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[RP] D'un atelier et autres billevesées, litotes et cie.

Erabal
Erabal qui passait par là... une ronde sur le marché comme une autre... s'arrêta... indiscret... voyant la jeune Atalante discuter avec Gueldnard... avait écouter la conversation.

Torture d'entendre ses mots... de savoir la Dame dans cet état...

fit demi tour... et retourna en sa taverne... un sourire aux lèvres... dépit... peut être... se dire qu'ils se trouvent... peut être... que c'est fini... peut être aussi...

laisser les choses suivre leur cours ...
reprendre sa route... bouger, agir pour ne plus penser...
essayer en tout cas.

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Arnaut_de_malemort
Seleina... Pourquoi un tel engouement pour une femme ? Décidément la seule qui trouverait jamais grâce à ses yeux était celle là même qui l'avait enfanté : Nebisa. Arnaut avait eu beau côtoyer la jeune femme pendant longtemps, il ne retrouvait plus en lui les traits gracieux de sa simplicité. Ce sont les pieds d'argiles qui donnent à la statuette d'or toute sa valeur. Les siens ne sont pas en argile, les siens ont été passés par le feu, et ce que le feu ne détruit pas, il le durcit*. Le conseil comtal avait fait de Seleina une personnalité phare du Limousin. Présent sur de nombreux front, connu pour son intégrité à toute épreuve, sa droiture, son ouverture, réputée plus que le Malemort, au delà de la jalousie s'élevait un souffle d'injustice. Une élévation quelque peu prématurée au rang de noblesse ; sa simplicité ne l'éloignait que trop de la naturelle grandeur des femmes du Limousin, aujourd'hui portées aux fonctions royales.

L'estime sans borne des conseils successifs était effectivement méritée. Avait-il perdu sa Seleina ? Celle qui gentillement lui rappelait sa place, celle qui aujourd'hui pouvait s'enorgueillir d'avoir appris les joies de la modestie au grand Arnaut de Malemort, celle là même avait sous doute disparue sous le poids des responsabilités. La graine du doute était semée, et poussait le jeune Malemort à sonder en lui-même pour mieux grandir. En dépassant le Malemort, Seleina avait perdu l'irrésistible charme de la fragilité.


*Oscar Wilde.
Seleina
[ Un fief à exploiter]

Ce matin là fut l'apogée de tous.
Perdue dans la tiédeur molle d'un cocon tissé par Atalante, la brune repassa le fil des derniers événements.

Dans sa tête bien faite tout fut analysé, décortiqué, minutieusement retourné pour en arriver à la conclusion suivante :

Il lui fallait des mots pour guérir ses maux.

S'agenouillant, légère, sur sa couche en pagaille, les yeux rivés au carré de ciel découpé, s'imbriquèrent, précises, les idées frémissantes, qui dans sa tête trottaient depuis déjà un bout...

Son domaine servirait à cela... Elever les esprits, permettre à ceux dont la fibre artistique sommeillait doucement, de venir s'exprimer, et ce par tous les biais, en cette cour immense qui serait le théâtre de ce qu'elle espérait être un fourmillement.


Atalante ! Viens ici.. J'ai à te causer.

Un visage finement ciselé, encore marqué par l'enfance apparut à la lisière de la porte.

Hann... Bon sang ! T'as parlé ... T'as parlé ?

La brune ouvrit les bras en guise de réponse. L'autre s'y engouffra, mêlant ses cheveux roux à la masse d'ébène, mêlant son rire fou à celui de sa reine.
_________________
Seleina
[Une réponse au chef des troupes]

Une lettre griffonnée à l'attention express du comte Malemort.



Citation:
Limoges, le 10 mars,



A sa grandeur toi.


Salut et paix comme dirait l'autre.


L'on m'a transmis ta déclaration. Atalante aime bien recopier, elle a vite appris à écrire. Je l'ai parcourue.
Une phrase me chiffonne cependant. Tu écris ceci :

Certains membres du conseil sortant, justement éprouvés par notre ambition pour le Limousin, notre exigence notable à l'égard de nos conseillers, et les procédés parfois injurieux mais surtout maladroits de certains conseillers à la rancœur exacerbée, ont démissionné ce matin de leur charge au sein du conseil.

Tu sais aussi bien que moi que je ne suis guère éprouvée par les exigences quelles qu'elles soient envers les conseillers. Relever les manches, je sais faire et je pense l'avoir démontré.
Les joutes verbales avec le vicomte sont loin de m'émouvoir, mais quand je vois l'acharnement qui est pratiqué sur certaine conseillère pour ne pas la nommer, là je ne suis plus d'accord.

Vos ambitions pour le limousin ne me font pas peur. Je demande à voir si elles seront applicables.

Le traité d'extradition me semble une excellente idée comme je l'ai dit à maintes reprises, le seul bémol étant la forme et le cadre à y aposer. Mais je ne vais pas revenir sur ce débat.

Un marché libéré de toutes contraintes je demande à voir...
Je crains la réaction des maires qui sera sans doute houleuse... Mais suis-je bête, le vice comte compte les remplacer pour leur incompétence... J'ai hâte de voir ça.

Pour finir je dirai que tu ne m'as pas laissé le choix.
Démissionner est devenu une obligation au final.

Mettre à la procure un brigand notoire qui a pris plus de mairies à lui seul que la moitié des brigands du royaume est d'une logique imparable.

Vois-tu, il y a bien trop de choses qui font que cette démission, c'est toi qui l'as programmée.

Bien cordialement,

Seleina.


P.S : J'ajoute ici copie d'un courrier que tous peuvent voir en salle des dépots et saisines à la chapelle des hérauts d'arme de France. Pas sûre que ton procureur soit raccord avec la loi sur l'eligibilité...


Citation:
De Nous, Phelim Guerrero dict l'Imprévisible, Héraut royal ès-justice dict Astrée,

A vous, Attila Caligula d'Ysengrin, vicomte de Saint Pardoux et baron de Laroche Canilhac,

    Salutations,

    Par la présente, nous vous informons que, la précédente Comtesse du Limousin et de La Marche, Antoinette Diane de Tartasse Mirabeau de la Rotonde, a déposé une plainte héraldique contre vous à cause de vos agissements en alençon.

    Dans un premier temps, son souhait est que vous receviez un courrier de rappel à l'ordre, dans le but aussi bien que vous puissiez voir vos erreurs et les corriger avant que des sanctions ne tombent à votre encontre.

    Pour vos fiefs de Saint Pardoux et de Laroche Canilhac, vous prêtez serment d'allégeance envers le Comté du Limousin et de La Marche. Il en découle des devoirs que vous avez envers vos suzerains, dont l’un d’eux est de ne jamais nuire à son suzerain, à ses terres ou à ses biens.

    Hors, de par vos agissements dans le Domaine Royal, plus particulièrement en Alençon, où vous avez eu de nombreux procès, où vous vous êtes affichés avec des brigands qui avaient tenté de prendre le pouvoir, où vous êtes apparu sur une liste mené par des personnes peu fréquentables, où vous avez ouvert une taverne portant le nom de leur bande et j’en passe .. vous avez ainsi porté à répétition le discrédit sur votre suzeraine et donner une très mauvaise image de ses vassaux, dont elle peut elle même avoir à répondre de leur acte auprès de sa propre suzeraine, Sa Majesté la Reyne de France.

    Aussi, nous vous invitons à être désormais plus attentif à bien tenir vos promesses vassaliques et à ne pas hésiter à rester en contact avec votre suzerain pour vous assurer que vos actions ne vont pas lui nuire.

Faict à Paris le vingt deuxième jour du mois de Janvier de l’an de grasce mil quatre cent cinquante et neuf.

Astrée.




PS : De manière moins officielle mais peut-être en plus direct et clair que ma lettre, j'ai un message de votre tata à vous transmettre. Rentrez tout de suite en Limousin vous marier avec une mégère et copuler pour agrandir la famille plutôt que de faire des sottises en Limousin.

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Arnaut_de_malemort
Il avait besoin de temps pour réfléchir, calmer les esprits, et trouver les mots pour répondre. La démission de Seleina, bien plus que celle d'Antonia, fut vécu amèrement. Lorsqu'il eu un peu de temps, entre deux dossiers d'importance capitale, il en géra un troisième plus personnelle.

Citation:
Ma très chère Seleina,

Ce n'est pas à moi que tu dois justifier ta démission, mais aux limousins qui ont placé leur confiance entre tes mains, et celles de tes colistiers de la liste DPP. Ne me rend pas responsable de tes actes, se désavouer ainsi est indigne de toi ; tu ne gagneras pas si facilement ton brevet de femme intègre. Si tu avais la volonté sincère de travailler à nos cotés, ta démission fut de trop. Tu as remporté moult batailles, et je suis peiné de voire que tu renonces à celle-ci, alors même que nous étions côte à côte. Si j'ai suspendu mon ressentiment face aux procédés injurieux du Vicomte D'Ysengrin, c'est parce qu'alors, je n'étais pas Comte de plein droit.

Tu sais que je suis de nature généreuse, même si je suis parfois maladroit à le montrer. L'indulgence faite à l'égard du Vicomte vient de ma foi profonde, et l'amour que je porte à mon prochain n'est justifiable que devant le Très-Haut. Nombreux sont les ragots, rumeurs, qui circulent sur chacun d'entre nous, j'ai choisi de me forger ma propre opinion. En lui, je n'ai retrouvé aucuns des défauts malfaisant qui pourraient justifier une quelconque haine durable à son égard. Après trois mandats à la tête du Limousin & de la Marche, j'accorde à Antonia suffisamment de caractère pour lui laisser gérer ses rivalités à sa manière. Tu as fait ton choix, et tu l'as choisi elle.

Ta constance t'honorera toujours. Ton coeur doit être haut, ta volonté fidèle et ta vue claire, pour pouvoir sérieusement te tenir à toi-même lieu de doctrine.

Très chaleureusement,

Arnaut


Ils s'écrivaient en tant qu'ami, aucun scel n'était nécessaire, et encore moins le comtal.
Seleina
Après avoir lu le pli d'Arnaut, la brune resta un instant pensive, tentant de démêler au travers de cet écrit officieux la sincérité du politiquement correct. Elle aurait voulu accorder davantage de crédit à ce qu'elle lisait, mais n'était pas dupe.
Nombre de fois elle avait constaté que le jeune Malemort biaisait, déviait et tournait toujours les faits à son avantage, sans jamais chercher à comprendre le pourquoi du comment, l'essentiel étant de ne jamais approfondir et toujours rester léger voire superficiel.

Répondre servirait-il à quelque chose ?
Elle en doutait.

A quoi bon puisque de toute façon, ce serait un coup d'épée dans l'eau.

Au nom de l'amitié qui les avait liés un temps, elle prit le parti de s'en moquer et affuta sa plume.


Citation:

Limoges, le 12 mars 1459

Arnaut sa grandeur,


Aucune justification, jamais. Des constats, toujours.
Ce n'est point un renoncement.

C'est une désolidarition ferme et affirmée de la politique que vous comptez mener et qui consiste à vouloir tout révolutionner en deux mois, sans forcément que cela aboutisse à une amélioration.

Je ne dis pas que toutes les idées sont mauvaises non.
Je pense que vous vous éparpillez.

Il me semble aussi que ta mauvaise foi ne connait plus de limites.
Tu te targues d'avoir été plébiscité par le peuple, ta liste ayant obtenu quatre postes.
Certes. Cependant je te rappelle que les listes Rêve et DPP ont obtenu 3 postes chacune, celle du leu venant bonne dernière.

D'autant que par deux fois toi et Sindanarie avez obtenu à part égale les votes des conseillers.
Aussi, tu fais les choses à moitié ou à l'envers.
C'est Sindanarie qui aurait dû obtenir le poste de vice-comtesse et régner à tes côtés. L'alliance que tu as faite avec le leu est un choix issu d'un calcul basé sur quelque sombre accord que vous aurez passé. Nous en connaissons aujourd'hui la teneur hélas .

Mais n'oublie pas que tu as été élu par dépit, parce qu'il fallait débloquer la situation. La moitié des colistiers ne te voulait pas tête pensante.

Je suis partie aussi pour cette raison.
Le pouvoir pour le pouvoir n'est pas dans mes habitudes.
Ma vue est claire oui, les principes qui régissent ma vie aussi.
Si pour être juste et droit il te faut une couronne, alors l'heure est grave.
Tu aurais du tout naturellement faire en sorte que les débats se passent autrement, puisque tu te réclamais de la couronne.

J'en ai fini avec mes explications, qui, je le pense, ne serviront qu'à te faire sourire et qui rejoindront sans doute les bûches crépitant dans l'âtre de la cheminée de ton bureau.


Cordialement,


Seleina.



Puis, après avoir fait le nécessaire pour que le pli soit apporté à son destinataire, elle se rassit à cette fenêtre, lien qui la retenait à la réalité, son esprit vagabondant déjà, fredonnant une berceuse qu'elle chantait à Atalante quand, petite, les cauchemars engloutissaient ses rêves.

**Fleur aux pétales d'or,
Répands ta magie
Inverse le temps,
Rends moi ce qu'il m'a pris....

Guéris les blessures,
Eloigne la pluie...
Ce destin impur,
Rends moi ce qu'il m'a pris...
Ce qu'il m'a pris.



Ses doigts accrochèrent le carreaux, sombres pensées.





** Chant de l'incantation. Raiponce. (trop d'la balle ce dessin animé ^^)
_________________
Zeinar
[Une sortie]

Le soir, à l'heure où finissent de se consumer les dernières bougies, au château chacun s'apprête à quitter son bureau pour rejoindre sa couche. C'est là que Zeinar décide de sortir de sa boite.
S'infiltrant discretos dans le bureau du comte, l'brun écarte toute la paperasse inutile pour étaler son parchemin plein centre.


Citation:
En ce onzième jour de mars de l'an de grâce 1459,

Moi Zeinar, démissionne de mon poste de conseiller comtal. Comme aucune fonction ne m'a été attribuée à l'heure où je couche ces mots, les conséquences de cette décision ne seront que de moindre ampleur.

Les comportements inadaptés, déplacés, sans commune mesure perpétrés à l'encontre d'une certaine conseillère, et ce sous couvert d'une faux prétexte politique, m'amènent tout naturellement à prendre le chemin de la sortie.
Ne serait-ce que parce que la notion même de respect, tel que je la conçois, a été bafouée.

N'étant pas directement concerné par cette acharnement moral, inutile de prétendre une seule seconde que je puisse craindre les débats obligés et parfois houleux se déroulant au sein d'un conseil, ou que j'appréhende les contraintes naturelles liées à tout exercice politique.
"J'en ai vu d'autres" comme on dit.
Non, les raisons de ce choix sont bien différentes, et ma conviction que les limites du respect ont été dépassés se suffit à elle-même. J'espère qu'elle suffira également à convaincre les sceptiques, puisque j'ai parfaitement conscience des interprétations douteuses et des propos dépréciatifs qui suivront ce geste.
Dans tous les cas la décision a été murement réfléchie et je l'assume pleinement.


Faites au mieux pour le Limousin,
Bonne continuation à vous,
Zeinar.


Puis de dérouler le second parchemin qu'il venait de rédactionner - adore c'mot là comme beaucoup d'autres- dans un moment d'intense inspiration, l'truc divin qui touche sans prévenir et qu'on attend ensuite toute sa vie. Une version mammouth pour celui-ci, taille de police 72 à vue d'nez. Impossible de n'pas le voir.
Citation:

Oyez oyez,

Vous n'en pouvez plus d'écouter les mouches voler?
Vous vous embêtez comme un rat mort à l'heure du goûter?
Vous cherchez une bonne excuse pour échapper aux gosses brailleurs et baveux du voisin dont vous devez vous occuper chaque soir?
Vous avez toujours eu l'âme créatrice et vous rêvez qu'on reconnaisse enfin votre génie?
Vous souhaitez réussir votre vie?
Vous désirez pouvoir dire à vos enfants "j'y étais"?

Vos aspirations profondes n'ont pas encore été énoncées ci-dessus?

N'en demandez pas plus et courez vous inscrire à la nouvelle commande d'œuvre picturale ... qui déchire tout faut bien l'dire.

C'est par

ps: Merci d'aller y faire un petit tour si vous l'pouvez ... ou j'vous casse la figure.


Plus tard il disséminerait des copies de l'invitation dans diverses salles, se rendrait compte que le leu veillait tard, aurait droit à une ultime remarque en guise d'adieu.

_________________
Seleina
[Retour de tribunal]


Ce matin là, l'on vit une tornade brune traverser les rues de limoges maugréant, poings serrés...



L'aut hé... Pi quoi encore ? Sale type ! La mauvaise foi, c'est infroyable d'entendre ça...

Arrivée chez elle, une autre lettre émergea de sa plume nerveuse :


Citation:
Messer Kartouche,

Le bon jour.

C'est en simple citoyenne que je vous écris ce jour.
J'ai suivi de près la reprise du procès Valeureux, ayant moi même instruit l'affaire comme vous le savez.

C'est assise au fond de la salle que tout mon être a été profondément scandalisé par l'applomb dont a pu faire preuve l'accusé, ce marouffle, lors de sa deuxième plaidoierie.

Je dénonce ici ce faux témoignage, n'ayant jamais croisé cet homme de quelque façon que ce soit à Limoges, mis à part au tribunal, concernant cette affaire.

J'ajouterai que la victime est venue me voir le jour même de l'agression, à la première heure, mon bureau étant ouvert très tôt, qu'il n'a donc pu voir sieur Valeureux que par la suite... Et quand bien même, je doute que l'accusé ait pu embaucher sieur Aretas vu l'état dans lequel il se trouvait ce jour là.

J'ajoute qu'à la suite de cet odieux témoignage, je suis allée vérifier en mairie les diverses embauches. Sieur Valeureux possédant un potager, les récoltes fréquentes imposent des embauches fréquentes. Or aucune embauche à son nom n'a été déposée depuis le 7 mars, jour des derniers relevés encore visibles en mairie. Je précise aussi qu'en tant que procureur, j'ai l'habitude d'aller viser les différentes annonces, et que je ne vois jamais le nom de l'accusé figurer parmi les employeurs. Comme par hasard, ce jour là, il embauchait la victime. Drôle de coïncidence.


Je porte ce jour plainte contre ledit Valeureux, pour faux-témoignage entraînant des propos diffamatoires à mon encontre. Je pense avoir démontré que mon sens moral est au dessus de tout soupçon et ne souffrirai pas que la justice soit ainsi trompée.


Bien cordialement,


Seleina Romans.

_________________
Kartouche
Dans le bureau du juge. Depuis qu'il est arrivé, il n'a pas encore eu le temps de s'installer vraiment. Son premier -et seul- ordre aux gens de l'entretien aura été de les faire rehausser la table d'une bonne coudée ; il écrit debout. Il aimerait bien trouver un tableau pour à suspendre en face de la cheminée, mais il ne sait pas trop quel genre adopter.

Citation:
Dona de Neuville,

Je prends bonne note de votre plainte, quand bien même elle est superflue.

Vous connaissez comme moi cette charte de bonne justice du royaume -à laquelle je me plie de mauvaise grâce en attendant son invalidation- qui fixe qu'un délit commis lors d'une audience ne peut faire l'objet de poursuites séparées, à moins que le premier procès ne débouche sur une relaxe.

Vous savez aussi que le cas échéant, l'instruction de l'affaire incomberait au procureur, et non à moi-même.

Il se trouve que vous avez de la chance et que vous n'aurez pas besoin de faire appel au vicomte Attila. Mes conclusions sont que l'homme est coupable de brigandage avec récidive, doublé de fausse déposition et de propos calomnieux à l'encontre d'une noble dame. Je me demande s'il ne ferait pas un bon candidat pour la potence, mais j'ai deux problèmes : je n'ai pas de bourreau, et je ne pourrais alors pas le condamner à s'excuser publiquement devant vous.

Bien à vous,

Kartouche
>

P.-S. Je n'ai toujours pas eu l'occasion de faire porter au cadastre ma résidence dans la cité. Quand pourrais-je vous trouver à la mairie ?


Sa plume reposée, il plie le parchemin en quatre et sort de son bureau. Vous l'aurez compris, il n'a pas besoin de se lever. Le garde qui tourne en rond dans le couloir ce jour-là est un chanceux.

«Jacquot !
--Monsieur le juge ?
--Monsieur Kartouche... pas monsieur le juge.
--Je sais, mais moi, c'est Fernand, pas Jacquot...
--Hmpf... c'est vrai, t'as encore tes deux oreilles. N'importe, il faut porter ce pli urgent à dona Seleina Romans.
--Mais... monsieur Kartouche, je dois patrouiller.
--Ordre du juge, on n'discute pas ! Et puis les seuls vilains, ici, ils sont enfermés dans des bureaux luxueux... Allez, va !
--Où ?
--À Limoges. Débrouille-toi pour trouver l'adresse. Et si elle est sur ses terres de Neuville, portes-y la lettre toi-même...
--Grmbl, grmbl...»

Le garde s'éloigne de quelques pas.

«Fernand !»

Il se retourne. Kartouche lui jette deux écus, que le garde ratrappe avec agilité. Ça ferait deux bons souleurs, à tous les coups.

«Tu boiras une prune à la santé du juge en rentrant.»
_________________
Une lettre écrite par Kartouche est utilisable dans vos narrations ou par votre marionnette, si elle a pu se la procurer. A priori, la réciproque est vraie aussi.

Réformé, fouble bourgeois, journaliste, reître, émérite...
Seleina
Accusant réception du pli, la jeune femme, dubitative quant à la réponse donnée renvoya le pli suivant :




Citation:
Cher messer Kartouche,


Vous me voyez là fort étonnée.

Il va de soi que si vous tenez compte dans votre jugement de circonstances aggravantes pour faux témoignage, je saurai m'en contenter, cependant je vous rappelle l'article en question relevant de la charte de bonne justice :

Citation:
Des délits commis en audience :
Les délits commis en audience par l'accusé peuvent être utilisés comme circonstances aggravantes au présent verdict. Cependant, ils ne peuvent être seuls à la base d'une condamnation dans le procès où ils ont eu lieu, en vertu du droit à la défense.



Si l'accusé est reconnu innocent des charges initiales, un second procès doit impérativement être ouvert pour les délits commis en audience.

Cette solution est également applicable si le délit n'a pas été retenu comme circonstance aggravante.


Il me semble que cette dernière phrase résume tout. Si le faux-témoignage n'a pas été pris en compte en tant que circonstance aggravante, l'on peut aisément ouvrir un nouveau procès.


Je vous précise cela ayant l'impression que vous avez une compréhension faussée de cet article de loi.



De même il me semble que votre erreur vient de l'interprétation que vous faites de cette phrase :


"Cependant, ils ne peuvent être seuls à la base d'une condamnation dans le procès où ils ont eu lieu, en vertu du droit à la défense."

A mon sens cela veut tout simplement dire que le délit commis lors d'un procès ne peut seul suffire à condamner le prévenu pour le délit initial énoncé dans la mise en accusation.

Après avoir éclairci ce point, j'aurais d'autres questions à vous poser...

Concernant les procès en ccopération judiciaire des affaires Pulemetchick et Shigella les deux complices de brigandage qui sont tous deux érudits... Pouvez vous m'expliquer la différence de peine dans les verdicts prononcés ?

J'attire votre attention sur l'article suivant émanant de la charte de bonne justice :


Citation:
De la proportionnalité et de l'égalité des peines :
Les peines doivent être proportionnelles aux actes reprochés. Des variations sont inévitables entre provinces, entre juges et même d'une affaire à l'autre. Néanmoins, ces différences doivent rester raisonnables. En particulier, si plusieurs complices participent à un même délit, ils doivent recevoir des peines similaires. Le droit de Grâce n'est pas directement concerné par cet article.



Il me semblait aussi qu'en tant que procès ouverts suite à une demande de coopération judiciaire c'était au juge de la province requérante d'énoncer son verdict.
Est-ce vous qui avez rendu le jugement ?


Je réitère ici mon offre. Si vous aviez besoin de la moindre information concernant les affaires à solder, nous sommes disponibles Zeinar et moi.
N'hésitez pas.


Bien cordialement,

Seleina.





































_________________
Seleina
Il fut dit que le coq chanterait trois fois ce jour là...

Un premier pigeon, suivi d'un deuxième à quelques minutes d'intervalle, suivi d'un troisième... Et toujours le même courrier accroché à leur patte, le même contenu à la virgule près.



Citation:
Expéditeur : Esyllt_catarina de la Louveterie-Juliani Monfort
Date d'envoi : 15/03/2011 - 15:10:09
Titre : Lettre à un curieux !
Bonjour Seleina,


Je me présente, je m?appelle Esyllt Catarina. Tu résides en Limousin et comble du bonheur, je suis la Chancelière Limousine. Ce qui fait de toi un potentiel ambassadeur que je pourrais recruter.

Cela t?intéresse ? Alors lis la suite !
Tu ne comprends pas ce que je raconte ? Alors lis la suite !
Tant que tu gagnes des écus, le reste tu t?en fiches ? Alors lis la suite !

Un ambassadeur est un Limousin que nous faisons voyager pour qu?il aille récolter les informations chez nos voisins et entretenir des relations. Grâce à son assiduité, il peut signer des traités, tisser des liens avec des Princes et de grands personnages. S?il est efficace, on aura la paix, donc pas de pénurie sur les marchés, donc des écus pour tout le monde. Des routes sures où l?on pourra voyager sans crainte de se retrouver dans le bas côté, hébété et sans le sous.

Tu veux en savoir plus ? Alors écris-moi et je te tiens au courant.

Bonne journée, et à très vite !






Missives auxquelles elle répondit de bonne grâce, inventant le concept du trois en un pour le coup.




Citation:
Chère conseillère,

Le bonjour,


Fichtre, je vais finir par croire que vous m'aimez...


Rien que trois missives reçues ce jour concernant le pavillon des émissaires et la possibilité d'embrasser une carrière haute en couleurs...

Vous serait-il possible de faire la morale à vos pigeons ?


Une belle journée à vous.


Bien cordialement,

Seleina.



Deuxième option, la rousse voulait à tout prix la voir débarasser le plancher et c'était une façon subtile de lui faire passer le message ?
Trois lettres, deux possibilités.
Aurait-elle présumé de sa côte de popularité ?

_________________
Kartouche
[La veille]

La réponse n'avait pas tardé à venir. Et une lecture rapide avait arraché un gromellement au juge. Comme s'il n'avait que ça à faire, se justifier pour des broutilles. C'est donc sur la pile du lendemain qu'atterit le pli.

[Jour J]

Nouvelle journée, mais qui s'annonce étrangement similaire aux quatre précédentes. Le matin debout dans son bureau pour traiter ses affaires courantes, l'après-midi sur sa chaire au tribunal pour rendre son verdict -aujourd'hui, il y en a un qui est prévu-, le soir assis à la table du conseil pour s'engueuler avec ses collègues. Quand même, y a pas à dire, mais la vie de juge, c'est prenant. Avec ça, il n'a toujours pas eu le temps de se faire tirer le portrait.

Citation:
De Limoges, le 16 mars,

Dona de Neuville,

Moi, je suis marri. Je ne me souviens plus guère de ce que j'ai écrit, mais il semble que cela devait manquer de clarté. À moins que vous ne le fassiez exprès, auquel cas je vous en voudrais.

La règle à laquelle je faisais allusion, et que vous citez fort à propos, me permet d'une certaine façon de me saisir moi-même des délits commis en audience dans le cas où l'accusé est reconnu coupable des charges initialement retenues contre lui par le procureur dans cette audience. Certes, ces délits-là ne peuvent à eux seuls justifier un verdict de culpabilité, et certes, je peux choisir de ne pas les retenir comme circonstances aggravantes et attendre du procureur qu'il instruise une nouvelle affaire.

Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, mais vous noterez sans doute, en relisant mon précédent courrier, que j'ai conclu à la culpabilité de l'accusé, et que j'ai choisi de considérer comme circonstances aggravantes les écarts de langage du coupable. Ceci répond aux deux exceptions prévues par l'article de la charte de bonne justice relatif aux délits commis en audience par un accusé.

Je ne m'étendrai pas sur ce qui m'a permis de conclure à la culpabilité de Valeureux ; en tant que procureur ayant instruit l'affaire, vous le devinerez aisément. Je vais toutefois prendre le temps de vous expliquer pourquoi j'ai choisi de traiter le faux témoignage et la calomnie dans la même audience.

Premièrement, vous vous accorderez sans doute avec moi pour dire qu'un faux témoignage ne devrait pas pouvoir faire l'objet d'une nouvelle instruction ; je suis intimement convaincu qu'il s'agirait d'une forme d'acharnement que de reconvoquer un prévenu accusé de faux témoignage lors d'un nouveau procès alors que l'on aurait pu traiter les faits au cours du premier.

Soit l'inexactitude ou la fausseté du témoignage sont découvertes au cours de l'audience, auquel cas il convient de prendre cela en compte à titre de circonstances aggravantes, soit cela est découvert une fois le dossier clos, auquel cas on peut tenter de faire réviser le procès en appel en demandant un dérogation au président de la Cour d'appel à la règle fixant un délai de 15 jours entre le verdict en première instance et la demande d'appel ; il me semble que des affaires de ce type ont été acceptées lorsque de nouveaux éléments apparaissaient. Mais ce n'est pas notre problème, puisque le faux témoignage est ici découvert avant que le juge n'ait rendu son verdict.

Deuxièmement, j'espère que vous serez d'accord avec moi pour dire que les allégations de Valeureux portant sur une relation ou une complicité entre Aretas_main et vous s'inscrivent dans le cadre étroit de cette audience et de l'affaire dont elle traite. L'accusé tente de remettre en doute la morale du plaignant et de procureur et l'indépendance de ce dernier, se rendant par là coupable d'outrage à magistrat. Ce n'est pas comme s'il insultait la première Limousine venue. À ce titre, j'ai choisi d'appliquer la première partie de cet article de la charte de bonne justice. Parce qu'il me semble que si on ne l'utilise pas là, on ne l'utilise jamais, et on se rend coupable, à mes yeux, d'acharnement judiciaire.

Troisièmement, ma décision est motivée par des raisons administratives. Le procureur a déjà de la peine à instruire les trois ou quatre affaires déposées pendant la transition, je ne vois pas l'intérêt de lui en ajouter une nouvelle alors que je peux m'en occuper moi-même. Accessoirement, rien ne garantit que l'on puisse se saisir facilement de Valeureux ultérieurement.

Concernant les affaires Shigella et Pulemetchik, vous avez accès, comme tout citoyen limousin, au verdict que j'ai rendu le 12 mars ; vous y trouverez les raisons motivant mes deux verdicts. Comme ces dossiers sont encore dans mon bureau, je vous accorde de venir y jeter un oeil, discrètement ; vous pourrez notamment y prendre connaissance de ma correspondance avec le juge de Berry, qui ne manquera pas, j'en suis sûr, de vous rassurer, à défaut d'assouvir votre curiosité.

Et vous aviez vu juste, puisque cest effectivement moi qui ai rendu le jugement dans ces deux affaires, en vertu de la procédure fixée par le Pacte des Deux-Clefs. Je vous renvoie à la section II, article 4.c de ce traité, cela vous évitera de chercher si jamais vous ne me croyiez pas. Tous les traités de coopération judiciaire ne fixent pas une procédure identique ; en particulier, il en est qui remettent le jugement entre les mains du juge de la province requise.

Voilà, Dona de Neuville, mes justifications. J'espère que vous me pardonnerez de la violation flagrante de l'article II.2.2 du coutumier que je viens de commettre, et que vous garderez tout ceci au fond d'un tiroir bien fermé. C'était de bonne foi, et il n'y avait pas de préméditation ; soyez clémente.

Pour le reste, si votre proposition me touche, mon prédécesseur m'a laissé une très bonne synthèse des affaires instruites sous votre mandat, ce qui me permet de la décliner. Par contre, vous pourriez peut-être proposer vos bons offices à mon procureur, qui semble quelque peu dépassé par la charge qui lui est tombée dessus.

Je me demande aussi si vous ne devriez pas vous lancer dans un service d'avocats limousins.

Bien à vous,

Kartouche
>
Seleina
Le ton légèrement excédé de la lettre du juge arracha un soupir dépité à la brune. Elle l'appréciait grandement et savait qu'il mènerait sa tache à bien avec tout le sérieux qui le caractérisait.
Une réponse plus tard.



Citation:
Messer Kartouche,


Vous me voyez peinée si ma missive vous a amené à penser que vous deviez vous justifier de vos actes. Là n'était pas son but.
La formulation dans vos explications ayant effectivement laissé planer le doute sur votre façon d'appréhender l'article concernant les délits commis au cours d'un procès a motivé cette réponse sans doute maladroite.

Je vois qu'il n'en est rien et que votre décision est nourrie par d'autres idéaux, lesquels vont dans le sens des miens.

Merci d'avoir pris le temps d'éclairer ma lanterne concernant le traité des deux clés, sur lequel je ne m'étais guère penchée.

Quant à proposer mon aide au Vicomte, je doute sincèrement qu'il en ressente le besoin.

Bien cordialement,

Seleina.

_________________
Zeinar
Quand les complications de l'être refont surface le brun les feint en solitude, avale une bonne gorgée de prune, se penche en long à sa fenêtre et patiemment attend la pluie. Son Froute le sait, son Froute le sent quand ça ne va pas. Sur la pointe des pieds il s'approcha, son nom intact ne trompant pas, les mots lâchés avec une inhabituelle retenue.

- Tu as oublié du courrier sur la table.
- Crotte. Merci bien toi.
- Demain pour la peinture, j'ai tout préparé. On s'y prend à quelle heure?
- C'est gentil, on oublie pour demain. Va plutôt rassembler tes affaires veux-tu?
- Hum... d'accord.

Sous le regard interloqué du petit roux il entreprit de relire le courrier singulier envoyé par la fillette de Blanc Combaz.
Il n'en recevait pas des dizaines. Celui-ci lui avait fait particulièrement plaisir.

Citation:

o Expéditeur : Alycianne
o Titre : A vous
o Bonjour !

Je vous avait promi d'écrir de la missive à cause que vous vous ennuyé sans moi. Dans de la raison, on auré pas dû partir tout de suite avec la troupe de Poneys. On a eu de l'attaque, et puis mon fiancé (parce que oui on s'est fiancé vous savez ? surement mintenant vous le savez puisque je vous le dit, enfin dans l'évidence écrit) il est très blessé, et mon chaperon (pas le vêtement, je veut dire ma nounou vous comprenez) Ygerne aussi.

Alors j'ai écrit à mon père pour le préviendre, mais moi qui suis plutôt dans l'adorance d'écrire à des gens, j'arrive pas à formulationné (vous noterez très clairement que j'utilise de la formulation assez panachée) de la chose pour mon frère, ma soeur, mes amies très proches (comme c'est mes bestah-sistah, on ma dit c'est de l'italien pour dire meilleur amies), ou Marie qui est de la dame que j'aime vraiment dans le beaucoup. Aussi je me suit dit que je vous écrirai à vous parce que je vous conné pas trand pour tout le dire, et puis que avec vous je formule bien, vous trouvez pas ?

J'ai mangé quelque chose de pas très rond ça me fait tout bizarre au ventre, aussi j'ai pris de la lampé de liqueur pour faire bien passé, mais c'est un peu pire. Ici le chateau (à cause que je fais de la visite des chateau quand je voyage, pour de l'essayance pour plus tard savoir le quel acheter ou lesquels d'ami à avoir pour pouvoir se faire ébergé dans des confortables demeures) est vraiment pas mal : il y a du vin tout le temps, et puis des sucettes, des couleurs surtout très roses, de la musique, et les gens sont gentils.
Sauf que je passe mes journé à rester aupré de Karyl et Ygerne, dans le cas il se réveille. Bon bien sûr je mange des sucettes en même temps avec du verre du vin. C'est pour tenir du cou comme je dort pas trop.

Et vous alors ? Vous allez bien ? Vous aimez les carottes ? C'est de la question qui m'a perturbé dans l'instant : si sa existe les gens qui aime pas les carotte. Parce que c'est vraiment bon, et même Mabourik elle adore sa alors que par exemple elle aime pas tous les truc du genre charcuteri (même si c'est dilicieux sa aussi).

J'ai pas de pigeon sous la main (ils disparaissent tous dans ce chateau, c'est du mystère à élucidationner d'ailleurs...) je donne la lettre à du voyageur qui va dans votre direction, j'espère il arrive à votre bon port !

A bientôt,

Alycianne de Blanc Combaz.

PS : Il y a du port dans le fait dans votre ville ?


Sa réaction écrite, tardive mais néanmoins prête, rédigée depuis peu et pourtant encore au point de départ, faute au messager planqué à la beuverie.


Citation:
Aly,
Ciane,
Lyciane,
Pestouille,

Bonjour.

Avant toute chose je tiens à préciser que votre voyageur est nullissime. Le malheureux s'est perdu, a fait le tour des côtes du Royaume pour me trouver, seulement il ne visait pas le bon porc. Il m'a causé bateaux, océans, pirates... sans nul doute un dérangé du bocal. Je lui ai expliqué que Seleina tenait le meilleur élevage de cochons de la région, que c'était ici à Limoges. Groin d'or trois années d'suite, ça lui en a bouché un coin.
Malheureusement son Léon est mort -un superbe american style-, elle a beaucoup chagriné, beaucoup pleuré, beaucoup consommé en vin -ah non ça elle le fait toujours- et pour ne pas qu'on l'oublie, c'est sur une ode qu'elle enseveliiiit.
Non, je le jure c'était triste en vrai.

Suite à ce tragique incident mon Georges fut sauvagement assassiné sous les yeux de ses congénères effarés. Un blanc mouton dans la fleur de l'âge avec un bêlement comme on en fait plus. L'enquête pour retrouver l'identité de l'affreux criminel suit son cours, un certain Jo Conde semblerait correspondre au profil. J'attends toujours.

Bref, cessons avec ces histoires sordides sinon tu vas cauchemarder toute la nuit.

J'ai également lâché le maillet pour le fusain, et même le pinceau. En ce moment je m'adonne à l'art pictural avec en point de mire l'exposition d'une œuvre magistrale, celle des douze conseillers revus et corrigés par moi. Tout un programme. C'est forcément beaucoup moins sérieux que le Tribunal mais ça m'éclate grave.
Un jour je te montrerai. Mais avant il faut que tu viennes boulotter les petits gris comme promis. Et si tu n'es pas sage tu auras même droit à une sucette à la carotte et un verre rempli au trois quart de vin, le reste en jus de carotte.
Les carottes, j'adore ça ... mais Froute ne peut pas en voir la couleur. Pourtant il est breton, et les bretons normalement mangent des carottes. Ce n'est pas de sa faute, le pauvre ne veut plus y toucher depuis que sa mère grand l'a traumatisationné en lui soufflant que ces légumes faisaient pousser les tâches de rousseur et donnaient des poux.

Ce que je crains le plus ça reste le radis. Une chiromancienne a annoncé mon étouffement par radis. La chiromancienne c'est la liseuse de lignes de la main. Non mais je précise parce que sinon tu ne comprendras rien, tu es trop petite pour les mots compliqués.

Je tisserande également à mes heures perdus. J'élaborationne une robe verte pour E. Elle en a déjà une beige, rouge.

Ma vie est passionnante comme tu peux le constater.

Et toi? Comment occupes-tu tes journées? Tu vas bien? Et ton fiancé? Et ta nounou? Et ta grand-mère?

Oh... et tu formulationnes parfaitement, je t'encourage à perdurationner dans cette voie. Ta nounou peut être fière.

Donne moi de tes nouvelles!
Je te renvoie le voyageur. Il sait lire, sourire et il a toutes ses dents. J'ai vérifié. Espérons qu'il soit plus rapide au retour qu'à l'aller.

Zeinar.

ps: Au fait, est ce que tu sais qui de la poule ou de l'oeuf était le premier?
Cette question agite mes nuits et personne n'a su m'aider jusqu'à aujourd'hui. Je n'en peux plus de ne pas savoir.

J'attends une réponse avec explications claires et précises, argumentation approfondie, toussa.



Lentement il les replia. Le voyageur et sa réponse attendraient avant d'être retournés. Aujourd'hui les mots ne le faisaient plus tellement sourire.

- Qu'est-ce qui n'va pas?, osa le téméraire garçon venu s'asseoir en face de lui.
- Oh rien, tout va bien p'tit curieux, esquiva Zeinar, vulnérable sous le regard pénétrant de l'ingénu. Même curiosité malsaine que sa mère le concernant.
- Pas de ça avec moi, je te connais.
Euh .... attends.... tiens... Comment est le lait des vaches ?
, lâcha l'enfant après s'être trituré les méninges .
- Bah ... je ne sais pas , fit le brun dans un haussement d'épaules.
- De meuh en meuh ! WHA HA ! HAAAA !, s'esclaffa le petit bonhomme fier de sa bêtise.
- C'est surtout de pire en pire. Elle est A-FFLI-GEANTE s'indigna t-il dans un étirement de lèvres, gagné par le rire communicatif de l'enfant.
- D'accord elle est nulle mais tu souris quand même AH AH! répliqua Jean Pratt de son vrai nom, le pointant du doigt, un large sourire victorieux fendant son visage gouailleur.
- Bon, on s'occupe du tableau et ensuite on range, concéda-il, fatalement vaincu aux points par Froute.
_________________
Seleina
[Neuville au matin.]



M'dame, m'dame ! Ils arrivent ! Ils sont là à Limoges !


Affairée aux dernières retouches de son "oeuvre" qu'elle regardait d'un oeil plus que critique, trouvant que Ratou avait une tête de gnome dégénéré sur sa toile de tissu tendu, la brune soupira, légèrement contrariée par cette évidence, reporta ses ambres sur la fillette .

Qui donc ? Les anglois ? Sommes-nous envahis ?

Brandissant son pinceau d'un air amusé, elle n'était pas encore habituée à cette vaste demeure et à ces quelques serviteurs discrets, un père, une mère ainsi que leurs quatre enfants, qui n'avaient jamais quitté les lieux à la mort de Ratgus et qu'elle n'avait eu le courage de renvoyer.

Elle leur laissait le gite et les dépendances, en échange de quoi ils entretenaient le domaine. S'étant prise d'affection pour leurs enfants, elle recevait souvent la visite de la petite dernière, comme ce matin là.



Non non m'dame !
C'est les troubidoux qui sont là ! Sont cinq ... J'les ai vus c'matin en allant au marché... Pi sur la route... Et là ils sont en bas, ils vous attendent !



Glapissant, la gamine, dans tous ses états, ajouta :

La vache, les dames elles sont belles ! Y a pas un ch'veux qui dépasse...

Mais déjà la brune délaissait palette et pigments pour se précipiter dans les escaliers.
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