Beatritz
Sans qu'aucun huissier l'annonçât, la Reine alors, après un léger signe de tète à la compagnie qui avait achevé de l'entretenir de certaines choses, ayant entendu l'entrée de ses invités, franchit la tenture qui séparait la tente en deux.
Elle dit aussitôt d'une voix gaie :
-"Le Très Haut vous garde !"
Puis prit place sur le siège dressé pour elle, et laissa le silence s'installer, durant lequel elle avisait les membres présents. Au moins le Grand Maitre et le Capitaine ; c'était le principal. Nul besoin d'attendre davantage.
-"Le bonjour à tous.
Nous vous avons tous rassemblés, comme nous le furent sur les routes voici quelques semaines, car peut-être n'aurons-nous plus jamais la chance de nous trouver à peu près tous au même moment, au même endroit.
Nous voulons vous remercier de l'escorte que vous avez menée, quand bien même on en sait l'issue tragique pour bon nombre d'entre nous. Certains, dans le peuple, dans les sphères du pouvoir, disent que c'est prendre des risques inutiles que la Reine aille aux devants des dangers. Mais nous ne comptons pas laisser notre peuple se défendre seul, sans au moins lui montrer que nous nous associons à ses peines et aux périls qui menacent ses villes.
Bien sur, c'est prendre des risques. Et parfois, les risques ont raison des meilleures précautions. Nous le savons tous, nous l'avons tous vécu.
Oui, nous sommes une Reine qui prend des risques pour montrer son attachement à son peuple, son empathie, son amour pour lui.
Ce serait prendre des risques plus grands encore de voyager seule et sans escorte. Ces risques, grâce à vous, nous ne les prenons pas. Bien sur, nous avons été attaqués. Bien sur, certains de nous ont été blessés, voire à l'article de la mort. Bien sur, nos détracteurs sont prompts à voir en cela un objet de risée pour la Couronne, ou la preuve que nous ne savons pas plus nous entourer que nous défendre.
Nous ne voulons voir que cela : vous nous avez escortée et nous sommes sauve. Seule contre cette armée, ce n'est pas une légère blessure à l'épaule que nous aurions eu, mais notre mort, ou notre enlèvement contre rançon.
Là aurait été la risée... Et le coût, pour la Couronne.
Vous, membres de l'Ordre du Saint Sepulcre, et vous, Gardes Royaux, avez reçu une mission et l'avez remplie. Vous avez aussi contribué à défendre l'Alençon, et les Lunes Pourpres se terrent désormais.
Qu'importe une blessure à l'épaule, n'écoutez pas ceux qui diraient le contraire : merci."
Elle avait dit tout cela avec vigueur et sincérité, son regard allant sur chacun des présents avec la même bonté. Ils avaient partagé ensemble quelques jours, ils étaient son rempart contre la violence du monde. S'il y avait dans toute l'Aristotélité une poignée de personne en qui elle dût avoir confiance, hors de sa famille, ce seraient eux, et ses plus chers amis bourguignons. Eux avaient en sus la délicate responsabilité de... sa vie.
Elle avait encore d'autres choses à dire, mais s'arrêta là, sa gorge ayant grand besoin d'un peu de répit.
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-- Nobles, peuplez le Louvre ! Que ça vive !--
Elle dit aussitôt d'une voix gaie :
-"Le Très Haut vous garde !"
Puis prit place sur le siège dressé pour elle, et laissa le silence s'installer, durant lequel elle avisait les membres présents. Au moins le Grand Maitre et le Capitaine ; c'était le principal. Nul besoin d'attendre davantage.
-"Le bonjour à tous.
Nous vous avons tous rassemblés, comme nous le furent sur les routes voici quelques semaines, car peut-être n'aurons-nous plus jamais la chance de nous trouver à peu près tous au même moment, au même endroit.
Nous voulons vous remercier de l'escorte que vous avez menée, quand bien même on en sait l'issue tragique pour bon nombre d'entre nous. Certains, dans le peuple, dans les sphères du pouvoir, disent que c'est prendre des risques inutiles que la Reine aille aux devants des dangers. Mais nous ne comptons pas laisser notre peuple se défendre seul, sans au moins lui montrer que nous nous associons à ses peines et aux périls qui menacent ses villes.
Bien sur, c'est prendre des risques. Et parfois, les risques ont raison des meilleures précautions. Nous le savons tous, nous l'avons tous vécu.
Oui, nous sommes une Reine qui prend des risques pour montrer son attachement à son peuple, son empathie, son amour pour lui.
Ce serait prendre des risques plus grands encore de voyager seule et sans escorte. Ces risques, grâce à vous, nous ne les prenons pas. Bien sur, nous avons été attaqués. Bien sur, certains de nous ont été blessés, voire à l'article de la mort. Bien sur, nos détracteurs sont prompts à voir en cela un objet de risée pour la Couronne, ou la preuve que nous ne savons pas plus nous entourer que nous défendre.
Nous ne voulons voir que cela : vous nous avez escortée et nous sommes sauve. Seule contre cette armée, ce n'est pas une légère blessure à l'épaule que nous aurions eu, mais notre mort, ou notre enlèvement contre rançon.
Là aurait été la risée... Et le coût, pour la Couronne.
Vous, membres de l'Ordre du Saint Sepulcre, et vous, Gardes Royaux, avez reçu une mission et l'avez remplie. Vous avez aussi contribué à défendre l'Alençon, et les Lunes Pourpres se terrent désormais.
Qu'importe une blessure à l'épaule, n'écoutez pas ceux qui diraient le contraire : merci."
Elle avait dit tout cela avec vigueur et sincérité, son regard allant sur chacun des présents avec la même bonté. Ils avaient partagé ensemble quelques jours, ils étaient son rempart contre la violence du monde. S'il y avait dans toute l'Aristotélité une poignée de personne en qui elle dût avoir confiance, hors de sa famille, ce seraient eux, et ses plus chers amis bourguignons. Eux avaient en sus la délicate responsabilité de... sa vie.
Elle avait encore d'autres choses à dire, mais s'arrêta là, sa gorge ayant grand besoin d'un peu de répit.
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-- Nobles, peuplez le Louvre ! Que ça vive !--