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[RP] Au détour d'une auberge chalonnaise

Actarius
L'Auberge des Cent Titres... Le tenancier avait vraiment eu le nez fin. Tout autant que le Vicomte mendois. L'érudition et l'orgueil faisaient rarement bon ménage. Quel être supérieur irait perdre de son temps avec... "je ne sais plus qui c'est lui mais qu'est-ce qu'il est niais" ? Sans doute pas l'ancien maréchal. Ceci expliquait le léger sourire qui naquit sur les lèvres du Phénix au moment de regagner la tablée. Le brillant observateur aurait toutefois noté une pointe d'amertume dans le regard du Gévaudanais. Une vieille et proche connaissance y aurait vraisemblablement décelé de la déception. Et un compagnon de route aurait compris que la frustration de ne pas avoir eu à sortir son épée en Helvétie pouvait expliquer cette relative désillusion. Relative car dissipée par la réaction espérée du si bien surnommé Flex.

Mais la satisfaction n'était qu'un leurre auquel éviterait de se raccrocher un Mendois, trop conscient que la situation ne manquerait d'évoluer. Ce pensant, il reprit place tandis que son ami proposait à la jeune baronne de partager un verre. Il gratifia son épouse d'un petit clin d'oeil, puis posa nonchalamment des iris de plus en plus sombres sur la demoiselle.


Je n'aime pas cet homme. Sa vanité et son besoin irrépressible de combler une infime faiblesse par une attitude supérieure sont ridicules. Tandis qu'il parlait de plus en plus rembruni, sa main épousa le contour du godet dont l'écarlate contenu déferla bientôt dans la bouche vicomtale. Le contenant fermement maintenu rejoignit sa position initiale. Et pour être tout à fait honnête, je ne veux rien avoir à faire avec lui. Si vous m'expliquiez pourquoi je devrai prolonger cette exception ?

Le ton reflétait à la fois sérénité et fermeté. Il demeurait chaleureux encore, bien que le fait de ne pas se présenter trahissait un certain empressement à s'assurer de ne pas avoir à réitérer un échange avec un homme qu'il n'appréciait pas. Quand bien même il ne fut pas empressé, il aurait sans aucun doute attendu que l'invitée surprise se présentât avant de faire de même. Mais au final, le plus intéressant est qu'il ne remarqua pas même que les Mirandole se propageaient dans l'Auberge des Cent Titres.
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Nahysse
Alors que Flex prenait place à la table de deux dames, son regard s’assombrit et ses lèvres généreuses se pincèrent en un trait blanchâtre.
Qu’est ce qu’elles avaient de plus qu’elle ? Bon d’accord, elles étaient certainement de haute noblesse mais elles étaient plus vieilles qu’elle, c’était indéniable.
Intérieurement elle se rabroua. De toute manière elle n’en avait que faire de lui.
Qu’il fasse ce que bon lui semble du moment qu’il la laissait enfin tranquille.

Une voix douce à l’accent chantant l’interpella, lui proposant un verre. Ses azurs se détachèrent du pirate pour fondre sur son interlocuteur. Son sourire d’ange fleurit et elle acquiesça d’un signe de tête.


Oui je veux bien merci. Une liqueur de cassis.

Réalisant que dans le tumulte, elle ne s’était point présentée, la petite baronne décida d’y remédier.

Je suis Nahysse Algédor de Plantagenêt de Monfort Balmyr… Enfin, je pense que vous l’aviez compris… Dit-elle en repensant à l’altercation du borgne. Et à qui ai-je l’honneur ?

Le tavernier venait tout juste de poser devant elle son verre que Ciaram apparue à son tour. La blondinette ne l’avait même pas vu arriver. Mais à peine lui avait-elle répondu par l’affirmative qu’elle repartait déjà, se fondant dans la foule de clients.
Entre temps, la duchesse avait fait son entrée dans la taverne et l’autre homme avait repris sa place à la tablée. La baronne se fit toute petite, elle ne pensait pas avoir fait bonne impression à la duchesse tantôt.
Alors qu’elle prenait une gorgée de liqueur afin de s’éclaircir les idées, l’autre homme enchaîna et elle apprécia très peu le ton employé.
Elle n’était plus une enfant et avait une sainte horreur qu’on s’adresse à elle de la sorte.
Le pirate avait toujours su mettre en rogne les autres et pour le coup, c’était elle qui en payait les pots cassés. Comme si c’était de sa faute s’il pêchait d’orgueil et de goujaterie. Si cet homme le connaissait vraiment, il saurait qu’elle n’y était pour pas grand-chose et qu’il était vain de s’en prendre ainsi à elle en retour de bâton.
La petite baronne prit le soin d’écarter quelques boucles de son visage avant de vider son verre de liqueur d’une traite, puis croisa les bras sur sa fine silhouette.
Tout ce qu’elle souhaitait, c’était s’amuser, elle n’avait de compte à rendre à personne, aucun n’était ses parents. Elle en avait assez. Trop c’est trop. Sa décision était prise, demain elle ferait cavalier seule vers la ville de Lyon.
Enfin ses dents se desserrèrent et ses lèvres gourmandes remuèrent pour répondre des actes d’un goujat.


Messire, l’histoire serait un peu longue à conter aussi sachez simplement que je suis sous sa responsabilité jusqu’à ce que nous ayons regagné le Poitou. Ne pouvant plus supporter sa… présence j’ai décidé de me retirer le temps d’une soirée… Hélas, il n’est pas dit que cela me soit possible ! Comme vous pouvez le constater, il prend son rôle de surveillance très au sérieux. Et si je ne puis pas me soustraire à sa vue ce soir au moins j’espère le pouvoir de son verbe.
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Ciaram
Ciaram avait rebroussé chemin et s'était fondue dans la foule , mieux valait se faire discrète pour le moment car elle prévoyait une soirée mouvementée
Elle allait rester dans les parages au cas où mais il lui fallait trouver de quoi se sustenter et surtout un breuvage assez fort pour la tenir en éveil sans trop engourdir ses facultés d'appréciation ........oui voilà , un petit remontant , c'est ça qu'il me faut !!!

Elle joua des coudes et du genou , proféra quelques insultes aussi ..... oui bon pas utile de s'appesantir sur le sujet !! pour se frayer un chemin vers le comptoir et elle était présentement en pourparlers avec une serveuse pour obtenir un petit verre de quelque chose , les produits du terroir ne lui disaient rien et elle avait besoin de toute sa lucidité .......... pas question de s'aviner car elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements , il ne se passerait pas longtemps avant que l'on ait besoin de ses services , elle aurait pu le parier ......

Tiens en parlant de paris, quelques messires à la tenue correcte et au verbe haut se tenaient dans l'angle du comptoir , des commerçants très certainement qui s'empressaient autour d'un jeu de merelle et aussi d'un Ludus duodecim scriptorum , le tric trac semblait hypnotiser les joueurs et captiver bien plus l'assemblée , de plus Ciaram voyait quelques pièces changer de main .....ah ben voilà ce qu'il me faut pour m'occuper un peu !!

Elle s'approcha ...Bien le Bonjour Messieurs .... A tour de rôle , chaque joueur lançait les trois dés et les yeux perpétuellement en éveil , ils se concentraient à l'extrême et en oubliaient jusqu'à leur propre nom ....... bien sûr , personne ne lui répondit ,elle décida de les bousculer un peu humhum !!! agrémenté d'un petit sourire charmeur ......Y aurait –il l'once d'une possibilité , de rejoindre votre petite assemblée et de prendre part à ce jeu qui parait fort distrayant ??

Rien de tel que de paraître ingénue voire même un peu sotte pour s'offrir les bons hospices des personnes alentour , et bien sûr , un homme de fort belle carrure tourna les yeux vers elle et décida finalement de la prendre sous son aile protectrice

Bienvenue à vous Gente Dame veuillez prendre place parmi nous , je vous en prie il s'était même levé et lui prenant le coude il la fit asseoir en s'inclinant légèrement puis décidant de l'instruire en la matière , il commença ....... un plateau de 24 cases, deux séries de 15 pions et 3 dés et le but est de faire entrer puis sortir tout ses pions du plateau........petit regard hilare du dit messire à ses compagnons .......Ciaram se vexa un peu pour la forme Messire , je suis étrangère à cette cité mais pas dénuée de toute activité cérébrale quand même !!!!!!!

L''homme se ravisa ......enfin bref , celui qui fait sortir tous ses pions en premier est le vainqueur , alors si le cœur vous en dit !

Ciaram regarda un peu mieux la partie qui s'achevait et découvrit enfin la règle du jeu , lancer 3 dés , placer ensuite ses pions dans les cases correspondantes aux trois résultats et si Aristote le décidait , se débarrasser de ses pions le plus rapidement possible et gagner la partie et les gains correspondants , nul doute que la petite étrangère allait avoir la plus grosse cote et la soirée promettait d'être fort distrayante car il n'était pas question qu'elle se fasse plumer !!

Voilà qui va m'occuper en attendant que les hostilités commencent Ciaram lança un dernier regard vers les deux tables , Nahysse se débrouillait avec ses nouveaux amis qui semblaient quand même un peu réticents et s'ils connaissaient un tant soit peu le Vicomte , ils n'avaient pas tout à fait tort et Flex quant à lui , jouait le joli cœur à la table des dames , d'autant qu'une troisième personne encore de sexe féminin venait de les rejoindre .....eh bien plus on est de fous .........

Un statu quo régnait pour le moment , elle en profita pour s'amuser un peu ...................Bon alors Messieurs , la mise est à combien ????
Blanche_
Qu'il était bon d'être en la compagnie de Clémence !
Elle rappelait à Blanche, celle plus complice, plus étrange aussi, qu'elle entretenait avec Della.
Peut être parce que les deux étaient blondes.
Peut être parce que, l'alcool aidant, les têtes et les mains se rapprochaient, se frôlaient presque, s'acceptaient dans leur ivresse. Peut être.
Lorsque Clémence agitait les lèvres, ou les doigts, qu'elle parlait, relevait le menton vers Flex ou vers d'autres, quoiqu'elle fasse du reste, chacun de ses mouvements était ralenti, découpé, et Blanche aurait pu séparer en de multiples images succinctes une ascension de la main au verre, ou le regard dénué d'expression qu'elle adressait au borgne. Les autres, qu'ils soient vicomte ou duchesse, elle n'en avait fichtrement rien à foutre.
Rien d'autre ne comptait que Clémence à ses cotés, et les verres, aussi, ce quatuor vide d'intelligence et empli de vie.
Elle grogna, d'ailleurs, quand la femme arriva après, et qu'elle prenait, sans permission, droit de s'attarder à leur table.

Mais qu'ils partent ! avait-elle envie de hurler. Je suis en pleine conversation d'avec...
Mais elle ne pouvait pas, car elle avait la langue pâteuse et pas envie de dire un seul mot.
L'outrage, même, qu'on leur fit à les prendre pour des souillons ne souleva qu'un sourcil agacé, mais paresseux ; elle décida de n'en rien dire, et de laisser couler. Pour le moment, elle était bien trop fatiguée pour penser à autre chose qu'à tenir la main de Clémence et le pied de son verre.


Chhhhht ! répondit elle à Clémence, poussant l'impolitesse jusqu'à lui parler dans l'oreille. Je crois qu'elle a bu, vois comme elle parle étrangement !
Et, tandis que la Marquise de Nemours se redressait dans toute sa splendeur, pour devenir la Magnifique dont les mérites et la beauté étaient vantés, même ! Vendus sous forme de petites confiseries délicieuses, dans des coffrets à bijoux de princesse. Tandis, donc, Blanche, elle, ne permettait à personne de savoir son ascendance illustre, elle restait aussi bête que pouvait l'être une femme après quelques verres, aussi impénétrable qu'une barbare celte le restait quoiqu'il arrive, aussi blonde et pâle qu'une noble se doit d'être.
Elle était juste plus encline à sourire pour un rien, gardait ce rouge aux pommettes, et titillait le bord du verre en y faisant glisser ses doigts.


«..je suis Enguerrand Louis-Perceval de la Mirandole-Rochefoucauld et de Dublith, ci-nommé Flex.»
«Eh beh... Je retiendrai Flex, le reste n'a pas d'importance.»


Surtout qu'elle aurait bien été incapable de réciter sa phrase précédente. Avait-on idée de porter un nom si horrible ?
«Voici, comme vous l'avez sans doute reconnue, la Marquise Clémence de l’Épine. Qui m'offre l'hospitalité.

J'ai un peu soif.»
, rajouta t'elle à l'oreille de Clémence, en contemplant la fond rouge de son verre.

Rien, non rien n'aurait pu faire d'elle une femme désirable, si ce n'était les pétales d'or et rubis, à quelque de ses doigts, qui rougeoyaient en bougie diabolique.
Mais l'écho rouge ne brillait que pour le coquelicot.

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Della
Une semaine auparavant, la Blonde Volvent d'Amahir-Euphor, était tombée en panne de carrosse sur la route devant la mener chez la Duchesse Angélyque où elle avait l'intention de lui ravir l'affection de son chat Persan.
La roue de la voiture avait cassé et au loin, l'on devinait qu'il arrivait quelque convoi.

Et depuis lors personne n'avait revu la Renarde !
Sans doute son absence avait-elle été remarquée mais il semblait qu'aucune alarme n'ait été donnée.
De là à dire que l'on se fout pas mal de son sort, il n'y a qu'un pas !
Qu'elle ne franchira pas parce que...
...parce que cette semaine avait été absolument...totalement...complètement...majestueusement...et plus encore !

Haha...vous aimeriez savoir ce qu'il s'est passé, n'est-ce pas ?
Qui sait, un jour peut-être, la Renarde racontera-t-elle ce qu'elle a vécu pendant toute une semaine...
En attendant, il vous est loisible de tout envisager.
L'imagination au pouvoir !

Ainsi donc, elle rentrait sagement à Railly.
L'heure tournait et son estomac lui réclamait sa pitance.
Bah puisque l'homme de sa vie n'était pas à la maison, il n'y avait pas besoin de penser au dîner, donc, elle mangerait en route !


Stooooop ! On s'arrête à l'Auberge des Cent Titres pour casser la croûte !
Aussitôt ordonné, aussitôt fait ! On ne discute pas avec Della de Volvent !
Le cocher descendit de son perchoir et vint ouvrir la portière à la Dame à qui il offrit son bras pour appui juste avant de la précéder pour ouvrir la porte de la taverne.

Là, Della pensait dîner tranquillement...discrètement...légèrement.

Pourtant, aussitôt la porte de l'auberge ouverte, elle comprit que ce ne serait pas le cas.

Diantre...mais quelle réunion de famille !!!!

    Tour d'horizon.
    Cousin Actarius et son épouse.
    Blanche la Belle...et Clémence.
    Angélyque et son frère.
    D'autres personnes inconnues au bataillon.


Vers qui aller en premier ?
Amstramgram, pic et pic et collegram, bour et bour et ratatam...c'est près de toi que j'irais !
POUF !
Le sort tomba sur Cousin Actarius !

Della de Volvent d'Amahir-Euphor se dirigea donc, tête haute et sourire aux lèvres vers Actarius d'Euphor et son épouse Nanelle.

A leur table, elle inclina la tête avec respect.

Cher Cousin, chère Cousine, quelle joie de vous voir en Bourgogne ! Quelle agréable surprise !
Mais que nous vaut cette extraordinaire visite ?

Tout en parlant, Della jeta un regard dans la direction de sa Blanche Colombe dans l'espoir qu'elle aperçoive son clin d'oeil et son petit geste discret de salut.
Puis, un rapide regard vers Angélyque semblant dire "J'arrive, t'inquiète pas..."

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Clemence.de.lepine
« Flex… oui Flex. » fit-elle en hochant la tête, tout à fait perplexe.

« Car vous portez, à la vérité, une telle multitude de noms mis bout à bout que cela en devient à la fin un inconfortable imbroglio, dont on n’aura guère souvenance le lendemain matin ! »

Blanche la présenta et ne dit rien d’elle. Rien de choquant, rien non plus d’étonnant : l’usage préfère que l’on se fasse présenter plutôt que l’on ne se présente soi-même. Question d’humilité sans doute, peut-être également question de fierté. La demoiselle de l’Epine – qui a son grand dam l’était encore, demoiselle : ayons l’audace de le signaler ici, presque innocemment – ne savait rien encore des déboires de la jeune Bretonne. Elle en connaissait quelques uns, mais comment pouvait-elle se douter que la douce Hermine ne connaissait pas seulement le malheur d’être mère – car il s’agissait bien là d’un malheur, selon les mœurs et selon le jugement de Clémence. Blanche n’avait pas simplement effleuré l’infortune : elle l’avait saisie à bras le corps. Mais ça, l’amie n’en savait rien, et si un jour Blanche se décidait à lui en toucher un mot, nul doute qu’on lui tiendrait rigueur d’une telle discrétion. Aussi, c'est d'une façon toute fraîche et innocente qu'elle continua par ces mots :

« Blanche n’a rien à envier à personne : elle est Baronne, mais elle est aussi Princesse en ses terres. C’est une Walsh- Serrant. »

Et, sur le ton de la confession, elle souffla au borgne et à la Duchesse :

« Elle nous vient de Bretagne ! »

Et dans l’imaginaire de notre Marquise, ce genre de phrase pouvait vous faire se vider une auberge en quelques secondes : les Bretons sont tous des sauvages… non ? Ironie du sort, malgré cette idée ancrée dans sa conscience, Clémence s’était trouvée une amitié réelle pour Blanche. Elles avaient su tisser un lien qui s’était solidifié sans que ni l’une ni l’autre, sans doute, ne se rende réellement compte de l’évolution de leur relation.

« La Bretonne a soif ! » s’exclama Clémence, alors que Blanche lui révélait l’évidence. A la place de la Baronne, la Marquise se serait retrouvée presque humiliée à être ainsi mise en avant, et d’une façon qui n’avait rien de glorieux. Mais le vin produit cet effet grisant qui vous permet de relativiser ce que vous auriez pris trop à cœur en temps normal. Et alors, vous riez des choses qui vous auraient fait pleurer, et tout va pour le mieux.

« Et si la Bretonne a soif, qu’on lui donne à boire », souffla-t-elle cette fois pour Blanche uniquement, l’intensité de son regard plongé dans celui, pur et immense, de la Walsh-Serrant.

Oh que si, Blanche était désirable… Savait-elle au moins, cette fleur nacrée, ce jasmin enivrant, l’admiration et la tendresse que lui vouait la Dame de Decize ? On ne montre pas l’admiration que l’on a pour quelqu’un, cela ne se fait pas. Sauf quand on a un peu trop bu. Dans ce cas, on s’autorise un regard évocateur. Parfois, un geste : un frôlement de main, un coup de coude complice, rien de plus. Si la retenue de Clémence n’avait pas la même mesure ce soir, elle restait tout de même présente. Fallait pas pousser…


« Cher Monsieur… tiendrez-vous votre promesse de tout à l’heure ? » interrogea-t-elle d’un ton enjoué, en désignant d’un doigt sans équivoque leurs deux godets vides.

Ça n’est pas bien de réclamer !

Je réclame pas : c’est lui qui veut !
Flex
Les titres commençaient à se placer sur les visages. En effet, Clémence devenait une marquise et Blanche une princesse bretonne. Flex ne pouvait obtenir de meilleure compagnie que celle-ci. Le borgne redressa son buste pour appeler le tavernier et lui commander de l'alcool.
Soudain, le chambellan de Bourgogne - elle l'était encore pour Flex - fit son intervention dans la taverne. Naturellement, il la dévisageait, puisqu'à son goût, tout comme les deux dames assises à sa tablée. Enguerrand l'appela pour qu'elle rejoigne le clan du borgne.


« Le chambellan de Bourgogne, madame Della venez par ici !

Dit-il dans un sourire qui se voulait charmeur, mais qui fut en réalité effrayant. Il reprit le fil de la conversation avec les deux dames, Flex en était intéressé.

Une marquise et une princesse ! Je ne suis malheureusement point autant à votre hauteur mesdames, mais néanmoins je suis poète, et fabliste pour Sa Majesté. Pour ce soir je serai à vous. »

Il se faisait lui-même de la promotion. Son éditeur l'ayant lâché en pleine course, la publication de son recueil n'avait pas plus augmenté que le mois dernier. Il ne restait plus que quelques exemplaires à vendre, ou offrir selon la flatterie qu'on lui inflige, alors il fallait bien trouver de quoi vivre. C'était bien connu, le borgne est très pauvre. Le vin arriva servit dans deux pichets, et à l'odeur on pouvait en deviner la fraicheur.
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Télécharger le pdf en milieu de page de Mes étoiles obscures.
Angelyque
La Duchesse prit place et salua toute la petite tablée, avec les petites formules d'usage. Pour une fois, elle décida de se tenir tranquille, son frère avait le don de lui faire tourner les sangs. Et ça lui plaisait pas.

Quand elle entendit le mot "bretonne", elle manqua de s'étouffer. Mais choisit de ronger son frein.

Della venait d'arriver, Angelyque s'empressa de tapoter le siège près d'elle afin de l'inviter à s'asseoir puis se tourna vers Flex


Mon frère bien aimé, Della sera bien mieux à mes côtés.

Elle ne pouvait s'empêcher d'être dévorée de jalousie, et savoir la Railly aux côtés du Mirandole ne l'aiderait pas à se comporter comme une femme douce et mesurée.
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Blanche_
Un éclair traversa la vision de Blanche.
Et, décollant en guise de réponse les yeux de la balafre qui lui entaillait la joue, elle perdit le fil de la conversation, écouta seulement d'une oreille distraite la réponse de Clémence, se contentant d'opiner derechef lorsqu'il était question d'emplir son verre.
Elle n'avait pas conscience d'avoir suscité l'intérêt et le dégoût chez l'un et l'autre des Mirandoles, et en vérité, quand bien même elle l'aurait su, qu'en aurait-elle eu à faire ?
Della était là.
Della levait les yeux vers elle, et bien que soûle, elle la voyait, la sentait, la présentait près d'elle, l'espérait aussi. Della, viens ici, Della !
Elle détourna complètement les yeux de leurs interlocuteurs. L'audace était grande, de montrer qu'elle n'avait cure, ni d'un Vicomte, ni d'une Duchesse, mais elle se comprenait l'audace, parce que Blanche avait vu Della, et qu'elle ne pensait, désormais, à plus grand chose qu'à elle.


...Pour ce soir je serai à vous.
Remplissez déjà nos verres
, frémirent les lèvres qui se détournaient de lui. Flex, dans la posture où il se trouvait, ne pouvait voir de Blanche que la gorge peu découverte, cachée par un transparent voile blanc. Il entourait d'une décence élégante les deux monts interdits, et surtout, plongeait entre eux-deux en laissant imaginer à ceux qui leur faisait face, la délicatesse de deux sphères intouchées.
Sa pureté était évidente, lorsqu'elle lui laissait observer sa nuque et sa peau blanche, lorsqu'elle le narguait de n'y pouvoir poser aucun doigt, et que l'ourlet vermeil le taquinait d'une diatribe méprisable. Les lèvres bougeaient, se retrouvaient l'une l'autre et se caressait légèrement, quand au crépuscule de ce baiser sage, elles mourraient dans un autre mot.

Della !
Elle entendit Angelyque, sourit largement en se demandant si Della la choisirait, elle, plus qu'Elle. L'invitant, dans un regard direct vers ses pupilles noires, à gagner sa tiède présence.

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Flex
Le borgne avait remarqué une certaine difficulté à prendre place de la part de Angelyque. Comme si quelque chose la dérangeait. C'était sans doute, le nombre de présence féminine au mètre carré qui entourait Enguerrand, ce qui ne déplaisait pas du tout à ce dernier. D'ailleurs, il était hors de question que ce soit lui qui fasse le service. Blanche avait raison : il fallait remplir les godets. Le borgne se tourna en direction du comptoir, là où le tavernier était à peine retourné. Il le hua et lui en donna l'ordre de l'exécution.
Une fois l'alcool servi, Enguerrand invita les dames à boire. On ne sait jamais, s'il pourrait en ramener une chez lui ce soir - ou bien les trois.


« - Tenez buvez mesdames, buvez, c'est frais et c'est bon.

Flex susurra ensuite à Angelyque.

Cette robe vous va à ravir. »

Pour ajouter une partie d'intimité, mais surtout du frisson, Enguerrand s'éprit à lui faire du pied. Cependant, sous la table se trouvait quatre pairs de jambes, et il fit malencontreusement l'erreur de se tromper. Ce fut les gambettes de la princesse à qui il le faisait, sans le savoir.
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Angelyque
Angelyque obervait Flex se rengorger davant toutes les femmes qu'il avait autour de lui, elle parlait peu de peur que sa rage ne se deverse, se contentant de faire semblant de suivre les discussions.

Cette robe vous va à ravir. »

Elle le regarda. Avec ces quelques mots, il avait réussi à la radoucir, plus que les mots c'était le ton employé. Sa voix, quand elle n'était pas emplie de colère ou moqueuse, était capable de transformer la harpie en gracieuse.

Vous n'êtes pas désagréable à regarder non plus, Enguerrand.

Puis elle fronça légèrement les sourcils et se mordit la lèvre. Que lui arrivait il?
Elle se tourna vers sa chambellan qui semblait perdue dans ses songes. Angelyque detestait ne pas contrôler les situations. Avec son frère adoptif, elle était complètement perdue. Della saurait la conseiller. A condition qu'elle s'approche.

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Nahysse
Supportant très peu le silence qui s’était installé à la tablée avec l’arrivée d’une femme, Nahysse lança un regard vers son pirate et aperçut les deux pichets de vin et la duchesse qui avait prit place à leur table.
Tout accaparé qu’il était à faire la cour aux femmes qui l’entouraient, la blondinette revint sur son plan d’escapade.

Peut-être que finalement ce ne serait pas si impossible que cela ? Et jamais il n’oserait avouer à sa mère qu’il avait réussi à la perdre… Ce ne serait le temps que de quelques jours, histoire qu’il retienne la leçon.

Ses azurs s’animèrent d’une nouvelle lueur tandis que la jeune fille présentait sa révérence afin de prendre congé de ses sauveurs provisoires.
Discrètement, elle se fraya un chemin et sortit de la taverne sans que le borgne n’ait put la voir.

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Blanche_
Le chef soudain se tourna vers la tablée, pour savoir à qui le pied malicieux sur sa cheville appartenait. Elle avait une lueur étonnante dans les yeux, quand elle sonda le Vicomte puis sa soeur, avant que son regard ne tombe simplement, et inexorablement sur Clémence.

Bien que l'agencement des pieds de table n'eut pas permis à la Marquise de poser ainsi son pied près du sien, il ne faisait aucun doute pour Blanche, que personne d'autre qu'elle n'aurait osé. N'était-elle pas la "Délicate" ? La toucher, si l'on ne le méritait pas, Dieu... C'était comme toucher Dieu. C'était impossible. L'espérer même relevait du blasphème.
Della !
Elle voulait les yeux bleus en face des siens. Elle les voulait plus que tout.
Della !
Le pied se fut plus insistant, contourna sa cheville, la caressait en faisant plisser le bas de soie dans une complainte silencieuse. Parfois, le tissu cédait, et un tiraillement soudain dans le pied breton envoyait une dose électrique et chaude, qui remontait au bord interne de la jambe, jusqu'en haut de la cuisse.
Au détour d'un os, d'un bout de chair ou d'une zone de peau plus sensible, l'émotion et la stupeur était parfois si intense, qu'ils s'engageaient, perfides envies soudaines, jusqu'en bas de son dos. Elle enrageait.


Elle ne savait à qui était le pied, elle le pensait à Clémence, mais le doute était permis, et à part se glisser sous la table pour y voir mieux, que faire ?
Elle repoussa alors le pied, quand dans un bruit sourd, son soulier vénitien en profita pour se faire la belle. Le talon, cognant contre les pierres peu travaillées de la salle, avait rendu un écho vague à sa fuite silencieuse.
Damned !


Bof.
Sans que personne sache de quoi elle parlait : de l'homme, de la robe, ou du pied.
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Della
Le regard de Blanche était posé sur elle, elle le savait, sans même le voir, elle le sentait, son corps entier le sentait, électrisé par cette si incontrôlable chaleur qui l'envahissait lorsque Blanche était là.

Pourtant Della sut garder contenance et lorsque son cher cousin le désormais Pair Actarius lui eut répondu, qu'elle l'ait bien entendu féliciter pour la Pairie mais aussi pour sa nomination de Grand Chambellan, qu'elle lui ait même susurré au creux de l'oreille qu'elle avait envoyé sa candidature quelque part, elle lui offrit un sourire d'ange en indiquant la tablée bourguignonne, là où se trouvait sa Perle, et...en prenant un air un peu gêné :

Cher Cousin, excusez-moi...il faut que j'aille saluer la Duchesse et son frère...Et embrasser ma Belle...Ajouta-t-elle en pensée seulement.
Venez donc vous joindre à nous...Invita-t-elle encore.


C'est ainsi que Della semblant répondre aux invitations conjointes d'Enguerrant et de Angélyque arriva près d'eux.

Votre Grâce...Messire Enguerrand...Salutations polies, bien posées, comme il faut avec juste un petit sourire à Enguerrand parce que quand même, elle lui trouvait un charme certain.
Marquise...Pareillement. Sans le sourire.
Et d'une autre voix, plus douce, plus caressante, plus délicate aussi...accompagnée d'un regard profond et d'un sourire plein de promesses :
Blanche.
Cela suffisait, dans le prénom dit, tout était dit.
Et un bruit se fit entendre, venant de sous la table, "ploc" banal.
L'on sait qu'en bonne compagnie, l'on évite de mettre mal à l'aise les gens avec qui l'on converse. L'incident ne fut relayé que par un léger haussement de sourcil blond.

Puis, Della prit place, là où la Duchesse l'invitait pas seulement parce que Angélyque le demandait mais parce que là, elle était proche de la Bretonne.
Il ne fallut guère longtemps pour que l'étole de fourrure fut abandonnée sur un dossier et que dans la suite logique de se geste, une main vienne frôler celle de Blanche, sur la table. En toute innocence ? Possible quoique le baiser que Della posa alors sur la joue de la Colombe parut lui aussi, innocent. Entre amies, l'on s'embrasse, n'est-ce pas ?

Le Chambellan fit alors un effort pour se concentrer sur la conversation...

Vous êtes en beauté, Angélyque.
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Actarius
Le Vicomte avait simplement acquiescer aux propos de la demoiselle. Mais sa présence ne le rassurait guère, car comme il l'avait dit, il ne voulait rien avoir à faire avec la Mirandole. Alors qu'un certain silence venait de s'installer, une cousine bourguignonne fit son apparition, en fait d'une, il s'agissait plutôt de "la". Della donc parut et reçut un accueil des plus souriants. Il procéda aux présentations avec le Baron Adrien Desage et expliqua la raison de leur séjour en Bourgogne, à savoir un voyage en direction du Domaine Royal après quelques semaines genevoises du plus mauvais aloi.

Une petite conversation s'engagea et s'acheva sur une invitation que le Phénix déclina courtoisement, sans en évoquer le principal objet. Puis, assez rapidement la demoiselle, qui avait pris place, se retira discrètement. Soulagé par ce dernier départ, le Phénix fit à nouveau chanter la langue occitane.


Grogne bleu ! Quel défilé. Enfin, cette jeune fille est partie et ce n'est pas plus mal*, sourit-il. Nous n'aurons pas à subir une autre intervention de ce Flex... Ce nom, il le ponctua d'une gorgée enivrante et poursuivit. Je propose que vous restiez quelques jours ici, les hommes et vous aussi avez besoin de repos. Quant à moi, il me faut prendre la route de Paris pour y régler certaines modalités. Je serai de retour d'ici une bonne dizaine de jours et nous reprendrons notre périple ensemble.

Il s'interrompit un instant, ou plutôt l'instant d'une nouvelle rasade et reprit.

Nous pourrions rendre visite à Son Altesse Armoria de Mortain. Si mes souvenirs sont bons, Saulieu n'est qu'à une ou deux journées de cavalcade et la Princesse est connue pour son sens de l'hospitalité... Cela vous convient-il ?



*retour à l'occitan pour ce dialogue

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