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[RP]Cérémonie d'anoblissement de fin de mandat

Nicotortue
Le Comte regarda donc l'autre Comte retourner s'asseoir sur son trône d'un air qui laissait présager l'orage mais, lorsqu'il prit la parole, ce furent des paroles neutres qui furent adressées au troisième Comte. Dès qu'il eut finit de parler, le Héraut intérimaire avança d'un ou deux pas et, sans rien dire puisque cela n'aurait servi à rien, et tendit à son soi-disant cousin le contreseing de son anoblissement, mentionnant le nom de son nouveau fief et ses armes.

Citation:
    A tous présent et advenir salut.

    Nous, Nebisa de Malemort, dicte « Marche », Héraut du Limousin et de la Marche,Maréchal d'Armes Royale après consultation des édicts de l'Hérauderie de France, validons et contresignons les procédures d'anoblissement proposée par le comte Trokinas.

  • Messire Stannis le Ray est élevé au titre de Seigneur de Lussac les Eglises et portera :

    D'argent aux trois merlettes de sable





    Afin d'attester de la conformité de nos mots, nous imposons de nostre mains nostre scel et cachetons ce jour la présente déclaration rédigée en la Chapelle Sainct Antoyne le 03 éme jour de Mars 1457 sous le glorieux régne du Roy Levan.






Puis, cela fait, parce qu'il fallait quand même prononcer les formules rituelles, le Comte se décida enfin à ouvrir la bouche et à laisser quelques sons en échapper :

Seigneur de Lussac-les-Eglises, veuillez faire allégeance à votre suzerain qui a su distinguer vos mérites et, ainsi, reconnaître la cession de votre nouveau fief et des privilèges et devoirs afférents.
_________________
--Haine_ecarlate



Il fallait profiter de ce temps. La première partie du plan pouvait enfin débuter...
Seul mais prêt à tout il s'approcha des gardes du castel, tête à nu, nul besoin de cacher son identité pour le moment, missive vide de mots et cachetée dans une main.


Un message pour sa Grandeur Trokinas, c'est urgent ! Je suis...

La simple déclinaison de son identité - accompagnée bien sûr par quelque "lard" avec lequel on graisse les pattes curieuses - suffirent à donner droit au mystérieux homme de pénétrer dans l'enceinte du château de Limoges.
Direction les jardins... Là-bas il pourra être discret au mieux vu l'heure, les servants étant aux fourneaux et les gardes postés et interdits de bouger vu l'évènement héraldique.
Il pouvait remercier la noblesse une fois de plus...

Quelques pas plus tard, certain d'être seul, il pût se dépêtrer de la lourde corde, crochet au bout. Il évalua la distance du lancer et de la montée à faire ; Ca ne devrait pas le changer des entrainements militaires.
Premier essai... Raté. Il ragea, ce n'était pas le moment de perdre du temps. Le second passa de justesse, le troisième fût bon.
Il tira sur la corde pour vérifier la stabilité, tout allait bien.

L'homme entreprit donc la longue montée du mur, tout en priant qu'un servant ou garde ne passerait pas dans le coin. La force acquise par son ancienneté à la COLM était le bienvenue. Combien de cordes avait-il monté et descendu...
Quelques minutes passèrent, une fois en haut il remercia sa bonne étoile pour cette fois. La vengeance a du bon parfois... La corde remontée et enroulée soigneusement, il se dépêcha de rejoindre l'escalier le plus proche.

Depuis quelque temps, il passait la plupart de son temps içi, il avait pu se remémorer la partie du castel qu'il fallait pour accomplir sa première horreur.
Bien sûr rien n'avait été simple, entre achats, incognito et recherches...
Mais il était fin prêt, décidé, quoi qu'il lui en coûte, malgré l'immense déshonneur. Tout ce qui comptait était la réussite de sa folie.

Quelques dédales, cachettes et escaliers plus loin, il arriva enfin à l'endroit voulu. La discrétion n'était pas sa panacée mais il s'était obligé à devenir plus précis et silencieux. Tout allait se jouer maintenant.
Soit il réussissait son coup et tout était une question de temps soit tout était fini...

Une galerie pour archers un peu oubliée, en hauteur de la grande salle d'où se déroule d'habitude les galas nobles. L'endroit était parfait, ni trop loin, ni trop près, cela lui laisserait le temps d'ajuster son tir avec la large zone de vision et il serait assez discret pour avoir le temps de fuir ensuite.

La cérémonie débuta... Avec son flot de récompenses, de surprises, une pointe d'amour même, ce qui ne manqua pas un rappel au sombre homme... Elle... Disparue... Tout ca à cause d'eux... De leur jugement hâtif... Ils lui avaient arrachés ce qu'il lui restait de cœur et ils allaient payés. Première cible : Stannis !

Qu'importe le danger et la folie. Le cercle vicieux l'avait déjà emporté. Plus de retour en arrière.
L'ex-Juge se fît attendre un bon moment, le grand homme craignait même que la possibilité qu'il ne vienne pas à la cérémonie d'anoblissement soit vraie.
Soulagement de dernière minute, le hautain personnage se pointa enfin.

Doucement, l'homme encapuchonné sortît de sous sa cape l'arme de sa première vengeance sanglante : une arbalète de poing, assez petite et discrète pour ne pas être vue des gardes auparavant.
Il l'attacha soigneusement sur l'avant bras. Un simple appui sur une gâchette détendît les ressorts et déplia l'arme. La corde était déjà tendue, un carreau prêt à l'emploi.
Quelques gouttes de poison vint rendre le projectile totalement mortel. Il avait pu se procurer facilement les ingrédients pour...

Il visa, évalua la distance. Même si l'arbalète était imprécise, s'il ne tremblait pas et restait calme l'ex-Juge apprécierait la surprise.

Finalement le Baron Trokinas et le Comte Nicotortue reprirent parole et la cérémonie continua... Vint enfin le signal, l'annonce du fief.
Le cœur bâtait dans ses tempes, tout se figeait, ses yeux fixait un seul homme, noirs de haine et assoiffés de vengeance.
Il ne laisserait pas Stannis prononcer son dernier souhait.


*FchhhhhhhhhhhTCHAK !*

Soupir de soulagement pour l'homme devenu assassin, horreur et cris pour les autres. Le carreau avait traversé une petite partie de la salle avant de se planter dans le dos de l'ex-humain tout court dorénavant. Ce n'était plus qu'une question de secondes pour que le poison vienne terminer le travail, arrêt du cœur à vie...

Il ne laissa pas la joie le submerger, rien n'était encore terminé, et il fallait encore s'enfuir d'içi sans soupçon.
Tout fût rapide, l'arme rangée, l'assassin courût à en perdre haleine en sens inverse de l'aller déjà accompli. Pas de cliquetis d'armures ni de cris derrière lui...
Il fallait descendre en rappel cette fois-ci. Enroulée à un créneau du rempart déjà franchi, la corde pendît dans le vide.
L'homme n'attendit pas plus pour glisser par à-coups, les gants de cuir évitant toutes blessures suspectes.

La fin de la descente fût moins joviale, la corde lâcha quelques mètres au-dessus du sol et l'assassin se ratatina sur le dos; Heureusement rien de cassé, mais une furieuse envie de ne plus retenter un coup pareil.
Il réapparut devant les gardes de l'entrée de l'enceinte en courant, tête remise à nue, faussement apeuré :


Là-bas ! Un homme vêtu de noir tente de s'enfuir dans les jardins !

Chaque patte graissée fila vers l'endroit indiqué. Le sombre homme n'attendit pas son reste et s'éclipsa loin d'içi. Une fois à l'hostel dans sa chambrette il s'affala sur le lit mis à disposition... Puis afficha un sourire satisfait, avant de comprendre qu'une missive sale était posée sur le bureau devant lui.
Ce n'était que le début, et il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin... Prochaine cible... Alienaure de Malemort... Et La Camarde pour "associé".
Stannis
Il est vrai qu’aussi… Insignifiant… Que soit Saint-Ouen et son Étoile, ils ont tout de même un héraut d’armes.

Sur cette simple remarque ponctuée d’un sourire fort aimable démentant le ton des paroles, le chevalier s’approcha davantage, notant le regard du Brassac vers sa tenue, bien que celui-ci se soit appliqué à le faire le plus discrètement possible, il fallait bien le concéder. « Licorne », cependant, s’y était attendu, et son sourire ne fit que s’élargir, en notant cela, avant qu’il n’ajoute à mi-voix, pendant ces instants où le Comte pourtant assis de nouveau sur son siège ornemental ne disait rien, de façon à n’être entendu que par l’ancien Grand Officier :

Ma tenue vous plaît-elle donc à ce point, Saint-Ouen, que vous l’admiriez avec tant d’insistance ? Je sais que les tissus n’en sont pas aussi riches que les vôtres, mais, ma foi, cela convient parfaitement à une vie sobre dédiée à la chevalerie…

Et sitôt cette petite pique glissée à celui qui officierait au cours de cette cérémonie dont Stannis avait tant l’habitude, après en avoir mené bon nombre lui-même lorsqu’il était en charge de la marche de Poitou, d’Aunis et de Saintonge, il se rapprocha du bas de l’estrade sur laquelle était juché le Comte, qui enfin semblait avoir retrouvé la parole, et pris sa décision, malgré un agacement largement palpable. A croire que même après son départ du Conseil, cet ancien juge était voué à lui en faire voir de toutes les couleurs… Cependant, la cérémonie se poursuivait, et il présentait le fief – par ailleurs fort opportunément sis aux confins du Limousin, juste à la frontière Poitevine, et non loin de celle du Berry également – au chevalier grisonnant, avec des paroles que celui-ci jugea à la fois appropriées et empreintes d’une certaine ironie… Le Titan… Belle référence. Volontaire, jusqu’en sa plus sombre ironie ? Il ne le savait. Il faudrait le lui demander, après… Ou peut-être simplement la développer dès maintenant, juste pour voir sa réaction.

Un travail de Titan ? Je me demande à qui cette métaphore, si l’on venait à la filer davantage, confierait le rôle de la des dieux dieux avinés, envieux et bagarreurs qui déclenchent – et gagnent – la Titanomachie…

Un pas de plus vers l’avant, un silence qui se prolonge un peu, puis il se tourne finalement vers Turenne.

Il est amusant que vous ayez parlé de ployer le genou, voyez-vous, car je ne sais toujours pas si je le ferai. Je ne suis toujours pas parvenu à décider si oui où non j’accepterai de me faire vassal du Limousin, même à cet instant, et tout ce que je puis dire n’a d’ailleurs d’autre raison que de me faire gagner un peu de temps pour parvenir à cette décision… Je pèse en effet le pour et le contre, et ne parviens pas à…

Un sifflement ponctué d’un bruit sourd se fait entendre dans la pièce, et le chevalier se tait soudainement, les yeux écarquillés, vacillant sur ses pieds… A ses yeux, la pièce prend soudain un étrange air d’irréalité, comme s’il se trouvait soudain propulsé au sein même d’une toile peinte, seul être vraiment vivant au milieu d’une assemblée faite de quelques coups de pinceau et d’un habile mélange de nuances, ayant l’apparence d’hommes sans en être vraiment. Lentement, il se sent dériver, jusqu’à ce que finalement il le ploie, le genou, s’abattant lourdement dessus, et la nuque s’arquant sous l’inertie de la chute, jusqu’à voir la tête du carreau qui l’a frappé, qui dépasse légèrement entre deux de ses côtes, sur la droite de sa poitrine. La douleur est si forte que, paradoxalement, il ne la ressent presque pas. La douleur a toujours été présente, pour lui. Elle ne fait là que se réveiller. Enfin. Elle est venue le chercher… Est-ce donc ainsi que tout doit s’achever, avec la moitié de son thorax réduite en une pulpe sanglante, d’où le précieux flot de sa vie s’échappe en bouillonnant ? Est-ce vraiment la fin ?

…Que fait-il là, déjà ? Oui, cela lui revient… On l’anoblit. Il est à genoux. Tous le regardent. Il sait ce qui doit être fait dans ces circonstances, il l’a vécu, il l’a fait vivre à d’autres, il connaît le serment par cœur, pour l’avoir déjà entendu tant de fois auparavant… Mais pourquoi cette pièce est-elle si rouge, d’un coup ? Enfin, il aura amplement le temps de se poser la question une fois relevé.


Moi, Stannis Le Ray, chevalier de… la fin de sa phrase se perd dans une quinte de toux qui s’achève avec un filet de sang coulant du coin de sa bouche, puis il reprend, d’une voix plus faible encore que cette avec laquelle il avait débuté, quasiment réduite à un murmure désormais. Jure fidélité, conseil, et assistance au Comté du Limousin..

Il relève alors la tête, et ajoute, reprenant soudainement conscience de son état présent. Il sait. Il sait ce qui l’attend, car il l’a déjà tant vu, sur les champs de bataille de petite Bretagne et d’ailleurs. Aussi se sent-il obligé d’ajouter quelques mots, plus faiblement encore.

Bien que je doute d’avoir jamais vraiment l’occasion d’en faire profiter quiconque…

Et à nouveau, ses paroles se terminent par une violente quinte de toux, qui à nouveau lui remplit la bouche de sang, qu’il est cette fois obligé de cracher pour parvenir à respirer encore, même faiblement, alors que lentement son corps s’affaisse pour de bon au sol, au milieu de la mare de sang qui déjà se forme autour de lui, qui n’a plus même la force de se tenir à genoux, alors qu’il se vide de son sang comme un porc qu’on aurait égorgé... Non. Impossible. Cela ne saurait finir ainsi, il était chevalier, il se devait de mourir au combat… Il y survivrait, il le fallait. Il se redresserait. Il en était sûr, il y parviendrait, même si ses mains, glissant dans la flaque formée par son propre sang, s’avéraient incapables de le remettre debout. Il le fallait… Et même si finalement il devait mourir malgré tout en cette salle, il le ferait au moins debout.
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Alienaure
Aliénaure ne put étouffer le soupir de soulagement quand son beau-père entra -enfin !- dans la salle que Trokinas et elle s'apprêtaient à quitter.
Têtu il était mais point idiot. Elle savait très bien que sa rancœur avait été dirigée vers sa mère, tout à l'heure. Il était rancunier, au caractère impossible à supporter, mais si on survivait à tout cela, on découvrait un autre homme. Elle avait mis du temps à le comprendre. Mais une fois fait, elle avait commencé à avoir de l'affection pour celui qu'elle considérait presque comme un ami à défaut d'un père. Elle avait beaucoup de respect pour le travail qu'il faisait, et avait été profondément déçue de la réaction d'un grand nombre d'imbéciles finis de limousins. Mais la récompense qu'il allait recevoir clouerait le bec aux médisants.

Elle avait pris place au premier rang, préférant rester à côté, parce qu'elle n'aimait pas la solitude qui accompagnait le chevalier. Et parce qu'elle serait plus proche de son Comte pour partir une fois la cérémonie finie.
Elle ne put s'empêcher de sourire en imaginant les mots qui se bousculaient dans la tête de son Comte, mais qui sortirent avec retenue et diplomatie. Quant aux réparties du chevalier... Une pure image de lui-même: franc -sans doute trop-, ironique- voir narcissique.

La vieille dame à côté d'elle fit tomber un mouchoir. Sans doute une émotive, pour avoir besoin d'un tel accessoire, en pareille occasion. Toujours est-il que la jeune fille plia les genoux pour se baisser. Oui, parce qu'on ne pouvait pas se pencher en avant avec une telle robe. Question de décence, tout de même! Elle ramassa le bout de tissu humide -elle avait vu juste- et le tendit à sa voisine. Mais au lieu du sourire de remerciement qu'elle s'attendait à voir sur le visage de la vieille femme, elle récolta un regard empli d'effroi. Froncement de sourcils malemoriens. Qu'avait-elle fait pour mériter pareille récompense? Elle n'avait fait que rendre service à...


Par Aristote...

Bon, bein elle pouvait jurer si elle voulait, tant pis pour les remerciements.
Aliénaure tourna la tête vers l'allégeance qui avait commencé.
Son cœur manqua un battement. Et elle comprit la frayeur qu'elle avait pu lire dans le regard de sa voisine.
Devant elle, son beau-père gisait sur le sol, un carreau traversant sa poitrine. Poitrine laissant s'échapper la vie qui l'habitait encore.

Figée sur place, elle le vit cracher du sang. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre.
Alors, elle combla le vide qui les séparait, se jetant à genoux, lui saisissant la tête pour la poser sur ses cuisses.


Stannis...


Si elle touchait le carreau, la douleur s'estomperait peut-être. Sûrement, même. Mais sa vie s'achèverait en même temps. Et déjà beaucoup trop de liquide rougeâtre avait quitté le corps et poissait habits et tapis.
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Nicotortue
Le Héraut intérimaire ne prit pas même la peine de répondre aux piques de nouvel anobli. S'il croyait qu'il allait réagir et se lancer dans un débat d'idées et un duel verbal, il se trompait lourdement. Le Comte se contenta donc d'un sourire aussi large que celui de son vis-à-vis, tout aussi hypocrite, tout aussi ironique, comme si les remarques assassines précédemment dites n'étaient que de vulgaires plaisanteries. Un air cependant condescendant se mêla à son visage apparemment si jovial lorsque Stannis ne put s'empêcher de lui glisser une pique sur leurs tenues respectives. Il lui ferait presque pitié avec cet acharnement à ne pas vouloir voir au-delà des apparences et, dans sa hauteur, à ne pas dépasser les premières impressions. Mais il fallait ajouter qu'une telle attitude avait également ses avantages : elle isolait le Poitevin dans sa tour d'ivoire et dispensait quiconque d'essayer de briser le mur qu'il s'était forgé au fil des ans.

Le Comte allait toutefois répondre que les états d'âme personnels du nouveau seigneur ne l'intéressait guère et qu'il avait mieux à faire que de l'écouter pérorer lorsque un son fluide traversa la grande salle et Stannis s'arrêta en pleine phrase, ce qui ne lui ressemblait guère, prenant une figure quelque peu étrange, même pour quelqu'un hésitant à accepter un fief. Le Héraut leva donc un sourcil, cherchant à comprendre les raisons d'une telle attitude lorsque, soudain, le Poitevin s'effondra. Le Comte retint un soupir : et voilà, il fallait une fois de plus se faire remarquer et se mettre en avant par un numéro digne des pires baladins de foire. Intérieurement, il se promit de rester stoïque et de ne pas démordre de son impassibilité.

Lorsque le Chevalier cracha du sang, le Héraut se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond et qu'il ne s'agissait peut-être d'une comédie. Quelques cris d'effroi dans la salle l'avertirent de la gravité de la situation. En y regardant de plus près, il ne put manquer le carreau qui trônait au milieu du dos du Licorneux. Comment, d'ailleurs, avait-il pu ne pas le voir avant ? Sans réfléchir, il se jeta aux devants de son cousin honni mais Aliénaure fut la plus rapide. Elle s'accoupit et prit la tête de son beau-père sur ses genoux, semblant hésitante à retirer ou non le projectile de la blessure. Celle-ci semblait grave mais le Juge n'en fit pas moins un dernier pied-de-nez au destin et réussit à prononcer la formule rituelle scellant la remise de fief. Malgré le tragique de la situation, le Comte ne put s'empêcher de sourire devant une telle ironie du sort. Il devait au moins reconnaître que l'autre savait mourir, car son état ne faisait aucun doute, avec panache et courage. Il hocha donc la tête pour lui signifier qu'il avait pris note de ses dernières paroles et qu'il considérait l'allégeance comme valide.

Puis, l'horreur de la situation reprit le devant de la scène et le Comte réfléchit à toute vitesse à ce qu'il convenait de faire dans l'immédiat. Trokinas semblait pétrifié sur son trône, ce qui ne lui ressemblait guère lorsqu'il fallait réagir en urgence. Le Comte prit donc les choses en mains et fit ce qui lui paraissait le mieux.

Un médecin ! Qu'on aille chercher un médecin au plus vite !!
Fermez les portes ! L'assassin doit encore se trouver dans le château ! Que la garde fouille le bâtiment entier !


Malgré l'air assuré qu'il affichait, le Comte était certain que c'était trop tard : Stannis agonisait. Les flots de sang qui s'échappaient de son corps montraient assez l'issue fatale. De même, le tireur n'avait pas dû attendre de voir la situation évoluer avant de s'enfuir. Il était probable qu'il avait fui dès son carreau lâché. Pourtant, il fallait tout tenter.
Ces ordres donnés, Nico vint prendre place auprès de sa jeune cousine, près du mourant. Il jetait des regards frénétiques autour de lui, attendant impatiemment l'arrivée du chirurgien. Que les secondes paraissaient longues...

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Trokinas
Le Comte regarda le Comte. Le régnant du Limousin face au mari du Héraut. Et allez, ca continuait, Stannis avait l'intention de parader. Trokinas se souvint du moment où il avait choisi le blason pour celui qui avait été Juge pendant presque tout le mandat. Il s'était arrété sur les animaux déssinés et n'avait pu se retenir de sourire en les voyant en train de bomber le torse. Cela collait parfaitement avec l'orgueil démesuré de Stannis. A l'époque, cela l'avai fait sourire, mais maintenant non. Le Comte n'était pas d'humeur à écouter les discours pompeux et les pics tortueux qui s'y cacheraient.

Un bruit... un coup. une giclure de sang.

Brutale, telle est la mort. Inattendue également. La mort survient et frappe de manière aveugle, sans que personne ne s'y attende. Le carreau d'arbalète frappa le Comte de plein fouet et celui-ci sembla se figer avant de tomber et de s'écrouler finalement.

Pendant une seconde un silence régna sur la salle. Cette cérémonie ne s'était pas déroulée comme prévu, et cela depuis le début. Mais à : le nouveau Seigneur du Limousin venait de tomber blessé à mort.

Dans la tête de Trokinas, rien ne se passa. Le cerveau était en léthargie. Un bete mécanisme de défense pour éviter une crise majeure. Le Comte ne comprenait pas ce qu'il se passait, son cerveau refusant de l'intégrer. Puis, il vit Alienaure s'approcher du corps, et Nico réagir, et la un déclic survint. Le Comte se revit dans le chateau de Limoges lorsque sa Douce avait été blessée par la révolte. Et là, il se passa le contraire : le cerveau donna des ordres sans qu'il y ait la moindre évaluation ou inhibition.

Le Comte se leva, brutalement, porta sa main à son épée et la sortit, puis il fit un tour sur lui même et décrocha sa cape. Il se jeta alors sur Alienaure pour l'empécher de toucher à quoi que ce soit. Sa seule pensée était : "la mettre à l'abri". Se faisant, il percuta Nicotortue de toute sa force. Celui-ci fut mit de côté un peu brutalement.

Trokinas enveloppa Alienaure dans sa cape, et la poussa non moins brutalement dans les bras d'un garde pétrifié.

VOUS REPONDREZ DE SA VIE !!! METTEZ LA A l'ABRI!


La détermination dans l'oeil du Comte ne laissait place à aucune remarque ni à aucun doute sur la véracité de cette information. Le Comte avait failli perdre la vie d'Alienaure une fois, cela n'était pas près de se reproduire.


Puis Trokinas se pencha vers Stannis, et ce qu'il vit le révolta. Il se tourna alors vers les autres gardes.

Bouclez les issues, tirez les rideaux pour éviter que cela se reproduise, et fouillez moi ce chateau, je veux que le responsable me soit amené dans l'heure ici meme. Cherchez Nebisa de Malemort, elle ne peut être loin, qu'elle vienne soigner son mari, et vite.

Puis, le Comte se tourna vers les gens présents, toujours l'épée à la main pour vérifier qu'il n''éxistait aucune autre menace, couvert du sang de l'ex Juge. Voyant que rien ne bougeait pour l'instant, il se pencha vers Stannis pour voir s'il pouvait faire quelque chose. Le Comte ne portait pas spécialement le Juge dans son coeur, mais personne ne méritait de mourir de la sorte.
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Ewaele
[Au pied du château]

Ca s’agitait, du bruit, des cris, elle alla vite s’informer vers les gardes de ce qu’il se passait, main sur la garde, aux aguets, elle donna vite les ordres pour sécuriser le lieu, même s’il devait déjà être trop tard… Elle reviendrait plus tard au près des hommes pour faire ce qu’il fallait, Limoges serait fouillée et surveillée… Pour l’heure elle devait aller voir de quoi il retournait exactement !

[Salle du Trône]

Elle remonta les marches quatre par quatre et réussit à rentrer dans la salle avant que les portes ne soient fermées… Elle prit rapidement la température, essayant de rester le plus calme possible, elle ne savait pas qui était touché et elle ne savait pas si elle voulait savoir…

Le comte Trokinas, non elle le voyait, il avait mit Aliénaure en sécurité, Nico était là mais alors… Tour inquiet de la salle, qui, mais qui était là allongé sur le sol… Elle avança d’un pas de deux… si doucement, si fébrilement, elle ferma les yeux pour faire encore quelques pas… Arrêt complet de la jeune femme qui devint blanche, prise de tremblement elle avait l’impression que le sol se déchirait sous ses pieds… Stannis…

Un cri, une déchirure qui vient du plus profond de ses entrailles un mot qui s’arrache d’elle qui se propulse hors de ses lèvres…


NOOOOOOOOOOOOOOOOOooooooooooooooooooN…

Elle se débâtait contre ce qui l’envahissait, elle se laissa tomber sur le sol finissant son déplacement sur les genoux… Sa gorge était sèche autant que ces yeux qui n’arrivaient pas à croire ce qu’ils voyaient… Un carreau, des souvenirs qui remontaient à la surface, sa main dans un geste qu’elle ne maitrisa pas vient toucher son cou sur une cicatrice ancrée a jamais… Elle essaya de comprendre de voir de savoir, sa tête tourna dans tous les sens pour trouver des réponses dans le regard de ceux qui entouraient le Licorneux… Sa poitrine se souleva, un haut de cœur… Elle posa une main sur l’homme baignant dans son sang, elle sentit le liquide poisseux prendre le pas sur ses vêtements qui trempaient dedans…

Elle ne pouvait rien faire, elle ne savait pas quoi faire… Elle se baissa le plus possible pour venir coller sa bouche près de son oreille, lui parler, mais lui dire quoi, il n’était pas fou, il savait déjà, tous les mots qu’elle pourrait dire, ne serait que mensonge… Non tout n’irait pas bien, non il ne s’en sortirait sans doute pas… Elle serra la mâchoire autant que le poing resté figé sur sa hanche. Sa main presque douce sur Stannis, cherchait à le réconforter, inutilement, mais elle avait besoin de ça pour se rassurer, pour garder espoir, si faible soit-il !

Et elle lui parla, doucement, si doucement que personne ne pouvait entendre les paroles prononcées… Elle n’arrivait pas à croire ce qui se passait, elle n’arrivait à se dire que lui oui lui, était là, parterre, a agoniser… Elle continua ainsi à lui parler, sans même se rendre compte de ce qu’elle pouvait lui raconter, qui rassurait-elle vraiment ? Lui ou elle ?

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Trokinas
Le Comte réagit à l'arrivée de la Vice Comtesse, et faillit la décapiter devant la rapidité de son entrée. Trokinas aurait pu croire que c'était le meurtrier qui venait finir son office. La seule chose qui sauva la nouvelle Baronne fut la couleur de sa chevelure si caractéristique que le Comte eut le temps de raisonner sa main.

Il regarda Ewaele en train de pleurer sur ce qui était désormais le Corps de Stannis, mais Trokinas refusait cette mort. Il sortit donc prudement, et attrapa le garde qui était resté là.


Trouvez moi le Prévot et ramenez là moi.


Finitou était aussi Barbière, peut être pourrait elle faire quelque chose?

Puis le Comte retourna vers la salle d'anoblissement sanguinolente. Il marchait d'un pas ferme, sa main était sûre sur son épée , et il était prêt à affronter n'importe quoi ou n'importe qui, sa rage était canalisée, et ne restait qu'une colère froide qui venait se se transformer en détermination. Toute la rage accumulait ressortait maintenant, et le Comte réfléchissait à la liste des personnes suspectes qui pourraient en vouloir autant à Stannis pour justifier un tel acte. "Etincelles" était le mot qui résonnait dans sa tête.[/b]
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Alienaure
Dans un état second, elle vit son cousin venir à ses côtés, crier des ordres.
D'une main tremblante, elle démêlait les cheveux lâches du poitevin, murmurant mille mots incompréhensibles par d'autres qu'eux. Et comme elle sentait brûler la première larme au coin de l'œil droit, elle se sentit soulevait, enveloppée, puis presque catapultée dans les bras d'un garde planté là.


VOUS REPONDREZ DE SA VIE !!! METTEZ LA A l'ABRI!


Le claquement de voix sec eut le même effet qu'une gifle. Aliénaure se redressa, fusilla du regard le garde qui avait malencontreusement posé sa main sur le bras qui dépassait de la cape comtale.

La jeune fille regarda un bref instant Trokinas. Que lui avait-il pris d'agir ainsi? Ce n'était pas elle qui avait été visée. Ce n'était pas elle qui était en train de se vider de son sang.
Elle se retourna brièvement vers le planton.

Vous allez surtout répondre de la votre si ce n'est pas lui que vous surveillez.

La voix de la Malemort ne dit vraisemblablement rien de mieux que celle du Comte. D'un côté, le soldat risquait la pendaison, de l'autre, si la furie le décidait, son existence deviendrait un calvaire. Et le brave homme n'était pas sûr de vouloir cela.

Alors elle revint vers le corps allongé sur le tapis. Ewaele tenait la main de son beau-père, tentait en de vaines paroles de le faire parler. Doucement, elle reprit sa place, calant doucement la tête du juriste sur ses cuisses, reprenant le démêlage des longs cheveux du licorneux.

Vous n'avez pas fini votre allégeance, Stannis... Dépéchez-vous. IL vous faudra me donner une seigneurie, plus tard, en dote... Le Comte ne voudra pas de moi, sinon...

L'humour... Peut-être qu'il trouverait la force d'y répondre...
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Trokinas
Trokinas vit Alienaure qui se replaçait auprès de son beau père. Le Comte lança un regard assassin au garde qu'il avait désigné, et celui-ci trouva autre chose à faire de plus urgent.

Restez là.

Les mots n'avaient pas été prononcés bien fort, mais avait eu le don de figer le garde sur place.

Puis Trokinas se tourna vers Stannis qui visiblement avait rendu son dernier soupir. La colère retomba en Trokinas. Et voilà, son mandat se terminerait donc sur une tragédie. Stannis n'était pas le premier mort que le Comte voyait, mais il n'avait pas non plus l'expérience d'Ewaele ou d'Enguerrand. Cependant, il ne pouvait laisser libre cours à son émotion. Pas maintenant. Il se devait de mettre Alienaure en sécurité... et Ewaele aussi qui semblait traumatisée.

Le Comte se tourna et vit Nicotortue planté là, sans bouger. Il prit alors la seule décision possible : bouger le corps. C'était la seule façon de faire bouger les deux femmes présentes et de les mettre à l'abri. Le Comte savait qu'il existait une petite salle derrière le trône, pour les préparatifs, les papiers et les médailles.


Votre Grandeur...

Ca y est Nicotortue était encore parti dans une autre dimension.

Votre Grandeur !

Cette fois, Trokinas posa sa main sur le bras du Héraut intérimaire. Bien sûr avec son visage couvert du sang de Stannis le Comte du Limousin ne devait pas avoir fiere allure.

Aidez moi à porter Stannis dans la salle d'à côté.


Le Baron n'attendit pas la réponse, et se tourna vers les femmes.


Nous allons mettre Stannis à l'abri suivez nous.

Puis Trokinas prit les épaules et commença à soulever en jetant un regard vers Nicotortue pour voir si celui-ci allait réagir.
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Nicotortue
Revenant du choc d'avoir été violemment jeté de côté comme un vulgaire sac, le Comte ne put s'empêcher de rester figé, observant la douleur de sa promise devant l'homme que lui-même méprisait tant. Il ignorait qu'ils étaient proche au point de laisser libre cours à une telle peine. Mais un vague souvenir affleura à sa mémoire, vestige d'une conversation intime au cours de laquelle il s'était borné à écouter et à apporter autant d'adoucissement qu'il pouvait. Il soupçonna la Comtesse de replonger dans des événements enfouis au plus profond d'elle mais dont la résurgence était régulière, dès qu'elle était confrontée à la mort et à l'odeur du sang.

Il en était là de ses réflexions lorsque la voix de Trokinas le tira de sa torpeur. Tiens, il semblait donc que celui-ci ait pris les choses en mains. Et bien, il était temps. Il n'avait plus son épée dégaînée à la main mais son air ne présageait rien de bon. Il secoua légèrement le bras du Héraut intérimaire qui, détachant son regard des 2 femmes agenouillées, se leva enfin et fit comme son suzerain, à savoir se pencher et s'emparer des extrémités du cadavre afin de le porter dans une autre pièce, à l'abri des regards. Qui plus est, cela aurait l'avantage de mettre Aliénaure et Ewaele à l'abri, même si le Comte était intimement persuadé qu'elles seraient de taille à se défendre si un danger survenait. Il lança donc un regard à Ewa pour lui signifier de les suivre, ainsi que Trokinas le leur suggérait - ordonnait ? - puis revint au Comte du LM. Celui-ci était déjà en position. Avec un soupir le Héraut se pencha davantage et, sans se soucier le moins du monde du sort du somptueux velours qui le vêtait, se saisit d'une des extrémités du cadavre encore chaud. Il avait eu beau ne pas apprécier Stannis, et c'était un euphémisme..., personne ne méritait de mourir de cette façon, encore moins un membre de sa Maison, aussi détestable soit-il. Sur un coup d'oeil à Trokinas, il se releva, portant son fardeau inerte et poisseux de sang frais.
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Ewaele
Le monde qui l’entourait, qui les entouraient, lui était indifférent, plus rien ne comptait que l’homme sur le sol, celui qui avait su se faire autant apprécier de certains que haïr d’autres, les goûts et les couleurs… Sa main maintenant dans la sienne à chercher encore un peu de cette chaleur humaine, à essayer d’accrocher ses doigts aux siens, cherchant une minime sensation, peut être un dernier contact de l’ex juge. Peut être le besoin de sentir qu’il était encore là, et qu’il le serait encore, comme pendant ces deux mois de mandat, où elle avait appris à le découvrir et à l’apprécier comme il se doit.

Elle aurait aimé le secouer, lui dire de se lever, de réagir, que c’était un homme, un Licorneux, qu’il en avait vu d’autres, qu’il ne devait pas se laisser aller, mais les seuls mots qui lui venaient sur les lèvres n’étaient pas ceux là. Toujours penchée sur lui, à lui parler de tout de rien, de la pluie du beau temps, de choses qu’ils avaient traversées ensemble, et qui n’appartenaient et n’appartiendraient qu’à eux. Les coups de gueules, les coups de sang, les fous rire, les larmes aussi. Les dossiers du conseil sur lesquels ils conversaient des heures.

Elle releva la tête quand le Comte sortant voulu faire bouger Stannis, elle se redressa d’un bond furieuse, ses cheveux complètement détachés se répandant dans son dos, ses yeux verts envoyant des éclairs assassins.


Il en est hors de question, pour l’heure la cérémonie est finie il me semble ? Faites vider ses lieux des personnes inutiles, mais surtout ne le bougez pas, si il nous reste un espoir de le sauver c’est peut être en évitant le moindre mouvement.

Posez le de suite, et sortez si vous ne savez pas quoi faire, sortez d’ici si le sang vous rend malade, que les curieux, que les badauds, les yeux innocents sortent, que tout ceux qui ne sont là que pour voir un triste spectacle sortent…


Elle voulait s’accrocher à tout ce qui pouvait ressembler à un souffle de vie, même si le poison avait du faire chemin pour tuer lentement sa victime. Une furie rousse là, devant ses hommes, qui s’apprêtaient à soulever le corps. Les mains sur les hanches, la voix claire, nette et précise, elle se maitrisait. Ca se voyait, mais combien de temps allait- elle maintenir le cap ainsi ? Debout ses cuissardes noires recouvertes à certains endroits d’une substance gluante et brillante, une de ses mains rouges… Rouge de son sang, mais tout cela la laissait indifférente, son apparence elle s’en moquait.

Mais elle se demanda si elle avait parlé ou si elle avait rêvé s’exprimer quand elle vit Nico prendre à son tour le corps inerte pour le déplacer. Elle suivit sans un mot de toute façon c’était inutile. Sur les talons du Comte de Brassac, main sur sa garde prête à réagir au moindre mouvement incongru de quiconque. Puis tournant dos au cortège elle scruta la salle du trône comme pour s’assurer que rien ne se passerait. Sur la défensive, la rouquine avait tellement de colère en elle qu’elle n’hésiterait pas à sortir sa lame au moindre mouvement qui pourrait mettre en danger l’escorte.

Une fois le corps en sécurité et déposé par ses porteurs, elle se dirigea dans les bras de Nicotortue. Ils n’avaient pas la même opinion de l’homme gisant là, mais cela ne changeait pas ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Elle avait besoin de lui et de lui parler, elle ne pourrait rester ici, c’était sans doute trop tard et ses compétence dans certains domaines seraient nécessaire ailleurs. Sa nuit serait sans doute mouvementée à sillonner les rues de Limoges avec des gardes, des militaires ou toutes personnes prêtes à passer la nuit dehors pour surveiller et protéger la capitale du Limousin.

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Finitou
[Bureau de la prévôte]

Un soldat du château arriva en courant dans le bureau de l'apprentie prévôte qui remplissait une petite caissette en bois avec ses quelques affaires.
Il rentra en trombe et essouffler.


...SALLE......ALLEGEANCES......STANNIS.....VITE LE COMTE....VOUS APPELLE

Il n'eût même pas le temps de finir que Corenthine le heurta presque en sortant comme une furie de son bureau.
Elle traversa les couloirs du Château qui menaient à la salle des allégeances en courant. Plus elle se rapprochait plus elle voyait de l'agitation avec des gardes qui couraient partout.


[Salle des allégeances]

Les portes étaient fermées et la prévôte les poussa doucement, ne sachant pas exactement ce qui se passait, ni ce qu'elle allait trouver à l'intérieur.
Elle savait que le Comte ne la faisait pas demander pour une broutille et surtout avec Stannis par dessus le marché.
Quand elle pénétra dans la pièce, il y avait un silence pesant où juste quelques chuchotements transperçait ce malaise.
Corenthine fronça les sourcils en regardant le trône vide, ce qui l'inquiéta.
Elle parcourut du regard la salle puis ses yeux se portèrent sur une énorme tâche de sang, quand un garde qui reconnut la lieutenante de COLM pointa son doigt vers une petite porte.
Elle se dirigea à grand pas vers cette porte comme si elle était seule dans cette grande salle.
Un autre garde vint lui barrer le passage.

Je suis la prévôte, le Comte m'a fait demander.

Le garde s'écarta pour la laisser pénétrer.
Main sur le loquet et le coeur battant de ne savoir ce qu'elle trouverait derrière, elle ferma les yeux une fraction de seconde avant d'ouvrir.

Effroyable spectacle qui s'offrait à elle.
Stannis allongé sur ce qui semblait être un bureau.
Blanc comme la mort, ses cheveux longs autour de son visage.
Sur l'instant, Corenthine ne sut dire qui se trouvait dans la pièce. Elle sentit ses veines se glacer et sa gorge se nouer.
Elle ne pouvait détacher son regard de Stannis et se lèvres articulèrent un son à peine audible.


Stannis.....

Le sang, c'était son sang.

Ses yeux firent la mise au point sur l'ensemble de la petite pièce et sur Ewa et le Comte qu'elle vit en premier. Ewa était aussi blanche d'un linge.
Quelques pas plutôt vifs vers Stannis, Corenthine lui passa le dos de sa main sur sa joue encore chaude.
Elle ne voulait pas le voir comme ça, lui si fort. Elle aurait voulu le secouer et lui dire que c'était pas fini...qu'il fallait qu'il soit encore là pour tartir les gens.

Chuchotements de rigueur vu l'importance de la situation.


Que s'est il passé?

Elle regardait la tâche de sang sur lui, incrédule, elle ne pouvait croire que la haine en Limousin devenait meurtrière.
Une dégout lui vint, lui laissant une aigreur dans la bouche.
Tout en attendant une réponse, elle ouvrit délicatement la chemise de l'ex Juge, de son ami, avec un espoir....un espoir illusoire de le sauver.
La prévôte également chef barbière, se voilait la face.

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Nicotortue
Le trajet jusqu'à la petite salle indiquée par le Comte régnant fut court mais parut durer une éternité à transporter ainsi le corps sans vie de Stannis, accompagnés de l'air désespéré des 2 femmes qui les accompagnaient. La porte refermée, ils se retrouvèrent seuls dans l'étroitesse du lieu, le cadavre entre eux, pesant, lourd, rappel que la mort et la vindicte peuvent frapper n'importe quand et n'importe où.

Passé le premier choc, le Comte avait retrouvé ses esprits et son cerveau fonctionnait à plein régime, analysant froidement les événements et ce qu'il pouvait en déduire. Un masque de froideur et de détachement, qui ferait illusion pour quiconque si ce n'est ses intimes, recouvrait son visage. C'était la deuxième fois qu'un tel événement survenait alors qu'il officiait, la première fois la victime était le Roy d'Aragon en personne mais, par la grâce d'Aristote, il en avait réchappé. Cette fois-ci, ils n'avaient pas eu cette chance mais Nico se fit la promesse de ne pas cesser les recherches tant que l'assassin et ses éventuels commanditaires n'auraient pas été trouvés. Le Limousin ne pouvait pas devenir une province dans laquelle ce type de tragédie survenait. Non, pas le Limousin où, certes, on s'affrontait mais où tout jusqu'alors était resté dans les limites du convenable. Certes, Stannis pouvait être un être haïssable mais rien ne justifiait un tel acte. Il existait d'autres moyens de se débarrasser d'un adversaire et ils étaient beaucoup plus fins et jouissifs que ces giclées de sang et cette violence spectaculaire.

Ewaele vint se réfugier dans ses bras et il put sentir toute sa peine, son chagrin mais aussi sa tension et sa détermination à chercher vengeance. Dans son détachement feint, le Comte savait que ce n'était guère la solution et que cela ne ferait que renforcer le fossé dont souffrait déjà leur province. Il la serra fortement contre lui et lui caressa d'un geste lent et répétitif ses magnifiques cheveux roux, ne cessant de lui murmurer, pour elle seule :
Je suis là... tout va bien se passer... ne t'inquiète pas... je t'aime. Tout va bien se passer.

Ils en étaient là, immobiles et muets lorsque la porte s'ouvrit et que Corenthine entra, appelée auparavant par Trokinas. Passée sa première consternation, elle eut les gestes sûrs de celle qui connaît la mort et la côtoie souvent. Malgré son incrédulité, tout en cherchant encore une tarce de vie, elle demanda d'un ton adouci et presque inaudible :
Finitou a écrit:
Que s'est-il passé ?


Voyant que personne ne répondait, il prit l'initiative, gardant un ton neutre, presque glacial.

Votre geste est inutile, ma Dame. Stannis n'est plus. Une tragédie... un attentat durant la cérémonie. Le Comte a été atteint en pleine poitrine... nous ne savons pas si le carreau est empoisonné ou pas. Nous n'y avons pas touché. Nous avons juste trnasporté le corps ici, à l'abri des regards. Un messager est parti chercher Nebisa. Elle devrait arriver sous peu.

Tout en disant cela, il continuait à serrer Ewa dans ses bras, son menton appuyé sur sa tête baissée, sa main caressant toujours ses cheveux d'un geste plein de tendresse.
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Stannis
Le monde est blanc. Le monde est rouge
Est-ce donc cela, la mort ?
Peut-être. Et alors ?

Incroyable, n’est-ce pas, de se sentir ainsi détaché alors que l’on voit l’agitation qui se forme d’un coup dans la pièce, si soudainement ? Mais pourquoi voleter ainsi, petites abeilles, alors que tout est si calme, ici, si paisible… Si douloureux, aussi. Respirer devient une torture, et le goût de fer provoqué sur le fond de sa gorge par le sang qui vient l’inonder, son propre sang duquel il se noie, éveille un instinct de panique ancré fermement en tout être vivant. Mais tout cela se passe… Ailleurs. Dans son corps. Si loin, déjà. Est-il déjà mort ? Non, probablement pas. Il ne percevrait pas avec tant de clarté ces visages, ces sons qui l’entourent. Ou peut-être que si ?

Il lui faut le savoir. Vérifier. Essayer. Ses lèvres s’entrouvrent donc, laissant échapper sans qu’il y prenne garde un nouveau filet de sang, alors que ses yeux errent jusqu’à accrocher ceux d’une jeune fille penchée sur lui. Il la connaît, il en est sûr… Il l’a vue, il n’y a pas longtemps que cela. Oui. Aliénaure. Étrange, vraiment, comment ses pensées peuvent vagabonder ainsi loin de ces évidences, un temps… Atroce, aussi, de se sentir ainsi aliéné. Lui parler. Émettre plus que ces râles bulleux qu’il sent éclore avec peine, bien que la poitrine le brûle, privée ainsi des derniers souffles d’air qui l’alimentaient pour murmurer quelques mots de plus, lui l’avocat qui avait toujours tant aimé parler…


C’est donc ainsi que tout cela finit…

Que dire d’autre, alors qu’il dispose de si peu de mots ? Il y en aurait tant à dire, sur chacun de ces visages qui se succèdent dans ce champ de vision dont déjà les contours s’obscurcissent. La concision n’a jamais été son fort… Pas de dernière tirade pourtant pour l’orateur, pas de départ sur un dernier trait de panache. Juste une chandelle trop tôt soufflée…

bouche je… nul… homme, paysan ou… roi ne pourra… soustraire… serment…
qu’il… su… licorne.


Pâle parodie du serment déjà prêté, toutes ces années auparavant, dans une forêt non loin de Paris, lorsqu’en son temps il gagna les rangs des Écuyers de cet ordre. Il était resté en lui, empreinte marquée plus profondément encore qu’avec un fer rouge, depuis tout ce temps… Et si ce carreau lui venait bien d’une étincelle, il aurait finalement bel et bien donné sa vie pour ces valeurs, comme il l’avait juré alors, loin de se douter sans doute – il était si jeune – le poids que cette phrase et ses voisines prendraient dans sa vie. Une forme d’aboutissement, sans doute… Plus qu’il n’en aurait espéré, alors, en conclusion d’une vie de devoir.

On le transportait quelque part, il le sentait, tant se faisaient douloureux les élancements provenant de la béance ouverte dans son dos, à chaque secousse infligée par les pas de celui qui le portait… Le Brassac, lui révélèrent ses yeux, ouverts au prix d’un effort éreintant. Même cela devenait déjà épuisant… Était-ce toujours si rapide Question stupide. Impossible d’avoir une réponse dès maintenant, n’est-ce pas ? Pas avant que ce ne soit fini. Ne l’était-ce pas déjà ? Le Brassac semblait le croire, en tout cas… Il l’entendait. Parler, dire que non, il n’avait pas encore complètement lâché prise.

Ou était-il en train de le faire en ce moment même ?


Pas… encore…

Pas encore, non. Il s’en fallait de peu, cependant… Mais il devait dire quelque chose de plus. Il savait quoi, maintenant. Ne manquait plus que le souffle pour s’arracher ces quelques mots, pour les dire au chevalier de Fontenay – s’il l’était par plus que le titre, il comprendrait – qui se trouvait non loin de là sans doute, même s’il n’était plus dans son champ de vision réduit désormais à un étroit tunnel. Il avait été hospitalier, et surtout, il serait Licorne… Non seulement il comprendrait sans doute, mais il était même approprié que cela lui revienne, car, honni qu’il soit, il aurait du être un Frère…

Pas… sans… pas…
épée. main.
Mourir…


Parviendrait-il à trouver la signification de ces trop rares, trop faibles mots que le Lieutenant-Commandeur avait à grand-peine prononcés ? Il fallait en entretenir l’espoir, car il ne parviendrait sans doute pas à recommencer, encore moins à se montrer plus précis, tant son esprit peinait maintenant à se fixer sur une idée plus d’un fugace instant… Sauf celle-ci. Il ne devait pas mourir sans cela, avant qu’on ne lui rende ce service… Mourir les armes à la main, quand bien même ce serait purement symbolique, plutôt qu’avec la lame restée au fourreau, à sa hanche, si proche qu’il pourrait presque la toucher, et inaccessible pourtant.
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