Zeinar
Dans sa position préférentielle il jubilait intérieurement, les phalanges déployées autour du cou de Sel, sentant l'artère carotide battre à rythme régulier sous son pouce.
Et tandis qu'il attendait patiemment que s'abatte sur lui une pluie de violences, la brune ne bougea pas. Quand allait-elle enfin lui briser les côtes d'un coude affuté, lui écraser les orteils d'un talon rageur, lui éclater de nez de l'arrière de son crâne? Que se passait-il? Avait-il serré trop fort?
Écartant les doigts de quelques millimètres, il espérait qu'elle se débatte.
Dans sa tête, bouillonnait la crainte de la voir partir, s'évanouir, faire capoter son plan.
"Sel, ne me lâche pas maintenant ! Ce n'est pas drôle là! Bouge, bouge, bouge!"
Non, rien de tout ça, elle articula quelques mots qui parvinrent à sortir de sa gorge rétrécie. Aucune trace d'agressivité, impressionnante d'immobilité, elle débitait, semblant détachée.
Il ne s'attendait pas du tout - mais alors vraiment pas- à une réaction aussi inadaptée face à la situation peu confortable dans laquelle il l'avait mise.
Contrepied parfait, plus dur à encaisser qu'un poing dans l'estomac, elle lui avait coupé le sifflet. En trois fois rien elle l'avait mis K.O. Elle pouvait s'agacer, le mordre, ou au contraire, rester indifférente, l'oeil vide, quitte à passer pour une folle. C'est pour ça qu'il l'aimait, ou la détestait.
Pas étonnant qu'il cultivait ce terrible besoin d'étranglement envers sa petite personne.
Alors qu'il pensait mener les débats, contraindre la flamande à le supplier à genoux, ce qui lui aurait particulièrement plu, elle riposta. Bassement, affirmant qu'il était couturièrE, reniant par là les bottes qu'elle portait aux pieds.
Elle aussi, avec ses airs de funambule, commençait faire naitre en lui un sentiment étrange.
La corde à proximité, ses yeux tournés vers lui, plus flamands que jamais. Il pouvait y lire fourberies et promesses, détermination et interrogation.
Kat le laissait miroiter l'espoir d'un dénouement pacifique. Maligne, elle cherchait à reprendre le contrôle. Ce n'était pas très clair. Ça ne l'était jamais avec elle. Le pacte silencieux restait en suspens.
Accepter, refuser? Avait-il encore le choix?
La bande d'affreux moustachus lui promettait l'enfer. Kat jurait de le sauver. Ses iris rebondirent de l'un à l'autre, indécis. Il n'avait confiance en personne.
La mâchoire serrée, il libéra Sel au cou, l'agrippant néanmoins au poignet. Se fier entièrement à la numéro 3 était bien trop risqué.
D'un air entendu, il hocha la tête dans sa direction. Le message était lancé: "fais tinter cette fichue cloche et la troubadour sera libérée".
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Et tandis qu'il attendait patiemment que s'abatte sur lui une pluie de violences, la brune ne bougea pas. Quand allait-elle enfin lui briser les côtes d'un coude affuté, lui écraser les orteils d'un talon rageur, lui éclater de nez de l'arrière de son crâne? Que se passait-il? Avait-il serré trop fort?
Écartant les doigts de quelques millimètres, il espérait qu'elle se débatte.
Dans sa tête, bouillonnait la crainte de la voir partir, s'évanouir, faire capoter son plan.
"Sel, ne me lâche pas maintenant ! Ce n'est pas drôle là! Bouge, bouge, bouge!"
Non, rien de tout ça, elle articula quelques mots qui parvinrent à sortir de sa gorge rétrécie. Aucune trace d'agressivité, impressionnante d'immobilité, elle débitait, semblant détachée.
Il ne s'attendait pas du tout - mais alors vraiment pas- à une réaction aussi inadaptée face à la situation peu confortable dans laquelle il l'avait mise.
Contrepied parfait, plus dur à encaisser qu'un poing dans l'estomac, elle lui avait coupé le sifflet. En trois fois rien elle l'avait mis K.O. Elle pouvait s'agacer, le mordre, ou au contraire, rester indifférente, l'oeil vide, quitte à passer pour une folle. C'est pour ça qu'il l'aimait, ou la détestait.
Pas étonnant qu'il cultivait ce terrible besoin d'étranglement envers sa petite personne.
Alors qu'il pensait mener les débats, contraindre la flamande à le supplier à genoux, ce qui lui aurait particulièrement plu, elle riposta. Bassement, affirmant qu'il était couturièrE, reniant par là les bottes qu'elle portait aux pieds.
Elle aussi, avec ses airs de funambule, commençait faire naitre en lui un sentiment étrange.
La corde à proximité, ses yeux tournés vers lui, plus flamands que jamais. Il pouvait y lire fourberies et promesses, détermination et interrogation.
Kat le laissait miroiter l'espoir d'un dénouement pacifique. Maligne, elle cherchait à reprendre le contrôle. Ce n'était pas très clair. Ça ne l'était jamais avec elle. Le pacte silencieux restait en suspens.
Accepter, refuser? Avait-il encore le choix?
La bande d'affreux moustachus lui promettait l'enfer. Kat jurait de le sauver. Ses iris rebondirent de l'un à l'autre, indécis. Il n'avait confiance en personne.
La mâchoire serrée, il libéra Sel au cou, l'agrippant néanmoins au poignet. Se fier entièrement à la numéro 3 était bien trop risqué.
D'un air entendu, il hocha la tête dans sa direction. Le message était lancé: "fais tinter cette fichue cloche et la troubadour sera libérée".
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