Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 5, 6, 7   >>

[RP]Cérémonie d'anoblissement de fin de mandat

Ewaele
Elle restait muette, la stupeur l'avait envahie, les yeux écarquillés dirigés droit devant elle, sans même voir ce qu’il se passait vraiment, fixant les images dans son esprit, sans voir le monde réel. Elle ne put retenir une larme qui coula doucement au coin de son œil.

Quitter cette pièce avant que tout ne devienne trop pesant voir irrespirable. Mais c’était lui qui partirait. Et ça définitivement ! Elle devait bouger, de toute façon elle n’avait plus la force de regarder ce triste spectacle. Les faits et gestes d’Enguerrand l’avait marquée plus qu’elle n’oserait jamais l’avouer, elle aurait préférer sombrer dans un profond sommeil et se réveiller en découvrant que tout cela n’avait été qu'un cauchemar. Mais cela ne se produirait pas, la voix du chevalier là, couché, ne résonnerait plus jamais.

Il y avait maintenant trop de monde pour elle dans cette petite pièce, l’épouse de Stannis avait fait son entrée, et Ewa ne se sentait plus à sa place. Elle ne pourrait de toute façon rien faire, laisser la famille et les amis proches était sans doute plus recommandé, elle n’était rien pour lui. Ou si peu.

Elle chercha le Comte de Turenne du regard et l’invita à la rejoindre dans un coin discret de la salle. Prenant ses mains dans les siennes, elle le regarda un moment silencieuse avant de prendre la parole très doucement pour ne pas déranger.


Je vais me retirer, ma place n’est pas ici, et je pense que je suis attendue ailleurs. Le devoir m’appelle je vais regrouper des hommes, du moins ceux qui sont de gardes cette nuit et ils ne sont pas très nombreux, je pense que le Comte Trokinas va s’occuper d’organiser le reste.

Soyez prudent, je passerais vous voir dés que je pourrai.


Elle aurait aimé rajouter quelque chose, de plus tendre, de plus intime, mais son regard se noya dans le sien et parla pour elle. Doucement elle vint déposer ses lèvres sur sa joue dans une fausse pudeur et sortit sans même se retourner.
_________________
Finitou
La chemise ouverte laissant voir sa blessure ensanglantée, Stannis réussit à balbutier quelques mots à peine audibles.
Le Comte Nico s'avança et lui mit la main sur la fusée de son épée.
Un chevalier ne pouvait partir sans sa meilleure amie.

Une ultime caresse sur le front de feu le chevalier de la licorne, comme pour lui dire qu'elle était là.
Corenthine se trouva impuissante et enfin lucide sur le fait qu'elle ne pouvait strictement rien. Stannis glissait inexorablement de l'autre côté.
Les lâches s'étaient assurés avec leur poison que la flèche serait bien mortelle.
Avait il su à quelques points ses visites nocturnes à son bureau, avaient compté pour elle?

Sans doute la peine d'Aliénaure la poussa à sortir. Son visage remplit de tristesse ne passait pas inaperçu.
Avant de partir elle confia son beau-père à Enguerrand.
La porte s'ouvrit sur la Comtesse Nebisa, aussi froide et austère. Son coeur serait il desséché ?
Corenthine se dit qu'elle n'avait surement pas été toujours comme ça. Du moins, elle espérait.

Préférant laisser dans l'intimité des lieux les proches du chevalier, elle préféra sortit après avoir salué toutes les personnes présentes et elle suivit la Comtesse Ewa.
Un regard sur Ewa, comme pour lui dire qu'elle était là pour elle aussi et qu'elle comprenait. Sans un mot car elle savait que la Comtesse Ewa était forte, elle glissa juste un court instant sa main dans la sienne et la serra fort.

Un dernier regard sur Stannis avant de clore la porte derrière elle.
L'émotion la gagnait, elle était trop sensible et le savait.
Des larmes lui montèrent aux yeux et elle préféra refouler ce sentiment en laissant la haine prendre le dessus.
C'était comme cela, qu'elle avait pu sortir vivante de la guerre en Bretagne.
La haine conduisait son épée droit sur ses adversaires, galvanisée par ce sentiment qui lui servait à avancer pour ne pas s'effondrer de voir tant d'atrocités.

Elle ferma les yeux quelques instants derrière cette porte et dans sa tête elle dit un psaume pour accompagner l'âme de Stannis.

L'Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort je ne crains aucun mal car tu es avec moi ; ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table face à mes adversaires ; tu oins d'huile ma tête et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Eternel jusqu'à la fin de mes jours.

Un soupir puis elle se retourna et le Comte parlait avec Dame Aliénaure, et Corenthine d'un salut de tête passa à bonne distance puis s'en alla en espérant que cette histoire ne serait pas fini et que les assassins ou les commanditaires se balancerait au bout du gibet.

_________________
Nebisa
Il lui sembla entendre, très loin, la voix d'Aliènaure et dans le brouillard qui l'avait enveloppé, elle trouva la force d'esquisser un sourire, de hocher la tête sans rien pouvoir dire tandis que sa fille se retirait. Par bonheur, les présents commençaient à s'en aller et avec un peu de chance, elle pourrait en privé faire ses adieux à celui qui avait été son mari... ce qu'elle pouvait éprouver ne regardait qu'elle, les larmes et la souffrances n'étaient pas des oriflammes que l'on arborait pour paraitre sympathique, ils étaient les stigmates dissimulaient d'une errance désuète et absconde appelée la vie...

Son attention entièrement tournée vers la dépouille ensanglantée qui dans un dernier réflexe tellement "stannisien" s'agrippe à cette épée qu'il a brandit tant de fois, la Malemort sent poindre en elle la colère en constatant qu'il git sur le dos, poitrail ouvert... Il faudra qu'on lui explique quelle idée ils ont eut de l'allonger ainsi quand l'arbalète le toucha dans le dos... S'ils espéraient l'achever, ils n'auraient pas fait mieux...

Il lui faudrait examiner la flèche et la blessure pour comprendre comment le Licorneux avait pu succomber si vite... à l'œil, aucune partie vitale n'étaient située à proximité et s'il avait perdu beaucoup de sang, ce n'étant pas encore suffisant pour expliquer un trépas si prompt... la réponse commençait à poindre en son esprit, guidée par la légère odeur emplissant la pièce... cette odeur âcre et subtile à la fois, caractéristique des poisons que l'on trouvait sans difficulté dans la ville basse quand on savait à qui s'adressait... ces intermédiaires dont elle même usait volontiers ponctuellement, comme elle l'avait fait dernièrement pour remettre sa laisse au Figeac... découvrir qui avait fait appel au réseau ne serait pas difficile...

Toujours sans un mot, elle se retrouve prés de la dépouille, sa main se portant, sans qu'elle ne puisse l'en empêcher sur la joue encore chaude du Chevalier... Depuis combien de temps n'avait-elle pu le contempler ainsi, toute à son aise, sans avoir à éviter son regard, sans être obsédée par le soucis de parer sa prochaine attaque... Elle nota avec mélancolie que son bouc était bien taillé, il avait délaissé la barbe qu'elle détestait tant à l'époque apparemment, même s'il n'y avait là aucun rapport... Avait-il trouvé une femme pour combler sa solitude depuis qu'il l'avait répudiée sans raison ? Était-ce pour cela qu'il avait prétexté ne pas être le père de Blanche et tentait d'entamer, dans son dos, une procédure de divorce ? Une femme en Limousin ? Cette prévote qui cachait mal ses larmes ? Ewaele qui s'empressait de l'éviter ? Au fond, cela n'importait pas, elle espérait même qu'il lui fut donné un peu de tendresse ...


Omnes vulnerant... Ultima... Necat...

Elle n'avait rien trouvé d'autre à dire, tout semblait synthétisé dans ces quelques mots, cette devise devenue sienne et qu'il avait repris dans la dernière lettre qu'il lui avait adressée... celle qui avait presque réussie à faire renaitre l'espoir en elle d'une réconciliation...

Mais pour l'heure... elle devait penser, agir et prendre les mesures nécessaire pour que le corps soit transporté... Ou d'ailleurs ? L'Hostel Malemort ? Il l'avait déserté depuis longtemps et ce n'était pas son foyer... un foyer... Elle aurait tellement voulu lui en offrir un... Elle avait espéré, voulu, désiré que le Limousin soit le sien... tout cela en vain... Non... Le Limousin n'était pas son foyer... pas plus que le Poitou... De toute son existence, Stannis Le Ray n'avait eut qu'un point d'amarre, un seul refuge, un seul et unique engagement constant et sincère... la Licorne...


Avant de... procéder à la levée du... corps... il faut retirer la flèche et l'examiner... en suite ... je verrais ou le porter pour... préparer le corps... à... la suite...

edit corrections ortho
_________________
Nicotortue
Les allées et venues s'enchaînaient, veillant le mourant. D'abord le Baron du Bazaneix dont la peine était évidente et qui remplaça le Comte auprès de Stannis. C'était plus juste : lui l'avait apprécié et était son frère d'armes depuis des années. Il était normal qu'il l'accompagne dans ses derniers instants.

Ewaele l'entraîna dans un coin et lui signifia son départ. Il s'y était attendu : elle n'était pas tout à fait encore de la famille et, si elle avait appris à connaître le Juge durant ce dernier mandat, rien ne l'attachait vraiment à elle. Nico hocha donc la tête en signe d'assentiment, avant de murmurer :


Rassure-toi : moi, je ne crains rien. Qui pourrait m'en vouloir ? Par contre, toi, ne t'expose pas trop.

Il lui tendit sa joue alors qu'elle l'embrassait puis la regarda sortir pensivement. Cependant, la figure de sa promise fut remplacée par celle de sa cousine, hiératique, d'une pâleur et d'une froideur de marbre. Pour tous ceux qui la connaissaient, c'était le masque qu'elle adoptait lorsque une peine immense l'atteignait. Pour la première fois de la soirée, le Comte sentit son coeur se serrer et le chagrin l'envahit. S'il avait éprouvé de la colère et de la pitié devant la mort du Licorneux, l'hostilité qui existait entre eux depuis des années avait empêché toute peine liée à la mort et au futur probable deuil. Par contre, voir sa cousine agir comme un être dépourvu d'émotions, le regard vide, inexpressif, fit remonter à la surface le souvenir de la perte d'êtres chers, dont il avait été très difficile de surmonter le départ.
Sans un mot, il la regarda donc s'avancer vers le corps gisant de son mari, lui toucher la joue dans un geste d'affection qu'elle n'avait pas dû avoir depuis des mois. A sa dernière phrase, il s'avança vers elle et lui posa une main sur l'épaule, doucement. Il la regarda, l'air profond et ému avant de lui murmurer :


Je suis désolé, Neb. J'aurais préféré que cela se termine autrement. Je suis là si tu as besoin de moi.

Puis, sans rien ajouter, jetant au passage un regard à Enguerrand toujours là, il se tint debout à ses côtés. Sans plus.
_________________
Nebisa
Hochant la tête pour montrer qu'elle a bien entendu les paroles de son cousin, sans pouvoir pour autant répondre, tant la cruelle évidence que cette horrible fin les délivre, sa fille et elle, d'une menace qu'il faisait perpétuellement peser sur leur avenir... Et cette simple constatation suffisait à lui donner l'horreur d'elle même...

Passant une main sous la nuque de Feu son époux, elle le redresse, aidée par Nico et écarte les pans ensanglantée d'un pourpoint devenu linceul pour retirer la flèche du dos musculeux ou elle vint s'abattre.

La flèche retirée, elle se garde bien d'en toucher la pointe et l'enveloppe de son mouchoir ... il lui faudra encore la nettoyer et l'examiner mais la maitresse es philtres et poisons sait qu'elle ne renoncera pas avant d'avoir trouver une piste pour savoir d'où vient le poison et qui en fit l'acquisition.

Libéré de la flèche, le corps doit encore être transporté... ce sera l'hostel Malemort le temps de le baigner et de le préparer... toilette funéraire dont la charge revient par tradition à l'épouse et cette dernière allant retrouver des gestes tendres de l'intimité que le mort n'aurait jamais consenti de son vivant... Quelle ironie que même dans la mort, elle en vienne à aller contre ses volontés...

Une fois préparé, le mort serait transporté à l'Eglise Saint Michel aux Lions pour une veillée, le temps que son âme errant choisisse de rejoindre l'au delà ou revienne s'incarner... oui... il en serait ainsi...


(la mort rp ne sera attestée qu'après disparition IG, si résurrection, comme le prévoit le rite aristotélicien c'est que le vieux barbu aura renvoyé l'âme dans son corps)
_________________
Enguerrand_de_lazare
Les protagonistes un à un quittaient la pièce discrètement.
La Comtesse de Ségur était entrée à son tour et après s'être approchée du corps l'avait redressé, aidée en cela par le Comte de Turenne, sans même prendre garde à la présence du Grand Maitre de la Licorne, obligeant celui ci, par ce mouvement vif, à rompre le lien physique qui l'unissait au chevalier mourant.
Regard noir vers la Comtesse. Après tout, rien d'étonnant en soit.
Quelques mots, tranchants.


Puisque visiblement ma présence ne vous semble pas nécessaire, voire inexistante, Comtesse, je vais m'atteler à une autre tâche.

Nouvel affront et cette fois ci en présence d'un mort...mais valait elle au moins la peine de le relever?
Dernier regard vers le défunt, signe de tête à Nicotortue, puis le Chevalier quitta à son tour la pièce, sans un mot de plus.



(HRP merci énormément d'avoir respecté le RP et la présence d'Enguerrand dans la pièce. Je vous laisse donc jouer sans moi, amusez vous bien surtout.)

_________________
Stannis
L’épée enfin bien en main, le chevalier peut se lancer à l’assaut de ces ultimes ténèbres qui se dressent devant lui, cette morne plaine de douleur qui s’étend devant lui à perte de vue, dans toutes les directions. La plaine brille… Et le chevalier ne tarde pas à se rendre compte qu’il s’agit en fait des restes d’un grand champ de bataille, jonché d’ossements et d’armes brisées, comme l’est la sienne, réduite à un tronçon de lame émergeant de la garde, ainsi qu’il le réalise avec surprise. Et lui-même est nu, et ses pieds ne tardent pas à saigner au contact des arêtes saillantes de la pierre sur laquelle il marche, des éclats d’os qui viennent se ficher dans ses plantes à la peau tendre, des lames rouillées sur lesquelles parfois il ne peut éviter de marcher. La douleur… La douleur est terrible. Est-ce donc ce pourquoi il y a tant de cadavres ? Sont-ce là ceux qui comme lui ont du traverser cet endroit, et n’en ont pas eu la force, préférant se laisser dépérir sur place ? Peut-être. Pour lui, cependant, l’abandon n’est pas un choix… Qu’importe la douleur, il lui faut savoir ce qu’il est au-delà de la plaine. Il marche donc, il marche, et il souffre. Il ne sait pas pendant combien de temps il continue ainsi… Est-ce une heure, une journée, une semaine, davantage encore ? Le temps n’a pas de sens, en cet endroit.

Il continue à marcher, comme un automate, malgré la douleur de son poumon qui le brûle. Poumon ? N’étaient-ce pas les pieds qu’il s’entaillait sur le sol ? Et pourtant, il avait bien le thorax qui le brûlait… Cela éveillait quelque chose en lui, il aurait du savoir quoi, il en était sûr. Mais cela ne revenait pas. Et il marchait, encore et encore, plus vers une réponse qu’une destination cette fois… Cependant, les deux advinrent en même temps, d’une façon surprenante. Le paysage changeait autour de lui, il l’avait déjà remarqué… Mais là, il se trouvait soudainement sur une mince passerelle au-dessus d’un abîme dont le fond était si lointain qu’il en devenait indiscernable. Et, rapidement mais pourtant dans une transition si fluide qu’elle en était indiscernable, cette fine passerelle se réduisait en un simple pic au milieu d’une mer de vide, au milieu de laquelle il était perdu. A ce moment, il sent quelque chose se resserrer sur son épaule : un aigle, imposant et majestueux, qui se pose là, sur lui. Et le simple poids de l’animal le fait basculer dans le vide, ses yeux se fermant par réflexe…

Et s’ouvrant de nouveau. Plus de plaine scintillante, mais un monde déjà flou… Seuls les candélabres brillent, ici, et le paysage changeant, ce sont les formes des vivants qui bougent près de lui… Quand à l’aigle, le visage est assez proche pour qu’il le discerne, si toutefois avec peine, les yeux peinant à accommoder suffisamment pour voir au-delà des brumes qui obscurcissaient sa vision. C’est Enguerrand, son Grand Maître… Il était donc là, même hors du champ de bataille, pour la mort d’un Frère de l’Ordre, d’un homme à la Licorne. Tant de majuscules… Et pourtant, le sens y était conservé, contrairement à ce qu’il advenait généralement avec tous ces titres. Il le sentait, même avec cette douleur qui fouaillait les ruines de son torse, et se sentait partir en Licorne… Et l’épée était là, il le réalisait, parvenant même à refermer les doigts sur sa garde frappée du poinçon au mythique animal, et déplaçant légèrement ainsi la lame, juste assez pour qu’elle se souille légèrement de son sang. Le seul sang qui draperait son épée à sa mort serait donc le sien propre… Cruelle ironie, qui marqua d’un rictus son visage, alors que l’abîme l’appelait de nouveau…

Et le rappelait dans ce monde scintillant, si éthéré. Il ne marchait plus, toutefois, et se trouvait cette fois dans une clairière reculée, seul, agenouillé sur le sol, les mains disposées sur les quillons de son épée, revêtu d’une armure étincelante. Quelque chose en lui disait que c’était plus approprié… Mais approprié pour quoi donc ? Ça, cela restait un mystère. Il était là pour combattre, et se recueillait avant de parvenir à la fin de sa quête de Justice, cela oui… Il allait combattre le Mal lui-même ,il le savait. Et le vit soudain devant lui, alors que cette pensée lui venait… Un grand lézard noir et ailé qui se dressait devant lui, son sourire si humain dévoilant des dents blanches, étincelantes de rouerie. Puis, d’un coup, le dragon se transformait en un chevalier de noirceur, engoncé dans une imposante armure, qu’on croirait impossible à porter pour tout homme… C’était cependant plus qu’un homme, réalisait le chevalier en se dressant. Mais il allait vaincre. Il le fallait, s’admonestait-il en se redressant, avançant prudemment vers son adversaire qui le dominait de quatre bons pieds – plus qu’un géant – à l’autre extrémité de la trouée. Ce dernier restait immobile, alors même que la distance se raccourcissait… Il ne se mit même pas en garde quand le chevalier arriva à une distance lui permettant de lancer une première attaque, volontairement un peu molle… Et ne bougea pas plus après, le Licorneux l’aurait juré. C’était comme s’il était passé en une fraction de seconde de sa position quasiment nonchalante, à cette où il avait planté son épée dans la poitrine du chevalier, sans que le mouvement soit décelable… Et le chevalier allait donc mourir ainsi, sans avoir même vu venir l’attaque qui l’avait tué. Jusqu’à ce qu’un détail le frappe. L’épée était plantée dans son dos, et seul son estoc émergeait à sa vue. Quelle folie avait donc été la sienne… Croire que le Mal offrirait un combat équitable. Il le méritait bien, de mourir ainsi sans avoir vraiment combattu, s’il avait été si naïf, non ? Mais était-il bien mort ainsi ? Il lui semblait se souvenir d’une grande salle, ailleurs…

Et retour dans le monde. L’esprit peine à distinguer la réalité de la fiction dans son imagination débordante et embrumée, où les faits se mêlent aux rêves, et Stannis ne sait plus bien où il est, ni comment les choses se sont passées. Il sait par contre quand il est, précisément. Il est à l’instant de sa mort, il le perçoit maintenant avec une lucidité soudain retrouvée. Dans ce monde comme dans celui de son délire, le temps a perdu son sens… Il n’est plus entouré que par les ombres, et l’une d’entre elles, plus grande que les autres, se dresse devant lui. Est-ce une faux qu’elle tient, comme on le prétend ? Ses yeux affaiblis se refusent à lui dire… Il voudrait lui cracher dans l’œil, comme le veut la vieille blague des gens d’armes, mais sa bouche ne compte qu’un sang pâteux qui l’emplit, celui-la même qui l’étouffe. Cela aussi, il devra s’en passer. Cela, comme tant d’autres choses… Même au travers des vagues de souffrance qui le traversent, la frustration de ne pouvoir faire autre chose que rester étendu là, en attendant que cela finisse, le submerge. C’est si rageant… Et puis, tout d’un coup, cela n’importe plus, et la douleur elle-même s’évanouit. Il se sent glisser, lentement, vers l’au-delà, et s’il est privé de ce sentiment d’avoir accompli quelque chose, comme il l’aurait souhaité, il est au moins serein, pour la première fois depuis bien longtemps, d’ailleurs… Et alors qu’une sensation de paix arrive, lui se sent partir. Et pour son enveloppe charnelle… Enfin cette pénible respiration si douloureuse s’arrête, ses yeux si inutiles restent figés, et cessent de l’enivrer d’informations erronées. Tout s’arrête… Plus de sensations, plus de sentiments, et même plus de temps, rien de tout cela ne subsiste.

Plus rien, sauf la mort.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 5, 6, 7   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)