Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 6, 7, 8, ..., 13, 14, 15   >   >>

Les guerriers divins ou la Terrible histoire de la meute

Martymcfly
[Concerts de baisers]


L'assaut était donné et le combat paraissait acharné. De part et d'autre de lui, les lames s'entrechoquaient. Les visages n'étaient plus les mêmes, sourcils froncés, la violence, la haine dans les yeux. Ils étaient devenus des bêtes affamées de sang. Ils n'étaient plus Maire, Juge, Duc ou Prévôt... Juste des bras armés dont l'épée rendait la bise à une autre. Beaucoup de baisers volaient à sa gauche comme à sa droite, derrière aussi... Et l'on pouvait dire qu'il y en avait du rouge à lèvres un peu partout...

Marty aperçut sa Beths aux prises avec un des leurs. Elle s'acharnait sur lui comme si sa vie en dépendait. Il la savait en vie et c'était le principal, mais le danger était partout autour d'eux, et s'ils s'en sortaient vivants de ce combat, c'était sûr, il lui demanderait.

Un de ces hommes s'en prit alors à lui, et l'épée de Marty rencontra la hache du malandrin. Même pas de préliminaires... on rentrait dans le vif du sujet. Le Duc avait déjà combattu, peu souvent, mais il savait comment faire pour gagner. Tout du moins, en règle général... Mais chaque bataille était différente, et les ennemis à affronter l'étaient également. Mais une épée restait une épée, et une victoire en restait une tout autant.

Mais avant d'en arriver à la victoire, éventuelle, il fallait de nombreuses embrassades... Des coups bas parfois, évités de justesse. Des coups violents parés de manière improbable. Bing... Bang... Les chocs étaient rudes et il bataillait ferme pour porter ses coups. Une épée contre une hache... La lourdeur de l'arme de son attaquant ne semblait pas être un inconvénient. Les yeux exorbités, le mauvais essayait de garder la vie sauve, et il y parvenait très bien. Marty avait beau tout faire pour trancher la gorge de cette enflure, il n'arrivait qu'à l'égratigner.

Evidemment, le Duc gardait un oeil vers Beths qui combattait avec frénésie, quasi hystérique, son adversaire. Elle avait l'air de bien se défendre et prenait doucement l'avantage sur lui... Bettym aussi paraissait bien s'en tirer. Il reconnut la voix du maréchal Hérisson, et savait qu'il réussirait à se défaire de son ennemi. Et Seve ? Marty ne la voyait pas, il espérait que rien de mal ne lui était arrivé.

Toujours est il que cette fois, il avait réussi à toucher le bras de ce gredin. Un râle de douleur accompagné d'un ruissellement de sang s'échappait de la bouche et de l'avant bras du bucheron improvisé. Intérieurement, Marty jubilait. Il prenait le dessus, et l'infâme posa le genou au sol, avant de s'écrouler un peu plus.

A ce moment, de son côté, Beths donnait son coup de grâce au vil qui l'attaquait. Mais c'était sans compter sur le dernier souffle de celui-ci... L'épaule en sang... La respiration de Marty s'arrête un instant, voyant sa Duchesse tomber à terre, s'écroulant avant de perdre connaissance.


Beeeeeeeeeeeeeeths ! Nooooooooooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnnnnnn !

Il tourna le dos à son adversaire... Mauvais... très mauvais... Coup de hache dans le mollet... suivi d'un rire sardonique. Un de ceux qui vous font trembler. Le Duc chuta lourdement, ne s'attendant pas à recevoir un tel coup. Au sol, et hurlant à son tour...

RRAaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

Rampant maintenant, Marty se saisit de son épée une dernière fois pour la balancer vers l'homme se tenant le bras. Direct dans la poitrine. Agonie et dernier soupir du bûcheron.

Et une Beths inconsciente.
Et un Marty se contenant pour ne pas hurler davantage.

Respiration haletante, souffle court sur les cheveux de sa tendre. Lèvres qui se touchent et larmes dans les yeux. Main ducale passée sur le visage aimé.


Chaton... tu ne peux pas... Réveille toi... Ne me laisse pas.

Les mots étaient difficiles à prononcer.

Etait-ce la mort qui l'attendait ? Pouvait-on se passer d'une jambe ? Beths allait-elle se réveiller ? Mourir dans ses bras ? Marty allait-il ne pas hurler ? Bettym allait-elle leur en vouloir ? La Duchesse avait-elle du poil aux pattes ? Anseis allait-il parler ? Aristote aimait-il l'alcool de châtaigne ? ou la bière ? ou le ramponneau ?

Que de questions pendant que les baisers d'acier continuaient autour du couple au sol...

_________________
Martymcfly de Montfort-Balmyr dict Auvergne
en cours de modification
pnj
[Fin d'un combat...La peur]

Le combat faisait encore rage, la brunette tournait à droite à gauche, laissant pour mort son adversaire. Bras en sang, elle souffre, respire fort, la haine fait encore son effet. Elle se retourne, un oeil posait sur une silhouette une petite silhouette. Elle le reconnait façe à se vils.

Thibauuuuuuuuuult !!! Pas toi !! Non !!!


Elle allait y courrir donner le dernier coup à ce sale type, mais Anseis, ce fameux Anseis là ou il faut, le fait fuir...On aurait pu voir dans les yeux du brigand un supplice...Elle rejoint la gosse la brunette dans son coin. Elle est fatiguée son bras lui fait mal, lui pique, le sang coule. Une envie de hurler pour y dégager tout ses sentiments.

Elle regarde la scène..De nombreux corps au sol, mais aussi celui de Beths, pincement des lèvres...Non pas elle, pas la prévôt, pas son amie...Puis Marty...Non..;Elle reste bouche fermée comme si aucun son ne voulait sortir. Elle sert le gamin contre elle. Sa tête contre son torse comme pour lui cacher cette vision d'horreur. C'est plsu une forge, c'est un bain de sang. Le sol est plus marron, il est rouge, ça sent mauvais...Une envie de vomir...Elle se retourne lache le gamin, c'est plus fort que tout, la brunette vomit de dégoût...S'essuie les lèvres tremblantes d'un revers de manche.

Tout le monde est blessé mais vivant...Enfin elle espère voyant le duc et son amiée au sol...Plus un brigand par contre à le coeur qui bat...Elle reste là dans son coin s'accroupit, comme une petite fille, la fin, la peur reste...

Elle fait signe à Thibault de partir vite de là...Lui chuchottent de rentrer chez elle...Mais le gosse tient tête est reste près de la maréchale lui serrant la main aussi fort qu'il le pouvait...Elle le regarde, un regard mélangé de colère qu'il soit là, mais aussi un regard d'une maman qui veut protèger son enfant.
Anseis
[Et le jour se leva]

Anseis se courba instinctivement en se tournant au bruit des pas. La douleur le fit tressaillir avant qu’il ne se redresse. Point de danger, juste la bourgmestre qui se précipitait pour serrer dans ses bras le gamin.

Les cris et le bruit métallique des armes s’entrechoquant s’étaient tus. Au loin, il pouvait voir le maréchal hérisson essuyer son épée, en compagnie d’un autre homme : Anseis le reconnut immédiatement. Le maréchal Hermanicus qui avait tenté de l’arrêter à Montpensier. Le combat est fini : seule reste l’âcre odeur du sang, omniprésente.

Alors que le vagabond baissait les yeux vers sa chemise, il entendit Seve rejeter son dernier repas derrière lui. C’était probablement l’une des premières fois pour elle. Malheureusement, il ne faisait aucun doute dans l’esprit du jeune homme qu’elle en verrait bien d’autres si son futur restait lié à celui de son forgeron aimé. Aristote puisse préserver son âme…

La pensée s’envola aussi rapidement qu’elle était venue, remplacée par la nécessité du présent. Sans plus se soucier des alentours, ni des habitants qui s’agglutinaient dans la rue, toujours à quelques distance de la forge, il défit sa chemise pour examiner sa blessure. La peau arrachée la rendait impressionnante : évidemment, débouler un escalier avec une dague plantée dans le flanc n’était pas forcément la plus sage de ses dernières décisions. Pourtant, tout ceci restait superficiel. Une cicatrice de plus voilà tout.

Serrant les dents, sentant son front se recouvrir de sueur, il se força à bouger quelques lambeaux pour observer la coupure elle-même. La lame ne l’avait transpercé, ce qui était une bonne chose, mais la profondeur rendait la blessure plus sérieuse. Enfin, il n’y aurait grand-chose à faire : de l’alcool et un médicastre ou, à défaut, un tisserand, pour le recoudre. Ensuite, s’en remettre au Seigneur pour ne pas que cela s’infecte…

Il roula sa chemise pour en faire un lange provisoire et la serra autour de sa taille, avant de s’approcher des maréchaux. Un regard lui suffit à leur faire comprendre. Ils devaient maintenant voir pour leurs compagnons. Sans plus attendre, Hermanicus s’approcha d’un colosse affalé sur le ventre, dague plantée dans le dos. Avec l’aide d’Herisson, il l’écarta, révélant une jeune femme en dessous. Anseis reconnut l’amie de Beths, elle aussi croisée à Montpensier : Bettym.
Les deux maréchaux se penchèrent vers elle. A leurs visages soulagés, le jeune homme compris qu’elle n’était probablement qu’inconsciente. Une première bonne nouvelle.

Il se tourna donc puis s’approcha du duc Marty et de dame Beths. Le noble, affalé, le mollet en sang, caressait d’une main la longue chevelure de sa bien-aimée, une larme perlant de son œil alors que sa voix n’était plus qu’un murmure. Anseis jeta un rapide coup d’œil sur la jambe de l’homme. Vilaine blessure qui le ferait boiter, probablement le reste de sa vie, mais rarement mortelle. Et quand bien même voudrait-il la soigner, il n’avait les compétences et doutait que le duc acceptât alors que toute son attention était reportée sur sa belle.

Anseis s’agenouilla près de Beths retenant de sa main droite le duc qui avait tenté de l’arrêter. Coupant sans plus attendre la chemise au niveau de l’épaule, il jeta le morceau de tissu sanguinolent au loin, observant la blessure maintenant visible. L’os enfoncé au niveau de l’épaule avait cédé sous la force du coup, mais évité une plus profonde blessure. Alors que le duc semblait comprendre et dans un effort le faisant haleter se rasseyait, Anseis profita de sa main droite de nouveau libre pour l’amener près du visage de la femme. Un souffle, faible mais présent.

Anseis pointa du doigt l’os regardant le duc. Point de chirurgien ni de médicastre : la jeune femme avait déjà perdu beaucoup de sang et il fallait redresser l’os et bander le tout… au plus vite. Le hochement de tête du duc fut aussitôt suivi par quelques mots.


Laissez, c’est à moi de le faire, si…

Se plaçant derrière pour soutenir la jeune femme, Anseis attendit que le duc accomplisse le geste. L’homme hésita un instant puis, prenant son souffle dans une prière, appuya de ses mains pour redresser l’os, faisant trésaillir la jeune femme. Ouvrant les yeux, grimaçant, la jeune femme resta un instant perdue jusqu’à ce que son regard tombât sur celui de Marty. Sans se soucier des chuchotements échangés entre les deux, Anseis lui fit un bandage rudimentaire.

Seve qui, avec l’aide de Thibault, s’était occupée de son bras s’était approchée. De même qu’Hermanicus, Herisson et Bettym sortie de son évanouissement. Le silence se fit. Pensèrent-ils comme Anseis ? Un miracle… rien d’autre n’aurait pu expliquer qu’ils en sortissent tous vivant – du moins jusqu’à maintenant – d’une telle histoire.


Je vais faire appeler le médicastre et une charrette. La maladrerie qui sert aussi d’hôpital nous accueillera. Pour le reste…l’armée et les miliciens nettoieront.

Ces derniers mots brisant le silence avaient été prononcés par Seve qui avait repris des couleurs en même temps que son rôle. Anseis devait l’avouer : il était bon d’avoir forces de l’ordre et bourgmestre impliqués. Cela rendait les choses plus simples.

Sans plus se soucier des convenances, il allongea les jambes, son dos prenant appui sur celui de Beths, la gardant ainsi assise par la même occasion. Alors qu’il entendait derrière lui Bettym arguer avec le duc de Billy pour soigner sa jambe, le jeune homme ferma les yeux. Un sourire lui vint en même temps qu’une nouvelle pensée.


Père, merci. Je tiendrai promesse maintenant
Bettym
[Tout est bien qui finit bien]

Le poids enlevé de son corps frêle eut comme un effet de délivrance. Les plaintes, par contre, c'était tout le contraire. Elle essaya de se relever mais sa cuisse lui faisait un mal de chien, tout juste si elle put s'asseoir correctement.

Elle regarda autour d'elle mais ne put voir que désolation. La gorge serrée, elle n'osait poser la question sur qui était en vie ou non. Elle voyait bien Marty et Anseis penchés sur Beths mais ne pouvait imaginer que son amie était morte.

La voix directrice de Seve la rassura. Aucune perte n'était à déplorer parmi les amis et collègues. Seuls ces satanés brigands avaient eu ce qu'ils méritaient. On ne s’attaquait pas impunément aux amis de la juge.

Priant intérieurement Aristote, elle le remercia de tout coeur quand elle s'aperçut qu'en fait la Thiernoise s'était évanouie. Ce fut à ce moment là qu'elle aperçut la blessure de Marty... Son instinct de mère protectrice reprit le dessus. Elle savait que Beths était maintenant hors de danger et ne put s'empêcher de gronder son filleul sur son inconscience à laisser pareille blessure ouverte.

La vie reprenait son court. Se levant, elle alla claudicante jusqu'à ses amis et famille. Puis tous aussi handicapés les uns que les autres ou presque, ils se dirigèrent vers la charrette qui les attendaient dehors pour les conduire vers l'établissement de soins.
pnj
[Plonger au fond du gouffre, du fossé ? Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ... enfin presque ...]

Un rayon de soleil perça à travers les nuages et vint caresser la joue de la jeune femme, elle était bien, là, les yeux clos sans la moindre envie de les ouvrir. Rester encore un peu dans cette chaleur bienveillante qui l'entourait était à l'instant la seule chose qu'elle désirait. Pourtant quelque chose n'allait pas dans tout cela. Où était-elle ? Aux premières sensations, probablement au Mans, dans son lit. Alors, pourquoi n'avait-elle aucun souvenirs de sa nuit passée ? Surtout comment avait-elle fait pour arriver si tôt, alors que la veille elle se trouvait à Compiègne ?

Toute à ses réflexions, un doute l'assaillit quand elle sentit sous ses doigts que ce qu'elle touchait n'avait rien à voir avec la douceur de ses draps parfumés, mais plutôt avec … avec quoi ? Elle tenta d'ouvrir un oeil et de relever la tête, mais une douleur intense se répercuta de la base de ses membres jusque dans la nuque et lui vrilla les tempes, ce qui l'obligea à remettre à plus tard sa curiosité. Un gémissement, puis un juron s'échappa de sa bouche alors qu'elle portait lourdement sa main à son front.


-Bon sang …

Pour le coup, elle était réveillée et plus qu'elle ne le souhaitait. A présent, elle sentait la bosse sur son crâne et pouvait entendre distinctement le chant des oiseaux, ainsi que le rythme régulier des roues d'une roulotte, au loin, qui se rapprochait. Elle était affalée en pleine nature et ce qu'elle avait cru être son lit était tout bonnement un fossé broussailleux. Les souvenirs de la nuit ne tardèrent pas à affluer après cette constatation.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle marchait, ne s'arrêtant que pour dormir quelques heures et repartir au plus vite. Après son échec en Normandie, elle s'était décidée à rentrer au Mans, afin de s'accorder un peu de temps et réfléchir à tout ce qu'elle venait de découvrir ou du moins à ce qu'elle croyait avoir découvert. Les doutes, les questions, les certitudes et des fragments de son passé n'avaient cessé de se bousculer dans son esprit lui faisant oublier la fatigue et la faim, ce qui avait considérablement amenuisé ses forces sans qu'elle ne s'en rende compte. Lorsque la nuit tombait, les voyageurs qui croisaient sa route se faisaient moins nombreux, sa vigilance n'en était pas moindre, mais elle s'octroyait un peu de répit et relâchait légèrement son attention sur ce qui l'entourait, mais cette nuit, elle avait subi les conséquences de cette négligence.

C'est au détour d'un chemin qu'elle s'était retrouvée face à lui. La silhouette sombre était apparue brusquement. La surprise avait été telle, qu'elle était restée quelques secondes à regarder celui qui se trouvait devant elle, sans la moindre réaction. Ce ne fut que lorsque une lueur sélénite vint scintiller sur la lame qu'il tenait dans sa main, qu'elle avait eu le réflexe de sortir son épée.


-Gente Dame, bien le bonsoir, permettez que je vous déleste un peu ... La charge qui est vôtre doit bien peser lourd pour une si ... fine et gracieuse personne, l'entendit-elle prononcer d'une voix passablement emmiellée, alors qu'il se penchait en une révérence.

Ainsi donc, ce qu'elle discernait comme étant un homme de haute stature, était un brigand et la menaçait d'une façon des plus railleuse. Bien ...
Tout son être lui criait de lui donner le peu de biens qui intéressaient son interlocuteur, mais sa fierté et les mésaventures accumulées ces derniers jours, s'opposaient fermement à cette soumission. Levant les bras pour pointer le bout de son arme devant lui, elle lui répondit sur le même ton.


-Messire, permettez-moi ... à mon tour ... de vous remercier pour votre obligeance, mais ma charge restera mienne aussi longtemps que je serais en vie.

Pure provocation ... Il ne voulait que sa bourse et la laisser continuer son chemin, elle le savait, cependant elle lui proposait de combattre au risque d'y perdre la vie. Etait-ce simplement de la fierté ou ce besoin d'évacuer tout ce qui bouillonnait en elle depuis ces six dernières années, qui méritait une telle décision ?
Elle haussa les épaules. Qu'importe la raison, plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel … mais trouver ... une issue ?


-Soit ! lança t-il avant que les deux épées ne s'entrechoquent pour débuter le combat.

Ils se rendaient coup pour coup, elle avec adresse, lui avec une puissance sauvage. Le tintement des lames et la respiration accélérée des deux adversaires emplissaient l'air. Seuls, la lune éclairant le visage de l'un puis de l'autre et quelques oiseaux nocturnes, observaient et suivaient, en silence, les mouvements rapides des deux opposants.
Il lui fallait un exutoire, il venait de l'offrir à la jeune femme…
Défendre leur honneur, leurs biens et parfois même les siens "les Griffes" … Autrefois, elle avait été entrainée en conséquence, n'avait jamais failli et avait assumé ce destin sans jamais prendre de plaisir à faire couler le sang. Ce soir, elle se battait à nouveau, pas pour eux, ni pour les rares écus qui lui appartenaient, mais seulement pour elle, pour se défouler, déverser la colère qui nourrissait la jeune chef qu'elle avait été, et quelque part, le tuer ou être tuée ? L'aboutissement de ce duel lui importait peu.

Malgré tout, l'affaiblissement accumulé ces derniers jours avaient joué contre elle, après une lutte acharnée, ses membres, fatigués, l'avaient abandonnée, permettant à l'homme de la désarmer et de lui asséner un violent coup qui l'avait jetée à terre. Après cela, le seul souvenir qui lui restait, était les dernières paroles de l'homme qui s'affairait près d'elle avant qu'elle ne perde conscience.

-Gente dame, j'avoue que vous m'avez donné du fil à retordre, ce qui fut bien plaisant, mais sachez que je suis simple voleur et non un tueur, je vous laisserais donc en vie, mais prendrais sans remord ce qui fut vôtre.

C'est ainsi qu'elle se trouvait ni au Mans, ni dans son lit, mais non loin de Sainte Ménéhould, couchée à même la terre, les bras en croix à regarder les nuages se déplacer dans le ciel, totalement dépossédée de ses biens.
Elle fit une nouvelle tentative pour se lever, se mordant la lèvre inférieure pour atténuer les vertiges et les battements qui lui transperçaient le crâne, vacilla, puis réussit à se mettre debout avant de promener son regard à la ronde ... Un bout des remparts se dessina devant ses yeux, elle remercia intérieurement le Seigneur, d'en être aussi proche. Maintenant, le plus dur allait être de mettre un pied devant l'autre, d'atteindre la ville et d'en supporter le vacarme qui, déjà, lui parvenait douloureusement aux oreilles.
Legowen
et une bataille de ratée mais un soulagement

Maréchale inquiète sur les routes , c’est peu de le dire

Un Canasson reconnu quelques jours plus tôt, alors qu’elle était de garde sur les remparts , tenu par la bride par un parfait inconnu , et Beths où était –elle ? elle ne se séparait que rarement de sa monture
Le temps qu’elle descende , qu’elle fende la foule qui entrait dans la ville , comme par hasard au plus mauvais moment , pourquoi était ce toujours le cas ? elle l’avait vu s’éloigner , trop loin pour le rattraper à son grand dam

Un cri avait jailli,Canasson Stop , idée lumineuse s’il en fut , sauf que Canasson n’était pas Illuin, que lui obéir, à elle, ne le touchait pas spécialement et qu’au lieu d’obtempérer , il avait tranquillement continué son chemin , accélérant même un peu , tiré par la bride

Regard noir de la jeune femme , elle avait réfléchit , si un inconnu menait Canasson dans une ville au risque de le faire reconnaître , c’est que le cheval avait besoin de soin. Autant qu’elle s’en souvienne , elle ne l’avait pas vu boiter sur le chemin alors qu’elle le regardait s’approcher, du chemin de ronde ,probablement un fer à changer
Elle avait fait le tour des maréchaux ferrant , avait enfin trouver le bon

Bien sur , le dernier, l’inconnu avait eu tout le temps de quitter la ville , exaspérée , elle s’était dirigée vers le bureau de la maréchaussée , l’avait trouvé fermé , bon sang tout s’en mêlait , restait plus qu’à passer à Nöthrim

Parchemin,, plume, missive vite écrite


Citation:
Cher Marty

Ce petit mot pour t’informer que j’ai aperçu Canasson en ville mené par la bride par un inconnu , malheureusement , je n’ai pu les rejoindre à temps
J’ai appris que l’homme s’était arrêté chez un maréchal ferrant pour changer un fer
Peut-être suis-je inquiète pour rien, peut-être est ce un nouveau palefrenier mais , il est bien rare de voir Beths sans son cheval
J’espère que tu dissiperas vite mon inquiétude en m’apprenant que Beths se trouve près de toi

Leg


Elle avait confié le pli à un pigeon, et depuis attendait des nouvelles , un jour , deux jours , sa garde enfin finie, elle n’avait pu rester là , il fallait qu’elle sache
Elle avait sellé Illuin, pestant contre ce satané pigeon qui avait du se perdre en route , enfin elle l’espérait , ne voulait penser à des causes plus graves et avait franchi en trombe les portes de Thiers , avait un instant hésité , droite ? gauche ? Montpensier ? Clermont , son instinct lui disant le nord et ayant appris à s’y fier , elle avait lancé l’étalon au grand galop sur la route de Montpensier

Cherche , tourne et vire , tavernes visitées , énervement et déception , se serait –elle trompée ? pas de traces d’un quelconque passage de Beths , de Canasson et de l’homme
Jusqu’à ce petit vieux , qui lui avait indiqué qu’il lui semblait bien mais que sa mémoire défaillante , comprenez à cet âge ….
quelques écus ayant changé de propriétaire , fou comme cette médecine était efficace pour les mémoires défaillantes …
Il y avait bien d’autres méthodes mais elle les réservait aux brigands , donc quelques pièces de moins plus tard , de haussement de ton, le vieux était en plus sourd comme un pot elle avait fini par apprendre qu’à Montluçon …..peut-être …………



Et voilà pourquoi elle se retrouvait devant les portes de la ville , déclinant son identité aux douanes elle avait demandé après sa filleule , s’ils auraient aussi noté l’arrivée d’un homme bizarre vêtu de noir , mèche sur les yeux

En fait ils avaient tout noté, l’arrivée de ses amis , non seulement Beths mais aussi Marty, Bettym et plus inquiétant pas mal d’étrangers aussi
Elle connaissait peu la ville , n’y étant venue qu’en de rares occasions , dont l’une lui pesait encore , il lui manquait , il leur manquait , elle chassa cette pensée égoïste
Bon peut-être se diriger vers les tavernes

Rues enfilées , des mots qui lui parviennent


Ya eu du grabuge

Yep , ça s’battait et criait

Quoi ? un combat ? mais où ? parles ? à trois rues d’ici ?

guide moi ! comment t’as pas envie

Et ça ?

épée sortie , l’est passablement énervée et puis va pas donner tous ces écus

Course , des corps , du sang

Cœur qui marque le pas, angoisse une charrette là qui attend et ……

Mon dieu, ses amis, des collègues aussi , l’homme sombre est là , soutenant Beths , avec eux alors ?

Beths !!! Marty qu’est-il arrivé ?

sa filleule , pâle se tient l’épaule , bandée , Marty jambe pendante pleine de sang fait un sourire crispé , tous ont l’air éreinté , Bettym claudique
La jeune femme les aide à monter dans la charrette , et s’assied avec eux

Grommelle

pas moyen de vous laisser quelques jours et puis ....puis ....... vous auriez pu me prévenir, j'me suis fait un sang d'encre

De mauvais foi ? non, elle sait bien que les pauvres n'ont pas du s'amuser , mais bon sang quelle bataille ça a du être , et dire qu'elle a loupé ça ....

Soulagée de les voir tous en vie , les blessures ça se soignent , elle regarde sa filleule , note étrangement une lueur de sérénité dans les yeux et s’en trouve heureuse

bon , j'vous quitte plus .........pour le moment
_________________
pnj
[Tout le monde vivant...Reprendre le dessus]

La brunette il fallait que elle se détache du petit, reprendre le dessus, fini la petite fille, fini...

Elle lacha le gosse, s'approcha de tout le monde. Beths avait une grosse blessure à l'épaule, le Duc au mollet, Bettym a la jambe, le muet à la hanche. Elle au bras, fixa Héri rien ? Elle voyait pas bien de là ou elle était. Elle s'était fait un bandage avec l'aide de sa chemise et du gamin. Ca tiendra le temps qu'il faut, fallait se bouger...Ouvrir la bouche...


Je vais faire appeler le médicastre et une charrette. La maladrerie qui sert aussi d’hôpital nous accueillera. Pour le reste…l’armée et les miliciens nettoieront.

Zou, elle fit signe à Thibault d'aller chercher tout ce p'tit monde. Le gamin rechigna pas pour une fois, il avait compris que être têtu ça va un moment avec Seve, rien que dans le regard il avait su qu'il fallait pas trainer.

Le gamin était revenu avec les médicastre et une charette pour transporter tout ce beau monde. Le combat avait été rude, mais enfin fini. Comme bizarement à ce moment là, elle ne pensait pas à son aimé, elle aurait le temps d'y penser plus tard. Quand il sera revenu si il revient...

Tout le monde s'activer autour de Beths et Marty, les soigner, les emmener au dispensaire pour finir les soins et qu'ils puissent se reposer.

Elle se demandait la brunette comment malgré tout ça, elle tenait sur ses guiboles...Elle aussi il lui faudrait du repos...Repartir chez elle, pour oublier tout ça...S'enfermer pour ne plus voir personne...Reprendre sa vie là ou elle s'est arrêté le soir ou elle est venue ici...Elle regarde autour, on a plus besoin d'elle. Son bras elle verra sa plus tard...Elle est fatiguée, elle veut rentrer.

Tout le monde est vivant c'est le principal. Un regard vers le muet. Un regard vers la sortie, plus de porte. Elle prend la main du gamin, et s'y dirige.
Anseis
[un départ]

Anseis resserra le bandage autour de sa taille, son visage se fendant d’une grimace. Il faudrait encore quelques jours avant qu’il ne puisse vraiment voyager par lui-même. Pourtant il était maintenant temps pour lui de partir. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis le combat et le jeune homme savait qu’après le soulagement d’avoir vaincu cette troupe de brigands sans une perte, viendraient les questions. Avec anxiété le vagabond avait regardé passer les journées, se reposant dans le vain espoir d’accélérer la guérison.

Puis était venue l’occasion. Comment aurait-il pu douter du Très Haut après cela ? Une occasion sous la forme d’une rencontre en taverne et d’une sympathie mutuelle avec une jeune femme puis son compagnon. Un curieux couple, le muet ne pouvait le nier. L’homme était sombre de peau. Anseis avait lu la description de tels hommes dans des manuscrits traitant des croisades, mais c’est la première fois de sa vie qu’il en voyait un. Du moins aussi loin que remontaient ses souvenirs. Quand à la femme, Karine…il n’aurait su dire exactement ce qu’il pensait d’elle. Elle était prévenante, un peu trop parfois au point de le mettre mal à l’aise à l’en faire rougir. Mais au-delà de cela elle dégageait une jovialité la rendant d’agréable compagnie. Et puis, elle avait insisté sur le fait qu’elle était amoureuse et fidèle. Compte tenu qu’ils voyageaient avec son aimé, Anseis en avait conclu qu’il n’y avait là de malice.

L’important était qu’ils voyageaient en charrette. Anseis grimaça de nouveau, non de douleur cette fois, mais de honte. Il y avait vu en effet une opportunité de reprendre la route un peu plus tôt en acceptant l’invitation de profiter du confort de la charrette, un voyage à dos de cheval n’étant encore possible. Il sentit la chaleur lui monter aux joues, ayant l’impression d’abuser de ces personnes. Honte qu’il effaça d’un geste de la main en repoussant par la même occasion la mèche de cheveux retombée au niveau de ses yeux. L’important était la promesse. Rester plus longtemps ne faisait que la repousser.

Refermant sa chemise, Anseis détacha son cheval et rejoignit le couple. Il ne put s’empêcher de sourire en voyant la charrette, aussi surprenante que ne l’était le couple. Une barque retournée avait été ajoutée, improvisant une toiture. Du fond, parmi un amas d’objets hétéroclites, s’élevait un ronflement qui ne laissait de doute sur ce que faisait l’homme. Karine, brides en main, lui fit un signe suivi d’un sourire. Le jeune homme y répondit de façon identique avant d’amener sa monture près de la charrette et l’y attacher. S’installant à côté d’elle, il se positionna en bordure de siège notant dans un soupir que cela restait bien plus près de la femme que la décence ne l’aurait voulu. Levant les yeux vers le ciel nocturne, il se dit qu’il proposerait probablement à la jeune femme de prendre quelque repos avec son compagnon dès qu’ils seraient sortis de la ville. Le sommeil ne viendrait probablement cette nuit pour lui.
Anseis
[Au petit matin ]




Appuyant ses pattes sur le bord de son abri de brindilles, l’oiseau étendit ses ailes face au soleil. Les rayons vinrent réchauffer ses plumes alors qu’il les secouait pour en chasser les larmes de rosée s’y étant déposées durant la nuit.

Un bruit le fit s’arrêter, griffes serrées prêtes à le propulser en cas de danger. Tournant rapidement la tête, il ne fut pas long à en repérer l’origine. Un de ces gros nids de bois que les humains faisaient. Evidemment, point aussi harmonieux ni confortable que le délicat ouvrage sur lequel il s’appuyait. Ce nid là, loin d’être aussi imposant que ceux de pierre qu’il avait pu un jour voir était tiré par un cheval. Un autre cheval attaché par une liane suivait d’un pas lent. Pourquoi donc ces nobles bêtes restaient-elles si souvent avec les humains ?

Le volatile, comme beaucoup de sa race, était affublé d’une très grande curiosité. Curiosité envers les humains qui avait perdu beaucoup de ses congénères mais qui lui avait personnellement permis de trouver fort bonne nourriture. Sans plus attendre, il plongea, tête vers le sol, pour prendre vitesse avant de vigoureusement claquer ses ailes et commencer à tournoyer près de l’étrange objet. Un tour puis un autre. Cela lui suffit à confirmer qu’il ne s’était trompé. Suivant les lianes du premier cheval, il avait pu reconnaitre un de ces humains. Une vrille, puis un looping et le petit moineau se décida enfin à se poser sur ce nid instable. Tournant la tête et observant rapidement, il nota le sourire qui se formait sur le visage de l’homme. Peu rassuré, il commença cependant à battre des ailes lorsque ce dernier bougea pour attraper quelque chose dans un étrange objet de cuir…pour en sortir ce qu’ils appelaient pain.

L’excitation monta dans l’esprit du moineau. Il se rappelait maintenant des enfants d’humains qui lui en jetaient près des nids de pierre. Encore une fois sa curiosité avait payé ! Il attendit patiemment que l’homme jetât les miettes. Sitôt qu’il sortit sa main et que le champ fut libre, l’oiseau se précipita, tentant d’avaler au plus vite autant qu’il pouvait, relevant régulièrement la tête : on ne savait jamais avec les humains…

Anseis sourit un instant en observant l’oiseau avaler miette après miette, puis reporta son intérêt sur le chemin. Karine avait rejoint Liam durant la nuit, dans le fond de la charrette. Il avait senti le regard de la femme posé sur son dos pendant les premières heures : le jeune homme haussa les épaules en y repensant. Après tout, il ne la connaissait que depuis quelques jours et elle ne savait rien de lui si ce n’est qu’il ne parlait pas. Bien sur, certains notables de Montluçon et du duché semblaient lui accorder quelque crédit ce qui avait du jouer en sa faveur, mais ces mêmes notables ne le connaissaient beaucoup plus. Malgré son jeune âge, il avait tout de même eu de la chance que le couple lui accorde sa confiance au point de le laisser voyager avec eux.

Bien sur, il se pouvait qu’eux même soient des brigands et se débarrassent de lui. Le vagabond eut de nouveau un mouvement d’épaules. Ils ne l’avaient fait durant la nuit alors qu’il leur tournait le dos – ils auraient de nouveau l’occasion de le faire lorsqu’il dormirait durant la journée mais il en doutait fortement. D’une part, il n’avait pour richesses actuelles que deux malheureux fruits et quelques miches de pain. D’autre part, et c’était bien plus important à ses yeux, il considérait cette rencontre comme un signe du destin et s’en remettait totalement à Dieu. Avec sa naïveté coutumière, il leur faisait confiance.

Quelques mouvements derrière lui confirmèrent que ses hôtes – après tout ils étaient propriétaire de cette charrette - ne tarderaient à se réveiller. Il serait bientôt temps de marquer une pause, faire boire les chevaux et prendre un petit en-cas, avant qu’Anseis ne puisse se reposer. Le doux gazouilli qu’il avait entendu depuis quelques temps confirmait qu’ils longeaient un petit ruisseau, sur leur gauche. Le muet fit donc quitter le chemin au cheval, ralentissant le pas pour atténuer les cahots. Quelques pas et il amena l’animal à l’arrêt. Le ruisseau se tenait devant lui. Alors qu’il étirait ses bras, chassant par la même le moineau, Anseis entendit ses compagnons de route murmurer quelques mots. Un sourire se forma sur son visage en pensant au repas puis à la sieste qui l’attendait. Si le voyage était plus confortable et lui avait épargné douleurs à la hanche, il n’en ressentait pas moins la fatigue de la nuit.
Beths
[Vivants]

Allégresse de l’inconscience, insouciance, la jeune femme était dans les brumes de l’ignorance. Mais cela ne pouvait durer, toute sa vie n’avait été que lutte, et encore une fois, elle devait se battre, elle était assaillie de nouveau. Trouble, faiblesse et étourdissement, elle ne pouvait rien son épaule lui procurait trop de souffrances, et puis une douleur fulgurante, une douleur infligée, lui amena un gémissement. Elle ne devait pas les laisser faire, les brigands … Ouvrir les yeux, elle devait ouvrir les yeux, pourquoi était ce si difficile ? Dualité perfide, ouvrir les paupières et se défendre, ou bien … Le désir de vivre est le plus fort, grimaçante doucement, effort quasi insurmontable et pourtant si simple en temps normal que la question ne se posait même pas, sa vision se porta sur … Marty. Marty … son Marty, celui vers lequel son cœur penchait, celui que tout son être appellait, celui qu’elle aimait, sentiment étrange la rendant faible et forte à la fois. Il était là … son visage semblait exprimer tant de choses, anxiété, tendresse, douleur, … amour ? La jeune femme n’était pas suffisamment lucide pour comprendre que son teint était blafard et que moult sentiments pouvaient également se lire dans ses yeux, mais qu’après avoir vu la mort, l’amour primait sur le reste. Deux rescapés quelque part, dont les sentiments étaient exacerbés … la jeune femme se rendit compte qu’elle aurait pu le perdre, ce qui la fit hoqueter, et tendre son bras valide vers la joue de l’écrin qui portait son cœur

Marty … tu es là … tu aurais pu mourir … je t’aime

Un pauvre sourire doucement étira ses lèvres, promesse de l’amorce d’un baiser ? Et puis, petit à petit, reprendre connaissance avec la vie qui l’entourait. Bettym, son âme sœur était là aussi et … houspillait Marty qui lui aussi était blessé. Sa main valide chercha inconsciemment la sienne, ils survivraient et se soigneraient ensemble. Et puis Heri, Herma au loin, Seve aussi les bras arrondis autours d’un enfant. Surement l’aide de Nehwin, il ne devait pas venir, mais il est vivant, c’est le principal. Mais où était … où était Anseis ? Une angoisse un instant, la fait tenter de se détourner lui faisant comprendre qu’elle est assise, que son épaule est un amas de sang et que son dos était calé contre … Anseis ? Un soulagement de soupir s’échappa de ses lèvres, et la thiernoise poussant un peu du dos celui qui était désormais un ami pour elle

Merci…

Maréchale, bourgmestre et surtout parfaite, Seve prit alors les choses en main. Une charrette, tous y monter, médicastre et maladrerie, ils y auraient tous droit. Pas de différence, tous lotis au même traitement, si elle n’avait pas été si mal en point, Beths aurait ri. Et la jeune femme pu remarquer également que son amie Montluçonnaise était également blessée …
Elle n’avait pas trop la force de parler … étonnant pour celle qui adorait s’exprimer, et de ce fait ses pensées se mirent à vagabonder. Elle avait vaincu, le monstre n’était plus, sa famille était vengée, elle était vengée, mais …. Ses frères et sa sœur étaient ils en vie ? Avaient ils ou non survécus au brigand ? Pourquoi … n’avait elle pas posé la question à cet homme avant de lui transpercer les poumons ? Peut être vivaient ils quelque part en Royaume de France ? Peut être … mais jamais elle ne saurait, et elle devrait toujours vivre avec ce doute, cette interrogation, ce mystère. Non, elle ne devait pas espérer, ils étaient probablement morts, le triste individu ne souhaitant pas laisser de traces derrière lui, comme il l’avait prouvé en voulant la tuer à l’Espinasse.
Sombres pensées en tête, grimaçant régulièrement sous la douleur, c’est alors qu’un rayon de soleil déboulant de nulle part apparu. Sa marraine ! Vociférant, menaçant de la pointe et du plat de son épée, elle arrivait jusqu’à eux.


Beths !!! Marty qu’est-il arrivé ?

pas moyen de vous laisser quelques jours et puis ....puis ....... vous auriez pu me prévenir, j'me suis fait un sang d'encre


Marraine excuse moi, je te dois aussi des excuses tout comme à Bettym et Marty. Je ne voulais pas vous inquiétez, mais … bref … j’vous raconterai un autre jour … promis. Je suis vivante, heureuse de l’être, mais … fatiguée … tout comme toutes les personnes présentes je pense …

Longue tirade qui acheva de l’épuiser, et c’est somnolente qu’elle arriva jusqu’au médicastre. Comme tous, elle eut droit à de la couture, qui lui vaudrait une belle cicatrice. Vu son emplacement, personne en dehors d’elle ne la verrait, elle et …. Des rougeurs se mirent à lui colorer les joues alors que du repos lui était conseillé.


[Quand trois femmes, trois volontés, trois déterminées, trois agitatrices, trois hyperactives, décident de la réponse qui doit être dite] désolée pas pu m’en empêcher


Du repos, du repos, encore du repos, ras’l’chou du repos ! Elle n’allait pas rester allongée à ne rien faire si ce n’est admirer le plafond de la maladrerie ! En plus, elle n’était même pas dans la même pièce que Marty, et Bettym était déjà partie. Hum, se redressant, grimaçant et sa main gauche allant se poser sur le bandage de son épaule droite, elle prit sa décision, un petit tour en ville ne la tuerait pas, et elle se fichait de ce que dirait le médicastre ! Humpf ! Et puis elle pourrait aller voir sa marraine, qui avait des notions de médecine. Echec au médicastre de Montluçon.
Retrouvant ses effets, s’habillant difficilement mais réussissant l’exploit, la jeune femme sortit enfin de ce trou et aspira à plein poumon l’air de Montluçon. La vie reprenait ses droits, le printemps allait arriver de nouveau, l’air était doux, il ne faisait pas moche, l’Auvergne était belle … et elle était heureuse.
Poussant la porte de la première taverne, elle s’y installa pour boire quelques tisanes. Qu’il était bon de voir du monde et de faire connaissance avec des nouvelles personnes … et notamment une Demoiselle qu’elle prenait plaisir à appeler Dame, qu’elle avait rencontré avant, avant cette journée avec les brigands. Elle se nommait Karine. Petit à petit les échanges de cordiaux se firent agréables et les deux jeunes femmes se plurent vraiment. Acceptant bien volontiers de lui servir de scribe ne pouvant user correctement de son bras droit, riant ensemble, se découvrant une passion commune pour Canasson, chacune le sien, les deux jeunes femmes se mirent à s’apprécier et à rire ensemble.
Beths eut le plaisir de recroiser Anseis. Le muet semblait se porter bien, mais il était épuisé lui aussi, cela se voyait sur son visage. La jeune femme lui sourit et timidement le remercia une nouvelle fois pour son aide. Beths n’osait lui demander ce qui la tracassait depuis le début, en quoi Anseis était-il lié à tout cela ? En quoi ? Elle voulait savoir mais n’osait le presser de peur de le voir fuir. Elle ne savait qu’une chose, il avait été là lorsqu’il le fallait et avait gagné son amitié. Le muet se décida à prendre congé, et la thiernoise sut à cet instant … qu’elle ne le reverrait pas. Pourquoi cet étrange impression alors qu’elle n’était pas censée partir, ni lui ? Mais son instinct ne l’avait jamais trompé. Il allait repartir et leurs routes se séparaient. Une fois qu'il fut parti, elle pria silencieusement Aristote de le protéger.
Une tristesse se mit à l’envahir, elle allait se décider à quitter la taverne à son tour lorsque brusquement sa Bettym et Leg arrivèrent, suivies de près par … Marty.
Et là, dans cette taverne, trois blessés, une marraine, une compagne de voyage, et une question … une question que beaucoup attendaient. Et les trois femmes de la presser de répondre, et sa Bettym d’exploser de joie, et sa marraine d’avoir les yeux rougit devant la symbolique de l’événement, et Karine de lever les choppes. D’une timide réponse première, et poussée par ses amies …


Ouuuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!

Beths s’était exprimée, mais ceci est une autre histoire.
_________________
Bettym
[A la taverne de Montluçon]

Les fortes émotions enfin passées, ils avaient profité des soins prodigués à la maladrerie. Les blessures bien que profondes avaient été nettoyées et pansées. Plus aucun risque ou presque de se voir le ciel tomber sur la tête.

Bettym, sortie de l'hospice, se dirigea tout bonnement vers la première taverne qu'elle vit ouverte. Une bonne bière ne pouvait pas faire de mal et en plus c'était plus facile pour parler de son projet de départ.

Cela faisait quelques jours qu'elle avait laissé son filleul Jergal à Moulins et ce dernier devait être mort d'inquiétude de n'avoir reçu aucun courrier de sa part. Mais, en plus, elle avait un rendez-vous qu'elle ne voulait louper pour rien au monde. Pourquoi ? Même elle n'en savait rien.

Les jours qu'ils venaient de passer avaient été éprouvants. Certes pas de la même façon mais fatiguants quand même. En compagnie de ses amis et filleul, Beths et Marty, ainsi que d'une voyageuse qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer quelques heures auparavant, l'ancien procureur allait passer aux aveux.


Je vais partir...

Ce fut à ce moment là que Leg arriva. Les embrassades fusèrent et le grand étonnement aussi de la trouver à Montluçon. Les discussions allèrent de bon ton et chacun raconta ses exploits durant ces derniers jours. Mais la fatigue étant là, Beths prête à rentrer, Marty, un peu éméché mais toujours en état de réfléchir, ne mit pas un temps infernal pour interroger sa Belle.

L'espace d'un instant, Bettym resta coite devant l'audace de son filleul puis se tourna vers Beths qui, elle, avait viré du blanc au rouge pour repasser au blanc.


Alors ? ...Beths... mais réagis, réponds !!!

Bien évidemment, l'ancienne Prévôt n'arrivait plus à parler incapable de prononcer le moindre mot ce qui amusait la galerie. Comment une personne capable de mettre au garde à vous tant de gens pouvait se retrouver sans voix ? Il ne fallait pas chercher à comprendre... C'était Beths dans toute sa splendeur. Les marraines, Leg et Bettym, quant à elles, trépignaient de connaître enfin cette réponse ; Et pour ce qui était de Marty, heureusement que l'alcool faisait son effet sinon il se serait sûrement retrouver dans un trou de souris.

Rho Beths ! Mais dis lui oui ! ... Ca fait un siècle que vous vous aimez ! ... Non pas "boui" mais OOOOOOOOUUUUUUUUUIIIIIIIIIIIIII !

Le fameux mot fut enfin prononcé et telle une coulée de boue, la nouvelle fut dispatchée presque aussitôt. A croire que des espions étaient au courant de cette fameuse demande et qu'il n'attendait que la réponse de la Thiernoise.

Une bonne nouvelle venait de tomber, une mauvaise allait sûrement arrivée mais ce ne serait pas pour cette soirée là. Excepté peut-être un départ précipité pour Montpensier car l'ancienne Procureur avait un rendez-vous à honorer.

Après milles embrassades et plusieurs tournées, ils se séparèrent pour mieux se retrouver à Montpensier.
Naluria
[Petit bouton de rose et fétu de paille]

*Je ne désire que son bonheur; soyez en certain.*

Naluria n'avait pas eu de nouvelle de cet anglais. Ayant tout d'abord cru à une plaisanterie, maintenant elle avait envie d'y croire, reconstituer son passé pour mieux construire son avenir et affronter son présent.

Ces dernières semaines avaient été éprouvante pour la jeune femme, tout ce qu'elle s'était batti autour d'elle avait volé en éclat comme un verre tombant au sol. Elle aurait aimé mourir, mais Aristote n'acheva pas son forfait et lui octroya seulement une mauvaise toux puis Lui. Lui qui s'était dévoilé sous le chèvrefeuille de l'Ordre, Lui qui était un homme responsable et qui saurait la rendre heureuse. Les roucoulements s'ensuivirent rapidement et Naluria décida de changer de nid.

Beaucoup de changement en perspective ravivait les souvenirs de la jeune femme. Le fait de voir enfin un avenir constitué d'une famille lui donnait envie de comprendre. Pourquoi son père avait il risqué la vie de sa famille. C'est si difficile à acquérir et tellement facile à perdre. Pourquoi son père n'aimait pas sa mère comme elle aimait et était aimé aujourd'hui. Pourquoi ce père si mystérieux dont elle avait tout occulté pour ne pas se poser de questions et vivre tranquillement. Rayonner et ne pas subir son ombre de la traitrise.

Désormais, elle avait envie de tout savoir et de tout comprendre, il lui avait fallu huit années pour faire ce travail sur soi. Elle voulait comprendre, même si elle ne pardonnerait pas.

Puis un anglais, un anglais qui semblait en savoir plus qu'elle sur sa véritable vie. Un baron en plus. Comment un ennemi de nos guerre passé pouvait il être bienveillant.

Il lui fallait des réponses.

Elle s'installa à son bureau et profita d'un moment de calme pour écrire à cet anglais. Peut être n'avait il pas reçu la première lettre. Celle-ci serait en français, tant pis.


Citation:
Cher Baron Audley,

J'ignore si vous pourrez lire cette lettre ou même si vous avez reçu ma première lettre. Je pensais que la lettre me parvenant de vous était une plaisanterie, mais aujourd'hui j'ai besoin de vous comme vous semblez avoir besoin de moi.

Je suis prête à m'unir avec vous afin que le passé de mon père soit plus clair pour nous deux. J'ai réfléchit à mon enfance faisant fit de mes considérations personnelles sur mon père. J'ai enlevé le voile qui occultait la volonté de me rappeller des souvenirs.

Tout d'abord, je vous joins un petit arbre généalogique de ma famille :

Alrick Marthun Vaast ______ Nathalie Lecendre
..................................|
............................_________
............................|............|
Naluria Marthun Vaast..........Bernold Marthun Vaast
(petit bouton de rose)...........(fétu de paille)


En effet, mon père m'appellait son petit bouton de rose et mon frère fétu de paille. Je ne sais si c'est une chose importante ou pas. Seul mon père nous appellait ainsi et le plus souvent en présence de personne.

J'ai essayé de me rappeller de vous ou de ce qui pourrait être lié à la meute ou aux "guerriers divins". La seule chose que je me souviens c'est qu'il y avait beaucoup d'étalons chez nous et que mon père ne s'est jamais remarié. D'ailleurs, depuis la mort de ma mère vers mes six ans et jusqu'à notre exil lorsque j'eu vingts an, je n'ai jamais vu mon père avec des femmes. Mon père n'aimait pas ma mère, il n'avait pas d'affection pour elle. Lorsqu'elle est morte il m'a refusé de pleurer au dessus du lac car j'allais moyer de mes larmes salées l'eau douce des poissons. Il a jamais voulu que ses enfants pleurent, mais il a toujours voulu que nous respections la nature, même l'animal le plus vil qui est considéré comme le loup. Pour ce point, il n'y a pas de lien avec la meute, nous n'avons jamais eu de loup apprivoisé, mon père les chassait. Il disait qu'il fallait les chasser pour qu'ils fuyent et se protègent.

Je ne pense pas que la fuite soit une chose brave.

Amicalement,

Pléaux, le 25 Mars 1457

Naluria Marthun Vaast.


Elle espérait que ses maigres souvenirs aiderait l'homme, notamment l'arbre généalogique qui pouvait comprendre si en Angleterre ils étaient fait de la même manière.

Elle plia la missive, descendit les escaliers et la donna à Jean qui devait faire en sorte qu'elle arrive pleinement entre les mains du Baron anglais.
--Background
Mains dans le dos, James Touchet regardait les gouttes de pluie glisser le long de la fenêtre. Le mois de mars 1457 resterait probablement dans les annales comme un des mois les plus pluvieux de ce siècle. Au-delà de l’allée, le baron pouvait distinguer le jardin détrempé et boueux. Le toussotement de son majordome qui était entré quelques minutes plus tôt ramena le vétéran à l’instant présent.

Yes, Arthur.

Another letter…from Lady of Pleaux

Le baron Audley était à chaque fois surpris de la capacité de son majordome à reconnaitre les sceaux de n’importe quelle noblesse d’Europe. Il lui avait suffit de voir une fois celui de la jeune Naluria pour pouvoir l’identifier à nouveau. Comprenant cependant l’importance de ses mots, Arthur avait déposé la missive sur le bureau et quitté la pièce. En soupirant, le baron revint s’asseoir décachetant puis lisant le parchemin.



Cher Baron Audley,

J'ignore si vous pourrez lire cette lettre ou même si vous avez reçu ma première lettre. Je pensais que la lettre me parvenant de vous était une plaisanterie, mais aujourd'hui j'ai besoin de vous comme vous semblez avoir besoin de moi.

Je suis prête à m'unir avec vous afin que le passé de mon père soit plus clair pour nous deux. J'ai réfléchit à mon enfance faisant fit de mes considérations personnelles sur mon père. J'ai enlevé le voile qui occultait la volonté de me rappeller des souvenirs.

Tout d'abord, je vous joins un petit arbre généalogique de ma famille :

Alrick Marthun Vaast ______ Nathalie Lecendre
..................................|
............................_________
............................|............|
Naluria Marthun Vaast..........Bernold Marthun Vaast
(petit bouton de rose)...........(fétu de paille)


En effet, mon père m'appellait son petit bouton de rose et mon frère fétu de paille. Je ne sais si c'est une chose importante ou pas. Seul mon père nous appellait ainsi et le plus souvent en présence de personne.

J'ai essayé de me rappeller de vous ou de ce qui pourrait être lié à la meute ou aux "guerriers divins". La seule chose que je me souviens c'est qu'il y avait beaucoup d'étalons chez nous et que mon père ne s'est jamais remarié. D'ailleurs, depuis la mort de ma mère vers mes six ans et jusqu'à notre exil lorsque j'eu vingts an, je n'ai jamais vu mon père avec des femmes. Mon père n'aimait pas ma mère, il n'avait pas d'affection pour elle. Lorsqu'elle est morte il m'a refusé de pleurer au dessus du lac car j'allais moyer de mes larmes salées l'eau douce des poissons. Il a jamais voulu que ses enfants pleurent, mais il a toujours voulu que nous respections la nature, même l'animal le plus vil qui est considéré comme le loup. Pour ce point, il n'y a pas de lien avec la meute, nous n'avons jamais eu de loup apprivoisé, mon père les chassait. Il disait qu'il fallait les chasser pour qu'ils fuyent et se protègent.

Je ne pense pas que la fuite soit une chose brave.

Amicalement,

Pléaux, le 25 Mars 1457

Naluria Marthun Vaast.


Il fallu quelques temps au baron pour retrouver son français, non pratiqué depuis la guerre. Lorsqu’il finit sa lecture, il ramena les mains, en forme de coupe, au niveau de son menton.
Les deux dernières lettres le confirmaient : la jeune femme connaissait rien, sinon peu quant à cette meute. Et ses contacts avec son père semblaient rompus. Cependant, la dernière remarque sur le comportement du sieur Alrik à propos des loups laissait penser que toute cette correspondance n’était pas si inutile.

Il était évidemment hors de question pour l’homme de se déplacer vers la France. Un anglais, vétéran de la guerre ! De plus, il était fort probable que la maison d’York s’intéresse à ses faits et gestes. Il ne se voyait pas non plus écrire en français – ainsi que la jeune lady avait demandé.
Lord et Lady Asmeret ? …non, il n’était pas temps de dévoiler tout son jeu. Par ailleurs, ils étaient déjà fort occupés ailleurs.
James Touchet reposa brusquement ses mains sur le bureau. Il restait une possibilité. Après tout, cela ne coûtait rien d’essayer. Prenant plume et parchemin, il commença la rédaction d’une nouvelle lettre.





To Sir Teodhus

Sir,

Many years have passed since we last met in London. I sincerely hope that your travel back to France was as you expected and that you have found what you were looking for in the city of Gien. My carriers will bring the letter to this city, in the hope that someone will know of you and thus deliver it in your hands.

I showed you in the past my gratitude for the information you were able to bring me. With this letter, you will find another token of my appreciation. This small amount should be enough to meet a noble lady. She may have some nice story to tell, in a subject that proved to be of interest for both of us. It may be hard at first to meet Naluria Marthun Vaast,Lady of Pléaux, but I am sure that the mention of my name – wisely used- should open many doors.


James Touchet
Fifth Baron Audley


Après relecture de la lettre, le baron laissa un sourire courber ses lèvres. Il savait évidemment où vivait l’homme à qui la lettre était adressée. Et il savait que la lettre lui parviendrait à temps. L’homme lui-même s’en doutait-il ? Peut-être…il s’était montré habile et rusé et devait au moins soupçonner qu’il serait surveillé.

James Touchet scella la lettre d’un cachet anonyme, avant d’y apposer une adresse. Un mouvement de sonnette amena de nouveau le majordome dans la pièce, qui prit sans mot dire la lettre et quitta le bureau pour retrouver un autre serviteur. Le baron se leva pour se diriger vers la fenêtre et observer l’incessante pluie. A peine quelques minutes plus tard, il put voir un de ses servants galoper dans l’allée, transportant dans sa besace la précieuse lettre.
Atheus
[La lettre d'Audley]

Telle une pluie d'étoiles, le fin croissant de lune parsemait les pavés sales recouverts de givre de la rue Sainte Boulasse qu'empruntait le vieil homme à la canne pour regagner sa masure Giennoise. Derrière lui quelques traces de boue, traces de sa nuit passée au bord de l'étang, à humer le printemps qui, touche après touche, complétait son doux chef-d'œuvre sur l'Orléanais. Athéus savourait sa liberté.



Le village était désert hormis quelques rats courant furtivement d'une bâtisse à l'autre. Plus aucune torche ne brûlait à cette heure-ci dans les rues de Gien. Athéus avait pressé le pas et n'était plus qu'à quelques toises de son but, lorsqu'il aperçut une masse sombre appuyée contre sa porte...
Méfiant par nature, il ralentit, tendit le cou, laissant émerger sa tête jusque là engoncée sous la capuche de son vieux mantel, bascula lentement son visage dur de gauche à droite, puis de droite à gauche pour flairer ou ouïr un éventuel guet-apens.
Le vent amenait à Athéus non seulement sa froidure nocturne, mais aussi le grognement régulier d'une bête... Ce bruit sourd qui provenait de la masse sombre là-bas devant sa porte inquiétait Athéus qui ne parvenait pas encore à identifier l'animal. Il approcha lentement. Son souffle était profond, mais lent. Son corps n'était plus voûté. Sa canne était un bâton de combat. Il était prêt.


Lorsqu'il fut suffisamment proche, il prit conscience que la masse sombre était en fait un homme, qui ronflait de surcroît !
'Quelle terrible bête !...' songea Athéus qui faisait la moue, haussant les sourcils en relâchant longuement l'air et la pression qu'il avait emmagasinés. Il se sentait bien ridicule, le "terrible guerrier", et seule la pénombre permit de masquer la rougeur soudaine qui venait de colorer ses pommettes.
A cette heure tardive au milieu de la nuit, l'homme était certainement un ivrogne de "La Mésange Jaune" toute proche, ayant pris la maison d'Athéus pour la sienne et n'ayant bien évidemment pas pu entrer...


Les ronflements du pauvre homme s'arrêtèrent tout net lorsqu'Athéus l'écarta du passage en le repoussant violemment du pied, se fendant d'un explicite :

Dégage, ivrogne !

Mais, tandis que l'homme, ventre à terre, poussa un cri de terreur en se retournant vers celui qui venait de provoquer le réveil le plus brutal qu'il ait jamais connu, Athéus le reconnut. Ce n'était pas un ivrogne, mais cet homme, qui l'épiait, plus ou moins discrètement, depuis son installation à Gien.
Athéus pointa le bout de sa canne au niveau de la clavicule du ronfleur les yeux emplis d'angoisse et lança :


Que me veux-tu !

Le désormais bègue bafouilla quelques sons inintelligibles, puis :

C'est que j'ai un courrier d'Angleterre pour vous M'sieur Athéus...

Athéus avait noté que l'Homme connaissait son nom, mais, après plusieurs jours de filature, il eut été étonnant qu'il en fût autrement. Ce qui l'interpela au plus au point par contre, c'était la provenance de la lettre. Il n'y avait qu'une seule personne là-bas à savoir où se trouvait Athéus. Mais méfiant, sur un ton toujours aussi désagréable, il s'enquit :

Et de qui donc !

Du Baron Aud...


Athéus l'interrompit, et, en toute mauvaise foi, lui lança :

Tais-toi donc ! Ne pouvais-tu pas commencer par ça ?!
Allez, dépêche-toi d'entrer que je voie cette lettre !


Athéus ferma la porte derrière eux, s'empressa d'ôter du pli le sceau de son ami qu'il reconnut sans peine et, assis sur un gros rondin, à la première lueur du jour qui à travers l'unique fenêtre de la maison perçait tout juste à l'horizon, il commença sa lecture.
Anseis
[une nuit d’attente]



Les volutes nuageuses qui avaient bercé la ville endormie commençaient à se parer de douces couleurs, annonçant l’arrivée proche du soleil.
Appuyé contre le même merlon qui l’avait accueilli lors de la funeste nuit, le vagabond s’emplissait une nouvelle fois les yeux de l’œuvre aussi magnifique qu’éphémère que la nature offrait chaque matin.

Passant machinalement la main sur sa hanche, engourdie par la fraicheur nocturne et sa blessure juste cicatrisée, il la remonta ensuite vers son visage pour en chasser l’éternelle mèche.

Il était arrivé le matin précédent dans la capitale du Maine. Longtemps il avait hésité avant de se rendre dans le quartier qui abritait la petite maison. La porte et les volets fermés lui avaient confirmé qu’elle n’était pas rentrée. Après avoir passé le reste de la matinée au verger, il avait donc rejoint les remparts qui lui avaient offert asile lors de ses deux précédentes visites.

Une journée passée à observer la vie suivre son cours, à regarder les enfants rire et courrir dans les rues, les marchands vanter les mérites de leur produit, à suivre amusé la course poursuite entre un milicien et un malheureux qui avait trouvé trop tentante une pomme dans un quelconque étal.

Le jour avait fait place au soir, chassant peu à peu les passants des rues jusqu’à les rendre complètement désertes à la nuit tombée.

Le silence, le froid ni même le vent n’avaient pourtant réussi à chasser le muet de son logis. Il avait bien payé un écu en échange d’une lettre prouvant qu’il avait logement pour la nuit et lui évitant ainsi prison pour vagabondage. Mais, depuis combien de temps n’avait-il passé de nuit ainsi sur des remparts ? Fermer les yeux et respirer l’air vif à s’en emplir les poumons, écouter les multiples bruits nocturnes auquel on ne fait généralement attention. Retrouver une paix qui l’avait quitté en ces lieux, alors qu’il se lançait à la poursuite d’un groupe qui n’avait rien à envier à la meute …

Le jeune homme laissa cette dernière pensée s’envoler et disparaitre au milieu des nuages teintés de bleu et de rose. Il jeta de nouveau un coup d’œil en direction de la chaumière, à peine visible. Aujourd’hui encore il s’y rendrait, dans l’espoir que ce jour serait le bon. Son regard se tourna une dernière fois vers le ciel. Oui, aujourd’hui ou demain… qu’importe. Le vœu de son père serait exaucé.


See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 6, 7, 8, ..., 13, 14, 15   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)