Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP] La Dagyde, herboristerie

--Mougeotte


La voix de la Mougeotte ne parait pas interpeler tout de suite le balourd, trop hypnotisé par des globes oculaires de mouton ... Celui-ci semble pris entre la fascination, le dégoût et une trouille qui lui tenaille le ventre et contre laquelle il lutte difficilement.
Un sourire moqueur étire les lèvres de la vieille quand celui-ci sursaute, alors que son cerveau semble se reconnecter à la réalité. Il la fuit du regard, massacrant allègrement son chapeau de ses pognes dignes d'être des battoirs à lavandière. Puis d'une voix timide et hésitante il formule une nouvelle demande, évitant toujours soigneusement le regard de l'herboriste.

Cette dernière se gratte alors le menton, comme chaque fois qu'elle entre en grande concentration. Délaissant la besace, elle s'avance dans la boutique, claudiquant légèrement. Les émeraudes décriptant chaque étiquette. Et de nouveau les mains crochues s'emparent de pots et de bocaux, les bras chargés la Mougeotte se retire une nouvelle fois pour concocter ses préparations.


I tornàe tot-cort. *

Dans une large bourse, elle mélange du Chasse-diable (1) et du Guéri-tout (2), resserre le lien et secoue le tout vigoureusement pour bien répartir les deux plantes séchées. Ceci terminé, elle passe à un autre remède.
Elle s'empare d'une grande bouteille contenant un liquide aux doux reflets mordorés. Du vin blanc. Après l'avoir débouchée, elle y glisse deux belles branches de mélisse et deux belles branches de marjolaine. Une fois fait, elle rebouche.
Enfin elle s'attaque au dernier remède, une nouvelle bourse de cuir, plus petite, est ouverte, elle y glisse un mélange de lotier corniculé, d'angélique, de sauge, d'aubépine et d'aspérule. La bourse subit ensuite le même traitement que sa consoeur de plus grande taille. La vieille refait un tour d'horizon des pots et bocaux puis revient finalement en boutique, remèdes à la main.


E vela mun ga. O s'en manque de lés bouçhét passàe deùs jhors deden avant de pevoer cruchàe. Quatre viares pr jhor. * Elle agite alors devant ses yeux, la bouteille aux reflets dorés.

çheù i étre pr au sér au couchàe. *** Elle lui désigne la grosse bourse de cuir.

Pi çheù, i étre pr quoure al étre en grand' mérancolie. **** Elle indique cette fois-ci la petite bourse.

I falu àutre afaere ? *****

En attendant la réponse du lourdaud en préparant mentalement l'addition, elle glisse les nouveaux remèdes aux côtés des précédents, dans la besace trônant au milieu du comptoir.

* Je reviens toute de suite.

(1) Chasse-diable = Millepertuis
(2) Guéri-tout = Valériane

** Et voilà mon gars. Il faut que les plantes infusent deux jours avant de pouvoir boire. Quatre verres par jour.

*** Ca c'est pour le coucher.

**** Et ça c'est pour quand elle est en grand mélancolie.

***** Il fallait autre chose ?

Sources :
http://www.herboristeriebardou.com.fr/Maceration-Depression
http://www.pouvoirdespierres.com/herboristerie-familiale.pdf
http://www.suite101.fr/content/soigner-la-depression-naturellement-a22984
http://disciple-hypocrate.forumpro.fr/t20-le-millepertuis
http://disciple-hypocrate.forumpro.fr/t83-valeriane
Gabichou, incarné par Alara



Pataud ! Voilà c’qu’il est devant c’te brindille de vieille femme, qu’il pourrait, pourtant, d’un bon coup d’pogne en briser la nuque, ou au moins lui casser toutes les chignoles s’il lui en reste, c’est certain. Mais la peur lui fait mettre des distances raisonnables, les craintes sont d’bestioles tenaces, qui s’accrochent à lui comme peau d’chagrin.
Il triture toujours son chapeau, mais il n’envoie plus ses prunelles en baguenaude sur les bocaux.
L’a pas 'core envie de faire des rencontres flottantes plus qu’douteuses…
Ça c’est sûr qu’sa patronne l’expédiera pas une s’conde fois dans ce trou d’la ville, ni même qu’il refiche un jour un panard dans c’fichu Poitou… « Tous des barbares dans l’coin » s’dit l’ang’vin en ne pouvant détacher son r’gard des gestes agiles d’la vioc.

Les mélanges s’font sous son œil vide de bovidé perplexe.
La masse toujours immobile attend, patient qu’la vieille rabouteuse-sorcière-herboriste en ait terminé d’son bazar qui pue l’commerce pas net.
La Mougeotte lui donne les posologies à t’nir, pas sûr qu’sa maîtresse soit guéri du coup, mais enfin lui, l’a pas trop l’impression que quelques feuilles odorantes et séchées mêlées à des racines étranges –l’a pas bien r’gardé, faut dire-fassent grand cas d’la fêlure abyssale qui règne sous l’crâne d’la blonde patronne.
Il acquiesce de l’air l’plus intelligent qu’il s’soit dégoté et poursuit.


Non, non… c’tout ben ! Si j’mais, la ‘zelle f’ra autres r’clames…

Mais bon, ça s’ra sans lui, hein… parce que c’est pour sûr un fier ang’vin mais c’est pas écrit « bestiau au sacrifice » sur l’front nan plus !

Posté en accord avec LJD Gabichou qui n'a plus accès à la gargote poitevine.
--Mougeotte


Le commis un peu bêta tente de faire bonne figure, redressant le torse et affichant une mine réfléchie de circonstance. Mais le fond des pupilles, lui, ne trompe pas. Il est terrorisée par sa présence, elle le sent et elle doute qu'il ait tout assimilé. Reste plus qu'à espérer que sa Maîtresse aura la bonne idée de lui écrire si besoin est ...

Cheù-la fét dun 195 éçhus. *

Une main crochue se tend au dessus du comptoir pour recevoir le du, un léger sourire flottant sur les lèvres ridées. Osera-t'il déposer la bourse dans la main de l'herboriste ou pas ?
Elle attend patiemment, l'idée d'un "cadeau" en tête, comme elle le fait pour tous les bons clients à l'escarcelle bien remplie. Une petite babiole pour fidéliser la clientèle, ça ne mange pas de pain.


* Cela fait donc 195 écus.
Gabichou, incarné par Alara


Il n’a qu’une envie, lui, s’carapater d’c’te endroit d’malheur. Ça cocotte sévère l’Sans Nom dans son antre, à la vieille, vivement qu’il s’casse d’là et qu’sa foldingue d’patronne prenne ses cliques et ses claques direction l’Anjou.
Soustre de fils d’bâtard ! V’là qu’elle tend sa main, ses sal’té d’doigts on l’air d’dire aboule l’flouse en jolies piécettes…
Combien qu’elle dit ? 195 écus ? S’fait pas chier la vioc mais après tout c’pas son argent à lui… s'en tape comme d'son premier bain.

L’Gabichou s’met un peu en retrait, tire sur les cordons d’la bourse confiée à ses soins par sa maîtresse et fouillette d’dans. L’ retire c’qu’il y a d’trop, c’soir il pourra s’pinter la trogne au frais d’la Dame et p’têtre même s’offrir un extra d’chair à la peau douce… D’puis combien d’temps il n’avait pas partagé couche tiède… Hmmm ?
L’tend l’bras, et fait choir la bourse qui atterrit dans la paume pernicieuse d’la vieille.


’là pour ti, l’vieille…

L’autre gigantesque pogne attrape l’marchandise et l’attire contre lui, n’empêche qu’il attend un peu, l’ang’vin, comme si l’vioc d’vait donner son accord tacite pour qu’il passe l’porte.


Posté en accord avec LJD Gabichou qui n'a plus accès à la gargote poitevine.
--Mougeotte, incarné par Cali


Un sourire moqueur vient orner les lèvres de la vieille. Vivement, elle referme les doigts crochus sur la bourse au creux de sa main. De l'autre, elle farfouille sous le comptoir et en ressort deux pierres de couleur orangée aux reflets de nacre. En y regardant de plus près, on croirait des yeux ...

E vela mun ga. Daus élls de Sént Lucie (1), ùn pr té é ùn pr ta maetràesse. Cheù portàe bouneùr. *

Elle disposa les deux opercules de nacre sur le comptoir et les poussa en direction du grand benêt. Allait-il lui faire l'affront de partir sans prendre son présent ?

* Et voilà mon gars. Des yeux de Sainte Lucie, un pour toi et un pour ta maîtresse. Ca porte bonheur.

(1) Œil de Siante Lucie source : http://www.marseille-sympa.com/saintelucie.html


Posté en accord de LJD Mougeotte dont le personnage est en dehors du Poitou.
Gabichou, incarné par Alara


Ayé l’a fini la vioc ?
Ben non perdu, l’ang’vin n’a pas obtenu l’autorisation d’quitter l’territoire d’la Dagyde.
La v’là qui farfouille sous l’comptoir, au grand damned du Gabichon qui prie tous les Saints d’Poitou et de l’Anjou, le regard rivé sur ses moindres gestes. Sait-on jamais avec l’sorcière, ça t’transforme en crapaud ou en chat unijambiste, les pauv’ gens comme lui.
Et d’maudire sa patronne d’l’avoir envoyé dans l’antre infernale de l’herboriste.
La vieille carcasse se r’dresse tandis l’Gabriel retient tout son souffle pa’ce qu’wé respirer lui attirerait des ennuis forcément horrible.
Non pas d’vilain sort, ni d’paroles dans un langage abscons qui l’envouterait à coup sûr mais quand la main fripée se retire laissant place à…


C’t’quoi ça ?

Des n’ yeux… ???
Fuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis Gabichou, fuiiiiiiiiiiiiiiis, casses-toi, prends la tangente, fais-toi la malle, change d’air… Si tu tiens à ta p’lure… barres-toi mon vieux.
Non, la stature d’géant reste là, immobile mais l’blême lui ai d’jà monté à la trogne fissa.
Il scrute la vieille, foutredieu qu’il aimerait lui péter son reste d’chignoles pour lui ôter c’sourire d’sa face chiffonnée par les ans.
L’bonhomme déglutit difficilement, l’avance une main mal assurée et d’un geste vif s’saisit des yeux de Sainte Lucie. Il grimace, le faciès barré par une moue de dégout et l’objet disparaît dans sa poche.
Il soupire de soulagement de ne plus les avoir sous son regard et aussi il est surpris de leur texture qui n’est pas molle comme il s’y attendait.
Pis,si c’est des yeux d’Sainte, ça peut pas lui faire du mal… quoique…


‘ci l’vioc. L’zelle ‘êt’ contente… s’fille qui s’pelle Lucie…

Un vague sourire s’dessine avant qu’il n’tourne définitivement les bottes, pour jamais, ô grand jamais r’venir ici.
Plutôt mourir pendu, tiens !


Posté en accord avec LJD Gabichou qui n'a plus accès à la gargote poitevine.
Fildais, incarné par Alara


[Entre ici et ailleurs, flottant en plein nulle part, une blonde encre la plume...]

Du temps à passé depuis le passage du Gabriel, et les réserves sont à sec chez la Compostelle.
La demoiselle envoie expressément un jeune messager à cheval depuis la Touraine où elle a pris quartier depuis sa fuite d’Anjou. Une lettre, une bourse, voilà que le jeune homme tend le tout à la vieille propriétaire d’une herboristerie.



Citation:
De nous Fildaïs de Compostelle
Dame de quelque chose mais chut, hein !
Cinglée, à notre temps perdu
Maîtresse d’un géant angevin et propriétaire d’yeux de Sainte Lucie

A vous, Mougeotte…
Herboriste et tout le tintouin

Salut,

Par la présente, nous tenions à vous remercier pour les herbes que vous nous avez fournies, elles nous ont évitées quelques soucis convexes et ce sont montrées efficaces pour ne laisser aucune engeance à un fou (et une folle ?). D’ailleurs à ce propos, vous trouverez avec le messager ci-joint (s’il vous plait ne l’effrayez pas comme notre angevin la dernière fois, il n’a pas voulu revenir) une bourse pleine d’écus, vous vous servirez généreusement, nous aimerions le même mélange que la dernière fois pour éviter les soucis d’engendrement. Et nous aimerions aussi que vous nous fournissiez de la Thériaque, le mélange pour nous calmer les nerfs n’est guère efficace avec nos démons, il nous faut quelque chose de plus fort.

Par avance nous vous en remercions (et pour les yeux de Sainte Lucie aussi).

F. de C.

Faict au domaine de Sainct Paterne le septième mois de juillet de cette année, donc !

_____________________


Posté en accord avec LJD Fildais qui n'a plus accès à la gargote poitevine.
Ombeline
[Juillet 1459]


On lui avait indiqué un peu plus tôt le lieu où elle trouverait peut-être son bonheur. L’Artésienne s’était quelque peu perdue dans les ruelles poitevines, et faillit être découragée à force de tourner en rond. Elle mira tour à tour le papier griffonné entre ses longs doigts fins et les diverses enseignes, ruelles, bâtisses ... sous ses prunelles.

Quand elle vit un vieillard sortir de l’une des maisonnées de pierres, elle se précipita à sa suite afin de mander à nouveau son chemin. Quelle ne fut pas sa surprise de se savoir à quelques pas du lieu recherché. Elle acquiesça aux dires de l'homme, plissa une fraction de secondes le nez quand ce dernier évoqua qu’elle ferait mieux de se balader accompagnée. Elle le remercia prestement et prit la direction indiquée, bifurquant donc dans une autre ruelle.

Lorsqu'elle aperçut enfin le bâtiment, un sourire se dessina sur son minois. Elle poussa la porte, ce qui fit teinter une clochette, puis s’engouffra à l’intérieur de l’édifice. Une fois dedans, ses prunelles balayèrent les lieux avec minuties. Elle se retrouva face à des étagères, une ribambelle de boîtes, de flacons et bien d’étranges choses qu’elle ne saurait dire de suite de quoi il s’agissait. L’endroit semblait calme d’apparence. Elle toussota puis appela de sa voix teintée de l’accent du Nord.


Bonjour, y’a quelqu’un ?
_________________

http://nsa22.casimages.com/img/2011/10/16/111016024800109917.jpg
Mougeotte, incarné par Yoyo_le_rouble


Devant la tête horrifiée de l'angevin, elle se retint de pouffer de rire, sa petite blague faisait son effet. C'est que malgré tout, elle était facétieuse notre bonne vieille sorcière !
Luttant contre sa peur, il les lui prit pour les fourrer dans sa poche et la remercia avec empressement, faisant allusion au prénom de la fille de sa maîtresse avant de déguerpir comme un voleur, non sans un sourire aimable pour la vieille femme.
Une fois la porte refermée derrière lui, la Mougeotte éclata de rire, ce qui la tiendra de bonne humeur jusqu'au soir couchant.


Quelques mois plus tard ...

Assise derrière son comptoir à lire un livre, la Mougeotte sort de sa torpeur au tintement des clochettes. Elle redresse sa vieille carcasse pour faire face un jeune homme hésitante, porteur d'un courrier à son attention.
De ses doigts crochus, elle décachette le pli scellé d'un sceau en cire rouge. Les yeux se plissent pour déchiffrer l'écriture fine, un sourire s'esquisse doucement sur les lèvres ridées, au fil de la lecture.


Groullàe pa mun bachelàe, i té adrigallàe çheù tot-cort. *

Elle disparait alors dans son arrière boutique après avoir sélectionné les ingrédients dont elle avait besoin. L'ambiance de la boutique n'est alors plus bercée que par les cliquetis étouffés des bocaux et des pillons de la vieille. Elle refit à l'identique, les contraceptifs demandés, puis elle sortit d'un pot en terre une sorte de pommade de couleur brune. Elle la travailla longuement avant d'en couper un morceau, qu'elle plaça dans un autre pot. Cette thériaque avait déjà plus de 6 mois de fermentation, elle devrait être suffisamment puissante pour combattre les démons de la jeune Noble.

Quand tout fût prêt, elle revint dans sa boutique, déposant la commande sur le comptoir. Le messager n'avait pas bougé d'un pouce.
Elle emballe alors précieusement les remèdes avant de se servir dans la bourse tendue. Ni trop ni pas assez, elle était honnête la Mougeotte ! Et puis fidèle à elle même avec ses bons clients, elle glisse un petit cadeau dans le paquet. Un pendentif en améthyste (1), pierre protectrice depuis la nuit des temps ... Elle ne saurait faire de mal à la jeune femme.

Le coursier reparti, elle rangea ses bocaux avant de se rasseoir dans son fauteuil et de se replonger dans sa lecture.


Juillet 1459

Comme toujours, assise derrière son comptoir, donnant l'impression qu'il n'y avait personne, la Mougeotte lit tranquillement, attendant patiemment d'éventuelles visites. Léger tintement de cloche qui indique l'arrivée d'un visiteur.
Péniblement la Mougeotte extirpe sa carcasse de son profond fauteuil afin de découvrir le nouveau visiteur, qui s'avère être une visiteuse.
Cette dernière scrutant déjà les étals de bocaux aux contenus divers et variés. Un léger sourire flotte sur les lèvres ridées quand la Mougeotte répond à la salutation de la cliente.


Bunjhor madame, qu'ét o que i pevàe faere pr ve ? **

* Bouge pas mon gars, je te prépare ça toute de suite.

** Bonjour madame, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

(1) Améthyste source : http://www.suite101.fr/content/lamethyste--significations-et-utilisations-en-lithotherapie-a16107


Posté en accord de LJD Mougeotte dont le personnage est en dehors du Poitou.
Ombeline
Une odeur flottait dans la boutique … une odeur âcre … De l’encens sans doute … songeait-elle quand soudain une voix aux sonorités inconnues s’éleva dans la pièce.

Bunjhor madame, qu'ét o que i pevàe faere pr ve ? **

Plissement de nez … Haussement de sourcil … Sa tête se tourna en direction de l’auteur de la dicte voix. Elle n’avait point tout déchiffré mais en avait sans doute compris là l’essentiel. Elle s’avança vers le comptoir tout en détaillant machinalement du regard son interlocutrice. Vieille femme au regard vert et pénétrant, une longue chevelure gris virant au jaune pisse descendant aux épaules, visage ridé par les années, et vêtue d’un affublement sombre. L’Artésienne esquissa un sourire, songeant qu’elle ressemblait à une connaissance, elle aussi tournée vers ce genre de pratiques.

Bonjour … petite hésitation sur la suite … De quelle manière l’appeler ? Voilà qu’elle avait déjà oublié le nom … Saperlipopette, quelle mémoire de poisson rouge … Elle se mordit la lèvre supérieure … Pommettes rosissant déjà … regard dans le vague, fouillant en sa mémoire … Cela finissait comme botte, oh cela elle s’en souvenait sans peine à cause des jeux de mots de son compagnon, mais après le néant … Haussant les épaules, elle en resta là à ses cogitations, qu’importe … Elle releva le nez en sa direction, et croisa son regard.

Enchantée … J’ai eu vent de votre commerce et ma foi cela tombe rudement bien. Je fais escale en terres poitevines pour la semaine après plusieurs jours en mer. A la dernière halte, je n'ai rien trouvé qui puisse répondre à mes attentes. Je fais usage de diverses herbes en infusion pour traiter divers maux, herbes confiées la tante d’une amie, coutumière de ... enfin de tout cela. Toutefois, la source a bien tari, à force d’en donner à droite à gauche à bord, me voila bien marri, je n’en ai plus.

Certaines permettaient de soigner les humeurs, d'autres de lutter ou du moins d’amoindrir les nausées causées par le mal de mer, en autre de l’absinthe en infusion avec du vin… mais celle-ci ne mettait pas prescrite, ayant enfanté depuis peu, et allaitant … Hum, pas que j’en aurai usage puisque me voilà habituée maintenant à naviguer, mais l’une de nos passagères est enceinte et je suppose que tout comme je l’étais, cette herbe lui soit déconseillée. Je n’ai pas souvenance de celle me concernant. Auriez-vous quelque chose à me proposer pour les humeurs, et le mal de mer ?


Elle n’était pas seulement venue jusqu’ici pour ses passagers … une autre personne, chère à son cœur lui causait du mourrons et pas qu’un peu.

Il me faudrait aussi quelque chose pour mon enfant … tout jeune bébé, né ce printemps, elle semble avoir perdu l’appétit depuis quelques temps et hum s’affaiblir.

Petite pause.

Possible que cela soit aussi de mon fait et que mon propre lait ne lui soit amplement suffisant. Je n’en sais trop rien en fait. Je suis moi même un peu plus fatiguée ces derniers jours. J’ai noté quelques petites rougeurs qui sont apparues. Par moment ses membres s’enflent et sa respiration est difficile.
_________________

http://nsa22.casimages.com/img/2011/10/16/111016024800109917.jpg
Mougeotte, incarné par Yoyo_le_rouble


La Mougeotte dénota un léger accent chez sa cliente, elle n'était donc pas du coin et si elle était arrivée jusqu'ici, ce ne pouvait être que sur des conseils avisés de connaisseur.
Une cliente à traiter avec soin, comme d'habitude. Car quand on venait chez la Mougeotte, c'était rarement par hasard ...

Elle sourit à la timidité de la jeune femme qui avait le nom de son hôte sur le bout de la langue sans pouvoir le prononcer. La gêne passée, elle se lança enfin dans les explication de sa venue. La vieille fronça les sourcils au fur et à mesure du discours, cernant déjà le problème.

Dans son esprit vif malgré son âge, tout se mettait en place ... Fatigue, articulations gonflées, problèmes respiratoires, voyage en bateau ... La peste du marin (1) ...
Long frisson qui parcourt l'échine courbée de la sorcière. Elle connait ce mal, un mal sournois, dur à soigner et surtout très fantasque ... On ne sait jamais si il annonce l'Ankou ou pas ... Une véritable loterie.
Toutefois, elle sait qu'il existe des remèdes, mais leurs résultats est loin d'être fiable ...

Pour le moment, ne pas affoler la jeune femme. Une mère qui plus est. Car se savoir condamné et on a déjà les deux pieds dans la tombe !
Pour répondre à l'interrogation de la jeune femme au début de leur entrevue, elle lui annonce son nom tout en souriant.


Mougeotte ...

Puis elle redevient silencieuse et se met à arpenter ses étaux, les doigts crochus virevoltant sur les bocaux, prélevant ceux qui lui serviront pour la préparation des remèdes.

I alàe ébauràe pr voutre proublléme de lét. *

Elle ouvre alors un gros bocal d'où se dégage une forte odeur aromatique rappelant le céleri avec une pointe de pistou. Un mélange de fenugrec (2), de basilic (3), de fenouil (4) et de chardon-marie (5). A l'aide d'une large cuillère, elle en prélève par trois fois et remplit une bourse de cuir qu'elle referme ensuite consciencieusement.

Ve prenre çheù-çhi en tilell, tràes foes pr jhor durant ùn seménne, peù ùn seùl foes pr jhor pr cuntinuàe. **

Elle rangea le bocal à sa place et se saisit d'un autre à la place, sans rajouter un mot, elle refit les mêmes gestes. A la différence que cette fois-ci, elle remplissait la bourse d'un mélange de menthe et de gingembre.

Çheù-çhi i étre cuntre la rançheùr. ***

A nouveau le bocal reprend sa place, puis la vieille sorcière revient vers son comptoir et ouvre un pot qu'elle avait préalablement ramené. A l'aide d'une louche elle en prélève le contenu, qu'elle reverse dans flacon. Un liquide épais, doré et rosé s'écoule avec lenteur, une louche après une autre. Il s'agit d'une réduction de miel additionné de jus de citron (6), d'aneth (7) et de jus de chou-rouge (8). Une fois rempli, elle referme le flacon et le pose aux côtés des deux bourses déjà préparées.

Pr voutre quenalle, ùn quellére le sér. Pr ve tràes. ****

La vieille se frotte alors le menton, visiblement en pleine réflexion.

Pevàe ve retornàe demoén ? I devér mén amenàe àutre chouse pr ve. *****



Posté en accord de LJD Mougeotte dont le personnage est en dehors du Poitou.
Ombeline
[Juillet 1459]



Mougeotte ...

La jeune femme acquiesça d’un air entendu … enregistrant dans un coin de sa caboche le nom … Mougeotte …

I alàe ébauràe pr voutre proublléme de lét.

Infime hésitation … le temps de tout décoder du patois parlé … Petit plissement de nez suivi d’un hochement du chef. Son lait, son lait … L’était tout d’même pas mauvais … Bon, il était certain que depuis le voyage, la source dont il était extrait était bien plus douloureuse qu’à l’accoutumée et pis hum, fallait aussi concéder qu’elle avait subi une légère réduction de volume … Petite moue … Elle était privée de ses petites friandises et pis de ses madeleines au miel, depuis leur voyage … Une caisse oubliée sur le quai … Pfff … alors forcément ça chamboule une femme tout ça … Pffff … Elle flottait un peu dans ses affublements maintenant. D’ici qu’elle devienne une planche à pain ! Une nouvelle moue déforma son visage. Elle chassa bien vite ses pensées déplaisantes et guère à son avantage de sa caboche afin de reportait son attention sur ses futures emplettes. Ses prunelles suivirent les faits et gestes de l’herboriste avec attention. Une odeur aromatique flotta dans l’air, lui chatouillant les narines. Pffff … Ben d’ici qu’elle éternue à tout va ce soir, ça ne ferait qu’un pli. Petit plissement nasal. Nouveau regard sur la vielle femme. L’assurance de l’herboriste la rassura. De toute évidence, on l’avait bien renseignée, et la Mougeotte puisque telle était son nom, semblait effectivement bien connaitre son affaire. Elle planta son regard dans celui de cette dernière quand elle s’adressa de nouveau à elle.

Ve prenre çheù-çhi en tilell, tràes foes pr jhor durant ùn seménne, peù ùn seùl foes pr jhor pr cuntinuàe.

Nouveau moment de flottement … Intense cogitation … Branle bas de combat des neurones …
Froncement des sourcils vicomtaux … Observation en détail de la Mougeotte … Et la lumière se fit … Elle reprit à sa suite les paroles, pour être assurée d’avoir tout déchiffré et surtout pour imprimer en sa mémoire les consignes données …


En infusion, trois fois par jour durant une semaine.
Et puis une fois par jour. Bien, bien … Je hum ferai cela …


Dit-elle tout en pensant qu’elle risquait d’avoir recours plus souvent qu’à l’accoutumée au petit coin … Arffff, espérons être discrète … Hum pas gagné à bord … Petite moue …
Elle tourna le dos de trois quart quelques instants, sous les craquements du plancher vermoulu, le temps de contempler les étagères pendant que la Mougeotte confectionnait la préparation suivante. Ombeline contempla longuement les petites fioles colorées et bocaux de toute taille qui couvraient les étagères de bois, du sol au plafond. Esquissant un sourire amusé, elle tenta de percer à jour ce qu’ils pouvaient bien contenir. Son imagination très fertile pouvait faire des merveilles. Bouche en cul de poule devant des choses toutes velues … puis sous ce qui semblaient être des crêtes de poulardes ou bestioles à plume …Soudain, quelque chose capta son attention. Elle colla son nez à l'un des bocaux, le regrettant immédiatement. Pouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Elle eut un mouvement de recul, pour peu, elle en aurait fait bien fait dégringolé un bidule. D’une voix étouffée, elle susurra un « oup’s désolé ». La voix de la Mougeotte retentit à nouveau, lui faisant lever le nez vers elle et un minois rosissant.


Çheù-çhi i étre cuntre la rançheùr.

Elle opina du chef et se rapprocha du comptoir, qu’elle ne quitta plus devenant observatrice silencieuse et assidue des moindres gestes de la vieille.

Pr voutre quenalle, ùn quellére le sér. Pr ve tràes.

Une pour elle, trois pour moi … Entendu.
Elle farfouilla dans sa manche ample, en sortant une bourse bien dodue pendant que la Mougeotte était happée par une cogitation intérieure.

Pevàe ve retornàe demoén ? I devér mén amenàe àutre chouse pr ve.

Pour revenir, aucun souci. Nous restons plus d’une semaine.
Hum autre chose sinon ? Et bien …


Grand moment de réflexion pour la vicomtesse … Elle fit le tour et le retoutour de la question … N’avait-elle rien omis ? Elle était là, autant faire des tirs groupés, songea-t-elle … Petit tressaillement … Il lui manquait quelque chose déjà … Elle n’avait point du être précise, insistant sans doute que trop sur les nausées au début de leur échange.

Oui, pour les humeurs aussi … hum comment dire … parfois, un rien peut prendre des proportions gigantesques car nous sommes à fleur de peau en raison des soucis, du travail prenant … ça serait pour …

Elle allait poursuivre quand elle sentit des picotements sur sa nuque … chose qu’elle avait ressentie déjà durant sa conversation avec l’herboriste. Elle ne savait pas comment définir cette sensation, mais pas agréable cela va sans dire ! Elle se retourna légèrement, balaya la pièce des yeux lentement, songeuse tout en restant avec le « pour » au bout de la langue. Soudain, la stupéfaction put se lire sur son visage en mirant la vitre crasseuse du commerce … Un mot finit par sortir de sa gorge … Un instant, on aurait pu croire qu’elle avait perdu l’usage de la parole.
_________________

http://nsa22.casimages.com/img/2011/10/16/111016024800109917.jpg
--Rufus


Le martèlement incessant en son pois chiche lui rappelait avec quelle fougue ou stupidité … il s’était livré à la vinasse, la chanson paillarde, et une p’tiote partie de ramponneau la veille dans une taverne fort conviviale avant de s’engouffrer dans les brumes de Morphée, et la bourse et non les bourses à sa grande déception, vidée. Le réveil avait été ma foi fort bien douloureuse. Le peu de neurones naviguant en sa cervelle avaient bien eu du mal à se remettre en place pour chercher la raison de sa présence dans une sombre ruelle poitevine.

Il se releva tant bien que mal, la fiole de travers, quelque peu débraillé et décida de quitter les lieux pour rejoindre l’auberge de sa patronne. Il savait d’avance qu’il se prendrait une soufflante pour sa soudaine disparition, quoique … l’autre guignol l’avait sans doute divertie en broutille ou avait du lui coller de la paperasse à faire ou encore … Grumph … gros raclement de fond de gosier nerveux suivi de l’éjection d’un crachat verdâtre au sol … Valait mieux même pas cauchemarder sur les tripatouillages du guignol, ça lui filait des boutons … Jaloux le pépère, un peu … ouais bon beaucoup même … Marmonnements du pépère …

Secouage de la caboche … Il poursuivit sa route, toujours avec ces marteaux qui ne cessaient de s’entrechoquer dans sa tête.
Ses noeilnoeils s’écarquillèrent … La silhouette qui venait de bifurquer ne lui était pas méconnu mais alors pas du tout … L’avait sans doute pas toutes ses neurones en place mais là, l’information visuelle transmise au cerveau avait de grande chance d’être correcte.


Zety ben bien qu’on dirait la patronneuuu que za.
Zety qu’elle vient quoi faire donc zizi ? Ben za zalors … l’guignol lui zuffit pas, la voila qué vient s’encanailler izi ! O bonté d’mère ! Et ze moua zalors ! Foutrededieu, j’ zuizze là !!!


Ni une, ni deux, il la talonna sans se faire repérer ... et ça croyait moi, chose guère aisée pour le pépère, le roi de la maladresse. Il s’arrêta net, se tapissant sans cesse même quand y’avait pas besoin … contre le mur d’une maison, derrière une statue décorative, derrière une grosse porte cochère, dans un renforcement de muret, contre un arbre, sous une vieille brouette stationnée là … La patronne, une fraction de minutes s’était retournée et mirait en sa direction.

Mortecouille, fauty pas s’faire prendre.

Il s’aplatit au sol, faisant corps avec le sol crasseux. Gros soupirs de soulagement quand elle reprit sa course enfin sa route plutôt car elle se déplaçait plutôt lentement … même étrangement en fait, en y regardant de plus près … elle mâtait partout, un peu comme si elle s’était paumée, ce qui fit se gausser le pépère … Il poursuivit son nespionnage, filant de statue en statue, ou de statue aux potiches florales, ou encore de murs en murs … Il faillit la perdre de vue, soudainement et intensément fort intéressé par les gémissements venant d’un passage … Il tendit le cou pour y jeter une mirette et aperçut deux silhouettes enlacées et très certainement en plein effort intime. De la bavouille lui dégoulina du bec sous cette scène et des chatouillis naquirent dans les braies … C’est qu’il aurait bien été donner un coup d’paluche enfin de paluche pas tout à fait ça mais y’avait de l’idée … toutefois, il se souvint de ne pas être là pour cela … La patronneuuuu, pesta-t-il d’un trac, sans doute trop fort, car le couple sursauta et brailla à son encontre lui balançant des babioles sur la fiole.

Le Ruru déguerpit de ce guêpier et se mit en quête de la patronne. Il crut l’avoir perdu mais la repéra immobile sur une petite place donnant sur diverses venelles. Dégoulinant de sueur, il resta donc à l’affut … Une silhouette venait vers elle, sourire carnassier du pépère, il allait savoir avec qui donc l’autre portait ou allait porter des cornes … parce que forcément, elle venait pour trouver de quoi satisfaire sa frustration … pas tout l’monde n’était un Étalon comme le pépère, le guignol n’arrivait sans doute jamais à sa cheville et pis c’est tout. Elle aurait du l’essayer, ça aurait fait comme la pub de la mère Michaud, l’essayer, l’enfiler c’est adopter ! Mais nan, hein au lieu de ça, elle s’était acoquiné d’un guignol, pffffffffffff, foutue bonne femme… Et pourtant, hein, qu’est-ce que ce Lou avait de plus que lui ? Hein ? Pfff, du gâchis que ça.

Ses noeilnoiels devinrent ronds comme des œufs de caille en découvrant un vieux tout fripé et tout ridé, avec sa cane. Il les vit faire un brin de causette.


Ben mon couillon, zelle va pas s’enfiler za ?

Gros soupirs rassurés en la voyant laisser le vioc. Il poursuivit son nepionnage. La piste le mena rapidement vers une nouvelle venelle. Sa curiosité était piquée au vif, ses guiboles accélèrent la cadence.

Zety quoi ze bouge zencore ?

Il zieuta à droite, à gauche, derrière, devant, en haut, en bas, bref à force en eut le tournis … Il se mouvait vers l’une des vitres et y colla les noeilnoeils.

Zety qu’on y voit rein d’rein la dedans.

Pesta-t-il devant la vitre crasseuse. Prenant le revers de sa manche, il se mit à astiquer le verre, puis y coller le nez, aplatissant tout sa fiole sur la vitre. Il aperçut d’abord une croupe dandinant devant un comptoir … levant les mirettes un peu plus haut … il reconnut le dos enfin du moins les formes de la patronne … grimaces rufulesques … Il plissa des noeilnoeils … elle causait, de quoi ça va savoir, l’avait pas la super oui, lui … Il se décala afin de voir qui ergotait avec et découvrit une vieille toute ridée, toute fripée

Oh ben zalors, ze la fête zaux viocs izi
Zety qui la vieille bique zavec qui qu’elle cauze donc ?


Il resta là le piff collé à la vitre, son imagination se mit en branle. Il se croyait à l’abri mais l’espion ne le resta pas longtemps un espion ! Ses noeilnoeils se plantèrent soudain à travers la vitre dans ceux anormalement agrandis de sa patronneu. La surprise fut telle qu’il fit un bond et en tomba à la renverse.

RUFUSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS

A peine le temps de se remettre sur ses guiboles qu’il vit la patronneu devant sa pomme, sortant avec fracas de la boutique.

RUFUSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
Vous ici ?


Oui zety ben bien moi qué voila. bredouilla-t-il sous un sourire niais.

Vous m’avez suivi ?
C’est Lou qui vous l’a demandé ?


Silence … Pépère cogitait …

Bon sang d’bonsoir, répondez donc ? Que faisiez-vous là ? Vous veniez vous aussi pour la Mougeotte ?

La jeune femme s’avança vers lui, prête à le secouer. Elle eut tout à coup le cœur au bord des lèvres rien qu'à l’odeur flottant dans le sillage du coursier et ne put refréné un mouvement de recul.

Mais … mais … Vous empestez encore ?
D’où sortez-vous ? Ah nan nan, finalement je n’veux rien savoir. Et pis fermez cette bouche, cela vous donne un air encore plus stupide que d’habitude. Attendez-moi là, que je termine mes affaires … sauf si vous aviez vous aussi certaines courses à y effectuer. Ha hum … Je serai muette comme une carpe, tâchez de l’être vous aussi.


Dans un froissement d'étoffe, la patronne s’engouffra dans la boutique à nouveau, laissant le pépère sur le carreau.

Zety toujous zauzzi volcanique, gné pas pozzible que za.

Pour zur qu’il allait la suivre, nom d’une pipe en bois, trop curieux le pépère. Une fois à l’intérieur, il n’en mena pas large, zieutant partout, écarquillant les noeilnoeils, un peu la panique là … y’avait de drôles de bidules ici … Il rejoignit la patronne qui était retourné vers le comptoir. De voir la vieille bique de près, ça lui fichait les foies là. Il en avala son glaire.

Désolé, un hum ne faîtes pas attention à lui …. Donc je disais auriez-vous quelque chose pour calmer les humeurs surtout quand on est sans cesse sur les dents.

En entendant les propos, il ne put s’empêcher de marmonner. Puis, de son haleine de chacal et bien avinée, le pépère susurra à la patronne.

Zety qué la vieille bique là ? zeste zur d’pas vous faire entourlouper hein ? zavez vu zez paluches, l’on dirait des zerrez que za. Bonté d’mère, l’est l’auzzi laid’ que la timbrée d’tante angèle.

Ses traits se déformèrent de douleurs … Atroce douleur au niveau du panard, que la patronneu venait d’un malin plaisir écrabouiller de ses p’tits norteils … Foutues bonnes femmes, pensa le bonhomme.

Il suffit ! Taisez-vous et laissez-moi faire mes emplettes au lieu d’être désagréable.

Il recula d’un pas en arrière et alla lorgnait sur les étagères, la tête basse d’un enfant pris en faute laissa la patronne baragouiner ses emplettes comme elle disait.

Bien, eu que disais-je ? Ah oui les humeurs. Voyez-vous, par moment à force d’un entourage hum exaspérant, j’ peux avoir des coups d’sang, point que moi d'ailleurs. Auriez-vous quelque chose là aussi à me proposer ?

Il se retourna et ouvrit, ferma, le bec … l’ouvrit, le referma … Hésitant à causer et pis boum, sortit sa pensée à voix haute, guère sympathique comme toujours pour le compagnon de la patronne.

Vous d’vriez mander zun truc pour couper l’ sifflet du major … Moua j’ vous l’dis, za vous zervira ben bien que za et pis za nous f’ra d’la tranquillité que za.

RUFUS !!! Vous n’allez pas encore recommencer vos simagrées. Vous êtes usant ! Méfiez-vous que je me sers de cela sur votre pomme, à force de trop tirer sur la corde.

Oh, moua j’ veux qu’votre bien, patronneu, moua ze que j’en zais hein.

Rouspétances du bonhomme, qui se mit à s’intéresser à un bocal et le prend en paluche … le secouant un peu, et collant les mirettes dessus, sans se préoccuper des deux bonnes femmes.

Bien, avez-vous quelque chose pour moi, alors ?
--Mougeotte


Main crochue toujours fixée au menton, elle fronce les sourcils à la demande de la cliente.
Les humeurs ... C'est vrai qu'elle lui avait demandé aussi un remède contre les humeurs. Elle s'avance dans la boutique, replaçant quelques bocaux au passage avant de se saisir d'un nouveau contenant un liquide ambré. Et alors qu'elle allait repasser derrière le comptoir, des cris, derrière elle, la font sursauter.
Sa cliente, si douce la minute d'avant venait, de se transformer en dragon rugissant et fumant de colère. A tel point que la Mougeotte en écarquille les yeux. Elle assite donc, interdite, à une violente représentation des dites "humeurs" de la dame ... Et c'était pas triste ... D'ailleurs le pauvre lourdeau qui en faisait les frais, ne bronchait pas de trop. Il était visiblement habitué ... Ce qu'il confirma d'ailleurs entre les quelques retours à la normale de la bonne dame, avant de nouvelles explosions ponctuelles.

Lorgnant sur son bocal, la Mougeotte restée silencieuse, se dit qu'un petit additif dans sa décoction de millepertuis (1), ne serait pas superflu ... C'est sur cette idée, qu'elle se saisit de son bocal de racines de valériane (2). Elle en rajouterait une dans la fiole de la cliente ...

Elle s'avance vers son comptoir, y dépose les remèdes, puis s'adresse à sa visiteuse.


I ve demande in bollun, i alàe chinàe çhau qu'i màe a-de-màu pr ve trétàe. *

Alors elle se dirige vers la porte de la boutique restée ouverte, du pas de la porte, elle siffle. Aussitôt, un gamin des rues arrive en courant, elle se penche vers lui, chuchotant à son oreille ce dont elle a besoin, promettant une belle récompense en échange.
Le gamin repartit, elle retourne à son comptoir pour verser le liquide dans une fiole dans laquelle elle a glissé une racine séchée.


É vela pr lés arimàies, ùn quellére au matin . Pr le crossun, i l'avoer demoén. **

* Je vous demande un instant, je vais aller demander ce qu'il me manque pour vous soigner.

** Et voilà pour les humeurs, une cuillère le matin. Pour le reste, je l'aurai demain.

(1) http://disciple-hypocrate.forumpro.fr/t20-le-millepertuis
(2) http://disciple-hypocrate.forumpro.fr/t83-valeriane
Ombeline
La jeune femme observa de nouveau, la Mougeotte. Cette dernière prenait un bocal, et y déposa une dose de son contenu dans une petite fiole.

I ve demande in bollun, i alàe chinàe çhau qu'i màe a-de-màu pr ve trétàe. *

Petit temps de décryptage.

Je ne bouge pas d'un pouce.

La Mougeotte elle se dirigea vers la porte de la boutique et y resta quelques instants, donna des consignes à un jeune gamin.

Pendant ce temps, la vicomtesse jeta deux, voir trois fois des coups d'œil derrière elle, vérifiant la bonne tenue de son intendant. Pas qu'elle était un poil autoritaire, enfin si quand même mais bon, il fallait le connaître le coco. C'était un sacré spécimen. A chaque paluche ou gros doigt boudiné du Rufus qui semblait se rapprocher de trop près d'un bocal, ou boite métallique, elle ne put s'empêcher de l'interpelait de tsssssssssss étouffé. Un vrai gosse qui touchait à tout, pesta-t-elle intérieurement. Connaissant sa maladresse, elle préférait éviter toute bévue du sieur icilieu. Elle reporta son attention sur l'herboriste quand cette dernière revint à son comptoir, et versa un liquide dans la fiole.


É vela pr lés arimàies, ùn quellére au matin . Pr le crossun, i l'avoer demoén. **

Fort bien. J'enverrai sans doute mon Intendant, si je ne puis le faire moi-même... vu qu'il semble connaitre le chemin menant jusqu'ici.

Combien vous dois-je déjà pour tout ceci ?

_________________

http://nsa22.casimages.com/img/2011/10/16/111016024800109917.jpg
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)