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Info:
Le RP se déroule à Varennes-sur-Allier, fief auvergnat d'Apolonie de Nerra. Elle a quitté précipitamment les funérailles de son mari, Alayn de Viverols, pour rejoindre ses terres. L'accouchement est proche. Sa mort aussi. Bonne lecture, c'est mon dernier :) D'ailleurs j'en profite pour remercier tous les joueurs avec qui j'ai la chance de roliser, ceux que j'ai eu le plaisir de lire, et leur souhaite bonne continuation et plein de beaux RP.

[RP] Quand une vie en remplace une autre... L'azur s'éteint.

Apolonie
Ceci est un RP privé. Je n'en ai jamais fait je crois, mais je vous prie de respecter celui-là. Pour participer, c'est demande par MP. L'action se déroule à Varennes-sur-Allier. Bonne lecture !



Derrière elle, elle sent les regards entre étonnement et courroux bruler le coche qui l'emmène loin de la cérémonie. Pas comme si elle avait le choix. Sunie a lancé l'ordre, il faut aller vite. Les cahots du chemin entre Montbrisson et Varennes feraient presque oublier la douleur qui tend son ventre. Presque...

Affalée sur le banc inconfortable, elle grimace sans plus tenter de retenir les rictus de souffrance qui marquent un visage déjà tellement empreint de ces sentiments. Traits creusés malgré les rondeurs de la grossesse, cernes noirs sous ses yeux qui perdent de leur éclat à chaque lieue. Elle s'en mord la lèvre et serre les cuisses. Pas avant... Pas avant d'être chez elle. Pas en pleine nature, pas là... Elle veut son domaine, sa chambre, elle veut se sentir à la maison. Les volcans défilent, les lieues aussi... Tout s'enchaine, les heures passent sans qu'elle ne puisse les différencier.

La route est longue. Terriblement longue, d'autant plus avec ces contractions. Espacées, très espacées pour l'instant, mais si douloureuses... ça ne devrait pas faire aussi mal... Quelques heures et elle s'assoupit... L'enfant semble plus tranquille, moins pressé... Calme avant une tempête... Sommeil qui n'en est pas. Agitée, la brunette transpire et grogne. Avant de se réveiller épuisée. Quelques lieues de plus...

Au jour a succédé la nuit. Mais on distingue sous une lune pleine les enceintes de son domaine auvergnat. Varennes, enfin... Le coche accélère pour les derniers mètres, enfin elles sont devant. Les mines défaites et les regards inquiets de Legowen et Sunie ne sont pas pour la rassurer...

Apolonie redevient la jeune fille qu'elle était. Envolée pour quelques minutes la mercenaire aguerrie, la sentinelle entrainée, la combattante sans peur ni douleur. Fini de faire la fière, elle sent que ça reprend et voudrait se plier, s'arracher à l'aide des dagues qui habillent ses cuisses ce qui lui fait si mal. Ouvrir ce ventre tendu à l'extrême et en ôter l'orphelin. Des larmes de souffrance roulent sous ses cils...

Il faut descendre. Jacques, affolé par le bruit d'un coche qu'il n'attendait pas avant quelques jours, arrive tout dépenaillé. Elle en aurait ri, la vicomtesse, à le voir comme ça, lui si précieux d'habitude. L'intendant s'apprête à faire sa moue réprobatrice habituelle, mais l'état de sa maîtresse pare aussitôt son minois de l'inquiétude qui les étreint tous. Il guide la filleule et l'écuyère jusqu'à la chambre. Apolonie ne parle plus et serre les dents.

Réflexe orgueilleux, elle ne veut pas crier. Les bras en appui sur les épaules de ses amies, elle grimpe lentement mais sûrement les marches qui conduisent à son havre, sa chambre. S'allonger... qu'on lui arrache, qu'on lui enlève ce poids... Qu'il SORTE ! Elle n'en peut plus... Il ne reste qu'à attendre. Loin d'elle la cérémonie manquée de ce matin, elle se concentre sur elle et ce môme qui veut s'échapper de l'écrin qui a accueilli en d'autres temps lames agressives.

Thea devrait arriver... Elle ne sait pas comment, mais elle pressent que c'est médicastre que la moulinoise est allée chercher. Qu'ils fassent vite. Elle a mal... Leg et Sunie ont donné ordre à Jacques d'aller chercher de l'eau qui coule maintenant sur son front brulant. Autour d'elle, elles soutiennent. Qui a dit qu'Apo était seule ? Les siens sont toujours là... Les siens...


Grid... Lilou... Rexanne... Bettym... Marty... Beths... Arthur...

Elles auront compris, il faut prévenir. Cinq moulinois une bourbonnaise et une thiernoise ... Et... un cri qui s'arrache des poumons oppressés...

Eikorc !

Il est loin, trop loin, il lui faudra plusieurs jours pour arriver... Mais son âme est tournée vers son autre. Pourquoi m'arrive-t-il toujours du mal quand tu n'es pas là ? Pourquoi n'es-tu pas là pour me protéger ? Eik...

Ses doigts agrippent les draps qu'elle froisse violemment. Faut que ça se termine... Faites que ça se termine. Sa médaille de baptême brule sa peau... Aristote, pourquoi m'en veux-tu à ce point ! Pourquoi ne puis-je pas profiter d'un peu de facilité, pour une fois... Pourquoi toujours avoir mal...
Alethea
Nouveau galop, vers Moulins cette fois. Elle sait que le chevalier sera au rendez-vous mais l’angoisse monte tout de même. Apo veut aller à Varennes et la route est encore longue. Tout peut arriver et elle n’est pas avec elle. Absurde ! Que ferait-elle de plus que Legowen et Sunie ? Elle sait parfaitement que le mieux est d’amener la rousse auprès de la mère mais la solitude fait un mauvais mélange avec l’inquiétude.

Moulins enfin ! Beaucoup plus tôt que prévu, et dans la précipitation mais la familiarité des rues, faute d’être rassurante est légèrement réconfortante. Nul besoin de chercher son chemin ou de détailler les devantures, elle file directe au quartier des auberges et tavernes, démonte rapidement et commence à chercher celle qui aura accueilli la licorneuse.

Première porte poussée rapidement, un signe à la tavernière qu’elle connaît bien et qui lui pardonnera ce passage éclair et à peine poli. La porte se referme, le pas claque dans les rues encore glacées et résonne dans le silence de ce début de soirée. Seconde porte, celle des perles, toujours pas de rousse mais le même salut de convenance à Grid et Lilou et la porte qui se referme à nouveau, puis quelques pas mais... retour en arrière … Grid et Lilou… ils doivent savoir eux … Théa retourne vite aux perles …


Je cherche quelqu’un. C’est pour Apo ! Ca a commencé ! Elle est à Varennes.

Alethea sait qu’ils ne s’attendent pas à de grands discours. Qu’ils n’ont pas besoin de plus. Peut-être étaient-ils même déjà au courrant. Elle file, elle court presque vers la taverne suivante qui est un peu à l’écart. Ouvre la porte et la voit, enfin. Celle qu’elle avait croisée à Loches, qui l’avait reçue à Ryes et sur qui elle fait peser tous ses espoirs à présent. Cette femme étonnante qu’elle a osé solliciter et qui a répondu à son appel. Elle porte les couleurs de son ordre. A côté d’elle quelques affaires tenues prêtes et tandis que Théa parcourt le peu qui les sépare, déjà elle se lève. Les prunelles noires accrochées au regard vert tentent de pallier l’absence de sourire.

Chevalier, Merci ! Ca à commencé. Ma marraine doit être arrivée à Varennes à présent. Je vais vous y conduire.

La brune déjà retourne à la porte en écoutant la réponse de la rousse. Une fois sorties, Théa file vers Rixende qui est en début de rue. Elle se hisse dessus et rejoint le chevalier de Vergy qui se tient prête sur sa monture. La journée a été froide, la soirée l’est encore plus. Capes fermées, capuches remontées, les deux femmes galopent à nouveau et toujours en silence.

Et puis, au milieu de la nuit, Varennes se dessine. Elles passent le portail qui est resté ouvert. Le coche est encore sur le parvis. Mauvais signe Jacques si pointilleux aurait dû le rentrer. Le poing de Thea tambourine la porte sans discontinuer tandis qu’elle appelle l’intendant de toute ses forces :


Jacques ! Jacques !

Jusqu’à ce qu’un Jacques blafard leur ouvre enfin. Il connaît la filleule et regarde à peine la rousse, prenant les devants pour les mener jusqu’à la chambre.
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Cerridween
Auvergne...

Les yeux verts détaillent les paysages depuis qu'elle les traverse. La route n'est pas aisée, mais belle. Elle semble secrète, cette terre, qu'elle voit pour la première fois. Se cachant, vallonnée, pleines de gorges, comme pour cacher la beauté de ses secrets au détour d'un mont, au creux des vaux, des champs, des ruisseaux... le printemps éveille les alentours dont certains atours restent parés de givre ou d'une neige qui s'évanouit sous les premiers rayons plus sévères d'un astre du jour qui reprend ses droits.

Les pas lourd d'un shire noir résonnent sur les chemins boueux.
Galop.
Cavale.
De celles qu'elle aimerait si elles étaient d'agrément. Elle n'a pas regardé en arrière... il est là bas pourtant. Les ambres lui avaient parlé comme à son habitude, dans ce langage secret qui n'appartenait qu'à eux. Il est parti vers Limoges. Première séparation depuis longtemps. Elle réprime un frisson. Il lui avait demandé silencieusement de prendre soin d'elle. Elle lui avait promis à la condition qu'il fasse de même. Pas un mot de plus que ceux qui sont nécessaire.... la lettre avait été lue à ses côtés. Un regard, une question, une réponse. Conversation à demi-mots, regards échangés. Il n'y a qu'elle. C'est ainsi. Pas d'échappatoire. Chez les Licornes, c'est ainsi. Question d'honneur et de droiture. On ne brise pas les serments. C’est tout. Ça semble irréel n’est ce pas ? Juste quelques mots qui vous demandent parce qu’ils ont passés vos lèvres, d'accomplir ce que vous avez promis de faire, envers et contre tout. De faire fie de soi, de sa santé, de ses envies, de ses doutes, de ses fuites. Venir. Parce qu’on le doit. Parce qu'on a promis une aide, et qu'en faisant cette promesse on a engagé sa vie. Parce qu'on a juré de porter assistance quoi qu'il arrive. Le regard ambre du chevalier au collier d'or s'était teinté de mélancolie, pendant qu'il approchait un écritoire vers elle. Elle n'avait rien dit de plus. Il ne comprenait que trop bien. Le serment qu'elle avait fait, il l'avait fait aussi, comme celui plus particulier qui la liait à cette demande. Elle lit un instant une excuse qu'elle efface d'un petit sourire et d'un baiser dans la paume de sa main. Elle ne connaissait pas une décision de lui qui ait été injuste... et ses serments sont et resteront les siens.
La réponse serait envoyée le soir même. La main burinée et calleuse, abimée par les armes et les exercices avait écrit les mots qui se devaient d'être. Un sceau, ensuite, écu aux quintefeuilles barrés, pour achever le tout.

Au petit matin les routes s'étaient séparées. Pas de larmes, ni d'envolée lyriques. Ils n'en ont pas besoin. Ils ont la force tranquille des cœurs lourds, des âmes tourmentées goutant un repos, un moment de répit, pouvant paraitre aux yeux de certains illusoire et sans saveur, mais qui pour eux, familiers des armes, de la noirceur et du chaos est un Eden non négligeable. Une main gantée avait caressé sa joue avant que ses lèvres n'accueillent leurs adieux. Un instant d'éternité quand les sinoples s'étaient réchauffées à la lueur des deux soleils bruns... un instant avant qu'elle ne retombe dans le froid des chemins et des nuits, seule.

Silhouette noire sous la cape grise frappée licorne, la chevelure feu et léonine dissimulée sous sa grande capuche... elle épouse, ondulante, les courbes puissantes du galop d'Hadès, qui avale les lieues sans se plaindre. Harnachée comme à son habitude. Voyageant sans être accompagnée c'est la moindre des choses. Brigantine de cuir sable sur laquelle brille son collier de chevalier et bracelets assortis, ceignant ses avants bras. Épée Miséricorde à son côté senestre, battant au rythme des sabots, affichant sa garde frappée licorne avers, laissant la tête de femme cachée avers. Logé à dextre sa dague dort dans son fourreau, parée de jusquiame. Caché dans le creux de son dos, le poignard de lancer. Elle a délaissé sa canne de maitre d'arme trop encombrante pour un voyage. Sur le dos du shire posé, des fontes avec une tenue de rechange et le nécessaire pour quoi on l'a appelée. La Pivoine ne part pas se battre avec une lame. Elle ne part pas au fracas des combats, au choc des armes. Non… un autre combat, celui éternel de la vie. D’une nouvelle vie. Elle ne sait rien de ce qui l’attend. Elle n’a que des bribes d’histoires, un portrait comme une énigme. Parfois présentée comme un ange, parfois comme un démon… d’un bord différent, une histoire sinueuse. Parfois en y pensant elle croit voir la sienne. Un autre chemin d’autres engagements. Mais elle sent qu’il y a autre chose derrière le portrait. La dernière lettre avec le sceau de la dame, lui en a donné la conviction. Elle juge les hommes et les actes, non les mots… un écho de ce qu’une Pivoine fait tous les jours. Toutes les pensées sont balayées d’un geste de main qui quitte les rênes et remet en place une mèche rougeoyante qui vient se perdre devant ses yeux. Qui qu’elle soit…. Peut importe. Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure fidélité au peuple de France, pour aujourd'hui et à jamais. Que de par mon bras je défendrais veuve, orphelin, innocent, simple d'esprit, opprimé, éclopé, ou simple paysan, comme n'importe quelle autre personne de ce royaume…
Alethea, jeune fille, j’arrive.

Le voyage s’écoule dans le silence, dans le vent qui souffle et s’engouffre dans sa capuche… bercé de la cadence du galop, du souffle d’Hadès et de la nature qui se réveille. Les villes s’enchainent comme les routes…. Aurillac… Murat….. Les hauteurs des monts d’Auvergne s’effacent un peu lorsqu’elle arrive sur Clermont. Emploi du temps immuable. Arrêt dans une auberge. Soins et pansage d’Hadès, qu’elle s’applique à faire elle-même. Qui veut voyager loin ménage sa monture… et pour un chevalier, il est son premier allié, de ceux qu’on ne néglige pas. De ceux que l’on estime parce que sans lui, il n’est plus rien. Le grand shire est une partie d’elle. Ils se connaissent depuis bien longtemps et se respectent. Elle prend soin de lui, il la mène où elle veut, dans la tourmente comme sur le champ de bataille. Accord tacite. Qui ne peut être rompu, puisque sans lui elle n’est rien. Elle a besoin de son endurance pour atteindre ses buts… et celui qu’elle poursuit ne peut souffrir d’aucune erreur. Une nuit de repos, courte, après la lecture des missives qu’elle reçoit et les réponses les plus urgentes. Et à l’aube elle file pendant que la nuit s’efface, remontant sans mot dire après avoir payé son du, sur sa grande monture pour suivre le cours des chemins…

Après quelques jours encore, Moulins.
Des rues encore à découvrir. La Pivoine noire abaisse sa capuche pour mieux pouvoir observer. Elle entre dans les entrailles de la cité pour chercher le quartier des tavernes et des auberges. Elle avise une enseigne qui lui parait plus correcte que les autres, devanture bien entretenu... elle s’engouffre par la porte cochère et se retrouve dans une grande cour. Descente de cheval, récupération de ses fontes. Elle laisse cette fois le soin aux palefreniers de faire leur travail. Elle ne sait pas si elle a du temps… elle est arrivée le jour prévu. Prenant soin de préciser que sa monture doit être prête pour qu’elle puisse partir à tout instant, la rousse s’engouffre à l’intérieur. Quelques mots au tavernier. Une chambre payée d’avance dans laquelle, elle prend le temps de se rafraichir et de se changer. Un peu d’eau et de savon et une tenue identique à la précédente. Les fontes rejoignent son épaule. Grimace légère. Le rythme effréné de sa cavale a laissé des sillons dans ses muscles. Comme sur ses yeux qui commencent à reprendre une partie de cernes qu’ils avaient perdus. Encore plusieurs mois sans avoir un toit qui soit chez elle. C’est ainsi… les escaliers sont redescendus en sens inverse. Elle a à peine le temps de s’assoir et de commencer à boire un verre de vin en silence que la porte s’ouvre un peu violemment. Elle laisse apparaitre la silhouette connue de la brunette impétrante. Traits tirés et inquiétude dans les yeux qui cherchent un instant avant de tomber sur elle. Eclair de soulagement qui passe dans les prunelles couleur d’obsidienne.


Chevalier, Merci ! Ca à commencé. Ma marraine doit être arrivée à Varennes à présent. Je vais vous y conduire.


Elle avait déjà compris et s’était levée en enfilant sa cape et en reprenant ses fontes. Quelques mots au tavernier et elle suit sans rien dire de plus la jeune femme. Pas rapide vers Hadès, l’accueillant d’un hennissement. Une caresse sur le grand chanfrein barré d’une ligne blanche, quelques mots susurrés à son oreille. Les fontes se posent suivi de son corps.
Cavale de nouveau. Silencieuse. Avare de mot la rousse ? Disons qu’elle n’aime pas les mots superflus. Et si Alethea ne veut rien dire, elle ne lui arrachera rien.
Arrivée devant le domaine de la parturiente, lorsque le soleil a fini de décliner et vient de mourir à l’horizon. Les émeraudes observent à la dérobée. Enceinte de bonne taille, dans lesquelles les deux cavalières s’engouffrent. Les pas des chevaux résonnent sur les pavés d’une cour. Alethea saute au bas de sa monture et court frapper de toutes ses forces à la porte. La rousse prend le temps. Elle sait d’avance que la précipitation est mauvaise conseillère. Chemin inverse pour son corps qui arrive au sol, lui rappelant ses jambes douloureuses et des fontes encore pleines, qui retombent sur ses épaules. Les bottes ferrées claquent sur les pierres et se reproche de la porte qui s’ouvre sur un serviteur affolé, pâle comme la craie, agitant un mouchoir dont il se sert ensuite pour éponger son front. Le regard sur elle est furtif mais présent. Pas un mot encore. Elle suit Jacques puisque tel est son nom et la brune dans les escaliers. Arrivée dans une chambre… tenture représentant des combats, armes partout. Elle aurait souri la maitre d’arme si l’heure n’était pas plus grave. Sur le lit. Une forme noire et crispée. Et habillée. Même les bottes sont encore à ses pieds. A ses côtés deux jeunes femmes.

La rousse avise une table et y pose les fontes et son mantel licorne. Passant près d’Alethea, elle murmure :

De l’eau, des linges, une aiguille. Demandez aussi qu’on prépare un bouillon et un verre de vin.

Elle s’avance le visage sans expression et observe. La brune allongée a les traits tirés. Rien de bien grave pour une accouchée. Mais elle a un teint blafard, sur lequel contrastent des cernes prononcées et bleuâtres. Les joues sont creusées. Elle réprime un frisson. L’image d’une autre brune vient la hanter une seconde… non… pas maintenant… Un signe de tête vers les deux femmes présentes en guise de salue et voix qui se pose calme, malgré les deux azurs de la paturiente qui la regardent avec suspicion entre deux douleurs…

Je suis Cerridween de Vergy. Alethea m’a demandé de venir vous aider…
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Legowen
Les regards se sont croisés , gris inquiet dans un azur cerné de noir, le rendant encore plus lumineux
Le voir vaciller brusquement , un souffle court , une main qui se tend qu’elle prend dans la sienne , la sentir se crisper et enserrer la sienne de plus en plus fortement
Sa marraine s’est courbée , visage creusé , sourire en essai , Leg réalise soudain qu’il arrive , que le travail a commencé , court instant de panique vite réprimé , sa marraine va avoir besoin d’aide

Elle approuve le départ pour Varennes même si cela semble folie de faire cette route longue mais la jeune femme sera bien mieux chez elle

Soutenant son amie , un bras passé dans son dos et une main enserrant la sienne , elle la guide , aidé de Sunie et Thea , vers le carrosse , la fait assoir doucement
roule sa cape pour en faire un coussin qu’elle glisse sous les reins de la future maman , se met dans un coin du coche et fait étendre la jeune femme le plus possible


Appuies toi sur moi, là, essaye de te détendre, parait que ça fait plus mal quand on se crispe

Sunie à fait lancer le coche à toute allure , cahots, champs , forêt qui défilent , pourvu qu’une roue ne se détache pas , pourvu qu’elles arrivent à temps , pourvu que ça ne se déclenche pas , là , dans le carrosse

Elle ne quitte pas la future maman des yeux , une main qui enserre de nouveau la sienne , qui se crispe et puis sentir que la pression se fait moins forte , peu à peu , paupières fermées sur le bleu , souffle par moment irrégulier qui se fait plus calme

Leg pousse un soupir de soulagement, si Apo pouvait s’endormir , oublier un instant la douleur , avaler les lieux dans cet état de torpeur , ce n’en serait que mieux
Mais le sommeil est agité , heures qui s’égrainent peu à peu , un coche qui enfin ralentit , ce changement de rythme a pénétré la torpeur de la jeune femme et l’azur se lève de nouveau
comme une réponse à cette clarté qui nimbe d’argent le manoir

descendre du coche, doucement , suivre un intendant apparu comme par enchantement , et à petit pas, Sunie et elle soutenant leur amie , se retrouver dans la chambre , l’aider à s’étendre sur le lit

Sur une table , nécessaire de toilette , cuvette , serviette cruche pleine d’eau qu’elle a demandé en entrant et que l’intendant vient de déposer
Elle y trempe la serviette, l’ essore à peine et la pose sur le front brûlant de sa marraine , lissant les mèches de cheveux collées sur les tempes


Grid... Lilou... Rexanne... Bettym... Marty... Beths... Arthur...

Et un cri

Eikorc

Leg se penche , murmure

Ne crains rien , je vais les prévenir...je vais Le prévenir

Elle s’éloigne , laissant Sunie veiller sur elle , avise un écritoire sur une petite table , prend place , plume , parchemin

Elle lui écrit en premier , sait que si une présence est nécessaire à sa marraine , c’est bien la sienne


Citation:
Messire Eikorc

J’aurais souhaité vous faire parvenir nouvelles plus gais que celles-ci mais malheureusement je ne peux que vous faire part de mon inquiétude pour ma chère marraine, pour Apolonie

nous avons du quitter précipitamment la messe d’enterrement du Vicomte Alayn de Viverols , la venue du bébé s’annonçant
Nous sommes maintenant à Varennes où nous avons pu conduire Apolonie , elle vous réclame

Je vous avoue que son état me préoccupe, elle s’agite , état normal pour un premier accouchement mais elle est brûlante de fièvre , et est épuisée avec toutes les occupations qu’elle a tenu à honorer malgré sa grossesse et malgré nos conseils . Vous la connaissez et savez comme nous , son entêtement et son désir de s’investir pour les autres

J’espère que ce courrier vous sera transmis au plus vite , pour que vous puissiez nous rejoindre , Apo a besoin de votre présence

Legowen de Nivrim


D’autres courriers suivent

Pour leurs amis , Marty , Beths , Lilou , Grid , Rexanne , Arthur , pour qu’ils sachent qu’elles sont à Varennes , que la venue du bébé est maintenant imminente et qu’Apo les réclame


Lettres scellées , Leg appelle l’intendant et lui confie les courriers

Je compte sur vous pour qu’ils soient remis au plus vite aux destinataires

Puis la jeune femme s’approche de nouveau du lit , rejoignant Sunie , des pas dans le couloir , porte qui s’ouvre , une jeune femme qui entre suivie d’Alethea , l’épée à son côté , le fourreau d’un poignard , l’allure de l’arrivante signe la combattante plus que la médicastre mais Leg sait que ce n’est pas incompatible , loin de là

Les paroles murmurées d’une vois calme à Alethea la confortent en ce sens , un salut , une présentation à laquelle elle répond

Je suis Legowen de Nivrim , amie et filleule d’Apolonie et voici Dame Sunie , son écuyère … je suis soulagée de votre venue , que pouvons nous faire pour vous être utiles ?


_________________
Apolonie
Doux réconfort de la fraicheur sur front brulant. Jacques a beau la trouver insupportable, il n'en reste pas moins dévoué à sa si atypique maitresse. Legowen s'éloigne jusqu'à l'écritoire. Elle va prévenir. Soulagement pour une brunette qui ne veut pas vivre ce moment seule...

Apolonie ou la solitude entourée. Un caractère et un parcours détonants dans ce royaume où l'on est souvent noir ou blanc et où la nuance ne s'imagine pas. Derrière l'azur légèrement fiévreux, les pensées vont et viennent sans que personne ne sache vraiment ce qu'elles sont... A part Eik, qui la devine depuis qu'ils se sont trouvés, qui lit en elle comme dans un livre ouvert, comme elle peut tout savoir de lui en un regard...

Et tandis que Legowen est plongée sur l'écritoire, c'est Sunie qui la rafraichit. Leg... Les souvenirs avec la jeune femme se comptent par milliers. Quinze jours d'écart, deux petites semaines seulement qui séparaient leurs arrivées à Bourbon. Les prunelles grises de sa première filleule en auront vu beaucoup... Elle aussi aura connu les affres du deuil, et de l'absence. Pourtant, elle mérite le meilleur... Peu savent combien elles sont proches ces deux-là. Alors qu'ils imaginent un lien politique avec la Source, c'est plutot deux soeurs qu'ils ont en face d'eux. Leur parcours elles l'auront construit ensemble. Voies différentes, convictions semblables.

Soupir et crispation.

Le ventre se tend une nouvelle fois. Les entrailles semblent se déchirer, elle retient un cri, serre les dents. Presse la menotte d'une écuyère si fort qu'elle craint entendre un craquement... La Sentinelle ne mesure pas sa force, reste à espérer que Sunie est résistante. Et puis la vague retrouve une mer calme jusqu'à la prochaine contraction. Brunette toujours surprise de la présence sans faille de la demoiselle de la forêt. Apolonie n'a jamais compris pourquoi on pourrait avoir envie de la suivre... Peut-être sert-elle de porte-bonheur, attirant sur elle tous les malheurs de la création... Lueur reconnaissante dans l'iris azuré alors que la pression sur la main se fait moins douloureuse pour la pauvre écuyère.

Un bruit. Dans le couloir. Qui résonne comme un écho. Bottes ferrées sur la pierre. Sentinelle qui reconnaitrait ce son n'importe où, c'est celui qu'elle produit elle-même en parcourant les corridors des différentes institutions qu’elle fréquente. Froncement de sourcils à la fois surpris et perplexe. Aucune des personnes présentes ou attendues n’est suffisamment combattante pour porter ainsi bottes améliorées.

A peine de le temps de se poser la question, l’instinct de la guerrière accentué par un instinct maternel tout animal, protéger l’orphelin à naître, la main glisse jusqu’à la dague. Ridicule, sans doute, parce que Sunie l’écuyère, et Leg la maréchale sauraient la défendre et ne laisserait surement pas approcher un danger. Mais que voulez-vous, quand on a pillé, torturé, enlevé, défendu, combattu pendant des mois, quand on s’est faite agresser il y a à peine quelques jours, il est des gestes contre lesquels on ne peut rien.

Alethea… Elle est là. Elle est arrivée. Le noyau dur se forme petit à petit autour d’Apo. De toutes ses pérégrinations, de toutes les routes qu’elle a empruntées, des rencontres qu’elle a pu faire, au final, les auvergnats seront toujours les plus proches. Thea, la moulinoise d’adoption… Sa filleule, sa protégée, son amie… Partie et revenue. Accompagnée.

Se redresser.
Récupérer prestance.

Parce que la femme qui entre maintenant, Apolonie la reconnait sans la connaitre. L’azur observateur a détaillé la silhouette et s’emploie maintenant à noter des détails. Vêtue de noire, chevelure flamboyante qui aurait plus d’éclat encore si elle n’était maltraitée par les voyages, l’usure des bottes malgré le fer, l’épée ceinte à la garde ouvragée, la dague, la cape dont elle ne peut que deviner la facture, le visage mince, et le corps musculeux. Ce qu’elle ne voit pas sur la cape, brille sur la brigantine qu’elle arbore. Un collier, un chevalier. Une combattante. On reconnait les siens, et pour Apolonie, se trouver allongée sur ce lit, barrique aux traits creusés, c’est se sentir terriblement inférieure. Azur paré de suspicion alors qu’elle termine son observation en tentant d’asseoir une contenance.



Je suis Cerridween de Vergy. Alethea m’a demandé de venir vous aider…

Legowen, revenue à ses côtés se présente à l’étrangère. Ce qui laisse le temps à Apolonie de réfléchir à ce nom qu’elle a entendu, dans une taverne limousine, il y a ce qui lui semble des lustres. Quand elle était jeune mariée, alors heureuse, elle allait chercher son colosse de frère et que la vie semblait ouvrir devant elle une route pavée d’espoir et de promesses. Vergy… Guilhem de Vergy. Ryes, il s’y rendait, transmettre un message au cas où Louis faillirait… Licorne. Sa tante au Haut Conseil… Le collier, le nom. Pas n’importe quel chevalier. Que faisait-elle là ? Alethea ? Interrogation muette de la pupille vers la filleule… Un médicastre bien, mais un chevalier licorne ? Elle accouche, elle part pas en guerre…

Mais la politesse réclame une réponse. Oui, Apolonie est polie. Diplomate la demoiselle, même si on aurait tendance à l’oublier ces derniers temps… Fatigue, épuisement, prises de tête et voyages, en fin de grossesse, ce n’est pas tellement recommandé pour afficher minois avenant…


Je suis Apolonie de Nerra, mais vous devez déjà le savoir, Chevalier. En quoi pouvez-vous donc m’aider ?

La fin de la phrase se noie dans une contraction plus douloureuse que la précédente. Douleur qui arrache les tripes, qui broie le peu d’allure qu’elle avait tenté en vain de récupérer. Les ongles pénètrent les paumes calleuses, le visage se tord mais là encore elle retient le cri, surtout devant la Rousse. Fière, trop fière… Pourquoi avoir accepté de garder le môme… Qu’il sorte, qu’il SORTE !
Sunie
Le coche, avance a vive allure, Varennes n’est plus très loin, Sunie passe la tête par la fenêtre et donne ordres au coché de faire un peu plus attention, les trait d’Apo se crispent de douleur, Sunie essaie d’installer Apo sur le côté qu’elle puisse mieux respirer, dessous ce ventre elle cale un coussin qu’elle avait disposé en prévention dans le coche, il amortira quelque peu la douleur des secousses…. En posant ses mains a plat sur cet énorme ventre, elle le sent tellement lourd et dur, déformé… l’gamin veut sortir, Apo va enfin l’lâche, les traits de Sunie ce durcissent, la mâchoire s’crispe, elle fait signe a Leg de la maintenir et escalade la porte du coche qui file a vive allure dans la nuit tombante pour prendre la place du coche, d’autorité elle saisie les rênes, et les fait claquer sur les chevaux, évitant de faire des embardées….

Varennes se dessine au loin, portail passé, arrivée fracassante au domaine, Sunie saute a terre et ouvre la porte au plus vite, apercevant au coin de l’œil un jacques tout paniqué de cette arrivée…. Apo est emmener a l’intérieur, installé en attendant Thea…
* P’tin bouge toi*. Pense t’elle
Apo hurle des noms, Sunie les connait tous, ce sont les proches, les siens… eux..et puis un autre hurlement encore plus fort


Eikorc !

Ce nom…. Son autre…Comme rugi dans un dernier souffle de vie, les frissons parcours l’échine de la jeune écuyère…il est loin, faut qu’il arrive a temps, regard adressé a Leg qui se saisie de parchemins et écrit missives, Sunie qui rafraichit Apo… elle reste prés d’elle, murmures de mots qu’elle souhaite rassurant *Il arrive, il est averti…il arrive* Sunie s’perd dans ses pensées, se remémore tout ce qui c’est passé ses dernières semaines, cette fatigue et cet accablement qui faisait peu a peu disparaitre, le sourire d’Apo, elle fronce les sourcisl, faut qu’ce gosse sorte après tout ira mieux… enfin Sunie l’espère, perdre Apo… c’est pour elle devenir une nouvelle fois orpheline, elle a donné toute sa confiance a cette « Dame », elle se ressemblent, ce lien qui c’est tissé, ces comportements qu’elles ont a veiller l’une sur l’autre, et puis Théa… Leg ses filleuls, elles sont là prés d’elle, ne failliront pas, la soutenir, comme Apo la toujours fait pour elles, …

Sunie cherche sur le visage marqué d’Apo une once de signe qui pourrait lui faire voir qu’elle se bat dans la douleur…. Oui elle le fera, tant qu’elle peut elle le fera, Sunie en es sûr, tant que son autre n’es pas là… Sunie lui en veut pourquoi mettre autant de temps pour revenir…. Son regard ne lâche pas Apo, elle guette le moindre signe de cette femme habituellement si forte …celle qui a sue la convaincre qu’elle était a présent assez grande, qu’elle devait s’assagir, qui la faite entrer a la Source… chez les Sentinelles… dompter ce coté sombre qu’avait Sunie… pour lui faire entrevoir…. Soupire, elle passe le linge sur le visage d’Apo… comme une douce caresse… la rassurer mais qu’est ce qui peut la rassurer, elle semble fatiguée, a bout, pleine de rage, toute ces expressions passe sur le visage de la Vicomtesse…

Azur dans l’azur, r’gard qui s’croise, qui s’plonge l’un dans l’autre, mains qui s’serre, elle essaie d’prendre un peu d’douleur de son amie, d’sa proche, car Sunie ne se sent pas simplement écuyère… non Apo c’est Apo…Sunie ne donne pas confiance a tout l’monde, elle est rebelle, toujours sur la défensive, peu la comprennent, elle est d’ailleurs surnommé par beaucoup la mystérieuse, la sale gosse et pourtant Apo a sue. ..Voir en elle…

La porte s’ouvre et enfin, elle aperçoit celle qui lui est présenté comme celle qui aidera Apo à être délivré, oui une délivrance…. C’est bien le mot qui convient… signe de tête en guise de réponse a son salue, nez qui s’plisse alors qu’elle sent Apo enfoncer ses ongles dans la chair de sa main…forte pression, serrement d’machoir, la douleur reprends…plus proche cette fois, ça deviens imminent… Sunie est inquiète, le teint d’Apo n’est pas comme a l’accoutumé…et pourtant elle en a vue des femmes sur le point de délivrer leur enfant… ne pas s’inquiéter…. Et pourtant Sunie sait qu’elle a tellement donné, sans compter… ses derniers temps pour le duché… l’regard azur de Sunie d’vient sombre… pas y penser pas maintenant, qu’Apo soit libéré, qu’Apo reste vivante… qu’elle retrouve son Apo comme elle l’a toujours connue…. Ouïe qui s’tend pour savoir qui arrive… qu’il fasse vite…. Elle restera prés d’Apo le temps qu’il faudra, sur l’qui-vive quand même un coup est vite partie…. subissant sans broncher les douleurs et les sauts de douleur que son amie lui fera subir, et qui ne sont rien en rapport à la douleur de … la perdre… Sunie se refuse d’y penser… se sentir orpheline ça non… pas encore une fois…

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~~~~~~~~Mon Ame a son secret, Ma vie a son Mystère~~~~~~~
Cuyère en Deuil d'Apolonie....
Arthurdayne
A bride abattue, dit-on. Etonnante expression, finalement. Pourquoi abattue? Mais tu divagues, Arthur... Est-ce que c'est vraiment le moment de penser à la poésie sauvage des expressions populaires?

Secouant la tête pour remettre de l'ordre dans ses esprits, Arhur talonna une nouvelle fois sa pauvre monture qui ne pouvait pourtant que difficilement encore augmenter la cadence infernale que son cavalier lui faisait mener. Le martèlement furieux des sabots soulevait des nuées poussiéreuses qui venaient s'insinuer entre les lèvres ou sous les paupières d'Arthur, mais diable, c'était bien le dernier de ses soucis. Et dire qu'il n'était même pas sûr d'être sur la bonne route. Il n'avait jamais mis les pieds à Varennes, et avait à peine surpris ce nom là dans la mêlée de tout à l'heure, sur le parvis de l'église.

D'ailleurs, avait-il bien entendu Varennes? Diable de diable de... Ses yeux s'ouvrirent soudain. Là bas, un chariot, mené par un paysan. Arthur tira sur les rênes à hauteur du villageois apeuré. Il devait avoir drôle d'allure, le maire de Moulins, trempé de sueur, son baluchon jeté sur l'épaule, les cheveux maculés de poussière et sa tête des mauvais jours.

Bonjour l'ami. Je suis bien sur la route de Varennes?

Varennes? Pour sûr qu'non. Varennes, c'est par l'aut' colline, là bas, qu'est derrière vous. Même que j'y ai vu une chariotte qui détalait aussi vite qu'vous et vot'bestiau, qu'on aurait que l'diab' leur collait aux braies.

Diable de diable de... Merci l'ami.


Demi tour, nouveau galop furieux, et Arthur repartait d'où il venait, dans la direction indiquée par le paysan. Encore du temps perdu... Mais au moins, il savait qu'il allait au bon endroit. Il chevauchait déjà depuis plusieurs heures, et il lui fallu encore ce qui lui semblait être une éternité avant qu'enfin la silhouette massive d'une demeure qui ressemblait fort à celle qu'on lui avait décrite ne naisse sous ses yeux.

Arrivé devant les portes, il ne prit pas le temps de ralentir sa course. Priant pour qu'il ne soit pas trop tard, il bondit de sa monture, son pied se prit dans une foutue lanière probablement inutile, et il alla bouler dans l'herbe un peu plus loin. Il se releva en maugréant. Le cheval broutait tranquillement, désormais, et leva vaguement la tête pour le regarder.

Tu vaux pas mieux qu'un crapaud de ma connaissance...

Le temps de grogner après sa monture, un homme à cheval arriva à sa hauteur. Il sortait du château, et portait ce qui ressemblait à une liasse de courrier.

Je suis Arthur Dayne, je viens... Qu'est-ce qu'il venait faire, au fait? Aider? Il serait bien inutile... Soutenir Apo? Il n 'était même pas sûr qu'il pourrait la voir. Je viens m'enquérir de l'état de santé d'Apolonie.

L'homme s'avéra être l'intendant du château, et il avait un courrier pour lui. Arthur le survola. Il était signé de la main de dame Legowen, résumait la situation et précisait qu'Apo l'avait réclamé. Lui? Diable... Sa présence lui parut finalement moins incongrue qu'il ne l'avait cru.

Il remercia l'intendant, qui fila transmettre les autres courriers. Il confia son cheval à un autre homme venu à sa rencontre, qui s'avéra être le Jacques dont Apo lui avait parlé, et qui le conduisit jusque devant une porte. Derrière elle, la salle où Apo souffrait mille douleurs pour donner la vie. Arthur se retrouva devant cette foutue planche de bois, à se demander encore une fois pourquoi diable il était venu jusqu'ici. Ce n'était pas sa place. Mais pourtant, Apo l'avait réclamé...

Devait-il entrer? Les hommes étaient rarement les bienvenus dans ce genre de situation, il était bien placé pour le savoir. Et en piteux état comme il l'était, après une longue chevauchée et une roulade finale qui lui avait valu quelques bleus, il doutait fort être bien accueilli. Après quelques hésitations, il choisit de rester dans le couloir. Si les cris qu'il devinait derrière la porte redoublaient d'intensité, il aviserait. Et si d'autres personnes arrivaient, peut-être qu'elles sauront quoi faire. Il s'assit, adossé au mur, sortit de son baluchon son couteau et son morceau de bois, et reprit ses gestes habituels pour tromper son angoisse.
Grid
Une journée comme une autre de prime abord, calme, sans surprise, hivernale... La tempête passée dans le village il y a quelques jours y est surement pour beaucoup ; attaque matinal par un groupe de mercenaires impitoyables... Le tavernier n'en est pas ressorti indemne, et pour la première fois, il a senti sa mort proche. Pour la première fois, il s'est rendu compte qu'il était faible, impuissant. La douleur physique ressentie avait été atroce, aussi soudaine qu'insoutenable pour lui... Et maintenant que celle-ci est largement atténuée, c'est le mental qui est torturé. Échapper aux griffes de la mort a été une expérience quelque peu traumatisante pour lui... Se rendre compte que sa vie ne tient à presque rien, qu'elle est si facilement supprimable... Se dire qu'il en est de même pour tous ses proches, si aguerris soient-ils. Tant de pensées qui ne l'avaient même pas effleurées encore, ou presque. Maintenant, il voit les choses de manière toute autre.

Quoi qu'il en soit, le moulinois s'efforce de garder au maximum ses anciennes habitudes. Même si le service en taverne est devenu laborieux et maladroit voire même douloureux, et que certaines conversations légères sont maintenant devenus insignifiantes pour lui, il tente de ne pas paraitre trop affecté aux yeux de ceux qui l'entourent. Vaine tentative pour garder un minimum de dignité ? Simple manière de reprendre le dessus ? Allez savoir... En tout cas, sa belle Lilou l'aide au mieux à surmonter cette épreuve. Soutien ô combien indispensable pour lui.

La journée s'avance au rythme des chopes qui finissent en mille morceaux sur le sol du fait d'une douleur inattendue lui traversant la jambe. Finalement, préférer laisser s'envoler ses pensées dans un coin de la taverne, s'isoler un peu, méditer. Les méninges travaillent sur un moyen de rendre sa vie et celle des siens plus difficile à anéantir. La réponse est assurément évidente... Mais l'humeur morose pousse le jeune homme à rechercher autre chose de moins simple, de plus posé peut-être... Si tant est que se soit possible.

C'est alors que la voix de Lilou le sort de sa torpeur. L'esprit se reconnecte à la réalité tandis que le regard se porte sur elle, missive en main, visiblement anxieuse. Elle lui explique plus ou moins calmement qu'il s'agit d'une lettre de Legowen... Apo va mal. Déjà par trois fois une telle nouvelle lui ait parvenue... Mais le choc est toujours aussi rude, aussi douloureux. Sa plus chère amie souffrante et qui le demande... L'humeur sombre du tavernier amplifie l'information, la déformant peut-être un peu au passage. Déjà il envisage le pire, et son visage le montre surement. Un seul regard échangé avec son aimée, aucun mot mais ils se comprennent.
Le départ pour Varennes est imminent.

Commence alors une préparation précipitée pendant laquelle Alethea vient confirmer en personne la lettre de Legowen, attisant ainsi une inquiétude déjà considérable du moulinois... Sa hâte n'en est donc que plus conséquente. Équipé d'une simple gourde et paré de sa cape de voyage ainsi que d'un simple bâton légèrement taillé lui servant de canne, le voilà prêt pour une folle chevauchée vers sa meilleure amie. 'Fin presque, manque plus que l'canasson à chevaucher... Rapide concertation avec Lilou... Bettym étant absente, une solution leur apparait. En "emprunter" deux à l'écurie ? Pourquoi pas... Pour le tavernier, il semble que ce soit la manière la plus rapide d'atteindre Varennes. Et être rapide, c'est tout ce qu'il souhaite.

Ainsi donc, le couple prend précipitamment la direction des écuries moulinoises. Petite stratégie élaborée pendant le trajet et la brunette part devant, la course "tri-jambiste" du tavernier ralentissant considérablement son allure. Il faut être efficace, ne pas perdre de temps inutilement. Faire abstraction de la douleur naissance au niveau de son mollet. Ouf... La destination est en vue.

Lilou est surement déjà en place... Lui reste plus qu'à faire sa part du travail. Il avance, frappant avec force le sol pavé avec sa canne en entrant, les regards des personnes présentes se portent sur lui. Bon début.
Fixer un garçon d'écurie et se diriger vers lui...


Eh petit ! Amène moi donc ma monture ! Je l'ai laissée ici hier soir !

Il parle d'une voix forte, surement trop, mais l'attention générale est tournée vers lui, tout à l'air de bien se dérouler, le moment est venu.
La canne glisse alors sur le sol humide, légèrement aidée surement, et une lourde chute s'en suit.


Ouch !

Pour être crédible, il a du réellement se laisser tomber aucune comédie à ce moment donc... Et autour de lui ça se précipite pour venir l'aider. Parfait.

Tout va bien M'sieur ?! Rien de casser ?!

C'est maintenant qu'il faut tromper, en rajouter afin de gagner du temps pour que sa belle puisse subtiliser deux canassons pour prendre la route...

Purée ! Ma jambe ! Z'auriez pas pu nettoyer ça un peu mieux ?! Pas vrai ça !

Ton ronchon, grimace de circonstance et regard assassin vers les pseudo-responsables, tout à l'air de fonctionner. Remise à la station debout assistée mais volontairement laborieuse... Des excuses sont balbutiées de la bouche des jeunes gaillards avant que l'estropié ne se décide enfin à filer, visiblement énervé, bredouillant quelques injures. Dans sa marche vers l'extérieur, il reprend tout son sérieux, son inquiétude ne l'a pas quitté un seul instant depuis tout à l'heure. Le pas s'accélère.

Dehors, Lilou est déjà en selle et prête au départ, lui n'hésite même pas un seul instant a grimper rapidement sur la bestiole qui lui servira de monture, même si sa jambe le ralenti, encore une fois. A peine le temps de grogner que le tavernier s'élance à toute allure dans un galop plus ou moins contrôlé... Suivi de près par sa belle. Ses compétence en matière d'équitation n'étant pas spécialement très développées, il se concentre au mieux pour appliquer ce qu'on lui a appris par le passé. Pas vraiment évident avec la crainte qui l'habite. Surtout que sa jambe le fait une nouvelle fois souffrir. Mais il doit tenir bon pour maintenir l'allure, car cette fois, il veut pouvoir la soutenir, être auprès d'elle. Apo... L'angoisse de la perdre un jour le terrorise. Plusieurs fois il lui a dit déjà. Et c'est pour ça qu'il ne ralentit pas, même si la douleur augmente lentement avec le temps. Il ne ralentira pas.

Le paysage défile a une vitesse relativement importante au rythme des claquements de sabots sur le sol, de même pour l'astre solaire qui disparait peu à peu de l'horizon. Quelques brèves pauses pour permettre au groupe de se désaltérer ponctuent cette course effrénée. Heureusement, Lilou a choisi de bonnes bêtes, endurantes et rapides. Et c'est bien plus rapidement qu'il ne le pensait que le pseudo-cavalier aperçoit le domaine d'arrivée, éclairé des dernières lumières du crépuscule.

Le couple pénètre alors dans sur une terre méconnue. Apo étant toujours sur les routes, ils n'ont encore jamais eu l'occasion encore de fouler ces terres. A peine descendus de leur monture qu'un certain Jacques se pointe pour leur indiquer le chemin. Ce dernier est pâle, semble lui aussi perturbé... Rien de tel pour renforcé son angoisse. Et c'est en arrivant devant la porte que celle-ci atteint son paroxysme, en lui, tout le pousse à entrer, mais un bras le retient, fermement. Il serait en effet indécent de déranger un accouchement... Mais il ne le réalise pas tout de suite. Son esprit perturbé ne le fait plus agir raisonnablement, et nerveusement, il se met à tambouriner la porte de son poing.


Apo !! Apo, tu vas bien ?!!

Que se passe t-il de l'autre côté ? Comment va t-elle ? Il ne peut plus rester dans l'incertitude... Il n'y arrive pas. Et cette douleur lancinante qui ne le quitte pas... Une tâche rouge s'est formée depuis un moment déjà au niveau de son mollet. Peut-être que les sutures ont lâchées, il s'en moque...
Beths
Carrosse qui roulait à toute vitesse, ordres avaient été donnés en ce sens, faisant rebondir et grimacer ses occupants à chaque crevasse boueuse de la route en mauvais état entre Montbrisson et les terres de Varennes à proximité de Moulins. Leur cher Bourbonnais Auvergne n’était pas pour voyager en coche, malheureusement ni Marty, ni Beths n’étaient en état de voyager sur le dos de leur chevaux.

Le Duc de Billy et sa promise avaient quitté l’église de Montbrisson, en plein milieu de la cérémonie organisée pour les funérailles d’Alayn, celui qui avait fait de son ami une Vicomtesse, celui qu’aujourd’hui Apo pleurait, celui qui aurait du être père ce jour si le sort n’en avait pas décidé autrement. Et c’était bien pour cette raison que le couple improbable avait quitté les lieux sous des regards courroucés. Qu’importait-il plus les vivants ou les morts ? Car son amie avait surement besoin de présences, d’être entourée en cette journée où elle enterrait celui dont elle allait mettre au monde l’enfant, elle avait surement besoin d’épaules sur lesquelles s’appuyer … A cette idée la jeune femme grimaça, question épaule, elle ne pourrait aider, elle en avait déjà une fort mal en point constata-t-elle en portant les yeux sur le bandage.
Et puis fermant les yeux, sa main cherchant inconsciemment sa médaille de baptême qui ne l’avait pas quittée depuis que l’abbesse Monicaa la lui avait passée autours du cou, ses pensées se tendirent vers Aristote, comme elle l’avait promis.

Oh Aristote, accueil auprès de toi ton disciple Alayn dans le respect et la mansuétude. Apporte paix et répit à sa Dame mère notre rectrice, et … apporte également sérénité et apaisement à mon amie Apo …

Beths était lucide, elle souhaitait de tout son cœur et toute son âme que son amie connaisse de nouveau bonheur, béatitude et tranquillité. Peut-être que le plaisir de porter son enfant en ses bras ? Le voir grandir, l’aimer … la réconforterait ?
Jetant un œil à celui qui l’accompagnait sur le long trajet, la jeune femme remarqua l’inquiétude qui se lisait sur ses traits. L’inquiétude et la tristesse. Beths ne savait que faire, et n’oser le perturber, elle se doutait qu’il devait penser à la perte des êtres qu’il avait chéri … La jeune femme porta alors son regard vers l’extérieur par la sorte de lucarne que possédait le carrosse, la nuit était tombée, ils ne devaient plus être bien loin.

Ce que la jeune femme ne sut pas c’est qu’en chemin ils croisèrent moult messagers qui étaient partis depuis Varennes pour porter différentes missives écrites de la main de sa marraine. Des missives inquiètes, Apo n’allait pas bien, ils devaient venir … ceux qu’elle avait réclamés …

Varennes enfin ! Descendant immédiatement du carrosse, un Duc boitillant et une Beths dont l’épaule était enrubannée, ils se pressaient l’un comme l’autre pour savoir comment allait Apo. Un serviteur fatigué et inquiet leur ouvrit. Beths lut un mauvais présage dans ce regard, il se passait quelque chose. L’homme, Jacques puisque tel était son nom sembla brusquement soulagé et rassuré de voir arriver le suzerain, et d’un pas fort alerte pour son âge, d’un pas bien trop rapide pour la blessure de Marty, ils se hâtèrent dans les escaliers, dédales de couloirs, une jeune servante qui courrait avec du linge propre dans les bras les dépassèrent. Ainsi l’enfant n’était point encore né. Se pressant encore, ils arrivèrent jusqu’à un couloir où un couple se tenait devant une porte. Un couple et à l’écart … un homme qu’elle avait déjà du croiser à Moulins … mais dont le nom lui échappait si tant était qu’elle l’avait connu


Lilou ? Grid ? Mais que … faites vous là ?


Cette fois Beths était anxieuse. Grid, lui montra la missive qu’il tenait à la main, un mot de Leg, sa marraine. Apo les demandait, Apo … Apo qui devait se sentir bien seule et souhaitait combler l’absence du père par des amis, oui mais, n’était-ce que cela ? Et l’homme, le moulinois, qui lui montra même lettre, signée de Leg toujours, mais … qui lui était destiné à lui, Arthur Dayne … Jacques à cet instant reparti vers l’entrée du château comprenant sans doute que d’autres arriveraient ?

Regardant les moulinois, elle remarqua que Grid était blessé à la jambe … lui aussi. Mais qu’était donc devenu ce monde où chacun se battait, chacun luttait pour sa vie, et où les blessures pleuvaient ? Trois éclopés sur les quatre présents … pauvre Auvergne qui veillait sur ses habitants les laissant en vie, tout en buvant leur sang qui avait jailli des plaies allant se noyer dans la terre fertile …
Passant devant Grid, le poussant légèrement pour se placer devant la porte le regardant, elle mit sa main sur la poignée, et les regarda tous les quatre, Lilou, Grid, Arthur


Si elle a demandé à vous avoir près d’elle ce n’est pas pour rester les bras ballant derrière une porte. Tant pis pour les principes et pour le protocole, si Apo veut, elle aura, et accouchement ou non, vous serez près d’elle, tout comme son suzerain et moi

Une voix, une volonté, une force tranquille, la prévost royal avait parlé et elle poussa la porte. Le spectacle qui s’offrit alors à eux était des plus étonnants. D’un coup d’œil embrassant la scène Beths remarqua cinq femmes. Une belle rousse qu’elle ne connaissait point en train d’attraper les linges que lui tendait la servante qui les avait dépassés, Marty et elle, quelques instant auparavant dans les escaliers, Legowen qui était au bord du lit, Sunie un linge humide dans sa main droite, main et linge qui se tenait sur le front d’Apo … Apo moitié allongée, moitié assise, des cernes immenses, sous les yeux, des perles de sueurs sur la tempe et dans le cou, qui souffrait mille mort et dont le ventre et le visage étaient tendus à l’extrême, allait bientôt donner vie.
Beths n’avait jamais été très douée pour les accouchements, mais elle avait eu la joie et le bonheur d’assister à quelques uns d’entre eux. La jeune femme s’approcha alors de son amie


Apo, nous sommes là. Tu n’es pas seule, nous sommes avec toi et nous fêterons ensemble l’arrivée de ton enfant. Courage ma fière Auvergnate, courage ma belle, courage mon amie.

La thiernoise posa alors une main fraiche sur la joue de son amie, puis se tournant vers Leg, elle lui demanda discrètement

Dis marraine, tu es bien médicastre ? Non parce qu’il vaut mieux lors d’un enfantement qu’un médicastre soit là, non ?

Etre présents, être autours de la future maman et qu’importaient les convenances, ou le que dira-t-on. Qu’elle ne se sente pas seule, qu’elle oublie l’absence de celui … responsable de son état, l’absence de celui qu’elle avait aimé et donc la plus belle preuve ne demandait qu’à voir le jour.
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Thelilou
Fraicheur d’une fin d’hiver adoucit par un printemps bourgeonnant. Corps qui tremblent faisant place aux frissons parcourant l’échine… Temps qui s’écoule et saisons qui défilent… La vie se déroule, suivant son cours… Et pourtant, certains s’arrêtent, laissant derrière eux famille, amis, chagrin et passé, tandis que d’autres continuent, comme ils peuvent, se préparant à affronter le futur, le cœur lourd. Pensées dirigées vers une amie qui voit la vie s’arrêter à côté d’elle, et non pour la première fois. Qui, en ce moment même, affronte la douleur et la colère de la perte d’un être aimé, que l’on ne peut éviter, espérant seulement que le temps l’atténue.
Lilou était réfugiée dans un silence inquiétant, blottie contre l’homme qu’elle aime, se demandant quels mots pourraient être plus utiles que sa présence, ne trouvant d’autres réponses que de resserrer son étreinte sur lui. Elle ne trouvait pas de mots pour apaiser les craintes de Grid, et choisit de se taire, à défaut d’autre chose. Les Perles étaient une nouvelle fois le théâtre d’événements auxquels on ne peut rien. Le calme ambiant, apaisant et pourtant oppressant pour une taverne ne demandait qu’à être troublé. Malgré cela, ils étaient là, comme à leur habitude. Pensées perdues dans des recoins d’inquiétudes, chacun là pour l’autre, présence indispensable.

Trouble qui surgit, nouvelle péripétie… Un messager à tête inconnu mais à blason familier qui fait irruption… Apo… Elle les réclame. Inquiétude gagnant Lilou un peu plus vite à chaque ligne. Battements de cœur incontrôlés, annonce faite avec le plus de tact possible. La belle ne réclamerait sûrement pas leur présence pour un rien, et même si la tavernière se garda bien de le dire, elle savait parfaitement que Grid le noterait sans un mot. La décision ne fut pas longue à prendre, l’échange d’un regard suffit. Pas le temps de poser l’esquisse d’une action qu’un nouveau personnage entre en scène derrière une porte qui grince… Si c’est un client, la politesse sera mis-à l’écart. Sourcils qui se froncent alors qu’une mine connue se dessine dans l’entrebâillement naissant. Visage crispé sous un air inquiet, Théa qui confirme ce que la missive annonçait. Hochements de tête et la voilà déjà repartie, laissant un couple sur le départ.

Mais, le tout aurait été bien trop facile si le domaine de Varennes était la porte à côté. Et, des deux protagonistes, ni l’un ni l’autre ne possède de monture… Soit, à un problème comme celui-ci et en pareilles circonstances, il suffit d’emprunter. Une lanière de cuir avait été nouée autour des cheveux de Lilou, et comme il est bien connue que la robe est le meilleur vêtement pour monter à cheval, des braies enfilées… Pas feutrés et destination précise, Lilou se glissa derrière l’écurie, telle une enfant s’apprêtant à voler des sucreries sur l’étale d’un marchand, et dont le cœur battrait la chamade. Inutile de pénétrer à l’intérieur, le trajet allait être long, il leur fallait des montures sellées et ferrées… Et si des chevaux avaient été préparés au voyage pour leurs propriétaires, ils seraient derrière, comme à chaque fois. Arrivée près des montures le plus discrètement possible, ce qui n’est pas vraiment une bonne chose. Un canasson prit par surprise n’est ni silencieux, ni en confiance. Le choix fut donc porté sur une arrivée signalée par de petits claquements de langues… Trois chevaux se situaient là. Enfin, trois avant le passage d’une brunette… Son rôle à elle était simple, encore fallait-il que son complice attire bel et bien l’attention de toute l’écurie. Il n’empêche que quelques secondes plus tard, elle était en selle au lieu de rendez vous donné, sans que quiconque l’ait intercepté.

Son étalon semblait nerveux. Odeur inconnue sur lui, et confiance inexistante. Le seul canasson que Lilou avait eu à la ferme durant son enfance faisait sa fierté à l’époque, malgré sa vieillesse et son allure bancale. Mais il était docile et habitué à ce que la jeune le monte. Souvenirs nostalgiques qui n’ont rien à faire ici, et idées qui se remettent en place. L’animal sur lequel elle était semblait tout autre, et un brin de nervosité s’était glissé jusqu’au ventre de la jeune femme. Le choix du cheval aurait pu donc apparaitre comme une erreur, et pourtant, il était réfléchit. La jument que Lilou avait ramenée semblait de nature calme. Elle serait plus docile et plus facile à monter que le mâle. Elle la laisserait donc à Grid… Lorsque celui-ci la rejoint quelques instants plus tard, Lilou cacha comme elle pu son inquiétude. Il n’avait jamais été très à l’aise sur un cheval, chose qui n’avait pas échappée à une certaine Duchesse qui, à l’époque, le lui rendait bien. Mais, aujourd’hui, en plus de cela… Il était blessé. Echange de regard du couple, soulagement d’avoir trouvé une monture. Les remords dû à leurs actes seraient pour plus tard. Grimace dissimulée de la brunette lorsque Grid grimpe sur la jument, douleur lisible sur son visage. Il ne leur fallut que quelques minutes pour se mettre en route. Allure de croisière… Triple galop.

L’avantage, c’est que penser devient plus difficile. Au moins les premières minutes… Le temps de s’habituer de nouveau à ce genre de voyage… De prendre en main l’étalon caractériel. D’avoir peur de la chute. Puis, après de longues minutes, les inquiétudes refont surface… Elles creusent leurs chemins, laissant de profonds sillons où naissent des traces d’angoisse. La destination n’est pas encore en vue, bien que le paysage défile… Les montures se fatiguent, les cavaliers s’impatientent. Jusqu’à ce qu’une trace d’espoir illusoire naisse au creux de leur ventre. Espoir futile, celui d’être arrivé… Il ne sert à rien sinon qu’à céder sa place à de nouveaux sentiments. La fausse surprise provoquée par l’inquiétude évidente se lisant sur l’hôte les conduisant dans la propriété. Comme si cela n’était pas prévisible. Et pourtant… Même lorsque l’on s’y attend, ce genre de situation ne sert qu’à une chose. Augmenter la tension que le corps à accumulé depuis la lecture d’une missive… Et soudain, alors que l’esprit est embrumé, que la concentration ne se fait que sur une chose…


Arthur…


Prénom murmuré comme une pensée qui s’échappe, cédant sa place à une autre… Lui aussi, il est là. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Question posée inutilement… L’air est chargé, l’ambiance lourde, l’accueil inquiétant… Les murs prennent une teinte angoissante, les visages une mine déconfite. Et, à question inutile… Réponse évidente. Même si on la refuse… Un problème ? Impossible. Sursaut provoqué par un bras qui cogne. Ce bras, il est à Grid… Il cogne où d’ailleurs ? Sur la porte de la chambre… A l’intérieur, une Apo. L’envie que cette porte s’ouvre, que la tension retombe, que tout ça ne soit qu’une erreur, qu’une blague de mauvais gout… Mais, et Lilou le sait. Ce n’est pas le genre de la maison… Pas le temps d’en faire d’avantage qu’une silhouette familère s’impose aux yeux de Lilou. Beths ! Elle est là, elle aussi. Et, décidée, elle a déjà ouvert la porte. Tête qui se tourne et regard qui croise celui de Marty.

Derrière la porte, la scène dévoilée est confuse. Une Apo sur un lit… Presque méconnue ? L’azur d’un regard familier, et pourtant, le reste sonne faux. Des cernes… Et, inutile de demander. Cela fait déjà un moment que la tension est là. Seulement maintenant elle n’est plus provoquée par l’inconnu qui se dessine dans le futur. Elle se sent à l’intérieur de la pièce, presque palpable. Pourquoi ? Apo accouche ! Et alors ? Impossible de l’ignorer. Elle souffre. Et pour qu’il y ait autant de monde, c’est qu’elle souffre trop. La première pensée est pour son amie, le premier regard aussi. Maintenant, ils sont arrivés, n’apportant avec eux que leur présence. Que dire ? Sinon, lui signifier qu’ils sont là. Essayer de sourire. De s’avancer. Réaliser qu’en fait il y a du monde dans la pièce. Des têtes connues, d’autres, non. Parcourir les visages…

Attendre… Vouloir tant dire mais ne rien faire.


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Martymcfly
Un être s’éveille et un volcan s’éteint comme le dit le célèbre adage. L’être en question, petit Vicomte ou petite Vicomtesse, était attendu… Surtout par la mère qui pestait de son état depuis le moment où elle sut qu’elle donnerait la vie. On la croyait stérile, mais la petite Apo, tout comme la terre qui l’avait vu grandir était finalement fertile, et l’on pourrait le vérifier dans quelques heures, quand le polichinelle sortirait de son tiroir.

L’église de Montbrisson est loin maintenant et les lieues défilent en même temps que les rayons du soleil s’appauvrissent. Dans le coche qui cavale, deux estropiés inquiets. Inquiets mais heureux quand même. Voilà quelques jours maintenant qu’elle avait dit oui. Enfin dit oui !! Beths allait devenir sa Duchesse. Une demande faite devant les marraines des deux amoureux. Un consentement acquis dans la difficulté, après un refus qui restait gravé dans la mémoire du Billy. Il aura fallu attendre, des mois… L’acceptation du suzerain était donnée, mais la vassale était plus coriace. Il ne manquait plus qu’un parrain à prévenir, et dont l’avis était évidemment nécessaire. Le Duc pensait à son courrier tandis que sa Beths, blottie dans ses bras priait silencieusement pour le salut d’Alayn, et sans doute pour que l’accouchement, probablement imminent se déroule sous les meilleures auspices.

La nuit tombait doucement sur la montagne bourbonnaise. Longeant l’Allier depuis la cité de Vichy qu’ils avaient traversé au quintuple galop, la voiture aux armes de Billy continuait sa course. Varennes n’était plus très loin et ce sont les portes d’un domaine en effervescence qu’ils passèrent au milieu de la nuit. L’équipée ducale fut accueillie par un intendant aux allures préoccupées. Forcément…

Le Billy et sa Gondole traversèrent les corridors du château de Varennes, escorté par le Jacques, marchant d’un pas franc, et bien rapide pour Marty… Celui-ci pestait intérieurement de ne pouvoir correctement gambader…

Plusieurs personnes étaient déjà réunies lorsqu’ils approchèrent la chambre où la mise bas aurait lieu. Des amis qui venaient soutenir la mère. Un Prévôt qui accouche, ce n’est pas tous les jours que cela arrive. Mais qui allait donc veiller à la bonne marche du processus d’enfantement ? Un médicastre était-il là ? Le Duc réfléchit un moment, tandis que Beths poussait la porte pour entrer dans la chambre. C’est vrai que la Gondole savait comment cela marchait… Elle avait aidé à accoucher certaines, dont sa propre défunte épouse. Sauf qu’il n’y avait pas de branche pour s’appuyer cette fois ci, et ils n’étaient pas dans une forêt ! Souvenir de ces instants passés aux abords de Thiers, quand la Duchesse consort avait pondu deux bijoux, trop tôt emportés. Ses enfants à lui… Son filleul à elle ! De marraine elle allait devenir mère. Apolonie, bien qu’elle devait se dire incapable d’élever progéniture, ferait une bonne maman. Le suzerain qu’il était en était convaincu. Ce serait une mère directrice mais juste. Qu’Aristote lui prête du bon sens, et tout devrait bien se passer. Il manquerait simplement un père… Mais Marty était persuadé que cet enfant serait élevé de façon correcte. Avec une grand-mère rectrice, cela ne pouvait en être autrement. Il imaginait déjà le petit Vicomte ou la petite Vicomtesse s’amuser à l’épée avec son oncle, le jeune Duchesne. Ce serait amusant de voir l’oncle et la nièce ensemble…

Grid, Lilou, Arthur, Sunie, Legowen et Alethea, et une dame qu’il ne connaissait. La porte s’était ouverte dévoilant une Varennounette allongée, souffrante, brulante même. Prête à accoucher. Si elle pouvait hurler, elle le ferait. Mais la bienséance l’en empêchait… en tout cas pour le moment. Evidemment, la présence des hommes n’était pas la bienvenue, et la porte se referma rapidement. Mais le suzerain, contrit insista pour assister à la venue au monde du petiot.

Les visages se font graves, l’ambiance est tendue quand la femme inconnue, arborant l’insigne licorneux, maniait ses instruments de torture, aiguilles et autres…Mais tout semblait bien se dérouler… Calé dans un coin de la pièce, un peu à l’écart tout de même, le Duc de Billy demeurait anxieux malgré tout. Et à chaque cri de sa vassale, c’était un haut le coeur qui le prenait. Ses cris prouvaient qu’elle était en vie…

Un petit être allait bientôt hurler à son tour, délivrant la mère de son calvaire. En attendant un autre calvaire : celui de l’éducation du bambin. Un travail de longue haleine, qui prendrait du temps, de l’investissement, mais beaucoup d’amour. Et Apolonie en avait à revendre.

Marty ne disait mot pendant que se déroulait sous ses yeux l’histoire de la vie… le cycle éternel…

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Cerridween
Je suis Apolonie de Nerra, mais vous devez déjà le savoir, Chevalier. En quoi pouvez-vous donc m’aider ?

Un sourire fin se serait dessiné si le corps de son interlocutrice ne venait pas, de nouveau, de s’arquebouter sous la morsure d’une contraction…
Il est vrai… c’est une vraie mauvaise entrée en matière. Sa nouvelle fonction lui colle au corps maintenant, du bout de la lame jusqu’à la brigantine. Elle est en apparence maître d’arme. Des mains calleuses, un corps anguleux, une attitude de prédateur, de félin, dont les yeux, émeraudes piquetées d’or, restent posés sur la brune crispée qui lui fait front. Elle sent la lionne en face d’elle. Elle sent la force dans les deux saphirs qui essaient de ne pas ciller. La force, la détermination et la méfiance. La survie. La survie dans ces yeux. Non l’instinct maternel.

Lentement la main senestre se porte sur son avant bras. Elle ne fait pas de geste brusque. Comme devant un animal blessé, une cavale en furie… ses doigts se posent sur la première boucle de son bracelet de cuir et la défait.


Chevalier… et responsable de l’infirmerie de Ryes…

Le premier rivet saute suivi par le second. Le premier bracelet se pose sur le rebord du lit. La main dextre libérée de sa gangue de cuir sable vient délivrer sa jumelle. Deuxième bracelet qui tombe sur le lit.

Je pense qu’avec mes connaissances en herboristerie et les accouchements, je peux vous aider, dans la mesure de mes moyens… je m’acquitte toujours de mon devoir et des promesses faites.

Les sinoples regardent un peu plus intensément les azurs. La dernière phrase est anodine, peut-être hors contexte, ou prétentieuse. Elle seule peut savoir le sous entendu qu’elle comporte.
Les mains se portent maintenant avec précaution sur les boucles de la brigantine qui la ceinture. Un par un, ils se défont imitant les bracelets. D’un geste elle est enlevée, dévoilant un doublet noir. Qui tombe à son tour. Puis c’est au tour des ceintures. La première portant la longue épée frappée licorne, Miséricorde, et sa dague, au pouvoir secret se détache et vient se poser avec le cuir. La deuxième avec le poignard de lancer, se défait également.

Voilà… je suis sans défense, jeune fille. Je suis nue, à ma façon.

La rousse ramasse le tout et le porte sur un siège et se rapproche du pied du lit à nouveau en remontant les manches de sa chemise sable jusqu’au coude.

Je sais que vous avez l’impression qu’Athéna en arme a décidé de sortir de votre ventre… mais ce n’est pas lui faciliter la tâche que de rester habillée ainsi. Je vous conseille pour l’aider et vous également de quitter cette tenue et d’enfiler une grande chemise de nuit.

Le regard se reporte sur les deux femmes près d’elle. Amie et écuyère. Alliées en soi. Elle détaille les deux femmes. Sunie, ressemblant à une brindille, cheveux aux reflets d’obsidienne, yeux au diapason de celle qu’elle sert, observe sans broncher, la main dans celle de la vicomtesse, qui doit la lui broyer pourtant. Legowen, grande stature, prunelles grises plus avenantes, se présente et propose ses services.

C’est elle qu’il va falloir aider mesdames. Aidez la à se dévêtir et à passer une chemise longue.

Avant de se retourner vers la table où gisent toujours ses fontes, la rousse reporte un instant son regard perçant sur l’écuyère fluette…

Il faudra vous placer derrière elle une fois que cela sera fait.

La silhouette noire s’approche de la table… ouverture des fontes. Regard en coin… elle a trop mal… quelque chose ne va pas… la main se perd dans la poche de cuir. Elle ressort avec une bouteille enveloppée dans un linge pour la préserver du voyage. Nouvelle bouteille… trousse de chirurgie qui vient s’ouvrir d’un geste sec sur le bois de la table. Savon… éponge… Nouveau regard vers le lit pendant que les deux femmes commencent à aider la parturiente à enlever la chemise noire qui la pare. Regard de nouveau…. Quand les manches passent et dévoilent une nouvelle chemise de lin. Sueur. Trop abondante. Des muscles qui sont saillants. Elle a fait de l’exercice dernièrement… donnée confirmée par les mollets et les cuisses, qui même distendues pour ces dernières, restent toniques. Elle ne s’est donc pas reposée. En écho, les cernes qui reviennent choquer ses rétines, le teint blafard jure, sans rougeur sur ses joues creusées, malgré l’effort…
Quelque chose ne va pas… elle réprime une levée de sourcil pour garder le masque impassible qu’elle porte toujours…
Et cette image revient un instant, pendant qu’elle noue ses cheveux en chignon à l’aide d’un ruban vert. Le corps distendu de son ancienne suzeraine et amie, amaigrie, le corps tendu… une maigreur plus grande, mais les mêmes traits émaciés et ce doute là, présent, lancinant, cet instinct qui lui susurre à l’oreille, une mélopée dont elle ne comprend pas le sens mais dont elle entend le ton. Ironique… perdu dans ses pensées elle prend plusieurs linges, tendus par une servante. L’issue… semble difficile…

La porte qui s’ouvre éteint la petite voix qui s’évapore. A sa surprise, plusieurs personnes entrent… Une blonde, bandage à l’épaule, entre et s’approche rapidement du lit et distille quelques mots à la brune. Elle est suivie de plusieurs hommes. Un homme aux traits plus marqués, brun, impassible. Un autre aux cheveux corbeau, aussi silencieux que le premier, s’appuyant sur une canne restant dans l’encadrement de la porte avec derrière lui, une femme brune, cheveux attachés et braies. Puis la prestance… d’un nouvel arrivant. Prestance d’un titre qui se devine à la démarche. A la demande de la servante de sortir de la pièce il répond par une négation… la jeune écuyère s’arrêta d’essayer de sortir la chemise.

Levé de sourcil non retenu cette fois, devant l’intrusion massive, qui fait apparaître plus distinctement la cicatrice de sa tempe droite. Les émeraudes se font un peu plus taillées pendant qu’elle détaille sans rien dire tous les arrivants… la voix se fait entendre. Calme. Mais autoritaire….


Bien…

Les regards se tournent vers elle. Bon point… l’attention est là.

Mesdames, hormis Sunie et Legowen, que toutes celles qui n’ont pas de connaissances médicales veuillent bien sortir, s’il vous plait. Regarder votre amie, ne l’aidera en aucune façon.

Portant les émeraudes sur les hommes successivement, elle ajoute avec le même ton, aimable mais ferme.

Messieurs, je ne doute pas que vous vouliez savoir si la Vicomtesse est faite comme toutes les femmes de la création mais votre curiosité ne sera pas satisfaite aujourd’hui. Je vous demande de me suivre, j’ai à m’entretenir avec vous…. dehors.

Un regard vers Sunie et Legowen.

Je reviens…

La Pivoine noire, masque toujours impassible, se dirige vers la porte et s’y campe, main tendue vers l’extérieur, invitation sans équivoque et ne bouge pas avant que tous les concernés soient sortis… avant de refermer la porte et de se tourner vers eux.
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Apolonie
[A l'arrivée de Cerridween...]

Sunie, fidèle au poste, Legowen toujours là... Thea, arrivée, repartie,manifestement à la demande de la Rousse qu'Apolonie fixe de nouveau. La contraction terminée, elle peut de nouveau relever un azur délavé vers celle qui se tient devant elle. Les poings restent crispés sur un drap qui n'a rien demandé, mais au moins la main de Sunie reste entière, pour cette fois.

Chevalier… et responsable de l’infirmerie de Ryes…

Elle avait donc deviné... Pour le grade. La licorne... Ryes... Elle y avait envoyé Louis il y a quelques semaines, revenu avec une missive du Grand Maitre, qu'elle avait connu il y a des siècles, alors simple frère de Marie-Alice... Enguerrand. Aide et assistance...

Je pense qu’avec mes connaissances en herboristerie et les accouchements, je peux vous aider, dans la mesure de mes moyens… je m’acquitte toujours de mon devoir et des promesses faites.


Une promesse... Le souffle se récupère difficilement alors qu'elle soupçonne l'importance de cette phrase. Sa moulinoise de filleule s'était présentée à l'Ordre, la vicomtesse le savait, elle l'y avait plus qu'encouragée. Alethea avait donc fait appel à une licorneuse... Pas n'importe laquelle. Ainsi les promesses de l'Ordre ne sont pas lettres mortes, ni le serment qu'ils prêtent et qu'elle a lu dans la charte qui un jour lui était tombée entre les mains. La Sentinelle apprécie, la Parole donnée est pour elle sacrée, une promesse ne se trahit pas, et elle ne s'était pas trompée. La Rousse est de sa race. De celles qui meurent plutôt que de trahir ses engagements, aussi futiles puissent-ils paraitre. De celles qui agissent, et prouvent.

Et ce qu'Apolonie accorde à peu, ce pourquoi la brunette teste et titille sans cesse les gens, ce respect qui pour certains est du, qui pour elle se gagne, est acquis à Cerridween. Comme elle avait respecté Eikorc, Bireli, Marlowe's ou Marie-Alice dès la première rencontre. Le Chevalier vient en quelques mots de prouver sa valeur, et ses compétences. Apolonie n'a pas besoin de la preuve que la Rousse lui offre pourtant, otant arme et vêtements superflus. La libertadienne sait, devine. Personne n'aura vu Apo détacher ses dagues de ses cuisses, défaire la ceinture qui tient son épée, poser à terre le couteau qu'elle porte dans sa botte droite que les hommes qui ont su lui oter le reste de ses vêtements. Une fois décidé que le chevalier est de son genre, elle ne doute pas de la signification du geste.

Marque de confiance. Cerridween, par le mouvement de son bras, par le calme de ses gestes, par sa mise à nue, parce que pour des combattantes, ce qu'elle vient de faire, c'est exactement ça, vient de montrer à la brunette qu'elle n'a pas à avoir ni honte ni méfiance. Respect qui s'accroit.


Bien. Eclair azuré, lueur fugace... Vous savez. Alors je...

Cri. Cri et contraction. Douloureuse, le ventre douloureux, la sueur qui colle les mèches échappées de sa natte sur sa nuque tendue, les dents serrées qui laissent s'échapper un cri... Normale ou pas, la souffrance est à la limite du supportable. Legowen et Sunie obéissent. Alethea revient, se glisse dans la pièce, bassines et tissus, vin, Apolonie n'en voit rien. Azur planqué sous paupières plissées par la douleur qui vrille tripes et tempes... 'Tain elle savait bordel qu'elle voulait pas d'chiard, elle pensait pas qu'ça faisait aussi mal... Si mal...

Calme... Comme elle est venue la vague de douleur retrouve une mer de fausse tranquillité, fichant une paix momentanée à la future mère. Sunie et Leg l'aident... Plissement de nez vicomtal... Même diminuée comme elle l'est, le fait d'être déshabillée la dérange... Comme elle peut, elle ôte elle même la chemise noire, elle aide à défaire les aiguillettes, les braies, les chausses, ses bottes tombent sur le sol, Leg travaillant ses jambes tandis que sa Cuillère bosse sur le haut... Sa chambre, la chemise longue... Baluchon dans un coin. Pas désordonnée, mais toujours sur le départ... Sunie le sait.


[Le débarquement...]

Mais le geste se stoppe, s'arrête. Poing sur porte qui ne tarde pas à s'ouvrir à la volée. Rousse butineuse qui tourne la tête à l'unisson avec les trois brunes. Vicomtesse en sueur, Sunie désespérée, Legowen légèrement surprise qui clignent de l'oeil. L'entrée en fanfare d'une Gondole, de son suzerain, Grid, Lilou et Arthur qui restent à la porte, plus timides.

Sentiments contradictoires qui se faufilent dans une Apo désemparée. Entre soulagement et honte qu'ils la voient dans tel état. La Sentinelle et sa fierté... Et puis les mots de son adjointe qui glissent jusqu'à son oreille.


Apo, nous sommes là. Tu n’es pas seule, nous sommes avec toi et nous fêterons ensemble l’arrivée de ton enfant. Courage ma fière Auvergnate, courage ma belle, courage mon amie.

Un souffle, un filet de voix qui se perd dans un faible sourire pour répondre à la belle maréchale au regard radieux malgré l'épaule en charpie.

Merci ma belle... Merci à vous... De savoir que vous n'êtes pas loin.. merci...

Encore... Cette douleur, à la fois fulgurante et lancinante, crispant les poings, serrant les dents, la gorge nouée par un hurlement qui tente de s'en enfuir. Les doigts récupèrent les paumes. Absence... Le son de son cri emplit son cerveau de nouveau... Dans un monde parallèle au sien, La Rousse sort les gens de la chambre, les hommes surtout, et Apolonie ne pourrait qu'approuver si elle pouvait. Qu'ils ne la voient pas dans cet état et surtout, les vêtements jonchant le sol, ses traits tirés, ses cris...

[Quand ne restent que les compétentes, les autres à d'autres tâches !]

Apolonie... Apolonie la combattante, la guerrière. Celle qui défend sa ville, qui pille des duchés, surement pas celle qui accouche. Qu'ils sortent... que le chiard sorte aussi ! QU'ILS SORTENT ! Le môme, ceux qui la connaissent forte... ceux qui savent, qui la savent, jeune fille, si fragile derrière les barrières qu'elles a construites ... Larme qui coule au milieu de la contraction pendant que les occupants quittent la salle.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaah

Et... le calme... La Rousse est sortie avec les autres. Sunie et Leg terminent de la déshabiller, chemise longue qui glisse le long d'un corps plus habitué au cuir sur lin.. Nue, elle est nue sous cette chemise...Ils sont sortis.. Ne restent que Leg, Sunie, Thea, Beths. Même la Rousse est sortie. Apolonie... n'a pas le temps de paniquer. Ça se rapproche.. Plus vraiment le temps de respirer... De nouveau ça la prend... surprise... pas le temps de saluer, pas le temps de rien dire... Elle pousse sans le vouloir, l'écuyère passée dans son dos, soutenant un mouvement ancestral...

Apolonie accouche... Mais cette douleur... Ce ventre... Elle hurle, elle transpire... Elle hurle ! Elle ne devrait pas... Crier... Elle en a vu d'autres, cette douleur, non, les pondeuses n'y survivraient pas.. c'est pas normal... Elle hurle. Encore. La sueur tinte la chemise de lin d'un beige bien trop présent...


'Tain de fils de... Aaaaaaaah......Bordel arrêtez ça !!

Vicomtesse suintante, Sunie soutenant un dos qui faiblit. Thea l'air désemparé, Leg qui cherche les directives d'une Rousse revenue au dernier moment... Quelque chose cloche, c'est sur, quelque chose n'est pas normal... Presque nue, elle pousse, sans le savoir, depuis des dizaines de minutes elle pousse sans s'en rendre compte...

Chevalier ! aidez moi...

Impuissance avouée d'une vicomtesse qui n'en peut plus. Des jours maintenant qu'elle refuse ces contractions. Pas le temps, pas le moment... Les voyages, les chevauchées, les coches... Apolonie et sa santé... Le duché avant, Moulins avant le duché... Défendre, jusqu'à hier elle était encore sur les remparts, à peine utile mais présente et débout. Et ... encore... toujours... un cri qui déchire la nuit qui est tombée maintenant. L'en peut plus... Ils sont là.. dans le couloir, en bas, près d'elle... ses amis, les siens... Mais elle vacille. Et crie.. Et pousse... Et veut qu'il sorte...

Cerridweeeeeeeeeen !

Aidez moi... Le mollet de Sunie derrière elle est pincé comme jamais, Legowen à ses côtés, l'éponge prête à essuyer le front, Alethea et Beths, pas loin, prêtes, proches des bassines... Attendant les directives d'une Rousse qui a pris le commandement, autorité naturelle de celles qui savent ce qu'elles font. Apolonie crie... et souffre... et les sent. Ici ou là. Pas loin. Et les remercie...en criant. QUE ÇA SORTE !
Legowen
Une contraction, plus forte qu’une autre, la future maman pâlit encore plus, lèvres qui se crispent sur un cri muet, combattante jusqu’au bout
Leg quant à elle se mord les lèvres et repose sa main sur celle de sa marraine

Souvenir d’un autre matin , d’une autre époque où ce n’était pas la main de sa marraine qu’elle serrait mais celle de son frère
Deux gamins angoissés , serrés l’un contre l’autre pour s’insuffler du courage
deux enfants recroquevillés dans l’ombre d’un couloir de la demeure familiale , pas très loin d’une chambre , une ronde incessante de servantes , de conciliabules devant la porte fermé ….un siège ….
La petite fille qu’elle était alors , s’était demandée pourquoi il fallait un siège , il y en avait pourtant dans la chambres de sa mère .Elle le savait bien puisqu ‘elle y allait souvent , elle avait failli se lever , sortir de l’ombre qui la cachait pour le dire à ces adultes qui ne savaient pas voir
Un cri , plus fort que les autres avait coupé son élan, la rejetant près de son frère , mains plaquées sur les oreilles dans un geste instinctif pour ne plus entendre
fragile barrière qui n’avait pas suffi à en étouffer d’autres , plus ténus mais impérieux ,signalant la naissance d’une sœur

Si les adultes s’étaient extasiés , si sa mère irradiait la joie , douleurs de l’enfantement déjà rejetées dans les limbes , elle n’avait pas oublié cette matinée d’automne

Et voilà que son amie allait , elle aussi, donner la vie , la ronde des "pourvu que " recommença , pourvu que sa douleur puisse être atténuée, pourvu qu’elle puisse être soulagée et cette pensée soudaine, pourvu que ce ne soit pas un siège

une phrase la remet dans le présent

En quoi pouvez vous donc m’aider ?

Gris qui quitte l’azur un instant pour se poser sur la jeune femme rousse dont l’apparence évoque plus celle d’une guerrière que d’une médicastre
Peut –elle vraiment atténuer cette souffrance ? a-t-elle le pouvoir de décrisper ce corps qui se tord à chaque contraction ?

La petite phrase murmurée à Alethea le laisserait supposer mais Leg ne se sent rassurée qu’au moment où l’arrivante se présente comme responsable de l’infirmerie de Ryes

Responsable, cela suppose aussi quelques années d’expérience , nombres de soins donnés , et ces petits détails que l’on découvre à force de pratiques et qui font bien souvent toute la différence
La voix calme , les gestes mesurés révèlent plus encore l’expérience de la pratique , rassurer le malade , la parturiente en gardant une attitude sereine

Les bracelet sont enlevés l’un après l’autre , suivent brigantine, ceinture , épée et poignard , tout ce qui fait l’équipement du chevalier bientôt déposé
Comme si la combattante, la guerrière s’effaçait devant le médicastre,nul besoin d’armes et de bracelets en cuir .
C’est une autre bataille qui se prépare, les plantes répondant à l’acier de l’épée, le cuir des bracelets s’effaçant devant la douceur des onguents
la bataille de la vie

A la réflexion de la médicastre , écuyère et amie se regardent , il faut vraiment un beau degré d’inquiétude pour ne pas avoir pensé à dévêtir Apolonie pour qu’elle ait plus d’aise
Leg cille un peu , en s’apercevant qu’elles ne lui ont même pas retiré les bottes
elle entreprend de défaire les liens de cuir fin qui les attachent et doucement les enlève , pendant que Sunie aide sa marraine à ôter sa chemise , marraine qui , fierté oblige , se met aussi en devoir de les aider et c’est bien compréhensible

une autre contraction la plie , libérant un cri qui n’a pu être étouffé , faisant apparaitre de fines gouttes de sueur
Leg s’ empare d’un linge pour les essuyer , bien inspirée la maréchale, qui n’a que le temps de le mettre sur son amie , soulageant ainsi la pudeur de la future accouchée lorsque la porte s’ouvre , haussement de sourcils un léger sourire

Une autre filleule, la sienne, qui apparaît , Beths , l’amie sur laquelle on peut compter
Un murmure

Non je ne suis pas médicastre, tout au plus ai-je aidé Andro au cabinet médical à Bourbon
Mais la jeune femme rousse que tu vois proche de la table en est un



Puis suit Marty , le suzerain, l’ami , et Grid, Lilou, Arthur , ainsi ses courriers sont arrivés à bon port , elle en est rassurée mais quid de l’intimité ?

problème vite résolu par le chevalier qui accompagne les nouveaux arrivants dans le couloir
les laissant Sunie et elle , finir d’aider Apo à se dévêtir et à passer la chemise longue que l’écuyère a sorti du baluchon

Et les cris commencent , mains qui se crispent sur le drap , souffle qui s’accélère , la sueur a vite fait de coller la chemise à la peau , les mèches de cheveux aux tempes ,
la nature est là, les muscles se cabrent , dans une tension interne dirigée dans un seul sens , dans une seule envie, celle de pousser , de suivre le mouvement , d’un petit être prêt à naître
corps qui se tend , jambes repliées , dos soutenu par Sunie , sa marraine hurle , elle lui essuie le front , les tempes , lui laisse sa main

Apo , vas y ma belle , hurles , te retiens pas ....

Chevalier

Leg n’est pas loin d’appeler aussi , et voit avec soulagement la jeune femme revenir et prendre en main les opérations , respiration, contractions, et une Apo qui pousse jusqu’ à en devenir rouge , pâleur disparue pour un temps, cri en accompagnement et qui lui broie la main dans la tension de l’effort qui se relâche , un peu, et reprend de plus bel


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Sunie
Main dans la sienne, r’gard azuré qui observe sans gène aucune la rousse aux yeux émeraudes, respiration calme d’une écuyère qui jauge la nouvelle venue, qui évalue chaque mot, chaque gestes en silence, l’instinct rivé à la moindre réaction de la futur mère qui souffre, qui se sent faible, qui n’aime pas se sentir sans défense. Mains qui s’crispe encore une fois, force de douleur transmise…Menotte qui soutient la pression…souffle reprit d’une Apo qui lutte… Réponse donné, présentations faites. R'gard azuré qui remarque que les armes sont déposés…non loin de là, suit les mouvements calme, écoute chaque mots, phrases…. R’gard qui surprends que la médicastre en fait de même, ne dit mots…suit le déroulement pas à pas, instant l’un après l’autre, pensées qui s’anticipe d’un éventuelle faux mouvement…comportement, R’gard qui glisse furtivement, évaluant l’appréciation de la Vicomtesse…

C’est elle qu’il va falloir aider mesdames. Aidez la à se dévêtir et à passer une chemise longue.

Sans un mot, Sunie acquiesce du regard, garde la main dans celle d’Apo puis la soutient sur le rebord du lit, se place devant elle et le regard que peut offrir une porte entrouverte… Saisie au passage le baluchon et en sort la longue chemise… Elle croise à nouveau le regard de la Dame au cheveu de feu, qui révèle un tempérament qu’elle jauge fougueux,sûr... l’iris de Sunie soutient le regard perçant de la rousse…lui adresse quelques mots…R'gard entenduent


Il faudra vous placer derrière elle une fois que cela sera fait.

Poigné de porte qui tourne et s’ouvre, Sunie se retourne viv'ment après avoir jeté un regard a Legowen… haussement de sourcils, ils sont là, inquiet, puis elle leur esquisse un légers sourire discret qui se voudrait rassurant, soupire qui s’échappe, Apo se dévêtis heureus’ment qu’elle c’est mise légèrement d’vant malgré qu’elle ne soit pas bien épaisse, elle cache l’essentielle….


La rousse sort en même temps qu’eux, le silence tombe. R’gard qui croise celui de Legowen, mouvement coordonnée qui reprennent rapide, doux et précis… …. en quelques geste doux et discret, elle aide son amie a ôter la noir qu’elle porte toujours prés du corps, elle lui laisse respectueusement accomplir les gestes que la futur mère désire faire elle-même…Avec douceur, elle ajuste celle qui va la vêtir et qui est plus confortable…

La jeune fille… ramasse discrètement les vêtements d’Apo, rapidement et soigneusement replié…glissé dans le baluchon qu’elle saisie au passage. Puis lentement se dirige vers le chevet du lit Vicomtal, elle ôte alors sa cape la déposant sur une chaise, sans geste brusque défait sa ceinture où son épée est glissé dans le fourreau… les dagues de jet qui orne ses cuisses et les déposent sur la tablette, délasse ses bottes et les deux dagues qui sont toujours a l’intérieur…Le tout regroupé… Elle se sent mise a nue sans certaines de ses armes mais la sauvage farouche qu’elle a toujours été a d’autre ressources…, son gabarie d’apparence frêle a bien souvent servit de leurre, trompant beaucoup d’adversaire…

Avec souplesse, elle grimpe sur le lit auprès de son Amie…. Pensée envers Jacques, a qui elle a demandé de délier tout les liens qui se trouvent dans le domaine comme le veut la tradition, que le petit ne naisse pas avec le lien enroulé au cou… Elle passant derrière Apo en posant les deux mains à plat dans son dos, elle la soulevant en douceur et se glisse dans son dos. Accroupie, appuyé contre la tête de lit Vicomtal, reposant Apo tout contre elle délicatement, sans geste brusque, le soutient sous les bras… Apo et bien plus grande que sunie, celle-ci est tout juste visible, mais elle est bien là et la soutient… Apo crie, pousse, presse son corps contre le sien…Sunie soutient le mouvement, offrant a son amie, autant de force en retour… corps qui se relâcha, contraction qui s’apaise… bref moment de répits.

Sunie se saisie d’un linge humide et essuie délicatement le visage, le cou puis la naissance de la poitrine de la future mère perlé de sueur, toujours avec des geste, doux, respectueux et précis…..sa respiration deviens plus calme essayant de calé celle d’Apo sur la sienne, la pression a été tellement forte , preuve de la douleur qu’elle endure ….Un souffle un murmure tout contre l’oreille de son amie..Futur mère…

Chut…. respire Apo, aller reprends ton souffle reprends des forces…la délivrance arrive….

La pression reprends, Sunie contre avec elle, …il fait chaud terriblement chaud, front emplis de sueur sous l'effort, chemises humide... les cris envahissent le domaine, Sunie se mort les lèvres alors qu’Apo la pince de douleur...la partie du mollet meurtri deviens blanc, Apo s’accroche a tout ce qu’elle peut après l’drap c’est elle !!! Mais Sunie s’en fou... plus elle entendra crier, plus elle sentira les meurtrissures d’Apo plus elle ressentira qu’elle est bien vivante... elle préfère de loin ce cas là…. Et puis en criant, elle risque pas d’mordre…encore…

Sunie observe la porte, espérant que la rousse va bientôt revenir, elle a bien vue le regard glissant et étudiant la silhouette d’Apo, elle a bien compris qu’elle n’a eu besoin de sentir son haleine pour savoir qu’elle sorte d’accouchement cela va être… Sunie ne dis mot mais comprends que ce ne sera facile…Est’elle en train de discuter ou de préparer les fameuses potions…avant de revenir et d’ensuite probablement comme elle l’a déjà vue faire, ses mains enduit d’huile dont de souvenir qui sentait bon la violette et le laurier… Toujours accroupie derriere la Vicomtesse...Le pied de Sunie est maintenue calé au bas des reins d’Apo afin qu’elle reste cambré et pousse a chaque fois que son corps se tend de douleur… ce qui arrive en des espaces de temps de plus en plus rapproché, c’est imminent….
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~~~~~~~~Mon Ame a son secret, Ma vie a son Mystère~~~~~~~
Cuyère en Deuil d'Apolonie....
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