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Les guerriers divins ou la Terrible histoire de la meute

Anseis
[Et le voyage reprit]

La jeune Beths lui avait indiqué le quartier des maréchaux ferrants. Proche des portes de la ville pour accueillir les voyageurs fourbus et leurs montures aussi

Il ne fit attention aux premiers cris qui se mêlaient au bruit de la foule, mais ressentit un frisson lorsque le cri retentit


CANASSON, STOP

Il jeta un regard vers le cheval qui, soufflant un peu plus fort, pressa le pas. La monture semblait avoir un caractère identique à celui de sa maitresse. Qui des deux avait influé l’autre ? Difficile de le dire. Toujours est-il que cheval et homme furent vite engloutis par la foule.

Anseis chercha, parmi les boutiques, celles qui offraient un peu de discrétion. Il ne lui fallu que peu de temps pour trouver une vieille forge un peu à l’écart des autres. Priant le ciel que ce n’était la boutique préférée de Beths, il y mena Canasson au plus vite.

L’homme âgé ne semblait surchargé de travail, mais son regard indiquait qu’il s’en contentait pourtant parfaitement. En soupirant il quitta son fauteuil et marmonna quelques mots inintelligibles. Anseis se contenta de soulever la patte avant du cheval – qui lui jeta au passage un regard noir. L’homme examina le sabot, prit des mesures puis inspecta les autres fers.

Contrastant brusquement avec l’image qu’il avait donné jusqu’alors, il caressa l’animal à l’encolure, lui murmurant quelques mots, puis se mit au travail. Anseis n’avait que son instinct pour le guider et ce dernier était la plupart du temps complètement inefficace en ville. Cependant l’empathie entre le forgeron et l’animal lui soufflait que la bête était entre de bonnes mains. Il profita donc de ce moment de répit pour s’appuyer contre une des grandes poutres, à moitié caché de la grande rue, et observer les passants. Au bout d’un moment, son regard se posa sur une jeune femme. Habillée de façon martiale – militaire ou maréchale ? – elle parcourait la rue de long en large, jetant un coup d’œil dans les différents étals. Il n’y avait que peu de doute qu’elle fût à l’origine du cri qu’il avait entendu. Se positionnant un peu plus derrière la poutre, il continua de l’observer alors que ses va et vient devenaient plus rares, jusqu’à ce qu’il sente un tapotement sur son épaule.

Sursautant, il se retourna pour entendre l’homme annoncer qu’il avait fini. De la main, il indiqua le prix : 15 écus et 25 deniers. Par acquis de conscience, le muet se dirigea et examina les quatre fers. Le forgeron avait fait un travail plus qu’honorable, redressant au passage un des fers arrière. Anseis ouvrit la bourse que lui avait confiée Beths pour verser à l’homme 20 écus. Sa conscience, raffermie par six longues années monastiques lui souffla qu’il n’était vraiment correct de payer grassement travail avec l’argent d’autrui, mais le jeune homme la fit taire en se disant que dame Beths aurait probablement faire de même et que…si elle le lui reprochait, il avait assez d’économies pour lui rembourser la différence. Il s’apprêtait à faire un signe à l’homme pour indiquer qu’il pouvait garder le surplus d’argent quand il reconnu la jeune femme qui s’approchait de lui. Sans plus attendre, il grimpa sur le cheval et donna un coup sec sur les flancs de l’animal. Le hennissement de surprise de la bête suffit à écarter les diverses personnes dans la rue. Ayant le champ libre, le vagabond n’hésita plus longtemps et lança Canasson dans un trot. Sans prêter attention aux cris le sommant de s’arrêter qui s’éloignaient, il franchit la distance qui le séparait des portes en continuant d’accélérer au point qu’il était quasiment au galop lorsqu’il les passa.

Quelques lieues plus tard, il ralentit Canasson qui tourna la tête vers lui avec un regard mauvais. Le muet l’ignora et jeta un coup d’œil derrière lui. Non, personne ne semblait l’avoir suivi. Il reprit un rythme plus lent. Il y avait des chances que le chef de la bande de brigands ait envoyé quelques guetteurs, donnant sa description à son groupe. Et même si les habits sombres étaient fort communs, ces hommes n’hésiteraient longtemps à éliminer un potentiel danger.

Avait-il été assez discret ou bien l’avaient-ils ignoré ? Le résultat était qu’il rejoint Beths dans leur poste d’observation sans mauvaise surprise. La jeune femme, épuisée par les derniers événements qui avaient du mettre son corps et ses nerfs à rude épreuve, s’était assoupie.

Anseis lui posa une couverture sur les épaules et continua la garde, étouffant un bâillement. Lui-même, il se savait, aurait eu besoin de récupérer. Mais probablement pas autant que ceux qu’il observait. Alors que la nuit tombait, Beths se réveilla enfin. D’une voix ensommeillée, ses premiers mots furent


Marty ?

Anseis observa avec son mutisme et sa neutralité habituelle le visage de la jeune femme passer d’une expression à l’autre : peur, surprise, compréhension, renfrognement

J’espérais que tout ceci n’était qu’un rêve. Merci de m’avoir laissé dormir. Je peux reprendre la garde maintenant.

Alors que le jeune homme acquiesçait de la tête, il jeta un regard vers le bosquet au loin pour changer son mouvement vertical en horizontal. Les hommes levaient le camp et prenaient la direction du nord. En soupirant il indiqua Canasson – qui continuait de lui jeter un regard mauvais – à Beths puis s’approcha de sa propre monture pour la seller. Au moins, la nuit les rendraient plus discrets alors qu’il reprenaient leur filature.
Beths
[Visions ...]


Le miracle enchanteur du printemps … pelouses abreuvées de rosées qui étaient d’un si beau vert tendre, les lilas en devenaient éblouissants, les cytises semblaient autant de fontaine où ruisselait une pluie d’or … au loin les arbres fruitiers sous lesquels les taraxacum officinale poussaient follement offrant aux regards leurs splendeurs naïves mais aussi et surtout l’assurance d’un bon repas. Et elle se tenait là, assistant à ce spectacle de beauté, sentant son cœur bondir de joie et d’allégresse, et levant alors les yeux, découvrant à ses côtés l’être aimé. Sourires échangés au milieu de senteurs merveilleuses, dans ce jardin, dans leur jardin, ils étaient chez eux, ils étaient heureux, leur gan eden, deux êtres, un cœur. Levant une main vers lui …

Marty ?

Dure réalité qui revient au galop, tristesse de la fin de journée d’un hiver qui n’en finissait plus. Peur, abandon, où était-elle ? Ou était-il ? Que faisait-elle là ? La jeune femme se redressa brusquement faisant glisser la couverture qui couvrait ses épaules l’empêchant d’attraper froid. Son regard se porta autours d’elle, et petit à petit sa mémoire lui revint. Elle venait de quitter un doux rêve, la tranquille insouciance du sommeil pour revenir à l’indubitable moment présent.

Deux jours qu’elle avait quitté l’Espinasse et ses amis, deux jours qu’elle cavalait la maréchale, deux jours que peut être ils s’inquiétaient, deux jours …un homme avait été tué, et les brigands se rassemblaient plus dangereux que jamais et alors qu’elle ne connaissait toujours pas leurs intentions !
Se rappelant la découverte de ce pauvre hère sur lequel les brigands semblaient s’être acharné lui amena un frisson qu’elle ne put réprimer. Pourquoi ? Et surtout quel étrange comportement que cet homme silencieux qui l’accompagnait depuis ce temps, elle ne savait plus que penser de lui. En dehors qu’il lui cachait des choses et que cela ne lui plaisait pas. Tôt ou tard, elle saurait, tôt ou tard, il parlerait, tôt au tard …

Elle se tourna vers lui et le regarda sans mot dire l’étudiant. Il lui renvoyait son regard. Elle n’avait guère le choix que de faire avec lui, mais … un homme était déjà mort, il ne fallait pas que cela continue. Non, plus jamais, plus jamais des innocents, plus jamais !. Elle se l’était pourtant juré … or elle était aujourd’hui maréchale et prévost royale et … impuissante devant le nombre … neuf brigands, neuf … elle ne pouvait rien faire et rageait d’une telle position, mais se lancer contre eux seule aurait été idiot et suicidaire. Maudit de soit son incompétence !
L’oisiveté n’était décidemment pas bon pour elle. Depuis qu’elle avait accepté les tendres sentiments qu’elle portait au duc de Billy, elle s’était ramollie la maréchale, il y avait autre chose qui comptait que la prévôté, que ses entrainements, qu’arrêter les fauteurs de troubles.
Et aujourd’hui, à cause de sa négligence, elle se trouvait dans une position délicate, avec pour tout compagnon un muet qui ne pouvait répondre à ses interrogations.

Un compagnon trop étrange mais qui avait lui aussi besoin de repos.


Merci de m’avoir laissé dormir. Je peux reprendre la garde maintenant.

Alors que l’homme s’apprêtait à prendre quelques heures de repos, et elle sa garde silencieuse, un mouvement se produisit de l’autre côté du bosquet. S’accroupissant instinctivement, la jeune femme les épia … ils levaient le camp. Anseis et elle se dirigèrent alors vers leurs montures respectives. Beths s’amusa de voir que son cheval jetait des regards mauvais à l’homme. Bien fait ! Au moins son Canasson avait bon goût, son balourd si attachant, et têtu comme un bourricot. S’approchant de son cheval, elle lui fit lever les pattes pour vérifier le travail du ferrant.

Hum … c’est pas mal, vous avez choisi lequel ? Et cela quel en fut le coût ? Et personne ne vous a vu ?

Chassez le naturel … le bombardement de questions avait repris, la Gondole se fichait complètement que l’homme ne parlait pas, il entendait, c’était suffisant. Et le regardant de façon impassible, elle remarqua que ce dernier se troubla. Elle leva alors les yeux au ciel.

Oooooooooooh parfait on vous a vu caracolant sur mon cheval, et tout Thiers, mon Thiers, la ville que j’aime et où je réside vous y a vu et … EEEEEEEEEHHHHH !! La jeune femme plaça aussitôt ses mains devant sa bouche alors qu’elle venait de hausser dangereusement le ton … les brigands n’étaient pas loin. Se figeant l’un comme l’autre, retenant leur respiration, non, ouf … personne n’approchait de leur cachette sommaire. Reprenant plus doucement.

Si l’on a vu mon cheval sans moi, peut être que quelques collègues maréchaux viendraient nous porter main forte. Sauf qu’il ne faudrait pas qu’ils tombent sur ces ignobles individus, ils se feraient massacrer.

La jeune femme se mit à pâlir en songeant au pire. Sa marraine … non, non, noooooooon. Non, elle savait être raisonnable et se montrer sage …

Anseis était déjà en selle, et l’attendait, insensible à ses sentiments et à son inquiétude pour les gens qu’elle aimait. Lui lançant un regard mauvais, un reflet exact du regard que lui avait adressé Canasson quelque temps plus tôt, elle monta sur son cheval à son tour, et ils se mirent en route, vers le nord, alors que la nuit tombait.

Jusqu’où les mènerait cette filature, jusqu’où ? Et … malgré son expérience, et celle étonnante du muet, cela finirait mal, neuf contre deux, ils allaient indéniablement leur tendre un piège, cela ne pouvait être autrement. Et cet homme, celui qui avait tenté de la tuer, il était forcément avec eux, et … s’il voulait la tuer, c’est qu’il la connaissait et savait qui elle était et que donc forcément, elle le pisterait.
Devant un tel constat, la jeune femme n’était pas tranquille, elle tentait de réfléchir, d’élaborer un plan, mais rien, rien ne venait, le néant, à croire qu’elle avait perdu ses facultés …
Et qu’il était frustrant de ne faire que les suivre alors que peut être, peut être devant eux … des innocents ! Beths bouillait, elle bouillait littéralement, la colère, cette Colère, celle qu’elle cachait, celle dont elle avait peur, honte et qu’elle ne pouvait maitriser, cette colère, cette haine sourde … elle les sentait monter chaque heure qui passait, et ceci l’inquiétait également.

Soudain, un mouvement les alerta tout deux. Un cavalier du groupe semblait rebrousser chemin. Se concertant du regard, se comprenant étonnamment bien, Anseis et Beths menèrent leur monture à couvert pour se cacher. Vite, il fallait faire vite, et ne pas céder ni à l’angoisse, ni à la pression. La thiernoise savait qu’elle en était capable, mais lui … quel était donc son passé ? La jeune femme se posa encore la question l’observant à la dérobée alors qu’il venait de trouver une sorte de talus qui les avait mis à l’abri des regards de la route tout en leur permettant d’observer, leurs chevaux attachés un peu à l’écart alors qu’eux même tachaient de mieux se cacher dans la diversité du paysage et les mouvances d’un sol non plat, délicieuse Auvergne. Evidemment si le cavalier décidait de quitter la route …

La jeune femme sentait sa veine battre outrageusement contre son cou et elle porta pleinement son attention sur le cavalier et ses mouvements. Il avançait, il se rapprochait, il était presque à leur hauteur, elle pouvait presque sentir le souffle de son cheval sur ses épaules, et … il passa sans s’arrêter. Les deux compères soufflèrent de soulagement. Mais cela ne dura qu’un instant. L’homme et sa monture revenait. Il devait se savoir suivi. Il était là de nouveau, et … il s’arrêtait. Beths risqua un coup d’œil vers l’homme, la main sur la garde de son épée, prête à intervenir.
Malgré la nuit tombante, le ciel était clair, la lune pleine, et l’obscurité ne se faisait pas, ce qui lui laissait tout le loisir de voir celui qui leur courait après, de voir celui qu’ils traquaient, Anseis et elle.

L’homme apparemment satisfait ou rassuré, talonna sa monture et repartit aussitôt vers ses autres compagnons. Tandis qu’elle-même resta muette d’effroi et de stupeur. Ce visage, cet homme, ce regard …Une soudaine nausée la prit et incapable de se retenir, rendit le peu de nourriture qu’ils avaient avalés des heures de cela. Une main appuyée contre un arbre, la maréchale vidait le contenu de son estomac. Quelques instants plus tard se relevant légèrement, les jambes flageolantes et se sentant étrangement faible, Beths s’assit un peu plus loin et chercha à comprendre son étrange réaction : qui était cet homme ? Où l’avait elle connu ? Pourquoi cette réaction ? En repensant à lui de nouveau son estomac sembla se soulever sauf que cette fois rien. Mais que lui arrivait-il donc ?

Une main étrangement apaisante vint se poser sur son épaule. Anseis le regard indéchiffrable lui tendait une gourde. Appréciant le geste, mais ayant à peine la force d’esquisser un sourire la jeune femme se mit à boire quelques gorgées.
Elle savait qu’ils devaient se remettre en route, mais, sa réaction précédente était inquiétante. Que feraient-ils lorsqu’il croiserait de nouveau ce cul de basse fausse ? Lui vomir dessus était sans doute là, un moyen inefficace pour le terrasser. Elle devait se reprendre là, et vite, sans quoi en plus d’avoir été lente à réagir, elle serait inutile voire même une cible facile à abattre. Et en plus elle se rendrait ridicule.
Serrant les points, son orgueil, sa fierté, chassant petit à petit son malaise, elle se força à se remettre debout. Elle en avait vu d’autre, elle en verrait d’autre, elle devait se montrer forte.


Continuons …

Levant la tête, inspirant doucement, rendant la gourde à Anseis sans le regarder, elle se dirigea vers Canasson. Collant son nez dans sa crinière, les bras autours du cou du cheval

Guide moi mon beau.

Elle se mit enfin en selle. Elle n’avait toujours pas regardé Anseis, elle ne voulait voir ni la pitié, ni la moquerie, ni rien. Plus tard, plus tard, elle verrait, comprendrait peut être, en attendant, il fallait avancer.
Le muet et la thiernoise repartirent dans la même direction que celle emprunté par l’individu peu de temps auparavant.

_________________
Anseis
[sur un chemin entre deux villages]

Il savait qu’il aurait du se concentrer sur la route, qu’il aurait du lutter contre le sommeil. La moindre erreur pouvait se révéler fatale.

Pourtant, la fatigue aidant, il ne pouvait empêcher son esprit de vagabonder, sautant d’idée en idée, d’images en images. Il revoyait l’ancien de la meute allongé à même le sol, la gorge tailladée. Et ce frisson qui revenait sans cesse avec cette vision. Ce pourrait être elle…Puis venait le regard noir que sa compagne de route lui avait lancé lorsqu’il l’attendait pour reprendre de nouveau la filature. Elle aussi aurait pu finir ainsi.
Pourtant, malgré ces horribles visions qui lui glaçaient le sang, il ne sentait changement dans son visage si inexpressif. A peine clignait-il des yeux.

Tournant le regard vers Beths, les événements des dernières heures lui revinrent en mémoire. Comment il avait un moment pensé grimper à un arbre et sauter sur le brigand. Eliminer la tête quand il y a danger – pourquoi donc telle chose lui revenait à l’esprit ?
Il avait changé d’avis lorsqu’il avait vu la jeune femme blanchir alors qu’elle observait le chef de la bande. Il s’était approché d’elle en silence, prêt à lui plaquer la main sur la bouche, quitte à se faire mordre mais elle n’avait bronché. Ce n’est que lorsque l’homme avait disparu qu’elle s’était penchée, la main appuyée sur un arbre proche pour rejeter le maigre repas qu’elle avait pu avaler.

Anseis avait décroché la gourde qui pendait à ses cotés puis lui avait doucement posé la main sur l’épaule, attendant qu’elle se retourne. La lui tendant lorsqu’elle le fit enfin, il s’éloigna ensuite de quelques pas sous prétexte de récupérer les chevaux. Elle n’avait probablement besoin ni envie d’un regard étranger à tel moment.

La jeune femme était-elle à bout de nerfs ? Ou bien y-avait-il autre chose ? Elle ne connaissait ses secrets et il n’était en droit de la questionner, pourtant Anseis comprenait maintenant l’urgence de la situation. Elle ne pourrait tenir beaucoup plus longtemps mais se refuserait d’abandonner. A deux contre neuf, ils étaient en meilleur position qu’un contre sept, mais n’avaient aucune chance. S’il ne se trompait pas cependant, ils repasseraient par Montluçon, par la forge. Quelque chose semblait les pousser à agir et vite. Enverraient-ils des espions, juste pour vérifier le retour du forgeron ? Ou bien s’y rendraient-ils tous de nuit ? Devait-il en profiter pour en éliminer certains…un par un…
Un nouveau frisson parcouru l’échine du vagabond. Oui, il n’avait été qu’un œil mais …





un autre temps, un autre lieu

La pluie lui plaquait les cheveux au niveau des yeux. Il passa la main pour les ramener en arrière.

Amak !!!

Ce cri, il le connaissait. Un cri qui lui demandait d’attaquer. Ce n’était qu’un entrainement, il ne ferait de mal, pourquoi hésitait-il donc ? Il était un œil, il était un chef. Il devait le faire pour la meute. Protéger les yeux, protéger la meute. Pourtant, si se glisser derrière quelqu’un sans se faire remarquer l’amusait, il n’arrivait pas à finir sa tâche. Son bras, armé d’un couteau factice, s’arrêtait juste avant le geste. Un geste pourtant si simple. Glisser la lame le long de la gorge.
Il l’avait répété tant de fois la nuit, dans sa couche ou en haut du grand chêne… mais ressentir la respiration de celui qui « jouait » la proie, c’était tellement différent.

Amak !!!

Le bras ne bougeait pas. Une larme de rage naquit au niveau de son œil alors qu’il tentait de nouveau vainement d’accomplir le geste.

Stop…

rien à faire…il ne veut pas. Pourtant vous me dites qu’il a été élevé ici, non ? Il ne parlait ni même ne marchait. Alors pourquoi ?

Laissez-lui le temps, il est encore jeune et doit s’occuper d’autres enfants. Il apprendra avec le temps. Quelques coups de fouets l’endurciront

Il baissa le regard…puis recula. Il avait entendu la mention du fouet, mais son dos tanné ne ressentait que les derniers coups…alors que son esprit en était inconscient, vagabondant ailleurs en haut du grand arbre, plus près du disque blanc. Il aurait tant voulu se montrer digne des yeux, pouvoir fièrement les représenter. Il s’entrainerait de nouveau ce soir…au risque d’augmenter le nombre de coups. Relevant la tête, il essuya la larme mêlée aux gouttes de pluie, notant les regards posés sur lui. Parmi ces regards un retint son attention. Un différent des autres – il n’aurait su dire en quoi- une griffe, une chef. Elle avait hésité elle aussi, avant de finalement agir. Pourquoi donc le regardait-elle ainsi ?


Anseis fit faire un écart instinctivement à son cheval. Secouant la tête il chassa les dernières pensées. Se concentrer sur la route. Sa promesse… il ne pouvait la tenir que s’il se sortait de cette sordide affaire.


Bettym
[Chevauchée dans la Campagne Auvergnate]

Le convoi partit de l'Espinasse à toute volée, le temps leur était compté. Il ne fallait surtout pas perdre leur trace sauf que le choix de son filleul pour un carrosse n'était pas des plus judicieux. Mais l'heure n'était pas aux protestations...

A chaque supposée piste, ils ralentissaient le pas et vérifiait grâce aux torches mises sur les quatre coins du véhicule. De temps en temps, Marty vint les voir afin de se rassurer de leur confort mais en vain. Comment penser à dormir alors que Beths, son amie, était peut-être en danger ? Comment avec tous ses cahots, dus à la vitesse, pouvaient-ils être sereins. Chaque bosse, chaque trou, leur rappelait qu'il battait la campagne à la recherche d'une femme qui était partie sans crier gare.

Mais pourquoi était-elle partie ainsi ? Qu'avait-elle vu ? Avait-elle été obligée par une tierce personne ? A l'évidence, ce ne pouvait être Sieur Anseis qui l'avait forcée puisqu'il était dans la chambre de Beths quand Marty est arrivé et seul de surcroît ! Bettym tournait et retournait dans sa tête tous les indices qu'elle avait en sa possession mais en vain. La solution était loin d'être évidente.

L'aube se levait et ils pouvaient maintenant voir un peu plus... le beffroi de Moulins. A l'accueil du convoi, les questions dont étaient harcelées les douaniers trouvèrent pour réponses un haussement d'épaules d'impuissance.


Marty ? Ils ne sont peut-être être pas entré dans la ville ! Fait le tour du village en passant par les bosquets au nord. Moi je vais prendre un autre cheval. Puis se tournant vers son autre filleul. Jergal, toi tu restes ici. C'est bien trop dangereux pour toi et s'il t'arrivait quelque chose je ne me le pardonnerai jamais.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le Duc poursuivit de son côté accompagné d'un de ses écuyers, quand à Bettym, elle en profita pour aller chercher quelques victuailles le temps qu'un cheval soit scellé pour faire le chemin inverse de Marty. Force était de constater qu'il n'y avait pas grand chose comme indice.

De retour devant les portes de la ville, ils se regardèrent et...


Faisons le chemin inverse, je suis sûre que nous avons loupé quelque chose. Un chemin ou un sentier, Beths n'aurait pas filé à l'anglaise sans laisser un petit indice. C'est impossible.

Et d'un commun accord, ils refirent le chemin inverse plus calmement explorant la moindre trace récente de passage.
Anseis
[Un plan]

La pluie les avait accompagnés dès le début de la soirée, rendant l’étrange filature encore plus maussade et lugubre, si cela était possible.

Anseis avait pris les devants, continuant de suivre les traces que laissait la troupe qui les précédait. La jeune femme l’avait suivi sans broncher. Elle qui s’était montrée jusqu’alors plutôt prolixe était étrangement silencieuse depuis la veille, au moment où son regard s’était posé sur le chef de bande.

Lui lançant parfois quelques regards, le jeune vagabond s’inquiétait pour elle. Mais son regard revenait toujours vers la route et les traces des fers dans le chemin boueux. Ils ne pouvaient s’arrêter. Pas avant d’en être sur. Chaque heure écoulée cependant semblait confirmer que le chemin les ramenait bien vers la destination qu’il espérait maintenant : Montluçon.

Anseis avait souvent traqué, homme comme bête, et ses sens le lui soufflaient. Ces hommes n’avaient d’autre choix que de remplir leur triste besogne. La chance avait jusque là souri à leurs victimes…si l’on faisait exception du pauvre hère vivant dans le taudis non loin de la capitale. Mais la chance pouvait tourner et les malandrins semblaient poser tout leurs espoirs dans un tel retournement. Ils revenaient pour lui. Et après… Anseis frissonna alors que son visage se durcissait….Non il les arrêterait à Montluçon. Il ralentit sa monture et du en faire de même pour celle de sa compagne qui semblait continuer son chemin, perdue dans ses pensées. Elle lui jeta un regard interrogateur. Descendant de son cheval, le jeune homme attendit qu’elle fît de même. Du doigt, il indiqua alors les traces. Elles s’éloignaient du chemin, vers une masse sombre : l’entrée de la forêt d’Evenstar. Comme il s’y attendait, le groupe n’avait jamais eu l’intention de contourner cette ville.

Il entendit la jeune Beths soupirer, levant la tête, il la regarda un instant serrer ses bras autour d’elle comme pour réprimer un frisson alors que son regard fixait l’orée de la forêt. Le jeune homme lui posa de nouveau la main sur l’épaule puis lui sourit pour la première fois. Après avoir chassé de son front gouttes de pluie et cheveux d’un geste instinctif il regarda les deux yeux de la jeune femme s’agrandir de surprise. Continuant de sourire il pointa du doigt le chemin qui menait à la ville. La surprise fut telle que la jeune femme en ouvrit la bouche. Il hocha la tête en pointant de nouveau en direction de la ville. Non seulement il pensait toujours les arrêter ici même à Montluçon, mais était maintenant dans son esprit un plan qui avait germé durant la poursuite nocturne. Il ne s’agissait que d’un simple plan et il comportait des risques mais le jeune homme savait que maintenant était leur chance et qu’ils devaient la saisir. Il accompagna donc la jeune femme qui continuait de le regarder incrédule vers Canasson et l’aida à monter, avant de rejoindre sa propre monture. N’aurait été le risque d’un éclaireur que le vagabond aurait sorti sa flute pour en jouer le temps de rejoindre les remparts. Leur faisant parcourir un arc de cercle afin d’éviter la forêt, il mena son cheval et celui de sa compagne de route.

Le chemin qui leur restait à parcourir ne fut pas long mais suffit à amener quelques teintes bleutés vers l’Otan. Le temps ne semblait s’améliorer mais la grisaille qui avait voilé les yeux d’Anseis depuis son départ du Mans s’en était allée. Alors qu’il s’approchait des portes de la ville, en attendant l’ouverture, le jeune homme regarda de nouveau Beths, son visage toujours fendu d’un léger sourire reflétant maintenant assurance. Oui, cela marcherait : il lui fallait maintenant retrouver cette autre jeune femme : Sève.
Beths
[Où et quand une Beths se posa encore et toujours des questions, et comprit la valeur du silence]


La folle poursuite avait donc continuée jusqu’où allaient ils aller, jusqu’où ces vils assassins, ces funestes individus allaient aller ? Thiers, l’aide si proche et si lointaine, et puis de Montpensier … Sofio … peut être que la Sénéchale avait placé des troupes ? Peut être que ceux qu’Anseis et elles poursuivaient seraient arrêtés ? Las, point de patrouille sur les chemins sinueux et cachés qu’ils empruntaient.
La jeune femme était restée étrangement silencieuse depuis qu’elle avait eu loisir d’observer cet homme si près d’eux. Qui était-il ? qui ? QUI ?! Pourquoi le connaissait-elle sans le connaître ? Pourquoi sa mémoire refusait de s’ouvrir ? Pourquoi ? Aurait-il un lien avec son passé ? Non, non elle s’en serait forcément souvenue. Forcément … sauf que lorsqu’elle se forçait à se rappeler, la nausée arrivait, la nausée, le trouble, la peur, et …. Non … elle n’y arrivait pas. Elle n’y arrivait pas distinctement, tout restait flou, tout.

Une nouvelle journée était passée, encore une fois leur repas avait été plus que frugal, encore une fois le sommeil avait été mince. Ne s’étant point préparé à un tel voyage, hormis son épée, sa chemise, et ses braies et chausses, qu’elle avait judicieusement récupérés au dernier moment … rien. Fort heureusement pour elle, Anseis était bien plus équipé : couverture, eau et nourriture. Elle avait renoncé à comprendre qui il était lui aussi et pourquoi poursuivait-il les mêmes individus qu’elle. Déjà qu’elle ne savait même plus pourquoi elle les suivait … en dehors que l’un d’entre eux avait cherché à la tuer, qu’ils avaient assassiné un innocent, enfin … un homme, et que si elle souhaitait pouvoir retrouver une certaine quiétude … elle n’avait pas le choix.

Un instant sa pensée s’échappa sur … ses amis. Bettym, Jergal … Marty … La jeune femme les avait plantés sans leur donner la moindre explication, elle n’en avait point eu le temps. Elle n’avait pas songé à eux, elle n’avait songé qu’à se mettre en chasse. Réaction stupide et irréfléchie qu’elle commençait doucement à regretter sans oser l’avouer. Et puis ils devaient s’inquiéter, surement, peut être … et ses collègues maréchaux ? Elle avait disparu totalement, certains devaient se poser des questions … Herma tout du moins puisqu’il avait vu Anseis et surtout la fuite de ce dernier. Mais les doutes prenaient pas sur le reste … pourquoi se seraient ils inquiétés pour elle ? Elle était une grande fille après tout, capable en principe de se défendre, et d’assumer ses décisions. Pourquoi à cet instant précis l’image de son petit chevalier traite, le fils de ses suzerains lui vint en tête ? Elle n’en avait aucune idée, mais l’image de cet enfant joyeux, de cet enfant qu’elle aimait sans le dire, lui apporta un peu de baume au cœur, et elle se raisonna. Bien évidemment qu’au moins Marty et Bettym devaient s’inquiéter. Ce n’était pas dans ses habitudes de disparaître sans donner d’explications. Alors qu’ils repassaient à proximité de Montpensier qu’elle avait quitté … combien de jours plus tôt ? Elle ne s’en rappelait plus, et la fatigue de l’aidait pas, mais elle comprit une chose, elle devait laisser trace de son passage. Oui mais quoi ? Elle n’allait pas laisser plantée son épée tout de même ?! Et … soudain une idée germa dans son esprit ! Mettant aussitôt pieds à terre, et aidée de son épée dans la terre molle, elle y inscrivit …


Sola vel voce


C’était peu, mais suffirait … du moins si l’inscription ne s’effaçait pas entre temps, mais elle ne pouvait rien de plus. Remontant sur Canasson qu’elle talonna, elle rattrapa Anseis.

Et la lente chasse se poursuivait. La jeune femme, fatiguée, perdue dans ses pensées, essayant de démêler ses sentiments, ses peurs, essayant de mettre un nom sur un visage, ou au moins un lieu … ne remarqua pas qu’Anseis s’était arrêté. Ce dernier du prendre les rennes de Canasson et tirer dessus pour l’arrêter. Elle lui jeta un regard interrogateur. Pourquoi s’arrêtait-il ? Les traces indiquaient clairement que les brigands étaient entrés dans la forêt qui se tenait devant eux ! Mais l’homme insistait en la regardant franchement ce qu’il n’avait point fait jusque là et … il se mit à sourire. A sourire ? Mais devenait-il fou ? Leur situation n’avait rien qui puisse faire sourire. Elle en était muette d’étonnement. Ce qui ne découragea nullement le muet puisqu’il persévérait et lui montra un chemin du doigt, un autre chemin qui menait vers … Montluçon ! Mais oui, bien sur ! Comment ne l’avait elle point remarqué plus tôt, ils n’étaient qu’à quelques minutes de Montluçon ! Et vu l’heure et les habitudes des brigands ces derniers n’allaient pas tarder à s’installer pour bivouaquer.
Ce qui leurs laisser le temps d’aller jusqu’à Montluçon y quérir de l’aide ! Seve, Heri, Saku … évidemment !!! Beths jeta alors un œil sur son compagnon de route, étonnée de ses capacités intuitives, mais se mettant à lui sourire à son tour. Cette fois, ils tenaient leur chance. Ils ne devaient pas la rater.
Beths releva les épaules, son assurance de maréchale retrouvée, certaine de trouver de l’aide auprès de sa "famille", auprès des maréchaux. Pour un peu, elle aurait talonné Canasson pour qu’il se hâte plus vite, mais cela n’aurait pas été raisonnable, sa bonne pâte de cheval devait être épuisé. Si je survie à toute cette histoire, je passerai une journée complète à le bichonner ! pensa-t-elle.

Enfin les remparts de Montlçon en vue, enfin !! D’autres voyageurs les avaient progressivement rejoints. N’y tenant plus, n’en pouvant plus, sachant que les brigands étaient loin et qu’ils ne pourraient l’entendre, et même s’ils l’entendaient, ils n’y verraient nulle attaque


Seeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeve !

Sa frustration, sa colère, sa fatigue, sa peur des derniers jours, tout passa dans son cri. Une sorte de relâchement, de moyen de se sentir vivante aussi. Et puis, elle trouverait ainsi sa collègue plus vite, même si elle avait aussi eut le mérite de faire sursauter ses différents voisins dont son compagnon de route auquel elle adressa un petit sourire d’excuse. Il était muet et non point sourd.
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pnj
[Jour de garde pour la brunette...Les remparts de Montluçon]

Encore un jour de garde, l'avant dernier de la semaine, épuisée la brunette était, entre la mairie, la maréchaussée, m'enfin elle se plaignait pas elle aimait ça se perdre dans le travail. Se sentir utile à la communauté du Boubonnais Auvergne. Elle avait quitté son bureau de maire pour se rendre sur les remparts, traversant les ruelles du village calme de Montluçon, pas l'ombre d'un pelos. Pas l'ombre de son compagnon..Soupire, pas de nouvelle à son courrier, si et si il lui était arrivé quelque chose. Pas de nouvelle non plus de ce groupe qu'elle avait cherché et du muet la semaine c'était passé dans un calme absolu...Voir si calme que ça paraissait étrange.

Les remparts pointait, on pouvait y voir les gardes déjà en position, elle arriva devant le bureau, signa la lettre pour prendre sa garde et prit la troupe avec elle. Donna les ordres, surveillance, surveillance, était le mot d'ordre en ce moment, bien que ils s'en foutaient bien du Anseis et e sa clic. Mais elle non elle en faisait une affaire personnelle. Si ça touchait Nehwin, indirectement ça la touchait elle.

Elle monta les marches des remparts quatre à quatre, pas qu'elle était pressée mais elle aimait cette ambiance. C'était sa vie, parcourir le pavé en long et en large, discuter, rigoler avec les gardes et le Célestin. Toujours présent lui aussi...Elle le salua d'une bise, ça l'a faisait toujours sourire de le voir rosir à chaque fois.

Elle se posta un moment, regardant l'horizon, le soleil se levait petit à petit, on pouvait apercevoir les villageois s'activer aux champs, les voyageurs passer la douane. Elle se pencha un peu pour y saluer Héri d'un signe de main.

Tout semblait silencieux, rien à signaler pour le moment, elle en profita pour tirer une pomme de sa poche. Croqua dedans à pleine dent. Quand elle fut surprise par une voix non inconnu, qu'elle a faillie s'en étouffer la brunette. Non elle l'a reconnaitrait entre mille, son amie, sa collègue Beths. Elle posa main sur le front et remarqua l'adjoint au prévôt accompagnée de...Elle ouvra grand ses yeux...Anseis...Non...Mais que faisait elle avec lui...La brunette se doutait bien que ce calme cachait quelque chose. Le silence avant la tempête...

Elle appela Beths...


Je suis lààààààààààààààààà, en haut...Que ce passe t'il, Hurle pas ainsi...J'arrive.

Elle se précipita en bas des remparts...Non de Non que pouvait il bien leur arriver...
Beths
[Faire mouche … explications]


Elle se fichait pas mal des regards réprobateurs que diverses personnes lui lançaient. Bon elle parlait fort, et alors ? Au moins, elle savait se faire entendre quand il le fallait, et puis, des jours qu’elle n’avait pu laisser libre court à ses vocalises, et cela la détendait, les maréchaux étaient bien placés pour le savoir. En outre, il fallait faire vite, au moins ainsi, du moins elle l’espérait …

Je suis lààààààààààààààààà

La jeune femme se mit à sourire tournant tête à droite, gauche. Rien … Euh ? Avait-elle rêvé la voix de son amie et maréchale ?

en haut

Aussitôt la Dame de Gondole leva la tête vers les remparts de la ville, et se mit à sourire en reconnaissant Seve. Un petit signe de main pour lui signifier de descendre, plus facile pour papoter …

Que ce passe t'il, Hurle pas ainsi...J'arrive.

Et le buste et la tête de la Montluçonnaise disparaissent prouvant que son amie et collègue n’allait pas tarder à les rejoindre. Descendant de sa monture, Beths se tourna vers Anseis qui lui jeta un vague regard moqueur, moqueur et … inquiet ? Hum … serait-ce la remarque de Seve ou Seve elle-même qui le gênait ? Se rappelant brusquement le courrier de son amie, Beths se douta que des explications devraient suivre.

Sieur Anseis, pieds à terre je vous prie, passons le poste de douane retrouver Seve en bas des remparts.

Comme à regret, ce dernier lui obéit et ils entrèrent en ville. Tournant la tête vers l’accès des remparts de Montluçon, Beths vit que Seve dégringolait les marches avec élégance pour se diriger dans leur direction.
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pnj
[Explication...Plan...Retour aux remparts]

Devant eux, devant lui...Regard insistant vers Anseis, enfin elle allait comprendre...Espère du moins...Elle le salua et fit une bise à Beths...Leur fait passer la douane. Hum Héri n'est déjà plus là. C'est vrai sa belle est souffrante il doit être parti la rejoindre. Pas grave elle reviendra...

Discussion courte, tout le monde se dirige vers la taverne municipale. Beths demande des explications, la brunette raconte le pillage de la forge...Sans détails aucun, elle en sait encore pas plus. Anseis sort parchemin et plume. Et c'est parti pour l'histoire...Si Nehwin y est pour quelque chose, Beths en sait aussi. Mais la Dame de Gondole reste fermée. Puis blanchit, pleure. Seve se sent perdue elle comprend rien...Donc Seve comprend que ce groupe veut effacer un certain passé, par effacer elle comprend tuer...Tuer Beths et Nehwin...Choquée, étonnée...Elle regarde Anseis qui qui confirme. Non de non...Ce groupe doit revenir ce soir ? Possible. Élaborer un plan...Beths chez elle, divulguer que Nehwin est de retour...Si seulement c'était vrai...Anseis à la forge. Tout le monde doit se rejoindre à la forge à la tombée de la nuit...C'est fou...Et si ce groupe...Enfin ne pas penser au pire...Thibault, impliquer le gosse...Non Seve refuse...Mais de toute façon dès qu'il apprendra le retour de Nehwin il ira à la forge.

Malgré que le forgeron le mal mène par moment, ce gosse l'aime bien, c'est sa seule famille. La brunette l'apprécie aussi si il lui arrivait malheur elle s'en voudrait à vie..M'enfin pas le choix. Dispersion des acolytes. Seve décide de repartir aux remparts elle doit absolument retrouver Héri...Lui raconter tout ça...Cette histoire aussi sordide que folle...

Elle parcourut toutes les ruelles, retour au point de départ du matin...Elle est essoufflée la maréchale...Passage devant les villageois qui sont là à profiter du soleil de fin d'hiver...Une belle journée en soit pour eux, plus mouvementée pour elle...Et beaucoup moins belle...Regarde à gauche aperçoit la Ninon...Lui sourit, si elle entend que le forgeron est de retour, elle a la langue bien pendu la donzelle elle ira le répéter c'est sur...Elle lui sourit. S'approche un peu d'elle. Et fait signe à Célestin de venir la voir. Le garde approche d'un pas non chaland, doit en avoir marre de la maréchale. Elle parle assez clairement et fort pour que la délurée entende...

Célestin, mon vieux, tu sais pas ou je pourrais trouver Héri le douanier. Je dois absolument lui faire part d'une bonne nouvelle.


Essaie de sourire d'être naturel.

Mon tendre forgeron Nehwin est de retour...

C'était fait, assez de villageois autour pour entendre et le répéter. Le garde lui raconte que Héri est point là mais qu'il lui ferait la commission. Seve le remercia, et repartie l'air de rien vers la porte Saint pierre. Fallait continuer la journée comme si de rien était. Ce soir, elle irait rejoindre son amie Beths et qu'advienne que pourra...
--Celestinlegarde
Célestin avait finis son travail sur les remparts pour ce matin.
Il allait rentrer prendre un peu de repos avant ce soir, sans être passé avant à la taverne du coin, bon sang cette garde lui avait donné soif.
Il quitta le poste de garde en saluant ses confrères

Ha ce soir, j’allions aller boire une pinte et j’rentrions chez la mère me r’poser.

A peine retourné, il aperçoit la maréchale Seve qui lui fait de grand signes pour qu’il aille la rejoindre.

Ho non, pensa t’il, elle m’a d’jà bizouiller c’te matin, elle va pas r’commencer .

Mais là, c’était tout différent, elle lui lanca:

Célestin, mon vieux, tu sais pas ou je pourrais trouver Héri le douanier. Je dois absolument lui faire part d'une bonne nouvelle.
Mon tendre forgeron Nehwin est de retour...


La maréchale avait l’air aux anges, quoique Célestin vit passer un nuage dans ses yeux.

L’bouriffé ? Ben létait là c’matin, y surveillait l’ nouveau, Laboulle, mais y est rentré as demeure.
Parait qu’y a passé l’ nuit à veiller s’donzelle, y l’esteu fatigué.


Mais vot’ forgeron revenu, séty pas une bonne nouvelle ?

La maréchale repartit en vitesse dans les ruelles de la ville.
Ha pour sur, y doit être rentré pour qu’elle court ainsi se dit-il avec un petit sourire grivois.
Herisson53
[Chez Sakura et Hérisson - d'étranges nouvelles]



Hérisson somnolait dans le fauteuil installé près de la grande cheminée de la pièce principale.
Il avait veillé Sakura une bonne partie de la nuit avant de s’effondrer complètement groggy.
Il se tracassait pour sa belle, la fièvre ne parvenait pas à tomber, même les plantes que Sibille lui avait donné avant de partir ne faisait pas d’effet.
Hérisson avait même contacté le grand Ninjaturtle, mais le savant lui avait raconté des choses que le jeune homme n’avait bien pas compris, il avait parlé d’humeur bloquant des connexions entre la partie gauche et la partie droite. Il avait ajouté que l’utilisation d’orange pouvait remédier au problème. Mais où trouver des oranges en cette saison ?
Alors Hérisson avait prié Aristote, Dieu, Saint nicomaque et même Lazard d’autun.

Des coups frappés à la porte réveillèrent totalement Hérisson, il alla ouvrir est se trouva face à un Celestin tout guilleret, le bougre avait du passer un bon moment en taverne.

Jour, l’bourif… heu jour maréchal Hérisson, la maréchale Seve vous cherche, parait que son forgeron est rentré.

Décidément, Celestin ne se fera jamais à l’idée qu’il n’était plus maréchal, Hérisson allait lui faire la remarque pour le nème fois mais à quoi bon.

Ha Merci, Célestin, voila une bonne nouvelle. Je me change et je vais aller voir ca.

Refermant la porte, Hérisson alla se laver et se changer, après deux jours dans les même vêtements des ablutions n’étaient point un luxe.
Quand il revint, un pigeon l’attendait, celui-ci avait trouvé quelque miettes à se mettre dans le bec et trottinait sans peur sur la table.
Intrigué, il prit délicatement le message. Tout de suite il reconnu l’écriture de son amie Seve. Au fur et à mesure qu’il lisait, le visage du jeune homme passait par toute une série de mimiques, de l’étonnement d’abord à une profonde inquiétude ensuite, puis ses traits se durcir, ses yeux devinrent de fines fentes d’où sortaient une lueur bizarre, difficile de reconnaitre à ce moment le jeune homme si aimable que tout le monde connaissait.
Un sourire étrange apparu, « haa, enfin de l’action »
Anseis
Anseis continuait à taper sur le morceau de fer d’un geste machinal. Le petit Thibault avait rejoint la forge sitôt que la nouvelle lui était parvenue. Fort heureusement la bourgmestre l’avait attrapé au moment même où il était entré dans la forge pour éviter toute surprise. Après quelques minutes d’une discussion durant laquelle Seve leva plusieurs fois les bras en signe d'exaspération, le garçon sembla enfin avoir compris et se mit aussitôt à l’ouvrage, allumant le feu dans l’âtre.

A moitié recouvert du lourd tablier de cuir un peu trop grand pour lui, Anseis peinait et suait, commençant à sentir la fatigue des derniers jours. Une heure encore et il pourrait rejoindre la chambre du forgeron. Il lui fallait du repos : il était fort probable que les brigands agissent dans la nuit. Mais eux même ne s’étaient ménagés durant ces deux dernières semaines. Avec un peu de chance, ils attendraient la fin de nuit pour attaquer, profitant du tumulte de l’ouverture des portes pour s’enfuir.

Anseis essuya une nouvelle fois son front couvert de sueur. Aristote…il préférait couper dans la viande que taper et retaper sur ce morceau de fer. Et ces odeurs, qui le ramenaient dans son enfance. Il se mordit les lèvres pour revenir au présent.

Soufflant enfin, il reposa le marteau puis regarda le garçon. Le jeune le regardait avec un léger mépris dans le regard. Surement devait-il se dire que l'homme devant lui n’avait la prestance de son maitre. Anseis haussa les épaules. Il souffla sur les bougies qui avaient été allumées en soirée puis recouvrit le feu de cendrepour le laisser lentement s’éteindre. Un mouvement de tête pour indiquer à Seve que le temps était venu. Elle irait chercher Beths chez elle, accompagnée de Thibault. Leur plan était de persuader l’enfant de rester à garder la maison de Seve au cas où. Accepterait-il ? Ou bien reviendrait-il les rejoindre durant la nuit ?

La lassitude du vagabond était telle qu’il ne put y réfléchir plus longtemps. Il monta les marches comme dans un rêve, poussa la porte puis s’affala sur le lit. Une dernière pensée lui vint - était-il correct d’user ainsi du lit d’un autre ? – avant de sombrer dans le sommeil
pnj
[Seconde Visite]

Gallin posa brutalement son verre sur la table de bois. Dans un seul mouvement tous les hommes se tournèrent vers lui. Il lui suffit de se lever pour qu’ils fassent de même.

Le vieil homme sentait sa cicatrice le long du bras lui démanger. C’était comme cela avant chaque bataille. Depuis que ce petit seigneur l’avait pendu à un crochet par le bras. Il grimaça en repensant comment il avait du laisser le crochet lui transpercer la peau et finalement s’échapper… pour revenir plus tard et le saigner.

Son regard d’acier glissa sur chacun des membres de sa troupe. Des vétérans pour la plupart… o pas aussi vieux que lui : probablement de l’âge de gueule d’ange. Le visage du brigand se fendit d’un large sourire. Le petit était revenu le jour même. Pouvait-on trouver meilleure surprise que de retrouver son ancien chef, celui qui lui avait tout appris…presque tout pensa-t-il en continuant de sourire. Nehwin n’avait probablement jamais encore organisé sa propre pendaison en laissant pourrir ses compagnons au fond d’un cachot.

Le sourire disparu alors que l’homme repensait à l’affaire. Il ne ferait la même erreur qu’à Espinasse. Cette fois-ci ils iraient en groupe. Comme à Clermont... l’autre gars qui le suivait pourrait bien se montrer alors….Il ne faisait aucun doute dans l’esprit du vieux brigand que la filature avait continué. Il était revenu sur ses pas plusieurs fois et, s’il n’avait rien vu, le picotement le long de sa nuque ne le trompait pas. Mais …que pouvait faire un homme contre neuf ?

A peine eut-il franchi la porte de la taverne qu’ils avaient occupé en l’attente du petit matin que l’homme sorti son long sabre. Une arme courte et tranchante, peu propice aux batailles qu’il avait pu mener jadis contre les anglais, mais qui s’avèrerait parfait pour un petit combat dans les pièces étriquées de la maison qu’il comptait bien de nouveau visiter ce soir.

A ce signal ses compagnons firent de même. Il n’était plus temps d’être discret, mais rapide et efficace. Et tant pis pour l’éventuel garde ou saoulard qu’ils croiseraient. Celui là leur procurerait un petit échauffement…

Anseis
[L’attente]

Mains derrière la tête, allongé sur le dos, Anseis attendait. Il s’était réveillé lorsque la bourgmestre avait poussé la porte de la chambre. Comme prévue, elle revenait accompagnée du maréchal hérisson qu’Anseis avait croisé lors de son premier passage dans la ville et de Beths.

Excités, inquiets, ils avaient refusé de prendre un tour de sommeil. Plusieurs fois le jeune muet avait jeté des coups d’œil vers Beths, comprenant maintenant ce qu’elle allait devoir affronter un peu plus tard. Avant de finalement souffler sur la bougie pour les plonger dans le noir et décider de prendre de nouveau du repos. Ainsi avait-il été dressé et ainsi vivait-il. Dormir quand on le pouvait, manger quand on le pouvait. Et oublier ainsi le stress du futur pour se concentrer sur le présent.

Ce n’est que bien plus tard qu’il émergea de nouveau de son second sommeil. Il constata que c’est à peine si ses compagnons avaient bougé. Pourtant…quelque chose avait changé. Une nouvelle odeur…la tension ? Il le su avant même que le maréchal ne chuchote.


les voilà

Après s’être levé du lit, à l’aide de ses deux mains pour éviter les grincements, Anseis toucha une dernière fois au travers de sa sombre chemise le parchemin tenu contre son torse par une mince liane de cuir. Il raffermit ensuite sa garde sur le couteau qu’il tenait en main. Non point la dextre, mais bien la gauche, ainsi qu’il avait été entrainé pour surprendre. Ses yeux se plissèrent dans la pénombre alors que les premiers bruits s’entendaient dans la rue. Se courbant légèrement, il laissa la bête couler en lui, un peu plus à chaque respiration.

Il était un œil, il était leur chef. Pour eux, pour son père, pour elle, il n’échouerait pas.
Beths
[Un pan du passé qui revient]


Accompagnée de Seve et d’Anseis ils se rendirent donc en taverne, il fallait faire vite, élaborer un plan, rassembler les troupes et aller cueillir ces maudits brigands, afin que Justice soit faite … toujours, il fallait toujours que Justice soit faite, c’était vital, c’était normal, un crime ne devait pas rester impuni. En parcourant silencieusement les rues de Montluçon qui menaient jusqu’à l’auberge, la thiernoise savait précisément ce profond sentiment de vouloir Justice l’avait sauvé de la folie il fut un temps. Préférant ne pas songer à ces événements douloureux elle secoua la tête alors qu’ils franchissaient les portes de l’établissement.

Beths pensait naïvement que la garnison de Montluçon aussi bien les effectifs COBA que maréchaussée étaient à son maximum. Lourde erreur, seuls Seve et Heri pourraient les aider. Quatre contre neuf, c’était déjà beaucoup, mais peu, très peu. Son amie maréchale avoua qu’elle ne savait pas où était Nehwin. Elle n’avait aucune nouvelle depuis qu’il était parti en repos monacal à Clermont depuis le pillage de sa forge. Le fameux pillage, la missive, cette missive de Seve qui avait alerté Herma et dans lequel Anseis était impliqué, petit à petit le puzzle s’assemblait. Aucune nouvelle n’était arrivée jusqu’à la brunette. Inquiétant ? Peut être, mais les moines pouvaient se montrer terribles quant aux échanges de missives. Ils prenaient un malin plaisir à déchirer toutes correspondances, à croire qu’ils se sentaient frustrés.
Et Beths fit ce qu’elle savait faire, elle interrogea, Seve et Anseis sur l’origine de ses attaques, elle voulait comprendre la thiernoise, elle voulait comprendre pourquoi on avait cherché à la tuer, cela n’avait aucun sens, en quoi était elle liée à tout cela ? Seve pointa alors du doigt Anseis avec un terrible regard accusateur


Lui, il sait !

Acculé ou bien décision libre d’enfin leur expliquer ce qui se passait, Anseis prit plume et commença à écrire. Plus il écrivait, et plus l’effet recherché s’éloignait : les choses étaient bougrement pas claires dans l’esprit de Beths, qui cherchait à comprendre en quoi Anseis, Nehwin et elle, étaient unis. Petit à petit le visage de la thiernoise se fermait devait les faits troubles. Anseis lui affirmait qu’elle connaissait le chef … si c’était l’homme dont la vision du visage l’avait fait réagir aussi étrangement … elle devait effectivement le connaître, mais d’où, et de quoi ? Jamais oh grand jamais elle ne s’était acoquinée avec un tel individu, mais les deux autres ? Non, non, ils devaient se tromper tous. Anseis poursuivit ses arabesques, et elle y lu ensuite « La meute ». Signe de tête négatif de la maréchale, des meutes il y en avait partout, mais un groupuscule qui s’appelait ainsi, non, cela ne lui disait rien. Comme à regret, le jeune homme reprit une nouvelle fois sa plume pour y indiquer trois mots

Enlèvement d’enfants ?

La jeune femme allait hausser un sourcil, lorsque brusquement, tel une rivière qui réussissait enfin à franchir un barrage assemblé par divers animaux, les images, les souvenirs de son passés lui revirent en mémoire, pour l’assaillir, la blesser, la ronger corps et âme. Des visages défilaient, des visions qu’elle avait souhaité oublier à tout jamais. Elle devait fuir, fuir ! Le teint blafard, elle se leva chancelante et tenta d’atteindre la sortie. Las … une chaise bringuebalante contre laquelle elle s’était appuyée eu raison d’elle. La jeune femme s’écroula, et les souvenirs affluèrent.



NOOOOOOOOOOOON !!! Des hurlements virent lui vriller les tympans, des rires gras, les cris de son père, des ses frères. La jeune femme ne voulait plus entendre, elle ne voulait pas voir. Mais, le choix ne lui était pas laissé, tout revenait tout, sans aucune omission. Le ciel si bleu ce jour là, les pépiements des oiseaux, et puis brusquement le silence avant l’horreur, des hommes nombreux, du sang, l’horreur, sa famille … elle était au pré avec les moutons, non loin. Aénor !!! Aénor hurlait il se passait quelque chose.
Il fallait qu’elle court, elle devait courir, elle devait aller les aider, elle détala se dirigea vers sa maison, mais sur les hauteurs ce qu’elle vit, ces hommes et … ce visage, cet homme, plus jeune, mais le même regard, le même sourire mauvais, qui s’était tourné vers elle brusquement lorsqu’elle arrivait, alors que dans sa main droite il tenait sa petite sœur par le devant de son habit soulevée du sol, elle pleurait, elle était en sang, elle le regardait demandant grâce, elle le suppliait.
AAAAAAEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENOOOOOOOOOOOOOOOR !!!!

Son cri, sa voix se répercutait dans son esprit rebondissant tel des kyrielles de larmes de douleur. Oui, elle avait couru, oui elle avait mordu, griffé, frappé, mais elle ne pouvait rien, trop âgée et trop innocente, une proie de choix. Sa mémoire s’arrêtait là, elle avait du être laissée pour morte, puis qu’elle avait reprit conscience après, combien de temps après elle n’en avait aucune idée, mais elle était dans un triste état. Sans doute, pensaient-ils que les loups finiraient ce qu’ils n’avaient pas achevés … sans doute, mais c’était sans compter sur un détail, un infime détail, ce qui faisait ce qu’elle était, sa volonté. La vision du désastre à son réveil, la ferme en feu, ses parents égorgés un peu plus loin, ses trois frères et sa petite sœur … nulle trace. Elle avait hurlé une nouvelle fois, rugit, justice, justice, Justice !!!


Tout lui revint en mémoire, tout en un instant, et les larmes se mirent à couler sur ses joues, petit torrent de tristesse et de souffrance contenue qui se noyèrent dans sa chevelure indéniablement. Une main secourable vint l’aider à se relever. Elle ne voulait pas … Et puis un verre, un deuxième pour qu’elle reprenne conscience, contenance. A sa manière Anseis lui apporta son soutien.


Je connais leur chef

Constat indéniable, il était là le lien, cet homme, ce pendard, ce scélérat, il était le lien entre Nehwin, Anseis et elle. Et maintenant qu’elle se rappelait elle n’avait d’autre choix … le tuer. Il devait mourir pour ce qu’il avait fait à tant d’innocents. Aucune autre justice ne devait être appliquée, il méritait de mourir.


Rapidement, un plan fut élaboré, l’effet de surprise était leur seule force. Anseis irait à la forge, Seve ferait croire partout que Nehwin était revenu. Et ils iraient ensuite tous à la forge, les attendre, et les décimer. Et le mioche, l’aide de Nehwin ne serait pas tenu au courant, il valait mieux. Pas d’autres victimes. Plus d’autres.
La brunette sortit une clé de sa besace et la lui tendit, c’était la clé de chez elle, elle la lui remettait afin qu’elle s’y rendre pour l’y attendre et prendre quelque repos en attendant. Sur un dernier signe de tête, les comparses se séparèrent. Sur le chemin du Car T’y Est, Beths remarqua l’Eglise. Aristote …. Mue par son instinct, la Gondole poussa les porte de l’établissement saint et y entra pour prier Aristote, le prier de les aider, les aider dans leur objectifs, dans leur mission. Ils allaient certes tuer, mais il le fallait, combien de victimes ces hommes avaient ils faits et feraient encore ? Leur mort était la seule solution. Et Beths priait, priait comme jamais qu’Aristote comprenne, qu’Il leur apporte la force lorsqu’il le faudrait, l’apaisement et le soulagement des âmes aussi.
Les minutes étaient passées, et enfin la jeune femme releva la tête qu’elle avait baissée pour se concentrer, et regagna la sortie vers la maison de Seve. Le calme l’avait envahi, le calme et la froide réalité. Il lui fallait encore affuter son épée … et prendre quelque repos. Trouver une pierre d’affutage chez une maréchale était chose aisée, tout comme un lieu pour se reposer. La thiernoise fit donc l’un comme l’autre. Ou du moins tenta de se reposer. Trop de choses, trop de choses lui tournait dans la tête, trop … un pan de son passé qu’elle avait occulté lui était revenu. Elle comprenait beaucoup de chose à présent, ce désir de Justice si profondément marqué, son implication anormale dans la prévôté, oui … tout avait enfin une explication, une origine, un mal …

Les heures s’étaient lentement écoulée lorsqu’enfin des coups à la porte, son amie était en face d’elle, il était temps, il fallait y aller. Crochet pour sonner chez Heri et le récupérer, mouvement de tête en guise de salut entre les deux collègues et voila le trio partit à l’orée de Montluçon, en direction de la forge de Nehwin.
Arrivés sur place, ils retrouvèrent Anseis. Et la longue attente commença. Anseis proposa que chacun se reposer en soufflant sur les bougies, mais le sommeil la fuyait. Elle était calme et immobile. Elle aurait du avoir peur, elle aurait du sentir son cœur s’affoler, mais il n’était rien. Froide, glaciale, concentrée sur un unique objectif, détachée, comme si un instinct animal, primitif la guidait …. Par une fois elle avait déjà été ainsi … et c’était déjà à Montluçon …

La nuit touchait à sa fin lorsqu’enfin un mouvement imperceptible, mais un changement. La jeune femme tourna la tête et rencontra le regard d’Heri. Hochement de tête. Ils arrivaient, la tension était palpable. Les quatre comparses étaient prêts et chacun d’entre eux posa main sur ses armes … Il fallait se contenir, bénéficier de l’effet de surprise, il le fallait, c’était leur seul avantage.

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