Luaine
Le temps pouvait avoir une échelle très variable. Certaine fois il sétendait à nen plus finir ou dautres fois il défilait avec une rapidité déconcertante. Luaine navait pas écrit à Heimdal depuis son arrivée en terre limousine. Bien sûr le frère de celui-ci parti avec un bref message à transmettre en repartant sur Alençon mais ses activités ne lui avaient pas vraiment laissé le loisir de se poser assez pour écrire une jolie lettre. Mensonge
.Si le temps elle laurait trouvé mais elle navait pas trouvé les mots à lui dire.
Ils sétaient écrit leur amour et elle ne devait plus en parler car cela la rendait triste. Les mots peinaient à se coucher sur le papier car seuls des mots damour sortaient naturellement alors quil ne fallait pas. Une certaine distance était de mise pour éviter despérer de trop ou de voir apparaitre un voile de tristesse.
Faire semblant, Il fallait se mentir et nêtre que de très proches amis sans faire mention dun sentiment amoureux. Leur liaison était peut être vouée à léchec avant même davoir commencé ou tout au contraire, cette épreuve renforcera encore plus leur amour naissant.
Quand un coursier lui tendit un pli, quelle ne fut pas sa joie de voir le sceau dHeimdal. Son sourire illumina son minois. Sa journée commençait à peine et elle prit cette lettre comme un cadeau, comme sa récompense de fin de journée.
La missive resterait cachée et elle du se faire violence pour la garder scellée jusqu'à ce quelle trouve le temps de la savourer pleinement.
Le reste de la journée fila comme les autres, entre larmée et sa présence sur une liste comtale, il lui restait peu de temps. Si en Périgord, elle avait délaissé larmée au profit de la chancellerie, en Limousin, elle avait délaissé les dentelles de la diplomatie pour le froid de lacier, pour son plus grand bonheur.
Vous pouvez enlever une femme de larmée mais pas larmée de la femme. Elle avait le goût de la castagne dans le sang.
De matines à complies, son labeur narrêta pas. Puis enfin, elle put se poser et savourer la lecture de son trésor, seule sur un promontoire rocheux au bord du lac cristallin. Son sourire seffaça rapidement à la lecture des premières lignes. Elle sétait imaginé quil lui parlerait sans doute de son nouveau poste de capitaine royal, quil lui dirait quelques mots à demi cachés sur son amour si fort mais il nen fut rien. Les nouvelles concernaient sa femme. Luaine savait quelle était gravement malade mais depuis tout ce temps, elle sétait raconté des histoires pour éviter de trop y songer. Soit elle s'était dit que sa femme irait mieux dans lavenir ou que sa maladie stagnerait ad vitam æternam. Mais les choses semblaient saccélérer dans le bon sens ou pas ..Pour qui !!!
Juste quand il recevait son grade de capitaine voilà que la santé de son épouse déclinait.
Cest avec lenteur que les yeux de la Montfort restèrent accrochés sur le vélin. Elle sentait sa souffrance mentale comme physique. La femme quil chérissait et la mère de ses enfants rendait lâme. Elle sentait les sentiments dHeimdal qui étaient partagés entre la tristesse, le soulagement et surement le remord. Comment ne pas le comprendre car elle ressentait les même sentiments. Si elle avait eu une baguette magique, elle aurait fait en sorte de rendre la santé à sa femme même si cela aurait entrainé la fin de sa liaison avec Heimdal mais au moins, elle laurait su heureux avec sa femme et leurs enfants, quitte à le perdre.
Mais elle nétait pas magicienne et avait déjà longtemps prié pour que sa santé soit meilleure. Maintenant il lui restait à prier pour quAristote prenne soit delle et que ses souffrances sabrègent.
Son cur se déchira dimaginer lhomme quelle aimait dans une telle tourmente alors quelle nétait pas près de lui à lui tenir la main, à être lépaule qui pouvait porter sa peine et ses larmes.
Elle eut une pensée pour ses enfants. Fort heureusement ils étaient si petits Mais tout de même.
Sa lèvre inférieure fut mordue, sur un visage plein daccablement. Il voulait des bonnes nouvelles Il en avait de belles. Comment voulait il quelle soit pleine dentrain et enjouée alors que lui était au plus mal. Elle aurait voulu souffrir à sa place, pleurer à sa place mais cest lui qui supportait toute cette peine et elle devait être forte pour deux.
Ses sentiments étaient étranges. Ils étaient comme ceux dHeimdal. Devait-elle en avoir honte ?
Dun côté elle était vraiment si triste pour leurs enfants et lui, dun côté si désolée de nêtre pas près de lui et un tout petit côté lui disait que bientôt, après le deuil, ils pourraient se retrouver et saimer. Monstruosité bien humaine de penser cela. Pour lheure il navait pas besoin dune amante mais dune amie pour porter ses peins.
Elle resterait à sa place tant quil le faudra et même davantage. Il fallait laisser le temps le temps pour que les choses se fassent dans un dénouement spontané.
Pour lheure, la grande faucheuse aspirait la vie du corps de sa femme, il ne devait avoir que cela en tête. Une ombre planait sur sa maison et bientôt les ténèbres.
Le pli fut rangé et il nétait pas le trésor espéré mais il était la passerelle, la main tendue à une amie pour recevoir le réconfort, pour alléger une peine immense. Elle serait cette amie, comme elle lavait toujours été. Peut être ne trouverait-elle pas les mots justes mais elle dirait des mots qui viennent du cur. Il ne voulait apparemment pas une lettre trop pleine de compassion mais il voulait une lettre pleine de vie. Il voulait oublier cette faucheuse pour penser à la vie qui continuait malgré tout. La tâche était ardue. Elle ne pouvait pas être indifférente à son chagrin mais ne voulait pas quil trouve une lettre qui le dévasterait encore davantage.
Tout le chemin jusquà sa masure, elle le fit perdue dans ses pensées qui étaient toutes vers lui. Elle ne savait même pas si elle avait croisé un voisin, une connaissance, non Elle était si préoccupée.
Enfin dans sa maison, elle se posa lourdement sur une chaise. Le coude sur la table et le menton au creux de sa main, son regard se plongea dans le vide. Pourquoi nétait elle pas là bas, à le prendre par la main, lui caresser les cheveux, il avait besoin delle et elle de lui.
Luaine se mit à écrire en ravalant ses larmes.
Ils sétaient écrit leur amour et elle ne devait plus en parler car cela la rendait triste. Les mots peinaient à se coucher sur le papier car seuls des mots damour sortaient naturellement alors quil ne fallait pas. Une certaine distance était de mise pour éviter despérer de trop ou de voir apparaitre un voile de tristesse.
Faire semblant, Il fallait se mentir et nêtre que de très proches amis sans faire mention dun sentiment amoureux. Leur liaison était peut être vouée à léchec avant même davoir commencé ou tout au contraire, cette épreuve renforcera encore plus leur amour naissant.
Quand un coursier lui tendit un pli, quelle ne fut pas sa joie de voir le sceau dHeimdal. Son sourire illumina son minois. Sa journée commençait à peine et elle prit cette lettre comme un cadeau, comme sa récompense de fin de journée.
La missive resterait cachée et elle du se faire violence pour la garder scellée jusqu'à ce quelle trouve le temps de la savourer pleinement.
Le reste de la journée fila comme les autres, entre larmée et sa présence sur une liste comtale, il lui restait peu de temps. Si en Périgord, elle avait délaissé larmée au profit de la chancellerie, en Limousin, elle avait délaissé les dentelles de la diplomatie pour le froid de lacier, pour son plus grand bonheur.
Vous pouvez enlever une femme de larmée mais pas larmée de la femme. Elle avait le goût de la castagne dans le sang.
De matines à complies, son labeur narrêta pas. Puis enfin, elle put se poser et savourer la lecture de son trésor, seule sur un promontoire rocheux au bord du lac cristallin. Son sourire seffaça rapidement à la lecture des premières lignes. Elle sétait imaginé quil lui parlerait sans doute de son nouveau poste de capitaine royal, quil lui dirait quelques mots à demi cachés sur son amour si fort mais il nen fut rien. Les nouvelles concernaient sa femme. Luaine savait quelle était gravement malade mais depuis tout ce temps, elle sétait raconté des histoires pour éviter de trop y songer. Soit elle s'était dit que sa femme irait mieux dans lavenir ou que sa maladie stagnerait ad vitam æternam. Mais les choses semblaient saccélérer dans le bon sens ou pas ..Pour qui !!!
Juste quand il recevait son grade de capitaine voilà que la santé de son épouse déclinait.
Cest avec lenteur que les yeux de la Montfort restèrent accrochés sur le vélin. Elle sentait sa souffrance mentale comme physique. La femme quil chérissait et la mère de ses enfants rendait lâme. Elle sentait les sentiments dHeimdal qui étaient partagés entre la tristesse, le soulagement et surement le remord. Comment ne pas le comprendre car elle ressentait les même sentiments. Si elle avait eu une baguette magique, elle aurait fait en sorte de rendre la santé à sa femme même si cela aurait entrainé la fin de sa liaison avec Heimdal mais au moins, elle laurait su heureux avec sa femme et leurs enfants, quitte à le perdre.
Mais elle nétait pas magicienne et avait déjà longtemps prié pour que sa santé soit meilleure. Maintenant il lui restait à prier pour quAristote prenne soit delle et que ses souffrances sabrègent.
Son cur se déchira dimaginer lhomme quelle aimait dans une telle tourmente alors quelle nétait pas près de lui à lui tenir la main, à être lépaule qui pouvait porter sa peine et ses larmes.
Elle eut une pensée pour ses enfants. Fort heureusement ils étaient si petits Mais tout de même.
Sa lèvre inférieure fut mordue, sur un visage plein daccablement. Il voulait des bonnes nouvelles Il en avait de belles. Comment voulait il quelle soit pleine dentrain et enjouée alors que lui était au plus mal. Elle aurait voulu souffrir à sa place, pleurer à sa place mais cest lui qui supportait toute cette peine et elle devait être forte pour deux.
Ses sentiments étaient étranges. Ils étaient comme ceux dHeimdal. Devait-elle en avoir honte ?
Dun côté elle était vraiment si triste pour leurs enfants et lui, dun côté si désolée de nêtre pas près de lui et un tout petit côté lui disait que bientôt, après le deuil, ils pourraient se retrouver et saimer. Monstruosité bien humaine de penser cela. Pour lheure il navait pas besoin dune amante mais dune amie pour porter ses peins.
Elle resterait à sa place tant quil le faudra et même davantage. Il fallait laisser le temps le temps pour que les choses se fassent dans un dénouement spontané.
Pour lheure, la grande faucheuse aspirait la vie du corps de sa femme, il ne devait avoir que cela en tête. Une ombre planait sur sa maison et bientôt les ténèbres.
Le pli fut rangé et il nétait pas le trésor espéré mais il était la passerelle, la main tendue à une amie pour recevoir le réconfort, pour alléger une peine immense. Elle serait cette amie, comme elle lavait toujours été. Peut être ne trouverait-elle pas les mots justes mais elle dirait des mots qui viennent du cur. Il ne voulait apparemment pas une lettre trop pleine de compassion mais il voulait une lettre pleine de vie. Il voulait oublier cette faucheuse pour penser à la vie qui continuait malgré tout. La tâche était ardue. Elle ne pouvait pas être indifférente à son chagrin mais ne voulait pas quil trouve une lettre qui le dévasterait encore davantage.
Tout le chemin jusquà sa masure, elle le fit perdue dans ses pensées qui étaient toutes vers lui. Elle ne savait même pas si elle avait croisé un voisin, une connaissance, non Elle était si préoccupée.
Enfin dans sa maison, elle se posa lourdement sur une chaise. Le coude sur la table et le menton au creux de sa main, son regard se plongea dans le vide. Pourquoi nétait elle pas là bas, à le prendre par la main, lui caresser les cheveux, il avait besoin delle et elle de lui.
Luaine se mit à écrire en ravalant ses larmes.
Citation:
Mon Heimdal,
Par quoi commencer, que te dire pour que tu ressentes ma chaleur à tes côtés ?
Je te comprends mieux que personne et sais combien tu dois être tiraillé par toutes sortes de sentiments contradictoires.
Ta peine arrive à filtrer à travers tes écrits et je suis au supplice de te sentir si mal.
Jaimerais trouver les mots qui agiront sur toi comme un baume. Mais jai bien peur dêtre dune banalité affligeante.
Je voudrais te dire en premier lieu que mes sentiments pour toi nont pas changé mais je ne pense pas que ce soit le moment pour métaler la dessus.
Tu veux surement retrouver en ce moment la douce amie, toujours présente pour panser ses blessures, et bien je serais celle là.
Pense à tes enfants et à ta femme, nous aurons le temps pour nous plus tard, beaucoup plus tard. Maintenant tu dois faire en sorte que ta femme parte en sentant tout ton amour pour quelle puisse rejoindre le très haut en toute quiétude. Parles lui de vos enfants et promet lui que tu prendras soin deux.
Le très haut va bientôt prendre soin delle et elle sera bien. Ses souffrances senvoleront et tu verras son sourire dans chacun de celui de tes enfants. Elle sera toujours présente dans ta vie.
Je sais quelle va te manquer et jespère que mon épaule pourra adoucir tes sentiments. Si je peux je viendrais près de toi mais je ne sais quelle est vraiment ma place. Surement à mi chemin entre un démon et un ange. En ce moment je men veux davoir de tels sentiments pour toi et pourtant je ny peux rien.
Je veux te faire oublier lespace de quelques lignes que nous sommes loin lun de lautre et la peine que tu ressens.
Jaimerais être drôle et te divertir comme lorsque nous étions ensemble sur Alençon. Je crains de ne point y arriver. Je voudrais tamuser et te raconter mes aventures rocambolesques de soldat, mais je nai pas le cur à rire. Tout ce que je peux te dire cest quici cest chez moi .Et chez toi quand tu le voudras ou en ressentiras le besoin.
Malgré la distance mes pensées taccompagnent, je suis auprès de toi. Ferme les yeux et tu le sentiras. Je serais toujours là pour toi.
Ta luaine qui tembrasse.
Mon Heimdal,
Par quoi commencer, que te dire pour que tu ressentes ma chaleur à tes côtés ?
Je te comprends mieux que personne et sais combien tu dois être tiraillé par toutes sortes de sentiments contradictoires.
Ta peine arrive à filtrer à travers tes écrits et je suis au supplice de te sentir si mal.
Jaimerais trouver les mots qui agiront sur toi comme un baume. Mais jai bien peur dêtre dune banalité affligeante.
Je voudrais te dire en premier lieu que mes sentiments pour toi nont pas changé mais je ne pense pas que ce soit le moment pour métaler la dessus.
Tu veux surement retrouver en ce moment la douce amie, toujours présente pour panser ses blessures, et bien je serais celle là.
Pense à tes enfants et à ta femme, nous aurons le temps pour nous plus tard, beaucoup plus tard. Maintenant tu dois faire en sorte que ta femme parte en sentant tout ton amour pour quelle puisse rejoindre le très haut en toute quiétude. Parles lui de vos enfants et promet lui que tu prendras soin deux.
Le très haut va bientôt prendre soin delle et elle sera bien. Ses souffrances senvoleront et tu verras son sourire dans chacun de celui de tes enfants. Elle sera toujours présente dans ta vie.
Je sais quelle va te manquer et jespère que mon épaule pourra adoucir tes sentiments. Si je peux je viendrais près de toi mais je ne sais quelle est vraiment ma place. Surement à mi chemin entre un démon et un ange. En ce moment je men veux davoir de tels sentiments pour toi et pourtant je ny peux rien.
Je veux te faire oublier lespace de quelques lignes que nous sommes loin lun de lautre et la peine que tu ressens.
Jaimerais être drôle et te divertir comme lorsque nous étions ensemble sur Alençon. Je crains de ne point y arriver. Je voudrais tamuser et te raconter mes aventures rocambolesques de soldat, mais je nai pas le cur à rire. Tout ce que je peux te dire cest quici cest chez moi .Et chez toi quand tu le voudras ou en ressentiras le besoin.
Malgré la distance mes pensées taccompagnent, je suis auprès de toi. Ferme les yeux et tu le sentiras. Je serais toujours là pour toi.
Ta luaine qui tembrasse.
Elle aurait voulu le faire rire, lui raconter sa bévue dans la mine pour sauver des gens, ou son passage à la garnison avec un vieux soudard qui lavait prise pour une espionne ou encore ses amusements avec Léanice.
Mais comment rire alors quelle le savait si mal. Seule dans la petite bicoque, Luaine resta prostrée. Elle replia le pli quelle enverrait au chant du coq.
La nuit se passa les yeux ouverts à réfléchir, à essayer dêtre en communion avec lui. Une nuit entière réveillée à penser à lui, à elle, à eux.
La fin de sa femme annonçait la naissance possible de leur amour. Partagée entre deuil, amour et malaise, Luaine se demandait encore une fois, comment elle pu se trouver dans une pareille situation. Dans le pire ou le meilleure des cas, elle sera la femme qui passe en second ou alors la femme qui a fait oublier une morte. Pile ou face, quimporte où tomberait la pièce, elle naurait pas le bon rôle.
Elle ne pouvait que prier pour trouver la force daffronter tout cela la tête haute et avec autant de force pour soutenir lhomme quelle aimait et qui avait besoin d'elle.
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