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[RP] Quand une vie en remplace une autre... L'azur s'éteint.

Anastase
Désolé petit retour en arrière pour moi mais le manque de temps m'y oblige. LJD Apo excuse moi mais j'pense que tu comprendra.

Toutes les mioches se cachent pour pleurer.

Entrée plutôt hésitante…
L’atmosphère tendue la laisse même un instant figée sur le pas de la porte.
Petite femme à peine majeure se retrouve pour la première fois confrontée à cette situation.
L’esprit s’embrouille, les pensées fusent sans trouver la moindre réponse.
On est ou là ? On fait quoi ? C’est quoi le délire ? Tantine fixée dans un plumard ? Ba normal elle vient d’accoucher. C’est pas une crevette le loustic ? Un truc comme ça faut le sortir.
Elle s’avance lentement vers le centre de la pièce tout en gardant ses distances.
L’émeraude observe l’azur fatigué puis se ravise.
Honte sur elle, impossible de la regarder dans les yeux.
Tient d’ailleurs en parlant de mirettes ça fait bizarre tout d’a coup ; quelques frissons, la gorge qui se noue et une petite sensation de gêne à l’intérieur de l’œil. Nan Stase elle pleure pas c’est impossible. Faudra faire songer à Jacques d’astiquer un peu plus les meubles.
Le dos de la main effleure rapidement la joue droite et la nièce se ressaisit à temps.

N’aies pas peur Stase… C’pas contagieux hein…
juste un accouchement…


Tu parles que c’est pas contagieux mais ça peux vous achevez ces conneries là. Faites des gosses tient. En espérant que le cousin s’en rendra compte qu’il aura fait souffrir sa daronne…
La mioche s’approche sur le bord du lit et dépose un baiser sur le front de sa tante.


Euh ouais… Ba c’est l’deuxième bisou mais la prochaine fois évite de trouver c’genre d’excuse pour en avoir.

Ce genre de phrase débile on s’en abstiendrai bien mais pas de sa faute elle peut pas s’en empêcher.
Stase jète un regard à Sunie et l’autre qui les accompagne puis se recule.

Minutes après minutes, secondes après secondes, le temps passe mais elle reste figée sans broncher.
Perdue dans un océan de pensées elle prend même quelques secondes à réagir lorsque qu’Apo s’enfonce dans un délire total.
Prise de panique soudaine et voyant cette dernière se crisper et se redresser contre la tête de lit en poussant des hurlements.

Sunie, mes armes… Sunie ! Vite !

Des armes ? Pourquoi faire ? Non de dieu voilà qu’elle radote maintenant.
La nièce prend peur et sur le coup de la surprise les nerfs lâchent sans qu’elle s’en rende compte.
P’tain c’est malin elle chiale comme une madeleine maintenant. Qu’est ce qu’elle fou ici ? Pourquoi elle est dans cet état ?
La porte vite c’est trop dur là il faut fuir.
Certains diront que c’est lâche mais qu’importe le choc est trop dur à encaisser.
Elle enfile les couloirs et sans s’en rendre compte se retrouve devant la rouquine médicastre.
Le temps de la prévenir, de la raccompagner jusqu’à la chambre et la jeune femme s’enfuit loin de tout ne gardant que cette image en tête.

Un peu plus tard certains auront sûrement croisés une minette courant à toute blinde à travers les chemins auvergnats. D’autres l’auront aperçut à l’orée d’un bois sanglotant le long d’un arbre. Mais personne n’osera lui demander ce qui lui est arrivé.
Lorsqu’elle apprendra la mort de sa tante sa vie suivra le même cours mais ses pensées ne seront plus jamais les mêmes.
Souvenirs d’une rencontre houleuse aux portes de Bourbon. Deux caractères bien trempés qui se sont pourtant tout de suite unis par ce lien qui les rattaches. Tante-nièce même frère-père et donc même sang.
Désormais la voici seule à nouveau tandis que la brunette au yeux azurs s’en est allé rejoindre le blondinet moustachu et les autres. Quelle chance pensera t-elle, y’aurait-il donc vraiment cet autre monde ? Mouarf faudra qu’elle aille vérifier ça par elle même un jour…
Toujours est-il que sa tantine elle y pensera tous les jours, surtout en observant son popotin devant le miroir tous les matins. Et aussi quand elle mangera du pain, boira une bière, s’entraînera à l’épée, se fera courtiser, s’assoira en tailleur…
Erf …


_________________
--Neils

Lecture rapide, la terre se déchire, le ciel s’abat…la faucheuse récolte…

Est-ce le fil qui vous tient qui se rompt, ou est ce le sol sous vos pieds qui se dérobe ?…l’Apo…mourante…NON ! Dans sa tête la tourmente, …tournante…suspendu ? …A qui ? …A quoi ?
L’écuyer vole…seul…désert…vers qui ? Vers quoi ? Son roc, le choc, perdu....Sa Grande Dame ?…poussière…non…oui…Jean-Eude…La mort….l’ombre…et l’géant? Béant? Sûr plus fort qu’la mort…alors pourquoi l’Apo ?…délire…la tête sombre…tombe…l’écuyer s’éteint, son astre part…rare…reviendra t’il ?
Une idée…la faucheuse…place…trace. Saute…écuyer…saute…vole…va…si lumière point il n’y a, néant tu trouveras…saute...petit écuyer…vole…va…rejoint Ta Grande Dame…la roulotte petiote ira…vol’ra…trouv’ra…l’âme…ou pas.
Amberl
[Jardins... où même les arbres tremblent devant un tel hurlement ]

Un cri.
Juste un cri.
Une banale négation, qui prend tout son sens quand on reconnait la voix du géant, quand on y perçoit une tristesse incommensurable.

Ca y est.
Elle a rendu son dernier souffle, dans les bras de son âme-soeur.
Morte... Libérée de sa souffrance. Libérée de sa folie croissante.
Causant de la peine à tous ses proches.
Un vide immense pour ceux qui la côtoyaient, la connaissaient, qui l'appréciaient, sous son aspect sombre, ou son aspect posé.
Veillant sur eux de là haut, ou d'en bas, haha, qui sait si Aristote l'a pardonné ... Apolonie restera dans le cœur de chacun.

Le regard vide, la berrichonne n'a plus de larmes en stock. Sa trop brève entrevue avec Minette lui aura couté un torrent de larmes incessantes. Fatiguée, les yeux rougis, la brune erre dans les jardins. Sans but. Une simple balade, moment de solitude nécessaire pour accuser le coup.
Apo est morte. Chienne de vie.
Respirant à coup de grandes inspirations, Amberle se demande si le monde valse, ou si ce sont ses jambes qui tremblent. S'écroule sur le sol, la brune.


Elle meure.

Cette voix ... Lycia? Elle ? Ici ? Tourne la tête, et observe la brune. Et sourit légèrement à sa voisine. Second rayon de soleil en cette funeste journée...


Non, mon Corps. Elle est morte. Nuance.

Courte roulade dans l'herbe, afin de la rejoindre, de se laisser aller, de ne penser à rien. Parce que les Bras et le Corps sont liés. Un lien à la con, parti d'une boutade à Angers, mais qui dure. La berrichonne est fidèle en amitié, et restera les Bras de l'écorchée vive, qui haïssait Apo depuis son amourette avec Bireli.

Sourire et être heureuse de revoir une amie, est ce être insensible que de ressentir cela en ce moment même ? Malgré elle, Amberle sourit, malgré elle, son regard s'attendrit, et se fait inquisiteur.


Qu'est ce que tu fous là ? J'suis contente de te revoir

Adoptant la même posture que la libertadienne, la berrichonne soupire, et ferme les yeux, ne voulant qu'entendre le sifflement du vent. Ne plus penser à rien, accuser le coup en silence. Et que continue la vie. C'est ce qu'elle voudrait, de là où elle est.
Apo est morte ... Morte... Morte. Une vérité qu'elle va devoir digérer, et vivre avec.


Va falloir veiller sur le Crok'.

_________________
Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
---- Rajoutez le "e" final à Amberle pleaze ----
Aphelie
Un soleil qui s’éteint...

Le chemin, elle l’avait fait seule quand la rumeur lui est arrivée.
Laissant son comateux aux soins d’un médicastre.
Apo...maman...
Si elle avait été dans son état normal, elle aurait éclaté de rire.
Là elle avait juste mis sa dague sous la gorge du messager.
Elle avait horreur qu’on se foute de sa gueule.
Il avait promis, juré, pleuré...
Elle lui avait juste balafré le visage pour ne pas qu’il l’oubli.
Il fallait qu’elle voit ça de ses propres yeux.
Elle, maman ! Mais qu’est ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter cette punition ?

La route est longue jusqu’en son BA.
La blonde s’arrête peu, juste histoire de reposer ses pieds.
Un murmure musical sort de sa bouche de temps à autre,
Sans aucune conviction pourtant.
Le paysage défile pour arriver enfin à la ville.
Nouvelle rumeur qui parcourt les rues.
Ça ne se passe pas bien...
Impossible ! Elle accélère le pas.
Elle arrive prêt de la demeure.
Hausse un sourcil.


Ba elle se fait pas chier l’Apo...

Elle s’en fiche en fait.
C’est juste qu’elle n’aime pas les choses trop grandes.
Elle ne bouge pas.
Regarde au loin.
Les voient défiler.
Ses amis, ceux qui compte pour elle.
Elle n’est pas seule, tant mieux, elle est en sécurité, ils vont la ramener, comme toujours.
Des têtes connus en approche.
Elle recule dans les arbres, telle une ombre parmi les ombres.
Pas maintenant, trop tôt, trop de temps s’est écoulé.
Frisson. Peur du retour. Elle n’est pas là pour ça, elle est là pour elle.
A demi caché de l’arbre, elle observe un colosse entrer.
Destiné...elle était sûre depuis longtemps qu’ils étaient destinés.
Regard qui se perd à nouveau dans le vide.
Elle se souvient de sa rencontre avec Apolonie...

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Vendôme, il y a...si longtemps déjà.
Des Sentinelles venues offrir aux Lucioles un noël brulant.
Un sapin qui s’enflamme, une mairie empruntée pour l’occasion,
Et une réconciliation par les armes.
Une Apolonie timide et réservée arrive alors.
Une rencontre en taverne où la brune va tenir tête à la blonde qui lui a volé son frère.
Apparence...déjà à l’époque.
Juste histoire de marquer le coup avant qu’elles rirent ensemble de leur rencontre originale.
Puis c’est l’heure du départ et des aux revoir.
Ou des adieux...Aphélie pensait ne plus jamais la revoir, et pourtant...

La Gascogne...
Nouvelle vie pour un nouveau départ.
C’est ce qu’ils pensaient à l’époque...mais rien ne change, autre ville mêmes histoires...
Un procès, une fin sans espoir, un bucher...
Elle touche le fond alors que ses parents partent en fumée.
Lève les yeux une dernière fois et les voient...
L’espoir renaît, un espoir qui ne porte qu’un nom...vengeance...
Et elle est là...tel un soleil elle éclaire la roulotte.
Même couverte de sang, elle brille toujours autant.
Elle a changé depuis Vendôme, elle a grandit, murie, c’est endurcie...
Elle tombe mais se relève, elle continue à se battre à sa manière,
Pour eux...


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Non...
Non…
NON…
NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!


Le cri la fait revenir à elle.
Elle lève les yeux vers une fenêtre.
Crok...elle reconnaitrait cette voix parmi des centaines.
La bouche s’entrouvre légèrement.


Alors ça y est...

Elle regarde par-dessus son épaule.

C’est fini...je savais bien qu’on arriverait trop tard tu vois...elle a rejoint les étoiles...

Puis elle tourne à nouveau la tête vers la bâtisse...

Bonne route...

Que dire d'autre...elle manquera et elle le sait...
Liamchaa
[En lisière]

Cri de désespoir.
Tant entendu sur les batailles.
Sur le lieu de ses crimes.
Ce froid qui perdure.
la Blonde de se dresser.

De la troupe,
Il en reconnait.
Lycia, Amb, Aphelie
Karine à côté de lui.
Peur sur le visage.
Il regarde la demeure.
Calme relatif.

Gobilles vertes sur la Blonde.
Il capte son regard.
Angoissé.
Jamais il ne l'avait vu comme ça.
Son bras vient la prendre par les épaules.
Il lui dépose un baiser sur le front.
Il la serre contre lui.
Tous deux.
Vue sur le domaine.
Un moment.

Il lui fait faire demi tour.
C'est fini.
Elle n'est plus.
Une étoile s'en est allée.
Une de plus.
Plus rien à faire dans le coin.
Daresha
Ici. Là. Ailleurs.
Dans un autre monde.
Sur un banc.
Dans les bras d'une nature encore endormie.
Mais après tout, qu'importe.


Nouvelle halte de ce voyage qui trainait en longueur.
Nouvelle halte mais différente des autres, mais pas pour elle.
Nouvelle halte, nouvelles réfléxions.

Le regard perdu sur l’horizon incertain, elle se surprit à imaginer ce que serait sa vie, si le Vicomte était encore de ce monde sans intérêt. Elle s’était focalisée sur ce sec tournant de son destin et ne pouvait s’en détacher ; son esprit appelait à cette réflexion inutile. Que serait-il advenu d’eux et de leur couple si fragile ? Aurait-il accepté de ne s’en remettre enfin qu’à elle et d’oublier toutes ces autres qui partageaient ses bras et faveurs ? Aurait-elle été capable, après lui avoir répété tant de fois qu’elle n’aimerait que lui jusqu’à la fin des temps, de lui avouer que son cœur s’était finalement épris d’un de ses frères ? Auraient-ils fondé une vraie famille ? Jamais il ne lui aurait accordé les uniques faveurs de son cœur. Et jamais elle ne lui aurait avoué l’amour interdit au risque de mettre en péril ce feu sacré de la fraternité chevaleresque. Jamais ils n’auraient vécu dans un vrai cercle familial. Au fond de son être, elle savait ce qu’elle aurait été si elle n’avait pas été veuve de ses premières noces : elle serait restée la même, fidèle épouse trop dévouée à son mari, au nom d’un fils adoré qu’elle ne pouvait priver de son père. Elle se serait perdue dans ses illusions familiales, attendant que son époux daigne vouloir regagner le foyer conjugal. S’il n’était pas mort, voilà ce qu’aurait été sa vie. Parce qu’elle aurait bien eu trop peur de la prendre en mains et de l’affronter, pour s’affranchir de ces chaînes qu’elle s’était elle-même attachées. Quoiqu’il en soit, tout aurait été tellement plus facile… Elle n’aurait eu qu’à attendre sagement que le temps passe sur elle et fasse son œuvre infernale.

Mais il en avait été autrement ; tout autrement. Le Destructeur était redevenu cendres depuis des années déjà: elle n’avait qu’à fermer les yeux pour revoir les flammes moqueuses dévorer son corps vide de toute âme ; son annulaire gauche portait un anneau nuptial offert par cet autre qui avait été son âme sœur dès leur première rencontre ; son ventre s’était arrondi par deux fois et avait porté à la fois une mort bâtarde et une vie légitime. La Mort du Vicomte avait accouché d’un amour profond longtemps nié et maudit, naissance difficile et blessante, à la beauté relative qui n’avait été qu’un leurre en lequel elle avait niaisement cru, grâce à ce sentiment appelé Amour.

L’amour…
On vous invite à boire à la source de l’amour que l’autre prétend vous donner, cet autre qui partage votre vie, cet autre qui est votre second vous-même. Vous y épanchez votre soif avec déraison, vous laissant enivrer par ses douces vapeurs enchanteresses. Vous laissez votre cœur l’emporter sur votre raison au point d’en oublier le monde réel et toutes ses sournoises vicissitudes. Vous aimez, tout simplement sans vous soucier du temps qui passe, bien loin d’imaginer que le vent peut tourner brusquement.
Aimer.
Quel plus stupide et douloureux sentiment que celui-ci ? Voler dans des sphères soyeuses et doucereuses et se faire couper les ailes en plein vol pour retomber dans une chute fracassante ; il est vrai que ça a son charme. L’homme sait aimer et aime ; du moins il essaye. Mais l’homme sait souffrir aussi ; il n’essaye pas, il y arrive. Et il aime aussi croire en des idéaux invraisemblable. Pourquoi se perdre dans des croyances si vaines, qui ne font qu’accroître la douleur lorsqu’elles sont brisées ? Tout simplement parce que l’être humain est un imbécile.
Aimer.
Foutaises...

D’un geste lent de sa dextre gantée de cuir noir, elle arrangea une mèche qui s’était enfuie du ruban qui retenait nattée sommairement sa chevelure qui se striait de blanc un peu plus chaque jour. Regardant la brume matinale s’étirer sur le domaine seigneurial, soupirant avec légèreté, elle réfléchissait à cette terrible notion à laquelle elle s’était adonnée pendant toutes ces années passées. Un sourire moqueur se dessina sur son visage blême sur lequel soufflait une faible bise matinière. Elle s’était laissée aller à ce sentiment. Elle l’avait pleinement vécu, croyant que la beauté de ses amours surpasserait toute la douleur qu’elle avait connue. Elle avait aimé de tout son être. Pour rien au final. Si, pour deux enfants qu’elle avait désirés mais qui n’avaient pas demandé à naître, qui étaient aujourd’hui privés de leur mère qui les avait complètement délaissés. Ils n’avaient pas demandé à se trouver au milieu de la désastreuse vie de cette génitrice qui avait perdu pied à cause de quelques mots couchés sur un vélin froissé. Ils en subissaient toutes les conséquences contre leur gré. Et cela lui importait bien peu. Non, elle ne voulait pas y penser, sûrement pour ne pas culpabiliser et revenir sur les erreurs dans lesquelles elle s’enfonçait lamentablement.Mais... Mais elle ne les oubliait pas, du moins, quand son esprit se faisait un peu lucide. Elle pensait à eux, à leur héritage, leur avenir… Pour preuve, les unions qu’elle envisageait pour eux ! La petite damoiselle de Lorgies portait encore des langes lorsqu’elle lui avait trouvé un parti à épouser. Restait son ainé, mais la gente féminine bien née était des plus rares… Elle n’escomptait pas baisser les bras sur ce point. Enfin quoiqu’il en soit, elle ne leur laisserait pas le loisir d’aimer et de connaitre les tourments de l’amour.

Mère généreuse, ta bonté te perdra ! Prends garde !
C’est la seule solution et tu le sais.
Moui… Déjà que tu les as comblés de tous tes mensonges, je suis sure que cette vision des choses leur fera des plus plaisir… Ca t’évite de te remettre en cause… Mais remarque ça m’arrange… Je n’ai plus à me retrouver refoulée au fin fond de ton être… Te voir te détruire est tellement plus amusant !
Ils me remercieront plus tard…
De les avoir abandonnés ? J’en suis presque certaine… Ils te le rendront bien, m’est avis, mais à leur façon.
Laisses moi, veux tu ? Va-t-en…
Je n’en ai nulle l’intention… Je te dérange ? Tu devras faire avec, tu m’en vois… profondément… comment dit-on déjà ? Ah oui… navrée. Je te promets que c’est sincère…

Elle ferma un instant les paupières, cherchant à revêtir ce masque de froideur et d’indifférence qu’elle portait à longtemps de temps, excepté lorsqu’elle était seule. Quoique, même baignée de solitude, elle en glissait de plus en plus souvent les traits sur son visage fatigué. Il était une barrière contre le monde extérieur et ses turpitudes, contre ces autres, connus ou inconnus qui lui renvoyaient une part d’elle-même qu’elle se refusait à reconnaitre. Il lui permettait également de croire qu’elle prenait son destin en mains, faisant par la-même un pied de nez à son conscient inconscient moqueur. Etait-ce vraiment le cas ? Menait-elle la danse de son plein gré ? Elle y croyait. Elle croyait vraiment être cette femme distante et glaciale, inaccessible et insensible. Elle l’était sûrement mais ce n’était qu’une façade bien futile.
Hey… c’est moi qui fait tout le boulot ma grande ! T’es priée de pas m’oublier...

Ses émeraudes ne revinrent au monde des vivants que lorsque des cris de rage et de fureur se firent entendre un peu plus loin. Ils avaient percé la langueur matinale, tels des éclairs dans un ciel immaculé. En d’autres temps, elle se serait rapidement levée, et serait aller en trouver la source. En d’autres temps… Ces autres temps étaient révolus. Depuis longtemps Elle se contenta seulement d’un sourire étrange et leva son regard vers le ciel, comme une bravade moqueuse. L’atmosphère, à leur arrivée, était bien trop calme et pesante. L’air étouffant empestait le malheur et il suffisait d’un seul regard rivé dans celui des quelques personnes croisées et anxieuses. Que savait-il faire d’autre, ce Ciel, en dehors de prévisibles ravages de l’âme et des cœurs ? Non, elle ne s’en surprendrait plus…
Elle rabattit machinalement sur son visage, la capuche de sa mante. Un long frisson lui parcourut l'échine lorsque la fourrure qui en ourlait le pourtours caressa avec légèreté sa joue. Sa mains joua sur le délicat pelage sombre alors que son sourire énigmatique s'élargissait à peine sur ses lèvres fines. A quand la fin? Elle détourna légèrement sa tête du côté d'où provenaient les cris du fauve démoniaque. Oui, le ciel avait encore réussi son travail... quelles en seraient les conséquences pour les pauvres hères qui se trouveraient sur le chemin de la bête blessée...? Et est-ce que cela lui importait réellement, d'ailleurs?

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Lycia
Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Une voix la surprend sans la faire sursauter. Le sourire présent s'étire davantage sur ses lèvres tandis qu'elle réalise qui se trouve derrière elle. Le coeur s'emballe, un rire la prend, puissant, s'échappant du plus profond de ses entrailles tandis qu'elle se retourne et fait face à ses Bras. Et de voir son visage rougie, ses yeux ravagés, et le sourire pourtant présent sur ses lèvres, elle n'en rit que davantage. Ca chatouille ses côtés, ça lèche son cou, ça s'insinue dans ses bottes pour toucher la voute plantaire et la faire hurler de rire plus fort encore.
La pluie se met à tomber drue , semblant vouloir attiser la folie joyeuse l'envahissant à vitesse folle. Mais rien ne semble pouvoir cesser de la faire rire, elle s'avance vers l'Amberle et se tient à ses épaules pour ne pas s'écrouler par terre et se frapper les jambes.


Ouihihihihihihihiiiiiiiiiiiii!!! L'est morte!!!
J'suis d'solée ma belle, d'po être désolée!


Le corps parcouru de spasmes, elle lâche ses épaules et doit s'asseoir pour soulager la douleur grandissante, abdominaux mis à contributions pour la première fois depuis... Un siècle au moins. Elle ne se souvenait plus quand elle avait rit comme ça pour la dernière fois. Ne se souvient pas d'avoir été si joyeuse depuis des années. Depuis le vioc? Et encore?
Les larmes se lient à l'eau pluviale et ruissèlent sur ses joues. Bordel, c'était si bon! Si bon de rire! Pourquoi s'était-elle empêcher de rire toutes ces années? Pourquoi avoir été malheureuse au point d'en vouloir à tous de leur bonheur écœurant? N'avait-elle pas eu le choix? Aurait-elle pu changer son destin, sa vie, sa façon d'être et de penser? Nan... Elle n'était pas faite pour être heureuse. Et pourtant que c'était bon de l'être.
De savoir qu'elle ne reverrait plus jamais l'autre, de voir ses Bras, de savoir qu'elle allait revoir ses amis... Ses amis... Perdus depuis si longtemps de vue...


Se calmant progressivement, elle essuie son visage, les cheveux trempés et plaqués sur son crâne sans qu'elle n'en ai cure, chemise gênante devenue collante, qu'elle enlève sur le champ pour se retrouver à moitié en haillons.

J'suis v'nue faire la fête mes bras! Elle lui fait un clin d'oeil et ajoute:
Et moi donc! T'm'as manqué vilaine! J'po pu faire d'autre concours d'beauté d'puis qu'j't'ai perdu d'vue.

Se relevant, elle s'approche de sa brune, l'enlace, caresse ses cheveux et la serre contre elle. Quelques secondes s'écoulent ainsi avant qu'elle s'éloigne légèrement et l'observe.

T'fais peur ma belle. Va falloir qu'j'te paye un coup avant d'repartir à la chasse. J'ai grand b'soin d'exercices!

Elle repousse une mèche de cheveux lézardant la joue pâle de son amie et redevient plus sérieuse en entendant parler du Crokie. Il allait falloir veiller sur lui ouep, mais pas que. L'Aphé l'était dans le coin aussi, attendant qu'le prince pas charmant se réveille après tant de mois dans le coma. Une légère masse vient se poser sur les épaules de Lycia, reprenant sa place naturelle tandis qu'elle imagine son vioc étendu, le visage serein attendant son heure pour refaire surface. Elle avait beaucoup de boulot qui l'attendait.
Car qu'ils le veuillent ou non, qu'ils se foutent ou non de son aide, elle comptait bien veiller sur eux aussi longtemps qu'il faudra. Sentant la tristesse reprendre son habitat, elle pensa à son blond et sourit. Dorénavant, il était là. Et ses Bras aussi. Et bientôt son Erm' aussi. Ses rares amis réunis, pour le pire mais surtout pour le meilleur.


Ouep on f'ra gaffe à lui, t'inquiètes, j'compte pas l'laisser.

Glissant un bras autours des épaules d'la brune, elle sourit de plus belle, et lui dit:

M'enfin, pour l'moment, si tu m'payais à boire? Nan parc'qu'fait soif ici, et j'suis à sec pour payer quoi qu'ce soit.

*Tu me demandes si je suis heureux
Bien c'est un fait
Je peux dire que je suis fou de joie*

(merci à Stevie Wonder pour Master Blaster, entre * petite traduction d'un passage de la chanson)
_________________
Pas besoin de bannière pour connaître ma couleur, rouge d'un jour, rouge toujours!
Kar1
Il l’a compris. Un bras passe autour des épaules de Karine. Elle se calme parce qu’il est temps de passer à autre chose. Ils ont dit au revoir à Apo, de loin. Cette dernière les voit surement de la ou elle se trouve, c’est tout ce qui compte.

Son regard s’apaise pour donner suite à des yeux amoureux. Blondine est bien près de son Noir. Joli réconfort que d’avoir trouvé cet homme là.
Un rire au loin, pendant que Liam lui fait faire demi-tour, le cou de Karine se retourne vivement pour que ses yeux se posent sur cette femme. Femme qui rit, femme qui se déshabille pour cause de pluie. Femme qu’elle a croisée à Valence voilà des lustres.

Haussement d’épaules, ce n’est absolument pas le moment pour la blonde de faire un semblant de causette. La charrette les attend un peu plus loin du domaine. Moulins, c’est une ville bien trop triste maintenant. Le Maire déprime, le tavernier aussi. La pluie n’arrange. Pis, le cheval commence à piaffer en voyant le couple se diriger vers lui. Il a hâte de partir aussi. Il sent que la Bourgogne n’est pas loin. Comme s’il lisait dans les pensées de la blonde. Comme s’il savait ce qu’elle a en tête. C’est leur lieu de naissance à tous les deux. Canasson pourra peut être retrouver ses compagnons, ceux avec qui il passait son temps avant que les routes deviennent son lieu de résidence. Il est temps de partir.

Nevers.. Vont-ils se souvenir de la blonde là bas. On dit souvent qu’elle est inoubliable mais pourtant. A croire que sa mémoire de poisson rouge est bien plus performante parfois. Elle verra bien de toute façon.

Deuxième haussement d’épaules, Karine vole un baiser à Liam, caresse la croupe du cheval et lève une jambe pour la mettre à la hauteur du marchepied de la charrette.

En route..

_________________
Karine de Pommières.
Sunie
Unis… Ce visage, ce regard terne, ces mots… gamberge, résonnent dans la tête de l’écuyère, les voilà tous par petit groupe a la veiller tour a tour… ressortant le visage encore plus sombre…du monde trop de monde Sunie n’aime pas quand ça grouille de partout comme ça, elle se remet en retrait les observant entrer au fur et a mesure dans la chambre Vicomtal…. Des bottes ferré qui claque et qui raisonne dans l’entrée… des pas déterminé, un colosse au regard acier qui fait enfin son appariation …une brindille qui se plaque au mur soufflé par la masse qu’il déplace sur son passage…Un colosse qui débarque et qui entre enfin la rejoindre elle…qui n’a fait que l’attendre ces dernier jours…le calme qui retombe suivit peu de temps après d’un crie a vriller les trippes qui se fait entendre…Sunie ferme les yeux a ce moment là… elle comprends que c’est finit… la douleur et la haine l’emporte…


Et puis elle les observe tous partir un a un …tout ce vide autour d’elle…Sunie c’est adossé pendant ce laps de temps dans le couloir…elle doit finir ce pourquoi elle était aussi auprès d’Apo par devoir… mais aussi par amitié… refouler son côté sauvage qui essaie de reprendre le dessus alors qu’Apo n’est plus là pour tempérer… Soudain un pli amer sur les lèvres, la brindille se casse entre ses doigts... un echo de quelque bribe ce conversation lointaines qui r’viennent et raisonnent...
*C’est quoi une cuyère t’trouve pas que j’touille assez d’partout dans l'Royaume? *ça veut dire... fidélité et loyauté… ça veut dire foutre un peu d'eau dans ton vin, et apprendre à s'tenir en public, mais ça t'empêche pas d'rester toi-même…* deux r’gard azurée qui s’croisent et s’jaugent….* j't'embauche, écuyère... * et de ce r’tourner sur une question d’une dame en taverne * Et bien sunie s'occupe de moi, elle gère mes armes, mon cheval, elle me suit partout, elle gère pendant les joutes, et je la forme en échange ….*

Les paupières se referment et la douleur se fait plus intense… Pour se réouvrirent et veiller sur elle …la préparer… Elle entre dans la chambre assombrie… plus un bruit juste l’odeur de la souffrance et cette chape que l’ombre laissait planer qui n’était plus là… Un regard vers la fenêtre et elle ouvre le lourd rideau… ouvre en grand cette fenêtre laissant passé un vent glacial… et se penche a la fenêtre de la chambre Vicomtal pour apercevoir le colosse furieux et ceux qui sont sortie…prendre l’air…

Puis se retourne....Son regard clair dévie sur le visage d’Apo…glisse sur la silhouette d’Apolonie étendue sur ce lit….Diverse émotions explosant en elle….Elle étouffe de ce nœud au ventre qui ne la quitte pas……elle n’arrive pas a y croire a réaliser …sa rage est intérieur, elle ne veut pas sortir, pas encore…. comme les traces de sueurs et de souffrance qu’elle porte encore sur elle, sur sa chemise… alors qu’elle était tout contre Apo pour l’aider a faire naitre son enfant…elle doit finir ce qu’elle a a faire avant de laisser échapper cette haine qu’elle sent monter en elle…personne ne c’est encore rendu compte que Sunie intériorise tout… elle ne dit jamais mots de ce qu’elle ressent…reste bien souvent a l’ecart comme un animal sauvage….seule Apo arrivait a déceler ce que celle qu’elle nommait sa brindille ressentait… il faut que la part de sagesse qu’Apo lui avait inculquer prennent le dessus pour le moment et la veille comme elle avait promis de veiller sur le chiart qui venait de naitre… Gaspard. Une partie d’Apolonie…. Etait en lui….suite d’une promesse…


C’est l’écuyère qui était en charge de rassembler, d’organiser les affaires de voyage de la vicomtesse…Elle effectue les gestes devenue instinctif… défait les bagages qu’elle a eu a peine le temps de poser… Les vêtements, les armes qu’elle range… les trois épées…le bouclier un peu bosselé qu’elle tenait de Bireli… les dagues… et la Dague de son âme soeur…celle-ci elle ne la range pas avec les autres, elle sait l’écuyère… l’importance de celle-ci entre les deux…Elle effectue tout ces gestes telle une automate… laisse glisser son regard sur la garde robe de la vicomtesse…. Leger pliss’ment d’nez, pas d’robe pour Apo…. Sa petite main effleure une tenue de Daim et de Cuir… et s’en saisie… rapportant tout cela vers le lit Vicomtal où elle la retrouve …Quelque instant… elle se laisse le temps d’observer son visage… il parait enfin reposé…les traits tirés de ces dernier jours n’était plus….ce masque qu’elle semblait porté…mâchoire serré sourire de convenance posé sur ces lèvres pour ce rendre au château ducal n’étais plus….Sunie l’avait vu changer ces dernier temps, s’épuisant a bout de force mais ne se plaignant jamais… et prenant guerre de repos….même les remarque pertinente et l’éclat de son rire ce faisait rare… Un soupire s’echappe une lueur dans le regard azurée de l’écuyere… et elle s’apprête a défaire la natte et brosser les cheveux d’Apo….puis de la vêtir ….
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~~~~~~~~Mon Ame a son secret, Ma vie a son Mystère~~~~~~~
Cuyère en Deuil d'Apolonie....
Rexanne
Au chevet d’une amie qui respirait la vie… vie qui lui aura pourtant été fauchée…
Les larmes coulent, pleuvent, roulent, silencieuses, parant de diamants étincelant un regard perdu dans le vague… le regard de celle qui pense a tout et rien en même temps… un chapelet de pensées hétéroclites qui s’égraine dans le plus parfait désordre… souvenirs…
Une main chaude qui agrippe une main refroidissante, comme si elle pouvait lui communiquer sa chaleur, l’irradier, la ramener … vaines illusions inconscientes…

La porte qui s’ouvre la ramène au douloureux monde réel…

Sunie… L’écuyère d’Apo, rencontrée il y a peu au hasard d’une taverne Bourbonnaise…

Partagée entre le désir de fuir, dissimuler ces larmes et ces yeux rougit qui écornent son orgueil ; et celui de rester, pour Apo, offrir son aide, apporter son amitié à la dernière funèbre cérémonie que son amie connaitra… Partagée, Déchirée, l’esprit embrumé, si bien qu’aucun mouvement n’est esquissé.

L’écuyère entame la préparation d’Apo, portant à la défunte tout le respect qu’elle mérite, sans lui prêter plus attention, faute de savoir comment réagir sans doute, faute de savoir quoi dire…
Alors finalement la voix de la brunette s’élève, basse, calme et un peu rauque peut-être…


– J’peux aider à faire quelque chose ? Pour la vêtir peut-être qu’on s’rait pas trop d’deux…
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Ilmarin
Une nouvelle aube. Ou quand la vie essaie de retenir la vie.

Un rayon de soleil plein d'espoir, timide, fraye son chemin, éclaire le couple secoué par ses sanglots silencieux pour sécher la cascade argentée de larmes oubliées. Vainement.

Au moment où Apolonie éteint ses azurs...
Au moment où Cerridween apprend la mort d'un ami...
Au moment où le coeur de Crokie s'arrête de battre...
Elle apprend la mort de son amie, son double. Sa soeur. Depuis des mois - des années? - elle n'avait pas pleuré. Quelques larmes parfois, mais rien d'aussi douloureux, intense, perturbant par cette intensité qu'elle avait oublié. La jeune femme sanglote au cou de Rhuyzar, son compagnon, son amour. Le seul à pouvoir recueillir, dans un soutien silencieux indéfectible, la peine qu'elle déverse.
Tout aussi silencieux, les deux pages qui les accompagnent s'approchent; l'ainé, Luthifer, adolescent efflanqué d'environ quatorze ans, tend la main vers la lettre tombée dans la poussière, la parcourant le plus rapidement que ses connaissances faiblardes en lecture le lui permettent. Relevant les yeux vers sa Daronne, il serre les machoires à son tour, comprenant. Mieux. Mais ne trouvant rien à dire, rien à faire. Se sentant aussi inutile qu'un jambon dans un potager. Seulement capable de murmurer à Moustique, gamin brun aux yeux verts, comme les siens, d'une petite dizaine d'années, ce qu'il sait. Et de serrer son compagnon d'entourloupes dans ses bras, dans un deuil aride mais difficile.


NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!

Un cri retentit... Secouant les murs du chateau, les frondaisons endormies. Un cri qui réveillerait un village, un cimetière, dont la vague sonore serait presque capable de créer un mur de son.
On ne se refait pas, quand on vit par et pour le danger. Le moindre son inhabituel est capté d'instinct. Sans doute n'est-ce pas le cas de tous; fugacement, elle les envie, ceux qui n'ont jamais dû se battre pour vivre. Ce doit être doux d'être sourd...
Pourquoi Crokie hurle-t-il? De toute façon, qui d'autre pourrait hurler ainsi de toute façon? Entre grandes gueules, on se reconnait, même noyés dans les larmes et dans le sang... Le visage couvert de perles, les yeux rougis par la douleur aquatique qui s'écoule sans fin, la Blonde relève le visage de la cachette douce et rassurante de son fiancé. Aux aguets malgré l'hémorragie oculaire.


Tu l'as tué!!
CRAAAAAAAC CLIIIIIIIIIING
Bon. Cette fois, faut se rendre à l'évidence. Crok ne s'est pas tapé l'orteil sur le coin d'une armoire ou enfoncé le crane dans une porte trop basse de plafond. Et, à moins de vouloir inaugurer le principe de baies vitrées coulissantes, pourquoi fracasserait-il une fenêtre aussi peu délicatement...
Quelqu'un est passé par l'issue nouvellement créée. Pas un meuble, ni une brique, encore moins un pot de fleurs. Quelqu'un.
Là aussi, les réflexes agissent avant que le cerveau ne se mette en route. Même le coeur détruit par la douleur, le couple se remet sur ses pieds, fixant la scène avec effarement. Une rousse...? C'est bien une rousse qui vient de voler...?


Cerrid... On... Dirait Cerrid..
Quoi...? Quoi? Le regard émeraude se tourne vers Rhuyzar, murmurant ces mots comme dans un rêve alors qu'ils contemplent les combattants se préparer. La mère de Moustique...? Ici...? Sous les coups de Crokie?!?
D'un autre côté, pourquoi douterait-elle du chevalier? Il connait ses hommes, ses compagnons, ses Licorneux. Donc...

Comment décrire l'enchainement de pensées? L'instinct qui prend le pas? Comment décrire la complicité d'un couple vivant depuis des années les mêmes combats, buvant les mêmes sangs versés?
Plus tard, elle remerciera les drogues qui avaient renoué avec son quotidien, engourdissant assez son dos pour ne pas ressentir d'élancements quand elle pousse sur ses jambes, pour entamer sa course au travers de la cour.


Protège les gosses!!
C'est son serment, sa promesse. Aider son ami, quoiqu'il arrive, jusqu'à bon port. Même si, apparemment, le bateau n'avait pas trouvé le bon quai...
Si la victime du désaxé qu'elle connaissait était vraiment Cerridween, Moustique ne devait pas approcher. Pour rien au monde. Et elle ne pouvait que confier les pages à son compagnon. Une évidence, là aussi instinctive...
Libérée de ce début d'inquiétude, elle se précipite vers le duo. Sans réfléchir à ce qu'elle pourrait faire, elle fétue de paille, maintes fois brisée par les tempêtes de son existence, qui refusait que d'autres connaissent son sort... Qui refusait que son ami, ses amis s'il s'avérait que c'était bien Cerrid, se battent et se blessent sous son nez...

Souffle qui accélère... Muscles qui se tendent... Bottes qui claquent sur les pavés...
Inutile de sortir l'épée au pommeau doré... Les dagues aussi... Trop de perte de temps... Pas envie de blesser qui que ce soit... Reste... Elle-même...
Inutile de perdre son souffle à hurler...
Agir... Tout de suite...
Agir avant le bain de sang...
Ses jambes deviennent catapulte et ses épaules le projectile. La jeune femme s'élance pour faire basculer le géant sur ses appuis et le faire tomber au sol. Jaillit sur son torse, vise la taille pour y refermer ses bras.
Peut-être qu'enfin quelqu'un réagira, comprendra que ce ne sont pas les jeux du cirque qui sont célébrés sous leurs yeux impassibles. Cette jeune femme, peut-être, aperçue dans un éclair au moment où le corps nerveux de la Blonde s'enfonce dans la montagne de muscles...

Toute façon, elle ne réfléchit pas, n'a pas le choix.
Elle doit sauver la mère de Moustique.

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Felina
Maintenant ou jamais.

Le temps semble s'être arrêté et les informations parviennent au ralenti jusqu'au cerveau embrumé de la sauvageonne. Ne reste pas plantée là, secoue toi, bouge bon sang !

Rien à faire, tout son corps est paralysé. La peur ? Aucune idée … mais elle est incapable de réagir, ni même d'hurler à l'aide. Cette femme va se faire massacrer par le géant sous ses yeux et … rien … elle ne fera strictement rien, alors même qu'elle la sait condamnée. La rouquine n'a aucune chance, le sang s'écoule de son flanc comme la vie qui va bientôt la quitter, l'issue est inéluctable.

Par les cornes du diable, mais fait quelque chose !!

Combat acharné entre l'esprit qui lui hurle d'intervenir et ce maudit corps qui ne lui répond plus. Seuls ses doigts se crispent plus fort sur le manche de son arme, piètre et inutile réaction.

Quand soudain, un bruissement de feuilles sur la gauche, le cliquetis d'une semelle sur le pavé et un éclair blond qui surgit de nulle part, se jetant sur le colosse. Bruit sourd à l'impact de ce corps contre la masse de muscles. L'inconsciente … c'est du suicide.

C'est le moment ou jamais : maintenant !

Plus le temps de réfléchir, c'est sa seule et unique chance. D'un bond elle franchit le petit muret qui soutenait la verrière et se rue en direction de la rouquine. A peine un regard vers la jeune femme blonde qui vient de faire ce qu'elle n'a pas eu le cran de faire. Ne penser qu'à une seule chose, l'éloigner de là, lui sauver la vie. Chaque seconde compte maintenant, ce n'est pas le corps malingre de la blondinette qui retiendra longtemps la force du colosse enragé.

Ca y est … elle y est … un dernier effort, muscles qui se tendent, une dernière impulsion et la Féline s'empare de la guerrière aux cheveux de feu par la taille. Elle est presque légère, cela facilite la manœuvre. L'étreinte se resserre, nouveau bond, le plus long possible et elle l'emporte dans sa chute. Le choc est rude mais elle ne peut l'empêcher, grimace de douleur, craquement sinistre du bras qui l'enserre. Pas grave, ne pas se déconcentrer, ne plus penser qu'à une seule chose : lui sauver la vie. Comme la rousse est à terre, la sauvageonne se redresse rapidement et se retourne.


Ne bougez pas!! Restez à terre !!

Les mots claquent comme un ordre. Désormais s'il veut la toucher, il devra en passer par elle. Elle mourra s'il le faut pour empêcher la vengeance de vaincre, elle qui par le passé ne s'est jamais battue pour autre chose que sauver sa misérable peau. Chienne de vie, tu m'auras tout fait !

Elle se dresse de toute sa hauteur entre le colosse et sa victime, arme au poing, regard sombre qui ne perd pas une miette de l'affrontement qui se déroule devant elle. Excitation, peur qui se mêlent. Frisson qui lui parcourt l"échine. Respirer ... ne pas flancher ma belle.

Ultime provocation à l'intention de la Faucheuse : celle là tu ne l'auras pas !

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Juliuz a dit : "Felina, que j'ai convertie aux joies du brigandage, une vraie perle de franchise et d'humour"
Eikorc
[Le Diable est enfin chez lui… Au fin fond des abysses…]

Bruit sourd d’un corps qui heurtent lourdement les pavés, accompagné de la mélodie presque enivrante des bouts de verres qui s’écrasent inlassablement autour de sa victime… Ses bottes viennent s’abattre sur ce qu’il reste de vitre, éclatant les derniers morceaux alors qu’il ploie un genou pour mieux se stabiliser… L’azur métallique retrouvent sa proie alors qu’un grognement sourd monte dans sa gorge et qu’il s’élance, le bras gauche tendu en arrière alors que d’un bond il se jette sur elle…

Les muscles se détendent pour libérer le poing puissant qui siffle dans l’air aussi vite qu’il peu, visant le visage de la rouquine… L’étincelle s’allume dans le regarde la montagne de muscles alors qu’il voit son poing se rapprocher inéluctablement de sa cible encore sonnée par le coup précédent… Comme au ralenti sa main rejoint le visage de son adversaire… Ou presque.

Un choc dans ses doigts… Contact froid et douloureux. Un grondement sourd s’échappe de sa gorge alors qu’il entend quelques phalanges craquer contre les pavés durs… Il sent les morceaux de verres s’immiscer dans sa chair, transperçant le dos de sa main… Douleur fulgurante qui remonte le long de son bras et fait flamboyer encore plus l’azur métallique de son regard…

Un rire s’échappe presque de sa gorge alors qu’il se rend compte que la colère qui l’habite anesthésie la douleur lancinante de cette main sanguinolente… Presque. Parce qu’à peine s’est-il relevé pour tenter d’asséner un nouveau coup, qu’il sent le contact froid d’une lame se poser contre sa gorge… Le visage se tourne pour accompagner le fugace mouvement… Liquide chaud qui s’écoule déjà sur sa peau, sa main intact vient passer sur la plaie, récoltant le fluide de vie du bout des doigts pour amener devant ses yeux le pourpre qui les teinte…

Un sourire étrange vient étirer le coin de ses lèvres alors que son regard abandonne ses doigts pour plonger dans les émeraudes qui lui font face… Fugace moment de pause où seuls les regards s’affrontent. Voit belle rouquine la rage qui s’est fait mienne, comprend cette folie qui s’est emparée de moi… Connais-tu cette souffrance ? Connais-tu cette envie de détruire, de broyer, de tuer ? Peut-être pas… Dans ce cas, c’est moi qui te l’apprendrait…

Jambe gauche qui recule lentement, le plus discrètement possible… Pour permettre au diable de prendre une impulsion. Les mâchoires se contractent, le regard devient fixe… Masquer l’assaut… Masquer l’attaque qui se prépare… Elle est armée et alors ? Il ne craint rien, il n’a rien à perdre… Qu’elle tranche dans le vif, la douleur ne l’atteint pas. Il ne veut que sa mort…

Des bruits de pas dans son dos, un sourcil se hausse en même temps qu’une oreille qui se tend… Quelqu’un voudrait-il s’interposer entre lui et sa proie ? Qui oserait empêcher le diable de voler la vie de sa victime ? Mais rien… Juste une distraction qui l’a empêché d’entendre et d’apercevoir le boulet de chair qui vient s’encastrer violemment dans son torse…

Tornade blonde qui s’empare de son corps, son esprit envahit par la fleur d’oranger… Le souffle lui échappe dans un râle alors que la vue se trouble quelques secondes… Un pas. Ilm ? Il n’y a qu’elle pour porter ce parfum… Mais pourquoi se serait-elle jetée sur lui ? Deux pas. Pourquoi ne relâche-t-elle pas son étreinte ? Pourquoi semble-t-elle vouloir le retenir ? Trois pas. Non ce n’est pas elle…

L’esprit s’enflamme avant le corps, replongeant dans les souvenirs presque oubliés… Montagne de muscles forgée pour le combat, depuis son enfance, jusqu’à son adolescence il avait appris à manier les armes, toutes. Jusqu’à ce qu’il se décide à partir… Et là avait suivit les rixes en taverne… Toujours l’avantage de sa masse, de sa force… Ce qu’il perd en rapidité, il l’a remplacé par sa puissance et sa réflexion… Et pourtant, les vieux réflexes ne disparaissent pas…

Les muscles se tendent instinctivement alors que l’esprit avise la position… Contre lui, tout contre lui, mais légèrement déportée sur sa gauche… Le coude s’envole dans un grondement sonore pour venir percuter le menton de sa blonde amie… Le choc est rude, il sent l’éclair de douleur remonter dans son bras alors que le visage de la Panthère part en arrière violemment. L’étreinte est relâchée, le corps se meut de lui-même… Jambe gauche qui se lève d’un seul coup, venant cueillir cette inopportune en plein estomac…

Souffre… Souffre et meurs… La main droite vient s’emparer de la chevelure de sa nouvelle adversaire, redressant le visage d’un seul coup, la soulevant presque de terre. Le regard étincelant tombe sur les traits connus… L’iris s’écarquille alors que le colosse se rend compte de ce qu’il vient de faire…

Rage qui s’estompe d’un coup alors qu’il voit le sang s’écouler le long du menton de son amie semblant inconsciente pour le moment… Quelques secondes seulement… Il grogne à nouveau et d’un revers de main, il envoie la Panthère de toutes ses forces en arrière, pile dans la direction où se trouvait sa victime, n’apercevant que des boucles brunes à la place… Le corps s’envole, mais il n’entend que le choc sourd des deux femmes qui se percutent. Déjà il a pivoté sur ses talons… Déjà il part en courant dans le sens opposé, courant le plus vite possible… S’éloigner le plus vite possible de ce visage ensanglanté, de cette rouquine qu’il maudit, de cette âme-sœur qu’il pleure… Il n’a pas pu la venger… Il n’a plus qu’à la rejoindre…

Combien de temps a-t-il couru ? Quelle distance a-t-il parcouru ? Il n’en a aucune idée… Et pourtant il se laisse tomber lourdement à genoux… Les yeux sont secs alors que le regard tombe sur ses mains… Il découvrent les morceaux de verres ancrés dans sa chair et la douleur semble enfin remonter jusqu’à son esprit… Plus qu’une chose à faire pour qu’elle cesse… Tout comme les éclairs blancs qui commencent à danser devant ses yeux à cause de la douleur de sa nuque revenant à la charge…

Lentement les paupières se ferment sur les azurs ternis… Sa main valide glisse le long de sa jambe, jusqu’à sa botte, les doigts s’immisçant dans le cuir pour récupérer la long dague effilée… L’arme longe ses doigts alors qu’il jongle avec, à l’aveugle… Il respire profondément, il sait ou frapper pour que tout se termine, pour qu’il oublie le visage mourant de celle qui fut son âme… Pour qu’il oublie le visage ensanglantée de sa victime désignée… Qu’il oublie aussi le visage inconscient de celle qui fut son amie…

La main se lève, la lame se pose sur sa gorge, du côté opposé de sa nouvelle blessure dont le sang s’écoule toujours… La pointe aiguisée est déposée contre la trachée, appuyant légèrement sur sa chair pour à peine l’entailler… Plus qu’un geste et tout sera fini...

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Daresha
Quand l’indifférence s’élève pour blesser les cœurs,
Quand une Rose glaciale s’évertue à attiser la douleur,
Quand une âme damnée attend la fin de tout,
Qui donnera le fatal dernier coup ?


Son nez aquilin cachée dans la fourrure sombre de sa capuche, elle n’avait pas perdu son étrange sourire. Sa tête toujours penchée sur le côté d’où provenaient les bruits du carnage funeste, elle avait gardé son regard figé sur un point invisible. Elle semblait être perdue dans une étrange rêverie ; dans une insolite contemplation. Oui, elle contemplait l’atmosphère pernicieuse qui avait envahi les lieux ; elle contemplait aussi le silence du vide absolu que la douleur s’efforçait de briser par l’intermédiaire d’un diable meurtri au plus profond de son être. Un index couvert de cuir noir vint tapoter pensivement les lèvres comtales. Elle resta ainsi, statue funeste figée sur son banc de pierre, puis ramena ses émeraudes vers le ciel. Elle posa ses mains sur son giron et respira quelques longues bouffées d’air frais avant de prendre la parole.

Artiste de la Vie… de la Mort aussi… Admire tes œuvres de désastres mortels… profite de ton travail… Pendant qu’il est encore temps… Quand tes chères brebis auront enfin ouvert les yeux, elles détruiront enfin ce monde inutile…

Si ce monde est détruit, je deviens quoi moi ?
Tu me laisseras enfin tranquille.
Je n’y compte pas vraiment tu sais… Ca te ferait bien trop plaisir… Et je n’ai pour habitude de ne songer qu’à mon plaisir…
Je n’en doute pas. Mais si cela peut te rassurer, les hommes sont tellement ganaches que le monde a encore de beaux jours devant lui…

Parler à son autre soi-même, cette seconde partie de son être que personne ne voit, que personne n’entend, que personne ne peut même prétendre imaginer. Cohabiter, se forcer à l’accepter car malgré tous les efforts il est là. Elle l’avait niée pourtant, quand elle était venue à elle. A quand… ? A loin. Cela remontait à très loin. La Rose avait encore l’éclat de ses vingt ans et une naïveté florissante. Tout allait bien dans le plus pitoyables des mondes ; mais elle était là, Elle, à attendre le bon moment, l’instant de faiblesse de trop pour se montrer. Il n’avait fallu qu’une goutte d’eau pour faire déborder le vase ébréché de sa vie. Elle pourrait presque en rire ! Désormais deux Roses faisaient ménage ensemble dans le corps comtal.
D’un soupir ennuyé et blasé de porter autant d’importance à cette autre elle, elle la renvoya au fin fond de son intérieur pour ne plus se faire importuner dans sa prenante réflexion sur la futilité humaine. Et l’Autre là-haut seul sait combien il n’y a pas plus intéressant comme sujet.

Arrangeant un pli invisible de ses jupons charbon, elle marqua un temps d’arrêt alors qu’un boulet de canon vint percer le calme relatif qui l’entourait. Le dos toujours droit, comme si une main invisible l’invitait à s’intéresser à l’importun qui était venu troubler sa relative quiétude, elle tourna son visage, écartant légèrement sa capuche pour assainir sa vision. Le temps d’observation fut court mais suffisant pour reconnaitre la démoniaque identité. A la fois si fort et si faible… Sans savoir pourquoi, elle se releva lentement de son précaire siège de roche et remis en place sa mise soignée. Même dans la folie, même dans l’indifférence, même dans les longs voyages, elle n’avait pas perdu sa féminité et de son gout de l’élégance, seules les couleurs ayant déserté ses armoires et malles de voyage.
Sans un regard pour son précédent et invisible interlocuteur en lequel la plupart des gens croyaient sans en connaitre la raison, elle tourna les talons, les pans de sa jupe de velours lourd bruissant avec légèreté. Elle continua le chemin qui l’avait conduite à son lieu de méditation, ses pieds faisant crisser et rouler quelques cailloux qui se trouvaient au milieu de son chemin. Ses perles d’émeraudes se perdirent par instant sur les branches encore nues d’un buisson, d’un vieil arbre au tronc noueux, alors que ses pieds la menaient au hasard d’un hasard qui ne se voulaient peut-être pas si hasardeux. Elle savait au fond, où elle allait, mais ne comptait pas y prêter une trop grande attention. Le hasard faisait souvent bien les choses, il était inutile de le forcer. Elle erra ainsi pensivement de longues secondes, de longues minutes, et ne se rendit même pas compte qu’elle avait pris dans sa main une petite branche. Ses mains jouèrent distraitement avec, la tordant, la pliant, mettant à mal sa solidité jusqu’à ce qu’un petit craquetement se fasse entendre, mettant ainsi fin à l’errance préméditée. Il était là.

La bête était là, montagne de muscle réduite au néant.

Elle s’immobilisa et jeta un peu plus loin les deux morceaux de la branche qui n’avaient plus aucun intérêt, si tant est qu’ils en aient vraiment eu un. Le port de tête droit sans pour autant être hautain, elle croisa ses mains sur sa poitrine et attendit tout en observant l’homme qu’elle ne connaissait que depuis peu de temps. Mais loin était la première impression de puissance qu’il avait dégagée lors de leur toute première rencontre. Etait-ce le même homme ? Il semblait bien que oui… Elle secoua négativement la tête et soupira avant de prendre la parole.


La mort… Quelle fascinante intrigante que cette amante qui ne donne ses faveurs qu’une seule et unique fois, n’est-ce pas… ? Elle est là, qui rôde, silencieuse et caressante… Elle veille, cajole et prend son dû sans prévenir… La douce mélopée de leurs respirations avait trouvé une brusque interruption, ce qui ne sembla pas gêner la Rose qui ne bougea pas de sa place et reprit son étrange ritournelle.
La mort… On l’appelle, on se joue d’elle, du moins le croit-on, ou on la défie… Et elle, elle se moque, malicieuse, refusant les avances sincères qui lui sont faites… et se donne devant notre impuissance manifeste, à d’autres… La belle est sauvage, mais c’est ce qui fait son charme, tu ne trouves pas ? Elle marqua volontairement une pause, mais elle ne s’attendait aucunement à recevoir une. D’ailleurs, l’entendait-il ? C’était là une partie de son but, de se faire entendre. Et écouter. Ses lèvres closes, accompagnée de l’unique froissement des tissus de ses jupons, elle s’approcha enfin vers lui, veillant à rester pour le moment dans son dos et posa sa main gantée sur la sienne qui ne demandait qu’à devenir meurtrière. Elle y exerça une légère pression, pour lui faire comprendre qu’elle était là. Pour l’aider… Mais dans quel sens… ? Laissant perdre son regard au devant elle, sur un arbuste desséché par l’hiver, elle ne daigna nullement baisser ses émeraudes vers lui. Mais elle se pencha légèrement pour que glisse sa voix volontairement provocatrice à son oreille.

Avoue que tu la désires, cette terrible maîtresse… Penses à son étreinte incomparable… Comment l’imagines-tu ? Froide et insensible ? Difficile à satisfaire… ? Brûlante et enflammée… ? Imagine-tu ses caresses enivrantes et son baiser mortel ? Nouvelle pause accompagnée d’un faux soupir de frustration suave. Qu’il est frustrant de ne pouvoir s’en remettre qu’à son esprit imaginatif. Ne trouves tu pas ? Notre seul droit est de l’imaginer… Comme elle doit se gausser de nous, pauvres hères et de nos demandes suppliantes et pathétiques de venir à nous…

Ah ! Belle capricieuse, pourquoi te refuser ainsi ?
Reprit-elle un peu plus fort, d’un ton empli de supplication. Nous sommes tout à toi, corps et âme. Nous serons tes fidèles par delà l’infini, par delà cette tombe dans laquelle nous aimerions tant nous coucher… . Elle revint ensuite vers son oreille, son autre main venant caresser la joue du Colosse.
Allons, beau démon, joins donc tes prières aux miennes nous devons être convaincants pour que la mort nous trouve. Ton ardeur est bien pâle et faible… Pourtant entre mes cuisses elle était redoutable… La mort t’effraie-t-elle autant ? Je la sens pourtant qui est prête à t’offrir sa délivrance… Mais sans doute es-tu trop faible pour donner plus de force à ton désir de mourir… Il me semblait pourtant que la nature t’avait été généreuse… Mais il est vrai qu’un corps bien fait ne fait pas tout… Je te pensais toutefois plus fort, plus déterminé... Me voilà déçue… Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine… Quelle étrange expression d’ailleurs… enfin ne changeons pas de sujet…

Ou en étions-nous déjà ? Ah oui… La mort… Et ta méprisable faiblesse… Oui c’est cela, la faiblesse dont tu fais preuve à ne pas l’appeler dignement. Comment veux tu qu’elle vienne à toi si tu n’y mets pas plus du tien ?

Regarde-toi, une loque humaine… Comment veux tu qu’elle succombe ? Si tu n’avais jusque là qu’à claquer des doigts pour combler ta couche de quelques amantes à la cuisse légère, pour celle là, tu te trompes… Elle est des plus difficiles et ne se donne qu’à qui la mérite…Elle n’aime pas qu’on la supplie… Elle ne prend pas par pitié les âmes damnées… Au contraire, les supplications futiles l’encouragent à prendre son temps… Elle veut, comme toute femme, des amants surs d’eux…
Sur ces mots, elle marqua une pause plus longue, laissant l’esprit sans doute vide du Géant aux deux azurs s’imprégner de ses mots.

Folle… tu es folle…
Peut-être… Mais après tout, qu’importe ?
Tu t’es vue ? Et lui tu l’as vue ?
Tu étais aux premières loges, dois-je te rafraichir la mémoire ?
Non, je me rappelle bien. Mais je ne veux pas être aux premières loges de ta stupidité !
Tu as peur ?
Tu ne viendras pas te plaindre…
Encore faudrait-il que j’en ai encore la possibilité…
Justement !

La Rose était en noir, de la tête au pied. Pas un morceau de peau ne se laissant deviner à un regard indiscret. Pas même son visage ne se laissait percer par la délicatesse fraiche d’une petite bise matinale. Mais qu’attendait-elle ? Pourquoi laisser ce silence qui sentait la mort les entourer tous les deux ? Un sourire carnassier prit place sur sa bouche entrouverte et une lueur piquante traversa ses yeux. Il manquait un dernier coup. Une volonté. Une seule. Arriverait-elle a le pousser la où elle voulait l’amener ?

Ou alors… tu es bien trop lâche pour accepter cette amante qui te suit depuis le jour qui t’a vu naître et qui s’appelle la Vie… Elle est encore plus dure… Plus capricieuse que sa noire jumelle…Moins facile à vivre…Il faut l’affronter tous les jours… Mais tu es bien trop lâche pour y arriver… Tu es bien trop faible pour comprendre qu’en vivant tu lui feras honneur… N’a donc tu aucun respect pour elle qui aurait aimé vivre… ?
Extériorise-toi…
Ne commets pas cette erreur que j’ai commise…
Extériorise ta douleur…
Mais pas sur eux…
Mais pas sur toi…
Mais contre quelqu’un qui n’a plus rien à perdre.

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Eikorc
[Ou quand le Diable se rend compte de son absence d’âme…]

Derrière les paupières les images défilent, le visage d’un soleil à jamais éclipsé, les gestes tendres, doux… Amoureux. Et le cœur qui bat sourdement, lentement… Chaque battement est une souffrance, que ça soit dans sa poitrine comme dans sa main. La douleur physique n’est rien comparée à celle du cœur dont les morceaux finissent de se disloquer…

Longue inspiration alors que la pression se fait plus forte, laissant la lame s’immiscer doucement, presque tendrement, sous sa peau, dans sa chair… Un craquement lui fait rouvrir les yeux, le regard s’enflammant d’un coup alors que les bruits de pas s’approchent… Aucun geste esquissé, il attend de savoir qui s’est approché, serrant plus fermement la garde de sa dague au cas où l’on chercherait à l’en séparer…

Et contre toute attente, ce n’est pas un assaut physique qu’il reçoit, mais des mots qui viennent glisser à ses tympans… Douce mélodie prononcée par une voix connue… L’oreille se dresse en même temps que le sourcil au gré des mots lâchés… La mort, la muerte, sa vieille amie… Oh si tu savais belle rose combien je la connais. Si tu savais le nombre de fois où je l’ai fréquentée… Pour moi, ou pour les autres…

Charmante et charmeuse, elle l’est cette encapuchonnée. Pas de doute possible sur sa nature… La mort obéit-elle au diable ? Au contraire… Sinon il ne serait pas ici, dans ce sous-bois, une dague à la main. Il serait plutôt dans cette demeure de Varenne, avec une brune à son bras, parlant de tout, de rien. Il lui raconterait son voyage… Il lui conterait les regards ahuris des gens devant son escorte… Ils organiseraient l’emménagement comme prévu…

A nouveau les azurs brûlants sont masqués par leur protection de chair… Longue inspiration alors que la pause se prolonge, que le froufroutement des jupons se fait plus présent. Pression sur sa main, le faisant crisper son épaule pour que l’arme ne s’écarte pas encore de sa gorge… Repenser à son autre suffit à le convaincre de mettre fin à ses jours, mais étrangement, il veut savoir ce que veut la Rose. Pourquoi est-elle là… ?

Frémissement qui traverse son échine alors qu’un souffle vient au creux de son oreille… La litanie des mots reprends, il l’écoute… Et au gré des paroles, un mince sourire vient étirer le coin de ses lèvres. Belle Rose, crois-tu qu’un mercenaire de mon envergure n’a pas déjà sombré entre les bras de la mort ? Crois-tu qu’elle n’a pas déjà été l’amante que tu espères découvrir ?

Un léger rire s’échappe de sa gorge… Encore imperceptible pour la brune Comtesse… Oh oui il s’amuse de l’entendre ainsi le décrire. Comment peut-elle croire qu’il supplie la mort de venir le chercher ? Comment peut-elle penser qu’il prie ? Au contraire il ne demande rien… La muerte a déjà été vaincue par El Diablo, par trois fois. Et maintenant tout ceci se précise… Son âme-sœur a disparu, son âme tout court.

Comment perdre une vie que l’on ne possède plus ?

Après l’amusement vient l’énervement… La rage anesthésiée par la course revient pulser dans ses tempes, dans sa nuque, dans sa main gauche… Un grondement inaudible monte dans sa gorge alors que la lame s’écarte lentement de sa gorge ensanglantée et que la main gantée de cuir vient se poser sur sa joue. Joue belle Rose… Joue pendant qu’il est encore temps… Oh, tu sens comme la colère monte ? Comme cette Ombre revient ? Mais pour qui est-elle là ?

Les quelques mots de trop sont prononcés par la Comtesse… D’un mouvement vif, d’un saut, les bottes retrouvent le sol et l’épaule vient percuter celle de brune. Pas le temps de bouger, la seconde suivante il lui fait face, sa main gauche, sanguinolente, s’emparant de son cou, glissant ses doigts blessés sous les angles de sa mâchoire pour la soulever d’un coup de rein… Si légère, tu n’as aucunes chance. Le métal du regard flamboie de cette douce folie qui l’a envahi alors qu’il l’emmène violemment percuter le tronc d’un arbre…

Un sourire sadique flotte sur ses lèvres alors qu’il plonge l’azur froid de ses yeux dans les émeraudes dissimulées de la Comtesse… La lame à peine teintée de son sang vient se poser sur la joue de la Rose, la pointe effilée collée à sa chair, ne pressant pas assez pour l’entailler alors qu’il s’approche, plaquant son corps contre le sien pour éviter un mauvais coup… Souffles qui se mêlent, lèvres qui s’effleurent… Alors que la voix rauque et basse s’élève lentement, presque trop…


« Tu penses que je suis faible Belle Rose ? Tu crois que je veux mourir pour abandonner cette vie qui a tant à m’offrir ? Suis-je un lâche ? »

Un rire s’élève, caverneux… Résonnant étrangement dans le silence approximatif de la forêt… Les yeux se plissent alors que la lame glisse doucement sur la chair pour rejoindre sa gorge…

« Tu te trompes Daresha… Sur toute la ligne.
Je ne prie pas pour que cette dite amante vienne me chercher… Je ne la supplie pas de me prendre comme elle a volé mon âme… Je choisis où et quand. Là est la différence entre toi et moi Comtesse. Tu es faible parce que tu pries inlassablement… Chaque jour qui est fait… Tu pries pour que la mort vienne te chercher. Tu la crains autant que tu la respectes et c’est pour ça que tu dépéris…
Je ne crains rien… Pas même la mort. Tu comprends ça ? RIEN !»


Le dernier mot est hurlé alors qu’il vient de plaquer violemment son front contre le sien, la pointe de sa dague s’enfonçant légèrement dans la gorge fine de sa vis-à-vis… L’être entier vibre de colère alors qu’un nouveau rire désincarné s’échappe d’entre ses lèvres…

« Cette délivrance que tu espères de toute ton âme, je pourrais te l’offrir… Cette vie que tu comptes perdre, c’est encore le point qui nous éloigne. Car perdre la vie suppose en avoir une… Or la mienne a disparu en même temps qu’Apolonie… »

Grognement qui monte dans sa gorge alors qu’il l’écarte de l’arbre pour mieux la plaquer contre le tronc… Rictus qui étire le coin de ses lèvres, la lame s’écarte de son cou, laissant à peine un filet de sang s’écouler… Il s’approche, embrassant le coin des lèvres de cette nouvelle victime… Etrange comme les gestes se répètent… Il y a si longtemps, dans ce même duché, alors qu’il sortait à peine de l’adolescence, qu’il revenait d’un pays étranger après avoir travaillé comme assassin… Il avait tué une femme de sang froid, dans une grange… Lui volant un baiser avant de la poignarder en plein cœur… Le baiser de la mort… L’histoire se répète-t-elle ?

« Je l’aime… Je l’aimais… Plus que tout… COMMENT OSES-TU PENSER QUE JE NE LA RESPECTE PAS ? », étreinte de sa main blessée qui se resserre sur sa gorge, l’étranglant légèrement alors qu’il inspire profondément pour calmer sa colère, « Je pourrais te tuer… Mettre fin à tes souffrances avant de La rejoindre…
Mais non… Tu continueras de souffrir… Encore et encore… Comme moi… Et j’apprendrais aux autres cette douleur qui est nôtre… Je leur apprendrais jusqu’à ce qu’ils meurent… »


Mots qui prennent fin sur les lèvres de la Comtesse alors qu’il lui bâillonne la bouche de ses lèvres, lui volant un impétueux et fougueux baiser, mordant sa lèvre inférieur presqu’au sang avant de se reculer d’un seul coup et de la libérer de son étreinte…

« Et toi qui cherche tellement la Faucheuse… Resteras-tu aux côtés du Diable pour apprendre aux autres comment l’appeler sans supplier ? Ou préfères-tu retourner à tes stupides prières pour un Barbu qui ne se soucie pas le moins du monde de tes états d’âmes ?
Et peut-être qu’un jour l’El Diablo te permettra d’abandonner la vie qu’il n’a plus et que tu cherches tellement à perdre…»


Douleur dans sa nuque qui se réveille, lui arrachant un grognement imperceptible tout en faisant rouler sa tête sur ses épaules pour calmer les éclairs dansants devant ses prunelles… Et à nouveau le regard glacial se pose fermement dans l’émeraude de la Rose… Que vas-tu choisir ?
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