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[RP] Jf rech. maisonnette ou batisse. Bon état exig.

Anya.
[ Aux abords de Tonnerre – Voyage, voyaaaaage ]

Bruits de petits zozios. Le matin faisait son apparition et un petit vent se levait. La blonde approchait de son but. La Bourgogne. Un pied en Champagne, un pied en Bourgogne. Bientôt Anya allait déménager, s'acheter un petit logis, trouver une occupation et youpiiiii.

Sauf si elle continuait de dormir par terre comme elle le faisait depuis trois quatre heures.

Vous allez me dire « Nié ? Je croyais qu'elle voyageait là ? ». En effet, elle voyageait. Jusqu'à ce qu'un gus viennent l'attaquer pour prendre son argent, sa nourriture et ses précieux cailloux, ses plantes et un tas de parchemins tous plus vieux et abimés les uns que les autres. Rien, il ne restait absolument rien. A part son fils. François était en train de lui faire des bisous sur les joues pour la réveiller, en se disant que ça marcherait puisque le coup sur la tête l'avait fait dormir. Vous allez aussi me dire « Mais quel monstre ce brigand, s'attaquer à une femme sans défense, borgne de surcroit, avec un petit-n'enfant-trop-meugnon avec elle ! » et je vous aurait répondu « Oui c'est lâche » ...si François n'était pas parti se planquer dans le fossé dès qu'il avait entendu des pas, faisant croire à l'agresseur de sa mère qu'elle était toute seule. Ben voyons. Mais François avait trois ans et demi et n'avait pas l'intellect assez développé pour comprendre ce genre de chose ou assez de force pour défendre môman, donc on lui pardonne et on dit bien joué au brigand pour avoir gagné le super loto, le chanceux.

Revenons donc à notre technique de « je-te-réveille-à-coup-de-bisous ». Technique plutôt efficace si l'on prend en compte que le gamin en profitait pour bavouiller sur la joue de sa mère adoptive. Forcément au bout d'un moment ça réveille et c'est non sans mal que la blonde tenta de se relever, courbaturée de partout, pleine de bleus, avec un mal de crane aussi douloureux que si une armée lui était passée dessus, et surtout, pleine de bave partout sur le visage. Vive la vie.


« - Qu...quo...quoi...QUOI ?! »

Oui là elle émergeait.

« - Mais...qu...maaaah QUOI ?! »

Là elle tentait de comprendre en se relevant et en regardant tout autour d'elle.

« QUOI ?! »

Et là elle avait presque compris. Non Anya ne cherche pas plus loin, ne tente même pas de retirer ton cache œil, tu ne retrouveras pas ton argent, tes légumes...etc, enfin tout ce qui se trouvait dans ton baluchon car quelqu'un est déjà passé par làààààà.
Alors elle regarde François. Large sourire aux lèvres, avec un petit filet baveux à leur coin, si bien que la Von Haareweiss fit alors le rapprochement entre ce qui poissait sa joue et et l'affreux gnome, persuadée jusqu'alors qu'une grenouille était passée lui faire un câlin pendant son sommeil.
Un peu inquiète la jeune femme regarda le petit et l'examina pour voir s'il n'avait rien. Quand il se jeta à son cou, manquant au passage de l'étouffer, elle comprit que ça allait plutôt bien.

Il fallait repartir. Ne plus trainer. Ne pas s'arrêter pour manger même. Tonnerre n'était pas loin mais c'était Cosne qu'elle visait. Là-bas au moins elle était sure de trouver la personne qui pouvait l'aider. Tous deux partirent donc, pressant le pas malgré les douleurs qui tiraillaient la borgne, mais après tout, elle avait vécu bien pire.


[Cosne. Deux jours plus tard. ]

Malgré le choix d'Anya de ne pas s'arrêter à Tonnerre, les gargouillements du ventre de François l'en avaient contrainte. Pas un écu en poche. Obligation de mendier et de récupérer de quoi payer un quignon pour contenter l'appétit d'ogre du petit garçon.

Après être repartis ils n'eurent aucun mal à rejoindre Cosne. Là-bas elle comptait voir Orantes, à qui elle avait écrit tout le long de son voyage. Éprise du bourguignon et réciproquement, lui seul pouvait la conseiller de la meilleure façon. Le seul soucis : elle ne connaissait pas son adresse.

Après une bonne vingtaine de minutes à demander son chemin aux passants qui, soit ne savaient pas où habitait le Renart, soit se trompaient dans leurs explications, soit s'expliquaient tout simplement mal, elle et François arrivèrent devant la maisonnée. Une nouvelle question existentielle se tapa alors l'incruste dans la tête d'Anya.

Comment allaient se passer leurs retrouvailles ? Beaucoup de choses s'étaient passées depuis leur dernière rencontre mais tout ça à travers des mots. En vraie tout était différent. Bien différent. Allait-elle devoir lui dire bonjour juste comme ça ? Lui sourire ? Lui faire la bise ? L'embrasser comme elle avait osé le faire pour le convaincre de se faire passer pour son fiancé aux noces de sa mère, finalement repoussées à une date ultérieure ? Se la jouer distante ou se la jouer passionnée ? Risquer de paraître sans cœur ou hystérique ? Ou alors, Obi Wan Kenobi.

Mais François la prit de cours et frappa à la porte. Le fourbe. Elle décida donc de ne rien faire de plus, improviser seulement. Au moins elle ne prenait pas de risque et n'allait probablement froisser l'orgueil du Volvent. Et puis c'était sa maison et c'était lui l'homme, alors autant qu'il décide lui même de l'attitude à adopter vis à vis de la demoiselle qui frappait à sa porte...

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Orantes
Ah la malbête que voilà ! Oust ! Zou !!! Maudit Volatile !!! Oiseau de malheur !!! Ah la saleté !!! Pschittt ! Vas-tu descendre de là !

Rassurons tout de suite le lecteur, ce magnifique lot d’interjections ne s’adressait pas, bien entendu, aux deux pauvres hères sans logis qui attendaient patiemment dans le froid derrière la porte de la demeure du jeune Volvent. Les braillements venaient de la pièce qui servait d’office et n’étaient autres que ceux du gros Maurin, valet du jeune Orantes. Le misérable était tout occupé à la poursuite d’un gallinacé qui avait cru bon de pénétrer dans la bâtisse pour picorer quelques miettes. Armé d’un balai, le domestique s’échinait en beuglant à faire fuir la bestiole à plume qui ne l’entendait pas de cette oreille ( qu’elle ne possédait pas d’ailleurs ). Vint enfin le saut ultime du serviteur qui d’une chaise se lança sur la bête : floaaatch ! L’abondante chaire du valet échoua brutalement sur la maudite poulette qui fut pour le coup bien sonnée. Maurin ressortit donc victorieux par K.O. de cette gallino-machie.
C’est précisément ce moment que choisit alors le jeune François pour frapper de ses petits doigts boudinés la porte vermoulue de la demeure du Volvent. Le chasseur de cocotte qui ne voulut pas se débarrasser d’un trophée si difficilement acquis décida d’emmener le volatile avec lui pour jouer les grooms.

A l’ouverture du battant, Maurin eut d’abord un mouvement de recul. La vue de cette femme borgne et de ce jeune enfant à l’air nigaud n’avaient, en effet, rien d’engageant. Pour autant, le valet eut un instant de lucidité lorsqu’il lorgna le bandeau que portait la jeune femme sur son œil droit et se souvint des quelques confessions de son jeune maître sur son périple en Lorraine. Son visage s’éclaira alors d’un large sourire édenté.


Mais c’est bien sûr ! Je parierai que vous êtes Dame Anya, la borg…euh la lorraine !! Et ce petit angelot doit être le petit François hein…Ha Messer Orantes va être au comble du ravissement de vous savoir céans dans notre bonne cité de Cosne. Je cours le chercher !!

Et le Maurin de faire entrer les deux voyageurs et de refourguer la poularde dans les bras d’Anya sans demander son reste puis de disparaître.

Un court instant plus tard, Orantes arriva d’un pas pressé et s’élança vers Anya – on vous épargnera ici le ralenti sur image qui va de pair habituellement avec ce genre de retrouvailles - . Il la prit dans ses bras, l’étreignit et l’embrassa longuement avant de sentir sur sa poitrine un petit battement. Le gloussement qui accompagna ce tressautement fit reculer d’un pas le bourguignon.


Mais ma belle Anya, enfin que faites vous donc avec ce poulet dans les bras !
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Anya.
[ Quand le Renart habite dans une basse-cours et retrouve son drôle d'oiseau ]

Et voilà comment on se retrouve avec une poule dans les bras, face à l'homme qu'on aime et tout ça sans trop comprendre comment c'est arrivé. Bon, qu'elle se retrouve en compagnie d'Orantes c'était quand même voulu, sinon elle ne serait pas venue. Par contre la poule...avouez que c'est surprenant. Et puis surtout, ça gâche tout.

La scène était presque parfaite, l'arrivée toute en classe, en élégance, l'étreinte tant attendue et le long baiser espéré depuis des lustres (oui le premier il comptait pas, celui là c'était THE baiser) jusqu'à ce que la maudite bête se mette à cot-cot-coter dans les bras de la jeune femme. C'est moche hein. On est d'accords alors.

La « belle Anya » paraissait gentiment cruche avec la poule dans les bras. Réflexe donc, la lâcher. Lui rendant par la même occasion sa liberté et permettant à Maurin d'occuper le reste de sa journée à sa pratique désormais favorite (et je suis sure que vous aussi allez en devenir adeptes) la gallino-machie.


«  - D'abord ce n'est pas un poulet mais une poule mon cher. Et c'est votre domestique qui a jugé intéressant de me la refourguer.»

La phrase était ponctuée d'un sourire colgate. Fallait bien tenter de retrouver la classe. La petite phrase pleine d'humour prononcée, la jeune femme se rapprocha d'Orantes qui s'était soudainement écarté d'elle à cause de la saleté de poule, alors que son étreinte avait été d'un grand réconfort. Se hissant sur le bout de ses pieds elle ajouta un long baiser aux coins des lèvres du Cosnois.

« - Vous m'avez manqué...»

La tentation de rajouter un « J'ai la daaaaaalle » était très forte. Mais ce n'était pas très distingué ni très poli. Alors son ventre se chargea de l'expliquer tout seul (faut tout faire soi-même...) par un gargouillement intempestif. Un rire clair s'échappa de la gorge d'Anya.

« - Oui...j'ai faim. Nous avons eu un petit soucis en chemin... »

La jeune femme n'en rajouta pas plus. Après tout l'absence de bagages, alors qu'ils étaient partis depuis quelques jours déjà, expliquait bien assez ce qui avait pu se passer. Prenant machinalement une des mains d'Orantes, Anya continua.

«  - Il nous faut un endroit où loger, moi et François. J'ai pensé à Cosne, les lieux semblent agréables. Mais je ne veux pas vous poser soucis et il est donc hors de question de vous demander de nous héberger. Et je préfère encore m'endetter pour avoir notre maison plutôt que de loger dans une auberge pour une durée indéterminée. Doooonc, est-ce que vous pensez pouvoir m'aider à trouver une maison dans les environs ? »

Tout en parlant la petite blonde dévorait le Volvent de l'œil et avait une certaine tendance à serrer sa main un peu trop fort au risque de lui bousiller trois ou quatre doigts. Probable résultat de la joie de le retrouver et d'avoir mis fin à ce voyage où elle y avait laissé quelques plumes...

Et François pendant ce temps là ? Il était tombé amoureux de la poule, décidant que les canards, c'était ringard.

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Orantes
Les petits borborygmes achevèrent d’attendrir Orantes qui regarda la mise de la pauvre Anya. En effet, le voyage avait du être rude.

Pardonnez moi ma chère, je suis confus, je manque à tous mes devoirs et votre ventre qui crie famine !! Et François doit aussi être affamé ! Maurin veux-tu bien préparer une collation pour nos deux invités.

Le bourguignon les conduisit tous deux vers l’office ou l’homme à tout faire leur servit deux morceaux de pain frottés avec de l’ail accompagnés d’une bonne soupe aux choux bien roborative. Orantes rougit d’ailleurs à la vue de ces maudits légumes qui flottaient dans le potage, avant de reprendre le fil de la discussion, tout en dévorant des yeux Anya.

-Maurin, aurais-tu ouï dire à propos d’une demeure à saisir dans notre bonne cité ?

-Messer, je crois bien en effet, laissez moi réfléchir… oui c’est ça il me semble que cette vieille comtesse qui vit tout prêt de l’église cherche un acquéreur pour une de ses nombreuses masures …

-La comtesse de Bonibobard, cette vieille carne d’Artésienne !? Et bien soit nous irons de ce pas la voir !

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Anya.
«  - Haaaaaan ! Des choux !  Vous l'avez fait exprès dites moi ? »

Constat tout à fait stupide. Mais avec Anya on n'est pas à une débilité près. En tous cas elle n'allait pas rechigner à manger, la jeune femme avait tellement faim que même moisie la nourriture aurait tout droit filé dans son estomac. Elle n'en oubliait pour autant pas la décence et prenait soin de manger correctement après avoir remercier au préalable Orantes et son domestique. Ce qui n'était pas trop le cas de François si bien qu'en plus de se nourrir elle même, Anya devait donner un coup de main au petit garçon. Exercice d'acrobatie au dessus d'une soupe en somme.

Mais la discussion se portait à présent sur l'immobilier Cosnois. Des maisons, Anya en avait vu à la pelle en arrivant, mais des maisons qu'elle pouvait se payer, c'était une autre affaire. Aussi écouta-t-elle attentivement Maurin expliquer qu'une comtesse d'un âge plutôt avancé cherchait à se débarrasser de ses maisons. Perplexe Anya ne put s'empêcher de rétorquer
.

« - Une Comtesse dites vous ? Jamais entendu parler d'elle, mais elle risque de vendre ses maisons cher...voire très cher. Aaaaah François ! Arrête de bouger tu vas tout salir ! »

La fin de sa phrase était probablement intéressante mais il était urgent d'intervenir avant qu'un drame impliquant la soupe et le gamin n'arrive. Mission accomplie, vous avez le droit de continuer.

« - Mais on peut toujours y aller en effet. Sait-on jamais. Orantes vous êtes prêt ? »

Parce que oui, elle avait fini de manger et qu'il était grand temps de mettre les bouts si elle voulait trouver une maison d'ici la fin de la journée. Même après de longues journées de marche la blonde avait la motivation pour encore se bouger la couenne, ce qui n'était plus trop le cas de François qui devait se reposer. Anya se tourna alors vers Maurin.

« - Est-ce que vous pouvez garder François le temps que l'on aille voir cette dame ? Ce serait gentil de votre part... »

Puis elle se rapprocha d'Orantes avant de lui murmurer.

«  - Ils seront bien tous les deux, à chasser la poule. Et puis j'ai envie de faire la surprise à François, donc autant qu'il ne vienne pas... »

Ne sachant pas où habitait ladite « comtesse » Anya se résolut à suivre son Cosnois préféré jusqu'à ce qu'ils arrivent chez cette femme déjà pleine de mystère pour la future ex-lorraine.
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--La_vieille_comtesse


C'est dans une des vieilles bicoques délabrées qu'elle comptait refourguer que la vieille comtesse habitait. Il était difficile de savoir qui de la maison ou de la comtesse était la plus âgée tant le visage de la femme était ridé. Une femme mystérieuse dont tout le monde doutait de l'origine. Elle se disait comtesse mais était plus probablement une simple Dame ou une riche bourgeoise. Du moins, avant. La femme, avide d'argent, avait spéculé sur tout et n'importe quoi pour récupérer le moindre petit écu avant que tout ne se retourne contre elle.

Il ne lui restait alors que quelques maisons, dont elle cherchait à se séparer le plus rapidement pour retourner dans son Artois natal. Si bien que quand Roger, le seul domestique qui lui restait, lui apprit que deux jeunes gens venaient se renseigner pour un éventuel achat, la vieille retrouva son instinct de vendeuse impitoyable et se prépara à sortir un discours parfait.

...Ce qui était moins parfait en revanche, c'était l'état de la propriété. Mais pas le temps de laisser s'installer le doute, les arguments de vente étaient déjà sortis.


Bien. Cette maison est très jolie. Elle a deux pièces, une à vivre et selon la disposition que vous aimez, une où dormir.

Pensant que les jeunes gens étaient probablement en couple, celle que les Cosnois appelaient la « Comtesse de Bonibobard » ne se priva pas de leur faire un regard indécemment appuyé et plein de sous entendu à la fin de sa phrase, avant de poursuivre comme si de rien n'était.

C'est une maison très agréable à vivre vous savez. J'y reçois beaucoup de monde. Le lavoir n'est pas loin, la lumière y passe bien, il y fait bon en toute saison. C'est très important une maison bien aérée. Le toit est propre, fait par un excellent charpentier. Peu d'humidités, et vous savez combien c'est mieux d'avoir une maison peu humide...

Ce qu'on pouvait constater néanmoins, c'est que la réalité ne rejoignait absolument pas les dires de la vieille qui avait du faire, de toute évidence, le deuil d'un bon nombre de neurones, et pas les moins importants. Car les murs étaient rongés, moisis. Le toit tombait en ruine et par ci par là on remarquait de nombreux trous. L'aération était, il est vrai, excellente. Normal avec toutes ces vitres brisées et ces portes au bois rongé par les bestioles. Pourtant la comtesse en mal d'argent ne s'arrêtait pas, et au contraire, noyait les deux visiteurs sous un flot de paroles.

...sinon il y a possibilité de vous vendre le mobilier. J'ai tellement de meubles qu'à vrai dire je serai heureuse de les revendre avec la maison. Il y a une commode, un buffet, un grand lit, une armoire. J'ai également une très grande réserve de bougies et de bois que je peux revendre en plus. L'hiver est rude en ce coin et si vous manquez de combustible vous êtes morts. Ce serait tellement triste de mourir si idiotement. Si vous achetez à deux ça ne vous revient pas cher et je pense que je peux même négocier certains biens. La maison en elle même coûte 6000 écus, tout le reste est négociable. Je sais que ça peut paraître cher mais vous verrez c'est une maison très plaisante. Ça fait si longtemps que j'y suis et je peux vous dire qu'elle est un véritable refuge et le voisinage est très discret. Pour les enfants c'est l'endroit rêvé, j'en ai eu six et je peux vous dire qu'ils ont tous bien vécu ici contrairement à certaines familles dont les enfants ont péri parce que leur maison était...

Impossible de l'arrêter. La vieille était un moulin à parole et continuait la visite sans même savoir si on l'écoutait ou la suivait encore. Persuadée de faire une bonne affaire elle poursuivait ses explications...
Orantes
Impossible d'arrêter la vieille bique dans sa diarrhée verbeuse. La comtesse au grand âge n'était certes pas dans un meilleur état que la bâtisse qu'elle faisait visiter aux deux jeunes gens, mais avait encore toutes ces facultés lorsqu'il s'agissait de vouloir faire passer des vessies pour des lanternes ou des granges branlantes pour des castels en Espagne. Orantes connaissait la réputation de faussaire et de baratineuse de la Bonibobard mais là cela dépassait largement ce à quoi il s'attendait. D'une étable elle faisait une agréable salle de réception, une vulgaire sous-pante se métamorphosait en boudoir chaleureux et coquet. Bref la vieille aurait pu vendre son propre caveau, tellement les scrupules ne l'étouffaient pas.

Orantes observait Anya et s'amusait intérieurement de voir son visage se décomposer à chaque étape de la visite. Son seul œil ne semblait pas perdre une miette de cette divine inspection : toile d'araignée au quatre coins du plafond, petites crottes de rats en bas de l'escalier, chaises bringuebalantes voire vacillante pour qui aurait eu l'audace d' y poser son délicat postérieur.

Il était temps d' arrêter cette mascarade et Orantes le fit de manière assez sèche pour se faire bien comprendre de la comtesse

Dites donc Votre Grâce, il serait temps de vous entretenir promptement avec un médicastre car vous devait souffrir de berlue aigüe, je pense. Vous semblez parcourir l'Eden alors que je ne vois céans qu' un champ de ruines !!

Orantes prit par la main Anya et quitta sans tarder la demeure sous les quolibets et les jurons les plus odieux de la Bonibobard. Décidément la Noblesse n'était plus ce qu'elle était !

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Anya.
[ Mamie fait de la résistance ]

C'est à ce moment précis qu'Anya comprenait pourquoi elle n'aimait que très moyennement les personnes ayant dépassé la date de péremption : elles n'étaient plus trop au fait de ce qu'elles racontaient et avaient le don d'énerver facilement. Si bien que quand Anya faisait de plus en plus la tête à force d'aller de mauvaise surprise en mauvaise surprise, Orantes semblait contenir son agacement. Anya avait bien tenté de faire réagir la vieille en lançant une phrase absolument idiote...

«  - BonjoOouuuur ! Je suis une fougèèèèèèèère ! »

...mais rien. Atteinte d'une sénilité à toute épreuve, la pseudo-comtesse continuait son discours bien bancal et peu convaincant. Discours subitement arrêté par un Orantes furax et au phrasé plein d'acidité.

Dites donc Votre Grâce, il serait temps de vous entretenir promptement avec un médicastre car vous devez souffrir de berlue aigüe, je pense. Vous semblez parcourir l'Eden alors que je ne vois céans qu' un champ de ruines !!

Effet de la fatigue du voyage, ou de l'ennui de la visite, la blonde éclata de rire avant d'être emmenée par Orantes en dehors de la bicoque délabrée. Une fois à l'extérieure Anya s'appuya contre un mur dans la rue, toujours en plein fou rire, avant d'attirer le visage du Cosnois vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres, comme pour le remercier d'avoir pris l'initiative de partir mais aussi histoire de se calmer un peu. En vain. Les larmes aux yeux suite à cette crise de rire, Anya finit par ajouter

«  - Vous avez été odieux avec elle et son grand âge...mais vous avez terriblement bien fait. De toute manière j'ai du mal à croire que quelqu'un va lui acheter cette cabane...»

La blonde lui adressa un tendre sourire avant de repérer un panneau d'affichage de l'autre côté de la rue. Sa main toujours dans celle d'Orantes, elle s'avança pour voir si quelque chose pouvait être intéressant. Un placard attira son attention. Il y était écrit qu'un curé louait (ou même vendait pour ceux qui avaient les moyens) une maisonnette dans un petit hameau non loin de Cosne. Bonne ou mauvaise surprise, Anya pensa qu'ils pouvaient toujours aller visiter et se renseigner. De toute évidence le curé était en manque d'argent en ayant récupéré une paroisse aux avantages financiers très limités.

«  - On a le temps d'y aller aujourd'hui non ? »

La question n'en était pas tellement une car déjà elle embarquait Orantes vers la sortie de la ville puisqu'elle savait déjà où se trouvait le hameau pour être passée devant en arrivant un peu plus tôt dans la journée. Et elle croisait les doigts, espérant que cette seconde visite soit moins désagréable que la première...
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Père Gralubric, incarné par Orantes
Orantes n’eut, comme vous avez pu le constater, guère d’autre choix que de suivre la borgne qui, décidément, déployait toute son énergie dans la recherche de la masure idéale. Le Volvent avait bien une amie, Dame Damido, qui aurait pu être d’un bon secours et arranger leurs affaires mais tout compte fait cette petite promenade en amoureux dans Cosne et son arrière-pays le réjouissait en secret. En effet il ne perdait pas une miette de ces instants passés avec la belle Anya : ses réactions, ses sourires, ses plaisanteries, tout le ravissait chez ce petit bout de femme. Pourtant lorsqu’il vit le nom du prêtre qui proposait à la vente son bien, le jeune cosnois ne put contenir un certain malaise. C’était bien du Père GraLubryc, curé du hameau des Fouchards qu’il s’agissait. Le vieux curaillon avait assurément très mauvaise réputation dans le Duché, on le disait des plus libidineux et licencieux. Il se chuchotait que même le Baron de Digoine, qui pourtant multipliait les frasques paillardes les plus obscènes, passait pour un enfant de cœur à côté de l’homme d’église.
Ne voulant pas alarmer la Von Haareweiss, Orantes crut bon de ne point l’en avertir. Il serait aux aguets durant la visite voilà tout….


[Hameau des Fouchards, près de Cosne ]




C’est en voyant poindre le vieux Gralubryc, qui se proposait de faire visiter lui-même la bâtisse à vendre, qu’Orantes comprit qu’il avait fait-là une erreur. L’ancêtre était arrivé la démarche malsaine et avait littéralement foncé droit sur Anya, la gratifiant d’un long baisemain qui ressemblait plus d’ailleurs à une lèche d’un bouc en rut. Il salua à peine Orantes et débuta la visite un œil sur la bâtisse et l’autre sur le décolleté de la borgne, ce qui n’était pas un souci pour le vieux tant ses deux yeux globuleux et salaces souffraient d’un fort strabisme divergeant.

Voyez belle enfant la maisonnette est située de manière idéale dans notre beau hameau, juste à côté du presbytère et de l’église. Je pourrais ainsi vous entendre en confession très fréquemment car, comme toutes les femmes vous devez être atrocement pécheresse.

Gralubryc passa sa langue sur ses lèvres adipeuses comme un vieux loup, attiré par la chaire tendre et fraîche le ferait sur ses babines.
En arrivant dans la cuisine, il se tourna à nouveau vers Anya.


N’avez-vous pas là un âtre magnifique ! Si la fortune vous manque je consentirai à vous faire un prix sur le louage, en contre partie vous pourrez me faire de bons petits plats ou d’autres faveurs si vous n’êtes point habile marmiton. C’est ainsi que je procédais avec l’ancienne locataire et elle semblait ne pas s’en plaindre. Je suis homme d’église mais pour autant je sais être très généreux avec les damoiselles, vous savez…

Mais c’est en sillonnant la chambre et en désignant le vieux lit que le vieux satyre se fit le plus insistant et outrancier.

Je laisse ce lit et ces tables de chevet à l’acquéreur. Il va de soit qu’icelui ne peut être utilisé que par une seule personne en dehors des liens du mariage. Je tiens à la bonne morale et à la vertu des femmes de notre hameau comme à la prunelle de mes yeux. J’y apporte une attention toute particulière ! Finit-il par ricaner sur un ton grivois.
Anya.
Ne plus jamais suivre son instinct, ou très rarement. Voilà la leçon qu'apprenait Anya, minute après minute, à force d'écouter le curé aux mœurs, à l'évidence, légères. Dans quoi s'était-elle encore embarquée ? Quel était ce zigoto qui lui faisait de l'œil de façon particulière. Mal à l'aise, et finalement peu rassurée, Anya serrait la main d'Orantes toujours plus fort, espérant qu'il ne la laisse pas seule une minute en compagnie du père Gralubryc. Ce qui était fort peu probable, mais elle préférait s'en assurer. Se faire appeler « belle enfant » la gênait au plus haut point et trouvait que la conversation devenait de plus en plus glauque, les sous-entendus se faisant toujours nombreux et malheureusement de moins en moins discrets.

La visite était à peine commencée qu'Anya souhaitait déjà partir. L'atmosphère se faisait pesante mais la blonde souhaitait malgré tout faire bonne figure, être aimable, quand bien même son interlocuteur avait une attitude déplacée. Elle devait répondre aux allusions du mieux qu'elle le pouvait sans marcher inconsciemment dans la combine du curé et ainsi causer l'éventuelle colère d'Orantes, sans être virulente au risque de passer pour l'antipathique de service, et sans montrer la peur qui montait en elle, éveillée par des souvenirs pas si lointains mais particulièrement douloureux. Mission impossible ? Presque. Mais n'était-ce pas Anya ?


«  - Vous devez mal connaître les femmes si vous en avez une telle opinion d'elles, mon Père. Je connais des femmes bien plus vertueuses que certains hommes d'église... »

La jeune femme ponctua sa phrase d'un sourire. Cet espèce de sourire où l'on découvrait toute l'ironie et l'hypocrisie dont pouvait faire preuve « la femme pécheresse ». L'agacement se dessinait sur le visage d'Anya qui se rapprochait toujours plus de son Cosnois préféré dont la présence la rassurait énormément.
La cuisine était très jolie en effet. Mais son charme s'évapora avec le nouveau sous-entendu du curé. L'argent manquait à Anya, en effet, mais après tout, il manquait à tout le monde, sauf aux riches, évidemment.


«  - Magnifique cet âtre, il est vrai. Mais je suis bonne cuisinière si j'en crois mon fils adoptif. Et je ne sais pas qui est votre ancienne locataire, mais quand bien même il me manque de l'argent, je fais tout de même mon possible pour régler mes dettes. De façon honnête, bien entendu. »

Une équilibriste. C'est ce qu'elle était à cet instant. Une équilibriste sur un fil usé qui n'allait pas tarder à céder. Mais qui allait craquer en premier ? La blonde qui malgré son œil manquant arrivait à voir le curé reluquer son -maigre- décolleté ? Orantes qui avait déjà eut un accès de colère dans la journée et qui bénéficiait donc d'une bonne cote ? Ou le curé qui en avait assez de se faire surveiller par l'homme qui accompagnait sa proie et de voir cette dernière l'envoyer promener à chaque fois qu'il ouvrait la bouche ?

Ils étaient arrivés à la visite de la chambre. Déjà, lors de la précédente visite, la vieille avait fait une allusion peu distinguée, Anya était donc en droit de craindre le pire. Et ce qui devait advenir, advint. Maintenant il sous entendait qu'elle était le genre de femme à fricoter avec tout et n'importe qu(o)i ! La réponse n'en fut que plus sèche.


«  - Mon père, permettez moi de vous rassurer sur ce point. Les liens du mariage me sont très importants et je ne vous permets pas un instant de penser que je puisse me moquer de la morale. »

Anya lâcha la main d'Orantes et alla se planter devant l'homme d'église qui avait oublié la bienséance dans le confessionnal. Il en rêvait ? Il l'avait ! Elle était enfin devant lui, toute proche, mais la chute risquait d'être douloureuse.

«  - Je ne doute pas un instant que vous prenez grand soin de vos locataires, elles en ont toutes été heureuses je suppose. »

L'œil se faisait terriblement inquisiteur et en venait presque à sonder tout l'esprit du pauvre homme dont la frustration avait visiblement dépassé la foi. En toute franchise, Anya continua alors, ne cherchant même plus à faire bonne figure dans la mesure où elle se sentait insultée dans son for intérieur.

«  - Dites moi tout ! Combien des femmes ayant vécu ici ont fini en cloque grâce à votre bonté ? »

Puis plus bas.

«  - Entre nous ça ne me regarde pas vous savez...mais ne comptez pas sur moi pour vous donner un énième bâtard que vous irez cacher derrière l'autel de votre église. »

Anya fit alors par faire volte-face et retourner auprès d'Orantes. Elle avait retrouvé son sourire habituel et sans faire attention au père Gralubryc, lui murmura

«  - Et si nous y allions ? Je crois que cette maison ne me convient pas. »

Oh non, elle ne lui convenait pas cette maison. Et en décidant de quitter les lieux elle ne pouvait s'empêcher de penser que le curé avait raté sa vocation et qu'il s'était retrouvé en soutane par défaut.
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Orantes
Décidément les pauvres diables jouaient de malchance. Entre une comtesse sénile mais qui ne perdait jamais une occasion pour soupeser sa bourse et un cureton qui, lui, ne pensait qu'aux siennes, les visites d'Anya et Orantes allaient de mal en pie. C'était à croire que la Bourgogne n'était peuplée que de vieilles carnes monomaniaques et corrompues. Il faut dire qu'en haut , on n'était loin de donner l'exemple mais bon...Passons ce n'est pas le sujet qui nous occupe ici ! Nous en étions au moment où les deux amants fuyaient le petit hameau des Fouchards pour reprendre la direction de Cosne-la-Magnifique.

Là, rien ne leur fut épargné : cahutes crasseuses, cabanons de fond de jardin, bâtisses craspecs sans aucune commodité, baraques nauséabondes avec vue sur le derrière de la voisine, chambres de lupanar douteux, exceptionnelles demeures qui s'avéraient être de véritables clapiers, jolies petites chaumières pleines de charme dont même un lépreux n'aurait pas voulues...


Les derniers rayons du soleil s'évanouissaient sur la cité bourguignonne et toujours rien. Orantes qui , il faut le reconnaître, n'avait pas ménager ses efforts pour trouver un toit à sa dulcinée commençait à céder à un certain abattement.

Ma mie, j'ai bien peur que vos recherches ne soient sans espoir. Je ne vois plus qu'une seule option : il vous faudra, François et vous, séjourner dans mon humble demeure. Je dois avouer d'ailleurs que cela n'est point pour me déplaire ! conclut-il avec un large sourire niais.
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Anya.
« La poisse un jour tu as, toujours tu l'auras. » Telle était la nouvelle maxime d'Anya qui avait vu se succéder devant son œil une foultitude de maisons, sans qu'aucune ne soit à son goût.

«  Trop petite », « trop grande », « trop froide », « trop chaude », « trop proche de chez la voisine », « mal située », « trop humide », « trop sombre »...etc.
Rien ne convenait à la blonde qui allait probablement finir par taper sur le système d'Orantes dont la patience devait être mise à rude épreuve.

Au cœur de la ville, ils marquèrent une pause. Un dernier moment de réflexion avant un éventuel abandon des recherches pour ce jour. Anya était un peu déçue et commençait à se demander si ce qu'elle recherchait existait vraiment. Quant à l'idée d'habiter avec Orantes, elle était séduisante, mais sa raison l'en empêchait pour plusieurs raisons.


«  - Je doute que ce soit une bonne idée. Enfin, pour le moment. Je ne vous crois pas encore assez prêt pour nous supporter moi et François, et puis...c'est ce genre de choses qui font jaser et si je pouvais éviter cela, ce serait mieux je pense... »

Elle avait pourtant bien envie de dire oui, Anya. Mais non, c'était bien trop tôt et en fin de compte risqué. La Von Haareweiss avait certes remarqué le sourire du jeune homme, auquel elle répondit d'un sourire du même type, c'est à dire niais, mais poursuivit, ayant soudain eut une idée.

« - Est-ce qu'il y a des habitations en bord de Loire ? Si oui, allons les voir en vitesse ! Je suis sure que c'est le lieu idéal. »

Anya s'apprêtait à partir en vitesse mais s'arrêta net, se retournant encore vers le Cosnois.

«  - En revanche, si je ne trouve pas de maison là-bas, c'est d'accord, je viens chez vous, si la proposition tient toujours bien sur.»

Et hop, demi-tour ! Et nouvel arrêt. C'est de quel côté la Loire ?
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