Sebelia
[Il était une fois l'opéra des gueux et des brigands]
Lascension de la colline lui avait demandé moult efforts et de fines gouttelettes de transpiration traçaient de longs sillons noirastres sur son minois aux joues creuses recouvert dune mince pellicule de poussière de bois. Elle avait quitté la bastisse où se situait son atelier de charpenterie à la mi journée souhaitant profiter de la doulceur dun bel après midi ensoleillé, affublée dune camisole de fine toile dun blanc cassé et de braies de garçonne en cuir sombre. Léchine courbé, elle peinait à avancer la bouche entrouverte, expirant bruyamment, le pas incertain malgré la qualité de ses bottes neuves en chevreau souple qui lui avait cousté une jolie bourse d'écus.
Le corps nerveux plutost décharné la jeune femme était de petite taille, au casque de jais et à la peau hyaline. Sebelia, puisquelle se nommait ainsy portait sur son dos un sac de frappe dun pied de diamètre. Lobjet recouvert de grosse toile faisait la moitié de son poids soit près de soixante livres pour une hauteur de quatre pieds et demi. Quelque temps auparavant elle avait rencontré un marchand ambulant qui venu du Sud du royaume souhaitait déverser sur le marché local plusieurs sacs de sable fin. Ils avaient discutaillé longuement puis lhomme avait fini par troquer ses marchandises contre quelques grosses pièces de charpenterie. La jeune femme avait su en faire bonne utilisation. Enfin une grosse corde ceinturait la taille de la bourguignonne qui s'était immobilisée prenant appui sur un manche de bois finement sculpté.
Le souffle court, ses pas lavaient menés jusquà une clairière où reposait un arbre centenaire. Les jambes flageolantes, laissant choir le sac dans son dos, la jeune femme sétait presque écroulée, les genoux reposant sur un lit de mousse oyant le silence dune nature qui ne demandait quà séveiller et dont les températures fort agréables annonçaient les prémices dun printemps tout en douceur. Les yeux mi clos, Sebelia inspira profondément puis se redressa lentement déployant sa petite silhouette aux fresles épaules. Elle tira violentement sur sa ceinture et saisit péniblement lédredon de sable où plus exactement lanneau cousu en son diamètre dans lequel elle passa adroitement la corde. Relevant le menton et d'un geste précis elle la lança par dessus la première grosse branche et tira de toutes ses forces évaluant avec précision la bonne hauteur du sac de frappe qu'elle arrima solidement vérifiant par deux fois la tension du cordage.
Satisfaite de l'équilibre ainsy trouvé, Sebelia releva ses cheveux sur le haut de son crasne et effectua quelques étirements. L'entrainement pouvait enfin commencer. Pendant une vingtaine de minutes la brunette effectua des levés de genoux, des pas chassés avant latéraux, arrière frontaux, des talons fesses et de course marche arrière. Puis elle enchaina sur des bonds verticaux avant de se poser devant le sac de frappe haletante mais le regard fixe concentrée à l'extresme. Elle sentait une colère sourde s'immiscer à travers tous les pores de sa peau qui durcissait davantage son visage en delta et dont les lueurs éclairaient le puits sans fond de ses prunelles noisette comme un ciel orageux zébré d'éclairs une belle soirée d'été. Regard vers ses mains faites pour la caresse du bois. Des mains nues que ne recouvrait aucun bandage. Une légère hésitation. Puis immergée sous une vague déferlante les poings se fermèrent et les coups plurent.
Direct avant. Direct arrière. Crochet avant. Crochet arrière. Des coups, des coups encore des coups jusqu'à ce que la douleur disparaisse anesthésiée par la rage et l'adrénaline les pupilles complètement dilatées. La grosse toile se teinta de rouge écarlate petites éclaboussures vers un océan carmin. Un cri rien qu'un cri lorsque des lambeaux de chair laissèrent apparaistre les os blanchis. Les coups cessèrent alors au profit de gémissements, au profit d'une douleur physique bien plus grande qu'un cur brisé. De battre son cur s'était enfin arresté. Hébétée Sebelia ne pouvait quitter des yeux ses poings ensanglantés. Elle essaya de tendre ses mains en vain. Ses yeux se révulsèrent et elle sombra dans les profondeurs d'une vie onirique.
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Et maintenant que vais je faire de tout ce temps que sera ma vie, de tous ces gens qui m'indiffèrent...
Lascension de la colline lui avait demandé moult efforts et de fines gouttelettes de transpiration traçaient de longs sillons noirastres sur son minois aux joues creuses recouvert dune mince pellicule de poussière de bois. Elle avait quitté la bastisse où se situait son atelier de charpenterie à la mi journée souhaitant profiter de la doulceur dun bel après midi ensoleillé, affublée dune camisole de fine toile dun blanc cassé et de braies de garçonne en cuir sombre. Léchine courbé, elle peinait à avancer la bouche entrouverte, expirant bruyamment, le pas incertain malgré la qualité de ses bottes neuves en chevreau souple qui lui avait cousté une jolie bourse d'écus.
Le corps nerveux plutost décharné la jeune femme était de petite taille, au casque de jais et à la peau hyaline. Sebelia, puisquelle se nommait ainsy portait sur son dos un sac de frappe dun pied de diamètre. Lobjet recouvert de grosse toile faisait la moitié de son poids soit près de soixante livres pour une hauteur de quatre pieds et demi. Quelque temps auparavant elle avait rencontré un marchand ambulant qui venu du Sud du royaume souhaitait déverser sur le marché local plusieurs sacs de sable fin. Ils avaient discutaillé longuement puis lhomme avait fini par troquer ses marchandises contre quelques grosses pièces de charpenterie. La jeune femme avait su en faire bonne utilisation. Enfin une grosse corde ceinturait la taille de la bourguignonne qui s'était immobilisée prenant appui sur un manche de bois finement sculpté.
Le souffle court, ses pas lavaient menés jusquà une clairière où reposait un arbre centenaire. Les jambes flageolantes, laissant choir le sac dans son dos, la jeune femme sétait presque écroulée, les genoux reposant sur un lit de mousse oyant le silence dune nature qui ne demandait quà séveiller et dont les températures fort agréables annonçaient les prémices dun printemps tout en douceur. Les yeux mi clos, Sebelia inspira profondément puis se redressa lentement déployant sa petite silhouette aux fresles épaules. Elle tira violentement sur sa ceinture et saisit péniblement lédredon de sable où plus exactement lanneau cousu en son diamètre dans lequel elle passa adroitement la corde. Relevant le menton et d'un geste précis elle la lança par dessus la première grosse branche et tira de toutes ses forces évaluant avec précision la bonne hauteur du sac de frappe qu'elle arrima solidement vérifiant par deux fois la tension du cordage.
Satisfaite de l'équilibre ainsy trouvé, Sebelia releva ses cheveux sur le haut de son crasne et effectua quelques étirements. L'entrainement pouvait enfin commencer. Pendant une vingtaine de minutes la brunette effectua des levés de genoux, des pas chassés avant latéraux, arrière frontaux, des talons fesses et de course marche arrière. Puis elle enchaina sur des bonds verticaux avant de se poser devant le sac de frappe haletante mais le regard fixe concentrée à l'extresme. Elle sentait une colère sourde s'immiscer à travers tous les pores de sa peau qui durcissait davantage son visage en delta et dont les lueurs éclairaient le puits sans fond de ses prunelles noisette comme un ciel orageux zébré d'éclairs une belle soirée d'été. Regard vers ses mains faites pour la caresse du bois. Des mains nues que ne recouvrait aucun bandage. Une légère hésitation. Puis immergée sous une vague déferlante les poings se fermèrent et les coups plurent.
Direct avant. Direct arrière. Crochet avant. Crochet arrière. Des coups, des coups encore des coups jusqu'à ce que la douleur disparaisse anesthésiée par la rage et l'adrénaline les pupilles complètement dilatées. La grosse toile se teinta de rouge écarlate petites éclaboussures vers un océan carmin. Un cri rien qu'un cri lorsque des lambeaux de chair laissèrent apparaistre les os blanchis. Les coups cessèrent alors au profit de gémissements, au profit d'une douleur physique bien plus grande qu'un cur brisé. De battre son cur s'était enfin arresté. Hébétée Sebelia ne pouvait quitter des yeux ses poings ensanglantés. Elle essaya de tendre ses mains en vain. Ses yeux se révulsèrent et elle sombra dans les profondeurs d'une vie onirique.
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Et maintenant que vais je faire de tout ce temps que sera ma vie, de tous ces gens qui m'indiffèrent...