Elais
[Derrière une porte]
Cela faisait très peu de temps quelle sétait extirpée dun léger sommeil réparateur. Entre les gardes nocturnes, la douane à laube et travailler un peu dans son atelier laprès midi, les nuits étaient longues et les journées trop courtes ; particulièrement en ce moment où lune des armées du Poilu venait de mettre en alerte toute la population du Bourbonnais-Auvergne. Alors la jeune femme saccordait quelques heures de repos entre le déjeuner et la confection des rares vêtements dont on lui faisait commande. Elle espérait que les tensions qui régnaient entre les duchés sapaiseraient au plus vite sinon elle craignait den perdre la santé, mais surtout de voir tomber bon nombre de personnes quelle commençait à affectionner.
Elle songeait à cela pendant quelle laçait le devant de sa robe et essayait de discipliner la masse brune qui lui servait de chevelure quand trois coups frappés sur la porte retinrent son attention. Elle jeta un regard interrogatif vers la fenêtre, tentant de se rassurer sur léventuel visiteur.
Elle avait rarement de visite laprès midi - surtout chez elle ; la plupart du temps lorsquelle recevait, cétait à larrière, là où se trouvait son échoppe de Tisserand. Ses clients se présentaient toujours à la porte de cette dernière, étant donné quelle donnait sur le chemin du cimetière qui menait au centre ville. Probablement que cette fois, celui ou celle qui venait à sa rencontre arrivait de la rue Mandragore, ou tout bonnement souhaitait une entrevue avec elle pour des raisons autre que son métier. Mais cela était tellement rare Hormis son cher Eliott, peu de personnes entraient ici, car tous savaient la douanière très solitaire et nosaient venir la déranger.
Arrangeant à nouveau ses cheveux pour paraitre décente, puis chassant les pensées qui continuaient à sinsinuer dans son esprit, Elais se décida enfin à rejoindre la porte et à louvrir, espérant que le temps de ses réflexions le visiteur navait pris la fuite ou quil ne fut point porteur de mauvaises nouvelles.
Un sourire éclaira son visage. Non, il était toujours là, devant elle, les joues légèrement colorées et un sourire à damner toutes les saintes du royaume. Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Les traits juvéniles du visage de lhomme quelle avait connus autrefois, avaient totalement disparu et avaient laissé place à un charme plus -Elle eut une légère hésitation quant à ce qui avait changé chez lui- Peut-être était-il plus mature ? Viril ? Bref, un charme quelle découvrait plus amplement chaque jour, et malgré tous les efforts pour maitriser ses sentiments, elle y était douloureusement et désespérément sensible, cela à chaque fois quil lui adressait de tels sourires.
Subitement, une certaine gêne vint la déstabiliser, guère à cause de ses dernières pensées, mais par les yeux azurés qui se posaient longuement sur elle. L'inquiétude simmisça en elle. Depuis leur dernière rencontre, quelque peu étrange, la jeune femme navait revu le vagabond. Elle lavait parfois croisé sur les remparts, mais ils sétaient simplement contentés de se saluer et de vaquer à leurs occupations, chacun nosant probablement pas réitérer les derniers moments quils avaient partagés. Alors que venait-il faire ici et pourquoi la regardait-il ainsi ?
Toussotant légèrement pour se donner contenance, elle fut surprise de le voir sourire de plus belle et ôter sa cape avant de lui tendre la main.
Elais voudriez-vous me faire lhonneur et le plaisir de maccompagner pour une marche ? J'ai besoin de vous parler.
De plus en plus inquiétant. Même si le sourire quAnseis affichait semblait effacer tous les doutes sur lannonce dune mauvaise nouvelle, sa dernière phrase nétait pas pour la rassurer. Cependant, sans quelle nen sache la raison, elle neut aucune hésitation et glissa sa propre main dans la sienne avant de fermer, de lautre, la porte derrière elle et de reporter deux pupilles curieuses sur son compagnon.
Bien sûr. Volontiers.
Cela faisait très peu de temps quelle sétait extirpée dun léger sommeil réparateur. Entre les gardes nocturnes, la douane à laube et travailler un peu dans son atelier laprès midi, les nuits étaient longues et les journées trop courtes ; particulièrement en ce moment où lune des armées du Poilu venait de mettre en alerte toute la population du Bourbonnais-Auvergne. Alors la jeune femme saccordait quelques heures de repos entre le déjeuner et la confection des rares vêtements dont on lui faisait commande. Elle espérait que les tensions qui régnaient entre les duchés sapaiseraient au plus vite sinon elle craignait den perdre la santé, mais surtout de voir tomber bon nombre de personnes quelle commençait à affectionner.
Elle songeait à cela pendant quelle laçait le devant de sa robe et essayait de discipliner la masse brune qui lui servait de chevelure quand trois coups frappés sur la porte retinrent son attention. Elle jeta un regard interrogatif vers la fenêtre, tentant de se rassurer sur léventuel visiteur.
Elle avait rarement de visite laprès midi - surtout chez elle ; la plupart du temps lorsquelle recevait, cétait à larrière, là où se trouvait son échoppe de Tisserand. Ses clients se présentaient toujours à la porte de cette dernière, étant donné quelle donnait sur le chemin du cimetière qui menait au centre ville. Probablement que cette fois, celui ou celle qui venait à sa rencontre arrivait de la rue Mandragore, ou tout bonnement souhaitait une entrevue avec elle pour des raisons autre que son métier. Mais cela était tellement rare Hormis son cher Eliott, peu de personnes entraient ici, car tous savaient la douanière très solitaire et nosaient venir la déranger.
Arrangeant à nouveau ses cheveux pour paraitre décente, puis chassant les pensées qui continuaient à sinsinuer dans son esprit, Elais se décida enfin à rejoindre la porte et à louvrir, espérant que le temps de ses réflexions le visiteur navait pris la fuite ou quil ne fut point porteur de mauvaises nouvelles.
Un sourire éclaira son visage. Non, il était toujours là, devant elle, les joues légèrement colorées et un sourire à damner toutes les saintes du royaume. Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Les traits juvéniles du visage de lhomme quelle avait connus autrefois, avaient totalement disparu et avaient laissé place à un charme plus -Elle eut une légère hésitation quant à ce qui avait changé chez lui- Peut-être était-il plus mature ? Viril ? Bref, un charme quelle découvrait plus amplement chaque jour, et malgré tous les efforts pour maitriser ses sentiments, elle y était douloureusement et désespérément sensible, cela à chaque fois quil lui adressait de tels sourires.
Subitement, une certaine gêne vint la déstabiliser, guère à cause de ses dernières pensées, mais par les yeux azurés qui se posaient longuement sur elle. L'inquiétude simmisça en elle. Depuis leur dernière rencontre, quelque peu étrange, la jeune femme navait revu le vagabond. Elle lavait parfois croisé sur les remparts, mais ils sétaient simplement contentés de se saluer et de vaquer à leurs occupations, chacun nosant probablement pas réitérer les derniers moments quils avaient partagés. Alors que venait-il faire ici et pourquoi la regardait-il ainsi ?
Toussotant légèrement pour se donner contenance, elle fut surprise de le voir sourire de plus belle et ôter sa cape avant de lui tendre la main.
Elais voudriez-vous me faire lhonneur et le plaisir de maccompagner pour une marche ? J'ai besoin de vous parler.
De plus en plus inquiétant. Même si le sourire quAnseis affichait semblait effacer tous les doutes sur lannonce dune mauvaise nouvelle, sa dernière phrase nétait pas pour la rassurer. Cependant, sans quelle nen sache la raison, elle neut aucune hésitation et glissa sa propre main dans la sienne avant de fermer, de lautre, la porte derrière elle et de reporter deux pupilles curieuses sur son compagnon.
Bien sûr. Volontiers.