Daresha
Toi et Moi, litanie adorable
Moi sans Toi, prière impensable
Toi sans Moi, chanson improbable
Pour un Nous qui n'existera plus que dans un passé révolu
A quoi bon se perdre dans des souvenirs?
Le souffle avait été des plus légers, mais il avait dégagé suffisamment de puissance pour faire repartir le feu endormi de la colère colossale. Alors que la Sainte Raison aurait voulu quelle laisse le Colosse se consumer jusquà épuisement, elle avait craché ses mots comme un insensé jetterait de lhuile pour relancer un feu quil jugeait trop timide. Elle avait été pleinement consciente de ses propos acérés qui avaient atteint leur but risqué. Elle lavait poussé en dehors de la frontière du raisonnable, là où la maîtrise nest quun assemblage de voyelles et de consonnes, sans aucune signification précise. A linstant où elle avait fini sa diatribe, elle avait ouvert la porte au déferlement de la rage. Oui, elle en était consciente mais bien loin de son esprit était la notion de regret. La flambée démoniaque avait reprit de ses belles ardeurs et ne lui laissa de toute façon pas le temps de songer à des quelconques remords.
Quand je te dis que tu aurais du te taire
Elle sétait attendue à ce quil réagisse avec fureur. Nétait-ce pas ce quelle voulait ? Mais malgré tout elle restait une femme, un être humain avec ses réflexes animaliers de peur et de surprise. Elle ne put s'empêcher de hoqueter de surprise lorsque le Géant se dressa enfin de toute sa hauteur et lorsque sa main se referma sur son cou laiteux. Tout juste eut-elle le temps d'emplir ses poumons comprimés sous son corset d'une bouffée d'air, que son dos heurtait violemment le tronc d'un arbre qu'elle ne se souvenait pas d'avoir vu auparavant. Sous sa poitrine arrondie au fil de ses grossesses, son coeur battait à vive allure, emballé dans une course folle qu'elle se forçait à maintenir. Mais son précieux organe vital avait le don de n'en faire qu'à sa tête, s'emportant sans aucune raison, trainant dans son sillage cette éternelle douleur, qu'elle n'avait jamais vraiment pris au sérieux, un peu comme une provocation envers cette vie funeste.
Elle ne broncha pas, respirant à peine de ses lèvres entrouvertes, prenant soin de ne pas quitter du regard l'Azur enflammé, même lorsque le métal vint fraichement caresser sa joue pâle. L'imposant corps collé contre sa frêle silhouette lui interdisait tout mouvement. Pas même un frisson n'aurait eu la possibilité de parcourir son échine. Le Géant lourd pesait de tout son poids et de toute sa force contre elle, mais elle se forçait à lui faire face. Elle était allée jusqu'à toucher à un point sensible, et elle en subirait pleinement les conséquences.
Impassible, elle ne put toutefois empêchée la graine de la peur émergé à nouveau en elle. Mais il n'y avait plus de jardin endormi par un hiver trop long, ni de Colosse aux yeux bleus. Il y avait à la place le salon d'un manoir réduit à néant, des pleurs de bébé et un Destructeur dont émanait une aura de colère, pour une énième crise conjugal. Elle avait eu peur ce jour là. Et elle avait connu encore cette peur lorsque sa main s'était abattue sur sa joue. Elle avait vécu avec cette peur jusqu'à sa mort maudite. Plus jamais elle n'aurait peur. Seuls ceux qui ont quelque chose à perdre ont peur. Elle n'avait plus rien à perdre.
Enfin si quand même, la vie...
Baste!
C'était à son tour de parler, de déverser ses mots à son oreille. Parle donc... Parle et je boirais tes mots, même si je ne peux pas boire tes maux. Mais parler te suffira-t-il..? Je t'écoute... Détaillant l'éclat de ses prunelles pures, ses paupières se fermaient pour ne pas le quitter du regard. Il n'acceptait pas. Aurait-il du? En tout cas elle en aurait ri si ça avait été le cas. Elle se serait gausser de sa réelle faiblesse pour tenter de le faire sortir de ses gonds. Elle n'irait semble-t-il, pas plus loin. Enfin peut être... Une légère moue prit place sur les traits de la Rose : il lui avait pris ses armes et les utilisait désormais contre elle.
Match Point!
Finalement je vais l'adorer celui là.
Baste!
Elle serra nerveusement les dents alors qu'il lui renvoyait en pleine face toutes ces terribles vérités qui baignaient son monde depuis des années. Elle se força à lui adresser un sourire narquois, ne voulant lui faire cette joie de lui montrer qu'il avait touché un point sensible. Et puis, il lui restait encore de sa volonté, loin d'être miss à mal par le baiser rougi de la dague sur sa peau; au contraire... Elle n'en était que plus décidée. Mais décidée à quoi? Que voulait-elle vraiment? Il était à deux doigts de lui donner ce qu'elle voulait, ce qu'elle recherchait. Etait-ce pour cela qu'elle était venu lui parler? Dans une volonté égoiste? C'était en partie, surement le cas...
La voix démoniaque tonnait dans son esprit, répercutait à chaque coin de son cerveau, tandis que sa respiration déjà difficile l'était encore plus. Sa main avait pressé le conduit sacré qui permettait à l'air de gagner ses poumons. Elle s'efforçait difficilement d'économiser son oxygène mais elle ne pouvait concentrer toute son attention sur ce geste machinal et vital et lui. Ne pas baisser les yeux, le provoquer, même en silence. Pour qu'il...
Tu vas la sortir cette fichue rage oui?J'te préviens, elle est têtue la Comtesse! Et montre nous que t'es pas une gouache! T'attends le déluge?
La ferme!
Je fais que l'encourager moi.
Envie de bouillir contre cette mégère incroyablement assommante et de lui crier de vive voix sa rage envers elle. Mais le Colosse ne lui en laissa pas le loisir, plaquant ses lèvres contre la sienne, comme lui l'avait fait. Si la bouche du Seigneur avait eu le gout du plaisir dans d'autres circonstances, ce ne fut pas le cas et son instinct lui intima l'ordre d'échapper à ce baiser imposé. Longues furent les secondes à tenter d'y échapper et long fut le vide à arriver.
Il lui sembla tomber de haut, comme si elle avait été jusque là surelevée. Ca avait été en quelque sorte le cas. Mais l'étreinte lourde avait enfin pris fin. Haletante, elle glissa sa langue sur sa lèvre et s'imprégna du léger gout de son sang, tandis qu'une main gantée venait essuyer machinalement sa bouche. Elle le regarda, silencieuse, toujours appuyée contre cet arbre qui n'avait rien demandé à personne, s'en servant comme support temporaire. Haussant les épaules, elle secoua négativement la tête.
Il semblerait que tu aies perdu, ma Grande...
Ta bonté est vraiment touchante, Démon. Vraiment... attention qu'elle ne te perde pas... Elle réajusta sa mise comme si de rien ne s'était passé et tomba cette fois sa capuche fourrée. Elle tenta un pas de coté, une main contre le vieux tronc noueux. Elle ne prononça mot pendant quelques secondes et détourna son regard un instant avant de revenir à lui. Petit bout de femme face à un géant. Il la balayerait comme une simple feuille s'il le voulait mais elle s'entêtait encore à le chercher, même si cela semblait bien vain.
Je resterais aux cotés de qui je dois... Si tant est que cela doive être... Le Diable n'est rien pour moi... Il ne le sera jamais... Elle lui sourit d'un air sombre. Si tu dois être une partie de leur chemin, tu le seras pour moi aussi... Qu'importeront tes desseins, je n'en aurait cure... Mais ne les entraine pas dans le tourbillon de ta folie vengeresse... Ou c'est moi que tu trouveras sur ton chemin... Je ne suis peut être pas un adversaire à ta hauteur, ni guerrière, ni mercenaire... Mais je trouverais un moyen d'avoir ta peau si cela devait devenir nécessaire...
Sans un autre regard, elle lui tourna le dos et d'une démarche lente, reprit le chemin qu'elle avait emprunté et qui l'avait menée à lui.
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Moi sans Toi, prière impensable
Toi sans Moi, chanson improbable
Pour un Nous qui n'existera plus que dans un passé révolu
A quoi bon se perdre dans des souvenirs?
Le souffle avait été des plus légers, mais il avait dégagé suffisamment de puissance pour faire repartir le feu endormi de la colère colossale. Alors que la Sainte Raison aurait voulu quelle laisse le Colosse se consumer jusquà épuisement, elle avait craché ses mots comme un insensé jetterait de lhuile pour relancer un feu quil jugeait trop timide. Elle avait été pleinement consciente de ses propos acérés qui avaient atteint leur but risqué. Elle lavait poussé en dehors de la frontière du raisonnable, là où la maîtrise nest quun assemblage de voyelles et de consonnes, sans aucune signification précise. A linstant où elle avait fini sa diatribe, elle avait ouvert la porte au déferlement de la rage. Oui, elle en était consciente mais bien loin de son esprit était la notion de regret. La flambée démoniaque avait reprit de ses belles ardeurs et ne lui laissa de toute façon pas le temps de songer à des quelconques remords.
Quand je te dis que tu aurais du te taire
Elle sétait attendue à ce quil réagisse avec fureur. Nétait-ce pas ce quelle voulait ? Mais malgré tout elle restait une femme, un être humain avec ses réflexes animaliers de peur et de surprise. Elle ne put s'empêcher de hoqueter de surprise lorsque le Géant se dressa enfin de toute sa hauteur et lorsque sa main se referma sur son cou laiteux. Tout juste eut-elle le temps d'emplir ses poumons comprimés sous son corset d'une bouffée d'air, que son dos heurtait violemment le tronc d'un arbre qu'elle ne se souvenait pas d'avoir vu auparavant. Sous sa poitrine arrondie au fil de ses grossesses, son coeur battait à vive allure, emballé dans une course folle qu'elle se forçait à maintenir. Mais son précieux organe vital avait le don de n'en faire qu'à sa tête, s'emportant sans aucune raison, trainant dans son sillage cette éternelle douleur, qu'elle n'avait jamais vraiment pris au sérieux, un peu comme une provocation envers cette vie funeste.
Elle ne broncha pas, respirant à peine de ses lèvres entrouvertes, prenant soin de ne pas quitter du regard l'Azur enflammé, même lorsque le métal vint fraichement caresser sa joue pâle. L'imposant corps collé contre sa frêle silhouette lui interdisait tout mouvement. Pas même un frisson n'aurait eu la possibilité de parcourir son échine. Le Géant lourd pesait de tout son poids et de toute sa force contre elle, mais elle se forçait à lui faire face. Elle était allée jusqu'à toucher à un point sensible, et elle en subirait pleinement les conséquences.
Impassible, elle ne put toutefois empêchée la graine de la peur émergé à nouveau en elle. Mais il n'y avait plus de jardin endormi par un hiver trop long, ni de Colosse aux yeux bleus. Il y avait à la place le salon d'un manoir réduit à néant, des pleurs de bébé et un Destructeur dont émanait une aura de colère, pour une énième crise conjugal. Elle avait eu peur ce jour là. Et elle avait connu encore cette peur lorsque sa main s'était abattue sur sa joue. Elle avait vécu avec cette peur jusqu'à sa mort maudite. Plus jamais elle n'aurait peur. Seuls ceux qui ont quelque chose à perdre ont peur. Elle n'avait plus rien à perdre.
Enfin si quand même, la vie...
Baste!
C'était à son tour de parler, de déverser ses mots à son oreille. Parle donc... Parle et je boirais tes mots, même si je ne peux pas boire tes maux. Mais parler te suffira-t-il..? Je t'écoute... Détaillant l'éclat de ses prunelles pures, ses paupières se fermaient pour ne pas le quitter du regard. Il n'acceptait pas. Aurait-il du? En tout cas elle en aurait ri si ça avait été le cas. Elle se serait gausser de sa réelle faiblesse pour tenter de le faire sortir de ses gonds. Elle n'irait semble-t-il, pas plus loin. Enfin peut être... Une légère moue prit place sur les traits de la Rose : il lui avait pris ses armes et les utilisait désormais contre elle.
Match Point!
Finalement je vais l'adorer celui là.
Baste!
Elle serra nerveusement les dents alors qu'il lui renvoyait en pleine face toutes ces terribles vérités qui baignaient son monde depuis des années. Elle se força à lui adresser un sourire narquois, ne voulant lui faire cette joie de lui montrer qu'il avait touché un point sensible. Et puis, il lui restait encore de sa volonté, loin d'être miss à mal par le baiser rougi de la dague sur sa peau; au contraire... Elle n'en était que plus décidée. Mais décidée à quoi? Que voulait-elle vraiment? Il était à deux doigts de lui donner ce qu'elle voulait, ce qu'elle recherchait. Etait-ce pour cela qu'elle était venu lui parler? Dans une volonté égoiste? C'était en partie, surement le cas...
La voix démoniaque tonnait dans son esprit, répercutait à chaque coin de son cerveau, tandis que sa respiration déjà difficile l'était encore plus. Sa main avait pressé le conduit sacré qui permettait à l'air de gagner ses poumons. Elle s'efforçait difficilement d'économiser son oxygène mais elle ne pouvait concentrer toute son attention sur ce geste machinal et vital et lui. Ne pas baisser les yeux, le provoquer, même en silence. Pour qu'il...
Tu vas la sortir cette fichue rage oui?J'te préviens, elle est têtue la Comtesse! Et montre nous que t'es pas une gouache! T'attends le déluge?
La ferme!
Je fais que l'encourager moi.
Envie de bouillir contre cette mégère incroyablement assommante et de lui crier de vive voix sa rage envers elle. Mais le Colosse ne lui en laissa pas le loisir, plaquant ses lèvres contre la sienne, comme lui l'avait fait. Si la bouche du Seigneur avait eu le gout du plaisir dans d'autres circonstances, ce ne fut pas le cas et son instinct lui intima l'ordre d'échapper à ce baiser imposé. Longues furent les secondes à tenter d'y échapper et long fut le vide à arriver.
Il lui sembla tomber de haut, comme si elle avait été jusque là surelevée. Ca avait été en quelque sorte le cas. Mais l'étreinte lourde avait enfin pris fin. Haletante, elle glissa sa langue sur sa lèvre et s'imprégna du léger gout de son sang, tandis qu'une main gantée venait essuyer machinalement sa bouche. Elle le regarda, silencieuse, toujours appuyée contre cet arbre qui n'avait rien demandé à personne, s'en servant comme support temporaire. Haussant les épaules, elle secoua négativement la tête.
Il semblerait que tu aies perdu, ma Grande...
Ta bonté est vraiment touchante, Démon. Vraiment... attention qu'elle ne te perde pas... Elle réajusta sa mise comme si de rien ne s'était passé et tomba cette fois sa capuche fourrée. Elle tenta un pas de coté, une main contre le vieux tronc noueux. Elle ne prononça mot pendant quelques secondes et détourna son regard un instant avant de revenir à lui. Petit bout de femme face à un géant. Il la balayerait comme une simple feuille s'il le voulait mais elle s'entêtait encore à le chercher, même si cela semblait bien vain.
Je resterais aux cotés de qui je dois... Si tant est que cela doive être... Le Diable n'est rien pour moi... Il ne le sera jamais... Elle lui sourit d'un air sombre. Si tu dois être une partie de leur chemin, tu le seras pour moi aussi... Qu'importeront tes desseins, je n'en aurait cure... Mais ne les entraine pas dans le tourbillon de ta folie vengeresse... Ou c'est moi que tu trouveras sur ton chemin... Je ne suis peut être pas un adversaire à ta hauteur, ni guerrière, ni mercenaire... Mais je trouverais un moyen d'avoir ta peau si cela devait devenir nécessaire...
Sans un autre regard, elle lui tourna le dos et d'une démarche lente, reprit le chemin qu'elle avait emprunté et qui l'avait menée à lui.
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