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[RP] Les lapins restent-ils blancs au printemps ?

Felina
Bon bah ... chacun le sien


Citation:


La Bourgogne libère ses prisonniers

Joinville (AAP) – Il y a deux mois, le duché de Bourgogne a été assiégé. De nombreux groupes armés, venus des quatre coins des Royaumes : Zoko ad Eternam, Libertad, Cartel, Lion de Judas, ont envahi les terres bourguignonnes simultanément. Les sièges de Nevers, Cosne et Dijon ont duré de longues journées. L’on rapporte même que Cosnes a été soumise à une pluie de carcasses en putréfaction, lancées par d’immenses catapultes. Puis, les troupes se sont regroupées à Joinville, cité du Duc. Ce n’est que là qu’elles ont été repoussées ou arrêtées par les armées ducales, secourues par les armées franc-comtoises.

Aujourd’hui, les prisonniers ont été libérés sans condition par la Duchesse Ingeburge. Il se murmure que des mercenaires enfermés à Joinville sont repartis affaiblis et marqués au fer rouge par le bourreau de Sa Grandeur. Cependant, aucun duché n’ayant osé revendiquer cette guerre, il n'a été signé aucun accord, et le peuple demeure inquiet. Certains habitants évoquent, sous couvert d’anonymat, le possible retour, un jour, de ces brutes armées jusqu’aux dents qui ont fait frémir la Bourgogne, menacé ses enfants, terrifié ses filles et soulevé ses hommes.

Aux portes de la ville, aucun mercenaire n’a souhaité se confier sur ce sujet, et c’est une compagnie fière et déterminée qui a franchi les murs. Joinville a retrouvé son calme gentillet d’antan.


Leros Senga, pour l'AAP

_________________

A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Senese
[Les geôles de Saumur]

Un sourire, l’italien lève les bras en signe de reddition.

En les quittant tout à l’heure, Senese avait senti peser sur sa nuque leurs regards et leur convoitise. Les chuchotis suivis de rires étouffés entretinrent encore son mauvais pressentiment. Ces deux-là complotaient.
Brigand depuis toujours, il n’était néanmoins jamais parvenu à s’acoquiner avec d’autres détenus. Il souffrait des raffinements de ses façons et de son verbe, qui ici étaient interprétés comme autant de signes de faiblesse. Une faille dont le gros Jacques et son fiancé comptaient bien profiter.
La Poule était vieux, couard et paresseux, condamné pour des affaires de mœurs. Son caractère oisif et l’habitude de se faire entretenir par ses amants l’avaient depuis longtemps ramolli. L’autre était un vicelard dont il fallait davantage se méfier. On le disait tueur et violeur d’enfants sans que la chose put être prouvée par quelque tribunal.
Ils n’avaient rien de soldats. Seuls, ou même à deux, lui ne les craignait pas.
Mais ils avaient à leurs bottes une véritable armée…

Et c’est un ramassis des crapules les plus méprisables de la prison que Senese a maintenant devant lui ; derrière, un mur interdit toute fuite. Un instant il secoue la tête pour maudire sa bêtise de s’être ainsi isolé. Ces hyènes n’en attendaient pas plus pour passer à l’action. Progressivement la zone s’était vidée des derniers distraits pour ce faire scène de crime. Et l’étau autour de la victime s’était resserré peu à peu.

Bras levés, il leur signifie donc qu’il se résigne à son sort.

C’est La Poule qui avance le premier pour cueillir son trophée. On a dû le lui promettre. La salive aux lèvres, ses mains déjà s’agitent sur la boucle de sa ceinture.
Il n'est plus qu'à trois pas…
Deux pas…
Un !
L’italien de toute sa fureur le frappe à la gorge. Il sent contre son poing les réseaux de tubes s’enfoncer comme s’il brisait des joncs. Le travesti est projeté aux pieds de ses complices. Il convulse, condamné.
La confusion se répand alors dans le groupe des assaillants et c’est ce que Senese escomptait. Il profite de l’instant et fonce dans le tas pour tenter de franchir le rang. Mais les autres réagissent vite. Des mains fermes l’empoignent et le repoussent. Ils l’entraînent irrémédiablement au sol, genoux à terre. Autour de lui forment un demi cercle que ferme le mur.
Le temps se suspend. Et dans ce silence alarmant, Senese entend ce bruit sourd, ce son unique, comme une rumeur qui monte à l’intérieur de son être à la vitesse de la peur.

Il va dérouiller.

Là, tout s’enchaîne très vite. Un coup de poing le cueille au menton. Il s’effondre. Les coups de pieds pleuvent sur son dos, ses épaules, son crâne. Il se roule en boule pour se protéger. Souffle court, brûlant. Des poumons écrasés, pas plus gros que des poings. Le gros Jacques se met à hurler d’une voix suraiguë, comme le font les chats la nuit. On se bouscule pour le frapper et c’est sa chance, ils se gênent les uns les autres. Dans un sursaut, l’instinct de survie lui donne les ressources pour se relever et lancer le poing. Une onde parcourt la foule qui recule d'un pas. En fait, ce retrait n'est qu'un nouvel élan. A nouveau, la tempête se déchaîne, plus furieuse encore. Ils sont trop nombreux. Senese verse sur le côté pour éviter les coups, retrouve ses appuis et tente de percer la houle.

Un éclair. Vingt centimètres d’acier froid au bout d’une poignée de cordes sombres.

Puis ce coup. Une lame qui perce un ventre dans un bruit d’outre qui crève…
Luciedeclairvaux
[Merci l'archiviste ^^]

[Cajole en geôle]


Il y avait quelque avantage, finalement, à être devenue citoyenne saumuroise. Si leurs gardiens n'en demeuraient pas moins cupides, les portes s'ouvraient avec plus d'aisance. Et avoir une douanière pour amante ne gâchait rien. Connue comme le loup blanc, dont elle avait le pelage, les crocs et les puces, on reconnaissait la balafrée, on la fuyait souvent, on l'estimait parfois.

- Tombez bien, sort c'soir, vot’ gars, Blondie.
- Ce matin.
- Grumbl...

Grognement, qu'elle prit pour un accord.

Lucie paya passage une pièce en or. Une autre pour pouvoir garder ses dagues. Puis une encore pour le guide, qu'elle suivit dans les escaliers sombres de la tour carcérale. "Senese me les rendra, se dit-elle, il doit être riche maint'nant. Même s'il faut aller déterrer l'magot en Touraine ... "

Des cris leur parvenaient, en même temps que l'odeur caractéristique des geôles. Ce mélange de mauvais gruau et de sueur, de cave et d'excrément. La blonde y était peu sensible, désormais, si ce n'était les souvenirs qui les accompagnaient, tels une madeleine de Proust* avariée. La douleur des blessures qui ne guérissent pas en prison, la plainte des torturés, le viol, le crime.
La Bourgogne.

Elle chassa ces souvenirs. Ici, c'était chez elle. Le temps avait passé, refermé les plaies, adouci les boursouflures. Son corps entraîné s'était modifié, affirmé. Tout comme son indifférence au monde : désormais, seule la Zoko comptait. Le reste pouvait bien s'écrouler sous les coups de ses catapultes géantes. Cet univers régenté, surveillé, ces frontières fermées, ces listes noires, rouges, rose** même, parfois. Elle vivait au-dessus de tout cela, dans un dédain qu'on prenait souvent pour de l'arrogance. Son demi-sourire et sa force de vie n'en avaient pourtant guère pâti. C'est ainsi que, chanceux, l'Italien avait trouvé gracieux accueil.

Ils arrivèrent sur un palier, et le guide fit tourner une énorme clé dans la serrure de la porte de gauche.

Des bruits de coups, comme la pluie qui s’abat, par vagues incessantes, sur les toits.

Une grille, des silhouettes agglutinées dans la pénombre.
Le garde, plus qu’hésitant.


- Ouvre-moi ça, vite !
- C'têt' dang'reux ...

La Blondie le fusille du regard. C’est que le gars qui est là-dedans, elle y a tenu, fut un temps, plus qu’à la prunelle de ses yeux. Ça laisse des marques. Elle gronde sourdement avant de lui arracher les clés des mains, et par la même occasion, lui prendre son fouet. Si elle avait le temps, elle buterait ce couard sur le champ. Mais il faut faire vite, et puis … elle évite les ennuis en Anjou, elle se l’est promis, ne serait-ce que pour pouvoir rester auprès de son vieux. Finam.

Les autres n’ont pas entendu, ou ne daignent pas tourner la tête. La blonde est dans la cage aux fauves, le fouet claque et réveille les esprits hallucinés et émerveillés par leur propre carnage. Est-ce l’immaculée apparition qui les adoucit, ou le fait que la lanière de cuir ait déjà fendu le visage d’un gueulard qui se tord de douleur sur le sol ? Qu'Ange ou Blondie ait agi, ça ne moufte plus. Il faut dire qu’ils se sont lâchés sur l’Italien et sont en sueur et hagards après l’exercice. Ça calme.

Elle fait signe au geôlier d’emmener Senese, et renferme tout ce beau monde.
Qu’ils se bouffent entre eux, ces maudits.


[Salle des gardes]

Lucie, debout dans le silence.

La flaque de sang s’étend, envoûtante. Il faudrait stopper le saignement. La petite a déjà fait ça, mais sur un mercenaire***. C’était marrant à l’époque. Ca l’est moins. Il faut réagir Lucie. Réagir.

Réagis !

Cet imbécile de garde a apporté une cuvette d’eau, des linges propres, de la gnôle et le nécessaire de couture. Elle ne saura pas. Sur lui, elle ne peut pas. Ses idées s’emmêlent, s’embrouillent. Sa vue se brouille. Bordel, Lucie, ressaisis-toi ou il va claquer.

Elle s’agenouille près de Senese.

Parer au plus pressé : le ventre. Nettoyer, compresser avant que ça se répandre. Des fois, les boyaux sortent, elle l’a déjà vu sur les champs de bataille. Elle sait de quoi est fait l’intérieur, mieux que n’importe quel herboriste savant. Le linge s’imbibe de rouge, l’eau de la cuvette n’est plus que sang, ce même sang qui teinte ses avant-bras et baigne ses genoux. Mauvais, c’est mauvais. Il fait si chaud. Non, c'est elle qui a chaud. Ne pas le regarder. Se concentrer sur la plaie. Faire cesser le tremblement des doigts qui tiennent l’aiguille et ce fil de soie de porc bien trop gros. Rien d’autre sous la patte : il faudra. Pourvu qu’il soit vraiment dans les vapes …




[*avant l'heure, certes
**rose graal - spéciale dédicace ^^
***Thoros ]
_________________
Laudanum
[A la croisée des chemins]

Il leur faudrait voyager un mois, plus s'ils elles faisaient halte pour travailler si et là, avant d'espérer pouvoir atteindre le grand Nord. Elles auraient pu monter à cheval, mais entre les avis de recherche et les armées rôdant aux frontières, le risque de se prendre un sabot dans la tronche était trop important. Non pas que ça l’eut dérangé le poison, elle maîtrisait maintenant parfaitement l’art de comater, elle pouvait bien crever demain. En revanche, se retrouver coincée dans un cloaque puant la charogne et le vieux moisi, c’était inconcevable.

La Bourgogne laissée à ses cons, elle embarqua la blonde pour une remontée qui s’avéra plus pénible qu’elle ne l’eut cru.

A peine débarquées en Alençon, et alors qu'elles étaient encore à plusieurs lieues du premier patelin occupé, elles furent surprises par deux hommes en arme. Postés en travers de la route, un homme chapeauté, les traits taillés au couteau et le cheveu gras, et son compère aux yeux aussi transparents que le nez crochu, semblaient être le comité d’accueil. Un peu tôt pour ça.

Des douaniers tu crois? Murmura la blonde à la brune, qui observait tout en accentuant ses gestes, lui donnant une démarche plus souple et féminine encore. Elles n’étaient qu’à quelques mètres, et elles n’avaient toujours aucune idée de qui pouvaient être ces deux lascars.

Ca je crois pas, z’ont des tronches de crapules, et j’tiens pas à leur faire la causette.

Hmmmouais, t’es sûre ? Remarque l’autre a l’air plutôt costaud, il est même plutôt pas mal, mais y a un truc chez lui…j’sais pas…il m’donne froid dans le dos. La vanille grimaçait, secouant les épaules comme si elle était parcourue de spasmes.

Le poison esquissa un sourire, tandis qu’elles approchaient, et que le plus gros des deux leur adressa :

« Hola Cet-i vl’a que de belles oies par ici, c’est joli de s’égarer par nos chemins! Vont s’faire un plaisir d’esbaudir nos personnes en ouvrant les bourses et les gorges si elles n’veulent pas qu’on devienne méchants avec elles. «

Je suis pas une oie !!

Il éclata d’un rire sardonique tandis que la vanille répliquait, découvrant la lame d’une dague avec laquelle il se pâmait, salive dégoulinant de ses chicots, et se planta devant la blonde sucrée. Celle-ci ne perdit pas son courage, détournant la tête pour autant, horrifiée par l’absence de beauté de celui qui la dévisageait avec tant d’avidité. De l’argent, elle n’en avait pas, mais ils ne s’en iraient pas sans avoir obtenu ce qu’ils voulaient. Elle espérait que Laud ait suffisamment d’or pour les faire déguerpir, mais elle serra la garde de son épée, bien prête à en découdre s’il le fallait.

L’autre malandrin ne pouvait être que le meneur, car il possédait, si ce n’était l’intelligence, au moins le sens de l’observation. Dévisageant d’un air glacial la brune flamande, il remarqua les balafres qui soulignaient son visage.

Hé hé hé, t’serais pas allée faire mumuse à l’armée, c’po un boulot pour un morceau comme toi …c’est qu’ils t’ont pas raté les bougres ! Des filles comme toi ça s’trouve pas de mari… Il la toisait à présent de haut en bas, s’attardant sur sa poitrine, que le regard embrassait avec la plus grande indécence.

…mais j’suis pas difficile, j’saurais m’contenter de ce que t’as à offrir ma mignonne…A commencer par tes écus !

Le poison partit dans un fou rire dément, puis elle se dressa, et répondit à son insolent détrousseur :

Au fait je n’me suis pas présentée. Les gens m’nomment le Poison !

A cet instant tout s’accéléra. La brune empoigna la miséricorde, habituellement dissimulée sous la manche de sa chemise et d’un geste rapide, trancha la gorge de son assaillant, qui la regardait les yeux écarquillés, prêts à s’échapper de leurs orbites. La surprise, autant que l’effroi pouvaient se lire sur ce visage se vidant précipitamment de tout son sang, et il fut incapable d’articuler un mot, se tenant la gorge de ses mains tremblantes, sentant la mort arriver en toute hâte.

La blonde n’attendit pas pour tirer la lame du fourreau et tenir en joue celui qui de paon, se retrouva chat échaudé, tellement paniqué par ce qui venait de se produire qu’il en avait laissé tombé sa dague, ne sachant pas s’il devait fuir ou la ramasser, et saigner à blanc ces maudites catins qui avaient eu l’impudence de leur résister. Sauf qu’il était maintenant tout seul. Sa peau avait pris une teinte pourpre, la fureur ayant envahi ses veines sclérosées par l’alcool et la mauvaise chair.

Raahahhaaaaarggggg !!! Catins, grognasses, j’aurais vot’peau


Vanyla ne lui laissa pas l’occasion de les défier, et elle écarta l’arme d’un coup de botte. Elle tenait toujours en joue son ennemi, tandis que Laud contemplait le sang qui assombrissait le sol terreux, indifférente au souffle de vie qui s’éteignait à ses pieds.

Retourne d’où tu viens sale porc, avant qu’il ne t’arrive le même sort, et ne t’avise pas d’essayer de nous retrouver, où tu regretteras d’avoir vu le jour !

Laud releva la tête, et s’arrêta sur le regard courroucé de la jeune femme lorsqu’elle renvoya le maraud dans ses pénates, se demandant si elle était plus en colère parce qu’ils avaient osé tenter de la brigander, ou parce qu’ils avaient eu l’insolence de n’avoir pas supplié pour obtenir ses faveurs. Elle n’en avait pas terminé avec ses réflexions que le couard avait pris ses jambes à son cou, hurlant et suffoquant de rage.

On ferai mieux d'déguerpir prestement, avant que nos frusques n'sentent la viande faisandée.

Mouais...et on devrait ptet changer de cap aussi non? Des fois qu'on nous pose des questions...

Personne ne posera de questions. Et si c'est le cas, j'y répondrai.


*edit pour fautes
Yiralyon
[Pendant ce temps, dans la clairière qui l'a vue naître...]

Aucune larme pour contrarier son expression, il est là, debout, le visage dur, la mâchoire serrée, cartilages prêts à éclater.

L’échec de sa vie il le lui avait transmis, au plus profond de ses entrailles. Encore avait elle eu l’instinct de sortir l’enfant avant qu’il ne soit contaminé. A ce compte là d’ailleurs, mieux valait ne pas procéder à la rencontre. Et puis… il a l’intuition qu’une paternité ne se goûte pas en pointillé.

Il retire la chevalière sur laquelle sont gravées les promesses d’éternité*. Son cœur n’avait pourtant pas cessé de battre. Quiconque prétendant le contraire n’avait qu’à crever. Alors pourquoi… ? Ses déambulations fiévreuses auront sans doute été l’épreuve de trop… oui, des motifs de peine il a su en piquer ses veines, et régulièrement. Après tout, leur relation n’a été que supplices jetés à la figure, comme on jette des pierres. Une union lapidée jusqu’à ce que prenne enfin la chair… voyez vous ça…

L’anneau quitte son doigt, tombe dans une niche creusée à même le sol. Petit coup de botte pour recouvrir sommairement de terre, la nature fera le reste.

Son regard s’arrête sur les deux tiges entrelacées au sein desquelles la sève ne coule plus. Sa main empoigne les deux roses séchées** qui trônent chacune au sommet… il ne sait pas quoi en faire, ne sait plus vraiment quoi faire, pourquoi a-t-il fait ça ?

Froide réflexion… Il faut partir loin… Pour porter le fardeau ? Se faire encore plus mal ? Certainement pas. Juste parce que son âme n’avance plus depuis longtemps et qu’il faut bien compenser.

La paume se ferme, écrase les pétales craquelés… puis se rouvre. Certains morceaux se répandent sur le sol, d’autres sont cueillis par le vent. La dialectique est définitivement rompue, mais la symbolique il s’en fout.

Dernier coup d’œil à la clairière, dernière tentative de suturation... Ca marche pas comme ça Yiralyon…


* « Chaque battement de ton cœur me prête vie »
** Les deux roses entrelacées, l’une blanche l’autre rouge, sont apparues le jour de la naissance de Keyfeya.
Laudanum
Personne ne posa de questions. Elles n'eurent pas à se hâter jusqu'au duché voisin pour qu'on ne les arrête, elles furent même accueillies chaleureusement par son ancien amant, expatrié de Flandres avec sa compagne. Elles prirent le temps de se reposer, profitèrent d'une bonne couche et de repas chauds, avant de filer vers la Normandie. Mais à nouveau le sort s'acharnait. L'oiseau de mauvaise augure de la brune Félina vint se poser sur l'épaule de Laudanum.

'Tain d'Flandres à la con, ils le font exprès ces abrutis.

La blonde !

Faut qu'on retourne voir le Comte...


Et Doudou leur confirma la mauvaise nouvelle. Non seulement le conflit entre l'Artois et son voisin allait grandissant, mais le Poison était listée un peu partout en ennemie, et il ne faisait pas bon rencontrer une armée sur sa route. Que faire alors? Continuer, attendre quelque part en Normandie en priant la chance que demeurent ouvertes les frontières. Ou rebrousser chemin, rentrer à Saumur en attendant que ça se calme, avec le plaisir d'y retrouver le château et ses entraînements.
La décision fut prise au détour d'une taverne. Une idée germa dans l'esprit tordu du démon, et elle la trouva honnête.


La blonde! Lâche ce gars on rentre à Saumur, du moins toi tu rentres!

Saumur, mais qu'est-ce que je vais foutre à Saumur? Je te suis uniquement si tu m'emmènes voir Eikorc!

Laudanum leva les yeux au ciel d'exaspération, jamais elle n'avait autant souhaité ne plus entendre parler du diable, tant on lui avait chanté ses louanges. Il en devenait quelconque. Affligeant!

...

C'est ainsi qu'aux mornes plaines d'Alençon succédèrent les lacs angevins et leurs armées de carpes, de truites et autres écailleux au regard vitreux.
Senese
Le couteau ! S’écrie-t-il.
Mais seul un miasme maladif perce ses lèvres. Il n’a pas la force de les remuer, pas la force de crier ou de se débattre. La douleur, vive, l’extirpe lentement des limbes, par étapes ; son esprit est premier.


Le couteau ! et ses paupières s’entrouvrent, dans l’eau. Les deux silhouettes autour de lui sont des pastels qui glissent et déposent leurs traînes réminiscentes. Puis les voiles se dissipent. Les bavures rejoignent leurs images origines, les précisent.
Un homme… une femme… Elle ?


Le couteau ! et son ventre gronde comme un cratère. La douleur en éruption, des rivières de lave.
La blonde le torture.
Elle lui fouille la plaie, gratte, en sort de longs tissus sanguinolents.
Ses organes ! Elle le tue, jette ses trophées dans un récipient. Lui voudrait bondir. Sa tête ne fait que dodeliner déplorablement. Il est le spectateur muet de son propre assassinat : suffisamment éveillé pour comprendre, trop dans les vapes pour réagir.


Lucie. Elle s’affaire, hâtive, penchée sur lui.
Une aiguille, du fil. Dans le bassin, des linges imprégnés de sang.
Elle le soigne. Elle le sauve.


Lucie, mon ange. Sors-moi de là… Cette fois sa prière est audible.
Elle le regarde.
Il plonge.
Karyl
[Saumur, fin Aout 1457]

Une fois encore la nuit était tombée sur Saumur recouvrant le village de son manteau marine. Le ciel était dégagé laissant apparaitre des astérismes variés suspendus à de la voute céleste. Ainsi entouré, le soleil d'argent semblait veiller, de toute sa rondeur, sur la contrée endormie. La surface du lac aux abords du village était à peine troublée par la brise apportée par la fin de l'été. Une brise trop légère pour venir perturber la quiétude des grands chênes jouxtant Saumur. Dans le clair-obscur de ce décor nocturne, un petit sentier à peine éclairé semblait courir à travers champs pour relier la place du village aux fermes les plus reculées. De celui-ci se détacha bientôt une petite silhouette avançant d'un pas lent vers l'une des grandes battisses agricoles. La silhouette appartenait à Karyl, un petit va-nu-pieds haut comme trois pommes, aux cheveux blonds et à la trogne crasseuse, qui vivait dans la ferme du vieux Georges, un paysan grincheux qui avait recueillit l'enfant quelques mois auparavant.

Le gamin semblait songeur en longeant le chemin qui le ramenait chez lui. Son visage était fermé et un étrange éclat, brillant dans l'onyx de ses yeux, tranchait avec la douceur de ses traits juvéniles. La lame d'une dague fermement arnachée à sa ceinture brillait suivant le mouvement régulier de ses pas. Soudain, il s'arrêta et fit volte-face. Immobile, il laissa un instant son regard caresser la cyme des arbres, le toit des maisons, le clocher de l'église comme pour graver en sa mémoire chaque détail de ce village d'Anjou qu'à l'aube il allait quitter.



[A l'aube venue, le départ se profila]

Une couverture, des morceaux de pain, la dague, le casque, un bâton...Ne surtout pas oublier le bâton... Une veste pour quand il fait froid ... le parchemin?! ha ouf, il est là...

Dernière vérification de matériel, dernier tour d'horizon du cabanon et Karyl était fin prêt pour le grand départ vers la Bourgogne. La veille, il avait pris soin de laisser au vieux Georges quelques mots vaguement griffonnés sur la table de cuisine pour lui expliquer que Louis viendrait l'aider le temps de son absence. Quittant son gîte, il balaya d'un haussement d'épaules les arguments d'Aurile lui revenant soudainement en tête et qui avaient presque réussi à le dissuader de partir. C'était une fille, que pouvait-elle comprendre aux devoirs d'un homme? Résolu et sure de lui, Karyl quitta ainsi Saumur sans se retourner. Les hommes vont de l'avant et ne se retournent pas. Les hommes ne montrent jamais leur tristesse, ils sont fort et courageux. Et karyl était décidé à prouver qu'il était de cette trempe.

Un sourire au bord des lèvres et toujours cet éclat dans les onyx, il imaginait déjà ses retrouvailles avec la troupe. Nul doute que Crok et Maleus seraient impressionnés. Peut-être que Félina grommellerait pour la forme parce qu'il était parti seul mais quand elle verrait tout ses progrès de dagueur elle oublierait surement le reste. Et puis s'ils avaient des ennuis à Joinville ou sur le chemin du retour comme disait Isatan il serait là pour les aider. Tout en marchant, l'enfant sorti une bague de dessous sa chemise.
"Tu vas voir que je suis fort" Dit-il tout en la fixant. Lui qui, sur les bords de Seine, avait toujours regardé d'un air rêveur les grands chevaliers de la Licorne avait finalement trouvé en Eikorc un modèle. Loin de voir la noirceur qui pouvait se dégager de l'homme, le petit blond voulait simplement lui ressembler, être aussi fort que lui et se battre pour ce qu'il pensait juste. Et dans son esprit d'enfant il ne faisait aucun doute que son modèle lui apprendrait tout cela, autant surement que ses futurs voyages à travers le monde.


[Sur la route, les jours et les nuits passent]

Saumur, Angers, La Flèche... l'Anjou, le Maine....

La route défilait sous les pas de l'enfant, identique à chaque pas, à chaque seconde. Partout les mêmes sentiers, la même verdure, les mêmes villages au loin. Par mesure de sécurité Karyl avait choisi d'éviter les villes, hors de question de risquer la prison comme la dernière fois. Alors il marchait simplement le long des routes, traversant les campagnes discrètement avec l'espoir à chaque nouveau pas de voir les silhouettes de la troupe de détacher de l'horizon devant lui. Il ne s'autorisait que peu de sommeil. Arriver, arriver le plus vite possible, voilà tout ce qui lui importait. Et peu importe la fatigue accumulée ou les suppliques de son ventre criant famine, le petit homme avançait sure de sa destination.

Il était bien loin de se douter qu'il n'était pas sur le chemin de la Bourgogne, que les indications que lui avait donné Louis n'allaient que l'éloigner à chaque davantage du rêve qu'il pensait à portée de main. Et ce n'est qu'après des jours et des jours de marche à travers la campagne sans avoir croisé âme qui vive, affaiblit et le sac vide de provisions que Karyl fut contraint d'admettre qu'il devrait s'arrêter. Mais bon, même les plus grands aventuriers ont besoin d'un peu de repos et couper un peu avec la solitude qui l'entourait depuis son départ n'était pas pour lui déplaire.

Quelques heures plus tard, Alors qu'il venait de Franchir la Frontière du duché d'Alençon, continuant son chemin toujours tout droit, Karyl vit enfin se profiler à l'horizon les défenses d'un village. Un large sourire fendit alors ses lèvres alors qu'il se sentit pousser des ailes. Il rêvait d'un lit douillet d'une bonne soupe, de rires et de bêtises à raconter à qui l'écouterait. Fourrant sa main dans sa poche il sortit le parchemin de félina et se mit à le relire encore une fois.


- J'm'arrête pas longtemps, j'te promets.. t'vas voir je serai là bientôt, Fit-il sure de lui avant de se remettre en route en replaçant le parchemin à sa place au fond de sa poche.


Oui mais voilà...

Se dirigeant vers Mortagne, Karyl était loin d'imaginer qu'il ne franchirait jamais les portes de la ville, que ses rêves de sauver la zoko allaient s'évanouir au détour d'un bosquet. Il était loin de penser, le petit blond au large sourire, qu'au lieu d'un bon lit chaud, il ne trouverait qu'un sol froid et caillouteux pour seule paillasse.
La nuit n'était pas encore tombée sur le village tout proche quand trois hommes se dressèrent sur sa route. " La bourse ou la vie". Il en aurait rit le petit karyl en d'autres circonstances mais là, fatigué par des jours de marche, affaiblit par le manque de nourriture, seul au milieu d'un duché dont il ne connaissait rien, il comprit que sa situation était délicate.

Fuir? Hors de question.
Donner sa bourse? Pas sans se battre.

Alors, fixant avec fierté les hommes face à lui, Karyl sorti sa dague d'un air déterminé. Il était temps pour lui de prouver qu'il était bon dagueur, que les enseignements de Félina avaient porté leurs fruits. Le temps était venu de prouver qu'il était digne de la Zoko.
" J'ai pas peur", leur siffla t-il simplement. il voulait être courageux, mais lorsque les coups se mirent à pleuvoir, lorsque le sol râpeux vint cogner contre sa figure, que ses os, les uns après les autres, se brisèrent sous le poids de l'ennemi, il ne put retenir un cri. Il n'était pas assez fort pour rivaliser contre ses assaillants, pas assez fort pour les empêcher d'abattre leur fureur sur lui, pas assez fort tout simplement...

Leur besogne terminée, les hommes le laissèrent finalement là, dépouillé, jeté dans un fossé à quelques centaines de mètres à peine de Mortagne. Karyl, à peine conscient, ne put s'empêcher de penser à ceux qu'il ne pourrait pas sauver et avant que Morphée ne fasse son office il murmura un "pardon" qu'il espérait voir s'envoler vers ceux qu'il ne reverrait sans doute plus.



Et puis...

A des centaines de lieux de là, quelle ironie de savoir que la Zoko était finalement rentrée seine et sauve à Saumur et que dans ses rangs, une Féline avait cherché le petit blond. Celui-ci aurait surement sauté de joie et fait demi-tour s'il avait reçu la lettre de cette dernière, jetée au feu par le vieux Georges, lui demandant de rentrer. Oui, surement que Karyl aurait été heureux de savoir que ses amis s'en était sorti et c'est surement serein qu'il aurait alors fermé les yeux sur cette route de campagne...

*****
Edits pour ajout du lien

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Un simple gamin des rues.
Felina
Saumur, lorsque l’été n’est plus et que l’automne n’est pas encore.

Forteresse de la Zoko : quelques corneilles, sombres volatiles de mauvais augure, qui tournoient dans le ciel nuageux de cet été indien sur la campagne Saumuroise. Le silence répond au silence, l’obscurité des lieux à l’obscurantisme de ses occupants. Au détour des étroits corridors on peut parfois percevoir des éclats de voix, le fracas de ferrailles qui se heurtent, voir même de longs soupirs plaintifs si l’on tend bien l’oreille.

Et là derrière une porte, une femme pour qui le monde extérieur n’existe plus : la Rastignac, seule dans la salle qui sert d’entraînement aux mercenaires. Depuis son retour de Bourgogne, elle a refermé sa carapace, se repliant pour de bon sur elle-même, ne parlant presque plus à personne, n’allant plus jamais en ville, sauf en de très rares occasions et redevenant la sauvageonne qu’elle a toujours été. Certes elle est disponible pour sa compagnie, un mot de ses chefs et elle les suivra ; ils le savent d’ailleurs, sa fidélité est sans faille aucune. Mais elle a tant besoin d’être seule … seule avec elle-même.

Face à elle, un sac de jute empli de paille, qui n’a plus très fière allure. Il se balance tristement de droite à gauche, accroché au plafond de pièce, victime désignée de la colère félinienne. De larges entailles sont visibles sur le bonhomme de paille et la sauvageonne ne semble pas désireuse d’en finir de le torturer avec sa nouvelle arme.

Depuis qu’Eikorc lui a offert ce gant très spécial*, elle ne se lasse plus de l’utiliser, s’entraînant sans relâche pour le maîtriser totalement afin qu’il fasse pleinement partie d’elle et remplace définitivement cette main droite inutilisable. Sur le gantelet en cuir noir, une plaque de métal sur laquelle vient se visser des bagues en forme de griffes très acérées. Chaque doigt se retrouve donc affublé de ses lames particulières qui semblent être comme le prolongement de sa propre main. La panthère a retrouvé ses griffes, dans le sens le plus littéral du terme et avec, sa confiance en elle et l’envie de se battre.

Une prochaine campagne est sur le point d’être menée, et elle sera prête, quoiqu’il puisse lui en coûter pour y parvenir. Peut-être pas aux avants postes, non … mais elle sera bel et bien présente, et tiendra son rôle avec force et détermination, comme pour se prouver qu’elle a bien sa place au sein de la compagnie. Tant de pensées assaillent la jeune femme : se venger de son bourel en Bourgogne, ce chien d’Eusaias, redevenir aussi forte qu’avant, si ce n’est plus, retrouver la confiance de ses chefs et de ses compagnons d’armes … mais surtout … aller chercher Karyl, où qu’il puisse être.

Suite à cette lettre restée sans réponse, la Rastignac est folle d’inquiétude, bien que comme d’ordinaire, elle le dissimule aux yeux de tous. Elle ne quitte quasiment plus la forteresse de la compagnie, passant ses journées à s’entraîner et à ressasser ses sombres pensées. Un sentiment qu’elle n’avait plus ressenti depuis la rencontre avec sa nièce est en train de prendre naissance au fond de son cœur de pierre, sans qu’elle puisse lutter contre. Pour la première fois depuis longtemps, la Féline a peur pour quelqu’un d’autre qu’elle-même et la culpabilité la ronge un peu plus à chaque jour qui passe. Elle se maudit d’être la responsable de son départ … car elle sait que s’il est parti seul sur les routes, c’est pour la retrouver, elle et ses compagnons, suite à la lettre qu’elle lui a écrit du fin fond de ses geôles de bourgognes. Si seulement elle s’était abstenue ce jour là, Karyl serait à Saumur à l’heure qu’il est et ils fêteraient ensemble leurs retrouvailles.

Foutez moi le camp !
Fichez moi la paix !
La ferme !
Assez !


Besoin de solitude qui lui vrille les entrailles, peur panique d’avoir perdu pour de bon ce p’tit bout d’homme qui compte bien plus à ses yeux qu’elle ne voudra jamais l’avouer. Aux dernières nouvelles il est parti les rejoindre en Bourgogne … à ce détail près qu’ils n’y sont plus depuis des semaines.
Pas un instant la Rastignac ne s’imagine que le vieux Georges n’a pas transmis la lettre, aussi ne songe-t-elle pas à aller le voir pour le lui demander et cela vaut sûrement mieux pour lui, sans quoi sûrement le vieil homme serait il déjà mort.

Un coup plus violent que les autres qui éventre pour de bon le malheureux épouvantail ... brins de paille qui volètent autour de la sauvageonne, sans qu'elle ne semble s'en apercevoir alors que son poing valide se crispe de rage.


Karyl … bon sang mais où es tu ??!!

*rp en cours mais au moment des faits, Félina porte déjà ce gant.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Luciedeclairvaux
[Saumur - intérieur jour - Senese et Lucie]

Faire fi de son orgueil. Mêler le sang aux eaux.
Guider les mains sans heurts malgré les soubresauts.

Mais dans la pâmoison, il bouge, se contorsionne.

Elle n'y arrivera pas.

La main hésite et se passionne. Le sang perle. L'aiguille insidieuse perce, ouvre le passage vierge pour se frayer entre ses chairs une entrée salvatrice ; glisse et crisse jusqu'à la terreur.

Non, elle ne pourra pas.

Point après point, à chaque va-et-vient, elle doute. Elle redoute la peine qui s'insinue en elle, sa souffrance pour lui. Chaque piqure est une meurtrissure qui la tourmente et, vers l'épouvante, ...

... l'emporte.

Enfin, le nœud coule.
Apaisement.
La vie dans ses entrailles, éclot.

Silence.

Leurs regards se croisent.
Reconnaissance.
Elle s'effondre à son flanc, vidée.

Fierté.

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Katina_choovansky.
Les Flandres


Le chaos.
Le vrai. Celui qui vous fait rebondir de gouffres en précipices et vous décolle du sol quand vous vous y êtes encastré pour mieux vous relancer.
Le chaos avait saisi les Flandres.
Deux semaines d’un n’importe quoi Gigantesque, Magnifique, Astronomique, Vertigineux.


« Le bordel » avait dit Atlantide qui manquait parfois d’une certaine finesse que ses douze ans et demi excusaient.

La brune avait loupé la Hollande, suivi de loin, déjà sur les routes, déjà projetée vers l’Ailleurs.
Au premier plan pour Calais.
Calais la libre.
Calais le sac de nœuds.
Bilan d’un protectorat flamand douteux, insensé au vu des événements : une folie, un comte mort, un peuple abandonné, Tournai Artésienne, et le sang sur les remparts, éclaboussant même Dunkerque.

Elle ferma la porte derrière elle.
La silhouette efflanquée d’Atlantide se découpait nettement dans la nuit claire.


- Z’allez où, Miss ? demanda-t-elle à Kat, tandis que celle-ci la rejoignait.
- Tournai.
- Chercher la Princesse ?
- Tu es bien informée.
- Ouais, c’est pas comme si vous comptiez pas les jours, hein ?
- Petite peste, un jour, toi aussi tu auras une amie.
- J’ai Estienne, répondit-elle en fronçant les sourcils. Et en parlant de gens qui pleurnichent quand Miss Blanche est pas là, savez où il est ? J’l’ai pas vu de la soirée
- J’lui ai demandé de garder sa place au tribunal, pour le procès du Baron.

Atlantide fit une légère moue qui amusa la brune. Ca cogitait sévère sous le crane de la gamine.

- Alors ? la tortura-t-elle, tu m’accompagnes aux portes de la ville ?
- Hum… heu, non, j’vous laisse… j’vais l’rejoindre, j’ai des trucs à voir avec lui pour le prochain spectacle…, fit elle en tournant les talons pour éviter qu’on décrypte quoique ce soit sur son visage.
- Petite ingrate ! lui cria Katchoo, amusée, alors qu’elle s’éloignait.

La flamande esquissa un sourire et prit la route pour Tournai.
Demain, le chaos aurait de nouveau un sens.
Demain, Blanche serait là.
Felina

Bottes légères qui frappent le pavé, des portes qui claquent et une ombre qui monte quatre à quatre les escaliers en colimaçon de la tour de guet dominant la forteresse de la Zoko. La fureur se lit dans son regard et toute sa frêle silhouette tremble de rage.

Colère.

Contre qui … contre quoi ? Sûrement bien plus contre elle-même que contre les autres, même si en cet instant la Rastignac en veut au monde entier. Un faible gémissement s’échappe enfin de ses lèvres, alors qu’elle se laisse glisser contre le mur, pour venir trouver le sol, le visage relevé vers le ciel étoilé de Saumur.
Les heures passent, et la Féline reste là, immobile, murée dans sa solitude, en proie au doute à nouveau.

Le doute.

Les mots d’un certain barbu ont fait mouche cette fois ci, la flèche envenimée décochée par le vicomte s’est fichée en plein cœur, là où ça fait mal. Faut dire qu’il était fort à ce petit jeu le Finam. Dans le passé, la Féline savait montrer les crocs, et répliquer à cette ordure d’homme lorsqu’il tentait de la pousser dans ses retranchements. Mais maintenant, à quoi bon ?
Ainsi donc, voilà l’image qu’elle renvoie aux autres …

Révélation.

« Tu n’es bonne qu’à lessiver les culottes du colosse … »

Mâchoires qui se crispent de rage, elle étouffe, elle bouillonne. Déjà la veille le patriarche des Penthièvre l’avait traitée de simple toutou, seulement capable de suivre bêtement les ordres de ses chefs, sans réfléchir. Douleur dans la poitrine alors que des souvenirs remontent … Les Flandres, le Seigneur Noir à qui elle avait également offert ses services, pour se faire traiter de la même façon de chien à son maître. L’histoire se répète. Est elle donc définitivement condamnée à ne plus se lier à personne pour conserver cette liberté qui lui est si chère ?

Abandon.

« Ne te laisse jamais enchaîner frangine … » Voix d’outre-tombe qu’elle reconnaît entre mille : Devil, son frère, son autre, son diable protecteur. Pourquoi m’as-tu laissée, pourquoi ? Regarde moi, misérable, je te cherche dans chacun des hommes puissants que je croise, je suis incapable de me débrouiller seule … Elle est belle la sauvageonne tiens … Le Barbu a raison … Bonne à rien.

Fuite.

Soudain la Féline ravale ses larmes naissantes et serre le poing, avant de se relever d’un bond. Non tu ne pleureras pas, arrête de te lamenter sur ton sort et prend ton destin en main. Ils te voient soumise et obéissante, montre leur qu’il n’en ai rien ! Debout Féli !
Les escaliers sont dévalés dans l’autre sens, le baluchon est fait un moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et la Féline rejoint déjà les écuries pour seller sa nouvelle monture, un cheval bai de deux ans, au pelage aussi sombre que sa chevelure.

A quelques jours d’un départ imminent avec la troupe, et contre tout attente, la Féline prend la seule décision possible : partir. Ainsi Finam gagne … et pourra se vanter auprès des autres d’être parvenu à ses fins.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Laudanum
[castel...ou casse-tête]


La soirée de la veille lui avait laissé un agréable goût en bouche, celui du triomphe. Tout se déroulait selon ses plans, ou semblait en emprunter le chemin. Son humeur était au beau fixe, et cela se percevait, dans la qualité de son venin, qui n'avait jamais été aussi puissant. Elle avait même fini par assommer l'écossais, qui l'avait d'ailleurs bien cherché. Néanmoins elle avait dû faire face à une déception lorsque Félina était passée en taverne. Sombre, mais ça c'était une seconde nature chez elle, et totalement absente, voire désincarnée, ce qui lui ressemblait beaucoup moins. En effet, lorsqu'elle fût malmenée par son acolyte barbu et ses remarques cinglantes, et ses sarcasmes habituels, elle demeura fermée. Une vraie coquille, pire qu'une huître en pleine croissance (ce qui ne manquait pas à Saumur, dont la réputation de repaire à mollusques était faite depuis des lustres), elle ne bronchait pas, fuyant même toutes les provocations qui pouvaient lui être faites. Déception donc, qui passa comme une mouche devant sa figure. Désagréable, mais bien vite disparue.
Elle s'éveilla donc de belle humeur (le terme belle étant néanmoins à mettre en parallèle avec sa nature de poison), embrassa la chevelure blonde qui couvrait la joue de celle qui dormait à ses côtés, et se leva, fraîche comme un coquelicot.
Elle se prépara prestement, comme à son habitude, et se rendit au castel de la Zoko, pour y prévoir l'entraînement de son apprentie, qui était encore incapable de tenir une épée, bien qu'habile au fléau, arme pourtant difficile à manier, et dont peu se servent, bien que redoutable.
Elle la chercha dans la cour, mais pas de traces de la jeune Alix. Peu motivée à l'idée de fouiller toutes les salles du fort à sa recherche, elle se dirigea vers les écuries, où elle serait rapidement fixée en apercevant ou non sa monture.
Elle tomba ainsi nez à nez avec Félina, qui de toute évidence au vu du baluchon qu'elle s'activait à arnacher au cheval, semblait prendre la tangente. C'était donc cela qu'elle mijotait, enfermée derrière ses murs de solitude. La fuite! Non mais quelle garce! Elle se barrait en douce, parce que trop faible pour affronter les évènements! Une bouffée de haine s'empara du poison et embrasa ses charbons anthracite. Sa main se leva instinctivement, et vint la fouetter au visage.


Clac!

Non mais pour qui tu te prends?!!!T'es une Zoko, choisie parmi toute la masse imbécile! Et tu nous craches à la figure, tu piétines tout ceux qui ont eu la trempe d'affronter l'enfer.

Elle fit une pause, à peine le temps de déglutir, et de reprendre sur le même ton cinglant, articulant chaque mot pour qu'il soit le plus affûté possible.

On vaut mieux que les autres, nous sommes des mercenaires, impitoyables, sans aucune pitié, on ne se laisse pas abattre par la foudre, d'où qu'elle vienne!

Elle s'arrêta à nouveau, jetant la sentence, comme une condamnation sans appel :

Si tu t'en vas maintenant tu n'iras plus nulle part, tu seras perdue, sans espoir de retour.

Réfléchis bien!

Et d'achever sur un ton ferme dénué de froideur :

Tu vaux mieux que ça la panthère!

Elle se retourna et ne lui accorda plus un regard, la laissant à ses choix, quels qu'ils seraient.
Katina_choovansky.
Château de Bruges, nuit noire, sur un coup de folie.



Kat jeta un coup d’œil dans le couloir.
Vide.
Gros-Jean avait innocemment suivi l’habile chemin de piste de rondelles de saucisson qu’Ascalon avait été chargé de semer sur deux étages.
La brune se retourna vers l’anversois et se lança dans une série de gestes empruntés aux ninjas pour communiquer.


Kat, en gestes ninja :
« Tu vois, les doigts dans l’nez »

Ascalon haussa les épaules en guise d’acquiescement, certainement un peu amer de découvrir qu’il avait passé deux mandats à faire confiance à un garde qui s’éclipsait à la vue de la moindre charcutaille.

Ascalon, en gestes ninja : « Allez ! »

Les deux silhouettes se fondirent dans les ombres et passèrent en silence la lourde porte où étaient exposées les couronnes des comtes des Flandres.
Scrutant la moindre petite pancarte, ils se lancèrent dans l’inspection de la pièce jusqu’à ce qu’Ascalon fasse de grands gestes :


Ascalon, en gestes ninja :« Tu crois que Gros-Jean en a pour combien de temps ? »
Kat, en gestes ninja : « Au moins une demie heure. Je pense qu’il essayera de voir s’il n’y a pas de saucisson dans les autres étages aussi. »
Ascalon, en gestes ninja :« Alors tu peux pousser un cri de victoire »

Il agita dans sa main la couronne qu’il affichait quelques semaines plus tôt.

Katchoo, en gestes ninja : « rhoooooo ! »

En quelques pas, elle le rejoignit et examina la couronne.

Ascalon, en gestes ninja : « Vas y, essaye la »
Kat, en gestes ninja : « Non non, toi d’abord »

Le flamand posa dignement la couronne sur sa tête, et pris une pose théâtrale.
La brune applaudit silencieusement.


Kat, en gestes ninja: « La classe… A moi maintenant… »

Elle attrapa la couronne avec précaution et la posa sur sa tête. La couronne s’enfonça sur ses cheveux et continua sa course jusqu’à passer le front, s’arrêtant aux oreilles.

- « Mais tu as une tête énorme », furent les seuls mots prononcés cette nuit là, dans le château de Bruges.

C’est ainsi que Kat et Ascalon jouèrent aux ninjas dans le château de Bruges et que Kat eut un gage parce qu’elle avait parlé la première.

Felina
Saumur, dans les écuries de la Zoko.

Clac!

Hoquet de surprise, main gauche qui se porte à sa joue meurtrie par la délicate poigne du Poison. Ah ça y a pas à dire, elle l’a pas vu venir celle là !! Poison 1 : / Féline : 0. Le regard se fait incendiaire, mais les insultes qu’elle voudrait lui aséner en retour restent coincées au fond de sa gorge.
Alors elle écoute, sans réagir, le sermon de Laudanum.

« Tu es une Zoko … » Les reproches s’enchaînent, les mots font mal, les coups font mouches … Ils défilent, assassins et implacables : « élue, Enfer, impitoyable, sans espoir de retour… »
Le poing valide se serre, les mâchoires se crispent, tout ses muscles se tendent, et c’est à ce moment précis où La Rastignac est sur le point de flancher que la Flamande en profite pour porter le coup de grâce.


« Tu vaux mieux que ça la panthère! »

L’espace d’un bref instant, un sentiment infâme de honte s’insinue en elle, et les épaules de la Rastignac s’affaissent devant la vérité que Laudanum lui crache au visage. Puis, sans qu’elle ne le prémédite, comme elle voit la jeune femme tourner les talons, elle la saisit avec violence par le bras pour la faire se retourner. Lui faisant de nouveau face, elle plonge son regard ébène dans celui aussi sombre de son homologue : si semblables et en même temps si différentes …
La main gauche vole alors, et s’abat avec force sur la joue amie-ennemie …


ReClac !

Ne porte plus jamais la main sur moi le Poison, tu m’entends !!

Puis d’une voix plus douce, presque dans un murmure :

Merci Lauda…

Poison : 1 / Féline : 1.
Qu’ils aillent au diable toutes ces langues de vipères, le Finam peut bien s'étrangler avec sa barbe fétide, la Miaou n’est pas morte, et n’est pas né celui qui la fera abandonner. La Zoko, c’est sa troupe, sa famille presque, et rien, plus rien d’autre que sa volonté propre ne la lui fera quitter. Un dernier regard vers sa compagne d’arme, un léger clin d’œil complice pour lui signifier que le message est passé et la sauvageonne tourne les talons, direction la salle d’entraînement de la compagnie. Maîtriser cette nouvelle arme qu’elle porte à la main droite, ses griffes, voilà qui va occuper les prochains jours de la Rastignac.

Quand au prochain impudent qui se permettra de l’insulter, la réaction promet d’être à la hauteur de la hargne soudain retrouvée de la panthère.

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