Atsue
[Ou "Je ne veux pas avoir à subir l'inutilité paternelle"]
Assise derrière un paravent, enveloppée dans une chaude couverture et installée sur des coussins rebondis, elle les regardaient. La nuit allait bientôt tomber sur le domaine. L'air était frais même si toute trace de neige avait enfin disparue. Le printemps se faisait attendre au plus grand désespoir d'Atsue. Les doux rayons du soleil, les jeunes fleurs, l'herbe verte. Tout cela lui manquait. Chaque printemps signait un renouveau pour elle. A cette période, elle avait l'habitude d'aller se promener en compagnie de sa mère allant parfois jusqu'aux villes qui se trouvaient aux alentours. Elles aimaient aussi renouveler kimonos et parures, manger des mets de saison plus délicats les uns que les autres tout en écoutant les progrès musicaux de sa jeune sur.
Un souffle glacial vint faire trembler la lueur de lampe. Le cur d'Atsue se serra : rien ne serait plus jamais comme avant. Il était là, lui. Et à cause de lui, sa mère s'éloignait.
Ashikaga no Atsuhito. Beaucoup l'appréciait, l'admirait. Il incarnait presque l'homme idéal, le mari parfait. Un guerrier averti qui n'hésitait pas à se blesser pour protéger famille et clan, un honneur à toute épreuve. Que lui reprocher ?
Mariko, va me faire du thé et apporte-moi de quoi grignoter.
Bien, Atsue-sama.
Le paravent glissa, la jeune fille se retrouva seule. Elle prit une courte inspiration puis s'allongea de tout son long sur les coussins afin d'avoir une vue imparable sur le couple. Ils parlaient. De quoi ? Elle n'en avait aucune idée, et elle s'en moquait en fait. De temps à autres, ils riaient discrètement. Les yeux de sa mère brillaient. Elle était si belle avec ses longs cheveux noirs et son visage souriant. Lui, il était certes bien formé (enfin, ça, Atsue ne l'aurait pas avoué) mais il ne la méritait pas. Personne ne méritait sa chère mère.
Mariko entra, servit le thé avant de se saisir d'une brosse pour peigner la longue chevelure de sa maîtresse. Atsue, se redressant, prit une tasse de la boisson fumante, regardant sa mère et son futur père disparaître au loin.
Atsue-sama, je vous en prie, cessez d'être si triste.
Je ne suis pas triste. Arrête de dire n'importe quoi, baka...!
Je vous connais, Atsue-sama. Et c'est parce que je vous apprécie que je me permets de vous dire ceci : Atsuhito-sama est vraiment quelqu'un de bien d'après ce que l'on dit, tout se passera bien pour votre mère, pour votre sur ainsi que pour vous.
Je n'ai cure de tes suppositions. Brosse mes cheveux et tais-toi, impertinente !
Le ton essayait d'être sec mais sa voix n'en restait pas moins tremblante. A qui parler de ses soucis ? De ses peurs ? Elle n'avait plus personne. Sa mère aimait Atsuhito, sa sur l'adorait, se confier à elles était donc impossible. Devant elles, elle se contentait donc d'afficher sont habituel sourire calme et affable. Seul le bruit de la brosse démêlant les longs cheveux brisait le silence de la pièce. Bruit mécanique et entêtant. Atsue se sentait incroyablement seule.
Je ne sais pas quoi faire. Je ne veux plus de père, c'est tout. Je ne veux plus avoir à partager ma mère et ma sur. Je ne veux pas avoir à obéir à cet homme.
Les yeux embués, les poings serrés, elle continua :
Je ne peux pas permettre ce mariage, il ne rime à rien. Pourtant, personne ne le remarque, tout le monde pense que c'est une bonne chose et se réjouit.
C'est peut-être parce que c'est réellement une bonne chose. Se risqua à dire Mariko. Vous avez peur, mais vous verrez que tout se passera le mieux du monde. Elle reposa sa brosse. Voilà, j'ai terminé Atsue-sama. Allez-vous vous couchez dès maintenant ?
Elle avait envie de parler, mais retenir sa domestique aurait été trop honteux.
Oui, je vais dormir.
Mariko se redressa, alla fermer les paravents, installa la couche d'Atsue qui s'y étendit sans se faire prier. Elle souffla ensuite la lampe, souhaita une bonne nuit à sa maîtresse et disparut.
Seule dans le noir, les pensées d'Atsue vagabondèrent. Trop de craintes, trop d'inquiétudes, trop de souvenirs, trop de questions sans réponse. N'arrivant pas à dormir, elle réfléchit une bonne partie de la nuit sur ce qu'elle allait bien pouvoir devenir dans cette histoire et à ce qu'il adviendrait de sa mère si jamais cet Atsuhito était un mauvais mari. Elle trouverait un moyen d'empêcher ce mariage, elle trouverait un moyen pour l'empêcher de pénétrer dans sa vie.
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En quête d'inspiration et d'excellence. (Rien que ça !)
Assise derrière un paravent, enveloppée dans une chaude couverture et installée sur des coussins rebondis, elle les regardaient. La nuit allait bientôt tomber sur le domaine. L'air était frais même si toute trace de neige avait enfin disparue. Le printemps se faisait attendre au plus grand désespoir d'Atsue. Les doux rayons du soleil, les jeunes fleurs, l'herbe verte. Tout cela lui manquait. Chaque printemps signait un renouveau pour elle. A cette période, elle avait l'habitude d'aller se promener en compagnie de sa mère allant parfois jusqu'aux villes qui se trouvaient aux alentours. Elles aimaient aussi renouveler kimonos et parures, manger des mets de saison plus délicats les uns que les autres tout en écoutant les progrès musicaux de sa jeune sur.
Un souffle glacial vint faire trembler la lueur de lampe. Le cur d'Atsue se serra : rien ne serait plus jamais comme avant. Il était là, lui. Et à cause de lui, sa mère s'éloignait.
Ashikaga no Atsuhito. Beaucoup l'appréciait, l'admirait. Il incarnait presque l'homme idéal, le mari parfait. Un guerrier averti qui n'hésitait pas à se blesser pour protéger famille et clan, un honneur à toute épreuve. Que lui reprocher ?
Mariko, va me faire du thé et apporte-moi de quoi grignoter.
Bien, Atsue-sama.
Le paravent glissa, la jeune fille se retrouva seule. Elle prit une courte inspiration puis s'allongea de tout son long sur les coussins afin d'avoir une vue imparable sur le couple. Ils parlaient. De quoi ? Elle n'en avait aucune idée, et elle s'en moquait en fait. De temps à autres, ils riaient discrètement. Les yeux de sa mère brillaient. Elle était si belle avec ses longs cheveux noirs et son visage souriant. Lui, il était certes bien formé (enfin, ça, Atsue ne l'aurait pas avoué) mais il ne la méritait pas. Personne ne méritait sa chère mère.
Mariko entra, servit le thé avant de se saisir d'une brosse pour peigner la longue chevelure de sa maîtresse. Atsue, se redressant, prit une tasse de la boisson fumante, regardant sa mère et son futur père disparaître au loin.
Atsue-sama, je vous en prie, cessez d'être si triste.
Je ne suis pas triste. Arrête de dire n'importe quoi, baka...!
Je vous connais, Atsue-sama. Et c'est parce que je vous apprécie que je me permets de vous dire ceci : Atsuhito-sama est vraiment quelqu'un de bien d'après ce que l'on dit, tout se passera bien pour votre mère, pour votre sur ainsi que pour vous.
Je n'ai cure de tes suppositions. Brosse mes cheveux et tais-toi, impertinente !
Le ton essayait d'être sec mais sa voix n'en restait pas moins tremblante. A qui parler de ses soucis ? De ses peurs ? Elle n'avait plus personne. Sa mère aimait Atsuhito, sa sur l'adorait, se confier à elles était donc impossible. Devant elles, elle se contentait donc d'afficher sont habituel sourire calme et affable. Seul le bruit de la brosse démêlant les longs cheveux brisait le silence de la pièce. Bruit mécanique et entêtant. Atsue se sentait incroyablement seule.
Je ne sais pas quoi faire. Je ne veux plus de père, c'est tout. Je ne veux plus avoir à partager ma mère et ma sur. Je ne veux pas avoir à obéir à cet homme.
Les yeux embués, les poings serrés, elle continua :
Je ne peux pas permettre ce mariage, il ne rime à rien. Pourtant, personne ne le remarque, tout le monde pense que c'est une bonne chose et se réjouit.
C'est peut-être parce que c'est réellement une bonne chose. Se risqua à dire Mariko. Vous avez peur, mais vous verrez que tout se passera le mieux du monde. Elle reposa sa brosse. Voilà, j'ai terminé Atsue-sama. Allez-vous vous couchez dès maintenant ?
Elle avait envie de parler, mais retenir sa domestique aurait été trop honteux.
Oui, je vais dormir.
Mariko se redressa, alla fermer les paravents, installa la couche d'Atsue qui s'y étendit sans se faire prier. Elle souffla ensuite la lampe, souhaita une bonne nuit à sa maîtresse et disparut.
Seule dans le noir, les pensées d'Atsue vagabondèrent. Trop de craintes, trop d'inquiétudes, trop de souvenirs, trop de questions sans réponse. N'arrivant pas à dormir, elle réfléchit une bonne partie de la nuit sur ce qu'elle allait bien pouvoir devenir dans cette histoire et à ce qu'il adviendrait de sa mère si jamais cet Atsuhito était un mauvais mari. Elle trouverait un moyen d'empêcher ce mariage, elle trouverait un moyen pour l'empêcher de pénétrer dans sa vie.
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En quête d'inspiration et d'excellence. (Rien que ça !)