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[RP] L'Auditoire Diplomatique Poitevin

Bettym
Ecoutant toujours avec attention, elle avait volontairement laissé un passage de côté sur le soit-disant pouvoir de paix qu'avait l'Alliance du Ponant. Comme elle s'y attendait, le Vicomte n'en fit pas cas non plus. Pourtant cela avait fait grand bruit dans tout le Royaume ou du moins jusqu'à la Pairie et ce n'était pas si lointain. Quoi que... le temps passait si vite que parfois ce qui nous semblait être hier était en fait plusieurs mois avant voire quelques années.

Pardonnez mon insistance sur mes doutes quand à la Paix que fait régner l'Alliance. J'ai en tête un fait. C'était il y a quelques temps à savoir les menaces que le Duc Nilas avait fait sur la Touraine. Nous avions même envoyé la Légion à la frontière Anjou/Tourraine. Etait-ce là aussi pour la Paix ? A moins que vous ne considériez à l'époque que le Duc Nilas ne faisait pas partie de l'Alliance et que c'était pour protéger la Touraine que le Poitou avait envoyé le groupe de Cyclope.

Elle savait pertinemment ce qu'il en était mais donner uniquement que le bon côté des choses n'était pas une bonne idée. Les gens devaient savoir pourquoi l'Alliance n'était pas nécessairement si avantageuse que cela pour le Poitou. Elle avait eu les mêmes réticences avec l'Alliance du Centre. Trouvant absurde de suivre un groupe uniquement parce qu'ils étaient des alliés et non parce que cela en valait la peine. Néanmoins, elle ne perdit pas le fil de sa discussion et lui rappela un point non négligeable dans l'affaire qui la préoccupait à ce moment précis.

De plus, à cette époque, même le Traité du Mont Saint Michel avait été bafoué ! Car si j'ai bien compris ce qu'il y était écrit, la Bretagne n'avait pas et n'a toujours pas le droit de fouler la terre de France sans accord au préalable de Sa Majesté.

En conséquence, le Poitou fut très mal vu et surtout considéré un temps comme traitre à Sa Majesté pour accorder aide à la Bretagne par le biais du Ponant alors que le Grand Duché était flagrant délit de non respect du traité. Certes, il n'y a eu aucune accusation portée par écrit mais des réflexions qui ne font pas plaisirs à entendre.

Elle regarda Jéhan de Proisy, essayant de savoir ce qu'il pouvait penser à ce moment précis et n'arrivant à deviner, elle lança.

Suis-je dans l'erreur ? Si cela est le cas, n'hésitez surtout pas à me reprendre, je n'en porterai pas ombrage, croyez-le.

Elle ne cessait de se dire que ce qu'il y avait de bien dans la Grande Prévôté c'était qu'elle pouvait connaître tous les dossiers ou presque, en discuter avec les officiers royaux et avoir ainsi plusieurs visions. Un peu comme les débats qu'elle avait à la salle de délibération de la Cour d'Appel où chaque juge une fois le procès terminé, se concertait pour avoir l'arrêt le plus juste possible. Aujourd'hui, prescription sur le dossier était fait mais même si elle avait plusieurs son de cloches, elle voulait entendre de ses propres oreilles le tintement du Ponant par le biais de ses représentants Poitevins.
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Jehan_de_proisy
La jeune Dame revenait à la charge car sans doute les réponses apportées ne la satisfaisaient pas. Elle parla donc d’un fait ponctuel pour lequel la réponse n’était pas forcément aisée. La réponse pouvait « diluer » le problème histoire de ne pas s’appesantir mais cela ne solutionnerait rien d’une part et d’autre part, basiquement, Jehan répugnait à esquiver les problèmes. Il joua donc, selon ses habitudes, la franchise.

Dame, au final Nilas a-t-il attaqué la Touraine ?
C’est la finalité qu’il faut observer et non le cheminement qui, nonobstant les décisions individuelles que peuvent prendre chaque régnant en fonction de SA politique extérieure, le Ponant ne cautionne pas systématiquement tout ce qui se fait sur les terres de l’Alliance. Ainsi, il arrive et arrivera encore que des actes n’impliquant que celui qui les perpètre.

Revenons en arrière si vous le voulez bien…pour essayer de comprendre.
Croyez-vous, par exemple que le Ponant, ou le Poitou, aient cautionné l’Angevisme ? Et bien non cela a été dénoncé par l’ensemble des partenaires. Cela a-t-il empêché le Duc d’Anjou d’alors de poursuivre dans cette voie ? Non.

Par contre, ne parvenant pas à dissuader le Duc le Poitou, comme c’est souvent le cas, a pris des mesures visant non pas à soutenir qui que ce soit mais à provoquer des pourparlers. Comment cela s’est il traduit ? Tout simplement en provoquant et soutenant la tentative de médiation entre l’EA et l’Anjou, par les Hospitaliers.

Peut être n’en gardez vous pas le souvenir, mais une armée étrangère en arme, venue de Franche Comté a traversé le Royaume de France sans que personne ne se pose la question du droit de cette armée à agir de la sorte.

Son but pourtant était clairement affiché. Se venger de l’Anjou dont un ressortissant, et donc pas le peuple, avait pris le Château.

Je ne poserai pas la question de connaitre les raisons qui ont poussé les provinces traversées par cette armée à « ne pas la voir volontairement » ne souhaitant pas polémiquer. Je le note néanmoins car il est bien beau de venir crier au loup pour le Ponant et de ne rien dire lorsque le territoire du Royaume est violé de façon délibéré par une armée étrangère.

Le Poitou et cette fois avec le Ponant a décidé d’intervenir en s’interposant entre l’agresseur et l’agressé. Ceci au titre du respect des populations innocentes. En effet il aurait suffit d’un noble avec son escorte qui défie en combat singulier la personne en cause pour régler cette affaire. C’est ainsi qu’agit un gentilhomme pas en passant son courroux sur la vie d’innocents.

Je vous en parle car je fus de cette force d’interposition, en tant qu’Hospitalier, au botte à botte avec Sa Grandeur feu, Elra.

Pardonnez la longueur de ma démonstration je vous prie. Mais il faut que vous compreniez que le Ponant n’est pas une secte avec un « Grand Prêtre » qui décide et dont la volonté est « Livre des Vertus ». Non c’est plus une famille avec une décision « collégiale » mais dont il est impossible de garantir qu’aucun des membres ne fera pas à un moment ou un autre « cavalier seul ».

C’est d’ailleurs toute la difficulté de créer puis de faire progresser une alliance.

Quand à ce qui est des réflexions vis-à-vis du Poitou…je dois vous dire que je commence à en avoir, hélas l’habitude. Savez vous par exemple, que, depuis des lustres le Poitou n’a jamais pu obtenir qu’un de ses représentants soit accepté comme Pair de France ? Nous sommes une des rares provinces qui, malgré les aménagements apportés par Sa Majesté Levan le troisième du nom, a ne pas avoir de Pairs et, par voie de conséquence à ne pas pouvoir exprimer d’égal à égal ses positions ?

Que doit on penser du fait que Paris ait attendu que les provinces bordant les mers se soient organisées pour gérer ce patrimoine, pour décider que les ports en fait ne leur appartenaient pas ? En somme c’est un peu comme si un suzerain vous donnait un fief puis venait vous dire ensuite que vous ne pouvez tirer profit, pour votre population, des mines d’or par exemple, ou des forêts qui s’y trouvent.

Que penseriez-vous d’un Comte qui ignore, de façon délibérée, La Rochelle ou Thouars ? Je vous laisse y réfléchir et vous aurez la réponse sur la difficulté pour le Poitou de garder le cap. C’est ce que la Comtesse et moi-même jusqu’ici essayons d’aider les régnants successifs à faire si tant est qu’ils veuillent bien nous entendre.

Les régnants changent tous les deux mois, excepté pour les « récidivistes » qui enchainent deux mandats voire trois. Pensez vous que, de la sorte il est facile d’avoir une ligne de conduite qui soit pérenne dans le temps ? Je ne le pense pas surtout que parfois se succèdent des règnes qui voient un demi-tour dans la politique extérieure.

Quoi qu’il en soit, nous ne jetons jamais le bébé avec l’eau du bain. Et je le re-dis, le Ponant a permis, peu ou prou, au Poitou de connaitre une paix propice à son épanouissement.

Pour conclure je vous dirai que oui le Ponant est imparfait. Mais qui est en mesure de me montrer un seul exemple dénué d’aléas. Gérer une Province amène quelquefois à prendre une solution qui est la moins mauvaise pour icelle. Si l’on ne pouvait que prendre celle qui est sans souci nous serions dans un monde quasi parfait.

Vous ne recevrez, icelieu, pas d’explications sur des décisions appartenant alors à Sa Grandeur et son Conseil. Pas plus que vous ne recevrez de commentaires sur lesdites décisions. Nous sommes, la Comtesse et moi-même tenus à un devoir de réserve lequel nous interdit de commenter la politique menée par le Comte. Rassurez-vous si elle ne nous convient pas, nous avons toute latitude pour en tirer les conséquences. Ce qui explique par exemple que nous nous mettions parfois, volontairement, en retrait lorsque nous n’adhérons pas à la politique menée.

Voilà Dame j’espère vous avoir répondu même si mes réponses ne vous apportent peut être pas les réponses que vous souhaitiez entendre.

Le Vicomte sourit à la Dame et avant d’écouter d’autres questions s’adresse une dernière fois à la Dame enrichissant, par ses questions, le débat.

Mais, permettez-moi à mon tour de vous poser une question.

Que pensez vous du Ponant ? Autrement dit qu’en attendez vous, que lui reprochez vous et surtout que proposez vous comme alternative ?

Il attendait la réponse car il lui semblait, mais peut être se trompait il après tout, que la Dame avait un opinion qu'elle n'avait pas encore exprimée à haute voix. Il lui offrit donc de la développer.
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Famille en deuil de "Grands du Poitou". Toujours en nos cœurs vous vivrez, Elra...Magoo..et toi mon Isabelle
Bettym
Elle sourit à la première réponse qui n'était en autre qu'une question, habilement posée comme l'aurait fait un politicien de pure souche. Non elle n'était pas dupe sur la manière dont il tournait à son avantage la situation mais laissa le diplomate du Ponant continuer dans son élocution toute logique. Les différents exemples donnés pouvaient tout aussi bien pris être dans un sens comme dans l'autre. Que l'on soit pour ou contre, il y avait toujours un cas particulier qui pouvait faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre et en l'occurence, celui de l'armée Franc-comtoise était arrivé à point.

En effet, dans ce cas-là, le Ponant a fait un travail exceptionnel, j'en conviens. Tout comme je déplore, le je-m'en-foutisme des contrées pro-royalistes, comme elles se plaisent à se nommer à ceux qui s'opposent à elles, de l'époque qui ont préféré fermer les yeux devant cette attaque flagrante.

Elle sourit lorsque le Sieur de Proisy conclut. Il fallait être complètement idiot pour penser qu'un représentant d'une institution montre du doigt tout le mauvais pour la promouvoir. Elle savait pertinemment, pour l'avoir fait elle-même, qu'il fallait avant tout mettre en avant le bon et minimiser le négatif, ce qu'il faisait avec beaucoup de brio.

Merci pour tous ces éclaircissements et c'est un vrai plaisir d'entendre des personnes pasionnées comme Dame Icie et vous l'êtes. Alors qu'elle pensait pouvoir aller se désaltérer un peu avant de poursuivre leur discussion, le noble l'interpella. Je vous en prie, faites.

A l'écoute de la question, elle sourit en coin. Allait-il apprécier la réponse ? Elle en doutait mais qu'importait, être franche avait toujours été son défaut ou une de ses qualités.

Ce que je pense du Ponant ? Elle fit mine de réfléchir mais surtout elle cherchait les mots pour ne pas être blessante ou inconvenante. Je n'en attends rien si ce n'est le coup de bâton qui tombera un jour ou l'autre sur nos têtes. Je n'ai jamais été une amatrice d'alliances quelles qu'elles soient. Je pense que c'est une perte de temps plus qu'autre choses à discutailler pour un oui ou un non.

Elle marqua une petite pause, attendant une réaction qui ne vint pas immédiatement alors elle poursuivit sur les solutions.

L'alternative ? Agir quand c'est nécessaire, selon nos valeurs et sans demander l'avis de qui que ce soit. Une alliance peut être proposée mais en aucun cas ne doit durer dans le temps, c'est malsain. Vous devriez le savoir, vous, qui en avez fait l'amère expérience avec l'Alliance du Centre ! D'ailleurs, je suis à peu près sûre qu'il en sera de même avec le Ponant.

Elle observa Jéhan avant de conclure.

Néanmoins, je suis prête à changer d'avis si vous y arrivez ! un regard plein de défi à son attention.
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