Thiffanie sort de la taverne endormie un peu oppressée. Elle se rend sur les remparts et son regard se perd dans la nuit. Les nuages laissent parfois pointer quelques étoiles et elle s'efforce d'y distinguer quelques constellation qu'elle connait. Elle sent une boule gonfler dans sa gorge, comme une main invisible qui tenterait de l'étrangler. Ses yeux se remplissent de larmes contenues et elle tourne ses pensées vers les terres occitanes qu'elle a laissé. Elle baisse les paupières et se remémore le ciel bleu, les montagnes pyrénéennes, le château de la ville de Foix où vécu celui que les gens du nord appelaient Gaston Phebus de Foix. Elle se remémore le chant d'amour à sa mie, chanté par tant d'hommes sous les fenêtres des damoiselles aimées. Elle entend presque dans sa tête les voix des deux homme qui courtisaient la même belle et avaient chanté sous sa fenêtre dans une rivalité séductrice. Elle se remémorent comment ils rivalisaient d'effets sur le premier couplet et sur le refrain.
E souto ma fenestro
I a un auceloun,
Touto la nuech canto,
Canto sa cansoun.
Se canto, que canto,
Canto pas per iéu,
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
Elle n'en peut plus. l'émotion et le désir la submerge. Elle se juche sur les créneaux et sa voix enfle et se joint au coeur d'hommes de ses souvenirs.
Se canto, que canto,
Canto pas per iéu,
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
A la fouònt de Nime
I a un amandié
Que fa de flour blanco
Coume de papié.
Se canto, que canto,
Canto pas per iéu,
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
Aquelei mountagno,
Que tant auto soun,
Mempachon de vèire
Meis amour ounte soun.
Se canto, que canto,
Canto pas per iéu,
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
Aquelei mountagno,
Tant sabaissaran
Que meis amoureto
Apareisseran.
Se canto, que canto,
Canto pas per iéu,
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
Canto per ma mio
Ques aluen de iéu.
Sa voix s'éteint et meure. Les larmes maculent son visage qu'elle lève vers le ciel en une muette prière. Elle descend de son perchoir et retourne à l'auberge. Elle va retourner se glisser discrètement dans un bon lit chaud et accueillant, en veillant à ne pas faire de bruit pour ne réveiller personne.
Voici pour ceux que ça intéresse les paroles traduites du Se Canto qui reste l'un des hymnes de référence de l'appartenance à la culture occitane. Et pardon aux puristes s'il y en a qui passent, mais j'ai privilégié la version la plus proche phonétiquement à la version occitane correcte orthographiquement.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
Et sous ma fenêtre
Il y a un petit oiseau,
Toute la nuit il chante,
Chante sa chanson.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
À la fontaine de Nîmes
Il y a un amandier
Qui fait des fleurs blanches
Comme du papier.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
Ces montagnes
Qui sont si hautes
Mempêchent de voir
Où sont mes amours.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
Baissez-vous, montagnes,
Plaines, élevez-vous,
Pour que je puisse voir
Où sont mes amours.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
Ces montagnes
Sabaisseront tellement
Que mes belles amours
Apparaîtront.
Sil chante, quil chante,
Ce nest pas pour moi,
Il chante pour ma mie
Qui est loin de moi.
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