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[RP] Kiss kiss bang bang

Blanche_, incarné par Aimbaud


Blanche et Aimbaud entretiennent une relation strictement amicale.
FAUX !
Et ils ne se la racontent pas. Pas du tout. On n'a pas besoin de leur demander pour qu'ils restent discrets. « Oh, Aimbaud ? Peuh, une connaissance très lointaine, un lointain, très très éloigné bourguignon, rencontré occasionnellement... »
Voilà, c'est tout.
Blanche et Aimbaud franchissent la frontière, deviennent proches, trahissent parents, amis, pays et souverains, sans compter l'épouvantable outrage à leur religion respective, on va pas en faire tout un plat ! Non, on en fait rien, et surtout pas des racontars qui leur pollueraient la vie, on ne dit rien chut, et tout le monde oublie. Oui non, parce qu'en effet, ils se sont un peu tripotés, ils ont dormi ensemble mais ça va quoi, on va pas é-pi-lo-guer !

Et c'est un peu de cela qu'ils parlent, tandis qu'elle cherche à oublier, et y parvient presque, de leur relation amicale et de comment l'entretenir, de ce fait qu'elle est fille-mère et qu'elle va devoir se marier, en somme, exactement ce qu'un ami et une amie ont l'habitude de faire l'un avec l'autre, parler, juste parler, elle parle et il écoute, et parfois, elle sent son cœur qui bat un peu plus fort si son regard croise le sien, et alors elle se met à rougir et se force à soutenir le regard parce qu'ils sont, c'est vrai, rien que des amis l'un pour l'autre, elle regarde intensément, continue d'écouter et répond. Jusqu'à ce que, sans trop savoir pourquoi, sinon que deux amis le font assurément, elle tombe la tête sur son épaule, et s'y crève de honte.

_________________
Aimbaud
On vous perd hein ? On aime ça.
Dormir ensemble, un bien grand mot... Dormir déjà. Est-ce vraiment dormir, quand on est ensemble ? Est-ce vraiment ensemble, ensuite ? Tant d'hypothèses, tant de conjonctures, de données qui engendrent des conséquences. Mais puisque la vérité vraie n'intéresse personne, continuons d'entretenir la légende...


...

BON ! Il est très tard.
Mais... vous n'avez pas peur ? Il y a une tempête.
Une petite averse, j'en mourrai pas...
Mais... Et les serpents ? Les brigands ? Les loups ?
Arrêtez on dirait ma mère.
Votre mèèèèèère ?
...
...
Non enfin euh... je voulais dire, la maire, la bourgmestre de... de... Nevers, évidement. Vraiment, très prévenante cette femme-la.
...
...
Les serpents c'est dangereux.
Pas de mouron. Je suis armé.
Restez. Les serpents sont en voie d'extinction. Les brigands aussi. Ce serait mal, de les tuer.
... Blanche... vous allez bien ?
Restez... J'me sens souffrante. Et Clémence est partie à Nemours.
Ça ne serait pas très... sage.
La sagesse, on l'aura quand on sera vieux.
...
...
Mais j'ai pas prévenu mon pè... Bon. Je ne dors pas dans votre lit.
Heu.... Je vais prendre la banquette, ne vous stressez pas.
Je suis par-fai-te-ment détendu. Et c'est moi qui prend la banquette.
Non, c'est moi !
Déguerpissez.
Non.
...
...
Je ne peux pas dormir dans votre lit. Ça... sent la rose.
Ben et alors, justement, ça sent pas la sueur !
Ça prend au nez, ça m'empêchera de trouver le sommeil.
Raaah ! D'accord.
...
...
...
...
*PAF !*
(Coussin lancé à travers la pièce)
Bonne nuitée, Blanche ! Hin hin.
AÏE ! Modérez vos ardeurs !
...
*Plouf !*
(Un bas tiède lancé à travers la pièce)
Na !
Humpf...
...
...
...
...
Rrrhhn... zZZzz...
Aimbaud ? Merci.


Dormir...
... Ensemble.
Tout reste discutable.

_________________
Blanche_, incarné par Aimbaud


C'est un murmure lent et apaisé qui sort des lèvres de Blanche. Régulier, calme, un air tiède brassé par sa gorge, qui entoure son visage et glisse sous les draps.
Elle a une main sous l'oreiller ; l'autre, alors qu'elle est allongée sur le flanc, est venue recouvrir en tirant les draps, une chemise un peu trop légère. Mais le sommeil, et le temps, ont enlevé au geste protecteur sa signification : ne repose la main qu'au creux de ses reins, échouée, abandonnée dans le relief plissé des couvertures.
Reste cependant à l'endormie, la beauté naïve d'une pose pudique.
Elle dort.
Lentement, l'air sort, et entre, sans qu'hors des tentures l'on puisse l'entendre. Sur un matelas de plumes, si moelleux qu'elle en a parfois mal au dos le matin, Blanche s'est étalée sur la longueur, a enfoui sa tête entre deux oreillers de satin blanc, et dans la vallée de ces deux monts brodés, ne jaillissent étincelantes et vivantes, que des mèches blondes qui s'en vont en boucles.
Elle dort.

Le sommeil, soudain, est stoppé par l'arrivée, à la porte, d'une domestique zélée qui apporte le déjeuner.
Mais le bruit, camouflé par les tentures, et un fracas intérieur, empêche l'endormie d'y trouver sens.
Elle ouvre un oeil, puis l'autre. La lumière du matin, en perçant par les fenêtre, apporte des reflets dorés derrière le baldaquin ocre. Il y a des flammes, dans l'alcôve protégée. Des flammes et des ombres, induites aussi, lorsque le bruit de la chambre se lève, et exécute quelques mouvements malhabiles.
Lui aussi, s'est réveillé.

Elle respire plus vite. Plus intense, la gorge serrée ne se calme pas. Au rythme-même du toquement à la porte, elle sort hors du lit, tire d'un coup les rideaux qui l'entourent, et plisse les yeux.


- Je viens, je viens ! annonce-t'elle. Je... Camille, je ne suis pas visible.
La silhouette sombre, avachie sur le sol, se masse l'épaule. Il est tombé en se réveillant. Il a mal, sans doute. C'est ce qu'il dit, lorsqu'il touche à son membre endolori, et qu'une voix si grave, si sévère, si masculine, sort de sa bouche pour gagner jusqu'aux oreilles de la suivante...

Le fracas contre la porte cesse. Et, terrifiée, en chemise face à cette porte fermée, Blanche y distingue le timbre étonné d'une domestique curieuse.
- Tout va bien Madame ? Vous avez la voix...
La voix d'un homme, oserait-elle dire. Mais est-ce possible, un homme, un homme là, dans cette chambre, dans cet espace pur et de vie, où le seul qui a droit d'entrer est, selon toute loi sainte, l'enfançon né à la saint Blaise ? Est-ce possible, qu'on ait souillé l'antre de la création, la crèche, la sainte pouponnière ?

Elle cogne. Plus fort cette fois.
Dans la tête de Blanche, l'annonce à la porte sonne d'un marteau rageur, une sentence de Jugement Dernier.
Mue par une idée lumineuse, elle accourt vers son lit, soulève d'un coup les draps, d'où se dégage une odeur forte de plantes. D'ordinaire, les soirs heureux, elle demande à ses dames d'enduire sa peau d'onguents protecteurs. Ils sentent, bons. Et nappée de ce parfum pur, elle s'endort en souriant.
Mais ce n'était pas un soir ordinaire, n'est ce pas ?


Dans mon lit, vite ! chuchote t'elle à son intention.
Il s’exécute. Retrouvant, dans un hasard sensé, la position exacte qu'elle avait, peu avant. Et le creux, encore chaud, dans ce matelas riche et ces draps de soie, trouve un nouveau propriétaire.

La porte s'ouvre.
Blanche, blême de son mensonge, note au visage de la suivante un sourire malicieux.

Mais la forme, recouverte de couvertures et d'oreillers, semble aussi bien agencée dans le lit, qu'un amas de plume qu'on aurait repoussé au sortir du lit.
Sait-elle, se demande Blanche, sait-elle, qu'un homme est ici resté ?
Sent-elle, comme moi, cette odeur mâle et distincte, cette odeur, son odeur, son parfum, et sa présence, comme moi je la sens ?


- Voila, Madame.
Le sourire, sadique petit sourire, ne la quitte plus.
L'hermine, au regard qui ne se détache plus d'elle, se retient avec peine de ne regarder vers le lit. Ne regarde pas, ne regarde pas... Mais c'est si dur ! Le savoir là, si près, si près d'une découverte et du déshonneur, si prêt, peut-elle simplement détacher ses yeux de lui ?
Elle regarde la femme, et son long nez fin. Ses manières, posées et polies, avec lesquelles elle sert l'invitée au domaine, qu'elle lui verse le lait, et dispose le beurre.
Elle sait.
La bretonne en est intimement persuadée. C'est cet éclair dans les yeux, quand l'une regarde l'autre, comme pour lui indiquer, en silence... "Oui. Oui, je sais." Cette façon de se tourner à moitié vers lui, cette façon de ne pas remarquer les vêtements au sol, ou la chambre défaite.
Cette discrétion dans le regard qui ne s'attarde pas sur la femme muette de peur. Ni ses yeux paniqués, ni sa gorge serrée. Rien, rien. La suivante ne voit rien.
Et Blanche sait qu'elle a compris.
Lorsque la porte se claque, derrière elle, elle a le souffle court et les traits tirés. Le coeur, même, sous la chemise blanche, tend à accélérer.
Elle baisse la tête, confuse, vers le lit et son nappage parfumé. Il s'y trouve, dessous. Elle sourit.
Un instant long avant qu'elle ne s'en approche, et frôle du bout des doigts le premier mont de son corps. Sa tête, petit tas de draps plus en haut, qui pointe vers elle sans qu'il n'en ait conscience.

Vous pouvez sortir, dit-elle.
La main, immédiatement, retourne contre son flanc.


Derrière la porte, deux mains tachées de lait sont frottées. La suivante caresse, cajole, et entend. Les draps qu'on ôte, la voix, masculine de nouveau, qui conseille et commente.
Le sourire, malicieux et mesquin, devient protecteur.
Elle sait.


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Aimbaud
Ô joli matin.
Ça sent le lait chaud et le linge propre, tout est blanc, tout est tendre, tout est précieux. C'est un monde de nacre et de parfums. Rien à voir avec la chambre austère du Josselinière, où règne carnage et dévastation, posters de troubadours en vrac, armures de collection et customisations douteuses de style néo-gothique. Là, c'est une chambre de Princesse. Tout évoque la pureté, jusqu'à la hanse des tasses de porcelaine finement ciselée.


Arfg ! Keuff ! Koff..

Le jeune Écuyer Tranchant jaillit des couvertures en recrachant quelques plumes d'édredon. Il est la touche qui dénote dans ce décor "rose pâle et petites fleurs". Il est la chose brune et mal fagotée, les cordes vocales qui ont mué, la paire de braies dans ce monde de jupons, le loup dans la bergerie. Il n'a strictement rien à faire ici. Mais il s'y trouve, et pas qu'un peu.

Woh 'sa mère ! Des tartines beurrées !

*Cronch cronch cronch*


C'est l'appétit d'une phase de croissance.
Ô joli matin.
L'attention dévie, de la pitance, à la maîtresse des lieux. Du beurre fondu aux cheveux épars. Du pain frais à la peau blanche, empruntée des pliures du drap. D'un appétit, à un autre. Très vite, ils se réjouissent et font tous deux honneur aux mets, au beau milieu des couvertures et dans la lumière pâle d'une matinée pluvieuse. Les poires sont mordues. Le lait partagé. Ils causent, en joie. Tout est pour le mieux.

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Blanche_, incarné par Aimbaud


Tout est pour le mieux, nous l'avons dit.
Et, bien que le narrateur mette du temps à reprendre son souffle, et que toi, lecteur, sois dans une excitation totale et invincible, tout est toujours pour le mieux. Dans la petite chambre de Decize, là où loge Blanche en Bourgogne en attendant qu'elle rentre en Bretagne -quoiqu'il n'était à l'époque, question que d'une excursion à Nemours- deux individus se parlent et s'apprivoisent, et, les observant depuis la lunette dorée que le narrateur permet, les lecteurs en délire beuglent à un baiser d'amour.
Qu'advient-il ?
Ils se parlent ; une poire est croquée, abandonnée, entamée d'une morsure aux contours rosés, au milieu du plat. Trop dure, trop acide, les excuses sont bonnes et fusent, mais les mots en somme ne comptent pas, il s'agit juste d'ouvrir cette bouche et de faire miroiter la brillance des lèvres à la lumière, pour captiver les yeux enfants qui s'égarent, et reviennent. Et puis, elle se met à rire, l'odieuse, et dans un grincement de bois travaillé, et de matelas en plumes qu'on tasse, elle ouvre son peignoir et s'écroule sur le lit. Un creux, au milieu des draps, qui tire sur les couvertures et penche les poils, fait danser la lumière sur un relief vallonné qui plonge vers elle. Convergence des rayons sur une cheville qui se dévoile, puis disparaît, happée sur un auvent en poils de renard.
Froissement d'étoffes. La soie pleure, le corps bouge, roule, glisse sur le ventre et se met à rire. Comme pour lui répondre, sous les yeux des protagonistes aux tapisseries de chasse, sous les yeux de cette licorne qui darde sa corne à la dame au missel, ou là, sous les perles brunes d'une biche qui broute aux mains d'un enfant, des lapins qui fuient les cors, le lit se met à craquer, plus violemment, d'une masse qui s'abat sur lui et fait travailler le bois. Le matelas tangue, s'enfonce à son bord puis lentement, suivant les mouvements du corps qui s'avance, le creux nouvellement amené rejoint l'allongée nymphe en son centre.
Toujours ce rire. Il ne s'arrête pas, il vit encore, et fait dangereusement valser les mèches à la flamme jaune sur la table de nuit, jusqu'à ce que l'une d'elle s'éteigne, et que le visage blanc soit enfoui sous les draps. Bruits étouffés. Une éternité avant que l'on comprenne.

Sur le pan principal, devant le lit, la biche incline sa nuque devant le chasseur et lui offre sa poitrine mordorée. Elle a une tâche blanche, entre les deux pattes, mais on ne la voit pas bien à cause des ombrages, et d'une main sans doute, qu'un admirateur passionné a fait glisser sur les poils du tableau. Devant, en bois sombre, un contraste sculpté de feuilles de vignes, rappelant le dessin caractérisé des vins de bourgogne, qui orne la tête de lit. Entre les tiges brunes et travaillées, abimées aussi un peu par le temps, des mèches blondes étonnantes, si claires qu'elles en sont blanches, et qui ont atterri là par la surprise.
C'est une éternité silencieuse ; le souffle des deux s'est tut. Collé au drap, une bouche entrouverte envoie un nuage chaud et inquiet.


Vous êtes belle.

D'un coup, le drap tremble. Tirés par une masse qui se niche entre eux et cherche à les happer tout à fait, les fils d'or fuient la tête de lit, plongent entre les draps et la respiration chaude. Le drap tremble plus vite, plus fort. Au matelas une vibration incidente, plus tenue, qui choque à intervalles réguliers. Bo-boum. Bo-boum. Le creux des draps se réchauffe.
Un petit bruit, écrasé dans l'or des draps, qui cause impact soudain de chaleur et danse des vibrations. Un soubresaut ultime, soudain, en réponse directe, qui fait vaciller un peu plus les mèches carbonées.
Contre le sabot de la biche, le pied de lit a frappé.

Le reste des flammes darde des éclairs farouche aux corniches et au plafond. L'âtre, en rugissant sa fureur, envoie des braises qui pètent fort, et roulent sur les dalles noires. Tout comme les yeux, des animaux de la forêts, au duvet qui s'hérissent, tous s'indignent et s'outragent, lorsque dans la petite chambre des mots sont chuchotés, caressés, abandonnés au creux des oreilles pour parler inquisition et sorcière.
De la magie qui opère, la vallée entre les coussins s'allonge, se meure, s'étale plus au fond, c'est comme un fleuve au milieu de ce lit, duquel jailliraient deux rivières blanches et frissonnantes, aux cinq ruisseaux chacune, deux rivières, donc, qui fouilleraient sous les draps pour trouver un relief assez prompt à les retenir. Mais la soie est de première qualité, étanche et lisse, parfaite en vérité, si bien que les deux bras abandonnés, les deux affluents y coulent sans s'arrêter, s'y enfonce, dix branches plongent dans l'étoffe et y font crisser leurs ongles.
Un genou écrase un pli aux armes de Decize. Un autre survole un amas de couverture, s'y enfonce comme dans un nuage.
Au mur, le hoquet de surprise d'un lapin pris au collet, semble proche d'un cri consterné. Et le feu, en faisant craquer une buche grosse comme le poing, couvre le bruit de deux souffles murmurés et interdits, qui glisse à ses épaules.


Aimbaud ?

Au bout des doigts, les galons de sa chemise. Et un long point de suspension, éternel, jusqu'à ce que.

Quoi ?

Après quelques excuses, des explications abandonnées, des désirs non-assouvis et des regards rouges pivoines, les pieds et les genoux caracolent sur le lit, se pourchassent l'un l'autre, réajustent les tentures et les draps, remettent droit le creux du lit. Une fois, une seule, dans un essai ultime, la chemise enlace de ses bras brodés et fins, la vesture de maitre. Étirée par un vif mouvement désapprobateur, elle perd quelques degrés et devient flasque. Contrariée. Tirée aux manches par un boucanier puéril.
C'est un fait que tout est pour le mieux, comme nous l'avons dit.


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