Prune
Et voilà quil pleuvait maintenant !
Le front collé contre la fenêtre de sa chambre, la prune ruminait, les ambres accrochés à cette pluie discontinue qui la narguait. Les gouttes ricochaient sur le sol formant des flaques luisantes, sagglutinaient sur les branches encore nues des arbres, ruisselaient devant son minois maussade. Le monde en moins de temps quil ne fallait pour le dire était devenu gris et mouillé. La neige avait battu en retraite devant cet adversaire indomptable et finissait ces jours, tapie dans lombre des buissons et des grands arbres. Le printemps se faisait réellement languir cette année, tant et si bien que cétait à se demander sil finirait par venir. Les visions de repas champêtres et de courses dans les prés fleuris nétaient plus que des rêves un peu brumeux dans lesprit de la blonde enfant et ses pensées mélancoliques au possible vagabondaient plus souvent vers les vertes contrées que devaient visiter ses parents. Ah ce quils pouvaient lui manquer à de pareils moments !
Les trois coups discrets assénés à sa porte firent détourner la prune de son observation morose. Ses ambres se portèrent sur sa chambre et quittant son alcôve près de la fenêtre, elle alla séchoir dans un fauteuil trop grand pour elle. Son visage maquillé dune moue lasse, elle attendit quon entrât. Sa gouvernant poussa donc la porte et vint sincliner devant elle.
« Bon jour Damoiselle. »
Un mmmmhhh peu enthousiaste répondit à ce salut alors quune petite main gourmande et adorablement potelée se tendait vers une coupe remplie de mirabelles confites. La douceur enfournée, lattention de la gamine revint sur sa gouvernante. Celle-ci arborait son sourire doux habituel, bien trop prévenue de lattitude quelque peu désagréable de la jeune enfant. Elle sennuyait de ses parents, qui pouvait le lui reprocher ?
« Damoiselle, je viens vous informer de larrivée de votre cousine, Damoiselle Aliénor Marie de Belrupt, au Château de votre Oncle. »
Linformation fit lentement sa route dans lesprit paresseux de la petiote. Sa cousine encore une ! Diantre combien pouvait-elle donc avoir de cousins et cousines ? Son Oncle lavait prévenu, certes, mais tout de même, cela commençait à faire beaucoup. Bon, il est vrai quelle les voyait peu, tous étant adultes et avec des responsabilités au Duché.
« Etant encore jeune et sans époux, elle vivra près de vous. »
Seconde information et soudain déclic ! Jeune ?! Jeune comment ?! Jeune comme elle ?! La prune se redressa brusquement dans son fauteuil et ses ambres prirent un éclat intéressé.
« Vous ne men dites pas assez, ma gouvernante ! Racontez, racontez ! Quel âge a-t-elle ? Mon âge ? Plus jeune ? Allez allez, jattends !
- Hé bien, elle doit approcher les quinze printemps, il me semble.
- Quinze ! Oh non, mais elle est vieille ! Bon, tant pis, je men accommoderai. Doù vient-elle ? Pourquoi vient-elle icelieux ?
- Elle vient du sud du Royaume de France, dune ville appelée Carcassonne. Elle na plus de tutelle en ce monde et vient donc trouver refuge près de votre famille, qui est aussi la sienne. »
Prune eut un moment de silence. Elle avait perdu ses parents. La chose était inconcevable pour la jeune enfant. Elle qui dépérissait loin deux, elle ne pouvait se les imaginer morts. La douleur de sa cousine devait être immense. Bien, elle se devait de laccueillir comme il se devait. Un éclair de volonté passa dans le regard dor et elle se leva.
« Je veux la voir ! Quon lui dise que moi, Prune de Beauregard dYouville de Belrupt, linvite à venir prendre un gouter dans ma chambre, pour que nous puissions faire connaissance. Faites lui parvenir le message et quen attendant, on apprête ma chambre. Je veux pleins de douceurs et du lait. Oh cest une vieille, peut être préférera-t-elle autre chose ramenez de cette tisane infusée aux fleurs que les vieilles boivent tout le temps et surtout pleins de douceurs hein ! »
La gouvernante masqua son sourire, heureuse de voir la jeune fille sanimer de la sorte et sinclina humblement avant de sortir. Il était bon de la voir vivre. Prune restée seule, se planta devant la cheminée, observant les flammes joyeuses. Une nouvelle cousine Espérons quelles sentendraient
Le front collé contre la fenêtre de sa chambre, la prune ruminait, les ambres accrochés à cette pluie discontinue qui la narguait. Les gouttes ricochaient sur le sol formant des flaques luisantes, sagglutinaient sur les branches encore nues des arbres, ruisselaient devant son minois maussade. Le monde en moins de temps quil ne fallait pour le dire était devenu gris et mouillé. La neige avait battu en retraite devant cet adversaire indomptable et finissait ces jours, tapie dans lombre des buissons et des grands arbres. Le printemps se faisait réellement languir cette année, tant et si bien que cétait à se demander sil finirait par venir. Les visions de repas champêtres et de courses dans les prés fleuris nétaient plus que des rêves un peu brumeux dans lesprit de la blonde enfant et ses pensées mélancoliques au possible vagabondaient plus souvent vers les vertes contrées que devaient visiter ses parents. Ah ce quils pouvaient lui manquer à de pareils moments !
Les trois coups discrets assénés à sa porte firent détourner la prune de son observation morose. Ses ambres se portèrent sur sa chambre et quittant son alcôve près de la fenêtre, elle alla séchoir dans un fauteuil trop grand pour elle. Son visage maquillé dune moue lasse, elle attendit quon entrât. Sa gouvernant poussa donc la porte et vint sincliner devant elle.
« Bon jour Damoiselle. »
Un mmmmhhh peu enthousiaste répondit à ce salut alors quune petite main gourmande et adorablement potelée se tendait vers une coupe remplie de mirabelles confites. La douceur enfournée, lattention de la gamine revint sur sa gouvernante. Celle-ci arborait son sourire doux habituel, bien trop prévenue de lattitude quelque peu désagréable de la jeune enfant. Elle sennuyait de ses parents, qui pouvait le lui reprocher ?
« Damoiselle, je viens vous informer de larrivée de votre cousine, Damoiselle Aliénor Marie de Belrupt, au Château de votre Oncle. »
Linformation fit lentement sa route dans lesprit paresseux de la petiote. Sa cousine encore une ! Diantre combien pouvait-elle donc avoir de cousins et cousines ? Son Oncle lavait prévenu, certes, mais tout de même, cela commençait à faire beaucoup. Bon, il est vrai quelle les voyait peu, tous étant adultes et avec des responsabilités au Duché.
« Etant encore jeune et sans époux, elle vivra près de vous. »
Seconde information et soudain déclic ! Jeune ?! Jeune comment ?! Jeune comme elle ?! La prune se redressa brusquement dans son fauteuil et ses ambres prirent un éclat intéressé.
« Vous ne men dites pas assez, ma gouvernante ! Racontez, racontez ! Quel âge a-t-elle ? Mon âge ? Plus jeune ? Allez allez, jattends !
- Hé bien, elle doit approcher les quinze printemps, il me semble.
- Quinze ! Oh non, mais elle est vieille ! Bon, tant pis, je men accommoderai. Doù vient-elle ? Pourquoi vient-elle icelieux ?
- Elle vient du sud du Royaume de France, dune ville appelée Carcassonne. Elle na plus de tutelle en ce monde et vient donc trouver refuge près de votre famille, qui est aussi la sienne. »
Prune eut un moment de silence. Elle avait perdu ses parents. La chose était inconcevable pour la jeune enfant. Elle qui dépérissait loin deux, elle ne pouvait se les imaginer morts. La douleur de sa cousine devait être immense. Bien, elle se devait de laccueillir comme il se devait. Un éclair de volonté passa dans le regard dor et elle se leva.
« Je veux la voir ! Quon lui dise que moi, Prune de Beauregard dYouville de Belrupt, linvite à venir prendre un gouter dans ma chambre, pour que nous puissions faire connaissance. Faites lui parvenir le message et quen attendant, on apprête ma chambre. Je veux pleins de douceurs et du lait. Oh cest une vieille, peut être préférera-t-elle autre chose ramenez de cette tisane infusée aux fleurs que les vieilles boivent tout le temps et surtout pleins de douceurs hein ! »
La gouvernante masqua son sourire, heureuse de voir la jeune fille sanimer de la sorte et sinclina humblement avant de sortir. Il était bon de la voir vivre. Prune restée seule, se planta devant la cheminée, observant les flammes joyeuses. Une nouvelle cousine Espérons quelles sentendraient