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[RP] Bicoque de Kaelig Mahena - 3, rue Saint-Nicolaïde

Bradwen
Un sourcil se lève. Des points d'interrogations fleurissent dans ces yeux comme les étés les fleurs parsemaient le jardin de Michel. N'était-elle pas entrain de comparer son fessier à un épi de maïs ?!?!? Mais oui, c'était ben cela ! Et quelque part cela l'interpella ! Cette idée trotta dans la teste dans paysan sans qu'il puisse réellement sans défaire, l'envoyer aux oubliettes.

A table, après avoir donné ses explications, le paysan se jeta à son tour sur un épi qu'il savoura avec passion. Croquant et ferme ! Oui, il l'était ! Et cuit à point surtout ! Le beurre fondait sur l'épi brulant. Le paysan commença par la pointe de l'épi, la partie la moins chaude. Tournant tout autour, il y traçait des sillons... Non, il rasait littéralement le champ de grains dorés. Ses dents croquaient dans l'épi comme le paysan croquait dans la vie. Le jaune étincelant était au beau fixe, tant dans sa nourriture que dans sa vie !

Un coup d'oeil jeté vers la paysanne... Elle ne se débrouille pas si mal mesme si elle ne met un peu à costé. Quelques grains s'éparpillent de part et d'autre de ses bras, mais surtout le beurre... Le beurre lui vient prendre place autour de ses lèvres, allant mesme jusqu'à se nicher sur la pointe de son nez, déclenchant chez Bradwen un sourire qu'il ne put réprimer. Le paysan se leva et alla chercher un linge propre posé sur le buffet.


Prenant sa chaise, il vint s'asseoir à costé de Kaelig et se mit en frais de lui nettoyer le bout du menton, les lèvres et le nez en trompette. Certes, il avait imaginé d'autres façons de pratiquer, mais celà était un autre sujet...Bon, la voilà un peu plus présentable maintenant ! Le paysan la regarda droit dans les yeux... Non... surtout ne pas craquer... résister...

Distes-moi Kaelig.... Voudriez-vous fermer vos doux yeux un instant ? Et ouvrez-les que lorsque j'vous l'demanderai hein ?

Alors que la légumière s'éxecutait, le paysan lui prit la main.

N'vous en faites-pas... ayez confiance !

Puis, il s'empara d'un épi de mais de sa main libre et vint poser la main de Kaelig dessus, lui faisant caresser le légume de haut en bas.

Distes-moi ma mie... C'te texture alvéolée, c'te sensation légèrement rebondi, c't'impression d'capitons... Vous pensez que c'te quoi ? Mon fessier ? Vraiment ? Pensez vraiment que j'suis aussi gondolé qu'ça ?

Il posa l'épi sur la table et avant qu'elle n'ouvre les yeux, déposa un chaste baiser sur ces lèvres qui l'appelait.

Il est temps qu'j'vous quitte Kaelig. Vous avez b'soin d'repos. J'avions assez abusé d'vous pour aujourd'hui !

Joignant le geste à la parole, le paysan lacha lentement la main de son asme-coeur, se leva et se dirigea vers la porte, l'ouvrant dans un grincement de bois gonflé par l'humidité.

Bonne nuitée ma doulce. Vous pourrez ouvrir les yeux quand vous entendrez c'te porte s'refermer.

Aussitost dit, aussitost fait ! Sans se retourner, car il se savait faible et ne voulait faillir, le paysan partit dans la nuit au travers du dédale des rues montmirallaisses, accompagné d'un éternel grincement de roue de charrette.
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Kaelig
Sa concentration est centrée sur l'épis de maïs. Elle ne compte point le laisser s'en sortir comme cela! Elle est prête à loucher... Non, Bradwen vient la déconcentrer. Elle n'a même point remarqué son sourire amusé. La donzelle regarde son élève se déplacer. Dans ses moindres mouvements, elle le toise d'une tendresse infinie. Ses yeux émeraudes se posent sans pudeur aucune dans ceux du clerc. Se rend-elle compte que du beurre surplombe le bout de son nez en trompette? Se rend-elle compte qu'elle paraît ridicule? Le paysan connaît cette lueur : la simplicité. Aucun secret entre eux, aucune cachotterie.

Lorsque le montmiraillais lui demande de fermer les yeux, Kaelig le regarde incrédule. Elle ne se méfie point, non. Elle se demande simplement quelle idée saugrenue est venue titiller son bon sens! Ses yeux se plissent, pour finir par se fermer d'une confiance aveugle. Sa main droite est entourée de doigts tendres... d'une texture alvéolée, rebondie, gondolée. Les fesses du diacre? Un rire doux souhaite s'échapper. Il est vite emprisonné par un baiser furtif, attentionné et empli d'une envie retenue.

La blondinette aimerait ouvrir les yeux comme le forgeron lâche ses mains. Il le lui interdit. La mainoise reste assise, sagement. Une porte de bois se referme, une charriotte s'éloigne. La Tribun garde les yeux fermés, elle abaisse légèrement la caboche.

Bonne nuitée mon tendre. Revenez-moi vite pour la leçon suivante...

La jeune femme a beau se dire qu'il n'est jamais loin, ne serait-ce qu'en pensée ou en objets offerts, malgré cela son coeur se brise à chaque éloignement. Plus les jours passent, pis c'est. Plus les jours passent, moins elle sait se passer de lui. De la gaieté prend possession de ses traits : les retrouvailles n'en seront que meilleures!
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Kaelig


Fin janvier 1459, aux vêpres...

Kaelig se permet une soirée calme. Cela fait un peu plus de deux semaines à présent qu'elle court à gauche, à droite, en zigzag, en sautillant. Le feu crépite dans la cheminée alors qu'elle est assise non loin, en position d'indienne. Ses yeux émeraudes sont fermés, une couverture à l'étamine douillet casse la froideur du sol. La donzelle fredonne un air, ses doigts tapent la rythmique d'une mélodie étrangère à la gaieté surprenante. Sa caboche oscille doucement, un sourire étire l'extrémité de ses lèvres rosées. Ses doigts accélèrent, son autre main tapote sa cheville en accompagnement. La chansonnette est improvisée, ses sens sont en ébullition.

Ne voulant perdre une carotte de sa création, la paysanne se lève en prenant appui sur ses mains. Dans un coin de la pièce, un instrument. Une guitare latine est précieusement installée dans un sac épais protecteur. Le sac est aussi âgé que la pipelette à la musique entraînante. Le tissu glisse, des doigts fins et agiles déshabillent les formes harmonieuses, ondulantes. Une empoignade et un retour prompt devant le feu chaleureux. Prendre ainsi son éternelle compagne, c'est comme... prendre la main du diacre dont elle est follement amoureuse. Un toucher, un bonheur incontrôlable, des envies diverses, des projets, un avenir léger, un voyage d'ouate parmi Dame Lune et ses comparses, deux regards enlacés qui filent en laissant une traînée de poudre luminescente derrière eux. Les deux altruistes sont ainsi fait. Partout où ils passent, ils ne peuvent s'empêcher d'apporter aide, de semer des graines de bien-être afin de laisser pousser des fleurs au sourire radieux. Un livre ouvert vertueux aussi tendre qu'un coeur de carotte. Deux êtres complémentaires se sont trouvés pour l’Éternité. Le Ying et le Yang. La femme et l'homme.

La caisse de résonance se pose sur le haut de sa cuisse gauche, le manche frétille sous les doigts fins de sa main droite. La main gauche caresse doucement le bois fins soyeux pour se poser en douceur devant la rosace. Elle l'appelle. Le pouce derrière le manche, deux doigts se posent sur les cordes de cases volontaires. Un sourire s'agrandit, une suite agréable de sons émane de l'instrument. Une caboche oscille de nouveau, une couleur émeraude disparaît momentanément, ses ongles pincent les cordes tendues. La mairesse blonde rit. Ses soucis s'envolent, s'évaporent comme de l'eau qu'on laisse trop bouillir. Il ne reste rien, mis à part de la simplicité, de la légèreté. Elle s'imagine être un zéphyr, une brise caressant des visages inconnus ou encore soulevant délicatement des mèches de cheveux. La donzelle ne souhaite être comparée à une intempérie, un sirocco torride ou encore la folie d'un cyclone.

La fougue du mistral se déchaîne rythmiquement alors qu'elle s'introduit anonymement dans une bicoque au chemin de Melleray. Une fenêtre entrouverte et voici qu'une brise légère et fraîche régule les formes sinueuses d'un vélin du soir. L'encre noir y sèche rapidement, une mèche blonde tombe perpétuellement sur le front d'un paysan. Une joue se gonfle sous un sourire réfléchi. Cherche-t-il ses mots ou sent-il sa présence? Son regard à l'immensité océan pétille d'un panorama inspiré.

Kaelig joue la sérénade d'un monde inconnu des hommes. Les notes sont aussi vierges qu'un espace guère exploré. Dame Lune reflète son éclat nocturne sur la chevelure dorée, y déposant un reflet irréel. La musique lui apporte tellement de bonheur. Son escapade nocturne lui apporte tellement de bien-être.
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Bradwen


Au mesme moment... à Melleray.


Quelque part du costé de Melleray, une rafale de vent fait ouvrir la fenestre de la chaumière d'un simple paysan, éteignant instantanément toutes les chandelles de la pièce. Au crépitement du feu dans la cheminée succède la longue plainte aiguë du vent qui glisse sur la table, passe aux travers des barreaux des chaises, esquive avec habileté la solide armoire normande, vient s'enrouler sur les montants du lit pour finir par ricocher sur les joues du paysan.

Est-ce la froideur du geste ou la plainte lancinante et aigüe qui réveilla le paysan, il ne sut le dire. L'homme ouvrit les yeux, se demandant où il se trouvait. Il mit un certain temps pour se rendre qu'il était bien chez lui, dans son lit. Il se leva, prit son briquet à silex pour allumer une lampe à huile qu'il utilisait peu d'ordinaire. L'homme n'appréciait guère l'odeur que dégageait en se consumant ce liquide infasme. Avec le retour de la lumière, Bradwen retrouva peu à peu son aplomb. Durant la veillée, il avait encore cherché à élucider le fameux vélin mystérieux qu'il avait trouvé dans la cellule de l'homme retrouvé chez Iseuld. Il le savait, il le sentait. La clé d'une partie de l'énigme se trouvait dans ce parchemin, mais où ? Pourquoi avoir déchiré une partie d'un livre des vertus pour griffonner le plan de st-nicolaïde ? Pauvre Christos ! S'il voyait le peu de cas que faisait certains enfants de Dieu de ses logios !

Le paysan s'approcha de la fenestre pour la refermer. C'est qu'il faisait un froid de canard dans cette maison ! Les nuits étaient encore fraische, pour ne pas dire glaciale ! Déjà que porte et fenestre close, la cheminée réchauffait avec peine la petite chaumière ! Bradwen jeta un coup d'oeil vers le ciel qui l'attirait inexorablement chaque nuit. Là-haut, Dame la lune étalait sa face ronde et éclairée dans toute sa splendeur ! Ses proches voisines brillaient de milles feux. Le ciel était clair et dégagé en cette nuit.

Les mains plaquées sur le menton, le diacre se perdit dans l'observation des astres stellaires. Son imagination ne tarda pas à se mettre en branle et il ne lui fallut pas trop de temps pour apercevoir une casserole, un ours, un centaure…C'est alors qu'il se mit à penser à son père. Était-il comme lui, fasciné par la beauté des astres ou avait-il une raison d'y passer ses jours et ses nuits. Savourait-il la beauté du spectacle qui s'offrait à lui ou avait-il une curiosité bien plus… scientifique ?

Les joues, le bout de doigts durcis par le froid permirent au paysan de revenir à la réalité. Il ferma la fenestre d'un geste résolu. Déjà le sommeil le fuyait. Il jeta un coup vers le vélin qui était tombé de ses mains lorsqu'il s'était endormi et qui gisait là, au pied de son lit, tel un objet de tentation ultime. Bradwen balaya son attrait d'un revers de la main. Il enfila son mantel. Il avait besoin de marcher sous un toit simplement étoilé. Il voulait se changer les idées, ne penser à rien, ni personne… enfin presque ! Il referma la porte dans un grand grondement sourd et prit la direction de la grand place de Montmirail ! Marcher lui ferait du bien.

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Kaelig


Le 11 mars aux vêpres...

Les paumes de ses mains sont égratignées. La peau de ses genoux ne mène guère meilleure mine. Devant le feu de cheminée du trois rue saint-Nicolaïde, les braises crépitent selon une mélodie nostalgique. Les flammes dansent d'avant en arrière, riant aux éclats orangés. Leurs cris en deviennent presque insupportable. Un tissu humide éponge le sang séché de ses éraflures physiques alors que son regard bouffi se détourne. Ses émeraudes sont rougis par des gouttes salées, son champ de blé est en bataille, son nez est à la limite de l'irritation et Kaelig sent son visage tiré par des fils de marionnettes imaginaires. Elle se sent prise d'une immense fatigue. Comme si son coeur bat bien plus vite. Comme si son coeur pompe plus d'énergie qu'à l'accoutumée. Au fond de son âme, elle espère qu'il va accélérer, qu'il va palpiter jusqu'à s'arrêter. Tout arrêter...

La blonde ne supporte plus cette impression d'étouffement. Elle n'a qu'une envie : écarter sa cage thoracique, gratter la moindre parcelle de coeur, le jeter en pâture aux corbeaux et devenir un légume. Plus de carotte en ce jour meurtri. Ne plus rien ressentir... Un morceau de viande est toujours plus utile pour nourrir les animaux qu'offert à une personne ne sachant s'en servir à bon escient. Bradwen en l’occurrence n'a su en prendre soin. Quatre mois de bonheur. Quatre mois de rire, de joie, de projets... de fiançailles même. Une soirée de jalousie pour tout faire voler en éclat. Une révélation et tout un service en porcelaine se brise sous la colère. Quatre mois gâchés d'illusions? Elle ne regrette rien. La paysanne ne savait le diacre aussi féroce de jalousie à s'en déformer les traits de mépris, tapant le poing sur la table. Le dos face à elle, il s'était détourné de ses supplications avec une facilité déconcertante. Soit-disant, elle avait eu de l'attirance pour le maire du Mans. Soit disant, elle ne fréquentait pratiquement que des hommes pour son travail politique. Soit-disant... à quoi bon lui crier qu'elle l'aime à en mourir si c'est pour s'en couvrir les esgourdes de ses paluches? A quoi bon lui dire qu'elle le veut lui pour époux? A quoi bon lui murmurer qu'elle ne pense qu'à lui, même en compagnie d'un autre homme? Et lui, avec ses faux sourires mielleux devant les dames. Il savait y faire le forgeron de ses mains et de ses courbettes! Qu'importe, cela ne la regardait très certainement plus à présent...

Kaelig se lève et impulsivement, elle arrache la chaîne d'or autour de son cou. Cette même chaîne sertie de son anneau d'or identique au sien, pour le jeter avec énergie au travers de la pièce. Un éclat de rage retentit alors que deux genoux écorchés tombent sur le sol dur de la bicoque, n'améliorant guère leur état. En silence, la mairesse sortante laisse couler les gouttelettes de sa perdition sur sa peau pâle alors que ses paluches prennent possession de son faciès dans un masque de désespoir. C'est décidé, dans trois jours, elle partirait loin. Le plus loin possible.
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Kaelig


Le lendemain...
Deux jours. Il lui reste deux jours. Si peu de temps mais tellement de secondes. Si cela ne tenait qu'à elle, la paysanne en aurait inscrit des croix de décompte sur un parchemin, ou sur son corps. Une marque à l'encre. Une seconde passée noirâtre. Plus de blondeur, uniquement de la noirceur. C'était bien l'humeur du moment. C'était le moment de faire un avec le mur de sa bicoque. Se fondre dans la masse pour partir.

Un verre de calva entamé dans la main gauche, sa main droite a commencé à noircir. Les mirettes plissées, ses doigts courent avidement sur un parchemin posé sur ses genoux. Vélin posé sur une planche de bois de son artisanat. Bref. Le croquis est des plus ressemblants. La blondinette est d'humeur à s'évader. La création est primordiale afin de ne pas perdre le peu de carotte et le bon sens qu'un être humain peut posséder lors d'un assaut de désespoir. Si possession il y a, cela s'entend. Tristesse, remplace-toi par la disparition de sentiments! Donner un ordre, en général, ne fonctionne pas aussi facilement. L'effet est soit immédiat, suivi d'une mandale, soit volatile, la mouchette passant au-dessus de la caboche dans un moment de solitude profond. Ni l'un, ni l'autre : des courbatures. Une journée étrangement attachante, possessive et aux allures mystérieuses pour celui qui est omniscient et qui lit ces lignes. Une journée à se demander si elle ne devrait pas filer au bras d'une femme plutôt qu'un diacre jaloux abusif qui devient oppressant.

Deux jours. Il lui reste deux jours. Si peu de temps et tellement peu d'encre pour jouer aux scraboudjas humains. Un soubresaut presque nerveux secoue sa carcasse féminine alors qu'un sourire hautain s'accapare ses traits faciaux. Son regard est cerné mais appuyé. La soirée n'est pas à la voûte étoilée, il est au calva. Popotin sec! La mairesse trinque avec sa pensée du jour avant de laisser glisser le liquide à la chaleur étouffante dans les entrailles de son cuer.


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Max_premier


14 mars

Il avait croisé sa fillotte à la maréchaussée, l'air des mauvais jours, lui annonçant son absence future pour un voyage, en précisant qu'elle avait besoin de prendre l'air ; pour oublier à ce qu'elle lui dit certaines choses dont il n'avait rien vu venir apparemment, faites ou dîtes par son ami Bradwen, l'heureux fiancé depuis quelques temps. Il voulait avant qu'elle ne parte essayer de voir ce qu'il pouvait faire, en tant que son parrain déjà mais surtout parce qu'il les aimait tous les deux et ne comprenait pas ce qui c'était passé.

Boîtant et se tenant un peu le dos, des cicatrices visibles et d'autres invisibles cachées par ses vêtements (voir l'épisode aux remparts pour comprendre) le voilà qui vient pendant son tour de garde toquer à la porte de Kaelig.


Kaelig !!!! Tu es là ? C'est parrain Max... T'es pas partie au moins sans me faire un bisou hein ?
Il toque à la porte, espérant n'être pas arrivé trop tard...
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Kaelig


J - 0

La donzelle s'était levée de bonne heure afin de poser son rapport sur le bureau de son Prévôt à dorer. Ceci fait, elle s'était recouchée. La paysanne avait passé une soirée tardive à nettoyer le bureau municipal dans son entièreté. Elle souhaitait que tout soit tintant pour l'arrivée de son successeur. Chose faite, elle n'avait tardé à s'endormir. Du moins, le croyait-elle. Dans un semi-sommeil, la blondinette s'était retournée à plusieurs reprises sur sa couche. Ses rêves avaient été des plus tortueux et sa tignasse s'était emmêlée en un point de presque non-retour. L'ex mairesse n'avait plus l'habitude de dormir seule. Sa paillasse lui paraissait bien froide, bien dure, bien grande pour elle seule. Recroquevillée sur elle-même, les larmes avaient balafrés son visage la nuit entière. Ses mains s'étaient serrées à l'extrême sur le tissu nocturne alors que des rides de tristesse s'étaient baladées au gré de l'éclat étoilé perçant au travers de son unique fenêtre. Elle manquait de sommeil et le diacre ne l'aidait guère. La jeune femme en manquait tant qu'elle se prenait à rire seule de nervosité, à en pleurer. La folie la guettait, il était temps de réagir.

Kaelig s'était forcé à se lever, tardivement. Elle avait ensuite glissé sa houppelande blanche par-dessus de solides et chaudes couches d'affublement. Achevant sa tenue vestimentaire, elle avait enfilé ses bottes de cuir à la couleur aussi sombre que son cuer. C'était ainsi. Son bouclier était posé au coin de la cheminée, ainsi que sa nouvelle claymore. Elle emporterait cette dernière au dernier moment. Inutile de s'encombrer d'une autre lourde protection. Son éternelle besace de cuir était presque prête : quelques morceaux de viande séchée, une gourdasse d'hypocras, des miches de pain encore croquantes des fourneaux matinaux, une plume d'oie, de l'encre, quelques vélins de qualité et... Lasse, elle arpenta la pièce afin d'apercevoir LA chose manquante à son voyage. Rien de marquant. Posés sur le lit, les deux pendentifs offerts de Bradwen, ainsi que quelques croquis noirâtres. Sa gorge se serra à la vue de ces objets. La charpentière préférait ne point les emporter. Elle reviendrait pour les élections comtales de toute manière. En attendant, la prise d'air était primordiale. Partir loin. Le plus loin possible. Inconsciemment, une main se déplaça vers sa gorge. Nul anneau d'or. Nul chaîne en or. Elle avait presque oublié qu'elle avait arraché sa promesse de vie en même temps que sa peine coléreuse. Ses doigts fins s'attardèrent un moment pour descendre lentement. Sa gorge devenait de plus en plus sèche, ses mirettes devenaient tout aussi arides. La lettre d'adieu à l'être aimé avait été envoyée. Ne plus penser...

Quelques pas et voilà que la donzelle empoigne une bouteille de calva , récemment offerte, pour verser quelques gouttelettes dans un de ses godets rustiques posés sur le dessus de la cheminée éteinte. La température s'était radoucie ces derniers jours. Les premiers bourgeons pointaient le bout de leurs feuilles. Les hirondelles allaient bientôt picorer du bout de leur bec. Une blonde était presque prête à partir. Cul sec! Le liquide attaque rapidement ses entrailles. Un deuxième verre s'enchaine. Un troisième?

Elle est interrompue par une frappe sèche mais douce à sa porte. Ouvrir? Point ouvrir? La tentation est haute de ne point donner signe de vie. Lorsqu'elle entend la voix de son parrain, l'hésitation s'envole. La blondinette pose le verre, ainsi que la bouteille. Une porte s'ouvre sur une légumière cernée, négligée, à l'haleine chargée. Elle s'en moque. Elle sourit doucement à Max pour s'en détourner et revenir farfouiller dans sa besace de cuir. Le temps passe, les minutes filent. La paysanne doit se dépêcher.

Entre Max, fais comme chez toi.

Sa voix est faiblarde, elle manque d'assurance. La nuit mouvementée ainsi que ces derniers jours de douleur ont été des faits marquants sur le corps de la mairesse sortante de Montmirail.
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Max_premier
Chez lui ? Chez lui, il ne connaissait même pas la maison de sa filleule en fait, la retrouvant toujours au travail en mairie, ou bien à l'église ou même encore sur le marché toujours à courir à vouloir donner aux autres plus de temps qu'elle n'avait et du coup, il n'avait jamais pensé à s'imposer plus à elle, en venant lui rendre visite, estimant que le peu de temps qu'elle prenait pour elle, chez elle, devait être privé.

Elle le salue, se détourne vite mais il a eu le temps de voir son visage aux joues pâles creusées, aux yeux rougis dans des paupières gonflées par les pleurs. Il ne dira rien, ce n'est pas à lui de juger, il veut simplement savoir ce qu'elle voudra bien lui dire, pour essayer de soulager sa peine, pour calmer son coeur meurtri. Son métier de soignant lui a appris la patiente et l'écoute et c'était déjà un premier remède.


Merci fillotte, je suis content de ne pas t'avoir laissé partir sans te faire une dernière bise tout de même... Il regarde le verre posé et le flacon...

Hum, tu avais soif et froid pour boire de si bon matin ? J'espère au moins que c'est de la qualité... Tu m'en offres un petit verre ? Tu as quelques minutes à me consacrer avant de partir, juste comme cela.. entre parrain et filleule. Il lui sourit, espérant obtenir ce moment qui lui témoignerait son envie de lui en dire un petit peu plus, afin qu'il fasse son rôle de protecteur... celui qu'il avait accepté par le baptême de Kaelig.

Pour l'obliger à se poser un peu, il fait le tour du propriétaire des yeux et voit une chaise où il s'installe.
Tu es bien installée, c'est sobre mais facile d'entretien. Toi qui a travaillé jusqu'à point d'heure, c'est ce qu'il te faut. D'ici quelques temps quelques fleurs à droite et à gauche et ce sera parfait...

Elle le sert sans dire un mot encore puis vient s'installer face à lui tranquillement. Merci... Alors dis moi... tu veux prendre l'air c'est cela, le bon air alors pour que tu reviennes en pleine forme d'accord ? Et dans toutes tes formes euh je veux dire comme tu es aimée enfin.. tu me comprends hein ? Il la regarde et lui sourit, elle pose sa main sur la sienne, il la laisse faire, attrape ses doigts qu'il sert un peu pour l'aider et elle se met à lui raconter une bonne partie de l'histoire, incroyable, surprenante.

Il lui pose quelques questions simples, sans vouloir être indiscret mais il a besoin de savoir, plus elle lui raconte, plus il se dit que c'est vraiment dommage mais il comprend bien sa grande tristesse, son incompréhension, il connait Bradwen et sait bien combien il peut être un peu dur sur certains aspects d'autres auraient dit borné mais il n'avait pas osé dire cela, c'était son ami.


Une fois l'histoire posée, il la regarde intensément... Dis moi ma fillotte, au fond de ton cœur, vraiment... tu l'aimes toujours n'est-ce pas ? Elle joue avec ses mains, il ressert légèrement son étreinte et elle lui avoue tout ce qu'elle a sur le coeur.

Très bien... Je vais maintenant te faire promettre quelque chose d'accord ? Tu devras m'écrire, que je sache où tu es, que je puisse venir te rechercher par la peau des ... enfin au plus vite si j'estime que t'es partie trop longtemps et surtout de prendre soin de toi. Je vais voir ce que je peux faire, j'ai une petite idée mais j'ai surtout une crainte et faut que je fasse vite.

Si je n'étais pas Chef Maréchal et surtout je ne voudrai pas en ce moment délaisser enfin tu sais, ton parrain est à nouveau,
il ne voulait pas prononcer le mot, n'ayant pas eu de confirmation que ce soit partagé de la même manière, j'ai le coeur qui bat à nouveau la chamade et donc, ce n'est pas le moment tu me comprends ?

Elle le taquina, il la vit à nouveau sourire et c'était un réconfort. Ses efforts pour le moment étaient appréciés et montraient quelques résultats... Il espérait qu'elle profiterait de cette séparation pour confirmer ce qu'elle lui avait avoué. Il se leva, il ne voulait pas qu'elle se sente piégée, lui fit une belle bise qui claque sur chacune de ses joues.

Ma fillotte prend bien soin de toi et profites de ce voyage pour te remettre en état, je compte sur toi... j'ai besoin de toi ici, nous, avons besoin de toi.
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Kaelig
La bicoque de Kaelig était simple, en effet. Elle passait le plus clair de son temps au trois, chemin de Melleray. La blondinette n'en avait donc cure d'entretenir et de bonifier une tanière dans laquelle elle n'y passait que pour recevoir, emporter des affaires et rarement y dormir. L'ex-mairesse se sentait aussi démunie que ses murs.

Max... il se donne moult peine pour braver son ravin cerné, pour la rassurer, pour la protéger. Dès le début, il l'a pris sous son aile. Une once de confiance, des conseils avisés dans le creux de l'esgourde, une danse (é)veillée, quelques sourires amicaux se transformant en rires familiaux. C'était son parrain de cuer comme de conviction. Son protecteur. La paysanne se sentait comme une petite fille avec lui. Non pas de par la taille puisqu'il n'y faisait aucun doute. Mais par ses sentiments. Plus que de l'amitié. Moins que de l'amour. C'est cela qu'elle avait cherché à faire comprendre à son diacre. En vain...

L'inquisiteur aux bonnes intentions toise la décoration environnante. La blonde sourit dans ses carottes. Il ne la voit pas. Deux godets de calva se posent devant les parlotes. Il lui pose question sur question. Elle répond, calmement. Ses émeraudes sont pleines de sentiments, pourtant aucune larme ne déborde. La jeune femme sent l'envie irrésistible d'un contact rassurant. Elle le lâche du regard pour faire glisser son index dans la paume de l'artisan boulanger, distraitement. Kaelig y voit une autre paluche que celle de Max. Fermement, elle la serre dans la sienne, comme si des gouttes salées tendaient à revenir à la surface.

Ne pars pas Max. Ne me lâche pas comme Bradwen l'a fait...

Une lueur étoilée apparaît dans son regard clair, pour disparaître instantanément. La tristesse prend le dessus.

Je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerais toujours...

La blonde lui promet de lui écrire un vélin chaque soir. Elle laisse échapper un sourire de soulagement, il change de sujet. Son parrain a les mirettes brillantes lorsqu'il parle d'Elle. La charpentière se sent plus légère de l'entendre ainsi parler. Il lui permet d'aérer ses pensées. Le chef maréchal écarte deux, trois araignées entravant une raison joviale. La toile est collante pourtant. Son balais doit être des plus efficaces. Alors que son ami dépose des lèvres claquantes sur ses joues pâles, la légumière en profite pour le serrer dans ses bras. Longuement. Elle ne veut le lâcher. Elle a presque peur du retour à la réalité, du moment où elle se retrouvera seule avec ses pensées et sa besace de voyage.

" J'ai besoin de toi ici...
Nous avons besoin de toi... "


Toi, prends soin de toi. Prends soin d'elle...

L'amie lui sourit comme elle ne l'a jamais fait. Un sourire de présence, de remerciement. Un sourire ensoleillé. Un sourire d'au revoir...
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Max_premier
Bien sûr qu'il allait prendre soin d'Elle, il y comptait bien d'ailleurs à l'instant présent, en y pensant, elle commençait à lui manquer, il ne l'avait vu de la matinée, ce n'était pas dans ses nouvelles habitudes mais il avait quelque chose à faire encore...

Un dernier sourire à Kaelig en réponse au sien, un signe de la main et le voilà parti direction chez son ami... le "borné" mais c'était un petit nom amical dans sa bouche...

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Kaelig

La gorge serrée, c'est dans un fatras métallique que la blonde ferme la porte du trois rue Saint-Nicolaïde.

Un trois décembre 1458...
Une insomnie...
Une révélation étoilée...
Deux coeurs qui battent pour une unique destinée...

Les clefs glissent dans la besace.

Un vingt décembre 1458...
Un échange d'anneaux familiaux en or...
Au bout d'une chaîne, une promesse au joyau inestimable...

La blonde reste plantée devant la porte, la tête baissée, les mains sur son sac de voyage.

Un trente et un décembre...
Un moine mystérieux murmure au creux de son esgourde...
Un coffret métallique se pose en délicatesse dans la paume de sa main...
Le donateur disparaît sans laisser de trace... qu'il croit !

La caboche dorée se relève doucement pour poser une lueur de prière à ses ennemies étoilées.

Un trente et un janvier 1459...
Une entrée dans une Grande Famille...
Une goutte qui glisse de son front jusqu'à sa gorge...
Une joie immense se glisse autour de son annulaire droit...

Un pas d'éloignement direction hors des enceintes montmiraillaises.

Entre temps...
Des rires, des joies, des défis...
Le 9 décembre...
La cabane autour d'un lac...
Decanisy et leur journée en soutane...
Rose et son arrivée en piteux état...
Maria et la galoche de Phanou et Miss à s'en retourner les amygdales...
Des rencontres étonnantes : Orwynn, Max, Erraa, Maelia, Rose, Ereii, Feuilllle, Esquimote, Gwendal, Iseuld, Miche, Routard, Zodaelle, sa soeurette, Raphice, Damus, Cortez01...
La paysanne doit en oublier, très certainement... Loin des mots, haut les coeurs !

Un deuxième pas, puis un troisième.

Le 11 mars 1459...
Tout se détraque...
Rien à ajouter...
Tout à laisser derrière soi...
Ses émeraudes deviennent de plus en plus ternes...

Un quatrième, un cinquième. La légumière ne les compte déjà plus. Une drôle de chansonnette à l'allure mélancolique trotte dans sa caboche. L'air est frais mais vivifiant. Son pas est à présent décidé et énergique.

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