Victorine
[Victorine]
Vic était en voyage pour le Limousin. Elle avait donc quitté ses vêtements masculins pour redevenir la douce et docile (et un peu naïve, elle le faisait si bien) jeune fille d'autrefois.
Après sa rencontre avec le Vic', elle avait suivi sa destinée avec efficacité et application. Elle avait emménagé en Bourgogne, avait coupé ses cheveux au carré et s'était glissée avec aisance dans le rôle de l'écuyer du fils du Duc. Elle avait même pris plaisir à le suivre en toutes occasions (mariages, joutes, duels) et avait recueilli toutes ses humeurs (confidences, réprimandes, gentilles moqueries) avec une humeur égale.
S'était même installée entre eux une soldatesque camaraderie, qui dégoûtait la Rasée, mais dont Vic se délectait. Être un garçon permettait un confort sans pareil, un détachement, un relâchement même parfois. Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes qu'elle s'était prévu, sa voie était toute tracée, si ce n'était cette rencontre préalable qui n'avait cessé de lui trotter en tête.
Elle avait donc écrit, faisant une peu honnête proposition. Et, comble de surprise, le Vicomte avait répondu.
Favorablement, en plus.
Dire qu'elle avait un faible pour lui aurait été bien s'avancer. Déjà, il était vieux. Et puis un peu trop grivois à son goût. Bien que de goût, la jeune pucelle n'en avait aucun de bien défini encore. En fait, elle n'était pas loin d'épouser le vu de chasteté de Victor tant l'homme était ... comment disait le Sénéchal déjà ? un cochon.
Mais ... il faut bien avouer que le vieux avait un certain charisme, et que s'il ne lui vrillait point le ventre, il fascinait la jeune enfant. D'autant plus qu'il pimentait déjà sa vie en Bourgogne en lui donnant des mystères à résoudre, tous plus impossibles les uns que les autres.
Cela valait bien une petite visite.
Voire même une bénédiction.
Surtout que l'escorte sans cheveux avait insisté, pressé, donné ordre de départ ...
Victor avait donc demandé permission à son maître qui avait tempêté longuement avant de donner accord ... et on avait laissé renaître Victorine, avec une coiffe sur ses cheveux courts, des jupes longues et sages, et une nouvelle épée.
En chemin, les deux voyageuses tombèrent cependant sur un os. Deux Italiens, armés jusqu'aux dents, charpentés comme des armoires, deux cochons vicieux et baveux, pustuleux et poilus.
...
Peu après, Victorine se tournait vers son escorte dont le crâne chauve luisait sous la lune.
Tiens ... elle tranche bien ma nouvelle épée !
Le bon dieu sans confession ...
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Vic était en voyage pour le Limousin. Elle avait donc quitté ses vêtements masculins pour redevenir la douce et docile (et un peu naïve, elle le faisait si bien) jeune fille d'autrefois.
Après sa rencontre avec le Vic', elle avait suivi sa destinée avec efficacité et application. Elle avait emménagé en Bourgogne, avait coupé ses cheveux au carré et s'était glissée avec aisance dans le rôle de l'écuyer du fils du Duc. Elle avait même pris plaisir à le suivre en toutes occasions (mariages, joutes, duels) et avait recueilli toutes ses humeurs (confidences, réprimandes, gentilles moqueries) avec une humeur égale.
S'était même installée entre eux une soldatesque camaraderie, qui dégoûtait la Rasée, mais dont Vic se délectait. Être un garçon permettait un confort sans pareil, un détachement, un relâchement même parfois. Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes qu'elle s'était prévu, sa voie était toute tracée, si ce n'était cette rencontre préalable qui n'avait cessé de lui trotter en tête.
Elle avait donc écrit, faisant une peu honnête proposition. Et, comble de surprise, le Vicomte avait répondu.
Favorablement, en plus.
Dire qu'elle avait un faible pour lui aurait été bien s'avancer. Déjà, il était vieux. Et puis un peu trop grivois à son goût. Bien que de goût, la jeune pucelle n'en avait aucun de bien défini encore. En fait, elle n'était pas loin d'épouser le vu de chasteté de Victor tant l'homme était ... comment disait le Sénéchal déjà ? un cochon.
Mais ... il faut bien avouer que le vieux avait un certain charisme, et que s'il ne lui vrillait point le ventre, il fascinait la jeune enfant. D'autant plus qu'il pimentait déjà sa vie en Bourgogne en lui donnant des mystères à résoudre, tous plus impossibles les uns que les autres.
Cela valait bien une petite visite.
Voire même une bénédiction.
Surtout que l'escorte sans cheveux avait insisté, pressé, donné ordre de départ ...
Victor avait donc demandé permission à son maître qui avait tempêté longuement avant de donner accord ... et on avait laissé renaître Victorine, avec une coiffe sur ses cheveux courts, des jupes longues et sages, et une nouvelle épée.
En chemin, les deux voyageuses tombèrent cependant sur un os. Deux Italiens, armés jusqu'aux dents, charpentés comme des armoires, deux cochons vicieux et baveux, pustuleux et poilus.
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Peu après, Victorine se tournait vers son escorte dont le crâne chauve luisait sous la lune.
Tiens ... elle tranche bien ma nouvelle épée !
Le bon dieu sans confession ...
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