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[RP] Maison Ella Durée.

Ella_duree
Cruelle constatation.. Elle n'est plus chez elle. Personne ne l'écoute. Elle n'est plus le maître chez elle alors que la fonte pèse sur ce bras autrefois si fort, si solide, ce bras habitué au battoir des lavoirs. Il est faible qui se laisse fléchir par le lourd métal puis par une voix connue entre toutes.

Mignonne..


A quel moment l'élève a-t-il dépassé le maître ? A quel moment est-elle devenue adulte quand elle même devenait vieille ? La poele est ôtée sur une touche réprobatrice, et les choses continuent comme si personne n'avait d'emprise sur les évènements que cette jeune femme qui dépose une bourse. Voilà bien la goutte d'eau qui fait déborder le vase de sa patience, de sa faiblesse. Petite mais costaud qui attrape un tabouret et repousse les deux hommes jusqu'à l'extérieur de la boutique, les deux femmes sont remerciés d'un sourire amer, et la porte claquée et verrouillée laborieusement parce que la main ne saurait être aussi assurée qu'avant.

Enfin, elle se laisse tomber au sol avant de considérer les deux mains abîmées de brûlures pour les lever finalement vers le visage de la Melani.

Vous ne mangez pas beaucoup, mignonne. Ernest ne vous laisse pas profiter des stocks à la Jean-Sans-Peur ?
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Linien_lamora
Le chaos laissa place au silence. L'agitation fut repoussée à l'exterieur, la porte fermée et verrouillée pour se protéger de l'horreur des hommes. Eilinn n'avait même pas pris la peine de répondre à la comtesse, qu'elle ne reverrait peut-être jamais et la politesse avait semblé un luxe dérisoire face aux profanateurs.

La Durée verrouilla la porte, tomba presque à terre, marionnette aux fils coupées, et lui montra ses mains.

Eilinn mit un genou a terre, allégeance à son mentor, et saisit avec douceur les mains de la pâtissière.


Qu'importe de manger beaucoup si l'on mange à sa faim. Je n'offre que ce que mon corps réclame. La discipline ce n'est pas seulement celle des armes, c'est aussi celle de l'esprit.

Eilinn se saisit de la main d'Ella, et l'aida à se relever.

Nous serions mieux dans la cuisine, souhaitez-vous une tisane, Maitre ?

C'était un curieux retournement des choses, la noble servant la roturière, l'enfant servant l'adulte.

Ernest ne connait que le brave Linien, j'ignore si il a saisi toute la dimension du Double-Jeu.* Je m'en voudrais de le troubler davantage.


Macaron à la rhubarbe d'Ella Durée, aux deux couleurs rose et verte, réalisé en l'honneur d'Eilinn.

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Ella_duree
Alors que le regard de la Melani se pose sur elle, la Durée comprend soudain que plus que les améthystes de son fils, elle chérit ces saphirs qui l'observent calmement. Bien sûr, elle aime Ernest. Mais à l'âge où une mère attendrait de la complicité, du soutien, Ernest se révèle parfois être un fardeau, un tendre, un délicieux fardeau, le sien, mais tout de même. Si elle avait pu avoir une fille, elle aurait eu Eilinn, que le Très-Haut est farceur.

Voilà à quoi pense la veuve Durée quand elle se relève lentement, aidée par une jeune fille qui fait la moitié de son poids certainement. Pour aller dans la cuisine, pour boire cette tisane qu'elle ne peut plus préparer elle-même sans en mettre partout, et pour cause, les feuilles et fleurs séchées en relief sur cette table si soigneusement nettoyée auparavant, et pourtant recouverte plus qu'à son tour de débris de coques de macarons. Vois Eilinn comment meurt une reine dans son royaume oubliée de tous..


Vous savez où sont les .. choses.

On y est. Tu parles d'Ernest, et tu le fais si bien, mignonne.

Vous faites bien.. Le pauvre en serait tout retourné à moins que de ne lui expliquer encore et encore.. Comme tout d'ailleurs. Travaille-t-il bien ? Est-il gentil ? Fait-il fructifier la maison ? Je ne sais rien moi.. Je ne sais plus rien. Vous savez plus que moi.. Je n'ai plus la force, et vous êtes si jeunes.

Et je meurs.
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Linien_lamora
Eilinn fit s'asseoir la Durée sur un tabouret, lui répondant avec douceur comme on le ferait avec une malade.

Je sais.

Comment aurait-il pu en être autrement ? Eilinn s'était bien posée des questions lorsque la patissière s'était exilée en Anjou, fuyant le tumulte parisien qu'elle affectionnait tant d'habitude.
Une bouilloire fut posée sur un brasero, Eilinn évoluant avec aisance dans la cuisine de la Durée, tandis que la pâtissière prenait du repos. Les feuilles de tisane furent jetées dans l'eau frémissante, et la noble épousseta la table pour y déposer deux timbales.


Il travaille bien, nous le surveillons, mais il se débrouille à merveille, tant avec les macarons qu'avec les clients.

C'était une discussion emplie de silences, de complicité impalpable, de rêves évanouis. Les deux timbales furent remplis de la tisane, et Eilinn s'assit enfin en face de la Durée. Les azurs évoquant les lacs du nord de l'Italie se posèrent à nouveau sur Ella, rendus presque insondable par la froidure de l'hiver.

Mais j'imagine que vous défaire de malotrus n'était pas l'unique raison de votre appel.


Cela se voulait une boutade, le hasard étant la seule raison pour laquelle Eilinn était arrivée à cet instant.
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Ella_duree
Elle la regarde faire, elle l'écoute parler, l'écoute lui raconter Ernest, son fils qu'elle a exilé volontairement, à qui elle a confié une tâche lui permettant ainsi de s'épanouir, de trouver une utilité à la vie. Un soupir de soulagement qu'elle expire à entendre de telles paroles, le pouce vient frotter l'index comme on compterait de la monnaie, comme on roulerait du pain, de la mie, le regard s'y pose, le geste s'arrête. Elle est fatiguée, les timbales qui se posent fumantes sont comme un réveil, un réconfort. Eilinn est là, elle va les aider.

Non, ce n'est pas que pour cela. Vous auriez du naître mâle, vous y auriez plus gagné qu'en étant obligée de vous déguiser. Votre.. beau-père le sait ? Ou pas encore ?

Eluder la question finalement, c'est simple mais y répondre Durée ? Dis les choses clairement.

Savez-vous ce qu'est la belladone ? Elle calme la douleur.

Tu comprendras de toi-même, je ne veux pas dire ces mots, pas tant que je ne suis pas sûre pour Ernest.
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Linien_lamora
Un demi-sourire apparut sur les lèvres pâles à l'évocation de son sexe. A vrai dire, peu avaient estimé à sa naissance que le chétif nourrisson survivrait. Trop faible, ayant manqué tuer sa propre mère, déjà les ombres macabres de la mort planaient dès la première heure autour d'elle.

Ce sera mon éternel regret. Ne pas être née homme.
Mais qui puis-je désormais ?
Mon beau-père ne sait rien, il vit reclus à Boiscommun, et au moins ne m'a-t-il pas encore marié de force avec un vieillard ravi de violer une jeune fille en fleur.


La timbale fut portée aux lèvres, mais la boisson jugée bien encore brûlante pour être bue. Dans un tintement léger, celle-ci fut reposée sur la table, tandis que les pupilles de la noble s’étrécissaient à l'étrangeté de la question.

Je connais ce qu'en disent les apothicaires, ainsi que les dames du monde. Cela donne des yeux charmeurs, mais autrement dosé, cela soulage les douleurs.
Et bien entendu, à trop forte dose, la belle dame est mortelle.

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Ella_duree
S'il n'y avait qu'elle.

Voilà, c'est dit. La tisane est portée aux lèvres abimées par la fatigue et l'épuisement, cela brûle, mais souffrir, c'est vivre encore un peu pour arriver à ses fins, arriver là où elle doit les conduire.

Ma voisine, qui est veuve elle aussi, et apothicaire de surcroît, est une personne adorable au demeurant, elle veut bien me faire le plaisir de me préparer de quoi soulager la douleur et d'autres petites expériences de mon cru. Je suis malade mignonne.

Blablabla.. Quel mélo !

Et je laisse derrière moi une fortune, un nom et un fils.. Bien incapable au demeurant dans les choses de la vie si on ne lui apprend pas. Et vous êtes la seule personne en qui j'ai confiance. Cette tisane est la meilleure que j'ai bu depuis.. Plusieurs mois.

Il faut dire que l'odorat l'ayant quitté, il devient compliqué de se préparer des infusions.
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Linien_lamora
Le sourcil d'Eilinn se haussa au fur et à mesure des paroles de la Durée. La noble pressentait ou voulait l'emmener la pâtissière, sans pour autant pouvoir (ou vouloir) se l'énoncer clairement.
Ainsi joua-t-elle un instant la dérobade, afin que la Durée dévoile son jeu.


Vous voudriez que je le prenne sous ma tutelle ?


A aucun moment Eilinn ne remettait en question l'affirmation de la patissière comme quoi elle allait mourir. L'aveu concernant la belladone confirmait déjà en soi la déchéance à laquelle elle était soumise, et de vaines paroles de réassurance auraient sonné creux.
Eilinn n'avait jamais cherché à se voiler la face, il y avait bien longtemps qu'un trait d'arbalète du Duc du Lavardin avait détruit les illusions d'enfance.

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Ella_duree
Combien de fois en une vie peut-on regretter qu'elle soit ainsi ? Combien de fois devra-t-elle se morigéner de n'être pas la mère de ce jeune être ? La main cloquée par les maladresses aux alentours du four se lève pour caresser une joue douce, comme le ferait une mère.

J'ai besoin d'une fille. Ernest a besoin d'une femme pour l'aider. Vous devez trouver un mari avant que le Baron ne le fasse pour vous quand il sortira de ses quartiers.


C'est un échange de bons procédés, Eilinn.


Vous aurez la maison, Ernest aussi. Les recettes, je vous donnerai les recettes, mignonne. Un service, ce service et vous n'entendez plus parler de moi.

Voilà comment se conduit une lionne prête à tous les sacrifices pour préserver ses petits, pour les sauver, à deux, ils seront plus forts. A elle la liberté, à lui la sécurité. A la Durée ? La paix de l'âme.
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Linien_lamora
Les azurs quittèrent la patissière, pour se concentrer sur la tisane fumante devant elle. Les feuilles flottaient nonchalamment dans l'eau chaude, tournoyant dans un ballet stochastique.
Le silence qui suivit les paroles de la patissière fut le temps nécéssaire à Eilinn pour réflechir. Sa décision était déjà prise, mais son esprit vif qualifiait déjà les conditions nécéssaires à la réalisation de cette révolte, car cela en était bien une.
Une révolte par rapport à Rhan de Crocy, son beau-père. Une révolte par rapport aux bienséances de son rang.

Cette union ne l'eleverait pas dans la hiérarchie nobiliaire, loin de là, mais les revenus des différents magasins de la patissière lui assureraient une aisance que même les terres d'Avize ne pourraient pas toujours lui procurer. Il suffisait parfois de si peu de choses pour ruiner une récolte... Alors que le luxe, lui, était toujours bien portant, encore plus en temps de crise ou de guerre pour consoler les nobles abandonnées par leurs époux.

N'était-ce pas là l'avenir des unions nobles ? L'alliance avec les familles bourgeoises détenant les finances du Royaume ? Car l'argent était bien le seul pouvoir qu'on ne remettait jamais en question, alors que les régnants, les officiers, eux, se succédaient sans cesse.

Les liens tissés une génération auparavant lui serviraient en cet instant à accomplir les désirs d'Ella Durée. Les services que quelques-uns devaient à sa famille seraient ici rendus.

Un époux qui ne la toucherait probablement jamais, et qu'elle pourrait contrôler à son gré.
Un cadeau de mariage en la fortune de la famille bourgeoise.
Une liberté comme elle n'en avait pas envisagé.

Les yeux bleus quittèrent la contemplation de la tasse, et Eilinn en but une gorgée, comme l'on passe un pacte.


C'est d'accord.

La tisane lui brûlait presque les lèvres, mais elle avait un goût... inattendu et délicieux.
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Ella_duree
Elle attend. Avec appréhension, à tel point que les mains ne trouvent à s'occuper qu'en tournant la timbale. Cette décision changera leurs vies à tous trois. Cela voudra dire remettre son avenir entre les mains d'une jeune fille. Mais quelle jeune fille ! Elle lui fait confiance depuis des années déjà, assez pour l'avoir choisi pour dauphine, pour héritière puisqu'Ernest, tout à ses sucreries, en oublie le noyau de leur richesse. Car ils sont riches, il faut le dire, les macarons se disputent une place de rois dans les drageoirs des plus riches.

Cet argent, c'est le passe-droit de la petite Melani. C'est un cadeau de mariage, un avenir à deux, c'est sa retraite spirituelle, c'est son autorisation d'en finir avec la vie, avec la maladie. Et au lieu du couperet qui aurait tranché l'espoir, c'est un poids qu'on ôte quand la petite Melani lâche les mots qui scelleront leur destin.

Il reste pourtant des détails de taille.. Qui la font bégayer, elle qui menait à la baguette les troupes des gamins de Paris. Elle qui vieillit finalement.


Faudra-t-il que.. Que j'aille voir le Baron, votre beau-père.. Et le mariage, il faudra l'organiser.. J'dois savoir des choses ? Vous savez ma mignonne que je n'y connais pas grand chose dans ce domaine..

Les mains qu'elle a posé autour de la tasse, de trembler à son insu, renversant le contenu autour de la timbale. Mais dans quel domaine peut-elle encore prétendre s'y connaître..
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Linien_lamora
La pâtissière commença à lui poser des questions. Eilinn se saisit des mains d'Ella pour diminuer leur tremblement, et adopta un ton rassurant.

Rhân ne donnera jamais son autorisation à cette union.
Alors nous ne la lui demanderons pas.

Pour le reste, pour le mariage, nous ferons ça simplement, ma vassale pourra officier, et pour la noblesse d'Ernest, je sais déjà qui me rendra ce service.

Nous pourrons faire cela vite.


Avant que votre santé ne décline trop pour espérer voir votre fils s'unir à une vicomtesse, voir votre nom accéder à une noblesse inattendue et inespérée.
Faire cela vite, avant que cela ne revienne aux oreilles de son beau-père, faire cela vite, pour s'assurer que personne ne l’empêchera de réaliser ce projet.

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Ella_duree
De retour d'Anjou, de retour du Lys Couronné. Ce lys qui s'étale mais ne s'étiole jamais sur les portes du coche qui l'a menée en sa capitale. Elle revient la bourgeoise, elle a définitivement quitté l'Anjou, y a fait ses adieux, et revient pour embrasser Paris, une dernière fois, la dernière fois. Elle a parcouru des lieues et des lieues sans jamais se reposer plus que le cocher et l'attelage n'en avaient besoin, et alors que Paris s'endort lentement, veillé par une lune bien pleine, c'est une propriétaire qui entre chez elle, comme on entrerait en prière. Elle a cru que le verrou serait fermé, mais il est ouvert.

Est-ce encore un voleur ? Trann serait-il de retour ? De passage à Paris ? A moins que ce ne soit la petite Melani qui voudrait profiter de la quiétude de l'endroit pour cuisiner maintenant qu'elle n'a plus le Louvre. Et moins que tout autre, c'est surtout Ernest qu'elle ne s'attend pas à voir ici, convaincue qu'on le tient surveillé à la Tour Jean-Sans-Peur. C'est Ernest qu'elle voit grandir parce que ces derniers temps, elle s'est écartée de lui. Les malles autour d'elle, posées là par le cocher, sa mante qui glisse et s'étale, dévoilant un corps amaigri par la maladie, tout glisse, tout tombe, le peu de volonté et de force est là dans ses deux mains maternelles et bandées qui se tendent en un appel silencieux. Sa chair, son sang, son bébé.

Ernest..

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Ernest_duree
Ernest était revenu à la boutique de sa mère pour y faire, comme chaque mois, toujours le même jour, le ménage. Il commençait par l'arrière boutique, le coin gauche. Il remontait tout le long du mur, il savait exactement le temps que cela prenait. Puis le balai touchait le bord de la cheminée. Puis...

Il savait le temps à passer, il savait l'ordre optimal. Il n'était jamais dérangé, jamais...

Une porte qui s'ouvre. Un frisson parcourt le dos d'Ernest. Rien ne doit le déranger. Rien. Rien ne doit troubler son rituel. Rien. RIEN. Alors il tape du balai sur le sol, en cadence, très vite. Sa panique. Panique. Il tape, il tape, il compte soixante frappes, dos voûté, yeux rivés au sol, et soudain s'apaise. Ce fut l'affaire d'une vingtaine de secondes. Puis il leva les yeux et vit sa mère.

C'était elle qui l'avait dérangé. Mais c'était sa mère. Il avança, posant chaque pied sur une dalle bien précise du pavage. Métronomé, le petiot. Il fut devant elle, tout près. Les émotions, ce n'était pas son fort. Il les ressentait, mais quant à les exprimer... Il se tenait là, devant sa mère si frêle, elle jadis si rondement sensuelle. Il se tenait là, à dire simplement.


-« Je n'ai pas encore - fini, mère, il - reste le comptoir. Je n'ai pas encore - fini je n'ai pas - encore fini. »
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Vicomte et pâtissier
Ella_duree
C'est risible, n'est-ce pas ? C'est risible qu'il se justifie de n'avoir pas fini le ménage alors que durant ces derniers mois pas un instant, elle ne s'est inquiétée de savoir dans quel état serait la boutique. Mais elle ne rit pas, elle ne rira pas de son fils. Jamais. Il faut tout prendre au sérieux venant d'Ernest. Au risque de l'inquiéter, de le paniquer, et non pas, fait humainement plus acceptable, de le vexer. Il ne faut pas inquiéter Ernest. C'est ce qu'elle s'échine à faire depuis sa naissance, ne jamais l'inquiéter, c'est ce qu'elle s'est tuée à expliquer à son Louis, et c'est ce qui a tué Louis. Venir à Paris et gagner suffisamment pour qu'Ernest ne manque jamais de rien, et que sa vie soit tout à fait ordonnée et bien rangée. Qu'il ne manque de rien et qu'il ne manque rien dans sa vie.

Ce corps si près d'elle, si près quand elle était jusqu'alors si loin, c'est celui de son bébé, de son trésor. Mettez le feu à la boutique, elle en reconstruira une autre. Brûlez les macarons, il en naîtra des légions. Touchez à Ernest, elle tuera. C'est l'âme de mère qui prend le dessus sur la fatigue et la maladie quand elle attire à elle son tout petit qui a bien grandi, tant grandi et maintenant adolescent. Tout contre son corps, doucement. Pour ne pas inquiéter Ernest, et enfin le relâcher et le regarder un instant, souriante.


Tu es beau mon fils.

Comme ton père avant toi, d'une beauté simple, intransigeante avec les bienfondés de leur rang. D'une beauté musclée, dénuée de toute fioriture, de toute féminité. Il est beau comme une miche de pain chaude. Bien nourri, gaillard, elle l'aime comme cela. Son fils, qu'elle connaît plus qu'elle-même, alors la voix s'élève, même pas lasse, ou du moins, s'efforce-t-elle de cacher la fatigue du voyage.

Continue si tu veux. Je vais ranger mes affaires. Et après, nous prendrons de quoi manger.

Des phrases simples, comme Ernest. Des indications, pas de flou, pas de vague, rien que de très concret. Maintenant, on range. Après, on mange. Tu veux, tu veux pas. Fais donc. Jamais, elle ne l'avait forcé, préférant de loin, la douceur aux manières brutes du commun. Elle était lavandière, elle est devenue pâtissière. Plutôt que de battre comme plâtre son fils, elle l'avait choyée et nourri de sucre.
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