Anseis
[Et le voyage reprit]
La jeune Beths lui avait indiqué le quartier des maréchaux ferrants. Proche des portes de la ville pour accueillir les voyageurs fourbus et leurs montures aussi
Il ne fit attention aux premiers cris qui se mêlaient au bruit de la foule, mais ressentit un frisson lorsque le cri retentit
CANASSON, STOP
Il jeta un regard vers le cheval qui, soufflant un peu plus fort, pressa le pas. La monture semblait avoir un caractère identique à celui de sa maitresse. Qui des deux avait influé lautre ? Difficile de le dire. Toujours est-il que cheval et homme furent vite engloutis par la foule.
Anseis chercha, parmi les boutiques, celles qui offraient un peu de discrétion. Il ne lui fallu que peu de temps pour trouver une vieille forge un peu à lécart des autres. Priant le ciel que ce nétait la boutique préférée de Beths, il y mena Canasson au plus vite.
Lhomme âgé ne semblait surchargé de travail, mais son regard indiquait quil sen contentait pourtant parfaitement. En soupirant il quitta son fauteuil et marmonna quelques mots inintelligibles. Anseis se contenta de soulever la patte avant du cheval qui lui jeta au passage un regard noir. Lhomme examina le sabot, prit des mesures puis inspecta les autres fers.
Contrastant brusquement avec limage quil avait donné jusqualors, il caressa lanimal à lencolure, lui murmurant quelques mots, puis se mit au travail. Anseis navait que son instinct pour le guider et ce dernier était la plupart du temps complètement inefficace en ville. Cependant lempathie entre le forgeron et lanimal lui soufflait que la bête était entre de bonnes mains. Il profita donc de ce moment de répit pour sappuyer contre une des grandes poutres, à moitié caché de la grande rue, et observer les passants. Au bout dun moment, son regard se posa sur une jeune femme. Habillée de façon martiale militaire ou maréchale ? elle parcourait la rue de long en large, jetant un coup dil dans les différents étals. Il ny avait que peu de doute quelle fût à lorigine du cri quil avait entendu. Se positionnant un peu plus derrière la poutre, il continua de lobserver alors que ses va et vient devenaient plus rares, jusquà ce quil sente un tapotement sur son épaule.
Sursautant, il se retourna pour entendre lhomme annoncer quil avait fini. De la main, il indiqua le prix : 15 écus et 25 deniers. Par acquis de conscience, le muet se dirigea et examina les quatre fers. Le forgeron avait fait un travail plus quhonorable, redressant au passage un des fers arrière. Anseis ouvrit la bourse que lui avait confiée Beths pour verser à lhomme 20 écus. Sa conscience, raffermie par six longues années monastiques lui souffla quil nétait vraiment correct de payer grassement travail avec largent dautrui, mais le jeune homme la fit taire en se disant que dame Beths aurait probablement faire de même et que si elle le lui reprochait, il avait assez déconomies pour lui rembourser la différence. Il sapprêtait à faire un signe à lhomme pour indiquer quil pouvait garder le surplus dargent quand il reconnu la jeune femme qui sapprochait de lui. Sans plus attendre, il grimpa sur le cheval et donna un coup sec sur les flancs de lanimal. Le hennissement de surprise de la bête suffit à écarter les diverses personnes dans la rue. Ayant le champ libre, le vagabond nhésita plus longtemps et lança Canasson dans un trot. Sans prêter attention aux cris le sommant de sarrêter qui séloignaient, il franchit la distance qui le séparait des portes en continuant daccélérer au point quil était quasiment au galop lorsquil les passa.
Quelques lieues plus tard, il ralentit Canasson qui tourna la tête vers lui avec un regard mauvais. Le muet lignora et jeta un coup dil derrière lui. Non, personne ne semblait lavoir suivi. Il reprit un rythme plus lent. Il y avait des chances que le chef de la bande de brigands ait envoyé quelques guetteurs, donnant sa description à son groupe. Et même si les habits sombres étaient fort communs, ces hommes nhésiteraient longtemps à éliminer un potentiel danger.
Avait-il été assez discret ou bien lavaient-ils ignoré ? Le résultat était quil rejoint Beths dans leur poste dobservation sans mauvaise surprise. La jeune femme, épuisée par les derniers événements qui avaient du mettre son corps et ses nerfs à rude épreuve, sétait assoupie.
Anseis lui posa une couverture sur les épaules et continua la garde, étouffant un bâillement. Lui-même, il se savait, aurait eu besoin de récupérer. Mais probablement pas autant que ceux quil observait. Alors que la nuit tombait, Beths se réveilla enfin. Dune voix ensommeillée, ses premiers mots furent
Marty ?
Anseis observa avec son mutisme et sa neutralité habituelle le visage de la jeune femme passer dune expression à lautre : peur, surprise, compréhension, renfrognement
Jespérais que tout ceci nétait quun rêve. Merci de mavoir laissé dormir. Je peux reprendre la garde maintenant.
Alors que le jeune homme acquiesçait de la tête, il jeta un regard vers le bosquet au loin pour changer son mouvement vertical en horizontal. Les hommes levaient le camp et prenaient la direction du nord. En soupirant il indiqua Canasson qui continuait de lui jeter un regard mauvais à Beths puis sapprocha de sa propre monture pour la seller. Au moins, la nuit les rendraient plus discrets alors quil reprenaient leur filature.
La jeune Beths lui avait indiqué le quartier des maréchaux ferrants. Proche des portes de la ville pour accueillir les voyageurs fourbus et leurs montures aussi
Il ne fit attention aux premiers cris qui se mêlaient au bruit de la foule, mais ressentit un frisson lorsque le cri retentit
CANASSON, STOP
Il jeta un regard vers le cheval qui, soufflant un peu plus fort, pressa le pas. La monture semblait avoir un caractère identique à celui de sa maitresse. Qui des deux avait influé lautre ? Difficile de le dire. Toujours est-il que cheval et homme furent vite engloutis par la foule.
Anseis chercha, parmi les boutiques, celles qui offraient un peu de discrétion. Il ne lui fallu que peu de temps pour trouver une vieille forge un peu à lécart des autres. Priant le ciel que ce nétait la boutique préférée de Beths, il y mena Canasson au plus vite.
Lhomme âgé ne semblait surchargé de travail, mais son regard indiquait quil sen contentait pourtant parfaitement. En soupirant il quitta son fauteuil et marmonna quelques mots inintelligibles. Anseis se contenta de soulever la patte avant du cheval qui lui jeta au passage un regard noir. Lhomme examina le sabot, prit des mesures puis inspecta les autres fers.
Contrastant brusquement avec limage quil avait donné jusqualors, il caressa lanimal à lencolure, lui murmurant quelques mots, puis se mit au travail. Anseis navait que son instinct pour le guider et ce dernier était la plupart du temps complètement inefficace en ville. Cependant lempathie entre le forgeron et lanimal lui soufflait que la bête était entre de bonnes mains. Il profita donc de ce moment de répit pour sappuyer contre une des grandes poutres, à moitié caché de la grande rue, et observer les passants. Au bout dun moment, son regard se posa sur une jeune femme. Habillée de façon martiale militaire ou maréchale ? elle parcourait la rue de long en large, jetant un coup dil dans les différents étals. Il ny avait que peu de doute quelle fût à lorigine du cri quil avait entendu. Se positionnant un peu plus derrière la poutre, il continua de lobserver alors que ses va et vient devenaient plus rares, jusquà ce quil sente un tapotement sur son épaule.
Sursautant, il se retourna pour entendre lhomme annoncer quil avait fini. De la main, il indiqua le prix : 15 écus et 25 deniers. Par acquis de conscience, le muet se dirigea et examina les quatre fers. Le forgeron avait fait un travail plus quhonorable, redressant au passage un des fers arrière. Anseis ouvrit la bourse que lui avait confiée Beths pour verser à lhomme 20 écus. Sa conscience, raffermie par six longues années monastiques lui souffla quil nétait vraiment correct de payer grassement travail avec largent dautrui, mais le jeune homme la fit taire en se disant que dame Beths aurait probablement faire de même et que si elle le lui reprochait, il avait assez déconomies pour lui rembourser la différence. Il sapprêtait à faire un signe à lhomme pour indiquer quil pouvait garder le surplus dargent quand il reconnu la jeune femme qui sapprochait de lui. Sans plus attendre, il grimpa sur le cheval et donna un coup sec sur les flancs de lanimal. Le hennissement de surprise de la bête suffit à écarter les diverses personnes dans la rue. Ayant le champ libre, le vagabond nhésita plus longtemps et lança Canasson dans un trot. Sans prêter attention aux cris le sommant de sarrêter qui séloignaient, il franchit la distance qui le séparait des portes en continuant daccélérer au point quil était quasiment au galop lorsquil les passa.
Quelques lieues plus tard, il ralentit Canasson qui tourna la tête vers lui avec un regard mauvais. Le muet lignora et jeta un coup dil derrière lui. Non, personne ne semblait lavoir suivi. Il reprit un rythme plus lent. Il y avait des chances que le chef de la bande de brigands ait envoyé quelques guetteurs, donnant sa description à son groupe. Et même si les habits sombres étaient fort communs, ces hommes nhésiteraient longtemps à éliminer un potentiel danger.
Avait-il été assez discret ou bien lavaient-ils ignoré ? Le résultat était quil rejoint Beths dans leur poste dobservation sans mauvaise surprise. La jeune femme, épuisée par les derniers événements qui avaient du mettre son corps et ses nerfs à rude épreuve, sétait assoupie.
Anseis lui posa une couverture sur les épaules et continua la garde, étouffant un bâillement. Lui-même, il se savait, aurait eu besoin de récupérer. Mais probablement pas autant que ceux quil observait. Alors que la nuit tombait, Beths se réveilla enfin. Dune voix ensommeillée, ses premiers mots furent
Marty ?
Anseis observa avec son mutisme et sa neutralité habituelle le visage de la jeune femme passer dune expression à lautre : peur, surprise, compréhension, renfrognement
Jespérais que tout ceci nétait quun rêve. Merci de mavoir laissé dormir. Je peux reprendre la garde maintenant.
Alors que le jeune homme acquiesçait de la tête, il jeta un regard vers le bosquet au loin pour changer son mouvement vertical en horizontal. Les hommes levaient le camp et prenaient la direction du nord. En soupirant il indiqua Canasson qui continuait de lui jeter un regard mauvais à Beths puis sapprocha de sa propre monture pour la seller. Au moins, la nuit les rendraient plus discrets alors quil reprenaient leur filature.