Apolonie
Ceci est un RP privé. Je n'en ai jamais fait je crois, mais je vous prie de respecter celui-là. Pour participer, c'est demande par MP. L'action se déroule à Varennes-sur-Allier. Bonne lecture !
Derrière elle, elle sent les regards entre étonnement et courroux bruler le coche qui l'emmène loin de la cérémonie. Pas comme si elle avait le choix. Sunie a lancé l'ordre, il faut aller vite. Les cahots du chemin entre Montbrisson et Varennes feraient presque oublier la douleur qui tend son ventre. Presque...
Affalée sur le banc inconfortable, elle grimace sans plus tenter de retenir les rictus de souffrance qui marquent un visage déjà tellement empreint de ces sentiments. Traits creusés malgré les rondeurs de la grossesse, cernes noirs sous ses yeux qui perdent de leur éclat à chaque lieue. Elle s'en mord la lèvre et serre les cuisses. Pas avant... Pas avant d'être chez elle. Pas en pleine nature, pas là... Elle veut son domaine, sa chambre, elle veut se sentir à la maison. Les volcans défilent, les lieues aussi... Tout s'enchaine, les heures passent sans qu'elle ne puisse les différencier.
La route est longue. Terriblement longue, d'autant plus avec ces contractions. Espacées, très espacées pour l'instant, mais si douloureuses... ça ne devrait pas faire aussi mal... Quelques heures et elle s'assoupit... L'enfant semble plus tranquille, moins pressé... Calme avant une tempête... Sommeil qui n'en est pas. Agitée, la brunette transpire et grogne. Avant de se réveiller épuisée. Quelques lieues de plus...
Au jour a succédé la nuit. Mais on distingue sous une lune pleine les enceintes de son domaine auvergnat. Varennes, enfin... Le coche accélère pour les derniers mètres, enfin elles sont devant. Les mines défaites et les regards inquiets de Legowen et Sunie ne sont pas pour la rassurer...
Apolonie redevient la jeune fille qu'elle était. Envolée pour quelques minutes la mercenaire aguerrie, la sentinelle entrainée, la combattante sans peur ni douleur. Fini de faire la fière, elle sent que ça reprend et voudrait se plier, s'arracher à l'aide des dagues qui habillent ses cuisses ce qui lui fait si mal. Ouvrir ce ventre tendu à l'extrême et en ôter l'orphelin. Des larmes de souffrance roulent sous ses cils...
Il faut descendre. Jacques, affolé par le bruit d'un coche qu'il n'attendait pas avant quelques jours, arrive tout dépenaillé. Elle en aurait ri, la vicomtesse, à le voir comme ça, lui si précieux d'habitude. L'intendant s'apprête à faire sa moue réprobatrice habituelle, mais l'état de sa maîtresse pare aussitôt son minois de l'inquiétude qui les étreint tous. Il guide la filleule et l'écuyère jusqu'à la chambre. Apolonie ne parle plus et serre les dents.
Réflexe orgueilleux, elle ne veut pas crier. Les bras en appui sur les épaules de ses amies, elle grimpe lentement mais sûrement les marches qui conduisent à son havre, sa chambre. S'allonger... qu'on lui arrache, qu'on lui enlève ce poids... Qu'il SORTE ! Elle n'en peut plus... Il ne reste qu'à attendre. Loin d'elle la cérémonie manquée de ce matin, elle se concentre sur elle et ce môme qui veut s'échapper de l'écrin qui a accueilli en d'autres temps lames agressives.
Thea devrait arriver... Elle ne sait pas comment, mais elle pressent que c'est médicastre que la moulinoise est allée chercher. Qu'ils fassent vite. Elle a mal... Leg et Sunie ont donné ordre à Jacques d'aller chercher de l'eau qui coule maintenant sur son front brulant. Autour d'elle, elles soutiennent. Qui a dit qu'Apo était seule ? Les siens sont toujours là... Les siens...
Grid... Lilou... Rexanne... Bettym... Marty... Beths... Arthur...
Elles auront compris, il faut prévenir. Cinq moulinois une bourbonnaise et une thiernoise ... Et... un cri qui s'arrache des poumons oppressés...
Eikorc !
Il est loin, trop loin, il lui faudra plusieurs jours pour arriver... Mais son âme est tournée vers son autre. Pourquoi m'arrive-t-il toujours du mal quand tu n'es pas là ? Pourquoi n'es-tu pas là pour me protéger ? Eik...
Ses doigts agrippent les draps qu'elle froisse violemment. Faut que ça se termine... Faites que ça se termine. Sa médaille de baptême brule sa peau... Aristote, pourquoi m'en veux-tu à ce point ! Pourquoi ne puis-je pas profiter d'un peu de facilité, pour une fois... Pourquoi toujours avoir mal...