--Haine_ecarlate
Le Castel, sa cuisine, son ombre...
Assez de temps s'était écoulé, il fallait agir rapidement.Le grand homme sortit de l'ombre après un bref coup d'oeil à gauche et à droite et poussa la porte des cuisines le plus silencieusement possible.
Un léger bruit de gonds se fît entendre mais rien d'alarmant...
Personne à une heure aussi tardive, pas un seul laquais pour laver le sol non plus. Le regard de l'homme se posa sur les braises sous une grande marmite encore rougeoyantes ; Il esquissa un sourire, voilà ce qu'il fallait.
Il s'approcha de l'âtre avec envie et resta ainsi à apprécier la douce chaleur du brasier.
Le feu... Dur ennemi à combattre mais fier allié quand on sait l'utiliser. Il disposa quelques fines bûches de chêne pour que les flammes débutent leur danse dans l'âtre puis se saisit - après quelques bonnes minutes de recherche - d'un tonnelet de gnôle qu'il se dêpecha d'ouvrir avant de balancer tout son contenu sur plusieurs endroits stratégiques : les sacs, les herbes, d'autres tonneaux...
Derrière lui le brasier avait pris de l'ampleur, quelques flammes oscillaient, l'hypnotisaient. Il fallait que ça marche, autant faire une belle diversion...
L'homme se saisit d'une botte d'herbes sèches et la tendit vers l'âtre flamboyant, il ne fallut que deux secondes pour qu'elle s'enflamma.
Ainsi "armé", il sépara la botte en plusieurs parties qu'il jeta à chaque point nappé d'alcool...
La cuisine s'enflamma, doucement mais sûrement, l'assassin lui reculait pour éviter de se faire prendre au piège du brasier. Le spectacle était presque jouissif, le doux prix de la vengeance, impalpable mais si puissant...
Mais il ne fallait pas rester, la Camarde pourrait l'attendre ou pire se faire attraper, et ça l'assassin ne pouvait se le permettre.
Adieu... Limousin.
Ces mots s'échappérent de sa bouche contre son gré, un signe du destin peut être, qui sait vraiment... Il ne pouvait qu'en devenir le maître du moment que peu d'éléments pertubateurs ne venaient contrecarrer son histoire. Sa vengeance. Son poison. Son malheur.
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Le Castel, sa cour extérieure, sa surprise...
Lorsqu'un esclave passait devant lui durant sa marche dans les couloirs, la capuche était abaissée, ne craignant rien. Mais c'était tout le contraire une fois dehors, en cour extérieure du Castel, prudence est mère de sûreté... Le pas était un peu plus rapide mais discret, peut être était-il en retard ou trop tard.
Pas un chat, ni un bruit suspect, ni patrouilles... Juste la lune pour compagnie et son meilleur ami en fourreau.
Quelques souvenirs l'assénèrent, tous plus ravageurs les uns des autres, ouvrant un peu plus le trou béant qu'il comblait de rage fâce à sa perte... ne plus penser à cela non, il se devait d'être conscient et imperturbable.
Un coin, quelques mètres et il y était presque... Un coup d'oeil ne ferait pas de mal à l'assassin, sait-on jamais les coups narquois de la vie.
Stupeur devant le spectacle, deux ombres, une entamant sa descente, paquet au bras - sûrement son "associé" - et une autre s'approchant de lui. Non elle reculait vers lui...
Il ne distinguait pas ses formes assez convenablement mais c'était un danger, un élément pertubateur, une contrainte, un ennemi. Le tuer içi n'était pas la bonne idée, le temps pressait... Et la discrétion importait.
Que faire ?... Vite l'ombre semblait prête à sauter sur la Camarde.
Son souffle s'accélera mais il le contint, il ne manquait plus qu'un combat en face à face débuterait et le pire serait à imaginer.
Et le brasier... Le plan... Elle... NON !
*paf*
Le coup fût rapide, fort et précis. L'ombre s'agenouilla devant lui avant de s'effondrer. Il ne l'avait pas tué, simplement neutralisé. La nuque, quel endroit fragile...
Vu le souffle lors du coup et la silhouette maintenant plus visible l'ennemi était une femme, fort fine.
L'assassin s'agenouilla près de l'inconnue et porta le corps à un endroit un peu plus éclairée, sans éveiller de soupçons cependant.
La Camarde n'était plus très loin du sol, autant voir qui est ce et désarmer la dame.
La surprise était de taille... Içi ?! Maintenant ?! Qu'est-ce-que...
Ewaele...
La Secrétaire d'Etat, l'ex-Capitaine, la Juge, celle qu'il avait suivi durant... le voilà bien, serait-elle un bon appât, une garantie ? Oui sans doute, pour l'avenir du plan...
Il passa sa main dessus le nez de la rouquine, elle respirait... Bon. D'abord s'assurer que celle-ci ne devienne pas un problème majeur.
Les mains gantées de l'assassin se saisissèrent du fourreau et de l'épée puis des cuissardes de la rousse. Pieds nus elle n'irait pas loin tout comme sans protection. Ce fût un bon réflexe, sans être violeur, il fît la douce découverte d'une dague à la cuisse droite. Ses mains palpèrent sans joie apparente le reste du corps, la Femme a tant de bonnes cachettes qu'il ne se devait aucune erreur. Rien d'autre.
Il s'en doutait, une vraie forte femme, un peu comme lui sur certains points. Mais il n'était pas intéressé par le désir charnel, non il y avait son poison qui lui interdisait...
Les affaires furent rassemblés et l'assassin rejoignît la Camarde, Ewaele dans ses bras, simplement pieds nus, le reste des vêtements à peine touchés.
Le ton restait froid mais empli d'une pointe de colère quand l'homme engagea la conversation
Il ne reste plus beaucoup de temps...
Le regard du squelettique se perdit sur le beau corps de la rousse
Elle a failli vous surpendre et mettre nos vies aux mains de l'Enfer, sortons d'içi, le f...
Les cloches retentirent et le coupèrent net, on avait découvert les flammes en cuisine... Plus le temps de palabrer, il fallait fuir.
Depêchons... Les chevaux attendent dehors près du Castel, nous ferons avec deux "paquets". Votre pécule vient d'augmenter la Camarde, souriez...
L'ironie du sort... Quelle folie l'avait emporté...