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[RP] Balbuzard et Salamandre : Parade Nuptiale, extraits.

Gnia
O mon enfant, tu vois, je me soumets.
Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
-- Résignée ! --

Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux
Mets ton âme !

Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.
L'heure est pour tous une chose incomplète ;
L'heure est une ombre, et notre vie, enfant,
En est faite.
[...]
        A ma fille. Victor Hugo.

[Février 1459- Artois - Château de Sainct Omer - Là où tout commence et où tout finit]


Combien de temps est-elle restée assise en tailleur sur la stèle qui abritait la dépouille de feu Lothaire de Cassel et qui faisait face à celle d'Erel de Dénéré, feu son époux. Au moins le temps de vider une bouteille de calva, en souvenir d'une nuit à la lueur des cierges à deviser dans cette même crypte entre femmes qui avaient toute perdues un être qu'elles avaient aimé à leur façon.
Le spectre de Lothaire ne lui en voudrait probablement pas, puisque d'une, elle lui faisait grâce d'une visite en ses lieux, de deux, usait de sa stèle pour poser son séant et enfin, lui avait lâché une petite goutte de calva. La gorgée pour les morts.

Combien de temps s'était-elle moquée de cette vie qui prenait le tour d'un éternel recommencement, prenant à parti la pierre froide en face d'elle, peut-être l'unique témoin à même de comprendre la nouvelle farce, facétie du Très Hauct, qui avait pris naissance ce jour.


Etrange, n'est ce pas, comme à chaque fois qu'il m'est permis de goûter à la passion, elle s'échappe comme le sable entre mes doigts.
Et me voilà, encore une fois, à me plier à la raison.


Dernière gorgée de l'eau de feu version normande pour ponctuer l'amer constat. Avant d'étirer les membres endoloris par la position trop longue au contact de la pierre glacée.


Et tu sais bien que je suis toute aussi incapable de conserver auprès de moi Raison comme Passion. Crois-tu que je cherche ainsi à forcer le Destin ou bien est-ce le Destin qui me force ? L'un ou l'autre, me revoilà à nouveau avec un licol.
Amen.


Là voilà debout, renversant bien à la verticale la bouteille sur la pierre tombale avec qui elle discourt depuis un bon moment pour en faire tomber les dernières gouttes.


Revenue d'entre les morts, la chapelle Saint Michel traversée sans un regard pour l'autel ou pour le bénitier, elle cligna un instant des yeux, frappée par la lumière crûe du dehors. Encore déstabilisée par le passage soudain de l'intérieur à l'extérieur, elle dût cligner encore des yeux, mais cette fois ci pour être sûre qu'elle voyait bien ce qu'elle pensait voir.
Et dire que la discussion à peine achevée avec ses suzerains, elle avait littéralement fuit le petit salon pour éviter de se retrouver, pile comme maintenant...

Nez à nez avec le Digoine.

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Eusaias
Ces beaux riens qu’on adore, et sans sçavoir pourquoy,
Ces alterez du sang des bestes qu’on assomme,
Ces Dieux que l’homme a faict, et qui n’ont point faict l’homme,
Des plus fermes Estats ce fantasque soustien,
Va, va, Térentius, qui les craint, ne craint rien.

Hercule Savinien Cyrano



[Février 1459- Artois - Château de Sainct Omer - Là où tout commence et où tout finit]


L’entretien avec les futurs suzerains n’avaient pas été aussi difficile qu’il le pensait. Le Balbuzard, s’était vu confier nombreuses tâches, qui auraient pu rebuter la plupart des hommes, mais l’égo démesuré du Bourguignon l’avait rendu inébranlable. Lorsqu’Agnès avait « fuit » ses responsabilités, comme il aimait le penser, juste après la fin des négociations il avait décidé de s’aérer un peu. Le territoire Artésien n’était pas aussi austère, que le reste de l’Artois, selon les critères du Balbuzard, qui ne trouvait doux, que le paysage Bourguignon.

Il faisait les cent pas dans le petit jardin, le nez dans le ciel à la recherche de réponse à ses questions. Sa main droite, dégantée passa sur sa nuque afin de la ratisser de ses ongles naissants et les doigts dans leur tâche, plongèrent un peu plus dans le col. Les perles du chapelet roulèrent sous les doigts du bretteur avant d’être saisis. Le Balbuzard tira légèrement sur le chapelet que lui avait confié Aléanore, afin qu’il sorte de sa chemise et la fine croix se balança en bas des maillons entre les doigts de Digoine.

Tout esprit chevaleresque, tout paladin ou autre amoureux au « cœur pur » auraient sans doute adressé une prière silencieuse à cette « fiancée » perdue. Mais le Balbuzard n’avait pas l’âme d’un poète et un simple mot suffit à tout résumer. Ce seul mot, traduisait son amour pour l’Etincelle, sa peine de l’avoir perdu. Ce mot lui demandait pardon de ne pas avoir été là, d’avoir à nouveau le cœur qui bat pour une autre. Ce mot vomissait sa colère sur les hommes d’église qui avaient brisé cette vie par pure stupidité. Ce mot servait à évacuer sa colère et à retrouver quiétude en son fort intérieur. Ce mot résumait sa journée, son amour pour Agnès et sa joie de pouvoir bientôt fonder un foyer. Ce mot n’était autre que :


P*tain…

Il allait rejoindre le coche, son coche, avant de s’en retourner, d’abord, régler ses affaires parisiennes puis rejoindre sa Bourgogne quand des bruits de pas résonnèrent à ses oreilles. Des pas féminins à n’en point douter vu la légèreté du talon. Le Balbuzard tourna de trois quarts son faciès d’oiseau de proie pour reconnaitre la dame, sa dame pour être plus précis.

Agnès, vous voilà enfin ! J’espère que mes propos n’ont pas été désobligeants à votre égard, dans le cas contraire j’en serais navré.

Amorçant un pas vers elle :

Vous voilà rassurée quant à votre devenir ?
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Gnia
Une profonde inspiration, retenir le flot amer qui se presse à ses lèvres, hésiter, lorsque la dernière question fait office de bélier et rompt la digue fragile de sa bouche pincée.

Vous devez certainement plus être rassuré que moi ! La belle affaire que vous réalisez là, n'est-ce pas ?

Le ton est dur, tranchant. L'esprit échauffé par l'alcool de pomme, tiraillé entre résignation adulte et rébellion puérile. Et maintenant que les premiers mots se sont échappés, plus rien ne retient la fuite en avant. Se moquant bien de blesser, d'être injuste, elle poursuit, se délivre.

Qu'est ce qui vous a pris ? Vous aviez ma bienveillante affection, mon amitié et ma couche ! Mais non, il vous en faut plus ?
La belle affaire oui, quelques obstacles à passer et mes suzerains vous donneront plus de titres que vous n'auriez jamais pu en espérer. Cette attrayante perspective est assurément le plus puissant des aiguillons !


Toute à sa colère, elle s'était approchée, azurs étincelants dardés sur le visage en lame de couteau, la voix tremblante de cette ire insoupçonnable l'instant d'avant, un index rageur ponctuant sur la poitrine du Balbuzard chaque assertion.

Alors ainsi vous m'aimez ?

Un ricanement des plus déplaisants, un claquement de langue méprisant et l'infecte petite garce continue de déverser son venin

Pour sûr, l'on aimerait à moins !
Je vous interdis de m'aimer, Digoine, vous entendez ?!
Poursuivez donc vos désirs d'alliance, d'héritier légitime, estimez vous heureux de bientôt pouvoir me soumettre à votre autorité et que mes suzerains, malgré leurs hésitations de rigueur, ne masquent leur bienveillant accord derrière quelques exigences de bon ton.
Louez le Très Hauct que votre gosse se soit montré plus résistant que la chienlit, car sans lui, vous ne pourriez même pas effleurer vos ambitions du doigt.
Contentez vous de cela !


L'index vint une nouvelle fois faire office de dard venimeux sur le buste du Baron et aussi soudainement que l'orage avait éclaté, il se dissipa, laissant la Saint Just essoufflée, le front barré d'un pli soucieux, les sourcils froncés, se morigénant d'avoir laisser échapper le feu qui la brûlait plutôt que de s'en nourrir.

Vous vous êtes foutu dans une sacrée merde, Digoine...

Y a pas à dire, ça c'est de la grande conclusion...
De celle qui navrent sans coup férir les plus malhonnêtes et éloquentes diatribes.

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Eusaias
Ah ! Voilà la raison de votre fuite tout à l’heure ! Vous êtes allée préparer votre venin. Grand bien vous en fasse vous ne m’atteignez ! Je suis bien trop grand pour vous Agnès !

La réplique est appuyée d’un large revers du bras, comme pour balayer les mots de l’Artésienne.

Ainsi vous pensez que je vous épouse pour vos titres ? Parlons-en de vos domaines. Un champ de chèvre dans le Béarn et trois bourbiers en Artois… La belle affaire pour vous oui ! Digoine a plus de richesse que tous vos fiefs et la Guyenne réunis ! Mes greniers sont pleins, je possède un cheptel magnifique de belles charolaises, des vignes aux sols fins et noirs et des bois précieux ! Ingrate ! De plus vos suzerains réclament d'autres terres !

Les yeux s’étrécirent, perçants comme des traits ils se braquèrent sur Agnès.

Remerciez-moi plutôt de m’être intéressé à vous et de ne pas vous laisser un bâtard dans les jambes. Jambes d’ailleurs qu’il parait que vous levez fort souvent en mon absence, mais que vos coquins en profitent, dès le mariage j’occirais ceux qui poseront le regard sur vous.

La guerre était déclarée ? Sans doute, mais le Balbuzard ne pouvait tolérer d’être traité de la sorte. Ses mains saisirent sa tignasse brune et d’un geste rageur, comme s’il allait livrer duel, il les noua avec le ruban noir d’Enyz.

Désormais Agnès, vous allez être mienne et c’est tant mieux. Vous pouvez vous plaindre, gémir et me menacer, il en sera ainsi car il doit en être ainsi.

Les mains encore nerveuses emprisonnèrent les joues de l’artésienne, alors que l’index de celle-ci menaçait encore son torse. Par désir, soif de pouvoir, envie de montrer son audace, il plaqua sa bouche sur les lèvres de la comtesse. Un baiser pour soumettre, aimer et rassurer. Désormais il serait le mâle, implacable dominateur, le chef de famille et elle, elle serait sienne par la volonté du Divin. Ses yeux de rapaces s’ouvrirent sur le visage d’Agnès alors qu’il détachait ses lèvres.

Je vous aime Agnès et vous ne pourrez me l’interdire.
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Gnia
Et tandis qu'il parlait, l'Artésienne, sentant à nouveau courir le frémissement d'une colère que les paroles du Baron réveillait, calculait et comptabilisait mentalement ce qui devait être porté au crédit d'Euasias.

Bien bien... A rajouter sur la note du Balbuzard qui commençait à devenir salée... Voyons voir...
Trop grand pour moi... Mais bien sûr...
Le mépris sur mes fiefs et rentes.. Haha... Vous étiez bien heureux, lorsque vous vous en allâtes guerroyer à Bouillon, de pouvoir compter sur mes bourbiers...
Vous remercier... Mais oui, évidemment...
Et revoilà, pour conclure, les soupçons de moeurs légères sur le tapis... Si vous saviez Digoine, si vous saviez... Et justement vous ne savez pas.

La Saint Just préparait déjà la poudre pour la salve suivante lorsqu'il lui dispensa baiser autoritaire, comme pour empêcher toute impertinente répartie.
Et elle s'y soumit.
Malgré la réaction instinctive qui la faisait se raidir, malgré la furieuse envie de s'en défaire et de continuer à bretter.
Plus tard... Plus tard... Le revers de la pièce n'en sera que plus suave.

Et aux paroles murmurées, une réponse qui n'a plus rien de cinglant, faite les yeux baissés en une attitude à l'humilité de façade - il est temps de s'entraîner, le visage ayant recouvré une austérité distante


Et vous le regretterez.

Même pas une menace, juste un constat.
Hiératique, elle reste là, devant lui, visiblement domptée.
Pour l'heure.

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Eusaias
Brave petite, elle se détendait et comprenait enfin que rien ne résistait au Blanc Combaz, du moins le crut-il. Alors que les yeux d’Agnès se baissaient, tout comme le ton employé, la main du Balbuzard caressa la joue de la comtesse. Un bon époux, devait savoir être bon maitre, donc se montrer agréable avec ses inférieurs et sévère avec ceux qui tenaient tête. Si la prime réponse avait été cinglante c’était pour rappeler à Agnès qu’elle devait être obéissante. Désormais, soumise à sa volonté, il se devait de la rassurer, la récompenser.

Allons Agnès, ne dites point sottise. Il n’y a nul regret à avoir dans le fait de vous aimer.

La main quitta la joue et rejoint par la seconde, elle s’empara de la broche en or à tête de lion. Il s’était fait faire cette broche alors qu’il gouvernait la Bourgogne et qu’on le surnommait le Grand Lion de Bourgogne. Le poussa de la dextre caressa le visage du lion et d’un simple geste il dégrafa l’épingle de sa cape qu’il passa de ses épaules à celles de la Saint Just. L’épingle de la broche passa à travers les tissus qui emprisonnaient désormais les épaules artésiennes.

Ne prenez pas froid mon petit. Il serait dommage que vous attrapiez un rhume de poitrine par négligence.

Et un baiser sur le front de la jeune femme ponctua sa phrase.

Vous pourrez transformer la cape en chiffon si un autre excès de colère vous prenait. La broche, fut ma fierté, désormais je vous l’offre. De grâce ne la vendez pas elle a grande valeur à mes yeux.

Un sourire naquit sur le visage du Balbuzard. Il saurait la dompter, il n’en doutait pas. Avec douceur, force, passion, tendresse et violence il saurait façonner l’Artésienne comme il le désirait, comme il LA désirait.

Il agrippa délicatement le coude d’Agnès et entama un mouvement sur le côté tout en pivotant afin de l’entrainer doucement à sa suite.

Faisons quelques pas avant de me retirer pour Paris puis Dijon.
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Gnia
Et si la Comtesse baissait les yeux, c'était surtout pour qu'il ne puisse y lire la lueur perverse et triomphante qui s'était allumée à la réaction attendue du Balbuzard.
Ainsi donc, à attitude soumise répondait une suite de gestes et attitudes qu'il convenait de bien se ramentevoir pour l'avenir. Il s'agissait de se préparer dès à présent une condition future dont il faudrait savoir s'accommoder et surtout, surtout, découvrir les limites de sa cage dorée et y placer quelques issues dérobées.

Maltea avait raison, c'était pitié de voir parfois comme le mâle était faible et la facilité avec laquelle l'on pouvait se jouer d'eux. Toutefois, la Saint Just conserva prudence, n'estima pas là qu'elle avait gagné la partie et ne tint pas pour acquis que l'artifice fonctionnerai à chaque fois. Malgré le pouvoir qu'elle semblait avoir sur lui, le Balbuzard était changeant et il convenait de rester sur ses gardes.

Elle serra la cape autour de ses épaules en lorgnant sur la broche. Belle pièce d'orfèvrerie certes, objet martial et viril dont on la parait. Elle poussa un léger soupir. Décidément, elle ne devait vraiment rien paraitre d'une femme pour que, plutôt que de l'orner d'un quelconque colifichet fort couteux qui égayait le coeur des femmes ordinaires, on lui offrait spontanément broche masculine.

Un fin sourire répondit à celui d'Eusaias. Celui-ci ferait office de remerciement. Se laissant entrainer à faire quelques pas, elle posa un main légère sur le bras offert.


Oh ? Vous ne restez même pas pour la nuit à Sainct Omer ?

Question innocemment posée mais lourde de sous-entendus. D'autant qu'il serait plus qu'inconvenant que le Balbuzard et la Salamandre partagent même lit sous le toit des suzerains. Elle esquissa un petit sourire en coin à cette idée licencieuse puis poursuivit

Je gage, donc, que nous nous reverrons aux joutes de Soye.
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Eusaias
Et le Baron tiqua. Rester à Saint Omer pour la nuit ? Voilà une idée bien saugrenue quand on se fait très protocolaire. Les sourcils se froncèrent alors qu’il regardait toujours Agnès. « Petite coquine, mes prouesses te manquent, dirait-on ? » allait il lâcher avant de se raviser. Ce n’était visiblement ni le lieu, ni l’endroit. Il continua donc sur le petit chemin dans le parc le visage au vent et le soleil qui décline lui réchauffer le visage.

Non, il serait indécent de m’imposer ici, ma mie. Une fois mariés, nous aurons le temps de passer nos soirées ensemble.

Le rictus satisfait rétrécit sa vilaine balafre alors qu’il s’imaginait, trônant face au foyer de la cheminée, son épouse derrière lui, une main posée sur son épaule. Son pied déchaussé se tendrait vers le feu et il pourrait de ce même pied caresser ses chiens de chasse couchés. Ils couleraient des jours heureux, l’été en Bourgogne, l’hiver en Aquitaine. Agnès s’occuperait de politique, lui des batailles, ainsi leur soif de conquête prendrait peu à peu forme. Ils seraient enviés, aimés et détestés, mais ils seraient heureux ainsi.

Il inspira une pleine bouffée d’air frais.

Oui nous nous verrons à Soye ! En fait vous me verrez à tous les tournois jusqu’à ce que j’en remporte un. Je dois le faire pour vous.

Un coup d’œil rapide à son coche et au terrible Hector qui attendait devant avec le cocher.

Voilà Agnès de Saint Just et Dublith, il est visiblement le temps pour moi de me retirer. Offrez-moi dernier baiser.
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Gnia
[...]
Oui, de leur sort tous les hommes sont las.
Pour être heureux, à tous, -- destin morose ! --
Tout a manqué. Tout, c'est-à-dire, hélas !
Peu de chose.

Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l'univers chacun cherche et désire:
Un mot, un nom, un peu d'or, un regard,
Un sourire !

La gaîté manque au grand roi sans amours ;
La goutte d'eau manque au désert immense.
L'homme est un puits où le vide toujours
Recommence.
[...]
        A ma fille. Victor Hugo.


[Février 1459- Berry - Domaine de Soye - L'art de chevaucher et de bien manier la lance. Défaites et victoires]


- "Agnès ! Retournez dans votre tente et surtout bouclez là ! Je ne veux pas vous entendre !"

Un rire moqueur fuse avant qu'elle ne rétorque

- "Reconnaissez le ! Vous ne m'arrivez pas à la cheville aux joutes, c'est tout !
Faut encore tout que je vous réapprenne dans l'art de la chevauchée et du maniement de lance, Blanc-Combaz, c'est navrant comme vous êtes mauvais élève !"

- "Mauvais élève ?! Méfiez vous Agnès, il se pourrait bien que je vous refasse chanter, mais en public cette fois ! Méfiez vous bien !"

- "Teuh teuh ! Ne penchez pas vers la facilité, contentez vous d'admettre que j'ai raison, voilà tout ! En matière de joutes, je vous suis supérieure !"


Le tout ponctué d'un petit air satisfait qui donne envie de l'étrangler.

Toutefois, Agnès ne conserva pas fort longtemps l'avantage dans cette petite joute verbale qui suivait le duel perdu du baron de Digoine plus tôt dans la journée. Vint évidemment ensuite l'éternel retour sur le tapis des suspicions de moeurs légères de la Comtesse avec lesquelles elle joua avec un peu trop de témérité pour l'orgueil fortement malmené du Balbuzard.
Au point que de protestations véhémentes, il passa aux menaces qui n'avait rien de feintes où il était question de guerre, d'ennemis, de conquête et soumission, avant de définitivement reprendre le dessus en scellant les moqueries de la Saint Just sur ses lèvres d'un baiser sauvage plein de rage.


Et bien, il faut vous pousser loin avant que vous ne décidiez de partir en conquête...


C'est lorsque le vent tourne qu'il devient plus que nécessaire de changer de cap. Aussi, Agnès passa avec une aisance déconcertante de la moquerie et la raillerie à une distance hautaine, qu'elle accompagna d'une bouderie de bon aloi, et qui ne manquerait pas d'attiser le désir de l'assujettir à son autorité qu'elle savait susciter chez le Digoine.

Et à trop s'approcher du feu et à souffler sur les braises, l'on déclenche parfois des incendies que l'on serait bien en peine d'éteindre une fois partis et bien nourris...

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Eusaias
Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Qu'est-ce que c'est que tous ceux-là !- Vous êtes mille ?
Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !
Le Mensonge ?
Tiens, tiens ! -Ha ! ha ! les Compromis,
Les Préjugés, les Lâchetés !...
Que je pactise ?
Jamais, jamais ! -Ah ! te voilà, toi, la Sottise !
Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ;
N'importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
Oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose
Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tache,
J'emporte malgré vous,
et c'est...
... Mon panache !

Ronstand la mort de Cyrano.


[Février 1459- Berry - Domaine de Soye - L'art de chevaucher et de bien manier la lance. Défaites et victoires... Ô Désespoir !]


« Riez bécasse ! Profitez en bien, vous rirez moins quand les canons de Digoine et de Saint Robert gronderont à Bapaume. »

Blessé dans son amour propre, l’animal montrait crocs et griffes. Il était bien hors de question pour le Bourguignon de se laisser moquer ! Et encore plus, il était strictement hors de question de se faire moquer par une femme.

"Si vous refusez mes leçons, j’irai les donner à mon aide de camp."

"Votre aide de camp ?"

"Oui mon aide de camp, c’est l'homme qui vous a fait rouler dans la poussière."

"GARCE ! Hector la haaaaaaaache ! J’ai un aide de camp à débiter en petits morceaux !"

"Faites bien attention à ce que vous faites Blanc Combaz."

"Des menaces ? Faites bien attention à vous oui Agnès de Saint Just !"

La bouche du bourguignon vint alors bâillonner la comtesse. Ce fut donc un de ces baisers, passionnés et brutaux, mêlant sans vergogne amour et trahison. Les mains du Balbuzard remontèrent sur les joues d’Agnès et s’engouffrèrent dans les cheveux. Le Balbuzard tenta de se faire braise, mais sa victime se voulait glace alors il se détacha fronçant les sourcils.

« Il n’est plus question de me faire la guerre ? Vous n’avez pas une hache qui vous attend ? »

« Oh mais si Agnès qu’il est toujours question de guerre, d’ailleurs sur le champ je pars en conquête ! »

Sa main droite vint s’emparer de sa dague de botte et sans prévenir il trancha la cordelette qui ceinturait les braies de la comtesse ayant adopté pour les joutes, la mode à la garçonne. Les mains de celle-ci furent promptes à saisir les braies qui s’échappaient de les maintenir dignement. Un rire fut étouffé dans la gorge du balbuzard et la lame bourguignonne trancha cette fois les lanières du bustier. Toujours sous la menace de son arme, il obligea la comtesse à avaler par deux fois ce liquide doré, qui avait tendance à exacerber les appétits.

"Maintenant je vais profiter de mon butin !"

Son regard se porta sur l'écorcheur qui venait d'entrer, hache de guerre en main.

Inutile désormais ! Mon bon Hector, nous verrons cela après !

Quelques moments plus tard, les yeux brillants de lubricité, le balbuzard sourire aux lèvres regardait la chevelure d’Agnès alors que sa main la tenait toujours fort par la nuque. Alors qu’il appuyait un peu sur la tête de la comtesse il se mordit la lèvre inférieure échappant un :

« Bon sang Agnès vous êtes douée ! Je vous l’ai déjà dit ? »

Nouvelle pression de la main.

« Non non, de grâce, ne vous arrêtez pas pour répondre. »

Lorsque la vue se brouilla et que le râle retentit dans le camp, le balbuzard se laissa tomber telle une masse sur le lit. Les yeux clos et sans force il tint pour dernier discours tout en repoussant les mains de sa promise qui venaient chercher caresses.

Agnès, je vous somme de rester à mes côtés cette nuit ! Mais de grâce je veux à présent dormir !
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Gnia
Ou comment le conquérant pense avoir gagné la guerre en ne gagnant que la première bataille...
Elle jeta un regard peu amène au Baron, se releva et trottina jusqu'au tonnelet de vin qui trônait à l'autre bout de la tente. Un premier godet, avalé d'un trait mais qui n'ôta pas le goût piquant des épices qui composaient les philtres étranges que confectionnaient lui-même le Baron de Digoine. Elle esquissa une petite moue désappointée tant il gâchait même la saveur du vin. Sans compter que les effets ne manqueraient pas de se faire sentir justement quand le Baron serait profondément endormi.
Belle vengeance qu'il avait ourdi là.

Cette simple idée aux vues des quantités qu'il lui avait fait ingurgité lui soutira un faible gémissement contrarié. La nuit promettait d'être pénible. Et si pour lui les joutes de Soye s'arrêtaient là, pour elle, il lui faudrait en sus livrer duel le lendemain.
Elle emplit à nouveau le godet qu'elle porta gentillement au Balbuzard tout en ce demandant qu'elle stratégie adopter.

Une fois le vin livré à bon port, elle s'allongea sur le ventre à ses côtés, sa posture faisant saillir sa croupe de la plus impertinente façon qui soit, et se fendant d'un sourire narquois, elle murmura


Est-ce donc là le seul tribut qu'exige le vainqueur au vaincu ?


Et sachant déjà qu'elle allait de toutes façons se faire envoyer paître, elle vint délicatement piquer le godet de vin des mains du Balbuzard pour y prélever sa part.
Car visiblement, il allait falloir tâcher de trouver le sommeil en luttant contre les effets pernicieux des drogues qu'il l'avait forcée à avaler.

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Eusaias
Les mouvements de la comtesse à la silhouette affriolante le tirèrent de sa torpeur. Non content d’entrouvrir les yeux, il suréleva la tête de l’oreiller afin de ne pas en perdre une miette. Les coins de ses lèvres remontaient un peu, laissant place à un sourire. Il en était certain, la comtesse allait avoir chaud cette nuit et allait fortement remuer cherchant une place pour s’endormir. Il savait aussi qu’elle pourrait essayer toutes les positions, aucune ne ferait l’affaire. Un mâle ou l’élimination du poison dans son « ventre » étaient hélas pour Agnès, les seuls remèdes. Il aimait la mettre en position délicate, tester les limites, les franchir aussi afin de mieux revenir en arrière. Il aimait la dominer, la rabaisser aussi quelques fois, lui le petit baron faisait, d’après lui, marcher au pas une grande comtesse. La sensation de pouvoir dans ses mains lorsque par les cheveux il l’entrainait dans un coin pour la faire céder à un caprice. Une caresse, une posture ridicule, une crise de nerf, ses caprices pouvaient être différents, mais la satisfaction était toujours la même : il était le dominant.

Agnès finit de remplir son nouveau verre et lui opta pour enfoncer sa tête dans le coussin. Mimer le sommeil, rien de complexe, surtout quand on est épuisé. Il ne put hélas refuser le verre de vin, son vin, « du Digoine le meilleur en Bourgogne » osait il annoncer, alors que nombreux Beaune, Chablis, Nuits Saint George étaient meilleurs. La première gorgée lui ouvrit les papilles et rafraichit la gorge, la seconde fut pour l’arôme. Il n’était pas le meilleur vin, mais il était bien loin d’être dégueulasse. Le fait qu’Agnès lui arrache le gobelet avant la troisième gorgé le confirmait. Son œil parcourut le galbe de la croupe artésienne et il dut se faire violence pour ne pas venir tâter. « Elle n’aura point caresse car elle s’est moquée ! » se répéta-t-il. C’est donc ainsi, la tête enfoncée dans l’oreiller, dos à elle il trouva un sommeil profond.

Combien dura ce sommeil ? Nul ne put le dire, mais ce qui était certain c’est que ce fut dans un sursaut qu’il se réveilla. Assis dans le lit, le dos raide comme une saillie il épiait dans la pénombre les mouvements, les bruits des indésirables. Son visage en lame de couteau était des plus fermes, Agnès venait de crier au danger et sans demander à celle-ci ce qui se passait-il repoussa les couvertures et s’extirpa du lit. Les muscles bandés, prêt à bondir il guettait les ombres.


« Agnès qu’avez-vous vu ? » questionna le balbuzard, quittant des yeux un bref instant l’angle le plus sombre pour la couche où reposait Agnès. Elle était là, devant lui, gesticulant dans son sommeil. Le corps du balbuzard se détendit dans un soupir et la couche fut vite rejointe, aussi vite que le front de la comtesse fut atteint délicatement par la main du Blanc Combaz.

Agnès…
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Gnia
Effectivement, s'endormir avait été pénible. Il avait fallu quelques allers-retours à pas de loup jusqu'à l'abreuvoir à vin et puis, histoire de prendre le frais aussi...
A grand renfort de vin, elle avait fini par sombrer peu à peu dans un sommeil qui n'avait rien de reposant.

Une silhouette sans visage. Des mains calleuses qui parcourent son corps. Frissons, frémissements, gémissements. Jusqu'à ce qu'il lui fasse subir les derniers outrages. Et à l'instant où elle sent ce picotement divin qui nait dans les reins, irradie le ventre, les mains glissent sur son cou...
Et le broient.

Dès lors tout bascule, en proie à une terreur panique, elle suffoque, se cabre et rue avec l'énergie du désespoir tandis que dans sa gorge, le goût douceâtre du sang, dans ses narines l'odeur de terre, l'odeur de mort, devant ses yeux danse la sarabande de ces visages blêmes et pourrissants...
A la faveur d'une ultime ruade, elle crie, à s'en déchirer la gorge.
Et tandis que la peur de périr étouffée la tétanise, qu'elle sent le souffle lui manquer, elle abandonne peu à peu la partie.
Jusqu'à ce que...

Une main sur son front qui chasse l'ombre, son nom qu'on appelle au loin.
Ils sont partis...
Instinctivement, elle s'accroche à cette présence bienveillante qui les a fait fuir. Elle se pelotonne tout contre la chaleur, ses bras serrent à s'en faire mal le torse qu'elle étreint, le visage baigné de sueur et de larmes s'enfouit dans le giron d'une épaule.

Et encore une nuit de merde pour la Saint Just, une !

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Eusaias
La main se voulait douce et rassurante. Les doigts chassèrent les gouttes de sueur qui perlaient sur le front d’Agnès et d’un même mouvement décolèrent cette fine mèche brune qui collait sur sa joue. Ainsi Agnès avait elle aussi ses faiblesses et malgré son masque de femme ferme et hautaine se cachait une jeune femme dont les nuits n’étaient pas des plus sereines. Le balbuzard ne pouvait que se réjouir de sa découverte, non pas qu’il avait l’intention de s’en servir contre elle, mais ça le confirmait dans son idée : il était le « fort » dans leur couple. Oh, il saurait en faire état, quoi de plus logique quand on se nomme Blanc-Combaz, mais toujours avec tact et finesse, pour la renvoyer dans ses quartiers quand elle se ferait espiègle.

Alors que la jeune Artésienne se collait à lui, il ne put que sourire. Sa main droite saisit les couvertures et les relevaient un peu plus sur sa compagne afin de l’emmitoufler dans ce cocon. Il s’allongea mieux contre elle et ses bras s’enroulèrent à sa compagne afin d’attirer la tête de celle-ci sur son torse. Le nez crochu tendu vers la toiture de la tente il imaginait les nuits futures, car après tout, des nuits futures étaient bien au programme.

Il s’imaginait déjà lui tenir ce genre de langage : « L’été et l’automne nous vivrons en Bourgogne, il y fera doux et je pourrais surveiller les vignobles. L’hiver ça sera chez vous en dans les Pyrénées il y fera plus chaud et au printemps si vous insistez nous irons en Guyenne voir le renouveau de la vie. » Ainsi ira la vie, au gré des saisons, elle fera de la politique, lui la guerre ou inversement de toute manière ils avaient le même tempérament. Les paupières se fermaient peu à peu alors qu’il imaginait d’autres situations, cocasses, graveleuses, anecdotiques…


C’est ainsi que le Grand Lion de Bourgogne trouva sommeil profond.

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Gnia
A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?
Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?
Oh ! parlez, cieux vermeils,
L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre
Liant l'homme aux soleils ?

Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?
L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?
Combien sont-ils là-haut ?
[...]
        A qui donc sommes-nous ? Victor Hugo.


[Mars 1459 - Paris - Quartiers des Halles et Galeries Lafayotte - Se ruiner utile en un rien de temps, leçon une : Le shopping compulsif.]


Sortant de l'Hostel bourguignon à Paris, la Saint Just entraîna donc dans son sillage le nouvellement Duc de Bourgogne pour une journée qui s'annonçait un véritable bras de fer, voir un simple enfer.
C'est que la Comtesse s'ennuyait. Et comme chacun le sait, on ne devrait jamais laisser une femme telle que la Saint Just s'emmerder. C'était la poterne ouverte à toutes les fenêtres à meneaux.

Dans le coche qui les menait d'un roulement assuré vers les lieux de perditions parisiens, Agnès continuait à argumenter sur les bienfaits de claquer un pognon fou en futilités diverses et variées, qui plus est lorsque l'on était en sevrage forcé de drogues en tout genre comme ultime argument.
Elle avait rapidement étouffé dans l'oeuf les tentatives du Blanc-Combaz de se mêler de la gestion des fiefs et rentes comtales et était même parvenue à lui faire émettre l'idée de piocher dans les caisses de Bourgogne pour offrir à sa perfide compagne une babiole forcément coûteuse.
Mais avant... Il fallait refaire toute sa garde-robe pour le printemps.

Le coche s'arrêta enfin et lâcha sa cargaison dans le quartier des tisserands et des drapiers. Partant du principe qu'il fait battre le fer quand il est encore chaud et qu'il ne faut jamais laisser retomber un soufflé, Agnès, les yeux pétillants face à cette floraison luxuriantes de tissus moirés, passa son bras sous celui du Balbuzard et butinait d'un étal à l'autre, d'une échoppe à l'autre, en poussant de petits cris d'émerveillement.


Là ! Il me fait ab-so-lu-ment ce cendal émeraude !

Et devant la mine dubitative de son compagnon d'ajouter, en minaudant et enfonçant plus fermement ses griffes sur son bras


Mais si, faites un effort, imaginez moi donc drapée de cette merveille transformée en robe outrageusement provocante...

Avant de poser les yeux sur un rouleau de futaine d'une finesse extraordinaire d'un bleu pâle comme une aube d'été.

Mer-veil-leux ! J'veux ça aussi ! Hmmmm... Quatre toises... Nan ! Cinq !

Devançant la réflexion qui ne manquerait pas sur la somme exorbitante que le drapier en demanderait, elle sussura à l'oreille d'Hector, le fidèle homme de main d'Eusais qui ne les quittait pas d'une semelle, mais assez fort pour atteindre les oreilles du Balbuzard

De quoi faire de divines et vaporeuses chainses... Nan, y'a pas, une merveille... J'hésite à en faire ajouter dans cette belle teinte de vieux rose... Ou cet or délavé... J'hésite... Qu'est-ce que vous en pensez ?

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