Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP] La Dagyde, herboristerie

Cymoril
Un soupir. Satisfait. Tout semble presque trop parfait au demeurant...Mais comme elle est de nature confiante la Fourmi.. Et il n'est pas dans l'intérêt d'une commerçante avisée de refourguer des produits médiocres si elle veut s'attacher une certaine clientèle. Elle acquiesce donc d'un hochement de tête :

Un paquet oui... Vous mettrez le tout...

Une façon de céder sur la mandragore sans en avoir l'air.

Dites donc.. y'a pas foule au portillon...

Ca c'est le côté commerçant de la Fourmi, subtil, pour laisser germer l'idée de la ristourne commerciale dans la tête de la vieille. Ou un cadeau, pourquoi pas...
Le tout sans se déparer de ce sourire discret.

_________________
--Mougeotte


Sourire entendu entre la donzelle et la vieille qui aussitôt s'attèle à la tâche. Ayant bien compris que le cadeau bizarroïde était pour la toute aussi bizarroïde mioche sus citée. C'est donc afin d'assouvir le côté "maman complètement gaga de sa môme", qu'elle sort un tissu à petites fleur dans lequel elle va soigneusement placer l'affreuse patte velue et griffue. Puis à l'aide de jolis ruban, elle referme le tout ...

Et tandis qu'elle oeuvre à son art peut habituel d'empaquetage froufrouteux, la cliente tente une approche de conversation légèrement orientée sur la fréquentation de la boutique du genre glauque.


V'savàe lés poetevins i étre fouréche ... I aemàe pa étre voeyu içhi aleùre i lés rencuntre séquent fés àutrepart. *

Et tout en exposant la situation, elle place un à un les articles dans une besace en toile, les calant précautionneusement dans le fond. Le pots rempli d'yeux ... Les bourses de cuir ... Le pot d'onguent ... La patte de blaireau ... La fiole de mandragore ...
Elle ponctue son discours d'un :


C'étre demajhe ... **

Et une main crochue de plonger sous le comptoir pour en ressortir deux autre bourse de cuir qu'elle fourre dans la besace, suivies de près par trois bâtons de réglisse.

çheù, i étre pr v'. De tanedi de sràule. Pi daus troa d'argalisse pr voutre frispoulét. Et d'ajouter enfin la douloureuse ... Pr le crossun, çheù-lae fét 260 éçhus.

* Vous savez les poitevins sont timides ... Ils n'aiment pas être vus ici alors je les rencontrent très souvent ailleurs.

** C'est dommage ...

*** Ca c'est pour vous. De l'écorce de saule. Et aussi des bâtons de réglisse pour votre gamine.
Cymoril
Les doigts tors de la vieille s’attellent avec minutie à la confection des paquets. Appliquant un soin particulier aux présents pour Zodel. Cym, elle, se demandait si ça en valait vraiment la peine, songeant à la délicatesse naturelle de l’enfant… Enfin, c’est l’intention qui compte, et là, on pouvait considérer que le contrat était rempli.
Elle taira ce qu’elle pense des poitevins, après une tentative avortée de sociabilité en taverne, préférant conserver le souvenir furtif du mariage du Comte comme référence poitevine. La mémoire en tri sélectif pour éviter de faire peser sur l’ensemble d’une communauté ce qu’elle considérait comme stupidité flagrante chez certains.
Un nouveau soupir lui échappe. Par la lucarne de la porte, la lumière du jour décline lentement, signe qu’il faut retrouver son escorte et reprendre la route.
La demoiselle tique légèrement à l’annonce de la somme. Coquette, mais finalement bien moins qu’elle ne l’aurait cru. A peine le prix d’une fanfreluche au marché… La bourse est décrochée et la somme allongée sans la moindre hésitation, alors qu’elle sourit en douceur :


Merci… Je reviendrai… Sans nul doute…

La main se pose sur le sac de toile grossière qui contient ses trésors et présents. Jusqu’à ce qu’une ultime idée lumineuse traverse l’esprit fourmiesque…

Dites… Vous ne sauriez pas où trouver un chaton pour la môme ?

Des cadeaux morts c’est bien… Autant un truc vivant pour compenser serait aussi de bon aloi pour l’enfant. Un truc petit, doux…
_________________
--Mougeotte


La cliente ne fait aucune difficulté et sort de sa bourse, bien remplie, le nombre d'écus demandés, avant que celle-ci ne retrouve sa place à la ceinture. Et le sourire d'étirer les lèvres ridées à l'idée de voir une si bonne cliente revenir. Celle-ci se saisit de la besace pleine, s'apprêtant à quitter les lieux, puis finalement se ravise afin d'émettre une dernière demande.
Petit rire sarcastique de la vieille sorcière herboriste. Un chat ... Bien sûr qu'elle sait où en trouver ...


In minute ... *

Alors elle repasse dans l'arrière boutique, le bruit des sabots s'éloignant au rythme de sa claudication. Une porte qui s'ouvre au loin et un concert de miaulements et de feulements se fait entendre. D'une voix autoritaire, la vieille fait cesser le bruit, puis la porte se referme dans un grincement lugubre. A nouveau les pas se rapprochent et ce sont deux mains crochues, au bout desquelles pendouillent deux boules de poils, qui précèdent la réapparition de la vieille.

Taupai bedun jhàune ? **

* Une minute ...

** Noir ou roux ?
Cymoril
Et à nouveau la vieille la laisse seule. Les doigts reprennent leur activité de tapotage du comptoir pour s'occuper, alors que les yeux suivent la silhouette voûtée qui disparait et restent figés sur la porte qui l'a engloutie. Jusqu'à sa réapparition mains tendues tenant deux minuscules boules de poil. Et le sourire de s'élargir à nouveau.

Le noir...

Sans hésitation. De crainte de voir la pauvre vicomtesse chagrine si elle venait à apercevoir une touffe rousse. Et le noir va avec tout. On lui a toujours dit.

Elle tend la main, pour accueillir la petite chose qui miaule, attendrie.


Combien ?

Pure formalité, elle paiera sans rechigner de toute façon.
_________________
--Mougeotte


Le choix est rapidement fait. Le noir, comme elle s'en doutait ... Une main libérée, elle se saisit d'une cruche en haut d'une étagère, la pose sur le comptoir et en défait le bouchon de liège sur lequel est fixé un annélide aquatique bien connu. Du bout de l'ongle, elle le fait retomber dans la cruche.

Ballajhe ! *

Et tout en annonçant la nouvelle, elle engouffre le chaton restant dans le la cruche remplie de sangsues et la referme.

Dés chaminàu, i en avoer pllén. Mun afiajhe pr lés pedasse. **

Elle laisse alors paraitre un sourire carnassier.

Idéyàu pr lés rumatimes. ***

* Cadeau !

** Des chatons, j'en ai plein. Mon élevage pour les peaux.

*** Idéal pour les rhumatismes.
Cymoril
Boule de poils en main, et une mine de gamine gâteuse qui vient transformer momentanément le minois de la demoiselle. Bah oué... Y'a des trucs comme ça qui la font fondre. Pas beaucoup mais y'en a.

Merci...


Jusqu'à ce que ses mirettes s'écarquillent en découvrant le sort du malheur chat roux... Glooops... Pas facile d'être un chat par les temps qui courent. Et on s'étonnera de voir les rats pulluler et les maladies se propager après...
Le regard se détourne des cruches où elle imagine déjà les sales bestioles se glisser sous la fourrure rousse pour lui aspirer un peu de vie... Elle laisse passer le frisson écœuré qui court le long de son dos. Sale façon de mourir...


Je n'en doute pas...

Et le jour qui n'en finit pas de céder du terrain. C'est ça, on papote on papote... et on ne voit pas le temps passer.
La main libre agrippe le sac alors qu'elle serre le chaton contre elle de l'autre. Des fois que les sangsues trouvent que le roux a un goût de pas assez...

Dernier sourire et regard trainant sur les étagères, et le départ est engagé.


A bientôt alors...
_________________
--Mougeotte


Les légers miaulements qui émanent du bocal fermement scellé par une main crochue, ne perturbent en rien la vielle qui sourit même à sa cliente. Elle tente d'ailleurs de la rassurer lorsqu'elle voit sa mine de dégoût.

I en avoer core céncante coume çhés lae et lés mines étre totes pràetes. Pi yin de pu, yin de moén ...*

Puis la donzelle regarde dehors comme avec un léger regret de devoir partir, les noisettes qui scrutent encore malgré elle les étagères renfermant autant de trésors à découvrir ...

A béntout gàu, v'étre trjhou la bénvenue. **

Alors comme pour amuser une galerie, ici inexistante, elle déplie sa main libre et de sa paume naît une légère flamme bleutée ... Feu follet ...
Et un sourire étrange étire les lèvres de la vioque qui l'air de rien se rassoit derrière son comptoir, une fois la lueur disparue, pour reprendre son ouvrage à la lumière du candélabre.


* J'en ai encore cinquante comme ceux là et les chattes sont toute pleines. Puis une de plus un de moins ...

** A bientôt oui, vous êtes toujours la bienvenue.
Cymoril
D’accord, elle en a un stock la vieille… M’enfin pour le tendron la vision du pauvre chaton suçoté par les bestioles visqueuses est bien là… Elle élude une dernière fois d’un sourire flottant à la lueur bleue qui scintille un instant dans la pénombre de la boutique… Forcément la clientèle devait raser les murs de peur d’être soupçonnée d’accointance avec le malin… Forcément… Quand on est ignorant...

Le chaton a grimpé sur une épaule fluette, se calant dans le col chaud, et la main libre va attraper la poignée de la porte. Un signe de tête en salut silencieux clos l’interlude commercial et cet épisode poitevin fructueux. Et c’est d’un pas vif qu’elle disparait dans la ruelle, cherchant son chemin pour retrouver la sortie de ce labyrinthe qu’est le cœur de la ville… Sans doute aucun elle arrivera à remettre la main, voir même les deux soyons fous, sur sa charrette et son escort boy…

_________________
--Mougeotte


Cela faisait quelques jours maintenant que la Mougeotte avait eu la visite de sa cliente aux étranges commandes. Depuis c'était le calme plat dans la boutique miteuse. A part quelques "visites" qu'elle avait effectué chez l'habitant pour prodiguer quelques soins, elle n'avait vu personne pousser la porte.

Cela lui laissait alors suffisamment de temps pour préparer le rite d'Ostara qui serait célébré d'ici quelques jours, au moment de l'équinoxe de printemps.
Les mains crochues préparent donc, un à un, des petits sachets de toile garnis de différentes graines afin de célébrer le retour des beaux jours, signe du retour à la vie de la nature endormie.

Au dehors le soleil timide réchauffait l'atmosphère de la pièce, toujours baignée dans les volutes de fumées de l'encens qui se consume lentement. La journée serait-elle fructueuse aujourd'hui ?
--Gabichou



L’Gabichou l’est pas peureux pour deux ronds mais c’genre de lieu, ça l’don d’lui foutre les boyaux en zig-zag.
C’pas tant les venelles en bouillasse, qui suintent l’vieux cloaque, ni les emmerdatoires avec leurs doigts crasseux qui gueusent la piécette en reniflant bruyamment, non ça l’Gabichou à l’habitude, c’est un angevin.
C’est juste la personne qu’il doit rencontrer pour l’compte d’sa maîtresse, car elle n’peut dignement s’rendre en c’te endroit de perdition des âmes-bien qu’à c’sujet, l’bestiau s’doute qu’la patronne question âme perdue et tout le tintouin ça doit pas être r’luisant- pis paraît qu'la vieille à voir, elle s’rait sorcière à ses heures… D’toute façon même en Anjou, l's’en méfie d’ces bon’femmes là.

L’pas est pas assuré quand l’Gabriel s’rend à l’endroit indiqué par quelques putrelles qui se gaussaient joyeusement à son passage, p’têtre qu’s’il négocie bien avec la vioc, il lui rest’ra un peu de bigaille et il pass’ra un peu d’bon temps avec la p’tite brunette à l’œil aguicheur et la cuisse ferme qu’il a r’marqué taleure.
Pour sûr qu’ça vaut pas l’gamines ang’vines, mais l’va pas cracher sur un instant d’détente non plus.

D’vant la porte, il hésite un peu l’gus, mais vaillant, l’pousse la grinçante et entre.
Y a pas qu’l’huis qui grince, l’reste aussi, d’ailleurs s’demande si la vieille a d’tendances à couiner des os…
Une carcasse dans l’coin, ça bouge, ça doit être elle, les yeux finauds du gaillard tente d’faire l’appoint dans l’officine obscure. La voix n’est pas trop rassurée mais reste claire, sa virilité sauve pour l'coup.


‘jour, c‘vous …’geaotte ?

L’habitude d’l’ang’vin à bouffer la moitié des mots, l’dessert un peu là, alors il s’reprend en s’appliquant.

La Mou-geotte c’vous ?

Comment l’connait son nom, on lui a dit, pis c’genre de vieille son nom traîne de bouche en oreille comme une rumeur malsaine.
--Mougeotte


La douce lueur, filtrant à travers la brume d'encens, se voile tout à coup, une masse informe et imposante occultant celle-ci à la fenêtre de la porte de l'officine. La vieille herboriste relève le nez et fixe la porte qui finit par s'ouvrir dans son habituel grincement. S'avance alors une immense carcasse un peu gauche. La vieille se redresse sur sa chaise et plisse les yeux pour tenter de cerner les traits du gaillard, à contre-jour. C'est alors qu'une voix plutôt fluette, à l'opposé de ce que laisse supposer la stature impressionnante, s'élève. Un parler à couper au couteau tout comme le patois de la vioque qui ne tarde pas à arriver en réponse.

Bunjhor mun ga. Gàu vér, çheù étre màe la Mougeotte. Qu'ét o que i pevàe faere pr tou ? *

* Bonjour mon gars. Oui, c'est moi la Mougeotte. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
--Gabichou



A peine, qu’la vieille a ouvert son clapet que l’Gabichou, tout pecnot qu’il est avec ses craintes des gens d’la campagne, r’tire d’immédiat son couvre-chef et l’triture entre ses doigts nerveusement.
Faudrait pas manquer d’respect à la boutiquière, c’tait l’genre de femme qu’vous crache l’glaviot au sol en vous maudissant sur dix g’nérations.
Même qu’s’il n’a pas encore d’progéniture, l’Gabichou, l’a pas trop envie de vivre avec une mal’diction collée au trouffion.
L’sourit d’son air rustaud, attention l’est pas niais, l'type, l’est juste un d’ses braves gars qui s’sont éduqués par la force des bras.


C’ma m’tresse qui m’voie… cherche ses mots, mais se sont barrés les pleutres... l’a b’soin d’c’tains produits… et d’c’taine discrétion… appuie bien sur le dernier mot.

Les billes à malices auscultent un peu l’office, l’narine frémissante, r’niflant les effluves qui s’dégage du lieu mais toujours ne pose qu’par p’tite touche son regard sur la silhouette rabougrie.


‘s’rez ‘scrète, hein ?

S’avance un peu, et plie sa grosse carcasse pour s’mettre à niveau d’la r’bouteuse et d’une voix grave et basse s’adresse à l’vieille.

La ‘zelle veut que’qu’chose contre c’tain embarras d’f’melle.

Et d’sa large pogne image son propos par un geste concave qu’marque un arrondi duventre.

D’genre pour qu’ça pre’ne pas… ou d’faire couler l’lardon quand l’est en place…
F’rez ben, hein !… j’c‘nais rien à c’trucs là et j’veux pas d’h’stoire avec la p’tronne

L’Gabichou n’sait pas si c’remède là est r’pport à certaines visites d’jeune nobliau ou si c’est à cause d’la f''ture promiscuité t’te proche avec l’Vicomte ang’vin qu’l’motive à c’genre d’achat pas très moral...
--Mougeotte


Les paupières se plissent sur les émeraudes inquisitrices, fixant le lourdaud qui fait office de commis à une respectable "Dame" selon ses dires. Le vert scintille d'intérêt quand le mot discrétion est lâché avec insistance.

Les secrets d'alcôve ...

C'est qu'elle aime ça la vieille sorcière. S'inspirer et se nourrir de tout ce que le genre humain est capable d'accomplir ... Et dire que ce sont de femmes de "son espèce" dont la plupart ont peur ... Que nenni ! Elles ne sont que de la pissette de chat, comparées à l'esprit lubrique tordu et destructeur de l'homme ...

Et la marmule à l'air béotien d'insister pour qu'elle s'engage à garder cette entrevue sous silence.


I faere fàete a tàe que i repétàe çheù en prsoune. *,dit-elle en se penchant vers lui. Si près, qu'elle sent l'haleine qu'il exhale. Une pointe de chicot pourri associé à une teinture de clou de girofle, sans doute pour faire passer une rage de dent.

La voix était mielleuse et insidieuse, sifflante comme un serpent ... Léger sourire qui se glisse au coin des lèvres ridées.
Elle aurait eut envie de faire "Bouh ! " au grand nigaud qui lui faisait face. Sans nul doute qu'il se serait fait dessus avant de prendre ses jambes à son cou, mais elle aurait sans doute perdu une affaire juteuse alors elle s'en abstient.

Et lui se penche aussi, pour lui livrer la raison de sa venue dans l'officine. Mimant même sans détour un état d'engrossement. Il lui indique aussi que sa maîtresse souhaite tant un contraceptif qu'un abortif.

La vieille se redresse alors, les mirettes soudainement éclairées de cette étrange lueur qui les habite quand elle est en pleine réflexion. Le regard balaie consciencieusement les étagères, s'attarde sur les étiquettes qui ornent les pots. Puis une main crochue vient grattouiller le menton crispé de la vieille.


I pa avoer pr acoutumàie d'enrossàe més acourseries. **

Alors la vieille se met au travail, les mains volent sous les yeux du balourd, attrapant les pots, en percevant de plus ou moins grosses quantités qu'elle place dans des bols. Un mélange puis un autre et encore un. Une fois les ingrédients sélectionnés elle se retire dans son arrière boutique, laissant la porte ouverte pour garder un oeil sur le lourdaud.
Elle se lance alors dans la confection de décoctions, puis d'un pessaire (1).

C'est ainsi que l'ortie de mélange avec la myrrhe. Que de graines de fougère ou de gingembre, des feuilles de saule, d'épidème, de rue, de l'aloès, du persil, du fenouil infusent dans un chaudron placé sur le feu. Et que les mains encore agiles, bien que percluses d'arthrose, enchevêtrent des brins de laine qui iront baignés dans une teinture déjà préparée à l'avance avec les composants sus nommés.

Quand tout est fin prêt, décoctions refroidies et conditionnées en fioles soigneusement étiquetées, pessaires en bocal, elle revient vers son comptoir.
Après avoir posé ses "potions" sur le bois lustré, elle s'arme d'un vélin et d'une plume pour rédiger son "ordonnance".

Elle aurait bien expliqué la marche à suivre au commis, mais elle doutait de ses capacités de compréhension et redoutait une mauvaise posologie.
Bien que causant le saintongeais, la Mougeotte avait néanmoins appris à écrire correctement le françois et ce, lorsque jeunette, elle était au service d'une jeune Noble qui l'avait instruite. Elle s'attela donc à coucher son savoir faire sur le parchemin.


Citation:
Madame le bonjour,

voici les remèdes que vous avez mandé. Il vous faudra scrupuleusement suivre les indications si vous voulez une efficacité totale.

Tout d'abord vous trouverez des fioles et un bocal, étiquetés urtica foemina. A chaque lune vous devrez absorber une de ces fioles et utiliser un pessus (à introduire dans la matrice puis à retirer après la nuit). Ceci a pour but de faire venir vos fleurs aux femmes.

Si par malheur vous vous retrouvez grosse. Vous trouverez les autres fioles, celles étiquetées décoction abortive. Prenez en une aux premiers signes d'engrossement, puis une autre trois jours plus tard.

Malgré toutes ces précautions, je ne pourrai que vous conseiller un maléfice pour vous garantir au mieux une bonne protection. Je suis pour cela à votre disposition si vous le souhaitez.

Dernier conseil, profiter de votre passage en Poitou (au parlé de votre messager, je ne vous pense pas poitevine), pour vous approvisionner en eau de la fontaine Sainte-Estelle, en la consommant, elle vous immunisera de la semence masculine.

Respectueusement,

La Mougeotte.


Après s'être relue rapidement, le vélin est plié avant d'être glissé dans une petite besace de cuir où elle glisse ensuite les fioles et les bocaux.

Tae ! Vela tot étre pràet. I avoer tot enspllicàe su l'écrit. ***

Elle dépose alors la besace devant le nez du gaillard simplet.

Cheù-la fét 90 éçhus. ****

* Je te promets que je ne répéterai ça à personne.

**Je n'ai pas pour habitude d'escroquer mes clients.

*** Tiens ! Voilà tout est prêt. J'ai tout expliqué sur le courrier.

**** Cela fait 90 écus.

(1) Le mot pessaire ou pessus est un terme médical désignant :
* Tout type de médicament devant être introduits dans le vreau ban ou dans l'editat de cenzori.
Les pessaires les plus usités étaient faits avec une mèche de laine repliée sur elle-même, probablement attachée avec du fil, imprégnée de mélangés de diverse nature.

Sources :
- http://disciple-hypocrate.forumpro.fr/t112-l-ortie
- http://www.avortementivg.com/article-22914399.html
- http://www.helmo.be/esas/mapage/euxaussi/famille/contracp.html
- http://www.avenirsdefemmes.com/art-vivre/histoire/histoire-de-la-contraception.html
--Gabichou


Boudiou qu’la vieille est agile, les doigts semblent danser sur les étagères, s’appropriant les pots avec une c’taine grâce qui ne d’vrait pas seoir à son âge.
« Sorcière ! » qu’il s’dit en d'dans.
L’regard sombre de l’ang’vin suit chaque mouvement d’la vioc tout en respectant une distance raisonnable de sécurité, faut pas pousser non plus, l’travaille pas encore du grelot comme sa patronne, lui !
Et le temps d’un cillement, l’a disparu la Mougeotte, au fond d’son officine, si ça c’n’est pas sorcellerie ça !

L’lourdaud en attendant, il moleste le bord d’son chapeau, l’fait tourner entre ses gros doigts sous cette fébrilité inquiète attenante au lieu.
La lumière y est, certes douce, l’officine y est pourtant calme, juste bercée par les bruits légers d'la boutiquière qui œuvre à l’abri des r’gards indiscrets.
Mais lui dans c’lieu, y s’trouve pas tranquille.

Il pose ses deux billes curieuses sur l’récipients, les ausculte d’son air benêt, de temps à autre, une pogne vient gratter son capillaire, sous l’interrogation qu’soulève son contenu.
Les broussailles de ses sourcils se froissent à voir la teneur d’un bocal, l’tarin se plisse alors qu’il approche le museau avec curiosité.


‘que.. ?

A l’ang’vin personne n'lui a dit qu'la curiosité c’est un défaut malsain ?
L’voilà qu’il r’cule avec brusquerie. Ses yeux viennent d’en croiser d’autres… d’yeux… mais ceux là, flottent dans une drôle d’flotte.
Malgré qu’il soit ang’vin, il frisonne… ça l’rassure pas c’te endroit.

L’Gabichou l’entend pas revenir et boutiquer derrière lui, trop obnubiler par les globes flottants qui accaparent toute son attention, se demande c’que c’est comme yeux…
Alors quand la voix maigrelette mais ferme d’la vieille s’fait entendre dans son dos, il n’peut contenir un sursaut.
« Sorcellerie ! » qui s’dit encore.

L’écoute tout bien c’qu’elle rapporte à son esgourde, au moins c’est bien l’a tout mis par écrit l’ancêtre. Ça s’ra ça de moins à d’voir à expliquer à sa maîtresse. Parce qu’il n’y aurait rien eu d’plus embarrassant qu'd’avoir à lui causer d’comment s’débarrasser d’mioches encombrants.
L’cocher évite soigneusement les prunelles de la boutiquière, veut pas s’faire changer en statue ou un quelqu’chose comme ça, hein ! Mais l’a encore une demande, plus difficile à formuler, et pour lui à comprendre.


Y m’faut autre chose, qu’il dit en prenant soin d’articuler un maximum, m‘tresse elle a b’soin qu’on efface son chagrin…

S’demande s’il est clair et rajoute pour imiter les paroles d’sa patronne…

Une entrée pour l’faux paradis… qu’elle m’dit… quequ’chose d’fin, hein !

Et de re-maltraiter l'bord d'son chapeau en r'gardant en bas savoir si ces panards sont toujours au bout d’ses jambes… comme ça… juste au cas où…
L'fier gaillard l'est plus tant fiérot.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)