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[RP] D'un atelier et autres billevesées, litotes et cie.

Zeinar
[La même nuit, un autre regard.]

Limoges, aux premières heures d'un dimanche.


Pendant lamentablement à la poignée de porte sur laquelle ses doigts s'étaient accrochés au prix d'un bel effort, irrésistiblement attirée vers le bas Kat tenait bon, cherchant à actionner ce mécanisme tellement plus complexe qu'il n'y paraissait -surtout avinée comme l'était la flamande-.

Après sept tentatives infructueuses et la laborieuse recherche d'un engrenage mal maitrisé, le huitième coup de poignet fut le bon. A ce moment précis, très très inconsciemment ils surent tous deux où ils étaient, car le miracle qui venait de se jouer n'aurait pu voir le jour qu'à la porte de la maison de Dieu. La grâce divine avait frappé la flamande, s'était emparée de son bras jusqu'à ce que la porte claque, et l'on pouvait presque sentir sous ce clocher la présence bienveillante de Très Haut, soucieux d'aider les deux jeunes égarés - et inquiet pour sa porte qu'on aurait défoncé en peu de temps-.

Kat, emportée par une fougue qui la traine et l'entraine, qui l'élance et la danse dans une une folle farandole (*) .... finit par s'échouer vacillante contre l'épaule de Zeinar, car tout prodige ne dure qu'un temps.

L'histoire ne cessait de le prouver: c'était toujours dans les situations les plus inattendues que naissaient les idées de génie. Les plus pessimistes diraient plus simplement que l'alcool faisait faire n'importe quoi. Toujours est-il qu'ils eurent ce soir là la brillante inspiration de s'emmêler les bras, un coup dessus, un coup dessous, et de joindre leurs mains. Puisque Kat penchait à droite et Zeinar à gauche, l'un fit contrepoids à l'autre, et la stabilité s'instaura presque immédiatement. Ils évoluèrent ainsi quelques mètres en équilibre précaire, réussissant sans le savoir à former la toute première balance humaine pour éméchés du samedi soir.
Malheureusement le grain de sable enrailla la belle mécanique, un pouce glissa d'un index, et l'harmonie que bien des savants chercheraient à reformer des siècles plus tard se rompit.
Le maire prit l'avantage, l'édifice de leurs deux corps hésitants dévia de son côté gauche.

Même une soirée bien arrosée n'interrompait pas la flamande qui continuait de jacasser vers un brun aussi apte à comprendre sa marraine que s'il avait été sourd.


- C’était une borne idée… le crin qu’a ruminé l''oeuf thèque d'Eugène, c’est du sucre épinard.

- Cette aile ment veau de pouvoir maire conscience sur des mulets aussi sans cibles que le bain de messe! Purin, j’en chat le raie presque !

Le jeune homme se contentait d'acquiescer à tout ce que disait la flamande, tandis que dans sa tête se formaient de drôles de mots dont il ne comprendrait jamais la véritable signification. C'était quand même beau et surement très profond alors il prit le mouchoir pour s'essuyer les yeux, comme on faisait dans ces cas-là.

Bien aidés par l'alcool, ils se murent une poignée de secondes dans un silence solennel, se regardant en chiens de faïence comme se serait plu à dire l'amateur de céramiques s'il en avait eu le courage.

Puis ils débutèrent leur incroyable expédition au quartier riche, sur le versant nord d'une pente terriblement raide. Du moins c'est comme ça que Zeinar la percevait, gesticulant et couinant contre une Kat qui le forçait à descendre malgré ses protestations virulentes.

- J'ai le vertige! Lâche-moi eeeeuuhh. J'veux remonter au sommet, allons voir la neige Kat. On mangera les flocons qui tombent.
- Ne fais pas ta chochotte.
- Chochotte, chochotte ... oh, oh, oh, oh, OOOOOOOOHHHH, l'aut' hé !

Piqué dans son orgueil, le brun se laissa entrainer et suivit la flamande qui connaissait visiblement la bonne technique pour aborder les chemins escarpés, tournant à droite à gauche pour atténuer l'effet abrupt de la rampe. Bien sûr ils ne faisaient que tituber, mais dans le feu de l'action tout ceci semblait parfaitement stratégique.

Arrivés en bas, le gourmand Zeinar, féru de belles bâtisses comme il n'en possédait pas encore, cibla la grande demeure de son œil vitreux mais néanmoins expert.
C'est là que les deux soiffard s'arrêtèrent pour se retrouver en face et face. Comme souvent, un défi à la noix mit le feu aux poudres. Ni l'un ni l'autre n'aimait perdre, chacun disposait d'une bonne dose de mauvaise foi, qui couplée à l'alcool devenait un poison.

Des animaux fabuleux qu'ils s'étaient promis de dessiner, il n'en virent jamais la pointe d'une corne.

Le monde féérique leur était toutefois ouvert, et une nouvelle page se tourna. Ils la réécrivirent comme ils se plaisaient à le faire et la princesse Raiponce fut mariée sur un bateau pirate avec Nev, le barbu flamand. Ainsi il s'échouèrent vers des contrées plus lointaines où les questions existentielles n'étaient jamais bien loin.
Enfin il levèrent les yeux au ciel pour s'accrocher au sept couleurs d'un arc-en-ciel.

Les débats passionnés auraient pu s'étendre encore longtemps si le propriétaire de l'habitation cossue n'était pas venu les déranger, leur rappelant soudainement ce qui les avait amené ici.

La décision se prit sans qu'ils eurent à se parler. L'échange d'un regard malintentionné suffit à déclencher le signal. A l'assaut !!
En un éclair ils ramassèrent leurs lourds parpaings, les envoyant se fracasser contre une vitre qui vola en éclats, impuissante face à la volonté coriace des deux buveurs.

Ils avaient gagné et s'envolèrent vers la dernière phase du plan: les gaufres.
Gais comme des pinsons ils chanteraient et danseraient leur victoire en se félicitant mille fois d'avoir été aussi inspirés. Et iraient s'offrir le luxe d'une récompense.
Zeinar demanderait discrètement au marchand de verser la quintuple dose de confiture sur la gaufre dégoulinant de sa marraine. Celle-ci s'en mettrait partout et prétexterait des alvéoles trouées ou l'incompétence du marchand.
Puis ils referaient la scène, se disputeraient verbalement le titre de meilleur lanceur de parpaings pour finir par reconnaitre à demi-mot que les deux tirs se valaient.


(*) : clin d'œil assez pitoyable il faut bien le dire à la grande Edith Piaf. Pardon, j'ai honte.
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Katina_choovansky.
Dans le petit salon de Seleina



- « Et comme ça ? »

La flamande observa la pose que proposaient Atalante et Atlantide, qui se foutaient clairement de sa gueule en adoptant des poses de danseuses toutes plus ridicules les unes que les autres, avant de demander, dubitative:

- « Seleina, nous aussi on avait les membres aussi disproportionnés que ça, à l’adolescence ? »

Atlantide se contenta d’un majeur bien haut que la flamande déclina poliment.

- « Trop convenu, je réserve ça à mes compatriotes… une sorte de signe de ralliement affectueux que nous ne pouvons comprendre qu’entre nous. »

- « Comme ça peut-être? »

La brune avisa la pose proposée par l’une des soubrettes venue apporter le gouter et qu’on avait réquisitionnée, comme les sept autres membres du personnel qui s’étaient tour à tour présentés pour diverses raisons et qu’on avait réassignés au département « créativité » du projet.

- « Moui, moui, mm, je suis pas sure… voyons…»

Pleine de bonne volonté, la brune adopta la pose sous l’œil pétillant de Seleina, qui peinait de plus en plus à rester digne au fur et à mesure que l’heure avançait et que la bouteille de prune se vidait.

- « Ca manque de naturel, non ? », demanda Kat, l’air de rien, le bras tendu au ciel comme pour réceptionner un piaf imaginaire sur le bout de l’index, la jambe droite partant en pointe arrière pour Dieu sait quelle raison.
- « Et ça ? », fit une petite voix masculine, attirant son attention.
- « C’est quoi ça ? Un ours qui s’étire ? » ? demanda la flamande en fronçant un sourcil d’incompréhension.
- « Non… c’est vous avec une épée», répondit le petit jardinier un poil vexé.
- « Aaah… » répondit elle sobrement, réussissant quatre secondes durant à retenir un air neutre sur son visage, avant d’éclater de rire.

Les vingt trois minutes suivantes furent d’une improductivité totale, les deux Maitres Troubadours pleurant de rire au sol, sans arriver à reprendre assez de souffle pour se relever
A 17h30, les yeux encore gonflés, les tignasses défaites de s’être roulées par terre, les deux brunes parvinrent à se hisser sur le divan confortable qu’offrait la pièce dans un concert de soupirs ravis.


- « Donc… on laisse tomber la pose avec l’épée », trancha Kat.
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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
Ca faisait peut être 4000 ans que l'on coulait le bronze dans l'art difficile de la sculpture. Autant vous dire que ça n'était pas son truc à la brune.


Ouais tu vas foutre le feu à ta bicoque avait argumenté Kat un brin réaliste en éteignant un début d'incendie.

Faut dire quelle idée d'fabriquer des soufflets aussi monstrueux... Avait rétorqué Seleina avec une mauvaise foi digne d'un flamand.


Elle avait donc opté pour un gros bloc de craie qui s'était effrité à force d'égalisations et qu'elle avait délaissée, dépitée, après qu'un bras ait cédé sous la pression légèrement trop appuyée de son burin.
Trop assymétrique du coup et même si Milo avait lancé une mode, c'était pas une raison pour plagier.



Bah, on gardera les morceaux restant pour écrire sur de l'ardoise, j't'en ramènerait de corse avait promis la brune d'exception pour consoler la sculptrice maladroite.

Elle était passée à la statue modelée à la cire molle.

Mais quelle idée aussi de la laisser en plein soleil au milieu du salon.

Trois heures et quarante-cinq minutes pour gratter le sol. Comme soirée veillée on faisait mieux.



Tu me diras c'est toujours mieux qu'une soirée macramé... S'était excusée Seleina, l'air faussement enjoué.

S'en était suivi une traversée du désert, les affres du manque d'inspiration taraudant insidieusement la brune poète.

C'est alors qu'au détour d'une conversation, elle avait appris que le fourbe, l'affreux, celui dont il ne fallait pas prononcer le nom, c'est à dire Nevgreluche, celui là même qui avait osé gagner ce duel ridicule et truqué contre son auguste personne, oui cet homme là... Et bien cet homme là collectionnait les coquilles d'escargots. Une nuit elle s'était faufilée, la vengeance taraudant son flanc, avait raflé l'intégralité de la collection.



Des coquilles d'escargot des jardins, encore mieux que les bourgogne dis donc...

Avait elle sussuré, trémolo dans la voix, dans le noir de la chambrée collective du premier étage de la meilleure auberge de Limoges "La porcelaine d'Aristote".

4856 coquilles...

Pile poil la quantité qu'il lui faudrait pour ériger une statue digne de ce nom. Pour liant un mélange d'eau farineuse, gluant à souhait.

Et tandis que notre artiste assemblait les pièces secrètement au clair de lune, créant une oeuvre à l'effigie de sa numéro trois, à 3h 32 minutes a.m cette même nuit, ceci dans un souci de précision, d'autres bouffaient des gaufres chez Momo.

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Katina_choovansky.
A quelques heures du départ.


La brune avisa les champs limougeauds, accoudée à sa fenêtre.
Derrière elle, les malles encore béantes rappelaient que l’heure du départ était imminente. La route reprenait ses droits. Fallait avancer. Et faire livrer les malles aussi. Impossible de transbahuter tout ça soi même, même en promettant à Saian de lui montrer une cuisse s’il disait oui.
Y avait pas que les curés flamands qu’étaient maudits.
Les malles l’étaient aussi.
Elles étaient toujours plus difficiles à refermer après qu’on les ait ouvertes… et qu’on ne lui fasse pas croire qu’une paire de bottes supplémentaires et trois nouvelles robes y étaient pour quelque chose !

Un soupir tandis que le regard coule jusqu’au verger de la propriété Seleinienne. Et dire que les cerises allaient être mures sous peu et qu’elle allait même pas s’en gaver sauvagement. Heureusement qu’il restait la promesse des amandes fraiches le long des plages méditerranéennes.


- « Et si moi aussi je lui montre une cuisse ? » demanda Blanche qui avait du mal à se séparer des sept malles de bottes sur plusieurs jours.
- « Peut être que ça peut marcher », admit la brune dans un sourire, sans quitter des yeux le sommet d’un cerisier chargé.

Abandonnant le lit, la rouquine vint la rejoindre à la fenêtre qui surplombait le vaste jardin devant la propriété.


- « C’était une bonne étape ? »
- « Epouvantable. J’ai aimé plein de gens »
- « Ah bordel, je savais que j’aurais pas du autant te laisser sortir. Tu t’attaches et après t’es triste. »

La brune opina du chef.

- « A Marseille, tu mettras pas le nez dehors. »
- « Sauf s’il y a des soldes sur les bottes ? »
- « Sauf s’il y a des soldes sur les bottes », lui confirma Blanche.
- « Et pour gouter la bouillabaisse ? »
- « On la fera livrer. »
- « Parait que c’est meilleur si on la mange sur le port »
- « … d’accord, mais uniquement en ma présence. »

La brune laissa un sourire poindre sur ses lèvres et posa sa tête sur l’épaule de Blanche.

- « On reviendra » lui murmura Blanche.
- « Ouais, encore plus chiantes. »
- « Et encore plus mégalos »
- « C’est possible ça ? »
- « Uniquement quand on revient. Faut bien en donner aux gens pour leur argent ! »

Un instant de silence avant que Blanche ne demande, pointant du doigt deux silhouettes sur la gauche.

- « C’est ton maitre non ? »
- « Ouais, on la reconnait à sa sublimitude naturelle. »
- « Et avec elle c’est le maire c’est ça ? »
- « Exactement, le tueur de ragondins. »
- « Pourquoi le maire étrangle-t-il ton maitre ? »
- « Une marque d’affection, je crois. »
- « Et au fait, c’est qui, le gars qui chante dans son bain depuis quelques jours? »
- « Ca doit être Gueldnard. Je le soupçonne de s’entrainer aux chants polyphoniques. »
- « Et lui, il fait quoi ? », demanda Blanche en désignant un blond.
- « J’pense qu’il apprécie juste le fait de marcher pieds nus dans l’herbe », répondit Kat en apercevant Erabal.
- « C’est Nev, là bas ? »
- « Non, juste un pantin à son effigie que j’ai fabriqué pour voir de combien de parpaings je devais le lester pour le noyer. »
- « Tu l’as salement amoché »
- « Seleina m’a aidée. », avoua la brune dans un sourire.
- « Hey mais y a un chauve ! » s’exclama Blanche en désignant le crane nu d’un homme devant l’entrée.
- « Ouais c’est Grandier, un foutu romantique », fit la flamande, le cœur serré en repensant au programme flamboyant qu’il lui avait proposé si elle restait : alcool et chansons paillardes sur les ruines fumantes d’Orthez.
- « J’hallucine où y a un gars qui se déplace en dormant ? » demanda la rousse en plissant le nez devant l’étrange spectacle.
- « Ouais, il est super fort Sliver pour piquer des sommes l’air de rien. »
- « Ha dis, c’est pas un évêque ça ? » fit Blanche en avisant une soutane.
- « Un putain d’évêque », blasphéma Kat dans un compliment ultime, saluant Angelo au passage

Un second instant de silence, que la rousse interrompit doucement, sachant que la nostalgie et les yeux rouges ne siéent (*) guère à une flamande, de surcroit brugeoise, même en prétextant une allergie au pollen.


- « Tu sautes sur la malle et j’essaye de la fermer ? », lui proposa-t-elle, sûre de son effet.

La brune acquiesça dans un sourire, se détournant de la fenêtre. Elle avait toujours aimé sauter sur des malles.


- « Ok, mais avant, un dernier truc à faire… »

La brune attrapa une grosse pancarte qu’elle positionna dans l’espace de la fenêtre ouverte et sur laquelle on pouvait lire « VOTEZ ZEINAR »


(*) ouais, moi aussi je viens de découvrir la conjugaison du verbe seoir, pour le pluriel de « ne sied guère ». Épatant !



Un grand merci à tous les LJD rencontrés à Limoges durant ces quelques semaines ! J’ai pas pu tous vous citer dans ce RP en remerciement pour votre accueil , mais le cœur y est.
LJD Khalan, Bradd, et Guilhem_horvy, une pensée toute particulière pour vous.

Une énorme bise également à mes comparses de route: LJD Blanche, Saian, Vanyla, Kasia et même l'affreux LJD Nevgerel même s'il ne voyage pas avec nous.
Tout le monde, merci encore pour tous ces beaux RP de taverne ou de papier !
Bon jeu et bonne continuation.

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
Merci à vous d'avoir égayé ainsi les taverne de Limoges. Ce fut un vrai bonheur.



[Brouhaha enfumé d'une fin de soirée.]



En général la discussion battait son plein le soir venu, à la Porcelaine d'Aristote, à savoir qui de l'oeuf ou de la poule était venu en premier, sujet réccurrent, éternelle question qui ne cesserait jamais au final de les inquiéter sans qu' ils ne puissent se décider pour une quelconque hypothèse.
Il faut dire qu'elles étaient plutôt farfelues ces hypothèses, rompant avec la plus élémentaire des logiques.

Une théorie prédominait cependant que la brune Choovanski avait lancée un soir l'air de rien :


Il faut distinguer deux sens de "premier" : logique et chronologique. Chronologiquement, selon Aristote, on peut certes dire que le grain est antérieur à l'épi, ou que l'enfant précède l'homme, mais en réalité c'est l'inverse : "le domaine du devenir s'oppose à celui de l'essence, car ce qui est postérieur dans l'ordre de la génération est antérieur par nature, et ce qui est premier par nature est dernier dans l'ordre de la génération." (Aristote Parties des animaux livre II ch.1 (646a24))


Ce qui avait eu pour effet d'emboucher un sacré coin au bougre maistre badant comme à l'accoutumé devant la flamande éthérée et de provoquer quelques hoquets supplémentaires chez la brune troubadour.

Mais voilà, leur Choovansky était partie la veille laissant un grand vide derrière elle.

Et Louisia les trouverait tous deux à l'endroit soupçonné, affalés, le regard morne et triste, la truffe sèche, leurs soupirs se succédant canon lugubre et monocorde, tandis qu'au dessus de comptoir de l'auberge municipale trônait l'immonde banderole de Nevgreluche attestant de sa victoire éclatante sur la brune terrassée par la nostalgie.



JE CHERCHE SSSEEEEEELLLLLEEEEEIIINNNNNNNAAAAAAAAAA


Hein quoi, comment ? Qui me parle ?

Répondrait la Seleina d'une voix monocorde, toute joie l'ayant quittée, imaginant que la fin du monde ne pouvait pas être pire, sans se douter qu'elle vivait là les prémices d'un accouchement.



*(Post extrait d'un topic en cours en halle de Limoges. Panique à bord ou l'accouchement d'Arestel... Tadaaaa)
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Zeinar
[A la porcelaine d'Aristote, face aux 4856 coquilles de leurre].

A l'image de sa comparse de taverne, avachi sur une table, le menton calé au creux d'une main, il portait un regard vide vers la statue de Kat positionnée derrière le comptoir. Un long soupir d'occurrence s'échappa d'entre ses lèvres crispées. C'était la plainte non dissimulée d'un maire en manque de tavernière. Kat venait de s'envoler vers le sud, et déjà il rêvait de la voir revenir avec son saucisson et ses parpaings.

Après une chute assise dont il avait le secret, il tenta de faire tenir le coussin dans la paume d'escargots de la fausse Choovansky. En vain. Le carré de tissu s'échouait inévitablement au sol, lui rappelant comme il était cruel de voir disparaitre sa marraine.
Foutue statue !
Dans un élan de colère il arracha une coquille constitutive de l'oreille droite, l'envoyant se fracasser contre le crâne du type en vert qui ne cessait de les lorgner. Bien fait! Ça lui apprendrait à ne pas montrer plus de compassion que ça.
Sale type!
Puis il se calma, remplaça la coquille, se confessa de son pêché à la sculpture avant de se répandre en excuses suite à son geste malheureux qu'il justifia de mille façons. Un simple "t'as un superbe lobe d'oreille Kat" conclut l'incident.

Dans sa grande mansuétude, Seleina s'était finalement portée à son secours. Prenant le coussin entre ses doigts fins, elle le lui tendit en prononçant un "tenez patron", l'accent flamand en prime. L'imitation laissait à désirer mais lui permit néanmoins de placer le sac rembourré sous ses fesses.

Bien installé, la conscience tranquille, il s'offrit un moment d'accalmie et décacheta son courrier qui se réduisait à une seule lettre. Pour la foultitude d'amis, c'était raté. Heureusement que la missive fleurait bon la Bourgogne, le poney rose et le petit gris de Mâcon.
Ses lèvres s'étirèrent en un sourire guilleret à la découvert du nom de l'expéditrice. Alycianne, enfin.
Une lecture attentive et quelques interrogations plus tard, sa plume glissa sur le vélin, noircissant le papier en retour.


(texte issu d'un post en halle, et légèrement remanié pour l'occasion.)
Citation:



Citation:
* Titre : Nouvelles.

* De moi, Alycianne, fille au Duc de la belle Bourgogne,
A vous.

Le bon jour !

Comment vous allez bien ?
Je sais que sa fait longtemps j'ai pas écrit, il m'est arrivé pas mal de la chose.
Aussi je vais reprendre les choses une à la fois, avec de la liste (c'est de la belle invention les listes quand même )
-D'abord il y a eu de l'ambrouille à Angoulême et mes amis on été blessé. Du cou on est resté le tant qu'il aillent mieux.
-Et puis après, j'ai entendu de l'histoire comme quoi mon frère était deviendu tout blaireau (l'animal qui renifle la terre vous savez) et que ma soeur deviendait toute malade sans moi.
-Aussi j'ai rapliqué dans la Bourgogne dans le plus vite.
(C'était de la courte liste, j'ai fait du bon résumé ça veut dire je crois que je pense)

Pas d'inquiétations : mon frère Cassian n'est pas blaireau.
Griotte est un peu maigre mais je fait attention à ce qu'elle prend sa dose de sucre cotédien.

Aussi je suis là dans la Bourgogne. Si j'ai pas pu vous écrire plus tôt, c'est que on avait du souci, et qu'on devait se cacher. Mais j'ai dans l'impression que notre père remarque à peine notre absence. Il sagit d'une personne qui est du danger, et c'est aussi un ami de la dame de mon père. Aussi, comme vous le voyez, c'est compliqué.
Le temps que on s'est cachés, j'ai fait de létude sur les escargots. La vitesse de l'escargot dépend de la surface, comme si la table est mouillée d'eau, ou de vin, ou s'il y a des miettes. Du lever du soleil au zénit, il peut faire jusqu'à 6 longueurs de table.
Enfin, j'ai essayé avec les araignées, mais c'est moins facile, elles vont dans les tous sens et si vite que on les perd de vue.

Aussi, tout le monde (comme Cassian, mes amis, ou même les inconnus qui me connaissent même pas) m'embête avec Karyl. Karyl, c'est mon fiancé. Mais il n'est pas noble. Alors quand on était petit, tout le monde souriait et nous défendait, mais maintenant, on me dit que c'est pas possible.
J'ai la bigre de bigre impression qu'on m'a prise pour de la cruche et qu'on s'est payé de ma tête de cruche !

Aussi je vous demande votre avis : pensez vous que je devrais en parler directement à mon père (de Karyl et puis aussi de mon éducation qui se laisse désiré je crois) ? Ou peut-être je devrais m'énerver (j'en ai très envi par fois, surtout contre Cassian, mais après il me dit de la chose adorable et je redevient calme comme un étang d'eau croupie) ?

Entre Cassian qui n'arrête pas de me dire comment les fiançailles c'est du fichu, Griotte qui me dit qu'il y a danger à aller voir Papa maintenant, Marie qui me fait les gros yeux parce que je suis pas très bien élevée comme de la demoiselle, j'ai le sentiment très clair d'être du lapin pris au piège dans un piège piégé !

Sinon je vais bien, ne vous en faisez pas. Je souris, donc ça va forcément. Mais l'histoire du lapin piégé (surtout que maintenant en Bourgogne, la chasse au lapin est interdite !) m'ennuie pas mal.
Et personne pour me dire ce que je dois faire exactement dans l'exact !

Aussi je prie le Tout-Puissant pour qu'il fasse de la chose, s'il est pas trop occupé.
Si mes recherches sur les escargots vous intéresse, je vous tient dans le courant,

Portez vous bien,
Au revoir !

ABC.

PS : Mes initiales c'est ABC, c'est assez panaché je trouve, aussi je signe comme sa.




Citation:
Aly,
Ciane,
Ou encore ABC,

D'abord, merci.
Je commençais à m'imaginer que tu étais tombée au fond d'un trou. Ou que ton père t'avais défendu de correspondre avec un sale étranger. Ou bien que ton père t'avais jetée au fond d'un trou pour avoir correspondu avec un sale étranger.

Tu rédactionnes toujours carrément trop bien, ça fait plaisir à constationner.

Ton récit me semble très compliqué, surtout l'épisode avec papa, la dame et l'ami. Ça ressemble à une histoire de grandes personnes. Je ne suis pas toujours de bon conseil, mais si j'ai quelques remarques à faire, les voici:

Ton frère ne peut être un blaireau que :
- s'il est anormalement court sur pattes
- s'il se gave de vers de terre à longueur de journée
- s'il dort dans un terrier et s'amuse à construire des galeries souterraines dans le jardin. - un truc utile: si tu constates que le terrain est entièrement labouré et qu'il nie en bloc toute responsabilité, demande à regarder ses ongles pour t'assurer qu'ils ne sont pas noirs de terre.-

S'il ne remplit pas ces trois conditions sine qua non pour être un bon blaireau, alors on t'a forcément menti. Dans ce cas je te conseille d'affubler le fabulateur - pas celui qui lit des fables mais le moche qui ment- de "sale sacripant neurasthénique". En général ça calme.

Pour Griotte, je te préconise la cueillette de fraises des bois, à couvrir de sucre cotédien avant la dégustation. Parce que c'est vraiment meilleur.

Pour t'aider à savoir exactement quoi faire dans l’exactitude de l’exact, passons à ta question.
A ta place j'aurais pris les choses dans l'ordre. On commence par laisser sortir la colère -mais pas trop fort, juste en s'énervant tout rouge avec une grosse voix-, et ensuite on va voir le père pour lui expliquer le nœud du problème. Les papas sont doués pour défaire les nœuds, c'est bien connu.

Cassian te dit que les fiançailles c’est fichu parce qu'il voudrait avoir une fiancée lui aussi. Griotte te raconte qu'il y a danger à aller voir Papa parce qu'elle souhaiterait un double ration de sucre. Et Marie fait les gros yeux ... parce que c'est Marie.

Donc, pour résumer, tout est normal. Ou presque…. Chez moi l'escargot fait jusqu'à 9 longueurs de table. On a les bêtes les plus rapides du Royaumes. A moins que tu aies pris la table dans le mauvais sens, que ton escargot soit plus vieux, que tes miettes soient plus grosses, que tu te sois plantée.

Maintenant, à mon tour de te donner quelques nouvelles. Une liste comme tu les aimes s'impose.

- Je suis bougre mestre ! C'est difficile à croire mais mon programme a fait mouche! Tu as des mouches en Bourgogne? Silver en élevait une avant qu'elle ne s’éteigne à seulement dix huit jours d'âge. C'est moche.
- Je me suis fait baptiser en plein verger par un illustre évêque témoin de la onzième apparition de Saint Barnabé. Un grand moment d’émotion. Au fait, tu es baptisée toi?
- J'ai chassé pour la première fois le ragondin au parpaing, avec ma marraine Kat. On lui a éclaté la tê… ça parait violent à première vue, mais il n’a presque rien senti. On aurait dit qu'il dormait sans les quelques traces laissées cà et là. Seleina était ravie de le recevoir en cadeau -surtout qu'on lui avait choisi le Roi des ragondins-. On l’a mangé, et j'ai même fait de superbes bottes avec ce qu'il restait de peau. Là c’est ma marraine qui était heureuse. Tu as déjà attrapé du ragondin?
- J'ai arbitré un duel de vers et de vilains gestes entre Nev/Seleina et remporté haut la main par le moustachu flamand. Est-ce que tu aimes les moustaches?
- J'ai fait voler en éclat le carreau d’un…. non, ça c’était nul. Qu'as-tu déjà fait de nul?

Voilà. Je raccourcis la liste sinon tu ne liras pas jusqu’au bout.
Comme tu peux le constater je vais bien. Si ce n’est que je suis triste du départ de ma marraine de Flamandie qui est partie chercher du saucisson dans le sud, mais c’est la migration flamande qui veut ça.

En attendant je tords le cou -mais très gentiment- de la Maitre Troubadour . Ça fait un bien fou.

Tes recherches sur l'escargot m’intéressent forcément. Ton état de santé aussi. Tiens-moi au courant !
Maintenant que je suis un bon Aristotélicien -et même un Saint selon l'évêque-, je prierai pour qu'il fasse de la chose pour toi.

Oublie la chasse au lapin, et vive le ragondin!

Ne cesse jamais de sourire,
A bientôt,

ZYX - pour Zeinar Yen Xi-.

PS: ce sont de fausses initiales mais j'avais envie d’un nom assez bariolé moi aussi.

_________________
Zeinar
[Méfait à accomplir, Limoges].

Quand la nuit fut tombée, sous un ciel obscurci le brun s'éveilla en traitre. Il se dressa sur ses coudes, écarta ses draps soyeux, bascula sur ses deux pieds. Puis chargea ses affaires, se cacha sous un foulard, s'enroula d'une longue cape et resserra sa ceinture, fin prêt à en découdre.

Ce soir était le Grand Soir. Ce soir marquerait la vengeance attendue sur la brune. Ce soir les braves se lanceraient à l'assaut de la maison des horreurs. Ce soir il récupérerait sa crosse.
Des mois de frustrations, de menaces avortées, de sarcasmes encaissés, à serrer les dents en silence. Il allait bientôt mettre fin à la longue humiliation et irait récupérer son bien chez la chapardeuse, qu'importe le danger qu'il encourait.

Un sourire sournois s'accrocha à ses lèvres en pensant au méfait qui se jouerait chez la troubadour. Elle était loin de se douter de ce qui se tramait dans son dos. S'asseyant au bord d'une chaise, il se pencha en avant, enfila ses douces poulaines, retira les grelots.

Pour mener à bien sa mission de reconquête il pouvait compter sur une alliée de poids, chiromancienne de renom, fervente défenseur de la méditation. Même en milieu hostile - comprendre "en taverne"- où la pratique spirituelle faite de concentration et d'introspection se voyait trop souvent réduite en une vulgaire sieste, elle l'avait soutenu sans relâche. La Dame blonde, disciple méditante et amie précieuse, l'aiderait à récupérer son sceptre, symbole de leur noble art. L'idée d'une excursion chez l'éleveuse de cochons avait germé sans qu'ils ne sachent comment, après que Zeinar ait proposé d'aller cramer la maison de Seleina pour tuer le temps. La blonde lui avait rétorqué qu'il y allait un peu fort, et en fine diplomate elle avait su le guider vers une alternative acceptable. Reprendre son bien et dérober quelques effets très personnels à la juge.

Il remonta la courroie de sa sacoche à son épaule, vacillant sous le poids du sac de toile plein à craquer. Le parpaing était certainement de trop, mais dans le doute il l'avait fourré avec le reste. Tant qu'il n'avait pas à décamper en quatrième vitesse, ca tiendrait.

Dernière pensée pour son pauvre Froute qui finirait orphelin si Seleina se découvrait insomniaque ce soir, et il enjamba sa propre fenêtre, comme pour répéter les gestes qu'il serait surement amenée à faire. Maintenant qu'il était maire et quasiment Saint aux yeux de l'évêque, il devait prendre garde à ne pas entacher sa réputation quasi parfaite. Rabattant le foulard sur son nez, il jeta de vifs coups d'œil autour de lui avant de sprinter vers l'arbre le plus proche, s'adossant au tronc pour reprendre son souffle. Le chemin risquait d'être long et semé d'embuches mais il ne se ferait pas prendre, quitte à crever de chaud et à crapahuter d'arbre en arbre.

Quelques minutes plus tard, rampant derrière le muret qui autrefois menait à la chambre de Kat, c'est un brun en nage qui s'avançait vers le point de ralliement. Le parpaing flamand fut déclaré définitivement trop encombrant, et à mi-chemin il avait dû se résoudre à l'abandonner au hasard sur un parterre de fleurs d'une famille aisée.

Se redressant en douceur, il glissa à pas chassés vers l'enclos des gorets, où il devait normalement tomber sur Exquiz. Dans sa logique à lui, car ils ne s'étaient pas attardé sur le lieu précis de rendez-vous. Elle saurait surement où le trouver. Elle lisait l'avenir dans les lignes de main après tout. Décrypter ses pensées devait être un jeu d'enfants pour elle.

En attendant il ne pouvait rien faire sauf poireauter debout. Un premier son parvint à ses oreilles, témoignant d'un signe de vie à proximité. Les couinement aigus lui indiquèrent assez vite qu'il ne s'agissait malheureusement pas de la blonde.


Alfred, ferme-la, bordel. Tu vas me faire repérer ville truffe
, pesta t-il contre son cochon truffier qui agitait le groin dans sa direction, habitué à sentir sa présence.



_________________
Exquiz
[Chameau de plomb et cotte de buire ]



Féline, audacieuse, de cuire et de noir vêtue, la blonde masquée se faufile à toute allure, se fondant parmi les ombres dans un décor nocturne.
Ses pas sont silencieux, et sa déambulation discrète.
Envoyée en éclaireur, Yuki, sa fidèle chauve souris...
Elle arpente la nuit et veille au bon déroulement de la mission. Petit cri aigu et sifflant qui zèbre la brise, intimant à l'espionne que la voix est libre.

Alors elle s'insinue, se glisse jusqu'au manoir, et dans un coin parfait, attend son accolyte.
Ici qu'ils se sont donné rendez vous, dans quelques missives secrètes échangées, pour accomplir leur destinée.



"Préparez vous, Gambas Joyeuse, la vengeance est arrivée. J'vais avoir besoin d'vous."
"Bien reçu Plancton Ardent, je suis toute ouïe. La pêche est ouverte!"
"Bas les nageoires, le poulpe est à moi, je vous laisse les sardines"
"Entendu, C.R, à quand fixe t'on la bouillabaisse?"
"Quand la marée est montée, n'oubliez pas l'filet!"
"Comptez sur moi, j'y serais!"



Voilà qui était dit.

Tout cela avait trop duré, il était temps d'agir, de s'imposer!
La vengeance est un plat qui se mange froid, et même si la blonde n'était pas directement impliquée dans cette histoire, elle s'était sentie concernée, sachant Ô combien il est difficile de se voir dépossédé si injustement un objet qui vous est précieux.

Objet pour le coup indispensable, essentiel voir primordiale, pour son détenteur. L'un n'allait pas sans l'autre, et la brune avait commis une grossière erreur en lui retirant, puisque c'était comme...confisquer la couronne à Roy, la grenouille à la princesse et les mots aux poètes!

Trahison! Humiliation! Fourberie!

Le grand maître qu'était son associé ne pouvait décemment pas gouverner sans son sceptre magique, symbole physique de son pouvoir et de sa grandeur! Il fallait remettre les choses à leur bonne place, et rendre à Zeinar ce qui est à Zeinar!
Ainsi soit il.

C'est donc accroupie dans un recoin d'ombre, que la silhouette féminine attendait, patiemment, que l'autre daigne ramener son mirifique séant afin de mener à bien cette action justicière!

Une pomme dans la bouche, rien de tel pour patienter!

Mais à peine eu t'elle croqué trois fois dans son fruit, qu'un grognement rauque,digne d'un ogre, vint attirer son attention.
Prudente, elle se releva, et s'enhardi de sortir son poignard.
Pas d'sang, c'était prévu, m'enfin, faut bien se protéger des dangers aléatoires.
C'est en sentant une étrange chaleur à ses jambes, qu'elle baissa la tête, pour observer le truc à pattes rose qui se frottait à elle.


grümf grümf ouiiiink

Un saut en arrière et la blonde écarquilla les yeux.
"C'quoi c'te chose!!"


Et à sa réponse, un Zeinar anxieux apparu, démontrant sa filiation avec la bestiole, ce qui extirpa un soupire navrée à l'Exquise.

"j'te préviens, s'il nous fait repérer, j'l'embroche et j'le bouffe!"
_________________

Gloire à Vénus, Gare au Carnage!
Seleina
[quelques heures plus tard... Un pigeon supersonique plus loin. Franchir le mur du son à cette époque faut le faire tout de même.]


Un rouleau déroulé comme une crèpe à laquelle on aurait oublié d'ajouter du sucre. Des yeux déjà rieurs à peine posés sur les premiers mots.

Bon sang ce que ça faisait du bien. La Choovansky, c'était un remède contre la morosité, contre la faiblesse des anges, contre la noirceur d'un abîme sans fond... Quand tout allait mal, y avait qu'une solution.

Lire une lettre de la brune l'Oréal.




Citation:


Bruges, Diamant des Flandres,
30 novembre 1458



Maitre, mon Maitre, mon soleil dans l'univers si fade des lettrés capiteux dont l'autosatisfaction n'a d'égale que la paresse littéraire, mon étincelle dans l'engourdissement des mots, Seleina, ma putain de brune,

C'est quoi ce coup de blues ?! J'ai versé une larme à la fin de ta lettre ! J'te raconte pas la honte que ça m'a collée par chez moi.
Une flamande qui chiale. On en a pendu pour moins que ça ici.
Je me souviens d'un enfant qui avait ri une fois, un matin. Il s'est fait défoncer à coups de cagettes à légumes et de mottes de terre gelées. On avait bien rigolé, enfin bref !
Il y a des chances que j'en entende parler pendant des mois. Fort heureusement, tu me connais, je suis aussi belle que maligne (et que « naïve » tient absolument à ce que je rajoute Blanche) j'ai une idée pour éviter ça : un voyage ! Je t'en parle plus bas.

Bon déjà, commençons par ton Sanguinaire.
Tu ne peux pas te laisser démoraliser par un gars. C'est limite une question de fierté. Appelons-le Barbara tiens !

Barbara ne peut absolument pas faire carrière comme Tout En Noir. Pour l'instant, ils sont deux : le notre et mon beau capitaine irlandais, Anto_capone. On peut à la rigueur lui faire passer un essai chez les Tout En Rose, mais Tout En Noir, ça requiert des compétences :

Barbara a-t-elle une armée de mercenaires légalisées à sa solde ?
Barbara fout-elle le feu aux cahuttes de gueux juste parce qu'elle a froid aux mains ?
Barbara peut elle assassiner en toute impunité un membre de l'opposition sans être inquiétée de la moindre sanction?
Barbara a-t-elle déjà passé sa ville natale en ville franche pour qu'on l'entende mieux lors de négociations?
Barbara se vante-t-elle de n'aimer que son cheval et ensuite, égalité, les chèvres et les blondes à gros seins ?
Barbara possède-t-elle un nombre de paire de bottes compris entre 126 et 128 ?
Et surtout, Barbara est elle Baron ?

Si elle échappe à une seule de ses règles, alors Barbara n'est pas un Tout En Noir, rassures toi. (Et ça, ça rend tout le reste encore plus caduc !)
Tu sais, le notre est un joyau de sadisme et d'intelligence dans son genre, mais on ne peut pas lui enlever ses idéaux. Juste que c'est un gros rustre de provincial qu'a jamais appris qu'on pouvait dire « s'il vous plait » a la place de « ou je te pète la gueule ». Mis à part ses manières passablement douteuses et souvent à deux doigts de l'illégalité, on ne peut pas enlever à ce redoutable stratège qu'il aime son comté et le sert avec (une) ferveur (toute particulière). (Rha bordel, quelle belle invention, la parenthèse !)

Donc, pour résumer, hors de question que tu te laisses démoraliser par lui/elle et encore moins pour notre Confrérie.

Bientôt, on aura le temps.

On s'est toutes les deux laissées porter par une envie de changement, et nous nous sommes engagées.
Mais la brune, c'est normal. Quand on la classe, faut l'assumer. C'est pareil pour les compétences. Quand on en a, on doit les mettre au service de sa terre. T'as pas fait ça pour toi, t'a fait ça pour tous les gueux du coin. Et ça, c'est particulièrement honorable. Laisse personne te dire le contraire, ou alors laisse les dire, mais écrit leurs noms sur une liste pour qu'on se venge plus tard.

C'est vrai qu'on en sortira épuisées mais pas lessivées. Preuve en est ! A la fin de ce mandat, Blanche et moi on s'arrache, direction « loin-où-on-n'a-pas-encore-été » en faisant étape par chez toi.
Il parait que Limoges c'est chouette pour faire de la luge. On devrait donc être là fin février.

Pis comme t'auras rien à foutre vu que t'auras décidé de vivre recluse en vendant de petites babioles en macramé, tu ne verras aucun inconvénient à ce qu'on t'embarque jusqu'en méditerranée, via les Alpes. On pourrait en profiter pour bronzer, bien sur, mais aussi pour aller voir d'autres membres de la confrérie. Pis on goutera les alcools locaux, et on dormira à la belle étoile ! Par contre, on mangera de la salade de pissenlits le moins possible (excuse-moi d'avance auprès de N°2 si tu le croises).
Je te laisse méditer à cette destination voyage.


Ici, dans le grand Nord, tout va bien.
Il neige, bien sur, de grosses bourrasques entrecoupées de grêle. Le lac de Bruges a gelé (depuis le 15 aout, mais y aller au beau milieu de « l'été » à quelque chose de déprimant). Plus de ricochets possibles, je m'attaque donc au patin à glace.
Pour l'instant, c'est plutôt un échec. Ma grâce naturelle et mes superbes cheveux ne semblent pas suffire à freiner sans tomber, mais je ne désespère pas.

Bon, fais-moi la liste des trucs chouettes à voir dans le coin, et des spécialités locales !
Réfléchis à prendre ton baluchon et à aller tâter du Corse.
Dis-moi c'que tu penses de visiter les membres de la Confrérie.
Explique-moi pourquoi le ciel est bleu.
Donne moi ta main et prend la mienne.



J't'embrasse fort, évidemment,

Numéro 3

(Si tu as eu ce message -histoire de vérifier qu'on nous vole pas le courrier- recopie et envoie moi cette dernière phrase: "plutôt embrasser un wookie!")




Le pigeon repartit après un repas frugal, avec à sa patte cette réponse qui en précédait une autre plus réfléchie qu'elle enverrait plus tard.


Citation:
Plutôt embrasser un (jaber) wookie !

Et qu'on leur coupe la tête !

Gné pas pu m'empêcher...


La macramée.




Un horizon, enfin.
_________________
Seleina
Trois buches c'est tout ce qu'il restait. Elle était bonne pour une corvée de coupage de stères en bonne et dûe forme. Tout ce qu'elle aimait. A cette perspective enchanteresse, la brune fit une grimace qui aurait pu concurrencer les gargouilles de la cathédrale Saint Michel des Lions.

S'échouant sur un tabouret, un coin de table pour s'accouder, elle prit de quoi écrire. Répondre à la flamande, elle avait attendu toute la semaine avant de pouvoir s'y atteler. Il était plus que temps.



Citation:
Limoges, le 11 décembre 1458



Toi,

Qui te suffis à toi-même, qui éclipses la lune, le soleil et même la voie lactée par ton sourire radieux.
Toi.

D'abord, merci.
Pourquoi ? Parce que.
Et s'il fallait développer un peu, j'ajouterais... Pour tes entrées en matière qui décrisperaient un mort, pour tes propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres... Pour exister, pour avoir un jour passé ce putain de rideau rouge.

J'aurai jamais assez de toute ma vie pour remercier celui qu'on nomme le très haut en m'adonnant à toutes les bondieuseries possibles et innimaginables pour ce faire.

Bon... Une réponse maintenant.

Pour resituer les choses...

Barbara.

Même si c'est pas du tout son nom, rien que le fait de l'avoir rebaptisé, c'est une idée de génie.

J'ai cru l'apercevoir lors de la cérémonie d'allégeance d'Ariadne, notre comtesse bien aimée. J'ai failli lui sourire du coup parce que désormais il a un côté féminin qui me convient bien. Mais il peut se l'accrocher.

A ta première question :

Barbara a-t-il une armée de mercenaires légalisée à sa solde ?

Je réponds que :
Barbara a eu bien mieux que cela . Il a l'oeil... Bon je t'expliquerai un jour le pourquoi de ma remarque.


A ta deuxième question :
Barbara fout-elle le feu aux cahuttes de gueux juste parce qu'elle a froid aux mains ?

Je nuance :
Non pas tout à fait, mais Barbara a chourré tout le bois pendant des mois pour construire un navire faisant indirectement crever de faim les indigents, y avait plus de bois pour faire cuire le pain à Limoges. La peste noire, de je ne sais plus quand, fut de la gnognote à côté.


A ta troisième question :
Barbara peut elle assassiner en toute impunité un membre de l'opposition sans être inquiétée de la moindre sanction?

J'affirme que :
Pas exactement mais c'est tout comme, et même si ça ne l'était pas, y aura toujours un doute.


A ta tantième question, je suis fatiguée de compter et j'ai perdu le fil :

Barbara a-t-elle déjà passé sa ville natale en ville franche pour qu'on l'entende mieux lors de négociations?

Je renchéris :

Elle a fait mieux ha ha ! Elle a commandité la prise du château de notre bonne vieille province par des mercenaires à sa solde... Ah ben si finalement elle a des tas de mercenaires à sa solde ! Ton tout en noir peut aller se rhabiller.

A cette question primordiale :

Barbara se vante-t-elle de n'aimer que son cheval et ensuite, égalité, les chèvres et les blondes à gros seins ?
Je supute selon des rumeurs établies que Barbara aime tout ce qui bouge... Homme, femme... Je m'arrête là.

Enfin, à cette dernière question :
Barbara possède-t-elle un nombre de paire de bottes compris entre 126 et 128 ?
Je répondrai là aussi par l'affirmative parce que je suis sûre en tout cas qu'elle a le nombre de mantels qui va avec.
Et surtout, Barbara est-il Baron ? Bien mieux, il est vicomte !


Bon assez parlé de Barbara...

la liste des trucs chouettes à voir dans le coin, et des spécialités locales maintenant...

Là j'avoue que tu me prends de court... Et je me rends compte que je n'ai jamais pris le temps de m'y intéresser... Mais promis je vais m'y atteler et je t'enverrai un programme digne de ce nom, dès que ces fichus procès me le permettront.

Pour ce qui est des corses, je suis pour tu le sais bien... Si on pouvait m'en trouver un qui cumulerait l'intelligence, la beauté sauvage, un humour certain ou un certain humour ne soyons pas trop exigeante, je n'irais pas dire non.
Mais parait qu'ils n'aiment que les maquis et le fromage de brebis, les siestes sous l'olivier. Je ne me fais guère d'illusions.


Visiter les membres de la confrérie, ça aussi c'est un chouette programme, encore qu'il faudrait en faire la liste, savoir lesquels sont encore vivants... Et où ils crèchent. J'aimerais principalement rendre visite à Takoda.


Que je t'explique pourquoi le ciel est bleu ?

J'aimerais qu'il le soit davantage par ici, en ce moment il est plutôt très gris. Mais s'il est bleu c'est pour la simple raison que c'est la mer qui s'y déverse et s'y dilue aux limites de notre monde. (non en fait moi je serais plutôt d'avis que notre terre est ronde comme une orange, voire bleue ? Mais je ne veux pas finir en taule en affirmant de telles insanités tu comprends... T'as raison c'est une sacré invention les parenthèses).

Concernant ta statue, j'ai accumulé assez de terre glaise pour pouvoir en modeler 10 à ton effigie. D'ailleurs je m'inquiète de savoir ce que je vais faire du surplus. Ma propriété doit être le point culminant de Limoges à l'heure qu'il est avec ce monticule. Ce sont mes cochons qui s'en donnent à coeur joie. Je jurerais les avoir vu s'élancer en haut de la pente... Je dois confondre avec les gosses du voisin.

Que ce courrier te trouve rayonnante.

Je t'embrasse. Embrasse Atlantide, Blanche et les hommes de ta vie pour moi. Dans cet ordre là.


Seleina.


P.S : Efface les hommes de ta vie de ma liste, je ne les connais pas. Ca fait désordre.


P.s 2 : Afin de nous assurer toi et moi que ce courrier tu as bien reçu, envoie-moi une réponse rapide à la question suivante : comment fais-tu pour être toujours aussi impeccablement coiffée ? Oui ça faisait longtemps que je voulais te la poser cette question, ça tombe bien.



Un pigeon express plus tard :

Citation:
Expéditeur : Katina_choovansky.
Date d'envoi : 11/12/2010 - 18:48:25

Réponse: c'est inné !

_________________
Seleina
Chaque retour de pigeon présageait aussi celui d'une lecture savoureuse, ponctuée de remarques formulées à voix haute, immanquablement suivies de remarques du type :


Magne toi Leina, moi aussi j'voudrais lire hein ?

Alors, immanquablement, la brune entreprenait une lecture à voix haute, expressive et haute en couleur, à la rousse qui s'installait à ses genoux, près de l'âtre, moment de douce complicité où les esprits, même à mille lieues les uns des autres en cet instant ne faisaient qu'un.




Citation:

Expéditeur : Katina_choovansky.
Date d'envoi : 14/12/2010 - 00:08:48
Titre : Pigeon Brugeois


Maitre, mon maitre, Majuscule au sein des minuscules, Point-virgule là où tout est point ou virgule, Oriflamme céleste là où tout se délave, Seleina, ma putain de brune,


Si tu crois que je vais me laisser niquer comme ça au jeu des Tout En Noir, tu te trompes lourdement (et ce, même si je t'aimeuh)
Sache déjà que moi aussi, même si Barbara n'est pas son prénom, j'aime beaucoup l'appeler ainsi.

J'aime à imaginer la déception de son père à la naissance de son treizième garçon, qui, levant un poing d'amertume au ciel, déclara vengeur, tentant de forcer le destin : « Nous l'appellerons Barbara, que ça te plaise ou pas, Aristote de mes deux ! » (Car j'aime aussi à croire que le père de Barbara avait assez de couilles - à priori deux et non pas trois comme la légende le dit - pour dire ses quatre vérités à Aristote, puisqu' il en avait assez pour engrosser sa femme treize fois !)

On pourrait ajouter un air, improvisé par un ménestrel ami de la famille adepte des arts, des lettres, et des ces statues de marbre dont on commence à parler à Florence. Pinçant les cordes de sa mandoline de ses doigts agiles et celles de la harpe de ses orteils encore plus agiles, il improviserait un chant pieux au milieu de cette scène de nativité.

On comprendrait alors beaucoup mieux que Barbara soit devenue le gros psychopathe que tu connais. Y a de quoi flinguer un nourrisson quand on y pense.


Maintenant, notons la copie de Barbara :

Q : Barbara a-t-il une armée de mercenaires légalisée à sa solde ?

R : Barbara a eu bien mieux que cela. Il a l'oeil... Bon je t'expliquerai un jour le pourquoi de ma remarque.

Notation : Non mais c'est quoi cette réponse à deux balles ? T'as de la chance que je sois curieuse. Pour la promesse d'une histoire autour d'une chope, je donne 7/10


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Q : Barbara fout-elle le feu aux cahuttes de gueux juste parce qu'elle a froid aux mains ?

R : Je nuance :
Non pas tout à fait, mais Barbara a chourré tout le bois pendant des mois pour construire un navire faisant indirectement crever de faim les indigents, y avait plus de bois pour faire cuire le pain à Limoges. La peste noire, de je ne sais plus quand, fut de la gnognote à côté.

Notation : C'est pas mal, mais ça suffit pas.
Il manque le second effet Tout En Noir. Un vrai Tout En Noir se serait posé en héro au moment où la situation se serait avérée critique en distribuant le bois en réserve dans sa forteresse, argumentant que décidemment, sans lui et ses hommes, vous seriez pas foutus de vous sortir les doigts du cul.
Pour sa prise d'initiative : 6/10
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Q : A ta troisième question :
Barbara peut elle assassiner en toute impunité un membre de l'opposition sans être inquiétée de la moindre sanction?

R : J'affirme que :
Pas exactement mais c'est tout comme, et même si ça ne l'était pas, y aura toujours un doute

Notation : Bien joué la brune, mais pour cette catégorie, il faut avoir été blanchi par le Conseil himself. C'est ça, le panache !
Pour réussir à faire planer le doute en entretenir la légende sur « Mais est ce qu'elle est vraiment aussi méchante ? », je donne un 8/10



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Q : Barbara a-t-elle déjà passé sa ville natale en ville franche pour qu'on l'entende mieux lors de négociations?

R : Je renchéris :

Elle a fait mieux ha ha ! Elle a commandité la prise du château de notre bonne vieille province par des mercenaires à sa solde... Ah ben si finalement elle a des tas de mercenaires à sa solde ! Ton tout en noir peut aller se rhabiller

Notation : Joli coup le château. Allez, 10/10


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Q : Barbara se vante-t-elle de n'aimer que son cheval et ensuite, égalité, les chèvres et les blondes à gros seins ?

R : Je suppute selon des rumeurs établies que Barbara aime tout ce qui bouge... Homme, femme... Je m'arrête là.

Notation : Moui, mais non. Un Tout En Noir n'est pas une grosse chaudasse non plus. Il ne concourt pas pour Miss Cagole. Pour son ouverture d'esprit néanmoins : 6/10


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Q : Barbara possède-t-elle un nombre de paire de bottes compris entre 126 et 128 ?

R : Je répondrai là aussi par l'affirmative parce que je suis sûre en tout cas qu'elle a le nombre de mantels qui va avec.
Et surtout, Barbara est-il Baron ? Bien mieux, il est vicomte

Notation : Ma chérie, erreur fatale. Rien ne vaut le titre de Baron parce que les baronnies s' (ont censées) attribue(r)nt au mérite dans notre beau royaume. Un Tout en Noir a forcément le titre de Baron dans son palmarès parce qu'il a été assez malin pour entuber tout l'monde et s'en être sorti glorifié !
Vicomte, c'est à la portée de tous, et pas souvent des plus méritants. Parce qu'il a quand même une particule : 3/10
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Annotation finale : 6.66 (Ah putain, c'est beau ça !!!)

Remarque d'ordre général :

Chère Barbara,

Vous avez sans nul doute beaucoup de défauts qui sont essentiel pour s'élever en tyran, mais nous sommes au regret de vous annoncer que cela ne suffira pas à rejoindre le club très select des Tout En Noir (et ce, malgré une notation finale qui déchirerait avec une religion où les chiffres 111 et 666 auraient une signification.) (Encore merci la parenthèse)
Néanmoins, le « Comité d'attribution des surnoms qui déchirent » vous félicite pour vos initiatives et vous enjoint vivement à continuer sur cette voie. Avec un peu de persévérance, dans une dizaine d'années, nul doute que les gueux illettrés claqueront des dents en entendant votre nom. Alors, vous sentirez enfin ce que c'est que le vrai pouvoir.

N'oubliez pas que toute critique est constructive,

Le comité d'attribution des surnoms qui déchirent.

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Enchainons !

Je suis ravie d'entendre que tu as commencé à amasser de quoi bâtir une légende de terre glaise. J'aimerais bien une statue de moi faisant des ricochets au bord d'un lac. Ca nécessiterait un peu d'ingénierie, un plan d'eau et un entretien régulier des jardiniers, mais ce serait du plus bel effet, non ?
Quant au surplus, t'inquiètes. Nous trouverons bien un moyen d'en faire quelque chose.
Vous avez bien un comté voisin dont la consanguinité vous effraye (on en a tous un. Nous, on en a même deux, mais bon, nous on a un caractère entier aussi, d'autres diraient que nous sommes juste de gros phylécastrope, je te laisse le choix de l'interprétation). On pourra aller leur balancer quelques kilos à la gueule un soir de beuverie.
Le reste, on en fera un parcours de piste noire pour luge. Tu verras, ce sera super.
Juste pour savoir, vous avez un bon hôpital dans le coin ?


Ici, nous sommes au beau milieu du tour comtal.

Nous allons de bled en bled, comme le veut la coutume. Les manants, ravis, sortent en masse de leurs cahutes pavées de géraniums et jettent des fleurs devant nos chevaux (et pas nos cheveux, sinon, ils se prendraient des beignes). C'est une liesse pleine de félicité qui anime leurs coeurs débordants d'amour et c'est souvent sur un cantique religieux que nous achevons nos arrivées triomphantes dans les villes.

Mmmm... plus sérieusement, ben c'est chiant comme un tour comtal. La nuit tombe à 14 heures. Tous les gueux crèvent de faim dans le coin et n'ont plus la force de se trainer sur le perron de leurs mansardes, ni même de venir saluer le gratin en taverne.

L'opposition nous jette même pas de cailloux, ils les sucent pour faire passer la faim. C'est la crise quoi.
Heureusement, y a la Fête des Fous.
Ca te plairait je suis sure.

Pendant une semaine, on se travestit, on se caricature, les gueux prennent des accents de noblesse et on file les torchons sales à laver aux Particules (enfin, celles assez courageuses pour sortir). Bref, c'est un joyeux bordel au milieu de toute cette grisaille. J'ai vêtu pour ma part mon plus bel habit de berger et me suis affublée de mon plus charmant surnom masculin : Lou Virilou (merci encore à toi, Jo, mon biographe personne -car oui, j'ai mon propre biographe- pour cette trouvaille qui me fait pleurer de rire dés que j'y pense).
On sent la rocaille et la garrigue dans la moindre voyelle ?

Je me la raconte à mort en chemise, gilet de mouton et sandalettes en lavande tressée, mais la vérité, c'est que je me gèle grave les miches. Vivement que cette connerie finisse et que je puisse retrouver mon manteau et mes moufles !



Concrètement, malgré tout ça, je m'ennuie un peu. C'est parce que je sais qu'on va partir. J'ai des fourmis dans les pieds dés que je regarde vers la frontière. Pis faut que je change d'air. Ces derniers temps, je ne me reconnais plus, je deviens sentimentale.
Ouais, ouais, j'ai bien dit « sentimentale ». T'as pas rêvé.
Seleina, les béguins, c'est des emmerdes à gogo.
Tiens ! C'est pire que la politique !
Ca donne chaud aux joues et après, ça fait sourire connement.
Alors je m'accroche à Limoges, à poser un pied botté en dehors de mon beau comté. Les Flandres sont ainsi. Il faut en partir pour se souvenir de pourquoi on les aime.
Foutu pays.



Pour t'aider à me trouver des trucs typiques lors de mon séjour, voici quelques pistes que je souhaiterai suivre : manger une spécialité locale, boire un alcool du coin, rencontrer un noble-un-vrai, payer un écu pour dormir dans une capitale vide où on ne croise personne en taverne, me faire arnaquer en achetant un souvenir hors de prix, m'engueuler avec la première personne qui rentre en taverne.
Evidemment, cette liste n'est pas exhaustive.



Pense au soleil du sud, à l'odeur de la caillasse qui chauffe prés d'un bosquet de thym sauvage, à une lamelle de saucisson au chant des criquets, et de l'odeur des pinèdes se mêlant au sel de l'air.
Tu vois le truc ?

Ben prépare toi, c'est pour là qu'on décollera.



Je t'embrasse,

N°3

_________________
Seleina
[quelques jours avant la Noël]



Ce satané chant ne quittait pas ses lèvres...


Oui ouiche iou euh méri la la....


Ô lecteur averti, nous t'épargnerons la suite de ce chant tout sauf mélodieux dans la bouche de la brune...

Les préparatifs allaient bon train et la maison fleurait bon le pain d'épices.

Nous en étions là de l'histoire de la brune et de la rouquine qui telle une tornade adolescente, décorait la pièce d'ornements en pâte à sel légèrement tarabiscotés, mais néammoins du plus bel effet.


Un coursier ailé plus tard, notre brune se trouvait en possession d'un pli à la fragrance épicée... Un admirateur ?

Haussant un sourcil, intriguée, elle le décacheta et en prit connaissance :




Citation:
bonjour

Je suis Nevgerel de Tournai, Prince des Cieux, Seigneur des Creux Moussus, Gardien Sacré des Dunes Impudiques, Dompteur des Vagues Indociles et Éminence Bleue des Flandres. Je viens vous solliciter car que je crois que vous êtes Maître troubadour et que Katina_Choovansky est votre disciple.

J'aurais voulu obtenir de vous un accès temporaire à la salle B612 dans le dessein de jouer un tour à Kat.

Requête par laquelle, vous le noterez, je manifeste auprès de vous la meilleure courtoisie car je ne suis point malhabile et dérober dans les jupons d'une servante un trousseau de clefs ne m'aurait pas coûté de grands efforts. J'ajoute même pour achever de vous confondre sous le poids de mon excellente éducation, que ce courrier n'a aucunement pour objectif de vous soutirer un accord que je préméditerais d'utiliser ensuite pour me défendre du tour joué à Kat par l'autorité de votre permission.

Dans l'attente de votre bon vouloir, je laisse votre ordonnance envaser ce bouquet de myosotis miraculeusement fleuri en hiver afin que vous ne m'oubliiez point.

Nev



Fort amusée par l'assurance sans bornes apparentes du fameux Nevgerel dont elle n'avait entendu que du bien dans la bouche de Katina, elle se mit aussitôt en devoir de lui répondre, non sans avoir au préalable collé le miraculeux bouquet de fleurs bleues dans un vase..




Citation:
Sieur des cieux,

Jouer un tour à numéro 3 projette une perpective luminescente sur mon imaginaire.

Ben quoi, moi aussi j'ai le droit d'user de mots ridicules non ?
Non, pas que les vôtres le soient... Enfin, là n'est pas la question.
Si mes yeux sont bien enfoncés dans leurs orbites, alors ils auront noté le détail suivant, je vous cite :

"dérober dans les jupons d'une servante un trousseau de clefs" ne vous coûterait donc pas de grands efforts ?

Qu'à cela ne tienne, vous piquez ma curiosité et je demande à voir...

Si vous parvenez à la chose, je vous jure de manger ce que vous voudrez bien me donner à ruminer.

Si vous échouez, alors je veux bien entrebailler la porte, après une reconnaissance en bonne et dûe forme de votre part attestant du fait irréfutable qu'il est totalement impossible d' accéder aux étages par vos propres moyens.

Je termine en disant que je saurais bien me dédouaner de vos hypothétiques et viles accusations quant à une complicité m'incriminant en vous accusant à mon tour de chantage honteux et machiavélique exercé sur ma faible personne.

Bien cordialement,

Seleina.

Ps : je me suis toujours demandé laquelle des deux était le disciple de l'autre...




Le pigeon partit, laissant la femme et l'enfant affairées en cette période d'avent.

Deux jours plus tard, un nouveau pli venait répondre à ce premier échange qu'elle lut avec une curiosité amusée :





Citation:
Bonjour,


J'ai bien reçu votre message et j'agrée à vos conditions... d'autant plus gracieusement, j'avoue, que vous prenez un si joli empressement à vous jeter en pâture à mes lubies ; car je vais réussir bien évidemment.

Mes délicats remerciements donc, en attendant de vous prouver ma divine rouerie.

bien à vous

Nev



Pouffant d'un rire sonore, sa plume toujours non loin d'elle, la réponse ne se fit pas attendre :



Citation:
Sieur,

J'ai bien pris note de la chose.

Ceci étant fait, il va sans dire que vous agirez à visage découvert, non par le biais d'une servante, sinon vous ne sauriez être celui qui triomphe, le mérite lui en reviendrait, rendant la chose caduque vous en conviendrez.

J'ai hâte de vous entendre déclamer ce poème à notre sublime L'oréal, en la salle B612.
Ce sera, je crois, un moment fort, point d'orgue, apothéose, nommez le comme vous voudrez, de l'année qui se meurt.

Bien cordialement,

Seleina.




Deuxième acte.


L'aube et le ciel enflammé avaient fait place à la nuit la plus noire que déjà à l'aurore suivante un pigeon zélé venait picorer à sa fenêtre, la sortait d'une bienfaisante torpeur.

A sa patte, ce pli :





Citation:
Bonjour Seleina et joyeuses fêtes,


Comme il me semble bien que je suis en passe de réussir mon défi, je vous soumets ce gage pour satisfaire votre appétit :

je réclame donc que vous me mangiez des yeux, je vous laisse le soin de ruminer ça comme il vous plaira.

bien cordialement

Nevgerel



Marmonnant pour elle même, elle s'enroula dans son châle et à la faveur d'une bonne flambée, répondit à l'impudent amusant.



Citation:
Très cher jeune pousse,

Je crois bien que pour cette dernière option vous pourrez vous gratter. Car après tout j'ai laissé des instructions pour que l'on vous laisse entrer. Ma grande piété conjuguée à une compassion incommensurable, alliée à un amour fraternel démesuré pour numéro trois ont sans doute joué en votre faveur.

Ne me remerciez pas... Ou si...
Jamais ne faites une once de mal à cette fleur entre toutes, ce lys parmi les roses, j'ai nommé Katina.

C'était ma minute lyrique.

Oh j'allais oublier...

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d'année.


Bien cordialement,


Seleina.



Elle n'était pas au bout de ses surprises , mais pour l'heure il était temps d'attacher ce pli à la patte de son fidèle pigeon et de préparer le petit déjeuner que son ventre creux réclamait à renfort de gargouillis.
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Seleina
Un pli, une écriture familière... Sur le dessus et souligné par trois fois ce mot : URGENT.

Citation:
Aux maîtres troubadours de la Confrérie,
D'Elianor de Vergy, Intendante Royale aux Menus Plaisirs
Salut et paix

Estimés maîtres troubadours,

A l'occasion du sacre de Sa Majesté la reine Béatritz, nous recherchons des conteurs, poètes, jongleurs et autres ménestrels afin de divertir les participants au banquet royal.

Les membres de votre Confrérie accepteraient-ils de se produire en cette occasion?

Courtoisement

Elianor de Vergy



En dessous une note de numéro 3 qui la sommait de venir illico au château, qu'ils fallait qu'elles causent.

Oh putain... Fut la réponse étouffée fort peu glorieuse de notre maître troubadour qui en cet instant n'en revêtait ni l'allure ni l'élégance.

Le temps de rallier sa chambre de se changer et de préparer de quoi se sustanter en route, de passer au château de Limoges expédier les affaires courantes, en route la brune pour la confrérie. Y avait un programme à concevoir. Un dîner spectacle à assurer.

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Seleina
[Interlude à la confrérie.]





Et de une.... Et de deux... Et de trois...

Il est bancal... J'te dis... Faut renflouer à gauche. Sinon il s'ra pas symétrique.



J'suis pas sûre. Ca lui donne un genre penché. C'est pas donné à tout l'monde. En équilibre précaire c'est tout un symbole. Et pi on pourrait parier sur l'moment où il va pencher un peu trop et s'vautrer non ?


Hum... Se ralliant à l'argument

T'as ramené la carotte et l'écharpe que j'ai tricotée ?

Tu veux dire l'espèce de chose tressée qui r'ssemble à une serpière.. Oui.

Silence stoïque de la brune.


Un air goguenard s'affichant sur les lèvres, la rouquine insolente affubla de ses attributs le pauvre être grotesque, dont l'existence éphémère était liée aux aléas climatiques, perçant un étrange sourire grimaçant, d'une rangée de cailloux noirs, sur sa face ovoïde.


Et c'est ainsi qu'elles se trouvaient, sous le châtaigner du parc, s'extasiant sur leur oeuvre.

_________________
Seleina
[une oraison funèbre ]



Imaginez un ciel anthracite, de plomb, chargé de nuages comme jamais, bref un ciel de gris sans un seul carré de bleu.

L'un de ces ciels à couper au couteau, à vous faire étrangler le plus petit rire, à étouffer dans l'oeuf la moindre vélléité de bonne humeur...

Vous y êtes ?

Et bien ce jour là... Il faisait beau. Un de ces temps d'hiver froid et sec, un azur à perte de vue... Et pourtant ce jour là, le coeur de la brune avait pris la teinte du premier ciel que je vous ai décrit plus tôt.


La raison ?

Son "americain style". Léon. Prénommé ainsi par Atalante parce qu'il le valait bien.

Léon qui était programmé le jour même pour être charcuté comme il se doit.

Ce léon là donc.... Venait de calancher.

Diagnostic sans appel... Mort de mort naturelle...

Perplexe, la brune, qui venait de creuser la fosse dans laquelle le corps sans vie serait déposé, se demanda pourquoi ce satané porc n'avait pu attendre un jour de plus pour décider comme ça, sans même le lui demander, de mourir aussi crûment.


Des jours de soins intensifs, gavé exclusivement avec du maïs... Une perte sèche... Pas moins de 8 carcasses de perdues...


Un soupir plus tard, la bête déposée dans son trou, le trou rebouché et tassé par une Atalante hermétique, une question fusa :



Dis... Tu lui fais une oraison funèbre s'te plait ?

Euhh... J'sais pas si c'est la coutume tu sais...


Ben on s'en fout d'la coutume... On peut pas l'laisser partir au paradis des cochons comme ça sans rien dire pour l'aider à y aller.

Si caustique et parfois encore si naïve la rouquine ...


Bon... Puisque tu y tiens....


A toi Léon.


Poil au menton.

Un toussottement, un regard en biais, la brune continua sur sa lancée :
Tu fus un beau cochon.


Ouah la rime hé c'est coton...

Jamais ne te plaignais, toujours tu grognais...
Comme un débonnaire et aimable jambon.
Jamais au grand jamais et c'est à déplorer,
Ton fumet ne viendra embaumer nos maisons


A toi mon cher Léon qui en ce jour de deuil
es mort misérable, si semblable à la feuille
en direction d'Atalante : la feuille morte quoi...

Quand tu gambaderas léger comme une plume


La brune se mit à sécher... Allez trouver une rime en ume... Enclume.... Brume...

Elle reprit le dernier vers :


Quand tu gambaderas léger comme une plume au vent...
Dis toi bien qu'ici bas nous sommes en tourment.


La foule en délire se résumant à la gamine, elle eut droit à un :


Ouais, c'est potable pour un cochon,
c'est une bonne oraison.

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