Anne_blanche
La salle des pas perdus avait toujours paru fort vaste à Anne. Au début, elle avait mis au compte de sa petite taille le sentiment de solitude qu'elle éprouvait chaque fois qu'elle la traversait. Puis elle en avait pris son parti. Tout, à l'Académie, était vaste, haut, large, ... et silencieux.
Située à l'aplomb de la Coupole, la salle des pas perdus possédait une particularité : quand on chuchotait, tourné vers la muraille, toute personne située le long du mur, au point diamétralement opposé, percevait parfaitement les murmures. Plus d'une fois elle avait rêvé d'emmener ici sa sur, et de jouer avec elle à échanger des chuchotis à travers l'espace. Maintenant que Blanche avait prononcé ses vux définitifs, le jeu n'aurait jamais lieu.
L'on était à la veille de recevoir Sa Majesté Béatrice, Reine de France. La salle des pas perdus avait perdu en dimensions ce qu'elle gagnait en luxe. Un espace, au centre, avait été délimité par des tapisseries des Flandres, disposées de façon à laisser passer la lumière. Les dalles du sol avaient été recouvertes de tapis empruntés aux hôtels particuliers d'amis ou de parents. L'Académie n'était point si riche qu'elle pût se permettre de telles dépenses. Les tables qui recevraient le buffet étaient déjà dressées, les nappes immaculées n'attendaient plus que les vins, liqueurs, confiseries et pâtisseries qu'on y déposerait à la dernière minute ; on ajouterait parmi les guirlandes de feuillages - sauge, dernières feuilles sèches de chêne, lierre à profusion - les premières fleurs de saison.
Anne regarda autour d'elle, avec circonspection, tournant lentement sur elle-même à la recherche de la moindre faille. L'Académie n'était pas riche, mais il était hors de question de ne point recevoir la reine avec tout l'apparat que l'on pouvait se permettre, même s'il ne rivaliserait jamais avec les fastes du Louvre.
Elle venait d'être choisie par ses pairs comme Grand Académicien Royal. Après la visite de Sa Majesté, elle aurait le temps de savourer comme il convient le plaisir de marcher dans les pas de feu son père, le vicomte Valatar.
Pour l'instant, toute son énergie était tournée vers la réception du lendemain.
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Située à l'aplomb de la Coupole, la salle des pas perdus possédait une particularité : quand on chuchotait, tourné vers la muraille, toute personne située le long du mur, au point diamétralement opposé, percevait parfaitement les murmures. Plus d'une fois elle avait rêvé d'emmener ici sa sur, et de jouer avec elle à échanger des chuchotis à travers l'espace. Maintenant que Blanche avait prononcé ses vux définitifs, le jeu n'aurait jamais lieu.
L'on était à la veille de recevoir Sa Majesté Béatrice, Reine de France. La salle des pas perdus avait perdu en dimensions ce qu'elle gagnait en luxe. Un espace, au centre, avait été délimité par des tapisseries des Flandres, disposées de façon à laisser passer la lumière. Les dalles du sol avaient été recouvertes de tapis empruntés aux hôtels particuliers d'amis ou de parents. L'Académie n'était point si riche qu'elle pût se permettre de telles dépenses. Les tables qui recevraient le buffet étaient déjà dressées, les nappes immaculées n'attendaient plus que les vins, liqueurs, confiseries et pâtisseries qu'on y déposerait à la dernière minute ; on ajouterait parmi les guirlandes de feuillages - sauge, dernières feuilles sèches de chêne, lierre à profusion - les premières fleurs de saison.
Anne regarda autour d'elle, avec circonspection, tournant lentement sur elle-même à la recherche de la moindre faille. L'Académie n'était pas riche, mais il était hors de question de ne point recevoir la reine avec tout l'apparat que l'on pouvait se permettre, même s'il ne rivaliserait jamais avec les fastes du Louvre.
Elle venait d'être choisie par ses pairs comme Grand Académicien Royal. Après la visite de Sa Majesté, elle aurait le temps de savourer comme il convient le plaisir de marcher dans les pas de feu son père, le vicomte Valatar.
Pour l'instant, toute son énergie était tournée vers la réception du lendemain.
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