Matalena
L'inconvénient d'être pourrit gâté c'est qu'on le reste. Comprenez dans le texte : en toutes circonstances, y compris lorsque que la cuillère en argent qu'on portait dans la bouche à la naissance s'est transformée en louche dans le fondement. L'âge et ses ravages.
Présentement, on ne percevait de la Languedocienne qu'une touffe de cheveux dépassant derrière un coin du gros malaise à la gueule cassée. La prudence recommande cependant de se méfier des petits teigneux qui ne payent pas de mine, planqués sous les jupes de mémé, mais sont capables de coups de dents sournois et ravageurs sur un mollet élevé au petit lait. Un pas sur le côté, et la réformée apparut, la main gauche posée sur la garde d'une épée portée droitière, présentant un minois d'une sérénité coulée dans le marbre.
Puisque vous semblez suffisamment grand pour connaitre la parole mais pas assez pour user intelligemment, ayez tout du moins la décence d'apprendre à vous taire, jeune soliveau...
S'adressant au sus-cité dont les aïgus lui vrillait les esgourdes, elle fixait néanmoins la jeune Blanc-Combaz, formalisant l'expression de son mépris par sa simple physionomie.
... Car de si méprisables propos ne doivent trouver réponse auprès de Sa Grandeur. Vilain vous êtes, et ne méritez d'être corrigé que par cette même engeance. Vous prenez vos cliques, une claque, et vos instruments de fot-en-cul pour aller graver d'autres miches dans la pierre, ou je vous fesse à coup de ceinturon.
Ygerne
Un et un
deux
Deux et deux
quatre
Des rires, des grincements, il fait noir, jai peur.
Un et un
Un cri.. je connais la voix. Que se passe-t-il ?
Un et..
Une porte claque au loin, je sursaute et retiens un cri. Jai froid
cette étoffe ne protège que peu mon corps nu. Je suis prise au piège
je ne peux pas sortir. Jétouffe dans ma cachette, je pleure de mon insouciance. Pourquoi nai-je pas écouté Lynette ? Quelle idée de croire que mon monde sera fait de richesses et de joies ? Je nappartiens pas à leur monde, je dois rester à ma place.
Mais la petite souris est curieuse. Elle cherche la denrée rare et aime linterdit. Elle se faufile dans le noir sans bruit et lorgne par lentrebâillement de la porte.
Un monstre et sa compagne a rejoint la compagnie des deux farceurs et de la noble dame. Il est grand, il est fort, il est effrayant, qui est-il ?
Va-t-il leur faire du mal ?
Jai peur
Je redoute les hommes violents, je sens encore leur poigne quand ils mont eu violentée par le passé. Mon corps est encore lacéré par les marques quils y ont apposées quand ils mont eu possédée. Je ne peux quimaginer le bruit distinctif quand ils sortent leur épée de leur fourreau. Ça semble vrai.
Mais petite souris
tu es en sécurité ici. Dans ce monde de luxure, de merveilleux et de richesse, tu ne risques rien. Le chat ne tattrapera pas. Reste dans ta cachette et lon aura oublié ta présence.
Pourtant
je veux juste récupérer mes frusques. Mes poulaines roses, unique cadeau dun anniversaire pas si lointain. Je ne peux pas sortir dans les rues nues, je ne peux pas rejoindre Lynette avec les yeux larmoyants.
La petite souris attaque le félin.
Et la rouquine attrape un vase posé à lentrée.
Elle le balance sur la tête du molosse.
Létoffe glisse pendant cet intermède.
Elle nest même pas certaine davoir réussi à faire du mal à ce gardien.
Petite souris.. Jespère que tu cours vite.
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Matalena
Et bla bla bla bla bla. Existait-il encore des êtres vivants doués de conscience capable de s'étonner que les conseils durassent des saisons entières quand on pouvait constater, avec un ennui mortel, le nombre de mots nécessaires pour une engueulade ? Ou mesurait-on le degré de qui qu'a la plus grosse -noblesse- au débit de mots sans respirer ? Une forme de duel qui avait au moins l'avantage d'être plus hygiénique que celui qu'on pratiquait dans les bas-fonds dont elle était issue, incluant la présence de bâtons, de gueux, de puterelles, et d'un certain nombre de litres d'hémoglobine, le tout dans un ordre variable. Au moins pour les puterelles on était servit, on ne serait pas venus pour rien.
La réformée gardait ses yeux à la noirceur naturelle fixés sur sa maitresse, comme en attente de ses instructions.
Vous savez qu'il n'y a rien à tirer de bon de l'individu dont l'abondance du parlé vise à dissimuler le vide du pensé. Partons, Votre Grandeur.
Mais s'était sans compter les fougues de la jeunesse qui se targuent de pouvoir traduire en actes les conneries dont-elle nous abreuve déjà en promesses sans s'apercevoir de l'incroyable clémence de leurs aînés. Après que le pavé, lancé du haut de beaux bras blancs plus habilités à manier la dague que l'épée à deux mains, se soit éclaté au sol, la jeune femme se permit alors l'impensable... S'avancer vers la petite brune à demi-nue, la saisir par les cheveux d'une poigne de fer, et conclure :
Partons.
En emportant au moins l'espoir que ce qui vaut la peine d'être éduqué -selon la Saint Just tout du moins-, le soit ultérieurement. Du bas de sa condition de roturière, elle ne comprendrait sans doute jamais l'utilité de laisser déblatérer ainsi les enfants avant d'imposer les attitudes nécessaires.
Matalena
[A la fin de l'envoi... Je touche.]
Le cours maintenant tout à fait chaotique de la situation sembla se suspendre un instant, lorsque la femme figea son geste. Une hésitation à peine perceptible, un battement de cils, sauf peut être pour la gosse qu'elle empoignait avec une sévère détermination.
Puis elle se repris sans ralentir sa marche, dénouant de sa main libre l'attache qui retenait son éternelle cape de cuir pour la déposer d'un mouvement vif sur les frêles épaules de sa captive. Trop grand, le vêtement lui tombait jusqu'aux pieds.
Nous parlerons plus tard damoiselle. Commencez donc dors et déjà à réfléchir sur vos actes.
En passant devant la Saint Just, la brune hocha la tête à son attention en un geste entendu, lui laissant le champ libre en dégageant sa suivante de la scène. La porte se referma derrière elles avec un de ces sons mat et lourd qui semblent annonciateurs des épreuves de force... Le temps pour la Blanc Combaz et son acolyte d'échanger un dernier regard, avant de ne plus faire qu'imaginer les souffrances auxquels l'un et l'autre pourraient être victimes.
Ygerne
Cet « after » qui sannonçait bien tournait à la débandade.
Elle remerciait ce quil y avait « là-haut » dêtre toujours en vie. Cest que son lancé de vase aurait pu lui causer bien des soucis, pourtant personne ne semblait réaliser laffront fait par une chambrière dà peine 17 ans.
Elle nallait pas sen plaindre
mieux valait ne pas trop se faire remarquer. Sa vie navait pas une grande valeur et personne ne viendrait la défendre si les choses tournaient mal.
Elle stagnait donc là. Bouche bée. Elle nétait pas certaine de comprendre tout ce qui se passait.
Pour une fois, elle était rassurée dêtre invisible et insignifiante aux yeux de ces titrés.
Elle regarda la Griottine se faire embarquer. La jeunette espéra que son amie sen sortirait sans trop dennui.
Et enfin elle fut témoin silencieuse du combat qui sengageait entre un Enguerrand fougueux et une brute sans nom.
Elle ne bougea pas. La gamine savait pertinemment quelle ne pourrait pas aider son jeune ami dun soir. Au mieux, pourrait-elle atténuer les blessures quil gagnerait en jouant lhomme viril, en défendant son honneur.
Elle resta la
figée et impuissante
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Ygerne
Soubrette
sotarde
Les mots raisonnent dans son esprit, envahissent son cur, des larmes de honte montent à ses yeux.
Elle baisse la tête et le buste devant la Comtesse dans une révérence maladroite
Elle a jeté le déshonneur sur ses employeuses par son comportement puéril et ses rêves idiots.
Elle a affronté une Dame noble qui dun simple claquement de doigt pourrait la détruire à jamais.
La prise qui se referme sur son bras, cette crispation quelle sent, ces ongles qui senfoncent dans sa peau blanche, laissera à jamais une marque dans lesprit dune gamine qui na pas encore conscience de ses actes.
La rouquine nosera pas affronter le regard et ne répondra pas aux paroles de la Saint-Just. Elle sait quun nouvel affront de sa part et elle-même payera durement le prix de ses mots.
Pourtant ces paroles, au combien vraies, resteront à jamais encrées dans ce cur juvénile.
Elle se laisse emporter hors scène, laissant un simple dernier regard trainer quelques instants, pour ce jeune fou qui risque, lui, de payer le prix fort.
Et une fois les trois femmes parties, la gamine se recroqueville dans un coin, écoutant les bruits, guettant la porte. Qui sortira ? dans quel état ?
Elle, elle est bien trop effrayée pour bouger. Et préfère ce noir réconfortant, cette solitude, pour laisser jaillir quelques sanglots.
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