Aelith
[Le penchant du beau sexe pour la gourmandise a quelque chose qui tient de l'instinct car la gourmandise est favorable à la beauté.*]
Depuis qu'elles - la Prinzessin et sa vassale - étaient arrivées à Paris sur invitation de la maison Durée, la Dame d'Augy tentait de saisir l'origine de cette fascination qu'elle entretenait à l'égard des macarons. La Flamboyante était en effet loin d'être gourmande: seuls les fruits avait un quelconque attrait à ses yeux, et les pâtisseries avaient, en règle générale, l'art et la manière de l'écoeurer en une bouchée. Appétit d'oiseau pour taille de moineau, tel était le mode de vie d'Aelith - nullement imposé, nullement subi. Cela lui convenait.
Mais les macarons.
Les macarons, c'était une autre histoire. C'était sans doute celle de la couleur avant d'être celle du goût, et là aussi, la gourmandise n'était pas vraiment de mise. Sur un coup de folie, elle en avait acheté une douzaine quelques mois plus tôt - l'occasion d'une étrange rencontre, d'ailleurs; dans l'instant, elle n'en avait mangé qu'un. C'est le lendemain seulement qu'elle s'était intéressée aux autres, se rappelant soudainement qu'elle détenait onze autres de ces bijoux, attendant patiemment leur sort. Caprice, peut-être. En attendant, elle était là, bien présente, aussi rousse que la Prinzessin était jais, cet habituel flamboiement dévorant son iris.
―Le bonjour, salua-t-elle donc également, aussi loquace que sa suzeraine.
Réouverture, présentation, dégustation; et la Flamboyante devinait déjà qu'elle craquerait pour l'un des coffrets qui seraient présentés. Peut-être deux.
Une cliente nouvelle pour la maison Durée.
______________________________
*Physiologie du goût, Anthelme Brillat-Savarin, 1825.
_________________
Depuis qu'elles - la Prinzessin et sa vassale - étaient arrivées à Paris sur invitation de la maison Durée, la Dame d'Augy tentait de saisir l'origine de cette fascination qu'elle entretenait à l'égard des macarons. La Flamboyante était en effet loin d'être gourmande: seuls les fruits avait un quelconque attrait à ses yeux, et les pâtisseries avaient, en règle générale, l'art et la manière de l'écoeurer en une bouchée. Appétit d'oiseau pour taille de moineau, tel était le mode de vie d'Aelith - nullement imposé, nullement subi. Cela lui convenait.
Mais les macarons.
Les macarons, c'était une autre histoire. C'était sans doute celle de la couleur avant d'être celle du goût, et là aussi, la gourmandise n'était pas vraiment de mise. Sur un coup de folie, elle en avait acheté une douzaine quelques mois plus tôt - l'occasion d'une étrange rencontre, d'ailleurs; dans l'instant, elle n'en avait mangé qu'un. C'est le lendemain seulement qu'elle s'était intéressée aux autres, se rappelant soudainement qu'elle détenait onze autres de ces bijoux, attendant patiemment leur sort. Caprice, peut-être. En attendant, elle était là, bien présente, aussi rousse que la Prinzessin était jais, cet habituel flamboiement dévorant son iris.
―Le bonjour, salua-t-elle donc également, aussi loquace que sa suzeraine.
Réouverture, présentation, dégustation; et la Flamboyante devinait déjà qu'elle craquerait pour l'un des coffrets qui seraient présentés. Peut-être deux.
Une cliente nouvelle pour la maison Durée.
______________________________
*Physiologie du goût, Anthelme Brillat-Savarin, 1825.
_________________