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[RP] Les lapins restent-ils blancs au printemps ?

Katina_choovansky.
Les tapisseries de Bayeux, carte postale normande




Katchoo, Blanche et Vanyla restaient immobiles, les sourcils froncés et l’air inspiré.
Aimbaud, lui, avait décrété qu’ « il avait mieux à faire que de s’abreuver de croûtes brodées », aussi, s’essayait il à la ventriloquie assis sur un banc, non loin, avec le Chevalier Majeur.


- « On est obligée de rester là encore combien de temps ? », demanda finalement Vanyla sans retenir une pointe d’impatience dans sa voix.
- « Il nous regarde encore ? », fit Blanche en faisant mine de s’attarder sur un détail.

Katchoo jeta un œil au guide touristique qui les couvait du regard à une dizaine de mètres.


- « Oui. »
- « Non, parce que bon, d’accord, c’est impressionnant », céda la blonde en s’écartant d’un pas, « mais ça va pas non plus casser trois pattes à un canard… J’ai vu des tapisseries cochonnes vachement mieux faites que ça… »

Elle détacha le regard de l’œuvre magistrale.

- « J’vous montrerai. »

La brune et la rousse acquiescèrent sans se départir d’un sourire.

- « Bon, on se casse, il fait beau comme tout dehors et on moisit à l’intérieur », ronchonna Vanyla. « J’occupe le guide, prenez le Virus et sortez, je vous rejoins à la Gourmandie… »
- « Mais, et notre culture G ? », demanda Katchoo en prenant un air outré.

Un chapelet de mots grossiers s’échappa des lèvres perlées de la jeune femme, déclanchant une crise de fou rire brugeois. Le guide n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche, Vanyla venait de le saisir par le bras et de l’entraîner plus loin.


- « Aimbaud ! »
, appela Katchoo en cherchant le môme du regard.

Celui-ci agitait Chevalier Majeur devant une octogénaire perplexe. Il tourna la tête vers elles, sauta du banc sur lequel il était assis, fit trois pas dans leur direction, revint en arrière, et fila un coup de pied à la vieille avant de courir les rejoindre.


- « Elle l’a pas volé », se contenta-t-il de dire en passant devant leurs regards ahuris.
- « Dépêchons nous avant qu’elle ne réussisse à alerter quelqu’un», proposa Katchoo en tournant le dos à la tapisserie de Bayeux et à la vieille qui appelait à l’aide.

Elles rejoignirent le parvis de la cathédrale où un ciel bleu limpide les attendait.
Luciedeclairvaux
[Nuit blanche à Saumur]

Seule une douce respiration s'élève dans le silence. Rassurante à ses côtés.
Ange, les yeux grands ouverts, contemple le noir qui prend, ça et là, en iridescentes arabesques, des teintes bleutées. Ou bien est-ce simplement le fruit de son imagination ? Ou bien est-ce le début d’un rêve. D’un autre rêve. Du rêve qu’elle appelle.
La dernière fois, il est apparu sans crier gare.
Leurs routes se sont frôlées.
Puis plus rien.

Elle est revenue sur ses pas. Vague impression qu’il n’est pas loin. Pas loin d’elle.
D’elles.

Les ombres noires glissent jusqu’à reformer son visage … une épaule. Ange avance d’un pas, sort des brumes évanescentes, et murmure ... « enfin tu es là » …
Un doigt se lève soudain vers elle !
Puis, contre toute attente, de sa voix douce et profonde ... « Reprend ton destin en main, Lucie, c’est indispensable »

Le tonnerre fait trembler les murs et la pluie s’abat sans discontinuer, accompagnant les cauchemars qui suivent d’une lancinante mélodie. L’aube grise dévoile enfin les traits du visage endormi près d’elle. Lucie lui sourit tristement.

Pour quoi nous battrons-nous désormais. Les mots que tu dispersais au vent, rassurants ou tranchants, nous les avions recueillis, choyés, défendus jusqu’au sang. Cette liberté nous donnait des ailes. Les mots. Tes mots. Qui s’impriment encore au plus profond de nous. Ceux pour lesquels nous avions lutté. Perdu parfois. Espéré toujours.
Les mots qui enchantent et les mots qui tuent.
Zorg, où es-tu ...

Elle s'endort au petit jour, épuisée.
Keyfeya
Chaleur éphémère, langues dansantes sous mes yeux décidés, ne mettant en lumière que le chagrin d’un cœur, contrastant faiblement avec le néant trop puissant.
Souvenir lancinant de deux cœurs unis, arrière gout intolérable dans la solitude, couleur de sang, toujours, couleur de sang….

Ciel qui m’a engendré, donne moi la colère, la haine, la fureur, la rancune, fait moi vivre par elles, qu’elles me portent et me donnent la force suffisante pour tenir encore debout.
Chasse, si tu as quelque pitié, chasse chagrin, manque, nostalgie et amour.

Mots prononcés se réverbérant dans mon esprit et faisant l’écho de mon cœur passionné, exaltant chaque parcelles de mon être.
Un serment.

Sur ma vie, sur mon sang….que mon âme soit damnée et mon sang maudit, s’il est rompu.

Pensée pour ma petite princesse encore endormie, entend les paroles maudites, double promesse, la dernière m’obligeant à tenir la première, pour ton bonheur, je me dois, selon les termes, les tenir. Car mon sang c’est toi, ma chair c’est toi.

Éclair argenté, la lame est sortie, sénestre l’enserrant, le sang doit couler.
Geste vif en silence, main tendue laissant la fournaise accueillir l’engagement.
Meurtrissure béante qui ne sera pas suturée.
Felina
Qui suis je ?

Ombres parmi les ombres, anonyme errant sans but. Vers où, vers quoi marche t-elle ? A quoi bon avancer ?
Brunette encapuchonnée, frusques et bottes crottées, montée sur son Alezane à la robe plus si blanche. Fuir, toujours fuir … Ce comté maudit qu'elle voulait tant retrouver, ces Flandres qu'elle a chéri plus qu'aucun autre endroit. Son chez elle ? Elle avait voulu y croire, elle y avait cru … Mais elle y a tout perdu. Elle n'avait pas grand chose, elle n'a désormais plus rien.

Seule si seule … Qui suis je ?

Son autre, son double, son frère … laissé sur place comme on dit. La douleur fût si vive qu'elle a cru mourir avec lui, et a voulu disparaître, le rejoindre. Culpabilité qui la ronge, la détruisant à petit feu … Elle meurt ? Non … maudite enveloppe de chair qui ne veut pas céder alors qu'aux tréfonds de son âme et de son cœur il n'y a plus rien d'autre que le néant, l'infini du vide. Coque de noix, carapace qui s'épaissit de jour en jour, se refermant telle un étau autour de son cœur devenu plus froid et dur que de la pierre.
Elle vit, elle survit. Pour lui, en souvenir de lui.

Seule si seule … Qui suis je ?

Elle emporte avec elle un secret, un Loup Solitaire croisé là bas, mais qu'elle a quitté comme elle a tout quitté, au nom de cette liberté qu'elle réclame à corps et à cri. Ne jamais se retourner, ne rien regretter, elle ne s'en donne pas le droit. Ne surtout pas être entravée, ne jamais s'attacher, ça fait trop mal. La solitude est son seul échappatoire, son seul moyen de survivre, frêle esquif balloté par les tempêtes de cette chienne de vie, auquel elle s'accroche avec toute la hargne et la force dont elle dispose.

Seule si seule … Qui suis je ?

Qui est elle donc maintenant ? Orpheline, une sœur qui n'a plus de frères, une maîtresse qui quitte ses amants les uns après les autres ... Une mercenaire sans cause à défendre, sans but, elle erre. Champagne, Berry, Bourgogne, Auvergne. De rencontre en rencontre elle survit, se laissant porter par les aventures des autres, des quêtes qui ne sont pas les siennes. Un Borgne, un Diable, des Rouges, des têtes couronnées. Torturés de la vie tout comme elle, d'autres ombres, presqu'une … famille? Tout s'accélère, tout se précipite et elle se laisse emporter, elle se noie volontairement, fuite en avant, ne surtout pas laisser l'ennui la ronger. Apparente légèreté de façade, se façonner un personnage pour ne pas leur montrer ses faiblesses. Il la veulent forte, elle le sera. Ils la veulent sauvage, elle le sera. Ils la veulent hargneuse, elle le sera. Ils la veulent drôle, frivole, coquine, ils la veulent Féline … elle l'est, encore plus aujourd'hui qu'hier, et bien moins que demain.

Seule si seule … Qui suis je ?

Saumur. Le bout du chemin ? Étrange cité, fief auto proclamé d'une famille toute puissante. Difficile de faire quoi que ce soit sans obtenir leur aval, et pourtant il règne ici une atmosphère qui lui plaît, l'attire, sans qu'elle puisse se l'expliquer. Et alors que l'avenir est enfin à sa portée, sous la forme d'une proposition alléchante qu'elle a finit par accepter, voilà que le passé la rattrape, implacable, sous la forme d'un Poison et d'un Ange, brune et blonde que tout oppose et qui pourtant semblent être liées comme les deux doigts d'une même main. Laudanum … Lucie … les deux L d'une même hirondelle, revenant au printemps.

Ennemies d'hier certes, mais pourtant la Féline les a toujours respecté, pour leur franchise, leur droiture, pour ce qu'elles sont. Comme elle, elles se contrefichent des convenances et des quand dira-t-on, électrons libres, fières et avec le verbe haut. L'ennui en leur compagnie est proscrit et l'action est omniprésente. Elles vous obligent à vous dépasser, à toujours être sur le qui vive, sens de la répartie imparable. Amies de demain ? Peut être … ou pas.

Qui suis je ? C'est avec cette obsédante question en tête que la Rastignac traîne ses bottes dans les ruelles sombres de Saumur, à la recherche d'une réponse qui ne viendra probablement jamais.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Yiralyon
Y’a pas à dire.
Sur les chemins du Berry on ne discute pas.


Ceux qui y traînent savent vous faire économiser votre salive.


Citation:
M…


Oui... ça c’était juste après que quelque chose de glacé ait pénétré la chair de son bras.

Citation:
Pu… de M…


Alors celui là je m’en souviens bien, l’intention discursive avait été plus poussée… Faut dire que ses tripes avaient manifesté l’envie d’une petite promenade champêtre. Sans l’intervention de sa main, elles n’auraient pas hésité à se répandre sur la route. Penser à dresser ses tripes pour la prochaine fois… vilaines tripes !
Et dans ces cas là…


Y’a plus rien à dire.
Reste à tomber par terre.


Le Poitou lui avait refusé un laisser passer, le contraignant à emprunter un chemin détourné pour se rendre à Saumur. Tout pressé qu’il était, il avait négligé la moitié des précautions qu’il prenait en temps normal. Ne nous étonnons pas du résultat voulez vous...

La besace vide, la bourse arrachée, il s’était traîné comme il avait pu jusqu’à la ville suivante.

Si l’on met de côté cynisme et ironie, il faut bien reconnaître qu’il n’aurait pas pu mieux tomber. Châteauroux…aucune question posée, des attentions débordante, un havre de paix. Il faudrait presque donner l’adresse à tous ceux qui rêvent de se faire truander. Norf ! De côté on avait dit !!!

Le temps de se refaire une petite santé et de nouer quelques amitiés, le voilà prêt à reprendre la route.
Zorg69
« Zorg, où es-tu ... »

Oui où suis-je ? Pourquoi est-ce que je me pose cette question ?
Curiosité de mon esprit qui semble répondre à un écho venu d’ailleurs … des tréfonds de mon âme peut être ?

Mais la question n’est-elle pas : Où donc es-tu en train de te perdre Zorg ?

Suis-je en train de me perdre ?

Je ne sais …

Je m’impose pour l’instant une distance …

… Distance avec les actes, distance avec une quête qui a failli m’engloutir, distance avec la lumière qui m’a aveuglé au point de tout oublier, circonstances, entourage, … distance avec les voies irréfléchies … Retour à la réalité. Atterrissage.

Distance avec l’entourage … Kat, Princesse,…
Mais où êtes-vous ?
Où vous ai-je perdu ?
Où me suis-je perdu ?

On ne se relève pas facilement d’un éclair qui perd soudain son éternité et qui laisse un trou dans la vision … noir le trou. L’horizon se floute autour de cet obscur, « sérigraphié » sur la rétine.

On ne se relève pas facilement d’un bombardement photonique qui s’interrompt avec la brutalité d’une hache qui tranche la buche. Le sanguinolent n’est pas de mise. Juste un néant bien net.

On ne se relève pas facilement …

Zorg, où es-tu …

Oui mon moi tu as raison, où suis-je ?

D’un point de vue géographique, après une errance improbable, je me souviens avoir foulé la Bourgogne et la Tourraine avant que d’échouer en Anjou.
Comment déjà ? Ah Oui Saumur …

Pourquoi Saumur ?
Si seulement je savais.
Peut être y ai-je vu un achèvement ? Un mur qui arrêterait l’errance. Le Mur des sots qui se perdent à oublier ce qu’ils ont cherché et qui ne cherchent plus rien si ce n’est les fragments d’eux-mêmes disséminés au gré de vaines recherches.

Le mur des sots … une fin en soi ?

Et tes amies Zorg, tu en as aussi éparpillé le souvenir ? Tu avais peu d’amies … mais quelles amies ! T’en souviens-tu Zorg ?

Un souvenir …
… un pigeon reçu peut être ?

Que disait-il ?

Je ne sais plus … Kat disait quelque chose …
Et princesse ?
Princesse devait dire aussi…

« … En ton honneur … » ça disait !
Mais quoi, en ton honneur ?

Perdu je suis … J’ai oublié de quel honneur il s’agissait. En ai-je perdu le sens ?
Le sens de quoi Zorg ?
Le sens du dire.

Kat a dit. Qu’a-t-elle dit ? J’ai perdu le sens de ce qu’elle a dit ? Il était question d’honneur…

Mais où êtes-vous ?

Et après Saumur Zorg ? Quand tu auras franchi le mur, les Flandres ?

Ah ! Dérisoire ! Je n’ai rien laissé en Flandres qui soit de nature à m’y ramener.
Kat, Princesse … Je crois qu’elles n’y sont plus.
Elles seules m’y rameront.

D’autre le pourrait aussi.

Tu es bien singulier Zorg, qu’est-ce à dire. Une seule autre ?

Qui ?

Elle…

… Un frôlement. Une main sur une joue. Un regret peut être.

Disjonction dans la réflexion. Rewind.

Kat, Princesse …

Les chercher ?
Où ?

Derrière le mur Zorg, derrière le mur !

Nouvelle rupture. Forward and play again.

… Un regret peut être.

Lucie ?

Lucie …
Souvenir d’un frôlement.

Lucie …
Souvenir d’un regret.

Lucie …
…la chercher ?

Pourquoi faire, elle a du m’oublier.

Mur.
Fuite.
Dichotomie cérébrale.
Nouveau chemin.


Partir … ?
Pour aller où ?

Mourir … ?
Ce serait lâche.

Vivre … ?
Il va falloir s’y résoudre.

« Sors de toi et vas le monde … »
« Reprends ton destin en main … »


… a dit la voix.

Ta voix Zorg !
Oui ma voix.

Va Zorg … Avance … comme tu as toujours su …
Franchis le mur et va …
Luciedeclairvaux
Saumur.

Sur le mur.

Sur le mur des sots, il y a Lucie.
Reine des Sots.

Remisée la raison, dans les profondeurs sombres.

Lucie est folle, tout l'monde le sait
Tout l'monde l'a dit quand elle passait *

Pourtant, du haut du mur,
Du haut du mur des Sots,
Elle voit.

Elle voit ...

Dans sa main, la main blessée. Folie. Marque le souvenir dans tes chaires, trompe l'oubli ... et la douleur. Appelle les démons. Allèche le diable avec l'odeur du sang. Key, je suis là ... prend ma main et partons loin. Ah ... non ... ça on l'a déjà fait. Prend ma main et reste au creux de moi. Écoute les battements. "Elle" est là.

Elle voit ...

Porte ouest. Une féline ennemie au pas bien décidé. Quête d'ailleurs. Les fourmis qui me torturaient naguère ont migré dans tes jambes. Reviendra, reviendra pas ? Évite la Hollande, Felina, c'est mon seul conseil. Quoi ? On avait dit pas de conseil ? Oui, tu me trancheras la gorge au retour, je suis pas pressée. Vas. Et reviens.

Elle voit ...

Porte nord. Les murs froids d'une forteresse que tu as percée. Couesmes. Est-ce toi, si fragile, qui a créé ce cataclysme ... Est-ce toi, Ange, la luciole perdue dans l'immensité sombre ? Sais-tu qu'elle se refermera sur toi pour te happer dans l'infini, le néant, la chute éternelle. Il est encore temps de fuir ...
ou d'aimer.

Elle voit ...

Porte est. Ne vois-tu pas venir Yira ? Je ne vois rien que le soleil qui verdoie, et l'herbe qui poudroie. Heu non ... c'est l'inverse ! Pourtant, il devrait être là. Le vieux sage au bâton. Le vieux singe des bastions.

Elle voit ...

Porte sud. Plus rien. Le soleil l'éblouit.
Ne pas regarder en arrière.
Oublié, le sud.
Aurillac, Tarbes, Cahors, Angou ... compte à rebours des villes qui nous ont vus saigner. Des murs. Rien que des murs, Senese. Des pierres qui nous ont vus pleurer.

Et toi ...

Toi qui est là tout près, Lauda, si loin, emmurée dans ta folie meurtrière.

Buée. Elle ne voit plus. Elle baisse les yeux. Un homme passe.
Une main un jour, a caressé ta joue.
Une promesse.

Une lumière qu'il faut taire.

Arabesque des routes. Frôlées, souvent. Croisées, jamais.

Sauf Saumur ...

Descends de ton mur, abrutie ! Barre lui la route, tu vois bien qu'il s'enfuit. Saute, déploie ta rapière dans le vent qui embrase l'Anjou. Vole !
Vas, cours, vole et nous venge ! Non ... ça c'est aut' chose.

Arrête la fuite du temps.

Oups, pardon, m'sieur, j'vous ai pris pour un autre.

Un pas de plus.

A bien y regarder ...

Est-ce toi, Zorg ?



*Fersen
Felina
Quand la vérité éclate enfin au grand jour.

Qu'on m'oublie.

Une escale à Chinon, très courte mais ô combien intéressante. Le Borgne tonton, situation risible s'il en est. Au moins il semble retrouver le goût, pour combien d'temps, la question reste posée. Dernier hommage au Gras Doubleen passant, tant qu'à être dans la place, autant faire d'une pierre deux coups? Ça c'est fait.

Puis le retour à Saumur … son chez elle du moment, courte chevauchée derrière le D'Assay et le De Nerra, Féline qui s'apprête à passer les prochains jours loin du monde, terrée dans sa forêt, murée dans son silence. Besoin vital de solitude qui lui reprend, s'insinuant en elle, jusqu'à l'étouffer. S'barrer du monde des vivants, fuir, encore, toujours.

Qu'on m'oublie.

Mais avant cela, un dernier passage en taverne, se rincer le gosier, retrouver l'ambiance Angevine … qui lui aurait presque … manqué ...?
Grimace … non pas manqué, pas possible, rien ne lui manque d'autre en cette vie que la présence de son frère à ses côtés, rien n'compte en dehors de cela.
L'estaminet est presque vide … oui presque parce dans l'coin, y a la Lucie qui révasse.
Encore elle, toujours elle, impossible de l'éviter dans cette ville, d'ailleurs la Rastignac le cherche t-elle vraiment ? Çà blablate, ça se titille, ça se raconte sans rien se dire vraiment et voilà qu'une duchesse, l'un « des », entre et prend place entre la blonde et la brune. L'attention se porte sur elle, le sujet dérive sur la mort d'un fils, la folie, le fait de parler avec ceux qui ne sont plus. La Féline ne parle plus ou presque, se contentant de hausser les épaules, ou de ponctuer leur dialogue de piques acerbes de son crû.

Qu'on m'oublie.

La duchesse part, les revoilà seules.

Comment en sont elles arrivées à parler de Lui, de Ça … de ce passé entre elles, qui les lient sans qu'elles n'en connaissent réellement les raisons. Mais les mots partent, le puzzle se constitue lentement et la vérité implacable s'impose enfin aux yeux effarées de la blonde.

Tu savais … ?

Je savais …


Zorg … la tentative d'assassinat, morbide complot auquel elle a participé. Son frère était des leurs, et son épée s'est abattue comme tant d'autres sur le malheureux, victime désignée de la folie d'un seul homme, parce qu'il parlait trop, mettant le doigt là où ça faisait trop mal sûrement, soulevant les vérités les unes après les autres. Félina n'a jamais posé de question sur le pourquoi … pas ses affaires, rien à carrer. On les paye pour tuer, ils tuent, pas plus compliqué que cela. Personne ne peut comprendre, ils étaient ensemble, le reste n'avait aucune importance à leurs yeux.
Bras meurtriers au service de noir desseins. Elle ne cherche ni à excuser ses actes, ni même à les expliquer, elle frappe sans réfléchir. Il n'était rien, n'est rien, ne sera jamais rien pour elle.

Qu'on m'oublie.

La Lucie pâlit, vacille, le regard se durcit … elle est à point.

Tu voulais une véritable raison de me haïr ma belle … te voilà servie … Pas déçue du voyage j'espère ? Cette haine sera ta force, te donnera une nouvelle raison de vivre. Frappe moi, crache moi dessus, déverse ton fiel sur moi, je t'attends ... viens ! Laisse la colère t'envahir, ne me fuit pas !!
Tssss et puis merde, c'est moi qui m'barre. Allez tous vous faire voir. Maintenant tu sais, à toi de voir ce que tu décideras de faire, ou d'ne pas faire. Ne me déçois pas jolie môme … non … ne me déçois pas. Et si tu le revois ton Zorg, dis lui … dis lui ce que t'sais désormais, dis lui que sa mort ne comptait pas, n'était rien, juste … une mission, comme une autre.

Qu'on m'oublie.

Et non les lapins ne restent pas blancs au printemps … ils ne le sont jamais. Le monde n'est pas tout blanc ni tout noir …

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Luciedeclairvaux
Debout, dans la grande forêt qui borde la Loire ...

... ou bien est-ce la Vienne ... ou bien est-ce le lac. Ah non, "pas de lac ici" a dit le Vicomte. Finam.
Pas de lac ici. Alors dans mon rêve ce n'était pas Saumur ? Alors Zorg n'est pas ici ? ...

Hum. Debout, dans la grande forêt, donc, Ange, la tête légèrement tournée sur le côté, regarde un arbre déjà balafré.

... ce doit être une mode ici ... même les arbres ...

Ahum. Debout, dans la grande forêt, Ange regarde son arbre, l'air mauvais.

... un arbre, un vrai. Pas celui qu'elle s'applique à compléter à chaque fois qu'elle rencontre un Penthièvre en taverne, branche après branche, cousin après cousin. Non, un hêtre majestueux et frissonnant dans la brise légère.

Donc. Ange, dans la forêt, regarde un hêtre.
L'air mauvais.

L'air mauvais, chez Lucie, c'est plutôt une petite moue enfantine et boudeuse, accompagnée d'un vague à l'âme plus ou moins profond selon l'intensité du tracas. D'ordinaire.

Là, elle l'a mauvais. Elle l'a mauvaise. Parce que cette chienne en deux mots a rouvert des blessures qui avaient mis des mois à cicatriser. Et ça fait mal. Juste mal. Ca saigne. Même pas eu envie de la cogner.

Pourtant, ces derniers temps, elle en a donné des coups. Mais là, soudain, plus rien. Le choc.

La dague fuse et vient se planter dans l'écorce déjà charcutée. Ange fait les vingt pas qui la séparent de sa cible. Les mots résonnent encore.


Je savais.

Elle n'avait même pas vacillé. Juste pâli peut-être, sous la douleur des blessures qui se réveillaient. Les flamandes ont raison, elle devrait être morte. C'aurait été plus simple ... comme dans le monde de Martine. Une messe, des fleurs, et zou. La vie aurait repris son cours normalement. Mais là, tout allait de travers. La roue du destin était sortie du rail.

Et cette pauvre fille, cette mercenaire de pacotille, venait participer à l'hérésie.
Qu'elle aille au diable.
Que Saumur aille au diable.
Je me casse.
Lucie, silencieuse, avait posé sa main sur la clenche mais le sort prit l'apparence d'un minois étonné et charmant. Keyfeya était sur le pas de la porte !

Les dieux ne sont pas si chiens.
Finalement.

Felina, en infériorité numérique, en avait profité pour s'échapper.

Ange récupère son arme et refait les vingt pas. Il n'y a plus de lapins blancs. Lucie les a tous butés pour se faire un manteau. Blanc.

... ange immaculé ...
Ange, immaculée.

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Zorg69
[Où il est question de murs de sots et de jouer avec ses maux]

« Sors de toi et vas le monde » a dit ta voix.

Et que fais-tu ?
Tu ériges des murs,
… des murs de silence.

Et tu t’enfermes dans ces murs-ci, alors que ces mures-là ont l’air si savoureuses.
Que ne goutes-tu les mures de tes murs ?
Saute tes murs et cueille un seau de mure.
Tu me semble mûr pour ça.
Tu n’en serais que moins sot.
En cueillant ce seau, tu cueilles la vie. Carpe Diem quoi.

Juste avec un saut ?

Et Oui … Un petit saut et hop voici un mur qui tombe et un sot de moins.

Un sot de moins … j’ôte un sot … j’avais jamais pensé à appliquer l’axiomatique de Peano à l’ensemble des sots.

Rhooo Zorg. Tu reconstruis là. Ne soit pas sot. Reste sur l’idée de faire sauter le mur plutôt.
Et comme ce sont des murs de silence, tu retrouverais le son, en savourant tes mures.

Oh le mur du son ! Diable je n’y avais pas songé.
Je m’impose un silence crois-je, en réalité c’est le mur du son qui m’interdit l’écoute, et donc le dire.
Puisque qui n’écoute ne peut dire.


C’est un autre sujet, Zorg, complique pas, c’est déjà assez difficile.

Oui tu as raison, restons sur les murs et les sots.

Voilà.

Attends je reformule …
J’ôte un sot avec un seau de mure et un petit saut. Ce faisant je casse des murs, et j’emmerde Peano. C’est ça ? Je peux l’estampiller ?


Oui ya de ça. Mais l’estampiller, non, tu ne peux pas. Te faudrait un sceau et je n’en ai pas. Suis-je sot tout de même !

Bon pas grave. Tu as raison. Il faut faire ce saut. Et par là même faire tomber les murs de silence.
Retrouver le son, faire l’âne. La vraie vie hors les murs. Carpe Diem quoi.
Mais j’y pense, il y a des mures sur les murs ?


Oui cela se peut, il n’y a que les sots pour ne pas savoir que les mures sont des fruits de murs.
Et si les sots sont sur les murs à mures, cela fait des murs de sots.
Des murs de sots qu’on dresse pour mieux se lamenter.
Les murs de sots, qui furent de sons deviennent de lamentation.
Bigre !
Ce sont des murs multi-usages dis moi ! Tu es savant dans l’art du mur ! Mur’art oserais-je ?

Oui je le suis. Le mur c’est de l’ordre du divin. Ca s’érige.
Une brique après l’autre, le mur tu montes. Une autre brique dans le mur… et Pinky devint fou.


De l’ordre du divin … des murs mystiques donc, …Je raisonne à voix haute … Hum … mur de silence. Ah oui j’y suis : le silence religieux ?

Et oui, on se lamente sur ces murs, tu l’as dit, et la mante religieuse, c’est bien connu.
Tu vois tout se tient.
Tout se tient, comme les briques qui cimentent mes murs.
Mais si mentent, elles, les briques, qui dit la vérité du divin ?


Déconstruction narrative. Un parfum libertaire flottait déjà sur ton orthographe et voilà que tu déraisonnes syntaxiquement pour justifier tes bons maux.

Rhaa l’orthographe n’est qu’une faune éthique, que la morale réprouve. Fiche moi la paix avec ça.

Il ne s’agit pas d’orthographe mais de construction.
Oula … construction … mur … l’autre il va encore nous faire un petit mur avec ses mots.
Oublie la déconstruction narrative. Apres tout, on n’est plus à une liberté près, pour faire péter tes murs.
Vais pas en plus te filer des nouvelles briques.
Et pis tel que je te connais, si t’as lu « brique », tu penseras mur.
C’est dans ton regard.

Lu « brique », regard ? A quoi tu penses quand tu dis ça ?

Bon laisse tomber, on s’éloigne.

Remember : « Sors de toi et vas le monde »
Et toi tu fais quoi : « Another brick in the Wall » à la gloire de pinky.
Le divin ca va bien. Mais ca t’éloigne de la consigne.

Zorg, la voix ne te dit rien d’autre que : « Fais le mur »
Mais c’est quoi je fais.
Non au figuré, fais le mur, casse tes murs, va voir un peu les ramures du printemps … qui ont été.
Qui ont été … les ramures du printemps ?
Ben oui, quoi, le printemps s’achève et vient l’été. Les ramures s’emmurent et deviennent branches. Elles ont été … avec l’été. Ca se tient.

S’emmurent ? Se couvrent de mures, tu veux dire ? Ca ne s’écrit pas pareil.

Rhaa cette fois c’est toi qui m’ennuie avec l’orthographe. Dans faune éthique, il y a faune …

C’est pour ça que tu nous cause de flore à l’heure du café ?

Ouais. Pas fraiche celle là.

Bref. Bref. Revenons au propos, tu m’embrouilles là…
Les ramures étaient, il convient d’en parler à l’imparfait. Vu que l’été se pointe à Mach I.

Mach I ?

Mach I. 340 m/s. Le mur du son quoi, celui auquel tu dois un saut pour être un peu moins sot, manger des mures et annihiler ce silence assourdissant qui te casse les oreilles.

Bref à nouveau.
Je disais …
Les ramures étaient, il convient d’en parler à l’imparfait.

Ramures imparfaites donc au-delà de mes murs, ramures de mures que je m’en vais aller mirer, en faisant le mur, pour pas faire le sot, et retrouver le son, en pissant comme je pleure sur les fidèles du divin.
J’ai bien dit ? dit …


Oui t’as bien dit. T’as un peu emprunté, mais ce n’est pas grave. Faut ben faire vivre les mots des autres sinon ils s’emmurent et on les oublie.

Sots lit loque Zorg !

Quoi ?
Qu’est-ce-à dire ?
Sur moi les gens liront la loque que je suis, si je continue à faire le sot ? C’est le sens de l’expression ?


Arrête de tirer sur tes cheveux tu vas devenir chauve.
Encore un problème d’orthographe.

Soliloque, Zorg, c’est ce que tu fais quotidiennement, tu soliloques.
Tu deviens un sauvage à construire des murs même en déconstruisant narrativement.
Il est temps de revenir au monde.

Fais le mur et casse-toi !

D’accord.
Dis tu crois que Lucie, elle aurait aimé ce petit délire linguistique ?


Sais pas Zorg, sais pas.
Laudanum
[Jusqu’où iras-tu ?]

Le goût de l’aventure lui brûlait les lèvres, tel le baiser d’un inconnu au regard pénétrant, éveillant les sens, portant le frisson aux chairs et invitant à s’engouffrer dans la brèche, à tomber sous le seuil de la raison. Au début oui, jusqu’au silence…de mort.

Alors elle avait marché, comptant les cailloux que rencontraient ses bottes. Un matin lui était apparu un ange, qui chuchota à son cœur que l’au-delà était plus proche qu’il n’y semblait, dans l’antichambre d’une fourmilière, ou dans l’ombre d’un tournesol. Les illusions consolent…un temps.

La nouveauté a souvent un arrière goût, un relent du passé. Un souvenir de naufrage, du désespoir le plus noir, et de cette lueur, au fond de l’océan qui la poussait à s’enfoncer toujours plus, aura d’un trésor qui brillait pour elle, le croyait-elle, alors qu’il ne s’agissait que d’un chant destiné à la noyer. D’une musique qui raisonna à nouveau, faisant fi des frontières de l’âge, des identités changeantes, un rêve la poursuivant des limbes où ils s’étaient aimés…désillusion.

Elle se demandait parfois dans quel sens il fallait regarder, l’envers possédant des bords moins tranchants que l’endroit, bien qu’annonciateur de confusion, l’endroit se montrant plus retors et pernicieux que les aspects les plus vils de l’envers. Le vide plus ou moins dense autour d’elle continuait d’effleurer ses sens, et suscitait encore la possibilité d’exister. La vision d’une armée où elle frapperait impunément s’élevait à l’horizon…Saumur.

Ville aussi attirante que la plus divine des courtisanes, Saumur brassait inexorablement la foule de voyageurs venus contempler son cœur, irrigué par le contenu de futs de cent ans d’âge. Au fil des jours, happée par le climat, ou pour d’autres raisons aussi obscures que ses pensées, la brune se sentait de moins en moins flamande, et s’ancrait au sol angevin comme un chardon poussant entre les pavés. Ce devint une évidence lorsque sa brune débarqua avec sa rousse à lui. Le démon détestait les effluves de nostalgie, surtout venant du clan Loréal…amertume.

Kat, Blanche, et Lucie. Les trois drôles de dames, Lucie au centre. Elle étouffait, mais pour les Loréal, tout serait réglé rapidement, et elles ne les reverraient sans doute jamais. Qu’elles l’emportent au diable, ou elle se chargerait elle-même de le faire, s’il n’était pas aussi…lâche.

Elle aurait bien pris la fuite, mais Lucie l’avait retrouvé une fois déjà. Elle avait juré de ne plus partir. Et si elle lui donnait ce qu’elle voulait ? Si elle arrivait à la faire fuir elle ?


(Chez les buses, ou ailleurs dans une taverne pourrie)

« Dis moi Lucie, tu pars avec elles ? »
Regard interrogateur qui se pose sur elle
.
« Evidemment non. On s’installe ici. Je me suis pas ramenée ici pour toi, pour ensuite me casser.
D'ailleurs je ne suis pas restée dans une ville aussi longtemps depuis Bruges, c'est dire »


« Oui mais il est avec elle. Et ils s’en vont, pourquoi ne les rejoint-tu pas puisque tu l’aimes ? Tu t’es quand même plantée une lame dans le bide pour lui ! »…Regard à nouveau interrogateur, de Finam* cette fois, qui prit un air de stupéfaction.

« C’est lui qui t’a écrit les lettres, Zorg ? Tu t’es vraiment plantée une lame dans le bide ? » Poing qui se crispe chez la brune, regard tremblant chez la blonde, elle s’écroula de la chaise d’où elle se balançait (voilà ce qui arrive quand on ne tient pas en place)

« Tu peux pas fermer ta grande gueule ? C’est pour toi qu’il est venu, tu es son atome. Et non ce n’est pas lui. Il ne m’a pas écrit. Il a du venir pour quelqu’un d’autre» Le visage se ferme, dissimulant la blessure derrière une moue inexpressive.

« Il ne m’a pas écrit non plus. Et je ne suis pas son atome, je ne l’ai jamais été, ou alors un parmi tout ceux qui tournent autour de nous, insignifiante quoi.» La rancœur se lisait au bout de ses mots, un soupçon dans l’intonation de sa voix.

« Ne plaisante pas avec ça… » La supplique montait dans ses prunelles, et laud continua de la conforter.

« D’ailleurs si je le vois je l’étripe ce couard » Charbons d'acier, miséricorde dénuée de toute compassion.

« Tu sais que…j’ai déménagé à Bruges pour lui… » Sa voix avait faiblit sur la fin.

« Logique oui. Moi qui croyais que tu étais venue pour moi » Sourire amer, la fatigue se lisait sur les traits du poison.

« C’est Senese qui m’a écrit »
Lucie regardait Finam, tandis que Laud blêmit.

« Et défection, je suis maudite ce soir. Allez, A plus ». Et en disant cela elle se leva, fulminant de dégoût, et s’en alla claquant la porte furieusement.

Mais pourquoi tous ses fantômes tournaient-ils autour d’elle ? Et pourquoi continuait-t-elle de lui tourner autour ? Etait-ce réellement par amour ou n’était-elle l’instrument de son tourment ? Ainsi dès le départ elle savait…elle avait été un moyen. Elle pouvait désormais obtenir ce qu’elle avait tant désiré, et elle le refusait. Et plus elle la regardait plus elle s’enfonçait. Cette nuit, elle dormit dans un castel, loin de Lucie et de ses manipulations sentimentales.


*Finam est le nom donné au squatteur du coin, qui passe son temps à épier le monde et à se mêler de ce qui ne le regarde pas pour tuer son ennui.
Luciedeclairvaux
Les flamandes ... après Felina, l'ouragan Loréalien était passé avec son flot de délires, une fiole de larmes de dragon, un vide plein, un plein vide, des chopes ... et des chopes ... Et s'apprêtait à se retirer, laissant sur Saumur les reliquats d'une vie passée, réminiscences imprévues. Agitation du dépôt.

Les agitées avaient remué les doutes, les craintes, les pardons remisés en vain au fond des fragiles consciences. Les mots avaient-ils été dits entre Laud et Lucie. Avaient-ils été un jour prononcés ? Ou les regards, les gestes, avaient-ils palliés à cette incertitude ...

En tout cas, rien n'avait été si bien dit que ce soir-là. Lucie l'avait sentie approcher. Dans ses yeux, plus brillant que d'ordinaire le reflet d'une amertume ancienne, d'un reproche. Ou bien était-ce l'image de la mauvaise conscience de la mal suicidée. Un rien, un geste de subtil dédain, ou de défi, ou était-ce la crainte du démon acculé ...
Puis la confirmation Tu pars avec elles ?
en écho ... Tu pars avec elles.
Pars avec elles.
Pars !
en mélange avec l'ancien ... Je ne te quitterai plus !
Tu ne me quitteras plus.
Me quitteras plus.
Me quittes-tu ?

Rassurer ... Non, je ne pars pas.

Puis l'amertume cède la place à la hargne. Ah tu ne veux pas partir, et bien vois, vois ce que je sais, ce que je dis, ce que je redis devant lui*. Tu me tues, je te tue. Tu l'aimes.

Je l'aime, je t'aime.
Tomber, s'enfoncer dans le plancher, dans les profondeurs sombres. Sombres et douces, accueillantes, cotonneuses, si ce n'était cette boule qui enflait en sa gorge. Ce manque d'air.

Retour à la réalité ... Tu es son atome. Que s'est-il passé entre vous ?!

Nulle réponse. L'étendue des possibles, vertigineuse. S'il a pu te quitter toi ...
Comment a-t-il pu ? Comment avez-vous pu ?
Pourquoi les amours tues vous tuent ?!
Non, je ne pars pas. Pourquoi partirais-je. Il ne sait pas.
Il ne sait rien. Le mur, tu sais bien. Le mur des sots.
Plutôt crever que .. oui ça, on l'a déjà fait. Game over.
T'es en sursis Lucie.

Les espoirs éclatés. Les deux L, désunies.
C'est d'ici que tout recommence, dis ?
Nos boucles se recroisent ici et le nœud se défait, les liens filent dans les doigts, liberté retrouvée, vertige. Main qui se tend vers le vide infini, intersidéral. Plus de nuages à dessiner du bouts des doigts, plus d'étoiles à taquiner. Plus. Les dieux n'y sont plus.

Sur sa bouche se dessine un silencieux Laud ...

*Finam
Keyfeya
Vague sourde. Choc magmatique. Prunelles dures, mâchoires serrées. Il est là. Paroles sourdes, Key entêtée, butée, insoumise. Ses paroles ne la touchent pas.
Battements sourds au fond d'elle même.Vaillante et téméraire, torture immuable, la Douleur bat.

Chute intérieure vertigineuse, heurt entre souffrance et amour.
Incompréhension....Que dit-il? Senese? Mots de colère, vengeance, aigreur....La faute? Le responsable?
Pic aigu, un verre, il me faut un verre...couleur ambrée...chaleur consolatrice.

Amertume, fierté démesurée....combat perdu contre solitude et désespoir. Cœur et mots en discordance. Pas d'amour, juste l'ego. L'écho de soi-même.

Douleur intense, serre les poings, boit, boit, oublie, ce n'est qu'un mauvais rêve, il n'est pas là, il est toujours absent, il t'a abandonné et ne reviendra pas, juste Lucie, mains réconfortantes, avenir tracé.

Rit quand tout ton être voudrait hurler, cracher le feu de ta blessure.
Bouteille à la main, esprit embrumé.

Petit rat? Petit rat où es-tu?

Dans la blessure de ma main, tu t'insinues par mon sang...je te sens...

Petit rat sournois? où vas-tu?

Te loger dans le creux de mon estomac...oui oui tu es là...je sens ta fine bouche ronger ma panse...sueur froide...pâleur d'un visage et mains crispées...Arrête, veux-tu? Ça fait mal...Tu me maltraites de tes petites pattes, petit rat dévoreur, assoiffé, affamé....Comprends pas....comprends plus....juste mal...mal au ventre....

Pensée pour ma Lucie...console moi des mots qui ne viennent pas, réchauffe mon corps froid et qu'on dévore....chasse le...annihile le de tes douces mains, ce petit rat perfide...ne me laisse pas, ne m'oublie pas....
Katina_choovansky.
L’Anjou avait eu tous les goûts.

Celui amer du plein quand l’Inexistence était partie.
Celui nostalgique des retrouvailles, lorsqu’elle avait pu serrer Laudanum, Lucie et enfin Félina dans ses bras.
Celui sucré des rencontres, plus ou moins acides, plus ou moins râpeuses…
Celui fort de Saumur. L’Inexistence s’était pas foutu de leurs gueules. Saumur avait une âme, qualité rare, appréciable, longtemps cherchée…
Celui irritant des vérités, qui séparait un temps, pour mieux se retrouver peut être plus tard.
Celui, insipide de l’absence.

Et puis, le plus dur… L’arôme aigre de la séparation. Même pas le temps d’un vrai au revoir. Le départ précipité vers le Poitou…
Zorg introuvable au matin.
Loupé le coche, Némo dans ses eaux, retrouvailles manquées.

Katchoo jeta un regard mélancolique vers l’Anjou.
La vipère et l’Ange y avaient leurs vies, brusquement lointaines, ailleurs, et pourtant si proches, incrustées dans sa chair.
Avait elle été de trop durant ces quelques jours ?
Avait elle remué trop de souvenirs ?

La brune sentit son cœur se serrer une fois de trop.
Putain de sentiments, putain d’attachements, putain de liens invisibles qui partaient droit devant, au travers de vignes.
Partir loin, très loin, mettre ça derrière soi…


« Autant faire comme les autres. Sont tous partis, sans se retourner » pensa-t-elle en fronçant les sourcils. « Lauda, Zorg, Lucie, vous avez disparu un beau matin, en nous laissant un cortége de douleurs et de souvenirs aigre-doux auxquels on se réchauffait vaguement, dans l’espoir de.. de quoi ? De rien, putain ! Z’êtes partis comme ça, d’un coup, dans le sang, en nous laissant tout juste la colère, en nous laissant la honte de ce simulacre de tribunal… »

Katchoo laissa échapper une flopée de jurons tous plus poétiques les uns que les autres.
Tout le monde y eut droit.
Pas souvent en colère, la flamande, mais là ça bouillonnait dans ses veines… Ca s’apaiserait bien sûr, mais là, ça rongeait tous ses sens…

L’Anjou, elle y reviendrait, une fois repue de terres étrangères… Peut être… sûrement ?


« Plutôt crever » marmonna-t-elle pour elle-même avant de chasser cette foutue poussière de son œil.
« A petits feux alors, ce serait chouette de revenir avant d’être consumée »

Ainsi commença le monologue intérieur


« Nan »
« Enfin peut être »
« Ah putain, qu’on m’achève ou qu’on me saoule »
« Les Flandres, j’les aime, mais là, juste là de l’autre coté, on se sent aussi à la maison… C’est la première fois que ça me fait ça…»


Coup d’œil à L’Anjou.


Vanyla s’assit à côté d’elle, sans bruit, jusqu’à déchirer le silence:


- « Qu’est ce que tu fous ? »
- « Je médite », rétorqua Katchoo en reniflant.

Vanyla passa l’une des mèches libres de Katchoo derrière son oreille.


- « Une épaule compatissante ? »

Katchoo hocha la tête silencieusement et posa sa tête sur l’épaule vanillée de la blonde, laissant perler quelques larmes muettes

- « Regarde, on dirait une grosse tache de rouille dans le paysage là bas… »
- « Bécasse, c’est Blanche », rétorqua la brune souriant malgré elle.
- « On va l’accueillir ? »
- « Oui, c’est elle qui a la bouteille de Glandée volante. »
Keyfeya
Fraicheur des sous-bois, toucher rugueux des grands arbres, vêtements légers, par ces premières chaleurs, odeur alléchante de l’humidité, mêlée de chèvrefeuille, premières fleurs blanches à l’abri des arbres, bruissement des écorces sous ses pas, belle matinée chaude où les oiseaux pépient.

Âpre caresse à chaque pas, Key se rassasie, avance, s’arrête, vient coller son doux visage contre l’écorce, inspirant de grandes goulées d’air frais, expirant de contentement.

Forêt protectrice, forêt de soulagement, contre ville de colère et d’affrontement, chacun s’y met pour sa propre raison, toujours juste à leur yeux, certains par gratuité, par gout du sang, d’autres pour prouver qu’ils sont maître plutôt que pion, d’autre pour vengeance, pour laver l’affront.

Tirant sur le pommeau, elle regarde sa lame, instrument de mort qui n’a jamais servi, pourtant parfois elle rêve de sang, pour qui ? Pour quoi ? Pour quelle raison obscure ? Elle se souvient des pas, sur les remparts de sa ville, guettant l’intrus qui oserait, des nuits sans dormir à observer, à surveiller, douceur du souvenir amer, Périgueux, je t’étreins comme j’étreins un enfant, je te surveille et te protège, est ce ma raison, de tirer ma lame ?

Bruissement de la lame dans son fourreau, pas de Périgueux, mais bien Saumur…Saumur ? Lucie, voilà bien la seule raison, d’une amitié qu’elle ne veut pas quitter, des mains étreignant les miennes, qu’elle ne veut plus lâcher mais Lucie aussi veut se battre….guerroyer pour elle-même.

Elle comprend les multiples raisons, mais ne les acceptera pas, devra-t-elle recoudre ? Ou mettre en terre ? Yira…Lucie… qui perdra-t-elle ? Elle n’entend que le choc des lames, les cris de douleur, ne voit que le sang qui coule dans ses maigres nuits. Sommeil agité, réveil haletant.

Yira…Lucie…quelle haine s’est emparée de lui ? Pourquoi ne voit-il pas qu’elle l’a protégé des autres et d’elle-même, du profond désespoir ? Il n’entend plus que les mots des autres, sans ouvrir les yeux.

Cœur pesant, pas nonchalant, là voilà au bord d’une rivière, bruissement de l’eau qui coule, bien plus intéressant que la platitude d’un lac, laissant ses harassantes questions, elle contemple l’onde en mouvement, s’accroupit doucement et y plonge la main, elle tire sur le ruban, libérant sa chevelure aux affres du vent doucereux, elle s’allonge dans sa robe immaculée, au bord du flot, et laisse tremper sa main et quelques mèches. Elle est seule... seule?

Ventre rond que personne ne peut plus ignorer, elle le caresse doucement, offrant à sa fille comme à elle-même un moment de répit, petite fleur s’étire, gigote, profitant de ce moment de paix.

Petit trésor, je t’ai sacrifié sur l’autel de ma passion naguère, pardonne moi mon ange…mon soleil, mon étoile, souffle de nos vies, te voilà grandit en mon être, déjà tu te fais entendre, tu auras aujourd’hui toutes mes pensées, saches que tu as toujours eu mon amour ma rose, ne l’oublie jamais …je t’aime.

Caresse prononcée, sourire à un enfant pas encore né, virage d’un cœur vers un bonheur à venir.
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