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[RP fermé] Une guerre, des passions... Deux guerres ?...

Jusoor
[Dijon, premiers frimas de février]

Autour d'elle, les murs de Dijon s'étaient dressés. En laissant son regard dériver, Ju reconnut la ville, telle qu'elle l'avait laissée : Dijon la belle, Dijon la Respectée, Dijon l'Inestimable. Et ce jour, dans Dijon vibrait une euphorie particulière, née d'une joie toute populaire. Juchée sur le cheval qui avait su gagné sa confiance limitée en la portant à l'assaut des murs d'une Annecy pillée, la Moineaute voyait sans vraiment les regarder les bras qui s'agitaient et acclamaient le retour des soldats Bourguignons. Un regard en arrière, porté au loin vers la Savoie, et une nostalgie, un sentiment de solitude, d'injustice peut-être s'immiscèrent en elle. La sensation d'être déplacée la faisait sentir comme presque étrangère, incapable de prendre conscience de son retour sur sa terre, néanmoins, elle donnerait le change ce jour, comme elle sait si bien le faire, mais elle n'en restera pas moins que spectatrice de la liesse.

[Le surlendemain, à Digoine]

Ju s'était réadaptée, la compagnie de ceux qu'elle aimait faisait sa maison. Les retrouvailles d'avec son père, son frère, son fils... Digoine était son repaire. Elle re-apprenait les gestes quotidiens, perdait l'habitude de tendre l'oreille ou de regarder derrière elle. Elle avait parlé à son frère, des combats, de ses hommes qui n'étaient que vaillance, des blessures infligées, des coups portés. Dieu soit loué, la petite avait été épargnée. Jusque là tout n'avait été que forfanterie à l'oreille de l'impressionnable Cassian.

Mais c'est le déballage de son paquetage de militaire qui avait desserré les dents de Ju. Tout en avait été presque sorti, et ce "tout" jonchait maintenant le parquet de sa chambre. Mais sous le couvert d'une carte froissée de la région savoyarde, la houpelande apparut et son coeur rata un battement. Elle la déplia lentement, et ne put que se rappeler cette fameuse soirée, quelques jours avant qu'elle ne fasse prendre le départ à son armée. Sur le tissu pâle, la boue séchée à hauteur de genoux témoignait de la violence des propos échangés, de la violence des idées, de la violence de ce qui la vrillait depuis. Une violence rare, qui l'avait si bien bouleversée qu'elle n'avait pu que s'effondrer, incapable de garder plus longtemps ce qu'elle avait ingéré quelques heures plus tôt .
Alors à son père, elle raconta les meurtrissures de l'âme, les bleus que personne ne saurait voir... à qui d'autre pouvait-elle se confier ? Mais c'était insuffisant. Elle ne trouvait pas le repos, elle n'était pas comme Dijon... ni belle, ni respectée.

L'artisan de ce qui la minait serait le seul capable de lui apporter réponse, et bien qu'un sentiment se fit jour, mêlant étrangement répugnance de ce qu'elle allait faire, curiosité, crainte et respect de lui, Ju s'assit à sa table de travail. Nécessaire d'écriture fut exposé à la lumière hivernale qui inondait sa chambre et malgré un début incertain, les crissements de la plume sur le velin se firent insistants.

_________________

"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
[bureau du Sénéchal de Savoie, États-Majors des armées]

Assied devant son bureau où était éparpillé des dizaines de parchemins, il s'affairait à faire du classement. La guerre était pratiquement finit, il pouvait enfin revenir à ses obligations militaires dans le calme. Les 3 derniers mois n'avaient été que stress, nuit blanche et angoisse permanente. Il aimait bien que se soit le bordel, ça lui donnait la motivation d'entreprendre un grand ménage durant lequel son esprit pouvait vaguer librement et sans encombre.

Le défis était de taille, c'était 2 mois de guerre qui se trouvait sur son bureau : Des listes, des lettres, de l'information, des cartes, des centaines de documents. Il décida de faire trois piles :

- Les cartes géographiques de la région et les listes de denrées de ralvitaillement.
- Les listes de noms qui regroupaient plusieurs sous-section comme les alliés, les effectifs des armées, les listes de gens à surveillés, etc.
- Les centaines de pigeons et toute la correspondance qu'il avait reçu.

Cette dernière pile devenait si importante, qu'il attacha une première partie avec un ruban. Il devait faire de la place, il prit ce paquet et ouvra le tiroir du bas pour ranger le tout. Ouvrant le tiroir, il figea. Il était vide, à l'exception d'un seul et unique artéfact, petit et insignifiant qui se trouvait tout fond, un peigne! Un tout petit peigne qui provoqua sur lui une si grande réaction. D'un geste brusque, il referma violemment le tiroir qui frappa le bureau qui résonna longtemps avant de se dissiper pour faire place à un long silence.

Il resta sans bouger, arqué au dessus de son bureau, ses yeux dans le vide, le visage crispé, les mains posées à plat. Il ferma les yeux, les émotions remontèrent rapidement ; Colère, admiration, frustration, protection, humiliation, tendresse, autant de contradictions. Déjà 3 jours mais toujours aussi vive.


Bon débarras!

Sur ses paroles, il retourna à son classement, il classa les derniers messages en ordre chronologique, il était important de bien classer le tout, cela servirait sans aucun doute s'il avait besoin de s'y référer dans le futur. Pendant que ses mains s'activaient à jouer avec les parchemins, son esprit jouait avec ses souvenir. Il ne la reverrait plus, c'était tant mieux!

"Pourquoi LUI, aurait-il perdu son temps avec elle?"
"Une Capitaine sans expérience, à quoi ça lui aurait servit de toute façon!"
"Il a bien trop de responsabilités et d'obligations!
"Elle ne méritait pas qu'il la forme de toute façon..."

L'effort de son esprit pour lui masquer la vérité était exceptionnel et d'une efficacité redoutable. Il pu se concentrer sur son classement qui avançait très rapidement. Un oiseau vin se poser sur le rebord de la fenêtre, non seulement c'était un pigeon, mais il avait un message attaché à la patte. Il alla le saisir doucement, un message lui donnant des nouvelles de la situation à Genève, pourtant, il n'avait pratiquement plus de Savoyard sur place.

L'odeur faible, mais perceptible qui entourait le parchemin vint lui confirmer qu'il ne s'agissait pas de nouvelles de Genève... Cet oiseau venait de Bourgogne sans aucun doute! Il posa le parchemin sur son bureau, enfin il y avait de l'espace pour y poser quelque chose, et il le fixa pendant un bon moment, comme s'il l'analysait. Il se demanda dans un premier temps s'il y avait une seule raison pour ouvrir cette lettre. Puis, après avoir trouver une bonne dizaine de raisons... Il tenta d'anticiper les mots qui pouvaient s'y trouver, prévoir comment il devrait réagir, comment il se sentirait.


Mais allez, ce n'est qu'un message sans importance!!!

Ces mots lui donnèrent le courage nécessaire pour ouvrir le parchemin, il le déroula soigneusement commença la lecture


Citation:
Sénéchal,
Je prends la plume ce jour, de retour en ma chère Bourgogne...


Il leva les yeux "C'est bien elle..." Il se laissa tomber sur le dossier de sa chaise, s'adossa confortablement et reprit sa lecture.

Citation:
Sénéchal,
Je prends la plume ce jour, de retour en ma chère Bourgogne, inconsciente de la revoir, vide aussi d'avoir quitté cette Savoie qui m'a bouleversée, pour vous transmettre ce que vous m'aviez demandé, ayant enfin pu mettre la main dessus.

Je poursuis ici, Moineaute que je suis et non Capitaine de Bourgogne, ignorante de l'accueil que vous reserverez à cette missive venant de moi. La lirez-vous seulement ?

Je doute, sans discontinuer, sur l'utilité ou l'efficacité de ces quelques mots. Mon esprit n'est pas serein et assailli de 1000 questions, de regrets aussi.

Je sais que vous n'aimez guère les hésitations, que l'on "tourne autour du pot", comme vous le dîtes. Moi je voudrais juste du temps. Du calme. Je voudrais pouvoir vous parler sans oser le faire. Alors je prie pour que cette missive soit lue, lentement et sans colère.

Sachez Messire, que je redoute chacun des mots qui se couchent dans un crissement de ma plume, de peur de ne savoir les laisser exprimer ce que je ressens, de n'être pas comprise par vous comme je le souhaiterais, de ne savoir vous interpeller... Je formule des voeux Messire pour que vous compreniez ma difficulté à vous écrire, pour des raisons dont vous n'avez sans doute pas idée...

Votre compagnie m'était douce, enrichissante, agréable et malgré ce qui est arrivé ce dernier soir, je nourris pour vous un respect mérité. Ce qui me rend plus douloureux encore de connaître l'opinion que vous avez de moi.

Il est des évènements que l'on ne maîtrise pas, et moi, je n'ai pas maitrisé notre dernière rencontre. L'avez-vous fait ? J'ai redouté.

Je ne saurais expliquer pour quelles raisons nous en sommes arrivés à ce qui est une déchirure pour moi. Depuis ce jour, dans mon esprit, je retourne les bribes des souvenirs des mots échangés dans tous les sens, sans savoir ce qui nous a conduits à cela, comment, quels mots, par qui...

Je ne comprends pas Messire, mais ce qui m'importe par dessus cela, c'est que je suis rongée de regrets, qui me laissent une amertume dans la gorge. Il m'est pénible de la sentir revenir chaque matin plus vive.

Comment terminer cette missive maintenant ?

Je voudrais simplement vous demander s'il était possible, de renouer un contact, de nous parler, de comprendre. Je n'ai aucune intention belliqueuse, cette missive en est l'expression.

Mon souhait serait d'avoir du temps, de pouvoir vous parler, sans rancoeur, sans colère, avec lenteur et attention. Je voudrais pouvoir avoir l'opportunité de retrouver l'unité que nous avions quand je glissais encore mes doigts dans les votres.

Qu'à ma décharge je suis imparfaite, je le sais, que j'ai du vous causer du tort pour que vous prononciez ces mots si tranchants ce soir là. Sans doute dans ce cas je vous présenterais mes excuses les plus sincères. Hélas, j'ignore l'irréparable que j'ai pu commettre Messire.

Ainsi je cesse de vous importuner, j'avais besoin de vous faire savoir mon ressenti, à vous plus qu'à quiconque.

Merci de m'avoir lue, si tel est le cas.

Sincèrement,

Jusoor de Blanc-Combaz, dicte la Moineaute.


Le silence régnait dans la pièce, ses yeux fixait un coin du parchemin qui était légèrement déchiré, il ne bougeait pas, ne clignait pas des paupières, ne respirait pratiquement pas. Il sentait un bouillon dans son ventre, un mélange de sentiment qui tentait de remonter à la surface. En fait, il se sentait mal, mais il n'arrivait pas à exprimer ce sentiment qu'il avait envers lui même.

Minable!


Oui, c'était ça, il se sentait petit! Lui, avec sa "fierté", lui "inébranlable", le vrai "homme", le "grand militaire", l'orgueilleux... La pression que son poste de Sénéchal lui avait fait subir durant cette guerre avait été t-elle qu'il s'était réduit à n'être qu'une terrible machine militaire reléguant tout ce qui n'était pas directement relié à la victoire en deuxième plan.

Pour la première fois il voyait la Femme... Cette pensée le fit sourire. Depuis qu'elle était arrivé à l'État-Major de Crise, il n'avait vu que le Capitaine, utile pour diriger les Bourguignons, pour lui transmettre des infos, pour faire circuler des directives, etc. Il réalisait qu'elle était tellement plus et il le savait pertinemment.


Elle m'adore et c'est réciproque

Ça le frappa en plein cœur, toutes les barrières et la mascarade que son esprit avait placées pour se mentir à lui même tombaient d'un coup. Son seul réconfort, si ça pouvait en être un, était qu'elle avait agis envers lui exactement comme lui envers elle. En ce sens, ils portaient tous les deux le poids de la honte d'avoir blessé l'autre.

Il voulait crier, il désirait s'exprimer, mais qui pouvait l'entendre, qui pourrait le comprendre... Une seul personne et elle était en Bourgogne! Il réalisa qu'il était dans la quasi obscurité, il alla chercher son chandelier, alluma toute les bougies, prit parchemin, plume et encrier et se laissa aller à écrire.
Jusoor
[Digoine, le lendemain, heure du casse-croûte]


Le père assis en face d'elle à table ne faisait pas grand discours. Bien que ce fut la mi-matinée, il n'en restait pas moins que c'était le matin et qu'en tout état de cause, le Balbuzard était mal cogné. Ajoutez à cela une tournée de ses terres et le silence était béni, ça aurait pu être bien pire.

Dans le silence régnant, Ju pensait à la lettre qu'elle avait écrite la veille, orgueuilleusement agacée de l'avoir fait, mais néanmoins sincère. Elle y pensait oui, mais se refusait d'imaginer la suite, à demie persaudée de n'avoir jamais de réponse. Alors elle préféra songer à quelquechose de plus joli et, les yeux remplis d'une saine affection, se prit à se remémorer la nuit passée avec son fils. Son front contre sa tempe. Elle avait veillé le souffle régulier du petit ange et l'avait senti, là, juste au bout de son nez, la joue rose et encore rebondie d'Einar. Mère et fils étaient tranquilles. Sans cliquetis d'armes, sans le moindre bruit de cuirasse, même les chevaux à l'écurie avaient été silencieux. La Savoie devenait lointaine, alors que Ju reprenait pied dans sa vie. Ils étaient en sécurité.

Mais la petite fut sortie de sa torpeur par la voix d'Hector.

- Dame Jusoor ?
Ju leva les yeux sur le fidèle Ecorcheur qui arborait l'air gêné de celui qui dérange un repas de famille.
- Oui brave Hector ?
- J'ai... euh... juste pris le temps de soigner l'oiseau qui a apporté cette missive.*hésitation et regard coulé vers le maître des lieux* Elle vous est destinée...

Ju regarde avec circonspection le velin enroulé qui quitte la main d'Hector pour rejoindre la sienne... Hummm...

Alors qu'elle observe le scel, c'est un questionnement silencieux sans fin qui s'entame. Etait-il possible qu'il ait répondu ? Ainsi donc sela signifie qu'il aurait lu sa lettre ? *angoisse* Qu'allait-elle pouvoir lire dans les lignes tracées ? mépris ? hauteur ? défiance ? moquerie ? colère ? Est-ce que cette missive ne ferait qu'enfoncer le clou plus profondément encore, alors que Ju reprenait juste pied ?

Elle remercia Hector et tout en quittant la table elle s'excusa, évitant soigneusement de croiser le regard d'Eusaias. Le bougre avait le don de la deviner, de lire au travers d'elle sans le moindre effort. Elle sortit de la pièce et prit la volée de marches jusque sa chambre. Là, seule, elle regarda la lettre un moment encore, doigts hésitants à briser le scel.


Citation:
Dame de Blanc-Combaz,

j'écrirai donc à la femme et non au capitaine, c'est ce que vous semblez désirer et je n'ai pas de raison de vous le refuser.

Je vous avoue avoir hésité avant d'ouvrir votre lettre, pas par dégout, mais par peur! Peur de ce que j'allais y trouver, peur de devoir faire face à ce que je n'ai pas cherché, peur de devoir à nouveau ramasser...

Oui je l'ai lu, je l'ai lu sans colère, lu et relu, chaque fois toujours plus troublé, mais toujours moins amer!

Depuis ce bureau où je suis seul, seul avec mes cartes, mes documents et ma fierté, bureau d'où je vous ai expulsé, contre ma volonté et non sans peine, mais bien parce que vous m'y avez contraint. S'y trouve toujours ce chandelier qui avait eu la force de nous éclairer lorsque nous nous étions mis à chercher. Qui aurait cru que nous allions perdre plus qu'un peigne...

Des 7 bougies qui s'y tenaient fièrement, les seules deux survivantes se contentent de danser doucement, à croire qu'elles ont su réussir là où nous avons échoué, danser.

Vous semblez bouleversé, vous semblez regretté, mais vous êtes déjà toute pardonné! Ne pensez pas que c'est facile pour moi de revenir sur la décision que j'avais prise de cesser de vous côtoyer. Mais où les gens me laissent normalement indifférent, vous avez réussi à m'impressionner.

Dame, n'oubliez pas que "tout arrive à point à ceux qui savent attendre..."

Lieutenant White
Baron de St-Paul en Beaufortin
Sénéchal de Savoie


D'abord un sourire naquit, léger, jusqu'à être écrasé par un élan, une envie irrépressible de crier un "Victoire" qui résonnerait au-delà des murs de sa chambre... Mais Ju se retint à grande peine. Son père déboulerait sans nul doute ici en suivant pour savoir ce qui arrivait à son aînée. Et ce moment était précieux... Elle avait réussi, réussi à se faire entendre, à s'exprimer comme elle le souhaitait, à être comprise et peut-êre même bien plus encore. Il évoquait les moments agréables, d'avant l'altercation. Et ces rappels la firent sourire largement cette fois. Mais ne pas s'interroger trop, ne pas devancer... trop tard.
Est-ce qu'ils avaient vraiment perdu plus qu'un peigne ? plus que la relation respectueuse qu'elle réclamait, était-ce cela qu'il entendait ?

Ju chassa cette pensée d'un revers de la main. Il était bien trop risqué de s'y aventurer, et lui bien trop dangereux. Toutefois, force était de reconnaître que son correspondant était omniprésent. Plusieurs fois dans la journée l'esprit de Ju divaguait et errait jusqu'en Savoie, dans le bureau du Sénéchal. Et plusieurs fois elle se hâtait de le faire rentrer en Bourgogne, au moment présent. Comme là, à cette seconde ! c'est tout juste ce qu'elle venait de faire.

Elle relut les lignes encrées et s'arrêta sur le proverbe qui tenait lieu de salutations. Attendre... Ju était une impatiente, incapable de se soumettre au temps. Elle prétexterait un motif quelconque pour aller le voir, et sceller cette relation faite d'un renouveau de respect mutuel de façon concrète. Elle en avait besoin, mettre des mots sur les choses et solidifier les bases de cette nouvelle relation. En attendant, il fallait l'en avertir et Ju s'assit à sa table de travail et rédigea les premiers mots de sa réponse.


Citation:
Baron de St-Paul en Beaufortin...

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"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
C'était incroyable de voir comme un esprit pouvait être mobilisé par un seul événement. Le revirement de situation qu'il vivait le jetais par terre et à chaque instant qu'il le réalisait depuis la réception de sa lettre, il en était toujours aussi surpris.

Alors qu'il avait été capable de balayer son souvenir du revers de la main et de tourner définitivement la page sur ce Capitaine étranger, depuis la lecture de cette lettre, il était assaillit par son image, les quelques souvenirs qu'il avait d'elle revenait sans cesse dans sa tête, en boucle continue.

Avec cette nouvelle réalité, venait aussi la peur... Est-ce qu'il avait bien compris le sens caché dans sa lettre, avait-il sur estimer les sentiments subtils qu'il avait cru y détecter? Finalement, il était peut-être en train de se monter une histoire, créée de toute pièce par une mauvaise interprétation.

Est-ce que sa réponse était appropriée... difficile à dire car entre ce qu'elle avait voulu lui dire, ce qu'elle avait écrit, ce qu'il avait lu, ce qu'il avait interprété, ce qu'il avait voulu lui répondre, ce qu'il avait écrit et ce qu'elle avait interprété de son côté à son tour... Il y avait toutes les raisons du monde de croire que le message n'était pas passé comme il voulait.

Pourtant, un pigeon vint lui prouver le contraire.


Citation:
Baron de St-Paul en Beaufortin,

Puisqu'il est d'usage d'ainsi vous nommer désormais, ce en quoi je vous félicite, le bon jour je vous souhaite.

A Digoine, j'ai lu votre lettre, et relu encore, à maintes reprises. Et à chaque fois, ce sourire de soulagement qui ne me quitte plus s'étirait un peu plus sur mes lèvres.

Sachez que par les mots étirés sous votre main, pour ce réconfort apporté, votre missive a pris une valeur toute particulière pour celle que je suis. Usée de 1000 lectures, elle rejoint l'abri de mon coffret de correspondance, quand je ne puis la garder sur moi.

Le hasard faisant bien les choses, je dois retourner en Savoie pour quelques jours pour régler des affaires personnelles, je fais préparer le coche frappé des armoiries de Digoine, et viendrai vous visiter si cela vous convient.

Je n'ai pas retrouvé mon peigne, Baron, et ne souhaite point en acheter un nouveau.

Mon souhait à cette heure se résume à ce qu'à l'issue de cette future rencontre qui néanmoins m'emplit d'incertitudes, j'aurai loisir de serrer votre main et sceller ainsi, la confiance que nous avons presque perdue.

Je crois que j'aurais encore bien des choses à vous dire sur ma missive, et qu'il me coute d'y mettre un terme déja. Néanmoins, il est dit que toute chose a une fin.

Ainsi donc, je vous laisse à mes réflexions inexprimées, aux votres sans doute et me hâte à faire atteler ce coche.

Respectueusement Baron,

Jusoor de Blanc-Combaz, dicte la Moineaute.


Non seulement il n'avait pas faut, mais cette deuxième lettre accentuait tout ce qu'il avait en tête. Il prit peur, tout cela allait soudainement tellement vite... Il avait peur qu'ils se brûlent. Il avait peur qu'en voulant bien faire, il irait trop rapidement et tuerait le poussin dans l'œuf.

En parallèle, il vivait une situation émotionnellement très difficile au Ban de Savoie, une situation qui l'affectait profondément et qui lui faisait remettre en cause plusieurs pan de sa vie publique. Se changer de l'air Savoyard serait pour lui une bénédiction, mais ses responsabilités pouvaient difficilement lui donner la chance de justifier un voyage. Il devait néanmoins lui répondre sans tarder pour ne pas qu'elle se rende en Savoie inutilement.
Jusoor
[Digoine, en pleine effervescence secrète]

Ce que Ju disait, Ju faisait. Prestement même, quand c'était une chose qui lui faisait envie, et par pure chance, là c'était le cas. Les affaires personnelles à régler en Savoie ne la pressaient jusqu'ici pas plus que cela pourtant, elle aurait pu attendre, mais entrevoir cette visite la rendait impatiente.

Les ordres avaient été donnés il y avait quelques temps déja et tout devait être prêt maintenant. En suivant les hommes de son père qui descendaient de sa chambre la malle de voyage remplie, Ju fut confortée dans sa supposition quand elle découvrit une Fanchon aux bras chargés de victuailles pour le voyage.


- Tout est prêt Fanchon ?
- Oui M'dame Jusoor. *regarde le panier* J'y ai mis des fruits, du pain, du jambon, du fromage, du lait et d'ces gateaux fondants pour le p'tit Einar.
- Fanchon, nous ne sommes pas des crevards non plus ! *sourit* Et nous aurons bien le loisir de nous arrêter dans quelque auberge sur le chemin... Mais c'est parfait. Sais-tu où est mon père ? As-tu été bien discrète ? Nul n'a soufflé mot de ce périple au moins ?

Ju regarda autour d'elle, guettant l'arrivée d'un Balbuzard qui ignorait son départ. Volontairement elle le lui avait dissimulé... Jamais il ne l'aurait laissée repartir en Savoie, particulièrement s'il avait su la teneur des courriers échangés... ou alors avec perte et fracas. Et ça elle ne le souhaitait pas. Et puis en rentrant, un ou deux battements de cils, une étreinte affectueuse, et tout serait oublié. Autant il savait lire en elle, autant elle savait ses faiblesses, si affection peut être faiblesse...

- Non non Dame Jusoor, rassurez-vous, chacun a su tenir sa langue. Mais il s'rait temps pour vous d'y aller, c'est qu'vous devez être la dernière, tout le monde est déja aux écuries.

Ju acquiesca, ouvrit la bouche comme pour demander à Fanchon si elle se souvenait des prétextes qui rassureraient le père quant aux interrogations qu'il pourrait avoir sur les absences qu'il constaterait. Mais elle se reprit et remercia Fanchon d'un sourire avant de rejoindre sans tarder les écuries.



[Sur un chemin blanc, ennuyeux comme un jour de pluie, entre ici et nulle part]

Ju avait fini par s'assoupir dans le coche. Le balancement de sa tête appuyée au dossier n'avait su que la bercer. En même temps, nulle conversation à tenir. Il y avait bien l'endive blonde et fade qui servait de nourrice à son fils mais... pfiouuu aucune envie d'en savoir plus sur celle qui l'avait arrachée à sa maternité, se faufilant insidieusement dans la place laissée vacante à regrets. Evidemment, rien de volontaire là-dedans, mais Ju lui en voulait... il fallait bien un responsable. Alors que la Moineaute se bandait la poitrine en Touraine et en souffrait comme s'il s'eut agi d'une amputation, c'était une autre qui assurait la subsistance de son fils. Il n'en fallait pas plus à Ju pour l'accuser de tous les maux du monde...
Dans son répit Ju sursauta. La voix du fidèle Hector, qu'elle s'était fait suivre pour jouer aux éclaireurs, tonnait. Une missive. La main noueuse et tanée pénétra le coche, serrant le vélin. Ju l'observa et reconnut le sceau familier.



Citation:
Très chère Dame de Blanc-Combaz,

Vous ne devez pas anticiper avec crainte les conséquences d'une possible rencontre entre nous. Malgré nos discussions "énergiques" et "passionnées", j'ai toujours senti que nous communiquions bien, en ce sens où lorsque je vous parle, vous me comprenez parfaitement! Au delà des mots qui sorte de ma bouche, vous êtes en mesure de capter et d'interpréter avec justesse le sens exact de mes intentions! Je crois que cela est réciproque et de ce fait, il n'y a donc aucune crainte à avoir.

J'espère que vous ne lisez pas cette lettre depuis votre coche en route pour la Savoie! Je suis désolé de vous répondre si tardivement...

Une crise importante sévit en ce moment chez les Nobles de Savoie. C'est une première : C'est moi qui est au centre de cette crise. Vous ne le croirez peut-être pas, mais on m'accuse, on diffame sur ma personne en lien avec la gestion de la crise.

J'ai eu ouie dire que vous aviez été bien accueilli par vos gens en Bourgogne à votre retour de la guerre, si vous saviez comme je vous envie.

C'est un grand sentiment de vide qui m'emplit, là où je croyais mérité les honneurs et le respect, j'y trouve la déception et les accusations...

Nonobstant cette histoire, je tiendrai parole et j'irai remercier en personne les alliés qui sont venus nous prêter main forte! Je ne connais pas encore mon itinéraire, mais pour le moment, je ne serai pas en mesure d'être disponible advenant que vous désiriez passer à Bourg.

Sur un autre sujet complètement, parlez moi de votre carrière militaire! Ça me changera les idées et je prendrai des notes pour élaboré votre prochain cours.

J'espère que vous vous portez bien et que votre coeur de moineaute est léger en Bourgogne!

Avec tout mon respect,

Lieutenant White
Baron de St-Paul en Beaufortin
Sénéchal de Savoie



Déception, regrets, amertume... une floppée de jurons aussi qui se presse contre ses lèvres. Jurons qu'elle n'écrirait pourtant pas, alors qu'elle s'apprête à porter réponse :


Citation:
Baron,

Afin de pouvoir vous porter réponse lisible...


Parchemin noirci, Ju l'enroule sans même laisser le temps à l'encre de sécher. Persistante amertume dans sa gorge alors qu'elle le tend à Hector et que d'une voix mal affirmée elle s'adresse à lui :

- Renvoie cela Ecorcheur, ensuite donne ordre au cocher de faire demi-tour et marche à coté de nous !

Elle reprend sa place dans le coche et après un regard sur son fils, glisse ses mains autour de lui et le soulève, le serrant contre sa poitrine. Le voyage avorté avait été long, Einar était fatigué, elle tout autant...
_________________

"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
[bureau du Lieutenant, Garnison de Bourg, Caserne militaire de l'armée de Savoie]

C'était des plus ironique, avec la fin de la guerre, White pensait enfin retrouver les nuits réparatrices, la tranquillité d'esprit et la concentration dans son travail... La guerre était bel et bien terminée, mais son esprit était dans un état d'ébullition jamais vu, incapable de cesser de réfléchir, ne serait-ce qu'une seconde.

Il y avait des accusations mensongères qui avaient été proférées contre lui par des nobles de Savoie. C'était d'ailleurs là la seule marque de gratitude qu'il avait reçu en Savoie pour avoir consacré les trois deniers mois de sa vie à sortir le duché de la pire crise de toute son histoire en dirigeant la plus grosse mobilisation militaire jamais vu en Savoie.

Les remerciements, les signes de gratitude et les manifestations d'admirations à son égard étaient venu de hauts gradés et de gouvernements alliés! C'était donc vrai, nul n'est prophète dans son propre pays...

Il était abattu, consterné, il remettait en cause la raison même de sa présence en Savoie et de son implication dans ce duché. Il aurait très bien pu sombrer dans la mélancolie, la déprime et tout quitter pour recommencer une vie ailleurs, sur de nouvelles bases, pour une nouvelle cause, à l'avantage de gens qui serait reconnaissant. Deux choses le forçaient à s'accrocher :

1- D'un côté il y avait les alliés, ces hommes et ces femmes qui étaient venus des quatre coins du royaume pour se battre sous son commandement. Ils n'étaient évidemment pas venus pour lui. Ils étaient venus pour la Savoie, pour combattre l'injustice, pour protéger des valeurs qui leur étaient propres. Néanmoins, il se sentaient énormément redevable envers ces personnes, ils lui avaient fait confiance, ils avaient suivi ses directives, ils avaient placé leur vie entre ses mains... C'était plus fort que lui, il se devait de les remercier en personne.

2- De l'autre côté, il y avait Jusoor... Jusoor que la providence avait mis sur son chemin. Elle venait de débarquer dans sa vie telle une étoile filante tombé du ciel! Il se surpris à l'imaginer débarquer à l'improviste dans son bureau pour parler de tout et de rien. Idiot qu'il avait été de ne pas avoir vu tout cela avant, trop habitué à chercher des indices cachés pour déjouer un complot insensé, il n'avait même pas su voir ce qui était évident et qui sautait aux yeux.

Au moment où il pensait à Jusoor, un doux sourire emplie de tendresse monopolisait son visage et ses yeux se bridaient pour suivre le mouvement du visage. Et une évidence, il y en avait justement une devant lui, en ce moment! Dans le cadre de porte de son bureau restée ouverte se trouvait un soldat au garde à vous. Il devait être là depuis un moment car il tremblait légèrement dans sa position immobile. White sortit de ses pensées qui avaient complètement neutralisé ses sens, il se redressa sur sa chaise et s'éclaircit la voix


REPOS Soldat! Qu'est-ce qu'il y a!
Escusez-moi Lieutenant White, nous avons reçu un message pour vous...
Un message interne?
dit-il sur une voix perplexe
Eh... non mon Lieutenant, ça vient de l'extérieur

White contourna le bureau, alla à la rencontre du soldat, prit le parchemin sans dire mot, salua le soldat et ferma la porte. Il était surprit de recevoir à nouveau un message, lui

Citation:
Baron,

Afin de pouvoir vous porter réponse lisible, j'ai fait cesser le cahotement infernal du coche dans lequel je me dirigeais vers vous. Néanmoins cette lettre sera sans doute marquée de maladresses.

En effet vous avez raison, je suis bien idiote de craindre les conséquences d'une "possible" rencontre entre nous. Visiblement nulle raison d'avoir d'inquiétude puisque rencontre il n'y aura pas comme il était pourtant prévu.
Peut-être aurai-je l'occasion de voir le Sénéchal de Savoie dans quelques mois...

En effet pour vous répondre l'accueil des Bourguignons m'a été doux mais n'a pas mieux remplit le vide qui m'emplissait tout autant que vous aujourd'hui. Néanmoins, les méchancetés étaient derrière et non plus à mon oreille.

Ma carrière militaire s'ensuit, j'ai laissé didier et quelques hommes sillonner la Bourgogne afin de la purger des vilains qui l'encombrent.

Je m'en vais donc de ce pas les rejoindre, puisque ma place est à leurs cotés et non plus dans ce coche...

Je me porte bien, souhaite qu'il en soit de même pour vous. Je ne doute pas de votre courage face à la noblesse qui vous pointe du doigt.

Quant à savoir si mon coeur est léger, bein fol qui s'y fie !

Jusoor de Blanc Combaz




Un long frisson parcourra sa colonne vertébrale jusqu'à l'échine, dans chaque tournure de phrase, il pouvait sentir l'amertume et la déception. Il s'était peut-être mal exprimé dans sa précédente lettre ou elle avait peut-être mal interprété ses mots, cela n'importait pas, le résultat était le même : Elle croyait à tord qu'il ne désirait pas la revoir.

Il était déchiré, non seulement il brûlait d'envie de la revoir, mais de savoir qu'elle pensait le contraire, c'était insupportable.

Que pouvait-il faire? L'itinéraire de son grand voyage de remerciements des alliés était déjà prévu et annoncé, il avait déjà informé le maitre des lances du Dauphiné qu'il commencerait sa tourné en se rendant à Dié dans les jours à venir.


Je vais partir ce soir, peut-importe les conséquences!


Il réalisa qu'il n'avait pas encore les récompenses... Et son escorte n'était pas encore à Bourg, elle devait arriver demain matin, elle arriverait et White serait déjà partie. Tant pis, il partait tout de même, rien n'allait le retenir désormais, il ne perdrait pas une seconde de plus loin d'elle.

Il était soudainement obsédé, il n'avait qu'un idée en tête : Jusoor

Demain était trop loin, le soir était trop loin, même s'il partait tout de suite, ce n'était pas assez rapide, il aurait voulu apparaitre dans ce coche qui devait-être sur les routes Bourguignonnes... Il fit ses bagages, prit le nécessaire pour bien paraître devant les alliés, se serait tout de même la raison officielle de sa présence en Bourgogne et sa carte de visite lui permettant de demander à parler au Capitaine. Il avait terminé et s'assura de n'avoir rien oublié... Oui! Il alla à son bureau et prit le petit artéfact qui se trouvait dans le tiroir et le déposa dans ses bagage.

Il pouvait donc prendre la route dès maintenant, mais le chemin était long et de la savoir triste à cause de lui, chaque minute, chaque seconde qui passait, le brûlait à l'intérieur. Il aurait voulu arrêter ce mal immédiatement, mais c'était impossible.

Un pigeon!

Ses bagages fait, il se lança sur son bureau et rédigea.

Citation:
Très chère Dame de Blanc-Combaz,


Arf, il était bloqué! Il ne voulait pas lui dire qu'il arrivait en Bourgogne, il voulait que la joie de la surprise compense la douleur faite, mais comment stopper son chagrin sans lui dire? En plus il ne fallait pas tomber dans la mélancolie, ni dans une lettre saupoudré à l'eau de rose, il fallait jouer finement! Il réfléchit un instant avant de reprendre.

Citation:
Très chère Dame de Blanc-Combaz,

cela vous surprendra surement si je vous disais que votre message m'a fait sourire! [...]
Jusoor
[Dans le coche, aux abords de Digoine, chemin du retour alors que le soleil faiblit]

Digoine se profilait. Et la petite espérait ne pas se faire "serrer" par le père. Elle l'imaginait déja négligemment assis dans son fauteuil de velours grenat, un verre à la main de ce vin qu'il affectionnait tant, des meilleures caves bourguignonnes cela va s'en dire, attendant patiemment d'entendre le pas feutré de sa fille dans le couloir. Elle vivait déja les 1000 précautions prises pour que pas même ses dentelles n'emettent le moindre chuintement sur le dallage froid, certaine que l'oreille fine du père les surprendrait. Alors, à coup sûr, sa voix toute aussi glaciale que le dallage retentirait...

- Humpf... *soupir*

Qu'est-ce qu'elle allait prendre ! Tout d'un coup elle douta de l'effet de ses battements de cils et de ses sourires étudiés sur son père. Et pire encore, subir l'assaut de ce sentiment qu'elle sentait déja venir : la honte. Honte de se laisser surprendre, honte d'être crédule, honte de laisser une agitation s'ébruiter dans sa poitrine, si naïvement. Ju couvrit son visage de ses mains. Elle ne voulait croiser le regard de personne. Einar s'était assoupi, elle ne redoutait rien de son fils, mais l'Endive était là aussi dans le coche et curieusement, Ju s'en sentait observée. Alors, affectant un air-de-tout-va-bien, la Moineaute laissa retomber ses mains et riva ses azurs sur le paysage familier. Puis sur les grilles. Puis sur le chenil qui s'agitait. Puis sur les écuries faites de pierre. Puis sur l'allée que le coche venait de remonter. Les visions s'arrêtèrent ici. Ju n'avait plus qu'à descendre du coche et se faire aussi discrète qu'une souris. Néanmoins, elle était contrariée. Peut-être même que cela la poussait à espérer les remontrances du père qui deviendraient ainsi prétexte à laisser se déverser son humeur assassine. Peut-êter que ça la soulagerait, momentanément au moins.

- M'daaaame Jusoooooooooor ??!

Ju tourna la tête vers la voix qui ne cherchait vraisemblablement pas à respecter le besoin de discrétion qu'elle ne pouvait pas connaître. Nouveau soupir de la Moineaute. Si elle était pas grillée encore, elle le serait assurément maintenant.

- M'dame Jusoor... *reprise de souffle*... J'arrive du pigeonnier. J'crois que c'est pour vous, c'est Fernand qui m'l'a dit... c'est cacheté à la cire... Tenez !

Fanchon... Fanchon qui regardait Jusoor avec des yeux pétillants, des yeux plein d'envie, des yeux... à la fleur bleue de celle qui n'a jamais vu.... *erf* Ju se saisit de la lettre tendue et ne trouva nul endroit sur elle où la ranger.

- Merci Fanchon... remets toi maintenant, va boire un verre de vin tiens, ça ne te fera que du bien.

Ju se détourna de Fanchon afin de la libérer et aperçut l'Endive qui essayait de s'extraire du coche, à demie en équilibre sur le marchepied, Einar dans les bras. Manquerait plus qu'elle tombe la maladroite et qu'elle le blesse.

- Prends toi les pieds dans tes dentelles et blesse mon fils ! Je te jure que je trouverai des hommes plus adroits que toi, qui te trouveront agréable et qui feront de toi leur terrain de jeux pervers...

Ju se mordit les joues et étudia chacun des gestes de l'Endive. Finalement elle était en colère... non c'était plus encore, elle était en rage, et sa mauvaise humeur s'était libérée avant même qu'elle n'ait eu le temps de renconter son père. C'était presque frustrant. Evidemment l'Endive n'avait rien à y voir...
Fils hors de danger, elle rejoignit le perron à pas décidé et franchit les portes de la demeure. La discrétion, elle l'avait oubliée. Elle monta dans sa chambre et s'y enferma, sage décision pour éviter de laisser sa colère s'abattre sur le premier qu'elle croiserait. Elle abandonna le velin scellé sur sa coiffeuse et entreprit de se rafraîchir puis de démêler les mèches noires indociles. Ces simples gestes avait l'avantage de la calmer. 100 passages de peigne plus tard, elle se jeta sur son lit et déroula le velin qu'elle parcourut :


Citation:
Très chère Dame de Blanc-Combaz,

cela vous surprendra surement si je vous disais que votre message m'a fait sourire!

Je suis conscients que vos paroles placées sur ce parchemin en étaient de tristesse, mais le sens qu'elles transportaient m'ont fait réalisé plusieurs choses, choses dont je me doutais mais que je n'osais m'avouer...

Cette déception caché entre les lignes si habilement ficelées, est venue me toucher au plus haut point!

Vous ne le savez pas, je suis un homme extrêmement discret! Je traverse un des moment les plus difficiles de ma vie où je remets tout en question. Cette rencontre entre nous se voulant une belle occasion de tourner la page et de repartir là où nous nous étions laissé, je trouve inadéquat, à mon avis, de vous recevoir en ces moments difficiles.

Je réalise que malgré la belle ouverture dont nous faisons mutuellement preuve dans nos correspondances, nous ne nous connaissons que très peu. Mise à part la facette militaire, nous ne nous sommes pas donné beaucoup de chance!

Étrangement, ce fait avéré me réjouit, nous avons tant à découvrir, tant à échanger! Vous pourriez me répondre que nous avons pourtant souvent discuté, ce à quoi je vous réponds que de mon côté, je me suis attardé au Capitaine et à la militaire et jamais à la femme...

Malgré cette paradoxale "ignorance" sur qui nous sommes vraiment, je me permets de vous faire une demande.

Je vous demande de me faire confiance et de ne pas sombrer dans la déception que le demi tour de votre coche à pu provoquer!

Comme je le dis souvent à mes soldats : "Toute chose vient à point à qui sait attendre!"

Je vous pris de ne pas voir dans cette demande une tentative malhonnête visant à repousser cette rencontre pour vous faire attendre inutilement. Jamais je ne me permettrais un tel affront sur votre personne.

En espérant que ce pigeon nocturne aura pu inverser l'effet produit par son homologue matinal.

Lieutenant White
Baron de St-Paul en Beaufortin
Sénéchal de Savoie


Ju relut la missive, incertaine d'en déceler le sens exact qu'il avait voulu donner aux mots. Frustrée de ces incertitudes, elle prit plume et velin vierge afin d'y coucher en toute spontanéité les pensées qui lui venaient, sans attendre, sans réfléchir :

Citation:
Très cher Baron,

Votre missive n'a pas su me faire sourire encore, ni même me peiner. Mais elle...

_________________

"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
[Sur les routes de Bourgogne, à quelques lieux de Dijon]

Il ne s'était pas arrêté, il avait galopé jusqu'au couché du soleil, après avoir dépassé Mâcon, sa monture avait doucement trottée le restant de la nuit. Il avait laissé des instructions à la hâte à son escorte pour la prévenir qu'il avait du partir à l'improviste et qu'elle devait le rejoindre à Dijon avec la charrette. Le matin pointait son nez entre les arbres qui longeait la route, il apercevait Chalon en face de lui, la fatigue était pesante. Il y fit une brève halte pour boire et manger un peu. Réglant la note au tavernier, ce dernier fut étonné d'apprendre qu'il était Sénéchal de Savoie et il lui apprit que justement, du courrier en direction de la Savoie venait d'arriver à la mairie et qu'ils allaient surement lâcher les volatiles sous peu. White s'y rendit au pas de course pour en ressortir avec un précieux vélin qui lui était destiné. Il le plaça dans son paquetage, sans le lire et il reprit la route direction Dijon.

Prenant les chemin, il affichait un grand sourire! Il réalisait toute la force qu'une pensée pouvait avoir, elle neutralisait totalement la fatigue! Même sans la lire, la lettre avait un effet incroyable sur lui, il était euphorique, comme un enfant à la veille de Noël. Il devait néanmoins se focaliser sur la suite des choses.

Toute la nuit, il avait pensé à un moyen de rencontrer Jusoor, il voulait la surprendre, mais il voulait le faire discrètement et ne voulait pas se faire remarquer. Le problème principal était le manque de contact en Bourgogne, il y connaissait peu de gens. Ce qui aurait été pour lui un jeux d'enfant en Savoie était un défis incroyable dans ce duché étranger, ne sachant pas où elle pouvait bien se trouver ni comment se rendre à elle.Il repassait dans sa tête les gens qu'il connaissait :

- Didier qui aurait peut-être pu avoir accès à son bureau à l'armée, quoi qu'il était de l'armée royale.
- La Duchesse Angélyque, mais il ne la connaissait pas beaucoup et lui en parler risquait d'ébruiter l'affaire.
- C'était la même chose pour les soldats et les civils qu'ils avaient rencontré, il ne les connaissait pas suffisamment pour leur faire confiance!
Il ne voulait pas que sa se sache, pas tant qu'il n'aurait eu la chance de parler avec elle directement, elle était la première concernée après tout. Il était un peu décourager, il arrivait proche du but, mais sans plan d'action!

Il repensait aux conversations qu'ils avaient eu, cherchant un élément qui aurait pu l'aider à trouver une solution. Plus il pensait aux discussions, plus il réalisait qu'ils partageaient des valeurs fortes comme celle de la famille! Elle avait mainte fois parlé de son frère et de son père, la baron Eusaias. White savait qu'il cherchait à la marier, tôt ou tard, il devrait avoir à lui faire face. Jusoor avait toute sa confiance et se devait être réciproque, avoir eu la chance de le connaître un peu, il aurait été le complice idéal pour... Les yeux de White s'éclaircirent et il releva la tête.


Il ne me connait pas, mais... moi je le connais!!!


Il souriait, il avait trouvé! Le père était la clef pour arriver à la fille! C'est le cerveau en effervescence qu'il arriva devant les portes de la ville, il se contenta de dire qu'il était le Sénéchal de Savoie à la tête d'une délégation diplomatique et on le laissa entré. Il trotta lentement dans les rues de Dijon jusqu'à la place centrale.


Hmm se sera l'endroit idéal pour la cérémonie


Il balaya tout de suite cette idée, il avait d'autres priorités pour l'instant, ce n'était le moment de se laisser déconcentrer. Il descendit de sa monture, l'attacha à une clôture et prit le fameux parchemin. Il alla s'asseoir sous un arbre et l'ouvrit avec empressement.

Citation:
Très cher Baron,


Ses paupières se fermèrent durant un bref instant, suffisamment long pour qu'un sourire envahisse son visage, avant de reprendre.

Citation:
Très cher Baron,

Votre missive n'a pas su me faire sourire encore, ni même me peiner. Mais elle m'a émue et je suis dans l'expectative. Je suis prise dans des sentiments contraires et néanmoins liés qui se tempèrent l'un l'autre.

Je suis déçue, car confortée dans l'idée que l'attente d'une rencontre éventuelle va être ma compagne quelques temps encore, un long moment peut-être. Que ce temps qui passe je le redoute, qu'il est source de 1000 questions et d'inquiétudes, que je ne voudrais à cette seconde qu'être en votre compagnie, à découvrir peut-être tout ce que nous ignorons de l'autre.

Savoir aussi que vous traversez une période faite d'interrogations ajoute à mes inquiétudes et n'être capable de nul secours me déplaît, mais vous en avez décidé ainsi, je ne puis que m'y plier. Au respect de votre bon souhait Baron.

Tout également, sachez que de cette lecture de votre missive, une étrange tiédeur naquit dans ma poitrine...

J'ai été surprise oui de vous savoir sourire devant ma réponse, et je suis émue je crois d'en deviner la raison.

Je ne sais si nous faisons preuve d'une belle ouverture dans nos missives. Si tel est le cas, permettez donc que je vous dise que mon sang bout de me voir imposée cette attente, que je suis impatiente Baron, de par ma nature et pour les raisons que vous avez vraisemblablement comprises. Raisons que je découvre en même temps que vous je crois.

Enfin, je fais donc le choix de me montrer patiente, autant que je le puis, sachant avec pertinence ce qui m'importe le plus.

Vous avez ma confiance Baron, ne crachez pas dessus.

Amitiés,

Jusoor, "Moineaute"


White relu une phrase plusieurs fois :


Citation:
mon sang bout de me voir imposée cette attente, que je suis impatiente Baron


Non seulement ses mots faisait bouillir SON sang à lui aussi, mais en plus, il était ravit! Ravit qu'elle soit las de l'attendre, la surprise serait totale, toutes les pièces étaient en place, il ne restait plus qu'à jouer! Il prit une des deux besace en cuir qui était attaché à la croupe de sa monture et en sortit une plume et un petit paquet de parchemin, il se trouva un coin tranquille et mit en mot tout le plan qui se trouvait dans sa tête, il écrivit deux lettres. Quinze minutes plus tard, il partait à pied vers le château de l'armée Bourguignonne.

Arrivé sur place, il longea les murs du château, il s'arrêta juste avant d'être visible par les soldats qui gardaient la grille frontale. Il s'accroupit, ouvra sa besace et en sortit une petite boite en carton ficelée ainsi que les deux lettres qu'il venait de rédiger, il relu la lettre destiné au Baron pour s'assurer que tout y était.



Citation:
Baron de Digoine,

salutations!

Permettez moi de me présenter, je suis le Lieutenant White, Baron de St-Paul en Beaufortin et Sénéchal de Savoie. C'est moi qui a dirigé durant les 3 derniers mois la mobilisation militaire de la coalition contre les Lions de Genève et leurs alliés.

La Savoie s'est donnée comme mission de démontrer toute la reconnaissance possible à ses alliés principaux qui sont venu jouer un rôle majeur dans cette victoire militaire historique! J'ai insisté pour commencer par la Bourgogne pour plusieurs raisons...

Les remerciement se feront en place public et je demanderai aussi s'il est possible de décorer les soldats dans leur caserne militaire. Voila pour la raison de ma présence en Bourgogne, mais ce n'est pas pour cela que je vous écris!

Baron, vous ne me connaissez pas du tout, mais moi je vous connais, du moins, un peu. J'ai côtoyer des dizaines de hauts gradés à l'État-Major durant la crise, notamment le Capitaine de Bourgogne, votre fille!

Je vous écris pour vous faire une demande très spéciale, une demande qui, si vous l'acceptez, emplira mon cœur de bonheur et fera sans aucun doute sourire votre fille. Je vous demande d'être mon complice, je vous explique :

Lors d'une discussion animée dans mon bureau il y a 2 semaines de ça, elle a échappé son peigne et je l'ai retrouvé gisant sur le sol. Elle ne sait pas que je suis en Bourgogne en ce moment et je vous SUPPLIE de ne pas lui dire. Je sais qu'elle possède un bureau au château de Savigny, un bureau où seul elle, vous et les gens de la prévôté auraient accès.

J'aimerais que vous alliez déposer sur son bureau, son peigne qui se trouve dans la boite jointe ainsi que la lettre qui lui est destinée.

Alors voila Baron, j'espère de tout cœur que je pourrai trouver en vous l'allié nécessaire à l'accomplissement de ce plan.

Au plaisir d'avoir une réponse positive de votre part et évidemment, la chance de vous rencontrer dans les plus brefs délais!

Avec le respect des terres de St-Paul en Beafortin,

Lieutenant White
Baron de St-Paul en Beaufortin
Sénéchal de Savoie


Il regarda en l'air et révisa le plan du début à la fin, tout était là, la lettre semblait complète, c'était bon. Cachant la besace dans des branchages, il se redressa, vérifia ses habits et se dirigea la tête haute vers les deux gardes se trouvant devant le poste de garde. Ils le virent arrivée de loin et le plus grand des deux se pencha vers son collègue pour lui murmurer quelque chose. Arrivé à leur hauteur, White les salua militairement.

Soldats, je suis le Lieutenant White, de l'armée de Savoie! J'ai un colis pour le chef d'armeé Eusais, on m'a dit que vous pourriez lui transmettre?
Eh... Oui oui Lieutenant, sans problème
Le garde tandis les mains vers le colis, white fit de même et au moment ou la main du soldat se referma sur la boite, White ne lâcha pas prise et regarda la soldat dans les yeux.
C'est urgent et d'une importance Capitale soldat!

Le soldat hocha de la tête avec de gros yeux un peu intimidé et White laissa aller la boite. Le soldat se retourna et regarda le colis qui se trouvait dans ses mains, son collègue lui fit un signe de tête l'air de dire "aller, grouilles-toi" et il quitta promptement, disparaissant derrière la grille, dans la cours intérieur.

White salua le soldat restant et quitta, en fait dès qu'il eu disparu du champ de vision du poste de garde, il alla retrouver sa besace et attendit. Il en profita pour repasser dans sa tête son plan. Il commença à ressentir un gros doute, tout reposait entre les mains du père de Jusoor, un père vraisemblablement protecteur, pourquoi aiderait-il White dans sa quête? Il cessa de s'angoisser avec tout ça, il devait avoir confiance au destin, après tout, il ne pouvait rien faire d'autre pour le moment.
Jusoor
Ses quelques jours accordés de répit en famille étaient passés. Elle avait déja eu la chance d'en avoir, elle ne se plaignait pas. Le lendemain de son voyage écourté, elle avait repris la route de Dijon, rapidement rejointe, pour reprendre ses quartiers à Savigny. Beaucoup de travail l'y attendait. Reprendre possession de son bureau, faire le point sur les effectifs avec l'Etat Major, tirer le bilan de cette petite sortie Savoyarde, bilan des garnisons... et continuer d'apprendre. La première journée, Ju ne toucha pas terre, courant dans chaque aile de l'imposant bâtiment. Elle ne sentit pas même le sommeil la prendre, le soir, assise à sa table de travail.

[A son réveil, cils qui papillonnent alors que le jour en rougit l'obscurité]

Ju s'était redressée et s'étirait longuement, avec encore la sensation d'avoir la joue écrasée sur le bureau. Ne pas ouvrir les yeux, pas encore, la lumière était trop violente et elle, trop mal réveillée. Elle poussa sur ses jambes et se mit debout, vacillante une minute, cherchant de la main l'appui secourable de sa table de travail. *soupir*
Ju cligna des yeux plusieurs fois et renonça à les ouvrir tout à fait, nul besoin, elle y voyait suffisamment pour rejoindre sa porte et sortir de son bureau. C'est donc d'un pas incertain qu'elle rejoignit les cuisines où elle se nourrirait et ferait porter de l'eau fraiche pour finir de se réveiller.

Repas frugal et toilette rafraichissante effectuée, Ju partit d'un bon pas vers la bibliothèque de Savigny. C'est là qu'elle apprendrait. Hier elle n'avait pas eu le temps. Des centaines d'ouvrages n'attendaient que d'être consultés et c'est les bras chargés qu'elle en ressortit.

De retour à son bureau, Ju salua le fidèle Gontran qui gardait sa porte mais pas seulement. Il était parfois assez aimable pour la lui ouvrir, comme aujourd'hui, alors qu'elle avait les bras chargés d'ouvrages militaires : armes, stratégies... tout ce qu'elle avait pu trouver dans la bibliothèque pour son étude.


Oh merci Gontran ! Gracieux sourire qu'elle lui offre avant de s'engouffrer dans son bureau.

Là, la table est juste là, tout près fort heureusement et elle y dépose avec fracas et un soupir de soulagement les ouvrages qui pèsent autant que cinq épées dans unne main au moins. La moineaute pred le premier livre de la pile et en et déchiffre la tranche : "Archerie : armes et techniques". Ce sera parfait ! pense-t'elle en se dirigeant vers sa table de travail.

Mais c'est là que l'impensable se produisit. Mais... qu'est-ce que...
L'interrogation murmurée meurt sur ses lèvres. La petite ne croyait pas ce qu'elle voyait et pour s'en convaincre pourtant, osa sans trop y croire tendre ses doigts blancs et fins sur l'objet. Elle en lache le livre Ju, consternée, sans même l'entendre s'abattre sur le parquet. C'était bien lui, sa couleur, chacune de ses gravures, et en s'approchant elle distingue là encore un de ses cheveux noirs emprisonnés entre les dents du peigne perdu en Savoie. Du bout de son index, elle dessine les reliefs du peigne se demandant encore par quelle sorcellerie, ou magie, il peut être aujourd'hui sur son bureau. Il devrait être en Savoie, dans le bureau du Sénéchal, elle ne savait où exactement, mais là assurément.


Ju s'asseoit, vacillante de surprise et c'est là qu'elle découvre le velin enroulé, posé lui aussi sur son bureau. Près du peigne évidemment. Mais comment aurait-elle pu le voir avant, toute occupée à reconnaître son peigne ?

Elle le prend, ose à peine le dérouler, ses doigts semblants pris dans un tumulte fait de curiosité dévorante et d'incompréhension. Finalement avec hâte elle le parcourt, reconnaît l'écriture d'abord, pas tout à fait étonnée quoiqu'elle aurait du l'être, mais à mesure que ses yeux naviguent sur les lignes noires qui encombrent le parchemin, la stupefaction prend possession de l'expression de son visage.

Citation:
Très chère Dame de Blanc-Combaz,

Voici une lettre avouant ma culpabilité! Oui, je suis coupable... Coupable d'avoir trouvé votre peigne dans mon bureau, coupable de l'avoir garder près de moi tel un trophée de guerre, coupable de vous avoir condamné à déambuler avec une chevelure inadéquate pendant des jours, coupable de vous avoir fait croire que je ne l'avais pas trouvé...

J'espère que vous ne m'en voulez pas, comprenez moi, je savais que vous alliez quitter et c'était la seule façon pour moi de garder un souvenir de cette Capitaine de Bourgogne si colorée, intrigante et mystérieuse...

Ne pensez pas que je me suis infiltré dans votre bureau, quoi que ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais je dois me rendre à l'évidence que la sécurité de votre château militaire est aussi bonne sinon supérieure à celle du Château de Savoie!

Par contre, cette lettre et ce peigne étant en ce moment dans vos mains, dans votre bureau... Vous devez vous rendre à l'évidence que je suis en Bourgogne! J'espère que vous me ferez l'honneur de bien vouloir me recevoir pour que nous puissions enfin avoir cette fameuse rencontre tant attendue! Nous pourrons faire un retour sur la guerre, parler stratégies militaires... et bien d'autres choses encore.

En espérant que lorsque je vous verrai, vous aurez les cheveux bien peignés!


Lieutenant White


Après une nouvelle traversée sur la prose reconnaissable, espérée sans doute, un sourire s'étire lentement, de plus en plus large alors que la moineaute, dans un geste fait d'inconscience, ramène la missive sur sa poitrine. Le sourire dévore maintenant le minois inondé de plaisir.

Sans même qu'elle ait eu le temps de s'interroger, des coups à la porte l'arrachent à son moment de félicité. Après qu'elle ait élevé la voix, Gontran pénètre le bureau de la Capitaine et dépose devant elle un nouveau pli. Ju le laisse ressortir et le déroule sans attendre. L'encre n'était pas tout à fait sèche encore.

Citation:
Chère Capitaine,

à l'heure actuelle, si mes instructions ont été suivi à la lettre, vous devriez avoir passé à votre bureau et découvert ce qui se trouvait sur votre secrétaire.

Je suis toujours à l'entrée du château...

Ne vous surprenez pas de mon allure, je ne veux pas vous causer d'ennuis et je me suis arrangé pour ne pas me faire remarquer.

Lieutenant White


Quelques minutes plus tard, Ju était debout, front contre la vitre, son souffle tiède dessinant un rond de buée.
_________________

"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
[à quelques lieux du poste de garde du château militaire de Bourgogne]

Trente minutes devaient avoir passé, il ouvra sa besace et en sortit une grande robe en tissu gris foncé, avec un capuchon qu'il enfila par dessus ses habits militaires. Il se dirigea de façon nonchalante vers le poste de garde. Le soldat messager était de retour, les deux le regardèrent et restèrent stoïque, ils ne semblaient pas le reconnaître. Il s'arrêta à une cinquantaine de mètre, suffisamment proche pour pouvoir voir les allez et venu mais assez loin pour ne pas se faire poser de question. Il s'appuya contre le mur et ne bougea pas, comme une statut, ou plutôt, comme le chat prêt à bondir sur une proie!

Ce calme qui habitait l'homme cagoulé, contrastait avec ce qui se passait à l'intérieur de sa tête et de son cœur, un bouillonnement infernal qui lui permettait à peine de rester concentrer sur ce qu'il était venu faire...


[2 heures plus tard]


Le doute revenait, il se dit que le soldat n'avait pas remis le colis comme demandé ou avait peut-être même ouvert la boite! Ou plus réaliste, le Baron avait refusé de marcher dans sa combine. Pire, Jusoor avait peut-être trouvé le tout mais ça n'avait pas eu l'effet escompté. Il en oubliait même la teneur des dernières lettres, il commençait à remettre tout en question, l'attente était forte. Il se trouva soudainement ridicule dans son camouflage, au soleil, avec 2 soldats qui le regardaient étrangement au loin. L'efficacité de son plan et l'excitation de voir bientôt celle qui monopolisait son esprit depuis des jours, faiblissait rapidement.

Comme quelqu'un qui n'y croyait plus, il regarda le soleil et se dit que lorsqu'il rejoindrait la grande tour du poste de garde, si aucun signe ne s'était manifester, il quitterait!
Jusoor
Un des soldats qui déambulaient sur la place d'armes, s'il avait levé les yeux à cette minute, aurait pu voir à la fenêtre du bâtiment principal où logeait l'EM, Jusoor à sa fenêtre. Front contre la vitre froide, mains apposées sur le verre de chaque coté de son visage, la moineaute fouillait du regard la cour d'honneur qui se déroulait sous ses yeux. Elle cherchait, au-delà des soldats qui déambulaient en rang, au delà des pavés de Savigny, à l'extrêmité des écuries qui longaient chaque coté du chateau militaire, bouleversée et surprise encore des missives trouvées.
Elle resta quelques secondes à détailler les sentinelles qui veillaient sur l'entrée puis se concentra sur qu'elle pouvait deviner derrière les grilles. Deux battements de cils plus tard, la moineaute aperçut une forme humaine, grise de discrétion et inévitablement, elle sentit sa gorge se nouer. Etait-ce son souffle court qui dessinait ce cercle humide et tiède de buée ?... Ce devait être lui. Trou noir dans son esprit. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ?

Ju quitta la fenêtre promptement, comme s'il avait pu la deviner là. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et déambula dans son bureau, le sang aux tempes, l'esprit incapable de se fixer sur une idée simple et pleine de bon sens. Son regard dériva sur les missives restées sur sa table de travail et sur le peigne posé tout à coté. Se coiffer !!! Donner une forme à cette lourdeur noire qu'elle n'avait d'autres choix que de laisser libre ces derniers temps et se donner, à elle, une contenance. Voila ce qu'elle devait faire. Se coiffer et ne plus penser aux mots couchés sur les velins qu'il lui avait fait remettre. D'un geste vif elle se saisit du peigne et le serra entre ses dents le temps de relever les longueurs noires en un chignon qu'elle fit tenir par l'objet étrangement retrouvé. Chignon fait à la hâte, pittoresque diraient certains, poétique selon d'autres, une chose était sûre, il laissait toute latitude aux mèches noires qui avaient gouté à la liberté et qui ne voulaient pas de nouveau se voir emprisonnées.

Joues roses, Ju prit une inspiration et quitta son bureau, tachant de garder une nonchalance dans la démarche, non moins droite pourtant. Saluant les militaires croisés elle descendit la volée de marches et sortit du bâtiment. S'éloignant des gardes postés là, elle s'avança encore de quelques pas et s'arrêta à nouveau. *Aheum* fit sa gorge pour s'éclaircir et Ju, d'un pas assuré, traversa la cour d'honneur jusque s'arrêter devant les grilles, où d'un signe de tête elle salua une des sentinelles.

Après avoir coulé un regard vers l'homme qui patientait là, de l'autre côté, Ju s'adressa à l'un des gardes
.

Que veut donc cet homme ? Lui avez-vous demandé ? Cela fait un moment que je le vois patienter là... ouvrez lui, peut-être a-t'il faim.

Ju sentit peser le regard incertain du garde sur elle. Sans même se justifier elle reprit : Faîtes ce que je vous demande.

Griles enfin ouvertes, Ju fit un pas dehors et invita du regard l'homme à la suivre. Passant près des sentinelles elle dit de façon suffisamment intelligible : Je vais te conduire aux cuisines, sans doute trouvera-t'on quelquechose pour toi là-bas...
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"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
Toujours adossé au mur de pierre d'une des grande tour qui bordait l'entrée du château, jambe gauche plier, le pied sur le mur, la tête qui regardait vers le sol, un œil sur le porte des fois qu'il se passerait quelque chose, mais toujours rien! Son regard alternait entre la grande tour, la position du soleil et la grille. Toujours pas de mouvement, personne qui entre ou qui sort, simplement un allé et venu de vigile et de soldat. Le soleil lui tapait dessus, impossible de trouver de l'ombre de ce côté du château. Sa cagoule et son accoutrement furtif augmentait la chaleur, c'était la canicule, à l'image de ce qui se passait en lui.

Attendre quelqu'un était quelque chose de foncièrement désagréable, mais lorsqu'on ne savait pas quand et surtout SI elle allait se présenter... c'était tout simplement insupportable. Depuis combien de temps était-il là, il l'ignorait.

Le soleil arrivait à la hauteur de la grande tour... ça y est, il commença à disparaître, la luminosité diminuait doucement, tout s'assombrissait, le cœur de White aussi. Il reposa son pied gauche sur le sol, se redressa et s'étira très doucement, tel un tournesol pivotant lentement pour trouver le soleil à l'aurore. Il jeta un dernier coup d'œil vers le garde qui était posté devant la porte pour faire sur qu'il ne serait pas suivi en quittant. C'est à ce moment que son regard détecta du mouvement au centre de la cour d'honneur, elle était là! Il ferma les yeux un instant et laissa aller un long soupir de soulagement. Cet instant de répit ne dura que 5 secondes, elle ne sortait pas le rencontrer, elle avait sans doute peur qu'on la voit avec lui, il eu soudain un doute, elle parlait au garde. Ce dernier regarda en sa direction puis se retourna vers elle avant de le regarder à nouveau.

La grille s'ouvrit! Il se dirigea vers la grille, ses muscles endolorit le faisait marcher de façon saccader, ajoutant sans le vouloir du réalisme à ce personnage de clochard qu'elle voulait lui faire prendre. Il passa devant le garde qui le dévisageait l'air de dire "tu peux te compter chanceux qu'on te fasse entrer pour te nourrir". White se félicita d'avoir le visage masqué, le garde ne pouvait voir son très large sourire qui semblait vouloir lui répondre "Tu n'a même pas idée comme je peux être chanceux!". D'une voix volontairement rude et cassée il s'adressa au garde sans tourner la tête ni s'arrêter.


Merci mon brave pour votre... générosité

Il ne faisait évidemment pas allusion à la nourriture. C'était une tout autre forme de récompense qui attendait l'homme masqué. Il se retenu de regarder le Capitaine, se contentant de jouer le jeux qu'elle avait bien voulu lui donner et la suivit.
Jusoor
Ju se fit violence pour ne pas s'attarder plus que nécessaire sur le "maraud" qu'elle faisait entrer. Elle ne voulait pas risquer d'éveiller l'attention des gardes plus que de raison. Pourtant, Les azurs ne voulaient que distinguer les traits sous la capuche, l'expression du visage, le reconnaitre malgré cette démarche mal assurée qui l'avait surprise... L'altercation entre ce que lui commandait son esprit et l'apparent désintérêt qu'elle se devait d'affecter pour l'homme en face d'elle était bien violente, Ju s'en mordait le rose ourlet de sa bouche.

La Capitaine se détourna pour ne plus avoir à lutter et d'un regard entendu commanda aux sentinelles de refermer les grilles. Faisant volte-face elle entraîna l'homme dans son sillage
. Le réfectoire est par ici, suivez moi...

La suivre. Terme plus que mal choisi. Il ne la suivait pas il était à son coté, presque coude contre coude. Tête maintenue droite elle avait grand peine à ne pas laisser son esprit vagabonder en tous sens. Ce dernier ne savait que se heurter à de vives interrogations : *Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire maintenant ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ?*Rencontre plus vraiment attendue qui lui en faisait perdre ses moyens. Qui l'aurait cru si vite déstabilisée ? La surprise sans nul doute en était responsable...

Heureuse elle l'était, mais comment s'adapter à cela ? Comment y réagir ? C'était précieux, il fallait être prudent. Ju déglutit et finalement, alors que ses bottes martelaient les pavés, elle releva le menton fièrement et, inspiration prise comme une dose de bravoure, elle lui dessina un sourire naturel, franc, qui finit radieux, où elle espérait il saurait lire sa joie, ainsi que la quantité d'émotions qui l'étreignaient. Parler elle l'aurait voulu, mais sa voix s'éteignait à peine née dans sa gorge.

L'angle des écuries enfin contourné, hors de vue de bien des soldats maintenant, elle s'arrêta et le retint d'une main sur son bras. Elle se positionna face à lui et silencieusement, le visage étonnamment grave, elle sonda de ses azurs l'obscurité dessinée par la capuche, étouffant dans un mystère douillet le visage familier de celui qui lui faisait face. C'était bien lui, ici. Sans vraiment parvenir à y croire, elle n'en doutait pourtant pas. Ainsi donc les missives avaient dit vrai... Apercevant sa main posée encore sur la bras du visiteur, elle la retira d'un geste vif, sentant déja l'impulsion piquante et chaude du sang qui essayait de percer les défenses de ses pommettes d'ordinaires si pâles.

Faute de meilleur artifice pour garder contenance, Ju affecta un air détaché en se reculant d'un pas et negligemment domestiqua derrière son oreille une mèche noire échappée du chignon qui...


*haaaaaaan... son chignon!!* Non pas ! Un chignon se fait tiré, haut et sage ! Le sien n'avait jamais été que les apparents reliefs d'une lutte souple... Elle sentait quelques mèches sombres froler tantôt sa joue, tantôt sa nuque... indociles agaçantes.

Aheum... Avez-vous faim ?

Bah quoi ? C'était mieux que le mutisme, même si cela ne revêtait pas encore beaucoup de sens...
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"Je ne parviens pas à savoir quelle partie de moi trompe l'autre" - Georg Büchner
White
Ils quittèrent l'entrée du château et traversèrent la cours, il la suivait instinctivement. Il regardait discrètement de tous les côtés, sa curiosité était aiguisé, c'était la première fois qu'il entrait dans le château de sécurité d'un allié. Il se sentait comme un espion dans les murs d'une forteresse inaccessible, pourtant, il était tout sauf un ennemie dans ces murs. Il ne s'en rendait pas compte, mais il s'était rapproché du Capitaine, la suivant presque à sa hauteur, une façon inconsciente d'être plus près d'elle mais sans risquer de lui marcher sur les pieds.

La curiosité se dissipa rapidement pour faire place à une légère excitation, il cessa de regarder de tous les côtés et se concentra sur une seul chose. les murs et la pierre qui l'entourait disparaissaient lentement de son esprit, le décor n'était plus, il n'y avait plus rien, en fait il ne restait qu'une seule chose, Jusoor!

Il était juste à côté d'elle, marchand ensemble au même rythme, il aurait pu jurer que leur esprit et leur pensés étaient aussi proche. Le silence qui régnait ne représentait pas la cacophonie qui devait régner dans leur esprit respectif.

Puis elle le saisit par le bras, et se posta devant lui pour le regarder. Il s'était arrêter et regardait ses yeux bleus le dévisager. Elle était maitre de la situation, elle était dans son château, dans son duché, il était son invité, son prisonnier, il attendait qu'elle brise le silence ou fasse un geste. Il était sur réelle d'être ici en furtif, dans son chez soit, les rôles étaient inversé. Il était à la fois euphorique de la revoir mais aussi très craintif, ne sachant à quoi s'attendre après les discussions survoltées sur lesquelles ils s'étaient laissé.

Elle continuait à le regarder, il se demandait si elle avait peur ou si elle voulait profiter de l'instant. Le temps semblait s'être arrêté, le moment était très intense, et White n'osait pas parlé ou faire un faux pas. Pire, il se disait qu'il ne fallait pas gâcher ce qui se construisait entre eux depuis des jours. Il fallait être très prudent, ce qui naissait à cet instant précis était unique, il devait prendre le contrôle!


Aheum... Avez-vous faim ?

White ouvra un peu les yeux et éclata de rire, elle réussi à détendre l'atmosphère sans rien gâcher. Il la trouva belle dans sa réponse maladroite. Il porta ses mains chaque côté de son visage et retira doucement sa cagoule et s'approcha d'elle comme pour ne pas avoir à parler trop fort.

Je suis très heureux de vous revoir Capitaine, merci de cette confiance dont vous faites preuve en me faisant entrer ici secrètement. Vous prenez beaucoup de risque pour moi... je suis touché, que me vaut toute cette attention

Laissant planné cette question, il ne put s'empêcher de rajouter en regardant son chignon.

Si vous avez trouvé mon présent, il semblerait que vous ne l'avez pas utilisé

Il avait un petit sourire moqueur.
Jusoor
Quoi ?... Votre présent ? ... ou comment revenir à grande vitesse au moment présent alors que son esprit est encore occupé à chercher une vraisemblable réponse à la question laissée en suspens.

Une vivacité dans son esprit : mais oui le peigne ! La petite pose cette fois ses deux mains sur sa tête et c'est avec un visage horrifié qu'elle découvre le semblant de chignon : il était dans un bien plus pitoyable état qu'elle ne l'aurait cru. La honte. Ju lève les yeux sur lui, et décèle de la moquerie dans son sourire. Osera-t'elle lui avouer que si, c'est bien son peigne retrouvé qui maintient maladroitement et sans grand art la masse noire de ses cheveux ?

Euh... dans ma hâte, après réception de votre missive... j'ai bien essayé oui... *soupir*

Inutile d'en dire plus, elle avait déja fait un bon chemin dans l'expiation de sa "faute", la fin il la verrait tout seul. Tout en retirant ses mains du dessus de sa tête, c'est du même geste qu'elle retira le peigne qui ne savait plus que contraindre quelques mèches indociles. Les dernières libérées s'écoulèrent sur ses épaules.

Voyez Sénéchal ? et de dresser le peigne entre eux deux. Il était trop bien caché dans mes cheveux, même vous, vous l'y auriez perdu... Ju sourit, presque soulagée sans en connaître la raison. Néanmoins, la gêne de paraître ainsi cheveux libres devant lui s'annonça sans attendre. C'était... intime, la soie d'une chevelure. Pour se détendre, elle força le trait, comme bien souvent. Ne dit-on pas qu'un arbre peut cacher la forêt ? Alors, entre son index et son majeur, elle se saisit d'une mèche qui se prélassait sur son épaule.

Ne sont-elle pas adorables, elle et ses soeurs, Sénéchal ? Luisantes à la lumière du jour, lisses et souples sous la pulpe des doigts... Quel dommage qu'elle ne soient qu'indociles... me voici donc contrainte de les rassembler et les retenir pour ne pas qu'elles fassent tourner la tête des hommes et aigrir le coeur des femmes...

Et elle rit, le regard rivé dans celui du Sénéchal, comme pour s'assurer que la diversion avait fonctionnée. Puis pour la seconde fois de la journée, le peigne fut serré entre ses dents et le chignon remodelé, plus cohérent que le premier.

C'est cette porte à quelques pas distante. Et elle l'entraîna à nouveau. Puisque nous avons pris le chemin des cuisines pour ne pas semer le doute, autant en profiter... pain ? vin ? jambon ? Qu'est-ce qu'il vous ferait plaisir ? Ju s'arrêta devant les cuisines et se tourna vers lui, terminant son interrogation par un regard. Finalement je prendrai un peu de tout, je n'ai guère eu le temps de me nourrir, attendez moi là Sénéchal. Se penchant sur lui elle lui souffla : Remettez donc votre capuche en attendant...
Et elle disparut dans l'obscurité qui contrastait avec la clarté du jour.
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