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Quand l'épée de Dieu visite la couronne fleurdelisée

Blanche_
La religion...
Blanche s'y intéressait tant, qu'elle était prête à bailler.
Trouvant la présence de Yolanda fort à propos, elle se pencha vers elle, glissa un doigt froid -les doigts de Blanche l'étant fort souvent- et sourit en voyant le duvet blond de sa nuque s'hérisser à son contact.
Comme une mère, ce qu'elle était, du reste, depuis peu, elle déposa un baiser doré au sommet de la tignasse folle, pour achever la consécration, et le couronnement de l'engeance angevine. Yolanda était si pure, que Blanche l'aurait gardée près d'elle, toute la vie s'il le fallait, sans trouver rien à y redire.

Mais pas ce jour-là, parce que les dalles de la salle, quoique recouvertes de coussins, étaient froides, quand même.

Elle vit le regard d'Amael, le trouva bien différent de l'attitude proprement indifférente qu'ont d'ordinaire les ecclésiastes, lorsqu'ils voient la déchéance d'une barbare célibataire. Aussi, amusée, elle mit cette délicate attention sur le compte de leur affection particulière, s'aidant, puisqu'il le fallait, d'une naïveté et d'une fausse crédulité passagère.
Mais il y avait bien quelque chose, si l'on regardait bien, qui se passait dans les yeux d'Amael. Cela se voyait à sa posture serrée, les muscles de son dos, que l'on imaginait fort bien se mouvoir avec lenteur, et agacement.
Et ses yeux, auparavant si vifs, qui avaient revêtu à l'énonciation de Charlemagne, une teinte vitrée.

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Beatritz
La Reine bâfrait des macarons pendant que l'Évêque lui répondait avec une grâce mondaine que seul qui est né dans des draps d'or peut connaitre et apprécier à sa juste valeur. En somme, une grâce infinie et infiniment courtisane.
Lorsque le Ried eut fini de parler, la Reine posa sa main gantée sur son bras, dans un geste affectueux - ce qu'on peut se permettre à l'égard d'un homme que des vœux condamnent à l'abstinence et la chasteté - et répondit :


-"Cher ami, nous vous avons toujours connu une franchise toute mondaine, à dire ce qui déplait et plait avec la même élégance. Pardonnez-nous donc de répondre avec la même franchise : nous n'avons pour l'heure pas à nous plaindre du service du Grand Aumônier de France et le remplacer sans réel motif tangible nous vaudrait bien des foudres politiques inutiles ; d'aucuns ont déjà bien du mal à comprendre que nous remplacions des Grands Officiers qui ne savent pas rester à leur place, alors faire comprendre le remplacement d'un homme envers lequel, le Très Haut nous en est témoin, nous n'avons aucun argument défavorable, c'est une cause vaine."

Elle soupira.

-"Nous avions beaucoup de projets pour l'Eglise et tachons d'en mettre en place quelques-uns pour augmenter ses droits en France, mais il nous semble que c'est au Primat de France, qui siège au Conseil des Grands Feudataires, d'être le lien entre l'Eglise et la Couronne. Le Grand Aumônier de France gère les affaires religieuses de la Maison du Roi et, en tant que Grand Officier, participe aux décisions de la Curia et à certaines missions royales ayant trait à la foi... Il a pris l'initiative de collecter et défendre les dossiers de demande de grâce royale, par exemple, au nom du pardon aristotélicien, et nous l'en louons fort.

Aussi, nous ne voyons pas de raisons de le remplacer."


Elle marqua une pause, regardant Yolanda, car elle était en quelque sorte concernée par la suite.

-"Il est vrai que nous n'avons pas encore baptisé nos fils. Nous songeons qu'il s'agit plutôt d'une chose que l'on fait quand on atteint l'age de raison et que l'on est en mesure de comprendre le baptême que l'on reçoit.
Pour l'heure, le plus jeune est en ses langes, et son ainé parle sans encore comprendre ce qu'il dit. Vous pouvez les rencontrer si vous le voulez, mais ce ne sont que des enfançons, qui ni l'un ni l'autre ne se souviendront de vous dans un mois. Ils n'ont pas encore l'age d'apprendre la vie dans le monde."

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Qui connait le moyen de multiplier les heures et diviser les tâches ?
Inscrit pour la visite royale en Castille ? Forum 1, partie espagnole

Amael
Impassible, Amaël écouta son amie répondre. Enfin impassible, non, pas tout à fait, ses proches et ses amis pouvaient noter sur son visage le pincement caractéristique de ses lèvres qu'il adoptait lorsqu'il n'était pas d'accord, était contrarié, soucieux, contrecarré, bref, lorsque les choses n'allaient pas dans son sens comme il le voulait.
Cette légère petite moue fut donc l'unique réaction d'Amaël aux paroles de Béatrice. Paroles, que, bien tendu, l'Evêque comprenait, mais auxquelles il n'adhérait pas.
Pour Amaël, personne mieux que lui pouvait assurer le Service Divin de la Reine et de sa famille, lui qui la connaissait si bien depuis tant d'années. Mais la politique étant ce qu'elle était, il comprenait également qu'une telle décision serait tout à fait néfaste à Béatrice, surtout dans la période actuelle de vive contestation.

Il baissa la tête, regarda la main gantée de Béatrice posée sur son avant-bras ganté. Au-delà de ce qu'il voyait, c'est tout ce que symbolisait ce geste et ce contact entre eux qu'il regardait. Lorsqu'il releva la tête vers Béatrice, il se contenta donc d'un seul mot.


Soit.

Il ne pouvait que se plier devant elle, ce qu'il fit donc. Le sujet était clos, il avait en quelque sorte perdu, il lui fallait passer à autre chose. Se concentrant sur le sujet des enfants de Béatrice, il répondit cette fois-ci de manière plus loquace.

Ma Reine, vous êtes bien mal conseillée par votre Grand Aumônier.

Oui, bon, c'était Amaël, il ne pouvait s'empêcher donc de lancer des piques.

Que faites-vous du salut de l'âme de vos enfants ? Vous livrez leurs coeurs purs aux affres du Malin ! Je prie Dieu que jamais cela n'arrive, mais si demain, le Tout-Puissant rappelait à lui un de vos enfants, qu'est-ce qui protégerait l'âme de votre enfant d'avoir été corrompue par le Mal ? En dehors de la communauté des croyants, incapables de purifier leurs âmes, vos fils sont à la merci des limbes.
Le Grand Aumônier aurait du vous dire tout cela. Lorsqu'ils seront en âge de le faire, vos fils pourront faire la confirmation s'ils le souhaitent, mais je vous en conjure, ma Reine, faites baptiser vos fils pour le salut de leurs âmes, et éviter les tourments de la votre. Je n'ose imaginer la douleur d'une mère qui perdrait son enfant sans qu'il ait été consacré à Dieu et ait intégré la communauté des fidèles.


Amaël adressa un bref regard à Blanche. Jamais ils n'avaient abordé ce sujet de discussion, l'Evêque sachant bien qu'évoquer la question de la religion avec son amie serait comme ouvrir une boîte de Pandore. Cependant, après avoir dit ces mots, il se dit qu'il serait aussi tourmenté s'il perdait son amie sans la savoir fidèle et pieuse aristotélicienne. Il lui faudrait aborder le sujet avec Blanche, même si cela promettait des cris, des pleurs, et des livres volants à travers de la pièce.
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Beatritz
Une grande lassitude s'emparait de la Reine, et elle n'était pas du fait de son visiteur. Une lassitude envers tout ce qui faisait sa vie actuelle : la vigilance de tous, à l'égard de chaque point de sa vie ; les quémandeurs, les obséquieux, la famille sincère mais sincèrement crédule sur sa disponibilité, le poids d'un pouvoir et de responsabilités qu'il était commode de lui faire endosser...

Sa voix avait perdu son air ferme et enjoué, quand elle répondit :


-"Nous avons reçu le baptême quand nous avons atteint l'age de raison, cher ami, et pourtant, c'est au cœur même d'une abbaye que nous sommes née et avons été élevée quinze ans durant. N'accablez pas le Grand Aumônier d'un fait qui ne lui revient pas. C'est nous et nous seule qui raisonnons ainsi, et son seul tort, dans votre discours, serait de n'avoir pas corrigé notre conviction, ne s'être pas enquis des baptêmes de Charlemagne et Franc.

Nous pouvons les faire baptiser, bien sûr. Vos reproches pèsent sur notre cœur, mais soyez assuré que nous n'avons jamais pensé à mal et que nous aimons plus que tout nos fils. Ils sont encore jeunes et purs, et le Très Haut, s'ils sont rappelés à Lui, le reconnaitra."

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Yolanda_isabel
Tu vois la religion, c'est un peu comme le doigt glacé de Blanche qui s'immisce sur la peau si chaude et si douce de l'infante, c'est un frisson comme une coulée d'eau gelée dans son dos, là dans son corps, c'est froid et sans vie entre les lèvres de l'évêque, alors, elle accueille après la vilaine farce, le baiser avec un plaisir non feint, comme elle goûte avec délice la franche gourmandise de Béatrice concernant les macarons. L'azur candide accroche le visage de l'évêque, et soudain, lui prend l'envie de pleurer, de pleurer sur cette âme si torturée quand tout semble si doux.

Elle voudrait l'attraper par les épaules et le secouer. Mais regardez donc, regardez le rayon de soleil hivernal qui vient jouer dans les mèches pâles de Blanche, regardez cette lueur délicieuse qui s'allume sur l'arrondi de la lippe gourmande humectée d'une salive sucrée de Marraine, regardez nos robes, nous sommes heureuses, le regard passe de l'une à l'autre, saisissant au fur et à mesure qu'ils les énoncent les mots, car elle est jeune mais loin d'être aussi stupide qu'on voudrait se l'accorder. C'est dur, c'est froid, comme le doigt de Blanche, alors la main potelée vient attraper celle de Blanche pour la serrer dans la sienne et le petit corps se colle un peu plus contre celui de sa voisine mais aussi discrètement contre celui de Béatrice. Il lui fait peur.. Alors, parce qu'elle est bourguignonne, parce qu'elle est à l'image du sanglier sur son blason, quand la peur vient, elle charge, prenant bien garde que Marraine ait fini de parler.


-« Le Très-Haut a dit que l'amour était le plus important, et vous savez ce que fait un bébé ? Moi, je sais, j'en ai vu. Ils aiment.. Pa'ce que les bébés, ils sont pas méchants comme les adultes. »

Elle ne s'inclue pas dans les bébés, elle sait que son baptême à elle est proche, mais tout de même, le regard azuré se pose sur la reine avec un sourire doux.

-« Il saura le Très-Haut que Charlemagne et Franc Claude, ils sont des gentils bébés, Il sait tout. »

Ils ont beau être pétris de bons sentiments et de principes moraux, aucun homme ne peut rivaliser avec la logique enfantine et implacable d'une enfant de six ans. Echec et mat.
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« Yolanda Isabel de Josselinière : créatrice de la Disney Parade du XVème siècle ! » - Breiz.
Amael
Accabler le Grand Aumônier ? Mais non, pensez-vous, Amaël ne ferait jamais ça, il ne pensait qu'aux petits princes et à leur salut. Il n'arrivait pas à comprendre la logique des gens sur "un enfant est pur donc il n'a pas besoin du baptême", mais bon, il ne pouvait blâmer les enfants du Très-Haut, de ne pas être éclairé sur les mystères du Divin, car c'était justement son but et celui de tous les prêtres de les éclairer.

Je ne vous reproche rien, ma Reine, et je n'accable nullement votre Grand Aumônier, je me soucis sincèrement de vos fils et de leur salut, et contrairement à ce que pensent croire les gens, l'innocence et la pureté supposées des enfants ne les protègent pas. Seul le baptême peut nous ouvrir les portes du Paradis, dans le cas contraire, seules les Limbes nous attendent. Réfléchissez-y. Parlez-en avec votre confesseur, le Grand Aumônier, mais si je vous parle de cela, c'est en tant qu'ami, qui se soucis pour vous et votre famille, et souhaite votre bien.

Et soudain, l'enfant se mit à parler. Amaël la regarda au début parler, impassible, des choses qu'elle ne pouvait même pas appréhender tellement elles étaient complexes. Oh bien sûr, beaucoup de gens, surtout les femmes, étaient attendris par ce genre de paroles. Mais lui, cela l'ennuyait. Les paroles d'un enfant n'avaient aucune importance. Apprendre et écouter, voilà tout. Il aurait volontiers réprimander cette enfant pour ainsi interrompre une conversation, signe d'un manque d'éducation, mais il n'était point chez lui, et elle était sous la protection de la Reine. Il ne dit rien, l'ignora, et poursuivit.

Donc, faites à votre guise, ma Reine. L'Evêque s'arrêta un instant, conscient de l'étrange jeu de mots qu'il avait fait involontairement. Il eut envie de sourire, mais se retint, et poursuivit. Je voulais ensuite vous parler de choses plus, frivoles, en quelque sorte, mais malgré tout importantes pour moi. Je ne crois pas que vous ayez déjà rencontré ma soeur, Aranelle. Elle est grandement en âge de se marier, et je souhaiterais lui trouver un bon parti, impérial ou français. Vous sachant très érudite sur la noblesse du Royaume, peut-être auriez-vous des suggestions.

Jettant un regard un Blanche, il espérait qu'elle ne dirait rien. Sa soeur serait prévenue en temps voulu, mais Blanche étant une de ses amies, elle pourrait très bien le prendre de court en informant la jeune femme des projets de son frère, projets ayant reçus l'agrément paternel bien entendu.
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Blanche_
Plus qu'exaspérée, quoique assez polie pour rien n'en montrer, Blanche tourna son entière attention vers Yolanda Isabel, qu'elle rassura d'un sourire, et à laquelle elle murmura, très discrètement, qu'un adage vieux comme le monde disait que "La Vérité sort toujours de la bouche d'un enfant."
Ma Chérie, ajouta t'elle en souriant plus fort, pour glisser dans sa conclusion l'assurance d'un don supplémentaire : son affection, ultime et délicate.
Blanche n'était-elle pas faite pour aimer ?

Après la Religion, le Mariage.
Si les dalles froides n'avaient pas à ce point ankylosé ses membres, elle aurait bien voulu se lever, et quitter la pièce.
Elle tendit une main amusée, traça le contour d'une dalle proche, et glacée. Elle avait prit l'habitude, en écoutant les leçons de prêtres et confesseurs dévots, de mentir en prétendant être posée, et attentive. Aussi elle souriait, aussi simplement, comme si la question de l'hymen d'une inconnue à Béatrice avait son importance, entre les visites diplomatiques, et les questions de politique.


Nous devrions aussi songer à te fiancer, ma Puce, glissa t'elle à l'oreille de Yolanda, assez fort, cependant, pour que le paradoxe parvienne à celles d'Amael.
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Amael
Aux paroles de Blanche, le visage d'Amaël se ferma un peu plus et il porta un regard noir vers son amie. Il parla alors d'une voix ferme et posée, très calmement.

La Reine a bien voulu nous recevoir, nous, son ami, afin de l'entretenir de sujets divers, si ces discussions vous dérangent, Blanche, je ne vous retiens pas et vous pouvez aller vaquer à d'autres occupations avec cette enfant.

Amaël, au fond de lui, était en colère contre la Bretonne donc le comportement le blessait. Béatrice n'était clairement plus vraiment la même, et c'était bien normal, le pouvoir vous change, de part le simple fait que vous devez y consacrer la majeure partie de votre temps, mais il n'acceptait pas l'indifférence et la froideur de Blanche, que rien n'expliquait à ses yeux. Se levant, et se tournant vers Béatrice, c'est d'un ton las qu'il s'adressa à elle.

Je crois que j'ai d'ors et déjà trop abusé de votre temps, Votre Majesté. Je vais donc vous laisser et ne point vous importuner plus longtemps.

Il n'y avait plus aucun lien d'amitié dans ces dernières paroles, seules des mots d'un sujet à sa souveraine. Il était déçu, plus qu'en colère, car en l'espace d'un instant, il avait l'impression d'avoir perdu deux de ses plus chers amis, deux parmi le très petit nombre qu'il avait conservé en France.
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Blanche_
Chlac !
Ça, c'était le bruit sur le couperet de la tête de Blanche.
Elle ouvrit la bouche, estomaquée, dans un grand : "Oh !" de surprise. Avait elle bien entendu ?
Tout... entendu ?

Elle déglutit lentement, passa une main rapide, en négligée sur les plis crème de sa robe.
Bien qu'elle ne parlât pas encore français couramment, elle était presque sûre qu'Amael - l'évêque Amael- s'était montré grossier avec elle. Il y avait peut être des subtilités de langage qu'elle avait égarées. Ou des indices, qui prouvèrent qu'il aurait préféré être gentil.
Mais le regard qu'il lui lança était sans équivoque.


Je...
Elle n'osait relever les yeux vers sa Reyne.
Mon Dieu, songea t'elle, vient-on de me parler ainsi devant sa Majesté la Reyne de France...?
Fort heureusement, elle avait la main de Yolanda dans la sienne, et cela, rien que cela, pouvait vous aider à braver des montagnes. Ce qu'elle s'empressa de faire, plus pour éviter à la Reyne le désagrément d'un hôte en colère, que sa présence bretonne.


Seien Sie vorsichtig, Herr Bischof! Freundschaft verzeiht Ihnen nicht alles.
C'était dit posément, avec le plus de politesse qu'une femme vexée, et blessée dans son orgueil pouvait ressentir. Elle l'avait dit alors que, en faisant quelques pas pour sortir de la salle, elle était arrivée à sa hauteur.
Redressant le nez -n'oublions pas qu'elle était née Princesse- elle salua Béatrice en s'inclinant profondément, attendant aussi qu'elle lui donne congé.

Eure Majestät.

Puis, tendant le bras vers la filleule de la Reyne, elle lui adressa un sourire empli de sagesse.
Darling ?

Allez en paix, mon enfant.

[Faites attention, Monsieur l'Evêque. L'amitié ne vous pardonne pas tout.
Votre Majesté.
Chérie ?]
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Yolanda_isabel
Vous entendez le doux bruit de l’incorrection ? Celle qui sous prétexte d’être issue d’une union plus que correcte, se permet bien des dérogations à la bienséance, et l’infante même si jeune sait qu’il faut répondre quand on s’adresse à soi, et que la façon dont l’a ignoré l’évêque la fait tiquer à juste raison, un sourire qui reste crispé sur le visage poupin, un sourire que vient adoucir les propos de Blanche, Blanche qu’elle aime comme une sœur, à la limite d’une mère, elle aussi. Le Louvre est le temple de la maternité, de son enfance, elle rêve éveillée, il n’y a pas de cauchemars, il n’y a que des mains caressantes pour apaiser les peurs.

Oui, elles devraient y songer toutes. Toutes, Béatrice, Clémence, Blanche, Maman, toutes, il faudrait qu’elles l’aident à trouver un fiancé, et alors qu’elle y pense, voilà qu’il la coupe, la laissant estomaquée, la bouche s’ouvre comme celle de Blanche, écho enfantin de la barbare. Comme dans un rêve, elle se lève & l’invective, les cours qu’on lui dispense ne lui permettent pas encore de bien cerner toutes les langues, mais une princesse se doit de connaître beaucoup de cultures, alors faute de savoir écrire, elle sait parler. Et quand la main de Blanche se tend en sa direction, elle lui répond par un sourire amusé alors qu’elle se lève doucement, faisant face à Béatrice, recule de quelques pas avant de plonger dans une révérence à son tour pour gagner les côtés de Blanche, et la voix fluette s’élève un instant, dirigée vers son mentor.


-« Gwenn ? De ghnáth, punishes sé na leanaí wayward, nach bhfuil siad nach meangadh.. Uimh? »

Et le tout accompagné d’un léger rire, d’un regard complice en direction de la Reine, elles sont là, pas tout à fait parties, pas tout à fait inconvenantes, elles sont la présence, indisciplinée, indiscrète, les filles de la Reine.
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*Blanche ? D'ordinaire, on punit les enfants capricieux, on ne leur sourit pas .. Non ?
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« Yolanda Isabel de Josselinière : créatrice de la Disney Parade du XVème siècle ! » - Breiz.
Amael
L'Evêque, attendant une réponse de Béatrice, qui dans tous les cas, conduirait pour l'évêque à sortir de la pièce et de s'en retourner en Lorraine aussi tôt que possible. Il était encore colère, il était blessé et surtout il ne comprenait pas l'attitude de ses amies. Lorsque à son tour, Blanche se leva et s'adressa à lui, il resta impassible devant elle.
En fait, il ne comprit rien aux paroles de la princesse bretonne. Il avait bien reconnu de l'allemand, la langue de ses pairs et ses voisins du royaume d'Allemagne, mais la Lorraine étant francophone, et Rome plus française et italienne que toutes autres nationalités, il ne parlait pas un mot de la langue germanique.
Le message de Blanche à l'Evêque fut donc totalement perdu pour lui. Néanmoins, Amaël ne voulu rien laisser paraître de son incompréhension et resta donc impassible, attendant un mot de la Reine, regrettant déjà cette rencontre dont il n'aurait jamais imaginé pareille issue.

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Beatritz
Cette audience avait quelque chose de dérangeant sur quoi la Reine ne parvenait pas à mettre le doigt. Le fait, peut-être, que tous s'étaient connus en des circonstances différentes qui autorisaient les effusions et la complicité. Que le contraste avec cette réception on ne pouvait plus convenable et austère, respirant un simulacre d'amitié qui n'égalerait jamais le lien réel qui existait, au fond d'eux, en ces êtres qui ne pouvaient plus les manifester, était trop douloureux pour ne point les aigrir.

Amael parlait et Béatrice prenait le temps de peser ses mots sages et justes ; mais ce temps fut mis à profit par Yolanda, à l'impétuosité juvénile ardue à canaliser. Dès cet instant, tout partit en quenouille. La bobine de fil était tombée à terre et en vain lui courait-on après pour la rattraper ; se déroulaient, sous leurs pas, le fil d'une audience fausse et politique. Oui, c'était peut-être cela, le problème : avoir mêlé la politique à ce cours de catéchisme. Ne point savoir s'il y avait derrière ces mots des reproches moraux ou politiques.

Valait-il encore la peine de répondre à des mots qu'à défaut de commenté, elle avait entendus et assimilés ?
Valait-il la peine de lui dire que son confesseur était Son Eminence Vincent Diftain ?
Valait-il la peine de lui dire qu'elle avait récemment refusé, pour des raisons politiques, la main de sa sœur à un jeune homme de noblesse française et impériale, qui avait tout lieu de convenir à la Ried ?
Sans doute le dirait-elle dans une lettre.

Car le fil était rompu, la bobine au large, Blanche drapée dans sa compréhensible fierté, Amael dans la sienne, et Yolanda nageant dans l'ignorance curieuse. Celle des "Pourquoi ?" et des punitions incomprises.

Et ces deux entités faisant corps de part et d'autre ne laissaient à Béatrice que la place sans confort d'arbitre. Ses paupières battirent de fatigue, celle des migraines émergentes, et elle dit d'une voix blanche :


-"Il nous plait de discuter avec vous, de vous apporter notre soutien et une oreille attentive à vos conseils, cher ami, mais il nous plait moins que vous insultiez notre maison. Ces personnes sont ici parce que nous le voulons et la solitude que nous ne nous sommes pas accordée de gré, vous ne nous la prendrez pas à la force de votre caractère."

Congé qui ne se nomme pas. Le problème des amis, c'est qu'on leur reproche plus facilement leurs faux pas et leurs travers, au moins autant qu'on les aime ; car il nous est douloureux de les voir défaillir, de les devoir déchoir du piédestal sur lequel on les a hissés.
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Amael
Pas un mot, pas un mouvement de cils, mais dans le regard d'Amaël, un ouragan d'émotions divers, contraires, qui l'une après l'autre prenait le dessus. Ce fut la tristesse qui l'emporta dans les yeux du prélat lorrain. Il s'inclina légèrement, dans une révérence convenable, et après deux petits pas en arrière, tourna les talons, sans un regard vers Blanche.
Elle avait choisi, elle l'abandonnait, il ferait donc selon son plaisir. Lui qui songeait à revenir en France pour être proche et venir soutenir ses amis, en cet instant, il savait qu'il n'en ferait rien, qu'il continuerait à vivre en Lorraine.
L'évêque messin quitta le Louvre sans plus tarder. Il n'y reviendrait certainement pas avant bien longtemps. Il ne faisait plus partie des favoris.

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