[RP] Un Seigneur pour Tlaxcalla

L'Emplumé s'avançait sur le sol dallé. Le large couloir richement orné de scènes représentant les ancêtres et les mythiques histoires de la création du monde menait hors de la vaste Calli de la tribu Aztlàn. Depuis combien de temps n'avait-il pas foulé le sol de Tlaxcalla-la-divine, capitale Seigneuriale qui accueillait autrefois le Tlatocan fondateur en son sein?
Des lunes entières étaient passées depuis sa dernière visite officielle -ses déplacements au Grand-Temple n'étaient que peu visibles- et la vaste cité avait bien changé. De petite ville accueillant quelques centaines de jeunes guerriers ambitieux, attirés par l'aura de l'empereur-dieu Moctezuma, Tlaxcalla s'était peu à peu muée en un gigantesque complexe guerrier et économique, coeur de l'un des plus grands empires du monde connu.
D'ici quelques jours seulement, Guyhom serait à nouveau désigné comme Tlatoani d'Occident et reprendrait donc la charge qu'il remplissait avec une ferveur toujours plus grande. Alexius quant à lui, nourrissait d'autres projets. Il songea aux jours bienheureux du règne de Mittys, alors que son autorité était reconnue partout en Tlaxcala, que ce soit dans ce qui deviendrait plus tard l'Orient, ou dans ce que deviendrait dans le même temps l'Occident.
Il songea à ses longues discussions avec Kalamite et Lauratacc quant au devenir de la Seigneurie, lorsque Mittys s'éteignit. Au final, rien ne fut décidé faute d'une personne reconnue à la fois en Orient et en Occident. Le refroidissement des relations entre les deux provinces avait eu raison de cette vieille question qui avait été enterrée. Désormais, les choses avaient changé. Les six lunes de guerre avaient totalement réconcilié les deux provinces soeurs et la puissance était de nouveau à portée. Il ne manquait plus qu'un seul élément, chaînon manquant, empêchant l'établissement total de la puissance Tlaxcaltèque de jadis. L'ancien y pensait et y repensait depuis des années. L'heure était venue. Il avait pris sa décision.
Paré de ses plus beaux atours, coiffé de sa lourde couronne de plumes, portant bracelets et colliers d'or, d'argent, d'électrum et équipé de sa massue de cérémonie, Alexius sortit de la demeure familiale et s'immergea dans la clarté bienfaisante du dieu-soleil Nanahuatzin. Entouré d'une escorte d'esclaves qui portaient des offrandes destinées à Camaxtli, dieu protecteur de la Seigneurie, celui que l'on disait sage avança lentement vers la vaste place d'où partait une monumentale volée de marches aboutissant à la pyramide Seigneuriale.
Ses esclaves lui ménagèrent une route parmi la foule, écartant sans vergogne les marchands étrangers, repoussant la nuée humaine. Lorsqu'ils parvinrent enfin sur le parvis de la pyramide, Alexius se retourna et fit face au peuple Tlaxcaltèque. Nombreux étaient ceux venus de loin, répondant aux innombrables missives envoyées pour avertir de la tenue d'une annonce importante et déterminante.
Après avoir pris son inspiration, il commença:

Mes soeurs, mes frères !

Je viens à vous en tant que simple Tlaxcaltèque, désireux de servir les dieux et notre empire.
La Seigneurie vit depuis trop longtemps sans tête. Aveugle, sourde, muette, elle ne peut aspirer à sa soif de grandeur telle que nous la vivions du temps du divin Mittys, Seigneur-dieu de Tlaxcalla-la-puissante.

Alors qu'Orient et Occident se rapprochent chaque jour un peu plus, nous devons nous préoccuper de ce qui doit se produire. Comme se plaisait à le dire Mittys, "Tlaxcalla est l'infini !". Mais notre grande Seigneurie ne pourra retrouver sa gloire d'antan qu'en retrouvant son fonctionnement d'antan.
Nous attendons depuis bien des lunes qu'un choix s'impose de lui-même et avons toujours repoussé l'échéance d'une décision qui ébranlera profondément l'ensemble de nos institutions.
Nous devons choisir un nouveau Seigneur pour diriger nos corps et guider nos âmes !

Les dieux ne nous accorderont leur soutien que lorsque nous, frères de sang, saurons nous exprimer d'une voix commune, étrangère aux luttes intestines. C'est alors que nous pourrons surmonter tous les obstacles qui s'élèvent aujourd'hui sur notre route.
Unissons-nous derrière un chef capable de nous guider et qui saura propager le message de piété, d'entraide, de sagesse et de force que nous vénérons plus que tout: Le Tonalamatl.

Mes soeurs, mes frères.
En ce jour je me présente devant vous, non pas en tant que Cuamanthèque, pas plus qu'en tant qu'Occidental, mais bien en tant que Tlaxcaltèque.
J'annonce devant les dieux tout-puissants ma volonté de succéder au divin Mittys -puisse son nom perdurer jusqu'à la fin de notre monde.
Vous me connaissez. Vous savez quels sont mes idéaux et jusqu'où je suis prêt à aller pour défendre nos lois les plus sacrées et apporter conseils et assistance à ceux qui ont besoin d'aide pour trouver leur voie.
Vous savez également que je ne cède jamais à la facilité de choix hâtifs et inconsidérés, que je mesure les répercussions de chacun de mes actes et de mes paroles.
Vous savez que je respecte la sagesse et la force, les deux principes qui forment la base de Tlaxcalla.
Enfin, vous connaissez tous la valeur de ma parole, à laquelle je n'ai jamais failli, tant par principe que par nature.

Telles sont les garanties que je vous offre. Tel est désormais le choix que nous devons faire, pour le bien de notre Seigneurie !

Mes soeurs, mes frères.
Relevons enfin la tête et contemplons ensemble toute l'étendue de notre fragile puissance, que nous devons nous efforcer de renforcer et d'étendre.
Ne plions plus jamais l'échine devant qui que ce soit, car nos seuls maîtres sont les dieux immortels qui ordonnent nos destinées depuis la merveilleuse cité céleste de Tùla.
Reprenons ensemble la place qui nous est dûe car telle est la destinée que Camaxtli, protecteur de notre Seigneurie, nous a attribué !
Soyons fiers de ce que nous sommes !
Faisons honneur à nos ancêtres !
Gloire à Tlaxcalla l'éternelle, qui renaît de ses cendres !

L'Emplumé se tut. Dans ses paroles enflammées transparaissait l'amour qu'il portait à sa terre et sa fierté de faire partie du peuple Tlaxcaltèque.
Il défendait les valeurs premières de Tlaxcalla depuis l'unification des tribus par le grand Moctezuma. Toute sa vie, il avait respecté et promulgué le Tonalamatl. Aujourd'hui, il désirait le transcender.
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May Chaos reign! Darkness and Chaos will grow! Chaos and Darkness will always be here!

Le chihuahua entendit le discours de son amis, certes il n'avait jamais personnellement connu ce fameux Mittys, mais de ce qu'il en savait, et de ce qu'il savait d'Alexius, il savait que son ami allait être à la hauteur. Une fois que celui-ci eu terminer de parler. il tenta de prendre la parol, Oulaup dit:

Peuple de Tlaxcalla, frères et sœurs qui êtes ici, regardez bien Alexius d'Aztlàn, Grand Prêtre de Quetzalcoatl, voyez comme dans ses paroles enflammées transparait l'amour qu'il porte à sa terre, notre terre, et sa fierté de faire partie du peuple Tlaxcaltèque.

[...]

Gloire à Tlaxacalla! Gloire à toi Alexius le tlaxcaltèque!


à ces derniers mots, Stonelink se se dit que rien n'était rajouter, étant donné que son amie avait exposé une pensée similaire à celle du Jaguar,il sourit avant de :

Gloire à Tlaxcalla! Et gloire à Alexius!


Puis, il salua le Prêtre avant d'observer la suite des évènements.
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-Chihuahua de la Tribu Tlaxcaltèque (Chef des Prêtres-Guerriers)
-Tecuhtli de La province Occidentale

Saku simple guerrière en vadrouille avait pris la peine d'aller au pied de la Grande Pyramide pour écouter le Grand Prêtre, bien qu'elle ne le connaissent pas personnellement, elle en savait suffisamment sur lui pour avoir une opinion. Il faut dire qu'il faisait parler de lui le Grand Prêtre, en bien ou en mal selon les périodes et les interlocuteurs, mais il avait tellement oeuvrer pour Tlaxcalla, qu'on pouvait difficilement lui reprocher quoi que ce soit.

Elle l'écouta attentivement, acquiesçant à chacune des paroles prononcées par les uns et les autres. Il serait surement le plus apte à jouer ce rôle. reprenant avec la foule elle aussi cria, frappant de sa massue son bouclier

Gloire à Tlaxacalla! Gloire à toi Alexius le tlaxcaltèque!
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Alexius en avait fait du chemin... Ascalion, lui, n'avait pas eu cette chance. Ou plutôt pas la motivation. Alors qu'il était au début respecté dans tout l'Occident, il n'était maintenant plus qu'un simple guerrier aigle. Mais cela lui suffisait.
Son frère, Alexius, avait fait beaucoup plus ! Tête de liste, puis Tlatoani, et maintenant Seigneur peut-être ? On pouvait être fier de la famille Aztlàn !

Tout naturellement, Ascalion avait donc assisté au discours de son frère. Pour l'occasion, il avait revêtu sa tenue de guerrier, massue dans la main, plumes de couleur sur sa coiffe.
Il était monté jusqu'au parvis de la pyramide, pour se placer aux côtés de son frère. Naturellement, il s'était mis légèrement en retrait. Ce n'était pas lui que l'on voulait regarder, aujourd'hui.
Alexius était charismatique, et ses paroles respiraient la puissance. Il était le Seigneur dont Tlaxcalla avait besoin, c'était certain.

A la fin du discours, la foule hurlait, et scandait son nom.

Bravo mon frère.... lui souffla-t-il à l'oreille.
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Chérie était très occupée par sa propre province, mais cela ne l'empêchait pas de s'intéresser à ses voisins occidentaux.
Puisque c'était Alexius qui le premier l'avait prévenue des élections des Huey Tlatoani, et qu'il lui avait parlé de sa candidature, et puisqu'il était ici maintenant pour se présenter à toute la province, et même aux yeux des autres..

Elle ne se joignit pas à l'illustre foule mais se permit un commentaire:

"Tlaxcalla peut être fière d'Alexius Aztlàn"
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Alexis est un grand curieux. Il écoute ce qui se dit. Il essaie de comprendre. Et au fil des lunes qui passent, il assimule,fait son chemin, affute ses idéaux et ses croyances. Il ne les affirme pas encore pour la simple raison qu'il prend méfiance de tout ce qu'on veut bien lui inculquer ou faire de ce qu'on veut de lui.

Il prendra donc tout le temps qu'il faut. Avancera selon son vécu, son passé, ses promesses à venir, ce qui découlera de tous ces événements qui feront de lui, l'homme qu'il veut être et non point, ce qu'on veut bien voir de lui.

Il observa longuement Alexius. Chercha son regard pour plonger dans le sien et jauger ce qu'il en était vraiment de cet homme à cette minute précise à son égard. Alexis sourit.

Il jette un oeil rapide sur ceux et celles qui viennent confirmer leur adoration pour l'emplumé.

On en apprend tellement en une fraction de minutes sur la présence, les mots et les gestes. La plupart lui sont inconnus ou bien de lointains souvenirs à effacer de sa mémoire.

Il attendit un peu, curieux de voir la suite des venues en ce lieu.
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Polya, toute nouvelle calpullec de Mazapa avait tout de même trouvé le temps de porter ses pas vers la Grande Pyramide. Elle avait eu écho du discours de son grand prêtre et il était plus que naturel pour elle de venir l'écouter en ces lieux.
La prêtresse s'était posté légèrement en retrait, depuis sa sortie du temple elle avait tendance à éviter les bains de foule et ses anthracytes restaient rivées sur lui. Alexius, elle l'avait toujours connu tout comme elle avait connu Mittys et particulièrement bien connu Atecoatl, son chef coyote qui vouait comme elle, un véritable culte à Huehuecoyotl. Elle avait souvenance de l'amitié qui avait uni l'Emplummé à celle à qui elle pensait encore régulièrement, Kalamite. Elle savait tout ce que l'homme public avait accompli dans toute sa vie, quant à l'homme privé, elle ne le connaissait que peu mais il était évident pour elle que les deux entités se rejoignaient et qu'il était l'homme fédérateur dont la Seigneurie avait besoin. Tlaxcalthèque dans l'ame, Polya l'avait toujours été, s'efforçant même au plus profond des conflits de toujours rester neutre face à la province qui l'avait vu naître et celle qui l'avait adoptée. C'est toujours pour Tlaxcalla et le Tonalamatl qu'elle s'était battu et oeuvrait toujours et elle était fière encore plus aujourd'hui de son Grand Prêtre.
Elle sourit aux acclamations de Oula et l'amazone fendit la foule de sa démarche souple et gracieuse et vint simplement incliner le front devant son futur Huey tatloani.La prêtresse ne prononça aucun mot, seul son regard empreint de détermination et de sérénité exprimait l'amour qu'elle éprouvait pour ses terres et la confiance qu'elle avait toujours eu en son Grand Prêtre depuis le tout début de Tlaxcalla.
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Coyote indomptée

Elle s’était rendu aux pieds de la Grande Pyramide dans le dessein d’écouter les paroles d’Alexius, elle aimait bien l’écouter discourir. En retrait de la foule, un petit sourire se dessina sur son visage. Une fois de plus les paroles de L'Emplumé avaient su la réconforter quant à l’avenir de la Tlaxcalla, elle avait foi en lui.

En son for intérieur elle lui souhaita bonne chance et s’en retourna faire ce qu’elle aimait le mieux; aider ses frères et sœurs.

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Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas venue à la Grande Pyramide.
Et probablement, ne l'aurait-elle jamais fait, si elle n'avait rien à contester.
Mais justement!
Elle voulait comprendre un détail!
Quelles raisons pouvaient pousser Alexius, le sage, Alexius, l'ancien, Alexius, le presque sénile, à ses yeux, à tenter d'ébranler la Seigneurie pour sa propre gloriole.
Quelle mouche l'avait piqué, aurait-on pu dire plus prosaïquement.
La foule était dense.
La foule avait des visages connus.
Mais en jouant des coudes, des genoux, et de sa petite taille, tout ceci doublé de culot et de candeur, elle parvint, au final, à se tailler une place au soleil.
Une place dans l'axe d'Alexius. En hauteur.
La perfection, oui!

"Ô Alexius!
L'emplumé!
Toi vieil homme honorable et honoré!"

Pas trop d'emphase.
Si elle en mettait trop, elle risquait de se fourvoyer.
Alors elle se calma, et se campa solidement, mains sur les hanches, le buste en avant, n'hésitant pas à jouer de ses atouts charnels pour attirer l'attention..

"Avez vous oublié?
Avez vous renié les choix déjà faits?
Qu'est-il advenu d'Atecoatl?
Nous avons déjà un seigneur!
Nul ne prétendra devant moi l'avoir entendu mort!
Nul ne saura dire qu'il n'a pas fait ce qu'il devait.
Il était en Orient quand nul n'y était!
Il était auprès des Dieux quand nous en avions besoin!
Quel droits veux-tu t'arroger, Ô Alexius, par cet enthousiasme populaire?"

Elle avait terminé sur un geste accusateur.. Le doigt pointé sur l'emplumé.
Qu'ils pensent tous, à cela, tous autant qu'ils sont.
Car Alexius le Grand Prêtre n'avait pas dit un mot d'Atecoatl, et venait d'occulter en quelques bribes, les actions réussies d'un âge dur, mais qui avait su remonter la pente.
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Depuis les grandes entrées de la Cité de Tlaxcala jusqu'à la place ou grouillait la foule entourant le Grand Prêtre, une ombra glissa lentement, patiemment, dans les couloirs dont elle semblait connaître chaque ruelle, chaque détour, chaque passage et chaque détroit. L'Être évita soigneusement les passages fréquentés ou il pourrait rencontrer quelqu'un... d'ailleurs, qui aurait pu le reconnaître, tout recouvert des genoux à la tête par son tlimatli (cape) ? L'ombre s'avance, donc, prenant tout son temps pour mieux profiter de respirer enfin l'air de Tlaxcala, de marcher sur un sol ou ses ancêtres avant lui ont bâti une Cité destinée à régner sur le monde. L'Être tend les bras, effleurant du bout des doigts les sculptures gravés dans la roche des demeures, qui représentent les plus grands instants d'un peuple au lourd héritage culturel pour lequel tant de guerriers ont péri. A chaque nouveau pas, l'homme ressasse sa tristesse mais aussi sa joie d'avoir été appelé par les divinités elles-mêmes pour les servir dans l'obscurité profonde des temples.

Tlaxcala. Cette cité qu'il a rebâti autrefois aux côtés de Mittys lorsque tout était à refaire, cette cité qu'il a libéré de l'esclavagisme aztèque et de la soumission des pleutres, cette cité pour laquelle il a versé tant de sang et de sueur. Quelques larmes, aussi, lorsque de mauvaises nouvelles en provenaient, mais qui étaient vite séchées car l'adversité doit toujours être combattue rapidement, avec courage et audace. Cette Cité, donc, il la connait par cœur, car elle est son cœur autant que celle de la Seigneurie. Mais n'incarne-t-il pas la Seigneurie, lui, l'enfant chéri de Huehuecoyotl ?

L'Être est encore perdu dans ses pensées lorsqu'il arrive près de la troupe ou Alexius trouve les mots justes pour symboliser ce que fut et sera à nouveau Tlaxcala. A quelques exceptions près... et il s'en veut d'être accouru discrètement à Tlaxcala lorsqu'il comprend que, pas une seule fois, son vieil ami le Grand Prêtre n'a fait référence à lui, Atecoatl Loxetla Cuamantzingo Amecamecan Tlaxcala, Seigneur légitime de Tlaxcala par le sang, la conquête et l'avis des Tlamacazqui. Pire encore, il parle de succéder à Mittys, cousin fondateur et divin, certes, mais auquel lui-même a déjà succédé..

Guerriers, dignitaires, prêtres,... nombreux sont les bons Tlaxcaltèques qui s'avancent et acquiescent. Tous ont œuvré aussi pour Tlaxcala, maniant la massue ou le sac d'argent pour la grandeur de leur civilisation. Souvent à ses côtés, même. Mais, même si certains doivent songer à lui, aucun n'en fait mention, aucun ne prend sa défense.

Il n'est plus rien qu'un nom rayé des archives de son propre peuple. Il titube, sous le choc de la vérité, sentant le monde s'effondrer autour de lui, comme si en cet instant la Grande Roue Solaire cessait de tourner, laissant les milles démons de l'obscurité régner sur la Terre et la plonger dans sa fin. Quel autre avenir a-t-il désormais que d'errer dans le désert, loin de tout, pour invoquer les dieux de bien vouloir accepter son sacrifice ? Il fait demi-tour, l'air abattu, lorsqu'une voix forte mais mal assurée tonne sur l'assemblée.

On parle de lui. Il n'est pas mort. Car il est vivant. Et sa vie même exige qu'il se dévoue encore à la grandeur de Tlaxcala. Il se retourne, imprégné à nouveau de son éternelle philosophie : "A chaque adversité, il faut opposer le courage, l'audace et la rapidité !". Sans laisser le temps aux personnes présentes de contester les paroles de Zazyl - car c'est elle, il la reconnait maintenant - il s'avance vers Alexius et fait tomber sa cape, révélant un Atecoatl pâle, maigre et poussiéreux, et proclamant :

Tlaxcala est infini, et mon règne n'est pas fini !

C'est en relevant le front que par delà la foule son regard suit machinalement une silhouette. Léger souffle qui s'échappe de ses lèvres. La première chose qu'elle a faite en sortant du temple, c'est s'enquérir de son chef coyote et tout ce qu'elle a entendu comme termes fut...disparu..mort..Même dans la tanière, elle l'a cru mort alors que son coeur saignait silencieusement. Il ne serait donc pas mort ? C'est à reculons, les yeux toujours fixé sur cette silhouette qui LE lui rappelle qu'elle s'éloigne de son Grand Prêtre.. il faut qu'elle lui parle, qu'elle sache, qu'elle lui en dise plus. Parce que s'il n'est pas mort, malgré tout le respect qu'elle peut avoir pour son grand prêtre, elle est d'une loyauté exemplaire envers son chef coyote. Esquisse de sourire mélancolique se souvenant d'une certaine transaction que son tyran de frère avait eu la lumineuse idée de vouloir effectuer. Personne ne saura jamais d'ailleurs ce que la prêtresse en avait secrètement pensé..à part elle bien évidemment. Effectivement, elle est on ne peut plus bien placée pour connaitre les faits d'armes d'Atecoatl et savoir tout ce qu'il a accompli pour la Seigneurie et en Orient, elle y était lorsqu'il s'y trouvait. Frémissement des paupières de la Coyote dont le regard ne quitte pas la silhouette sombre encapuchonnée. Le coeur s'emballant dans sa poitrine à la vue de la démarche qu'elle n'a pas oublié, certes du temps de toute sa splendeur...Tu es de retour, tu es là bien vivant...Murmure de la prêtresse qui regarde avec émotion cette main qui glisse sur les murs. Polya n'hésite plus et s'avance vers la silhouette, la voyant faire demi-tour...Huehue, non...ne le laisse pas faire ça...Sur le moment son attention se fige entendant des paroles s'élever soudainement près d'elle.
"Avez vous oublié?
Avez vous renié les choix déjà faits?
Qu'est-il advenu d'Atecoatl?
Nous avons déjà un seigneur!
Nul ne prétendra devant moi l'avoir entendu mort!
Nul ne saura dire qu'il n'a pas fait ce qu'il devait.
Il était en Orient quand nul n'y était!
Il était auprès des Dieux quand nous en avions besoin!
Quel droits veux-tu t'arroger, Ô Alexius, par cet enthousiasme populaire?"

Elle a donc désormais la certitude qu'il n'est pas mort!!

Une capuche qui tombe, un visage qui même creusé et amaigri lui arrache un sourire victorieux. Ate, car c'est bel et bien Atecoatl, plus vivant que jamais, sorti comme elle quelques jours plus tôt de l'ombre d'un temple sans nul doute, qui élève la voix, et dont les intonations se mêlent aux remerciements qu'elle adresse à son bon vieux rusé de Huehuecoyotl.

Tlaxcala est infini, et mon règne n'est pas fini !

La voilà près de lui, et c'est devant lui que la prêtresse s'incline et plie genoux et se saisissant doucement de sa main, y dépose un baiser, signe de son allégeance à son Seigneur et Chef et malgré elle, la garde entre ses propres mains, toute à l'émotion de le revoir.

Longue vie à toi Atecoatl !!! ...puis sur un ton plus bas afin de n'être entendue que de lui seul...Ne me fais jamais plus une peur pareille...Puis comme elle veut comprendre, se redressant, elle se tourne vers son Grand Prêtre restant près de celui qu'elle pleurait en silence depuis son retour. La voix empreinte de tristesse, elle espère se tromper, que la gloire personnelle n'a pas conduit son Grand Prêtre à de telles extrêmités.Autrefois, ses anthracytes auraient brillé de fureur, aujourd'hui elles sont seulement interrogatives et emplies de la sagesse qu'elle a acquis auprès de ses longues lunes vouées uniquement à Huehuecoyotl et Chalchihuitl sa déesse mère...
Comment se fait-il que pas un seul dignitaire ne se soit inquiété de savoir si notre Seigneur était encore en vie ou pas ? Pourquoi m'a t'on dit à ma sortie du temple lorsque je me suis enquéri de lui qu'il était mort..disparu ? Moi aussi je suis allée servir Huehuecoyotl de longues lunes dans un temple et ce n'est pas pour autant que j'étais morte. Comment un Grand Prêtre tel que vous ou les autres ont-ils pu faire une telle erreur ?
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Coyote indomptée

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L'Emplumé sourit à son frère Ascalion puis observa la foule, reconnaissant de nombreuses têtes connues, quand soudain une voix plus forte se fit entendre. Une jeune femme usait en effet de ses charmes et de son charisme pour parler plus fort que ses voisins. Immédiatement, il reconnut Zazyl. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu l'occasion de palabrer avec elle, que ce soit à propos de la Province, de la guerre ou des dieux?
Paisiblement, il écouta ses paroles et blêmit quelque peu en entendant sa dernière phrase.

Niltzé à toi ma soeur...

Concernant Atecoatl, je fus l'un des premiers avec Lauratacc et Neilerua à l'appuyer dans sa démarche. Mais jamais il n'a été reconnu comme Seigneur en Orient et ne l'est d'ailleurs toujours pas selon les dires de nombreuses personnalités.
Peut-on alors dire qu'il est Seigneur de Tlaxcalla lorsqu'une simple déclaration de l'ancienne Tlatoani d'Occident et d'un ancien Grand-Prêtre l'ont conforté en cette position, sans que le Tlatocan Oriental ne se prononce jamais à ce sujet?
Tout le monde sait à quel point je le respecte, à quel point je l'estime. Mais où était-il durant ces dernières lunes, alors qu'Orient et Occident s'enlisaient dans une guerre toujours plus féroce?
Le Seigneur se doit de vénérer les dieux et de faire couler le sang. Et pas seulement de prier au temple, car c'est le rôle des prêtres qui assurent ainsi la pérennité de notre monde.

Quant à moi, je ne désire m'arroger aucun droit. C'est aux Tlaxcaltèques de décider de qui doit les guider, et non pas uniquement aux Tlatoanis. En cela, je réfute à Atecoatl le droit de régner sur la simple base d'une déclaration de soumission signée de la main de Lauratacc et de Neilerua.
Comment peux-tu mettre en doute ma probité? Aurais-tu déjà oublié mon engagement pour ma province? Aurais-tu oublié mon engagement pour la Seigneurie?

Alexius allait poursuivre, lorsqu'une silhouette se rapprocha, faisant soudainement glisser la cape qui la dissimulait aux yeux de tous. Un Atecoatl affaibli et visiblement diminué par sa longue retraite spirituelle proclama alors que sa fin n'était pas arrivée. Légèrement surpris par cette irruption soudaine l'ancien réfléchit un instant. Que ressentait-il? La joie de voir un ami réapparaître? C'était certain. L'inflexibilité? Il en était de même. L'irrésolution? Certainement pas. Il irait jusqu'au bout de ce qu'il avait entrepris et ce, sans tenir compte du profond respect que lui inspirait son ancien frère de clan. Une union entre deux provinces devait être faite, et il pensait être le seul à pouvoir faire le consensus entre les différents partis. Il avait dédié sa vie à la Seigneurie, et ne cesserait de se battre pour elle. Jamais il n'avait fait serment de loyauté envers Atecoatl et, quels que fussent ses actes passés, il ne lui reconnaissait aucun droit à régir Tlaxcalla. Ni de par les dieux, ni de par son ascendance.
Déjà, une autre personne commençait à parler. Il s'agissait de Polya, soeur de Guyhom.
Alexius l'écouta et répondit:

Niltzé à toi, soeur prêtresse.

Le fait est qu'Atecoatl s'était retiré du monde depuis quatre lunes. Qui aurait pu être certain qu'il reviendrait un jour?
Peut-on dans ce cas parler de Seigneur? Je ne le pense pas.
La Seigneurie n'a plus de tête véritable et reconnue de tous depuis Mittys.

L'Emplumé se tourna alors vers Atecoatl et haussa le ton, afin que l'on puisse l'entendre:

Mon frère...
Avec tout le respect que je te dois, je ne te reconnais aucun droit à porter la couronne de Huey Tlatoani.
Tu sais parler au coeur des guerrières et des guerriers, tu sais combattre à merveille. Tu sais également manier les mots qui se transforment ainsi en or dans ta bouche.
Mais Tlaxcalla a besoin d'unité et de constance, caractéristiques que ta longue absence tend à t'ôter.

N'y vois là aucune offense mais j'ai l'amère impression que tu reviens d'entre les morts pour reprendre dans tes mains une situation qui a été rétablie depuis ton départ, grâce au courage de nos guerriers et à l'excellence de nos gestionnaires qui ont su remonter la pente -pour l'occident- et maintenir l'équilibre -pour l'orient- après les multiples pillages et annexions dont nous avons fait l'objet.

Tu es un grand guerrier, je ne le conteste pas. Mais un Seigneur n'abandonne pas sa massue lorsqu'elle est cassée pour en reprendre possession une fois celle-ci réparée.
Malgré l'amitié qui me lie à toi, je ne peux donc faire autrement que te réfuter le droit à régner sur Tlaxcalla.

Alexius se tut, la mort dans l'âme. Il ne regrettait pas ses paroles et assumerait ses actes, quelles qu'en seraient les conséquences.
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