment de s’enfoncer dans un gouffre. C’est ce que ressentait Luaine à ce moment.

….Et puis on va rire, on va découvrir la ville et utiliser nos armes au besoin. On va chanter des chansons paillardes pour se mêler aux soldats plus vite....

Un large sourire fit découvrir toutes les dents de Luaine…Dents qu’Alceste avait surement envie de péter.
Elle referma la bouche dans le doute, rien n’était exclu avec Alceste dicte la souris.

Il était de doute façon impossible de rebrousser chemin et de partir des remparts pour une question de sécurité évidente. Alceste était intelligente et se doutait qu’elles ne pouvaient faire marche arrière.
Un doigt pointa du haut des remparts vers la petite charrette qui trônait à proximité de la grande place.


Regarde Heimdal, notre charrette est là-bas. Il y a nos deux baudets qui la tire et nos chevaux attachés à l’arrière. N’oublie pas de revenir nous chercher avec nos chevaux. Après quatre heures de patrouille, je pense que nous savourerons nos selles.

Deux billes sinoples le regardèrent avec un peu d’audace.

Heimdal, si je peux abuser de ton hospitalité, tu seras gentil de nous prévoir de quoi nous sustenter dès que l’on sera chez toi. Je pense que nos estomacs crieront famine.Je crois que nous allons nous mettre en marche. Il fait assez bon et tout ce passera bien.

Un baiser sur la joue d'Heimdal en guise d'au revoir et bientôt elles seront attablées, leur ventre plein avec l’espoir infini d’un baquet d’eau chaude et d’un lit douillet dans l'hotel particulier de son ami procureur. Luaine resta songeuse et lança un soupire bruyant à son grand étonnement. Quand elle entendit un ventre qui gargouillait. Regard vers Heimdal, regard vers Alceste…

Ce n’était pas un gargouillis intempestif mais le grondement d’un orage qui approchait.
OOOH MY GOD !!!
Maintenant Luaine sentait des carreaux d’arbalètes se planter dans tout son corps. Ce n’était que les yeux d’Alceste qui étaient chargés. Heimdal ne devait pas rester pour assister au combat de catch dans la boue qui allait suivre. Dire qu’elle avouait ne pas être faite pour l’armée, alors qu’elle était un arsenal militaire à elle toute seule. L’arme fatale.


Et bien nous te disons à plus tard. N’oublie pas de venir nous chercher dans quatre heures. Plus vite on commence et plus vite on fini.

Il fallait qu’elle reste à bonne distance d’Alceste qui pouvait la pousser du haut des remparts à tout moment. Luaine regarda partir Heimdal en souriant. Enfin la quête était finie. Elle se tourna vers sa brune.

Ma chérie, regarde le bon côté des choses. Tu avais les jambes engourdies de rester assise et on marche. Tu rêvais d’un baquet d’eau et tu vas avoir des trombes d’eau. Tu es une veinarde en somme.

Luaine se mit à courir devant en tenant son casque et à éclater de rire dans un bruit de cliquetis métallique du à son épée. Elle ne pouvait décemment pas rester à proximité du pied Alcestien en balançant un truc pareil, sous peine de se faire botter le fondement. La scène était truculente à souhaits.

Leur patrouille se passa sans grand heurt mais avec quelques gouttes de pluie qui se mirent de la partie. Elles avaient évité le déluge annoncé. Mais quand on est un chat noir, on le reste jusqu’au bout.
Elles vinrent juste calmer un peu quelques ivrognes en bas dans la ville qui faisaient du grabuge. Luaine fit valser son casque dans le groupe, celui-ci heurta la tête d’un suppôt de Bacchus et dissipa l’escouade de pochtrons, dans des grognements incompréhensibles. Un don de Dieu ce casque, il avait donc une fonction. HUMmmmm que ça plaisait à Luaine de retrouver ses anciens automatismes de soldat.
Les quatre heures passèrent et Heimdal revint au pied des marches avec leur chevaux pour rentrer enfin chez lui, se mettre au sec et se reposer.

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Alceste
Alceste avait son regard des mauvais jours, ses prunelles noires brillaient, et c’était sans parlé de sa moue boudeuse.
Elle fulminait et maugréait, se demandant bien ce qu’elle était venue faire dans le coin, en dehors d’une « relève », le mot l’a rendait d’une humeur massacrante.
Elle aurait bien voulu voir un des « reluqueurs » voler au bas des remparts, pour ne pas avoir à y envoyer son amie.
Souffler, respirer, garder son calme Olympien en toutes circonstance.
Facile à dire, pas simple à faire.

Un espoir arrive vite, Luaine semblait reconnaître Heimdal au loin. Ben ! Tant mieux, soudainement elle se sentit moins à cran.
Un sourire doucement changea son minois de boudeuse en celui d’une naufragée voyant au loin son sauveur.
Car qui disait Heimdal, disait plus de garde, la logique de la Saint Germain était assez basic quand elle manquait de sommeil.

Elle assista donc légèrement en retrait aux retrouvailles « sur remparts », échappant donc à ceux avec la mer, les mouettes, la plage et les chabadabada humm humm humm chabadabada….
Présentation de rigueur au sieur qu’elle n’avait eu l’heure de croiser.


Bonjour Heimdal enchantée !!

Et de rajouter à sa suite, quand il se mit à leur parler de sang d’encre.

Ben moi c’est du sang de boudin que j’ai faillit me faire, à force de tirer la tête tellement le bonheur me ravit de jouer au soldat !!


Elle avait à peine finit de murmurer ces mots.
Quelle se sentit de nouveau envahir par la colère, il leur annonçait qu’il fallait finir « the relève ».
Elle déglutit difficilement.
Ses yeux se fendirent, il devait blaguer, même si il n’en avait pas l’air. Regard éperdu vers son amie, pour chopper un sourire, et entendre la phrase magique « Mais non, on rigole Alceste ». Mais rien ne vint, sauf un regard Emeraude se tournant vers ses chausses.
Rien n’était plus sérieux que ces quatre heures qui allait arriver.
Elle faillit partir, et redescendre vers la charrette, mais sa droiture lui dit que sans doute ce n’était pas chose à faire, même si elle en avait rien à taper des gens du coin.
Et comme rien ne voulait ce passer comme tout aurait du ce passer, elle sentit une goutte de pluie s’abattre sur sa joue.
Mais bien sure !! Une douche gratis, en place d’un bain chaud.
Petit rire nerveux, pas joyeux, nerveux seulement, envie d’étrangler l’ex-chancelière.


Tu veux du savon peut être pour la tienne de douche, et puis peut être veux tu que je te frictionne le dos, je te le dis direct : TU REVESSSS !!!

Elle allait encore bouder et bouder, une Saint Germain qui boude en plus cela se voit comme un nez au milieu d’une trompette
Heimdal
Heimdal fit les gros yeux qu’elle lui dit qu’elles sont montées seules et
poussa un grand soupire de soulagement.


L’essentiel que tu sois ici en un seul morceau…

Puis regarde Alceste en souriant :

Pardon, en deux morceaux…

Heimdal se sentit beaucoup mieux, elle était enfin arrivée. Il avait
soudainement envie de lui sauté dans les bras, mais fait de la retenue par
rapport à l’entourage possible.


Je vais amener vos affaires à mon Hostel particulier qui est en
construction.


Heureusement qu’il avait commencé à le construire et qu’il avait 3
pièces et une cuisine habitable. Il ramassa ses affaires et donna un
bisou sur la joue sur le coin des lèvres de Luaine.


Je te retrouve plus tard..

Il se tourne alors vers l'amie de son amie et dit :
à toute à l’heure Alceste.

Heimdal partit remettre ses armes dans le campement des soldats. Oups
pensa-t-il, il a oublié de dire aux dames qu’il ne reviendrait pas avec les
chevaux. Ah ce n’est pas grave se dit-il.


Bref, il prit les baudets et tira la charrette. Quelques minutes plus tard,
il arriva devant chez lui.
Il détacha les chevaux et les baudets et les installa dans l’enclos où se
trouvait déjà Sleipnir. Il leur prépara le fourrage.
Tout ce qui se trouvait la charrette, fut rentré par Heimdal à l’intérieur
et en sécurité, elles n’avaient plus à prendre ce dont elles auraient
besoins. Il prépara les lits et le lieu pour recevoir ces dames dans des
conditions agréable et propre. Les 4 heures furent vite écoulées.
Entretemps le temps s'était gâté, l'orage était également de la partie. Il se
mit à sourire qu'elle devront marché sous cette pluie et les entendait déjà
se plaindre. Mouillé jusqu'à l'os, le procureur arriva vers le campement
pour récupérer ces gentes dames qui devaient soudainement arriver

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Luaine
[J'veux un hôtel a la rue de la paix]

Le crépuscule étendait son voile sombre où les couleurs s’estompaient peu à peu pour devenir un camaïeu de gris au noir. La garde sur les remparts d’Alençon avait pris fin et enfin, elles arrivèrent chez leur hôte juste quand le ciel se muait en funeste teinte. La Montfort tentait en vain de rester de marbre car être enfin avec son ami la rendait vraiment heureuse. Elle ne pouvait s’empêcher de lui prendre la main ou de se tourner vers lui pour lui sourire. Elle qui aimait les contacts tactiles réduit au strict minimum….Cela ne lui ressemblait guère.
Il faut dire qu’au tout début, elle avait fait une adorable moue boudeuse, ressemblant en tout point à Alceste, en le voyant revenir sans aucune monture. Il fallait qu’elle marque le coup comme toute femme qui se respecte et qu’elle soit un brin chiante mais chasser le naturel il revient au galop et à peine avaient-ils commencé à descendre la première ruelle, qu’elle le regarda en coin sans pouvoir réprimer un large sourire. Elle était bien comme jamais, malgré la fatigue qui se lisait sur le visage des deux jeunes femmes. Voyager plusieurs jours et finir en apothéose par une patrouille sur des remparts, ce n’était pas ce qu’on pouvait appeler un moment de plénitude et de calme.

Les portes de la demeure s’ouvrirent enfin et Heimdal avait fait décharger la charrette où leurs effets personnels trônaient au milieu du vaste salon. Il leur fit la visite des lieux, qui sentait cette odeur particulière du neuf. Dans certaines pièces de l’hôtel, les travaux n’étaient même pas encore terminés. Le maitre des lieux offrit à Luaine sa chambre, puisque lui-même devait loger à la garnison. Y’a que le piston dans la vie !!!!
La vaste chambre d’Heimdal était confortable et bientôt la malle y fut amenée. Le repas serait bientôt servi et il restait encore tant de chose à faire.
Une toilette digne de ce nom, qui ne serait pas du superflu et qui passerait en priorité. Sans compter qu’il fallait s’habiller d’une élégante tenue et écrire….Ecrire à ses quelques amis, ses peu d’amis. Associable par son côté sauvage, elle ne donnait pas facilement son amitié profonde mais elle était ensuite indéfectible.

Un baquet fumant siégeait devant l’âtre. Il y avait le même dans la chambre d’ami où s’installa son amie. Les gouttes du temps coulaient si vite qu’il ne fallait pas perdre une minute.
Une paire de cuissardes retombèrent sur le sol dans un bruit sourd puis vint le tour des braies et de la chemise. D’un geste délicat, elle dénoua ses cheveux puis les remonta en chignon négligée et se glissa dans ce bain délicieux qui était un appel à la luxure. Pas le temps de rêvasser à demi comateuse dans cette eau délassante à souhait. Tous ses muscles se dénouaient peu à peu et lui donnèrent l’impression qu’elle partait au pays des songes. Les yeux mi-clos, elle lava son corps de la poussière, de la fatigue. Ereintée, elle aurait tant aimé y rester des heures durant, pourtant il fallait que déjà elle s’habille.
Elle allongea son bras pour attraper le drap et se leva du baquet. L’eau ruissela sur son corps en fine ondée quand d’un mouvement précis, elle s’entortilla pour se sécher. Une goutte d’eau malicieuse et récalcitrante, échappa au séchage et roula entre ses omoplates, la faisant frissonner.
Drapée ainsi, elle ressemblait à ces statues romaines parées d’une toge, le visage sérieux et les yeux presque lointains, dans son corps d’albâtre.
Ses mains farfouillèrent dans sa malle pour en sortir une robe verte toute simple. Une trousse fut ouverte avec précaution comme si elle contenait quelques trésors. Elle en sortit sa brosse et se coiffa, puis un petit flacon fut ouvert et embauma l’air d’un parfum suave dont elle versa quelques gouttes au creux de sa poitrine.
Le drap tomba au sol pour la laisser dans son plus simple appareil et elle se vêtit sans plus attendre. Un dernier coup d’œil sur son allure dans la psyché de la chambre pour arranger une dernière mèche de cheveu indisciplinée et le tour était joué.

La brune farfouilla dans sa malle et en sortit quelques feuillets noués d’un ruban rouge. Elle s’installa sur le pupitre de la chambre avec son matériel de scribe. Trop peu de lettres à écrire pour que cela lui prenne du temps. Une, puis une autre et la dernière pour sa chère amie.

Citation:

Ma Léa,

J’ai quelques scrupules à t’avoir laissée seule en Périgord mais quand je suis partie, disons que tu étais occupée dans le bon sens du terme. Nous venons d’arriver avec Alceste en Alençon. Il faudra que je t’explique notre arrivée triomphale sur les remparts de la ville, je pense que cela restera épique.
Heimdal nous a bien reçut dans son hôtel particulier. L’endroit est cossu et sobre à la fois. Il a du goût.

J’ai la chance de loger dans son immense chambre mais ne va pas te faire de fausse idée, lui-même réside à la garnison. Je t’imaginais déjà le sourire aux lèvres et maintenant très frustrée de mon sérieux légendaire.
Nous restons quelques semaines ici puis nous reviendrons plus en forme que jamais. J’ai quelques projets dans mon petit cerveau tortueux qui sont à l’état d’embryon mais qui pourraient germer prochainement. Je t’en dirais plus de vive voix.

Sinon la ville est très belle vu d’en haut et je pense que pendant son temps libre, Heimdal nous fera visiter. J’ai su quelques nouvelles du comté qui m’ont quelque peu désappointée. J’ai même écris à Virginia pour la soutenir. J’imagine qu’être assaillit par une bande de brigands nains et être sans nouvelle d’une Comtesse muette ne doit pas vous remplir d’allégresse.
Je préfère ne pas épiloguer sur ce sujet intarissable tant l’énervement me prend aux tripes.

J’espère que tout va bien pour toi ma Léa. Si tu veux m’écrire tu sais à quel nom….Inutile que je te rappelle le nom d’Heimdal. Sa demeure est sur Alençon n’oublie pas.
Je ne m’attarde pas plus car le diner va être servi et je suis toujours assise, au bureau, dans la chambre, quelques tâches d’encre sur mes doigts, dans la précipitation de t’écrire.

Je t’embrasse fort, à tantôt. Que le très haut te garde.

Luaine

PS : Embrasse Coucou et Aleen.



Elle enverrait un coursier porter ses lettres le lendemain. Elle cacheta ses plis et descendit rejoindre Alceste et Heimdal pour le repas. Son allure avait considérablement changé. La Montfort passait du statut de guerrière à celui de femme élégante dans une simplicité absolue. On ne s’improvisait pas Monfort.

Quelques serviteurs étaient présents et vaquaient tandis qu’une bonne odeur flottait dans la maison. La brune prit place à table.


Tu as loué tes serviteurs pour l’occasion ou ils ont été livrés avec la demeure ?

Elle montra toutes ses petites dents blanches dans un sourire lumineux puis se tourna sur son amie.

Et bien Alceste, enfin tout vient à point à qui sait attendre. Je pense que tu as savouré ton bain et qu’on va se régaler ce soir, même si nous faisons un repas frugal…Je dis ça mais je sens une odeur alléchante qui me titille les narines et m’ouvre grandement l’appétit.

Le repas se fit dans la bonne humeur et dans la joie, Alceste semblait enfin ravi après un bain et une tenue correcte, son air renfrogné avait disparu. Heimdal avait le sourire, à vrai dire avec deux jolies brunes à table comment pourrait il en être autrement et Luaine,….Aucun mot pour décrire le fait d’être sur Alençon, avec sa brune et….son très cher ami avec lequel elle correspondait et celui dont elle voulait tant estomper les blessures secrètes.
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Leanice
(Dans les jardins de son Manoir)

Alors qu'elle était entrain de se morfondre et tourner en rond, ne sachant pas encore qu'elle décision elle allait prendre, elle vit arriver au bout de l'allée un jeune homme qui avait tout l'air d'un coursier.
Il avait à la main une missive qu'il agitait en souriant .. elle pressa le pas pour venir à sa rencontre et s'empressa d'ouvrir la lettre ..

Petit à petit au fil des lignes son visage semblait s'apaiser sans toutefois lui redonner la joie de vivre qu'on avait pu apercevoir ces derniers temps au fond de son regard ..

- Pouvez-vous attendre je vous prie, je vais m'empresser de faire la réponse ..

Elle courut jusqu'à son bureau ou d'une plume décidée elle se vit coucher, sans tous les détails, les quelques explications à son amie...

Citation:
Ma très chère Luaine,
Il est tellement agréable de recevoir quelques nouvelles de toi ma chère et tendre amie en ces temps de déceptions.
Vois tu, je ne puis passer le bonjour à Coucou, oui les symptômes de la folie se sont immiscés en lui et je ne le reconnais plus.
j'ai hâte de tout te raconter dans les moindres détails même si cela ne m'enchante point! je pensais avoir enfin trouver ma moitié mais tu sais ce que l'on dit : un noble ne peut se mêler à la roture, il aurait pu être l'exception mais c'est tout l'inverse, il l'a confirmé!!!

Par contre je suis très heureuse pour toi, et non, il n'y a pas eu de sourire sur mes lèvres, ou un très très faible, après tout tu me connais ...
Oh mon amie, j'aimerai tellement que tu sois près de moi afin que tu me fasses songer à autre chose et que nous nous éloignons de ce monde de déments.
Toi seule est capable de me rendre mon sourire, ma joie de vivre et mon insouciance.....si seulement ma fille était la également, vous feriez la paire toutes les deux!

Mais ce jour viendra!! tu vas voir et la gente masculine pourra bien se tenir, Léa sera de retour!!!

je t'embrasse très fort ma chère Luaine

Léa


Après avoir consciencieusement apposé le cachet sur sa missive elle alla rejoindre le coursier afin de lui remettre ...

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Heimdal
[hostel particulier]

Heimdal s'attendait un peu que les deux femmes fassent la tête, mais
pour lui cela jouait pas trop un rôle. Il avait peut-être agit par égoïsme,
mais il pouvait ainsi profiter du chemin pour regarder Luaine. A chaque
fois que la gente dame était à sa proximité, son cœur s'accélérait, de plus
elle arrivait à lui faire oublié tout ses soucis en un clin d'œil.
Arrivé à l'Hostel, il présente les lieux aux deux dames. Il partit ensuite se
changer, afin d'être plus présentable pour le repas. Ayant du temps avant
le diner, il veilla qu'elles ne manqueront de rien. Pendant ce travail, le
procureur pensa à Luaine, il ne savait pas pourquoi il avait tant d'attirance
pour elle. Il se rappela de leur première rencontre qui fut encore présente
dans son esprit. Depuis ce jour, il avait toujours un faible pour elle. Le procureur avait été
présent pour elle. Maintenant elle lui donne en retour le soutien qu'il lui avait donné. Aujourd'hui, la tendance avait
inversé et elle était là pour lui. Le soutien qu'elle lui donne valait tous les trésors
du monde. Le temps passa très vite pour lui, puisque c'était déjà l'heure du repas.

A table, devant deux charmantes dames, il avait le sourire. Pendant le repas
son regard partait très souvent en direction de l'ex-chancelière. Elle était
magnifiquement habillé comme à son habitude.


Les serviteurs sont là uniquement là pendant votre séjour parmi nous.

Le repas se poursuivit avec joie et bonne humeur. La soirée passait très vite
lorsqu'on était de bonne compagnie et là c'était vraiment le cas. C'était le moment à
Heimdal de quitter les lieux et de rejoindre la caserne. Il salua les deux dames
avant de partir. Le procureur avait le cœur un peu triste de devoir les laisser
seules dans son Hostel et qu'il devait rejoindre la garnison.


J'espère pouvoir te voir demain. Dit-il à Luaine. J'aurais deux
bonnes heures de libre demain entre deux gardes.


Il avait l'espoir de la voir le lendemain. Il prit le chemin du retour
au campement, en ayant qu'une seule pensée à l'esprit.

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Luaine
[J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer, Au souffle du vent]

Les deux brunes logeaient maintenant dans l’hôtel particulier d’Heimdal sur la capitale. Lui, était obligé de dormir dans la caserne pour les surveillances et avait laissé sa demeure à disposition des deux femmes. L’endroit était agréable et sombrement décoré. Luaine aimait le goût du procureur. Les tapisseries et les bibelots n’avaient rien d’ostentatoire. Bien sûr la brune aimait voir les dorures clinquantes des châteaux mais pas pour y vivre. Elle voyait un peu le faste comme un tableau vivant, grandeur nature. Mais qui voudrait vivre dans une oeuvre d’art ?

Le temps passait délicieusement sur Alençon. Quand Heimdal partait faire ses patrouilles, Alceste et Luaine visitaient la ville, fréquentaient les échoppes et les salons. Puis quand Heimdal rentrait, Luaine le rejoignait dans son bureau, pour s’assoir dessus, les jambes balançant et le regardait travailler d’un œil bienveillant. Il aimait cela et elle aussi. Il assumait la charge de bailli et n’avait le loisir de s’amuser à sa guise.
Ensuite, ils sortaient. Il la prenait par la main en l’attirant dans sa course pour voir un jongleur de rue ou un montreur d’ours. Ils regardaient le spectacle comme deux enfants, main dans la main.
Un autre soir, ils s’enroulèrent dans de sombres capes et montèrent en douce sur les remparts pour voir ensemble le coucher du soleil, qui embrassaient le ciel de mille feux et qui, semblait dévorer le toit des maisons de la ville. Il avait passé son bras autour d’elle avec prévenance.

Ils étaient amis depuis très longtemps maintenant et sa venue en Alençon, avait pour but de lui faire oublier l’état de santé de son épouse. Depuis qu’elle n’avait plus aucune charge qui la retenait en Périgord, elle avait décidé d’un voyage pour lui changer les idées. Cette visite lui faisait aussi un bien fou. Elle n’avait plus été insouciante depuis…Depuis….Depuis toujours lui semblait il.

La brune était heureuse et attendait avec de plus en plus d’impatience son arrivée dans sa demeure. Luaine commençait sérieusement à se poser des questions sur son amitié mais elle préférait lâchement éluder toute introspection dans ce domaine.

Un soir alors qu’elle dormait dans le magnifique lit que lui avait laissé le maitre de maison, Luaine regardait le feu qui crépitait dans l’âtre en rêvassant. Les flammes rougeoyantes réchauffaient la pièce et laissaient ses ombres danser sur les murs. Un énorme édredon sur elle, Luaine se tourna et enfouit la tête dans son oreiller quand elle sentit une personne entrer dans le lit. Son cœur fit un bond et elle leva vivement la tête quand elle vit Heimdal. Son visage souriant la regardait avec amour. Elle ne put que lui rendre ce sourire, ne pouvant penser à autre chose que sa douce présence à ses côtés.
Instinctivement, elle s’approcha de lui et posa sa tête sur son épaule sans une parole. Il caressa son visage avec une douceur infinie puis l’embrassa. Sa bouche s’approcha de la sienne pour ensuite mieux la fuir puis elle revient y gouter avec une brutalité passionnée.
Puis elle sentit sa main virile descendre sur sa jambe puis remonter en la caressant, faisant ainsi relever sa chemise de nuit sur ses hanches. La brune frissonna de plaisir de sentir cette main sur sa peau. Ses baisers devinrent fiévreux et leurs gestes plus sensuels. Les caresses se firent plus libertines et leur corps devinrent l’expression de leur amour.
Peu à peu les frôlements devinrent des attouchements impudiques et leurs baisers se transformèrent en gémissement. L’affaire ne va pas sans un petit cri mais bientôt résonne entre les murs une autre mélodie, les mains se crispent alors sur les draps, les ongles s’enfoncent de plaisir dans la chair et des crocs viennent mordiller une épaule dans l’enthousiasme du moment, et enfin l’union charnel, celle qui fait que le corps ne se contrôle plus quand il est pris de spasmes, de contorsions d’un plaisir si intense qu’on en devient brasier.

Brusquement Luaine se redressa sur le lit en haletant presque. Elle tourna la tête du côté de son amant mais rien….Elle était seule. Tout ceci n’avait été qu’un rêve.
Elle mit sa main dans ses cheveux, ôtant une mèche de cheveu indisciplinée qui tombait sur ses yeux, s’interrogeant sur ce qu’elle ne voulait voir. Après ce rêve si…..chaud, intense, ardent, charnel, passionné….Cela semblait si réel qu’elle en était toute chamboulée….

Luaine se leva et commença les cent pas sur l’épais tapis entre le lit et la cheminée. Son confesseur, il lui fallait son confesseur.
Non pas que Luaine était bigote mais elle était pieuse. Le très haut allait la foudroyer sur place d’avoir des pensées si libertines pour un homme marié dont la femme agonissait lentement. Par Aristote et Christos, elle était un monstre. Ce rêve si sensuel ne l’avait pas troublé par son côté érotique, si un peu tout de même mais elle n’était pas une vierge effarouchée, elle avait passé l’âge, mais par la révélation de ses sentiments.

Le père Franck…..Elle aurait aimé crier son nom dans la chambre et le faire apparaitre sur le champ mais cela était impossible, le père était sur Sarlat.
Comment pouvait-elle avoir ce genre de sentiments ?
Elle ne l’avait pas voulu. Il était marié !!!! Heimdal était marié…..Elle ne devait pas. C’était contraire à tous ses principes.

D’une main tremblante, elle prit une plume et un vélin. Elle devait écrire une lettre maintenant. Ses pensées seraient surement confuses mais elles seraient criantes de vérité. Elle ne pouvait plus éluder ce qu’elle ne voulait s’avouer.

Citation:

Mon très cher Père Franck,

Par quoi commencer ?

Mon esprit est si confus mais je dois vous tout vous dire.
Comme vous savez, je suis partie sur Alençon pour voyager. Le but de ce voyage était de faire retrouver le sourire à un ami très cher dont la femme est mourante. Il ne fait que travailler et peu à peu il se renferme dans l’isolement. Je voulais lui donner un peu de joie de vivre. Qu’il retrouve les couleurs de la vie, cette vie qui devient pour lui un carcan.

Depuis mon arrivée, je dois dire que j’y arrive. Je l’entends rire et mon cœur bondit de joie. Nous nous promenons en discutant de chose et d’autres et laissons de côté les souffrances et les malheurs, juste pour un temps. Il est inutile de parler de sa femme. Je sais qu’il la dans le cœur a chaque instant et je souffre pour lui de le voir si triste mais le temps que nous passons ensemble semble avoir l’effet d’un baume, cicatrisant ses blessures.

Je ne voulais réellement me l’avouer jusqu’à lors, mais de récents évènements m’ont fait prendre conscience que mes sentiments d’amitiés se muaient en sentiments amoureux. Plus nous passons du temps et plus je constate que je suis bien à ses côtés, que sa présence me manque quand il n’est pas là.

Mon père, vous savez aussi combien je respecte le livre des vertus et ses préceptes. Sur le fait qu’il faut faire le bien. Il est marié et sa femme est mourante. Je me fais l’effet d’un monstre d’avoir de telles pensées pour lui.
J’aimerais tant que vous soyez là….

Je me sens seule en proie à ses pensées impies. Je sais qu’elles ne sont pas dignes de moi mais pourtant je ne peux les refréner. Elles me font du bien et me tourmentent en même temps.
Je suis au supplice.
Mon père venez moi en aide, je vous en conjure.

Affectueusement

Luaine de Walsh-Montfort



Elle, qu’il appelait affectueusement « celle qui sent le varech », espérait toute l’indulgence du père. Il était important pour elle qu’il la comprenne sans la juger et la guide dans son désarroi.
La lettre serait envoyée le lendemain à la première heure par un coursier.
Il fut impossible pour Luaine se retrouver le sommeil cette nuit là. Elle resta prostrée sans son lit avec ses questions sans réponse, à regarder les flammes lécher l’âtre comme si les réponses s’y trouvaient. Les volutes cinabres l’hypnotisaient.
Et si Heimdal ne l’aimait pas ?
Et si au contraire il l’aimait aussi ?
Comment oser regarder Heimdal dans les yeux, sachant quel monstre elle était. Elle se languissait déjà d’une réponse potentielle de son confesseur.
Il fallait s’avouer qu’elle était enivrée du plaisir de le voir, de l’entendre, de la douceur de le sentir à ses côtés, au bonheur plus grand de pouvoir faire le sien. Elle était sans puissance et sans force, à peine lui en restait il pour combattre, elle n’en avait plus pour résister. Elle frémit du danger sans pouvoir le fuir.
La situation devenait trop compliquée.

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Franckshinatra
Comme souvent, le jour suivant une messe redoutable - tant physiquement que mentalement - par la brillance des termes choisis, le maigre prélat prenait un peu de temps pour sa seule personne. Certes ses gouts n'avaient rien d'extraordinaire, et ses habitudes ascétiques convenaient à la plupart de son temps. Il se réservait néanmoins toujours la première heure du lundi pour ce qu'il appelait sa "nonchalance autorisée". Le seul plaisir personnel, à vrai dire, d'un homme tout entier consacré, sinon, au Très Haut.

Dans sa petite cellule, au confort des plus sommaires, pour ne pas dire teutons, le sylphide vicaire recoiffait sa mèche, lentement, d'une main aux doigts fins et aux ongles impeccables. et comme il était encore assis sur le bord sans douceur de sa couche, il regardait par le même temps s'éveiller ses orteils. Voilà qui augurait bien, sans doute... Vivacité heureuse d'appendices souvent délaissés par d'autres... Le blond aimait ses doigts. Il les trouvait gracieux, et si tant parfaitement conçus que même ses sandales s'en trouvaient belles !

Le rituel se poursuivit avec une ablution lente, et pensive. Le corps déjà émacié du vicaire semblait avoir encore souffert ces derniers jours. Mais le cœur qui battait faisait qu'un sang, toujours prompt à la vie, parcourait les canaux avec encore plus de force qu'il n'en aurait fallu à deux bœufs. Et la friction de la toile de lin sur la peau fragile finit d'en donner une carnation moins lunaire, du coup. robe de travail, étole simple, et sandales lacées, il lui restait encore le temps...

Il s'assit donc à sa petite table de travail, non sans avoir assuré qu'une jatte de lait épais soit déjà à sa disposition. Le blond aimait à manger son lait, tout en lisant son recueil favori qui traitait des racines et tubercules comestibles, dans la région septentrionale de Sigoulès. Sous la table, une brebis était encore endormie, blottie contre une laie. Le calme, sans doute, faisait aussi partie de la magie de ce moment. Les deux bestioles finiraient, elles aussi, par se réveiller et rendre les jours à venir plus délicates, mais pour l'heure, elles semblaient convenir que rien ne devait déranger la joie silencieux du maigre religieux. Le repos, pourtant fut écourté...

Un petit messager, guère plus âgé de six ans, vêtu comme il avait pu, pénétra la sphère que le blond avait pourtant imaginé inviolable, et remuait un pli sous son nez. Le gamin sentait la vache... Et ses doigts noirs avaient souillé une bonne partie de la lettre, de sorte que le blond ne reconnu pas de prime abord l'écriture. Un quignon et un bol de lait plus tard, le petit repartit avec un sourire qui donnait l'idée que son ventre allait mieux qu'à son arrivée ! et le blond décacheta le pli, désormais odorant. La vache, sans aucun doute, il savait pourquoi. Mais l'autre odeur... Plus discrète, en retrait, mais... Et tout en lisant le visage du père se figea et perdit la couleur qu'il avait eu tant de peine à retrouver auparavant.

Combien de temps lui fallut-il pour reprendre ses esprit ? Et ramasser le courrier qui avait glissé de sa main, sans qu'il s'en rende compte, en fin de lecture ? Une seconde ? Une minute ? Il lui fallut en tout cas le même temps pour pousser la jatte et le livre, virer les bestioles d'une sandale sans équivoque - ce qui provoqua des couinements de désapprobation quant à la manière peu amicale du message - et de se saisir de sa plume de travail, et d'un vélin vierge. Mais par où commencer ? La pauvre Monfort ! Elle en avait donc encore sous le pied ! Fallait-il qu'elle ait encore à subir une épreuve ?

Puis... la plume plongea dans le pot de terre... et sa pointe se mit à tracer un mot, puis deux... puis des lignes...

Citation:
Chère Monfort,

Ma fille,

Je dois avouer que l'honneur que vous me fîtes en choisissant mon conseil est aussi grand que la gène que je ressens à vouloir tenter cet exploit.

Vous n'êtes pas sans savoir que nos talents divergent, quant à la chose dicte de l'amour. Aussi, malgré mon expérience qui n'arriverait sans doute pas à faire rougir la plus intransigeante des duègnes ibériques, je ne puis qu'entendre votre désarroi.
Alors, je vous conjure, avant tout, de ne point en vouloir à l'homme de Dieu que je suis, et encore moins à l'homme.

La vie que vous décrivez, ma fille, est malheureusement d'une redondance régulière ici bas. Ce qui fait de nous des hommes, et des femmes, dignes c'est de savoir où se trouve la justice.
Certes, ils arrivent que certains, par paresse, ou simple ignorance, se contentent des offres, sans considérer la portée du reste.
Certes, d'autres préfèrent fuir et s'enfermer au plus profond de leur solitude, sans courage ni respect pour le Très Haut qui a pourtant donné matière à ce que ses enfants puissent entrevoir la vérité.

Mais, je vous connais trop bien, pour ne pas pouvoir vous mettre dans ces catégories sans tant peu crédibles. Alors, que faire ? J'entends déjà votre question... et mon sourire qui en découle ne saurait pourtant remettre notre amitié en danger, encore moins mon devoir de berger à votre égard.

Aussi, pour que votre supplice soit interrompu, il ne me vient que deux solutions :

Amour il y a ? En ce cas, gardez vous de commettre l'irréparable. Votre honneur sera le garant de votre sincérité. Et priez que la femme qui se tient entre deux cœurs aie la bonté de pardonner vos pensées, car il ne s'agit pour l'heure que de cela, n'est ce pas ? La chose saura bien attendre, ma fille, que le veuvage soit officiel, et que le grand deuil soit consommé.

Amour il n'y a pas ? En ce cas, je vous garde de rester plus longtemps, et vous engage au rentrer au plus vite !

Mais quoi qu'il en soit, et qu'il vous en coute, rien d'autre ne saurait se produire que des conversations chastes et toutes repentantes quant à la situation de la pauvre épouse.

Je me doute bien, ma fille, que mes mots ne seront d'aucun secours, car cette épreuve, après tout, vous est destinée en propre. Mais sachant les désarrois qui vous avez du subir, sachez que je fais confiance en votre jugement et resterai votre allié divin, ici... ou la haut !

Que la lumière qui est refusé à l'un, profite à l'autre !

Père Franck


Le petit tampon ferma la missive. L'odeur de l'encre était partout dans la petite cellule, et le blond dut attendre un instant avant d'ouvrir le fenestron.
Luaine
[Ams, tram, gram, pic et pic et épigramme]

Les jours passèrent comme autant de vagues sur l’océan, tantôt calme et apaisante, tantôt démontée et laminée sur la grève. Quand elle faisait fi de ses sentiments, quand elle arrivait à mettre de côté sa sombre dualité, elle se comportait normalement avec Heimdal, c'est-à-dire avec tendresse et prévenance. Puis quand elle songeait de trop à son comportement inacceptable, elle restait un peu en retrait à afficher des sourires forcés pour pallier à son manque cruel d’estime de soi.

Le courrier était attendu tel le messie sur la mer rouge, celle bien sûr de son amie Léanice mais aussi celle du père Franck, son confesseur. Bien loin d’elle de lui avoir tout expliqué en détail, il faut dire pour sa décharge qu’elle se voyait mal commencer une lettre pour le prélat en disant, « je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »….Il comprendrait l’essentiel de sa lettre à savoir qu’elle tombait amoureuse d’un homme qui n’était pas libre et basta cosi.

Elle pressentait bien quelques homélies du Père, la mettant en garde et la poussant à rejoindre le troupeau des brebis égarées mais au fond d’elle-même le voulait-elle vraiment ? Il la mettrait au pied du mur, face à elle-même. Cela allait être désagréable mais elle en avait besoin.
Une hideuse facette de sa personnalité pointait son nez, une facette qu’elle n’aimait pas car elle sentait bien que tout cela étaient des sentiments mauvais. Il lui languissait que sa femme trépasse…mais quelle femme qui se disait respectable pouvait penser ce genre de chose ?

Sentiments mauvais….Aimer, pouvait-on se contrôler ? Aimer, pouvait-on se freiner ? Aimer, pouvait-on être atroce en ressentant ce sentiment?
Son esprit devenu sibyllin la torturait. Elle aurait voulu prendre le visage d’Heimdal entre ses mains et l’embrasser à chaque instant, savoir le goût de ses baisers et savoir qu’elle ne pourrait plus s’en passer. La brune aimait les choses simples et bien définies et cette posture ne l’était pas. Par Aristote comme elle aimerait qu’il lui dise que ses sentiments étaient partagés….

« Je t’aime !!! »…Des mots, des simples mots, comme ils étaient terribles. Quelle clarté en eux, quel éclat, quelle cruauté. Impossible de leur échapper. Et cependant quelle magie subtile.
Elle voulait un amour fort et pur. Elle voulait que tous les amoureux disparus de l’univers ressentent son bonheur et se mettent à geindre. Elle voulait qu'ils entendent le son de sa passion, que leurs corps s’éveillent et qu'ils la haïssent….Elle voulait aimer et être aimée à cette hauteur. Il n’était pas déraisonnable de penser que c’était surement pour cela que la brune était célibataire.

Un coursier arriva, lui remettant une lettre de son amie Léanice. Elle savait que cette lettre la ferait sourire, la tirant quelques secondes loin de ses soucis. Des mains fines et blanches se hâtèrent d’ouvrir cette lettre mais aucun sourire n’illumina sa lecture. Son amie allait mal…Cette lettre la plongea dans la mélancolie. Elle referma le pli et rangea celle-ci dans sa malle.

La tournure des évènements lui dictait qu’il était temps pour Alceste et elle de repartir en Périgord mais son cœur désirait tout autre chose. L’ex diplomate voulait trouver les mots pour dire à Heimdal ce qu’elle ressentait, mais la peur de la morale et la peur de Dieu lui fit perdre tout courage. Enfin, par une matinée baignée de soleil, un petit coursier arriva avec une lettre. D’une main ferme et le regard cloué sur cette missive, la brune le remercia, sans pouvoir détacher son regard de l’écriture déliée du prélat.
Elle s’assit sur le rebord d’un fauteuil dans le grand salon en attendant Heimdal qui devait venir en fin de matinée. Le recto où siégeait l’adresse et son nom fut lut et relut comme pour reculer cet instant inéluctable de parcourir ses mots. Elle effleura du bout de ses doigts le papier, en caressant les lettres écrites de la main du prélat. Le gracile blond n’avait pas pour habitude de mâcher ses mots et lui jetterait surement l’anathème.
Fondement posée comme sur le banc de l’église de Sarlat, elle écouterait son prêche sauf qu’aujourd’hui il était personnel. Elle devait surement faire pénitence pour cette confession intime mais elle savait le vicaire plein de bonté à son égard et surement de compréhension.
Un long soupire se fit entendre et le courage fut pris pour ouvrir cette lettre en réponse à sa profession de foi.
Ses émeraudes lurent imperturbablement ses lignes.

Soudain l’émotion fut grande et ses yeux papillonnèrent pour évacuer quelques embruns d’eau salé qui dévalaient sur ses joues. La Montfort eut l’impression d’entendre la douce voix du sylphide, pleine de bienveillance à son égard, juste à ses côtés.
Il savait toucher son cœur et lui dire les mots, les mots qu’on ne veut entendre mais qui sont l’évidence. Les mots que dirait un père à sa fille.
D’un revers de la main, la brune vint essuyer ses larmes. Elle s’enfonça dans le fauteuil, la lettre à la main en pensant à toutes ses paroles. Non…Il ne l’avait pas accablé, il savait que cela était inutile.
Sa tête bascula sur l’encadrement en bois du fauteuil et elle regarda le plafond, les yeux perdus dans le vague. Son regard hagard et immobile donnait l’impression qu’elle avait perdu la raison.

Ses pensées se heurtaient à un mur de tristesse, d’incompréhension, de colère aussi….
Elle l’aimait et elle devait le quitter….Le très haut la mettait encore à l’épreuve pour la énième fois.
Les rayons du soleil entraient en flots obliques par la fenêtre où dansaient une poussière dorée, elle avait le cœur en miette et aurait voulu que les nuages se gonflent de pluie pour avoir ses sentiments coordonnés au ciel.

Maintenant elle en était sûre, elle devait partir, expliquer à Alceste et mentir à Heimdal.
Quelques instants plus tard, elle trouva le courage de remonter dans la chambre et de répondre à ses deux courriers.

Citation:

Ma chère Léa,

Je pensais que ta lettre allait me mettre du baume au cœur mais évidemment elle n’eut pas l’effet escompté.
Les femmes donnent aux hommes l’or même de leur vie mais immanquablement elles demandent le remboursement en petite coupure et là en général, il n’y a qu’un vide devant soi.
Ils aiment recevoir mais pour donner c’est une autre rengaine.

Ne soit pas triste, ne soit pas déçue, c’est encore une leçon qui ne te tuera pas. Une piqure brûlante aussi cruelle que perverse mais elle ne durera pas.

J’aimerais être à tes côtés pour te consoler et je serais bientôt de retour. Il s’est passé quelques évènements qui me forcent à rentrer au plus vite. Tu vas surement en rire mais chaque jour un peu plus, Heimdal entre dans mon cœur. Je ne peux m’y résoudre sachant qu’il est marié. Je vais souffrir et je ne le veux pas. Etre soi-même l’artisan de son malheur, se déchirer le cœur de ses propres mains pour sentir à chaque instant qu’on peut les faire cesser d’un mot et que ce mot soit un crime, avoue que c'est plutôt pervers.

Je prépare mes affaires et m’en vais tantôt pour te rejoindre en Périgord.
Par Aristote si tu savais ce qu’il m’en coute de le quitter….

Je pense très fort à toi ma Léa et t’embrasse.

Que le très haut te garde.

Luaine



Citation:

Mon très cher Père,

J’ai reçu votre lettre qui m’a remplit d’une vive émotion. Je suis un peu à fleur de peau et vos mots m’ont bouleversé. Votre discours est emprunt de charité et tolérance envers ma personne. J’attendais peut être des paroles plus dures, celles sans doute que j’ai envers moi-même.

Mais vous n’avez été que bonté, éclairant ma route qui est si sombre en ce moment. Vous êtes mon étoile divine, la providence qui guide mes pas vers la sagesse et la rédemption.

La peine qui m’accable aujourd’hui reviendra surement demain et encore après…Penser à le quitter ou penser à rester me torture. Je sais combien vous avez raison. Je me dois de partir en espérant mieux le retrouver. Je pense que mes sentiments sont partagés et que le destin nous réunira.

Le très haut met peut être notre amour à l’épreuve si tant est qu’il m’aime autant. Par pudeur et respect pour sa femme, je pense qu’il ne m’en aurait de toute façon pas parlé mais pourtant ses yeux me le disent à chaque moment passé ensemble, ses gestes me le dévoilent et je sens aussi que ses lèvres ont envie de me le chanter mais il ne faut pas que je le laisse faire. Il s’en voudrait ensuite et aurait une mauvaise opinion sur sa personne. Nous en souffririons tous les deux.

Voilà mon père, cette missive a pour but de vous informer que vos mots ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde. Je vous ai demandé votre aide et vous me l’avez donné, sans aucune contre partie et comme à votre habitude. Vous avez toujours été présent pour moi et mes remerciements seraient en deçà de la réalité.

Vous me trouverez bientôt au presbytère pour un lait chaud en votre compagnie. Vous aurez surement encore quelques heures à perdre à me rassurer que le très haut à surement un plan pour moi pour m’en vouloir à ce point.

Mon très cher Père, merci pour vos paroles et votre compréhension. Merci de ne pas m’avoir jetée la première pierre et d’avoir fait preuve d’indulgence à mon égard. Merci d’avoir ouvert votre cœur assez grand pour me faire parvenir votre amour. Votre brebis égarée rentre au bercail avec le cœur en poussière.

Affectueusement.

Luaine



Une fois les lettres écrites et cachetées, toutes ses pensées convergeaient vers Heimdal et de la force qu’elle devait trouver en elle pour le quitter sans rien lui avouer.

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